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Les parafonctions: Bruxisme Dr AISSAOUI.

Université Saad Dahlab Blida 1

Faculté de médecine

Département de médecine dentaire

Module : Occlusodontie

« Les parafonctions : Bruxisme


Diagnostic et traitement »
Cours de 3éme année médecine dentaire

Préparé par Dr AISSAOUI.H

PLAN:

1- Introduction
2- Terminologie:
3- Définition du bruxisme
4- Classification du bruxisme: (formes cliniques)
5- Étiologies
6- Signes et symptômes
7- Brycose: forme sévère du bruxisme.
8- Traitement du bruxisme:
9- Conclusion.

2016- 2017

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Les parafonctions: Bruxisme Dr AISSAOUI. H

1- Introduction :

Dans chaque organe du corps humain, existe une résistance naturelle qui offre
une importante marge de sécurité.

Lorsque l’utilisation de l’organe devient exagérée et répétitive, l’absence ou


l’insuffisance de périodes de repos, conduit au délabrement par hyperfonction.

2- Terminologie:

1- La Fonction : est un ensemble d’activités coordonnées qui recrutent la


participation d’organes et des appareils dans des conduites finalisées vers un
objectif utile et précis.(ex : la mastication,la déglutition, la phonation...)

2- Dysfonction : est un fonctionnement irrégulier, anormal, exagéré, ou diminué


d’un organe ou d’un appareil.( la mastication unilatérale dominante;la
déglutition atypique ou dysfonctionnelle…)

3- Parafonction : est une activité prolongée ou répétée, réalisée de façon


anarchique par rapport à la fonction habituelle. (ex : bruxisme ; succion ou
mordillement des lèvres…..).

3-Définition du bruxisme: Selon CHAPOTAT et al. 1999, le bruxisme se


définit comme des mouvements masticatoires et des grincements (et/ou
serrements) des dents répétitifs, involontaires et inconscients, sans but
fonctionnel, et associés à l’usure anormale des dents et à l’inconfort des
muscles de la mâchoire.

4-Classification du bruxisme:

Actuellement, plusieurs grands types de bruxisme sont communément


reconnus:

1- Bruxisme diurne et nocturne.


2- Bruxisme centrée et excentrée.
3- Bruxisme léger, modéré et sévère.
4- Bruxisme primaire et secondaire.
5- Bruxisme de l’enfant.

1- Bruxisme diurne et nocturne: Pour REDING et al. 1968, il existe deux types
de bruxisme qui se produisent à différents états de conscience.

1-1- Bruxisme diurne:(bruxisme de l’éveil)

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 Il se produit pendant le réveil c.à.d. le patient est conscient;


 Il est le plus souvent silencieux;
 Il implique une réponse musculaire spécifique au stress;

1-2- Bruxisme nocturne: (bruxisme du sommeil):

 Il se produit la nuit c.à.d. le patient est inconscient.


 Il s’accompagne de bruits.

2- Bruxisme centrée et excentrée: HARTMANN 1993, a décrit deux formes


fonctionnelles distinctes du bruxisme:

2-1- Bruxisme centré: Il est caractérisé par:

 Serrement des dents (le patient sert fortement les dents).

 Contraction prolongée et intense des muscles de la mâchoire sans


déplacement des pièces osseuses.

 Forces proches du grand axe de la dent.

 Il est plus fréquent le jour que la nuit.

2-2- Bruxisme excentré: Il est caractérisé par:

 Grincement des dents.

 Mouvements mandibulaires rythmiques réalisant des excursions dans les


positions excentrées.

 Forces transversales par rapport à l’axe de la dent.

 Il est plutôt nocturne.

3- Bruxisme léger, modéré et sévère: ROSENWEIG distingue 4 stades de


bruxisme en se basant sur l’examen clinique du patient.

 Stade1: usure limitée à l’émail avec moins de 3 couples de dents.


 Stade 2: usure de l’émail et de la dentine en ilots avec moins de 6 couples
de dents.
 Stade 3: usure de l’émail et de la dentine sans ilots avec plus de 6 couples
de dents.
 Stade 4: usure dépassant le milieu de la couronne.
Dans les stades 1 et 2, on parle de bruxisme.

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Dans les stades 3 et4, on parle de brycose.

4- Bruxisme primaire et secondaire: KATO et al.(2001) distinguent deux formes


de bruxisme selon leur cause:

4-1-Bruxisme primaire: idiopathique sans cause (médicale ou autre)


apparente.

4-2-Bruxisme secondaire: iatrogène, lié soit aux:

 Troubles neurologiques, tels que les maladies de Parkinson…..

 Médicaments du patient, tels que les antidépresseurs, les neuroleptiques..

 Troubles du sommeil, tels que l’apnée du sommeil……

 Certaines substances, tels que le tabac, l’alcool, la cocaïne…..

 Le stress et l’anxiété.

5- Bruxisme de l’enfant:

 On le retrouve très fréquemment au cours du sommeil.

 Généralement, le bruxisme débute lors de la mise en place de la première


dentition et augmente entre 7 et 11 ans, c'est-à-dire à une période
correspondant au passage de la denture temporaire à la denture définitive.

 Le bruxisme de l’enfant est le plus souvent transitoire et se résout avec


l’installation de la denture permanente.

5- Étiologies du bruxisme:
Le bruxisme est une entité complexe et multifactorielle. La majorité des auteurs
précise qu’il a une origine étiologique double: psychique et occlusale.

1- Causes psychiques:

Pour chaque individu, il y’a naturellement des moments de la vie ou des


conditions de tension durant lesquelles le bruxisme se produit plus
facilement :

 Chez les étudiants, il est plus accentué pendant les périodes des examens,

 Chez la femme, la tension prémenstruelle précipite le cycle des


serrements dentaires.
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 Également pour l’automobiliste la conduite à grande vitesse entraîne un


niveau élevé de contraction massétérine.

2- Causes occlusales:

RAMFJORD a déclaré en 1966 que n’importe quel type d’interférence


occlusale, lorsqu’il est combiné avec une tension psychique peut donner
naissance au bruxisme et l’entretenir.

Mais, il est admis que les anomalies de l’occlusion jouent un rôle mineur
dans la genèse du bruxisme et ils ne peuvent que l’entretenir.

N.B : Certaines études ont trouvé que les enfants ayant des parents bruxistes
montrent un bruxisme significativement plus fréquent que les enfants des
parents qui ne sont pas ou n’ont jamais été bruxistes.

6- Signes et symptômes:

1- AU NIVEAU DES DENTS:

1- Facettes d'usure: (l’attrition):

Dans le bruxisme, on parle d’attrition dentaire c.à.d. usure dentaire excessive


résultant de l’affrontement exagéré et répété des dents entre elles.

Elle se présente sous forme de facettes plus ou moins étendues légèrement


concaves. Elles sont appelées bruxofacettes.

Elles sont très facilement découvertes lors des cas sévères.

Ces usures peuvent altérer les relations occlusales : Généralement, la première


dent atteinte est la canine, puis ce sont les dents antérieures et enfin les dents
cuspidées.

2- Fêlures et fractures:

À un stade avancé, des fêlures puis des fractures verticales ou obliques peuvent
apparaître suite au bruxisme.

3- Hypersensibilités:

Elle est causée par l'exposition de la dentine, donc chez le bruxiste elle est
rencontrée lorsque le degré d'usure atteint la dentine.

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4- Mortifications et rhizalyses:

Certaines mortifications pulpaires (surtout au niveau des incisives) ont une


étiologie liée au bruxisme. Elles sont le résultat des microtraumatismes
circulatoires, transmis au niveau de l'apex.

N.B: Les dents artificielles des prothèses ne sont pas épargnées et peuvent être
abrasées suite au bruxisme.

2- AU NIVEAU DU PARODONTE:

En présence d’un parodonte sain et d’une bonne hygiène, le bruxisme ne


provoque ni gingivite, ni parodontite, mais il apparait un épaississement
généralisé du parodonte correspondant à une adaptation des tissus face à une
fonction accrue.

En présence d’un parodonte fragilisé, les forces appliquées lors de la


parafonction seront délétères. Le bruxisme apparaît comme un facteur
aggravant les parodontopathies, en particulier lorsque les forces occlusales
sont mal réparties.

3- AU NIVEAU DES MUSCLES MASTICATEURS:

1-Hypertonie Musculaire: L’hypertonie musculaire résulte de l’hyperactivité


des muscles masticateurs. Cette augmentation du tonus musculaire entraîne des
raideurs musculaires dont se plaint le patient surtout au réveil ainsi que des
myalgies liées à des contractures.

2-Spasmes douloureux: Les douleurs liées à l’hypertonie résultent des


contractions musculaires paroxystiques.

3-Hypertrophie des muscles masticateurs:

Elle résulte de l’activité prolongée des muscles masticateurs (surtout le masséter


et le temporal) par des efforts répétés et fréquents dus au bruxisme.

4- AU NIVEAU DES ARTICULATIONS TEMPORO-MANDIBULAIRES:

1- Les douleurs articulaires ;

2- Les bruits articulaires.

Aussi, le bruxisme est le plus souvent responsable d’ADAM musculaire.

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5- LA DIMINUTION DE LA DIMENSION VERTICALE D’OCCLUSION


(DVO): surtout dans le bruxisme sévère,

6- LES BRUIS OCCLUSAUX: Dans le bruxisme du sommeil, les bruits


occlusaux sont liés au grincement de dents, et le plus souvent, le patient n’en a
pas conscience. C’est donc généralement une autre personne qui lui en fait la
remarque (conjoint, ami, parent……..).

7- Brycose: forme sévère du bruxisme.

Le préfixe « brycho » qualifie le frottement des dents et le suffixe « ose »


qualifie la chronicité ou l’excés.

Donc le brycose constitue une forme sévère du bruxisme, il s’agit d’une forme
particulièrement sévère et permanente d’hyper bruxisme.

Cette forme de bruxisme se manifeste par une destruction presque totale de la


couronne dentaire.

Il faut souligner que cette forme de bruxisme exacerbé est sans doute un
véritable symptôme névrotique.

8- Traitement du bruxisme:

Le bruxisme n’a pas un traitement spécifique mais plutôt une stratégie


thérapeutique réunissant plusieurs approches:

1. L’approche psycho comportementale;


2. L’approche physiothérapeutique;
3. L’approche pharmacologique;
4. Et l’approche odontologique.

1- L’approche psychologique et comportementale:

1-1- La prise en charge du stress:

Dans un premier temps, il faut faire prendre conscience au patient du lien


qui existe entre ses états émotionnels et sa parafonction, et l’inviter à
apprendre à gérer son stress au quotidien.

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Des techniques simples de relaxation peuvent être apprises et répétées


tous les jours, comme la respiration abdominale lente avec soupir et le
relâchement musculaire.

Cependant, lorsque le stress est invalidant et hors de contrôle du sujet


(notamment dans les cas de brycose), on proposera au patient une prise en
charge psychologique par un spécialiste qui affinera la recherche des
stresseurs et mettra en place des méthodes de relaxation et une
psychothérapie adaptée en cas de besoin.

1-2- Les thérapies cognitivo-comportementales:

 LAVIGNE et al. (1999) donnent les recommandations suivantes :

 Rester au calme, se reposer en deuxième partie du soir (1 à 2 heures avant


l’heure du coucher) et éviter toute activité physique afin de favoriser le
sommeil.

 Apprendre une technique de relaxation et la mettre en oeuvre durant la


journée et avant le coucher.

 Eviter les dîners trop copieux et les substances comme le café, le thé…..

 Arrêter de fumer car la nicotine augmente la tonicité musculaire et l’état


de veille, et constitue un des facteurs de risque du bruxisme du sommeil.

 Se créer un environnement favorable à l’endormissement (baisser la


lumière, éviter le bruit…).

2- L’approche physio thérapeutique:

Cette discipline est utilisée dans la prise en charge des raideurs, douleurs
et fatigues musculaires retrouvées chez le patient bruxiste, que ce soit au
niveau des muscles masticateurs qu’au niveau des muscles posturaux.

 Depuis longtemps plusieurs auteurs recommandaient la physiothérapie


dans la prise en charge du bruxisme. Ils préconisaient ainsi :

Une application de chaleur humide ou de froid au niveau des muscles


douloureux.

Des exercices d’étirement et de renforcement des muscles masticateurs.

Des exercices mettant en jeu les muscles posturaux du cou et du dos.

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Des automassages de tous ces muscles.

Ces exercices sont à réaliser 6 fois par jour pendant 6 semaines.

3- L’approche pharmacologique:

3-1- Les traitements médicamenteux:

 Certains médicaments tels que les benzodiazépines, les myorésolutifs


(myorelaxants) et les antidépresseurs sont connus pour améliorer le
syndrome du bruxisme.

 Cependant, compte tenu des effets indésirables à long terme (dépendance,


somnolence diurne…) de ces substances, leur utilisation doit rester
ponctuelle et se limiter à des phases aiguës de bruxisme, sur quelques
jours seulement.

4- L’approche odontologique:

Cette approche à visée occlusale n’est utilisée que pour prendre en charge les
conséquences du bruxisme.

4-1- Gouttières occlusales:

Le port de dispositifs interocclusaux de type gouttière occlusale est le


traitement classique habituellement proposé par le parodontiste face à
cette parafonction.

Face au bruxisme on choisit une gouttière occlusale:

- à recouvrement totale de l’arcade ;


- réalisée en matériau rigide ;
- ne recouvre que les dents en ménageant l’environnement
parodontal ;
- présente une surface triturante lisse, avec des contacts répartis et
généralisés ainsi que des bosses canines.
- Cette gouttière est portée surtout la nuit.

4-2- Les thérapeutiques restauratrices:

Il s’agit d’apprécier la demande esthétique du patient ainsi que la


nécessité fonctionnelle d’une réhabilitation de la denture.

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Il sera parfois préférable de s’abstenir car les risques d’échec restant


fréquents chez les sujets bruxistes.

Si la destruction est très minime, on peut arrondir, adoucir et polir les


bords écaillés ou fissurés, et selon l’étendue de l’usure dentaire, on pourra
avoir recours :

 soit à des restaurations par techniques adhésives,


 soit à des reconstructions prothétiques (La céramique est le matériau
cosmétique de choix car elle présente une résistance à l’usure supérieure
à tous les autres matériaux).

- Le traitement de bruxisme de l’enfant:

Le bruxisme est très fréquent chez l’enfant, mais il disparaît généralement


spontanément à l'adolescence. Il n'est donc pas question, à cet âge, de
toucher à une dentition en pleine évolution ni de prescrire des
anxiolytiques.

9- CONCLUSION :

Une meilleure compréhension des parafonctions et en particulier le


bruxisme s’avère nécessaire pour pouvoir mettre en place des solutions
capables de les réduire.

Ainsi, une prise en charge pluridisciplinaire, peut nous aider à les


maîtriser, afin d’assurer le succès et la pérennité de nos traitements.

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