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Polyradiculoneuropathie Inflammatoire
Démyélinisante Chronique
Texte du PNDS
Avril 2021
1 Introduction ...................................................................................................................6
6 Suivi ...............................................................................................................................23
6.1 Objectifs 23
6.2 Professionnels impliqués (et modalités de coordination) 23
6.3 Rythme et contenu des consultations 23
6.4 Examens complémentaires 23
L’examen clinique montre une diminution (voire une abolition) diffuse des réflexes tendineux
(RT), une faiblesse motrice proximo-distale et des troubles sensitifs (paresthésies,
hypoesthésie) des extrémités. L’atteinte des nerfs crâniens (principalement nerfs facial,
trijumeau, oculomoteurs) est possible mais rare. Le diagnostic repose sur
l’électroneuromyogramme (ENMG) qui met en évidence des anomalies de la conduction
nerveuse. Cet examen permet également de donner des éléments de pronostic en montrant
une perte axonale (variable) synonyme de dégénérescence des fibres nerveuses. D’autres
examens permettent d’étayer le diagnostic, notamment l’analyse du liquide céphalo-
rachidien (LCR), l’IRM des plexus, les potentiels évoqués somesthésiques et moteurs et la
biopsie de nerf.
Le médecin traitant suspectant une PIDC doit entrer en contact avec une équipe de
neurologie, de préférence spécialisée dans les neuropathies périphériques rares (centres de
référence dont la liste est disponible sur le site www.filnemus.fr). Il n’y a en général pas
d’urgence vitale contrairement au syndrome de Guillain-Barré, même si certaines formes
sévères de PIDC peuvent s’accompagner de troubles de déglutition et de difficultés
respiratoires. Le traitement de la PIDC repose sur les immunoglobulines intraveineuses
polyvalentes (IgIV), la corticothérapie (orale ou intraveineuse) ou les échanges
plasmatiques. Le plan de traitement comporte en général une phase d’attaque suivie d’une
phase d’entretien avec décroissance progressive des doses ou espacement des cures (pour
les IgIV et les échanges plasmatiques). La prise en charge multidisciplinaire s’accompagne
également de rééducation (kinésithérapie, ergothérapie), d’un accompagnement
psychologique et le cas échant du traitement des douleurs neuropathiques.
Le diagnostic de PIDC doit être suspecté devant l’installation progressive d’un déficit sensitif
et moteur proximo-distal symétrique, associé à une diminution (ou abolition) des RT. Un
traitement devra être instauré rapidement, afin de prévenir la dégénérescence axonale
compromettant la récupération. Il repose sur les IgIV, la corticothérapie ou les échanges
plasmatiques. Le schéma thérapeutique comprend en général une phase d’attaque puis une
phase d’entretien avec diminution des doses et/ou augmentation des intervalles inter-cures,
ainsi que la possibilité de relayer le traitement par voie sous-cutanée au domicile.
Les troubles s’installent en général sur plus de 2 mois et l’évolution est chronique, soit sous
une forme progressive soit sous une forme alternant phases de poussées et phases de
rémissions[10]. En cela, la PIDC se distingue du syndrome de Guillain-Barré (ou
polyradiculoneuropathie inflammatoire démyélinisante aiguë) qui s’installe en moins de 4
semaines (et souvent en moins de 15 jours) et est d’évolution monophasique, sans rechute
ou nouveau déficit passé 2 mois d’évolution.
Certains symptômes ou signes inhabituels peuvent également se voir dans les PIDC :
douleurs radiculaires, tremblement, fasciculations, dysautonomie, préservation des RT. Dans
toutes ces situations, une neuropathie non longueur-dépendante, rapidement évolutive, ou
l’absence d’amyotrophie initiale dans les formes motrices permettront de suspecter le
diagnostic de PIDC.
Une des principales caractéristiques des anomalies électrophysiologiques des PIDC est leur
caractère hétérogène, avec des signes de démyélinisation affectant de façon variable les
parties distales, tronculaires ou proximales d'un même nerf. Les anomalies ne sont pas
nécessairement symétriques. Pour cette raison, un examen ENMG complet doit être réalisé
incluant, à droite et à gauche 1/ l’étude des conductions nerveuses motrices des nerfs
médian, ulnaire, fibulaire et tibial (avec l’importance de l’étude de la conduction proximale,
jusqu’au creux poplité pour le nerf tibial et jusqu’au point d’Erb pour le nerf ulnaire), 2/ l’étude
L’ENMG est avant tout l’outil diagnostique des PIDC et il ne doit pas être réalisé de
façon systématique au cours du suivi des patients. Il peut être utile ponctuellement
notamment en cas d’aggravation clinique pour l’authentifier de façon objective et donner des
éléments pronostiques en appréciant le degré de perte axonale. Certaines techniques
électrophysiologiques d’introduction récente, telles que le MUNIX, permettent une évaluation
de la quantité d’unités motrices qui semble corrélée au handicap clinique[18]. Cette
technique semble plus adaptée au suivi de la perte axonale pouvant survenir au cours de
l’évolution de ces patients.
L’échographie des nerfs périphériques est utilisée depuis longtemps dans l’exploration des
syndromes canalaires. Dans le cadre des PIDC, cet examen peut révéler une hypertrophie
nerveuse diffuse ou segmentaire. Outre la taille du nerf, cette exploration analyse
l’échogénicité et l’aspect des différents fascicules au sein même du nerf. Une étude récente
a montré que l’échographie nerveuse présentait de très bons paramètres diagnostiques ainsi
qu’une faible variabilité inter-observateur dans le diagnostic des PIDC[25]. Par ailleurs, cette
technique présente l’intérêt d’une disponibilité souvent plus rapide que l’IRM et l’absence de
contre-indication.
Ces anticorps sont associés à des PIDC répondant aux critères diagnostiques
EFNS/PNS[15]. Ces neuropathies sont souvent d’installation subaiguë et résistantes aux
IgIV. Les PIDC avec anticorps anti-CNTN1 sont généralement sévères et associées dans
près de la moitié des cas à des glomérulonéphrites[30-34]. Les PIDC avec anticorps anti-
Nfasc155 se caractérisent par un tremblement d’attitude et une ataxie proprioceptive[35].
Une démyélinisation centrale et périphérique est essentiellement décrite au Japon avec les
Ces anticorps ne sont pas dosés en routine. Il n’existe pas de technique commerciale. Les
dosages sont réalisés dans des laboratoires spécialisés en technique ELISA ou sur cellules
transfectées avec des techniques de « cell based assays » ou de cytométrie de flux. Les
titres des anticorps diminuent sous traitement par anti-CD20 et réaugmentent en cas de
récidive de la maladie[34-40].
Les anticorps anti-nœud de Ranvier sont rares mais ils sont associés à des formes très
particulières de nodo-paranodopathies caractérisées par une physiopathologie, une
anatomopathologie et une réponse thérapeutique originales. Leur dosage doit être réalisé en
cas de PIDC sévère d’évolution subaiguë, en cas d’échec des IgIV, devant un tremblement
d’attitude sévère ou une association avec une glomérulonéphrite.
3.3.1 POEMS
Le POEMS (polyneuropathy, organomegaly, endocrinopathy, M protein, and skin changes)
est un syndrome associant de manière inconstante une neuropathie démyélinisante, des
atteintes d’organes, une gammapathie monoclonale avec chaînes légères lambda et un
plasmocytome solitaire. Il s’agit d’un diagnostic différentiel rare mais classique de PIDC. Il
est primordial d’établir ce diagnostic tant la prise en charge thérapeutique est différente de
celle de la PIDC.
La biopsie nerveuse retrouve des éléments de démyélinisation et de perte axonale avec une
décompaction des lamelles de myéline. Comparativement à la PIDC, la perte axonale est
plus marquée, il y a une néovascularisation épineurale plus prononcée, le processus de
Il est primordial de rechercher des anomalies systémiques devant toute suspicion de PIDC
afin de ne pas méconnaître un POEMS : œdème, angiome glomérulaire, mélanodermie,
hypertrichose, gynécomastie, lipoatrophie faciale, acrocyanose etc. Les principaux signes
biologiques devant faire suspecter un POEMS sont : une gammapathie monoclonale (IgG ou
IgA lambda), une thrombocytose (présente 54% des cas), des signes d’endocrinopathie
(diabète, hypothyroïde, hypotestostéronémie), une élévation du VEGF. Il faudra également
rechercher des anomalies osseuses en imagerie (plasmocytome) et recourir au moindre
doute à la biopsie médullaire ou au myélogramme.
La neuropathie du POEMS est résistante aux IgIV mais peut être sensible aux corticoïdes,
ce qui peut favoriser l’erreur diagnostique.
La NAF peut mimer une PIDC[46-47]. Dans une série récente de 150 patients avec NAF,
32% avaient été diagnostiqués comme une PIDC[48]. En effet, si classiquement il s’agit
d’une neuropathie axonale à prédominance sensitive avec dysautonomie, sa présentation
est polymorphe avec des formes « pseudo-PIDC » notamment dans les cohortes françaises,
avec déficit moteur proximal, ataxie proprioceptive et hyperprotéinorachie. Environ 15% des
patients NAF remplissent les critères EFNS/PNS de démyélinisation[49-50]. La douleur, la
dysautonomie, l’absence d’ataxie, une perte axonale plus sévère, un trouble de la
conductance cutanée sont plus fréquents dans la NAF et représentent des signes d’alerte
devant réorienter le diagnostic et faire demander un séquençage du gène TTR, tout comme
l’absence de réponse thérapeutique[49-51].
Certains patients peuvent s’améliorer sous IgIV mais le rituximab utilisé tôt pourrait apporter
un bénéfice intéressant[54].
3.3.7 Diabète
Le diabète peut entraîner des anomalies d’allure démyélinisante à l’ENMG qui peuvent être
prises à tort pour évocatrices d’une PIDC :
Un ralentissement des vitesses de conduction motrices tronculaires est souvent
retrouvé, en général sans atteindre le seuil des critères ENFS/PNS. Néanmoins,
l’association d’un diabète à une insuffisance rénale peut ralentir fortement les
vitesses jusqu’à des valeurs seuils retenues pour une de démyélinisation
primaire[62–64] ;
Des syndromes canalaires sévères avec désynchronisation des potentiels (siégeant
notamment sur le nerf ulnaire dès la stimulation en sous-coude) peuvent être
retrouvés et mimer des anomalies démyélinisantes.
La maladie de Refsum est une leucodystrophie caractérisée sur le plan biologique par une
accumulation d’acide phytanique. La neuropathie démyélinisante est fréquente dans cette
pathologie, mais une surdité et une rétinite pigmentaire sont quasi constantes et permettent
d’orienter le diagnostic[65].
Les patients doivent être informés du caractère variable de la récupération, qui dépend en
partie de l’ancienneté de la neuropathie et du degré de perte axonale. Ainsi, certains patients
auront une récupération ad integrum de leurs capacités antérieures, tandis que d’autres
garderont des séquelles motrices et/ou sensitives au long cours.
L’objectif à moyen et long terme sera, dans le meilleur des cas, d’obtenir une rémission de la
maladie permettant l’arrêt des traitements : cela concerne environ 50% des patients[75]. Si
l’obtention d’une rémission n’est pas possible, l’objectif sera alors de maintenir le meilleur
niveau de capacités fonctionnelles à l'aide d'un traitement continu ou itératif.
Selon l’article L. 162-17-2-1 du code de la sécurité sociale, la spécialité peut faire l’objet
d’une prise en charge ou d’un remboursement par l’assurance maladie dans l’indication hors
AMM, à titre dérogatoire et pour une durée limitée, après avis de la HAS, à condition qu’elle
ait fait l’objet au préalable d’une RTU et que son utilisation soit indispensable à l'amélioration
de l'état de santé du patient ou pour éviter sa dégradation.
Les IgIV sont généralement proposées sous la forme de cures régulières, à la dose initiale
de 2 g/kg répartis selon l'âge, le poids et la tolérance sur 2 à 5 jours[15]. La poursuite du
traitement se fera en fonction de la réponse clinique évaluée périodiquement, la règle étant
de poursuivre le traitement soit à 2 g/kg par cure toutes les 4 à 6 semaines, soit à 1 g/kg par
cure toutes les 3 semaines (régime proposé par la plupart des équipes anglo-
américaines[77]), au moins jusqu'à l'amélioration maximale constatée. Les cures sont
réalisées en milieu hospitalier ou à domicile après initiation en milieu médicalisé.
5.3.1.1.2 Corticoïdes
La corticothérapie est historiquement le premier traitement à avoir montré son efficacité dans
la PIDC[78]. On utilise généralement la prednisone ou la prednisolone per os à la dose
initiale de 60 mg/j ou 1 mg/kg/j. La durée du traitement à pleine dose avant une décroissance
progressive n'est pas actuellement codifiée : elle est en général de 4 à 6 semaines (elle ne
doit de toute évidence pas être inférieure à 2 semaines) ou peut être poursuivie jusqu’au
plafonnement de l'amélioration clinique. Ensuite, une décroissance progressive peut être
proposée, au minimum sur une douzaine de semaines avec toutefois un risque de rechute
relativement élevé et la possibilité d'une corticodépendance qui doit être anticipée avec le
patient[79]. Les mesures habituelles accompagnant une corticothérapie prolongée doivent
être systématiquement proposées afin de limiter la survenue d’effets indésirables (prise de
poids, diabète cortico-induit, hypertension artérielle etc.). Outre la prednisone (ou la
prednisolone), d'autres régimes de corticothérapie ont été proposés tels que les bolus de
méthylprednisolone[80-81] ou la dexaméthasone, également en traitement discontinu[82].
L'efficacité globale de ces différentes approches semble équivalente en termes d'efficacité
(60% de répondeurs) et de pourcentage de rémission à long terme (environ 60%)[83].
La décision de maintien du traitement doit se baser sur des éléments objectifs. Il est
nécessaire de réévaluer périodiquement l'utilité de la poursuite du traitement (tous les 3 à 6
mois environ), et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, les traitements
immunomodulateurs ne sont pas dépourvus d’effets indésirables graves, y compris les
IgIV[90]. Deuxièmement, certains patients peuvent éprouver une dépendance "psychique"
aux traitements. Des études évaluant l'intérêt d'un immunosuppresseur comme épargneur
de corticoïdes ou d'IgIV ont en effet montré que la diminution des doses était fréquemment
possible dans le groupe placebo, suggérant que de nombreux patients sont en fait sur-
traités[91]. Enfin, il existe actuellement un problème d’approvisionnement en IgIV, lié d’une
part à des choix stratégiques et économiques des industriels, et d’autre part à une diminution
des collectes de plasma en France et en Europe. Ainsi, bien que le bénéfice des IgIV ne
doive pas être remis en question, l’analyse précise du bénéfice de ce traitement et de son
maintien au long cours chez les patients est indispensable[92].
Outre les comorbidités et souhaits éventuels du patient, la forme clinique de la maladie peut
intervenir dans le choix de la thérapeutique. Ainsi, les formes motrices pures (très rares) ou
multifocales type LSS semblent mieux répondre aux IgIV qu'aux corticoïdes (qui peuvent
aggraver le tableau clinique), avec également une plus haute dépendance au
traitement[100].
Ces formes particulières que certains proposent d'isoler comme entités différentes de la
PIDC ont fait l'objet de nombreux travaux descriptifs au cours de la dernière décennie[101].
Bien qu'il faille rester prudent, certaines de ces formes cliniques, définies par la présence
d'auto-anticorps dirigés contre des protéines de la région nodale ou paranodale du nœud de
Ranvier des fibres myélinisées, semblent répondre plus favorablement aux corticoïdes et aux
échanges plasmatiques qu'aux IgIV, mais certains de ces patients ont une mauvaise
réponse à toutes les immunothérapies de première ligne[33]. En outre, des travaux
convergents semblent indiquer que les patients atteints de ces formes particulières, souvent
d'installation subaiguë, bénéficieraient d'un traitement précoce par rituximab, bien que cette
efficacité reste à prouver sur de grandes séries[36-102].
6 Suivi
6.1 Objectifs
Les objectifs du suivi sont d’une part de s'assurer de l'efficacité et de la bonne tolérance des
traitements, et d’autre part de la stabilité des patients non traités.
7.1 Introduction
La PIDC est une affection très rare chez l’enfant, représentant moins de 5 nouveaux cas/an
pour un centre de référence en maladies neuromusculaires pédiatriques. La prévalence est
Le pourcentage des PIDC débutant dans l’enfance par rapport à l’ensemble des PIDC n’est
pas connu. Les séries les plus importantes chez l’enfant (toutes rétrospectives) ne
dépassent pas une trentaine de patients sur des périodes plus ou moins longues[109]. Il
s’agit certainement d’une entité sous-diagnostiquée, la PIDC de l’enfant pouvant être
confondue avec des neuropathies héréditaires ou tout simplement non diagnostiquée,
surtout en cas de présentation clinique atypique[110].
Le mode d’installation est généralement chronique sur plus de 8 semaines (par définition)
bien qu’il existe des formes à début plus rapide mimant initialement un syndrome de Guillain-
Barré[111]. Cette distinction est importante en termes de pronostic et de traitement puisque
les PIDC, à l’inverse du syndrome de Guillain-Barré, ont une meilleure sensibilité aux
corticoïdes.
L’âge de début chez l’enfant est variable avec un âge médian de 6-7 ans. Un début chez le
petit enfant (avant 3 ans) doit clairement faire rechercher un diagnostic différentiel. La
présence d’une infection ou d’une immunisation intercurrente est souvent retrouvée (>50%
des cas)[112].
L’atteinte des nerfs crâniens est décrite chez l’enfant et est probablement plus fréquente
pour les formes d’installation rapide. Il s’agit surtout de paralysie faciale et d’ophtalmoplégie
externe. Des épisodes aigus de détresse respiratoire sont possibles dans les formes à
rechutes sévères, mais le recours à une assistance ventilatoire est quasiment nul. Les
signes de dysautonomie sont rares et le plus souvent discrets[113]. Des cas d’œdème
Il faut noter qu’hormis l’atteinte classique décrite ci-dessus, des formes de présentation plus
rares peuvent être observées, comme les formes avec rétractions distales prédominantes,
notamment aux membres supérieurs, des formes motrices pures, des formes similaires au
LSS de l’adulte correspondant à une atteinte sensitivo-motrice pluri-tronculaire multifocale et
asymétrique.
Les mécanismes immuno-pathologiques en cause dans les PIDC sont encore incertains.
Récemment, des auto-anticorps IgG4 dirigés contre des protéines nodales et paranodales
ont été décrits chez un nombre variable de patients adultes (entre 0.1 et 10% selon les
séries, cf. plus haut). Quelques patients pédiatriques présentant ces auto-anticorps
spécifiques ont été rapportés mais les cas décrits sont encore trop peu nombreux pour avoir
une description précise du phénotype clinique. Il est certain que la description de cas
pédiatriques de PIDC associés à ces auto-anticorps permettra à l’avenir de proposer une
prise en charge plus personnalisée.
7.3.1 Objectifs
Les objectifs du traitement d’attaque sont, à court terme, une amélioration de l’état clinique
du patient avec retour à un état le plus proche de la normale possible. Les objectifs à moyen
et plus long terme sont de maintenir le niveau d’amélioration clinique obtenu, ou la rémission
complète de la maladie puis de procéder dans un délai plus ou moins long à une
décroissance et un arrêt du traitement d’entretien éventuellement mis en place. Cette prise
en charge thérapeutique (avec des hospitalisations itératives mensuelles au début de la
maladie) doit tenir compte chez l’enfant de sa scolarité et de sa vie sociale et des
aménagements nécessaires pour qu’elle puisse continuer à se dérouler dans de bonnes
conditions (hospitalisation courte, hôpital de jour, HAD).
7.3.2.2 Corticothérapie
Un essai randomisé a montré l’efficacité des corticoïdes chez l’adulte[78]. Chez l’enfant, la
corticothérapie orale par prednisolone a montré son efficacité dans les séries de cas
rétrospectifs. L’inconvénient du traitement par corticoïdes est l’apparition d’effets indésirables
sévères à long terme et le risque de rechute lors de la décroissance. Il pourrait être
préférable d’utiliser des bolus mensuels (Methylprednisolone, Dexaméthasone) pour mieux
contrôler les effets secondaires. Mais cette stratégie thérapeutique (incluant le mode
d’administration des corticoïdes, la posologie, la durée, la décroissance et l’arrêt) ne repose
actuellement sur aucune étude à haut niveau de preuve[82].
Il est certain que dans l’avenir la prise en charge thérapeutique initiale des PIDC de l’enfant
devra tenir compte du sous-type clinico-neurophysiologique éventuel et de la présence
d’auto-anticorps spécifiques.
La PIDC est une maladie chronique et récidivante qui réduit transitoirement les capacités
fonctionnelles du patient. Elle est à l’origine d’un handicap moteur plus ou moins prolongé
avec un impact sur toutes les dimensions de la vie de l’enfant : scolaire, familiale, sociale. Le
traitement va générer ses propres contraintes (hospitalisations itératives, éventuels effets
secondaires). Une prise en charge psychologique peut être nécessaire et doit être proposée
à l’enfant et sa famille si besoin.
7.4 Pronostic
L’évolution à long terme des PIDC de l’enfant est difficile à déterminer car les séries
rapportées comportent un faible nombre de patients, souvent traités de façon disparate.
L’évolution à très long terme est notamment inconnue. Il n’existe pas d’étude ayant suivi de
manière prospective les enfants jusqu’à l’âge adulte. Il semble exister des particularités
évolutives spécifiques de l’âge pédiatrique :
La phase d’installation est souvent plus rapide ;
Il existe une plus grande probabilité de rechute ;
L’atteinte motrice est plus sévère au nadir des symptômes ;
La récupération est complète avec un pronostic plus favorable et une meilleure
réponse thérapeutique ;
L’évolution se fait habituellement avec des rechutes plutôt que de façon progressive ;
Le pronostic vital n’est pas mis en jeu.
7.5 Suivi
7.5.1 Objectifs
Les objectifs du suivi des patients pédiatriques présentant une PIDC sont :
En pratique, après l’établissement du diagnostic, il est nécessaire que le patient soit réévalué
par le centre de référence à 3 mois, 6 mois et un an la première année. Le rythme du suivi
sera ensuite adapté en fonction des besoins du patient. L’évaluation du patient se basera sur
l’interrogatoire de l’enfant et de la famille, l’examen clinique et les évaluations réalisées par
les kinésithérapeutes et ergothérapeutes. Il n’existe pas d’échelles validées chez l’enfant. Il
peut être proposé d’utiliser celles validées chez l’adulte et des échelles utilisées pour
l’évaluation des pathologies neuromusculaires : Purdue Pegboard, préhension manuelle
(grip, pinch), test de marche de 6 min et MFM (https://mfm-nmd.org).
Rédacteurs
Pr Yann Péréon, Neurologue, CHU Nantes
Pr Laurent Magy, Neurologue, CHU Limoges
Dr Cyril Gitiaux, Pédiatre, CHU Necker-Enfants Malades Paris
Dr Emilien Delmont, Neurologue, CHU Marseille
Dr Karine Viala, Neurologue, CHU Pitié Salpêtrière Paris
Déclarations d’intérêt
Tous les participants à l’élaboration du PNDS ont rempli une déclaration d’intérêt. Les
déclarations d’intérêt sont en ligne et consultables sur le site internet du(des) centre(s) de
référence.
Site coordonnateur :
o AP-HM - La Timone Marseille (Pr Shahram Attarian)
Sites constitutifs :
o CHU de La Réunion SUD (Dr Ariane Choumert)
o HC Lyon (Dr Carole Vuillerot)
o CHU de Saint-Etienne (Pr Jean Christophe Antoine)
o CHU de Nice (Pr Sabrina Sacconi)
Centres de compétence :
o CHU de Grenoble (Dr Klaus Dieterich)
o CH de Cannes (Dr Christophe Perrin)
o Hôpital d'Enfants - Association Saint François d'Assise Saint Denis La
Réunion (Dr Anne Pervillé)
o Hôpital d'Instruction des Armées de Toulon (Dr Anthony Faivre)
o CHU de Clermont-Ferrand (Dr Catherine Sarret)
Site coordonnateur :
o APHP- Raymond Poincaré Garches (Pr Pascal Lafôret)
Sites constitutifs :
o APHP- Pitié Salpêtrière Paris (Dr Tanya Stojkovic)
o APHP- Trousseau Paris (Dr Arnaud Isapof)
o APHP- Pitié Salpêtrière Paris (Pr Bertrand Fontaine)
o APHP- Necker Paris (Pr Isabelle Desguerre)
o APHP- Cochin Paris (Dr Karim Wahbi)
Centre de Référence des Maladies Rares CHU Bicêtre – Juin 2021
31
o APHP- Henri Mondor Paris (Dr François Jérôme Authier)
o CHU de Lille (Dr Sylvie Nguyen The Tich)
o Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (Dr Aleksandra Nadaj-Pakleza)
o CHU de Nancy (Dr Marc Debouverie)
o CHU de Reims (Pr François Constant Boyer)
Centres de compétence :
o APHP- Rothschild Paris (Dr Philippe Thoumie)
o APHP- Tenon Paris (Pr Sophie Périé)
o APHP- Hôpital Marin de Hendaye (Dr Jon Andoni Urtizberea)
o CHU de Rouen (Dr Lucie Guyant Marechal)
o CHRU de Tours (Dr Sybille Pellieux)
o CHU de Côte de Nacre – Caen (Pr Françoise Chapon)
o CHU d’Amiens (Dr Anne Gaëlle Le Moing)
o CHU de Dijon (Dr Agnès Jacquin-Piques)
o CHU de Besançon (Pr Laurent Tatu)
o Centre de soins de suite et de réadaptation Marc Sautelet de Villeneuve-
d'Ascq (Dr Marie Céline Gellez)
Site coordonnateur
o CHU de Bordeaux (Dr Guilhem Solé)
Sites constitutifs :
o CHU de Toulouse (Dr Pascal Cintas)
o CHU de Montpellier (Pr François Rivier)
o CHU de Nantes (Pr Yann Péréon)
o CHU d’Angers (Dr Marco Spinazzi)
o CHRU de Brest (Pr Sylvain Brochard)
o CHU de la Martinique (Dr Rémi Bellance)
Centres de compétence :
o CHU de Pointe à Pitre/ Abymes (Pr Annie Lannuzel)
o CH de la Côte Basque (Dr Olivier Flabeau)
o CHU de Nîmes (Dr Dimitri Renard)
o CHU de Rennes (Dr Mélanie Fradin)
o CHRU de Tours (Dr Sylvie Pellieux)
o CH Bretagne Atlantique – Vannes (Dr Florence Demurger)
o CHU de Poitiers (Pr Jean Philippe Neau)
Site coordonnateur :
o APHP- Kremlin Bicêtre Paris (Pr Andoni Echaniz-Laguna)
Site constitutif :
o CHU de Limoges (Pr Laurent Magy)
Centres de compétence :
o APHP- Antoine Béclère Paris (Pr Michel Slama)
o APHP- Paul Brousse Paris (Dr Teresa Antonini)
o APHP- Rothschild Paris (Dr Philippe Thoumie)
o CHU de la Martinique (Dr Jocelyn Inamo)
o CHU de Clermont-Ferrand (Dr Frédéric Taithe)
o CHU de Poitiers (Pr Jean Philippe Neau)
o CHRU de Tours (Pr Philippe Corcia)
Site coordonnateur :
o CHU de Nice (Pr Véronique Paquis)
Site constitutif :
o AP-HM - La Timone Marseille (Pr Brigitte Chabrol)
Centres de compétence :
o CHU de Toulouse (Pr Patrick Calvas)
o HC Lyon (Dr Nathalie Guffon-Fouilhoux)
o CHU de Montpellier (Dr Cécilia Marelli)
Site coordonnateur :
o APHP- Necker Enfants Malades Paris (Pr Jean Paul Bonnefont)
Sites constitutifs :
o CHU d’Angers (Pr Dominique Bonneau)
o CHU de Bordeaux (Pr Didier Lacombe)
o APHP- Kremlin Bicêtre Paris (Pr Emmanuel Gonzales)
o Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (Pr Vincent Laugel)
Centres de compétence :
o CHU de Dijon (Pr Laurence Olivier-Faivre)
o CHU de Rouen (Dr Alice Goldenberg)
Associations de patients
AFM-Téléthon (https://www.afm-telethon.fr/)
CMT France (https://www.cmt-france.org/)
AFNP - Association Française contre les Neuropathies Périphériques
(https://www.neuropathies-peripheriques.org/)
Association Française contre l’Amylose (http://www.amylose.asso.fr/)
AFANP : Alliance Française des Associations de patients atteints de Neuropathies
Périphériques (https://www.alliance-neuro.org/)
AFG : Association Francophone des Glycogénoses (https://www.glycogenoses.org/)