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Nicolas Georgieff
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Nicolas Georgieff
Résumé
La clinique des anomalies des interactions relationnelles peut être définie dans
le cadre général de l’intersubjectivité, et en termes neuroscientifiques dans
le cadre des « cognitions sociales ». Tous les troubles dits « neurodévelop-
pementaux » présentent des anomalies dans cette dimension clinique, dont
bien sûr tout particulièrement les troubles du spectre de l’autisme. Notre
propos est ici de discuter de la pertinence et des limites du cadre des cogni-
tions sociales pour définir cette clinique ; de mettre en question le modèle
de l’autisme comme déficit ou trouble des cognitions sociales au regard de
modèles alternatifs : sur-fonctionnements et/ou « autre socialisation » ; enfin
de souligner la non-spécificité de ces troubles dans le champ des troubles
du neurodéveloppement et donc l’intérêt de définir l’autisme – et les autres
troubles – selon d’autres critères. Par ailleurs, l’accent mis sur les anomalies
relationnelles ou intersubjectives dans tous ces troubles tient pour une part à
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C
e titre rapproche deux termes dont la définition est chacune
problématique. Celui d’intersubjectivité renvoie, au moins
selon une acception, aux mécanismes et processus d’interactions
mentales ou psychologiques en philosophie, psychologie et psycha-
nalyse, et est plus ou moins traductible dans le langage scientifique
contemporain par celui de « cognitions sociales » ou d’empathie. Le
second, troubles du neurodéveloppement (tnd), appartient pleinement
à ce langage moderne, et associe des cliniques et atypicités diverses.
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On voit qu’il s’agit déjà ici de croiser des regards différents sur la
psychopathologie.
Sous cet angle, la clinique des anomalies des « cognitions sociales »
constitue une dimension de grande importance clinique et thérapeu-
tique, dans laquelle tous les tnd s’inscrivent. Nous reviendrons plus
particulièrement sur l’autisme (les tsa), mais mentionnons seulement
les anomalies observées dans le tdah, les troubles des apprentissages, et
divers syndromes génétiques. Comme toujours, ces anomalies peuvent
consister, et pas seulement pour l’autisme (Georgieff, 2017), en des
déficits, sur-fonctionnements, ou différences (d’où ma préférence pour
le terme d’atypicités). Ainsi, on a cru pouvoir définir il y a quelques
années le syndrome de Williams comme l’inverse de l’autisme, c’est-
à‑dire comme un modèle d’hyper prosocialité, ou la trisomie 21 comme
un arbitre permettant de faire la part du déficit intellectuel et du déficit
social, supposé ici absent.
Je proposerai seulement de discuter de la pertinence du modèle des
« cognitions sociales » pour traiter de la question de l’intersubjectivité
dans les troubles développementaux, et plus précisément de la nature
des anomalies observées dans l’autisme.
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(l’absence de prise en compte des états mentaux d’autrui) comme
défaut de tom est-il plus explicatif que les définir cliniquement ?
En rien, mais la convocation du paradigme cognitif (l’accès à la vie
mentale d’autrui est le produit d’un « module » cognitif spécifique)
et neuropsychologique (ce module a une réalité cérébrale) permet
le tour de passe-passe : la description du trouble devient son expli-
cation. En revanche, cette perspective éclairait de manière nouvelle
une caractéristique de l’autisme : la difficulté générale à exploiter les
ressources de la « psychologie naïve » (folk’s psychology), distinguée dans
l’étude du développement de la « physique naïve » – la connaissance
et compréhension innée du monde physique. De cette psychologie
naïve, c’est-à-dire innée, dépendent en effet la compréhension intui-
tive et immédiate des enjeux intentionnels implicites des interactions
sociales, mais aussi l’humour, le mensonge, la ruse, le « faire semblant »,
la métaphore… Tous ces phénomènes témoignent de l’accès inné au
plan métareprésentationnel, celui des états mentaux d’autrui, croyances,
désirs et intentions. Alors que l’enfant ordinaire accorde rapidement,
dans son développement, autant sinon plus d’importance à cet ordre de
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réalité humaine mentale qu’à celui factuel des choses, qu’il s’intéresse
autant ou plus aux représentations qu’autrui se fait du monde qu’aux
états du monde, en d’autres termes qu’il privilégie progressivement la
logique naturelle à la logique formelle, l’enfant autiste semble privilégier
le monde objectal ou concret – nous y reviendrons – et ne pas entrer
dans le jeu social. Étranger à la psychologie naïve qui fonde le « sens
commun », il apparaît avant tout comme un « physicien naïf » ou un
« hyperlogicien naïf ».
Ce modèle général du déficit social dans l’autisme soulève différentes
critiques. La première touche la définition même de la cognition sociale.
J’ai développé ailleurs un premier point faible du modèle « déficit de
cognition sociale » (Georgieff, 2017) : privilégier la réception et le trai-
tement des signaux sociaux, selon un modèle « perceptif » et passif, au
détriment du processus conjoint et réciproque de la production et de
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l’émission de ces signaux vers et pour autrui. L’humain n’est pas qu’un
récepteur, il est aussi un émetteur. L’empathie est à la fois induite par
autrui et dirigée vers autrui. Curieux de l’autre, le sujet cherche aussi
à faire partager à autrui ses états mentaux propres.
Ce qui pose la question cruciale de la finalité de cette émission qui vise
à faire partager par autrui nos propres états mentaux et émotionnels,
ce que j’ai appelé « empathie active » et qui est une fin (une « pulsion
de partage ») et non un moyen, très tôt dans le développement du
bébé (cf. l’attention conjointe) ; empathie « active » versus empathie
perceptive ou « passive » (dont la finalité est comme classiquement en
sciences cognitives la « connaissance », ici d’autrui). Connaître autrui et
se faire connaître d’autrui sont deux composantes complémentaires et
réciproques de l’empathie. En ignorant l’intersubjectivité au sens plein
du terme (Georgieff et Speranza, 2013), le modèle des « cognitions
sociales » ne rend compte que d’une des deux faces de l’intersubjectivité.
Il témoigne d’une « suprématie perceptive », et voit le partage
empathique ou communicationnel d’états mentaux seulement comme
un moyen, et non comme une fin. Ce qui conduit à voir la cognition
sociale et l’empathie aussi comme moyens au service de divers buts
sociaux, et non comme une fin, et empêche de comprendre l’autisme,
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dernière n’étant qu’une description prise à tort pour une explication.
Si cette pulsion ou finalité intersubjective active n’est pas prise en
compte dans le développement normal, l’autisme est incompréhensible,
puisque d’une certaine manière il constitue alors paradoxalement pour
la cognition sociale la norme… C’est alors en effet le fonctionnement
supposé normal qui est autiste !
Une seconde critique de la notion de cognition sociale est plus
épistémologique : elle porte sur les limites intrinsèques du modèle
des cognitions sociales.
Car les cognitions sociales sont historiquement dérivées de l’étude
du domaine neurocognitif non social et en particulier de la percep-
tion : cohérence globale, fonctions exécutives, métareprésentations
par découplage de Leslie, tom « théorie théorie », etc. Tout se passe
comme si les compétences sociales résultaient d’une orientation dans
l’interpersonnel de compétences cognitives initialement non sociales,
ou d’une sophistication du fonctionnement non social.
La question est cruciale : le cerveau humain est-il fait pour l’empathie
et l’intersubjectivité, ou est-ce un cerveau originellement non inter-
subjectif détourné vers elles ? « Percevoir » autrui avec une perception
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tionnelles, du suprémacisme perceptif non social et de l’héritage du
sensualisme de Condillac en sciences et en psychologie.
Ensuite, le modèle des cognitions sociales présuppose implicitement
une disjonction de nature entre fonctionnements neurocognitifs social/
non social. Cette disjonction est-elle valide pour l’humain ?
C’est en fait la réduction du social, ici encore à cause de la dominance
du modèle perceptif, à l’interpersonnel et interindividuel concret et
actuel, l’interaction en présence physique avec autrui, qui détermine
une vision restrictive (compétences spécialisées) de la dimension
« sociale » du psychisme humain. Probable héritage du modularisme
fondateur des sciences cognitives (Fodor). La dissociation entre fonc-
tionnements biocognitifs social et non social tient en fait à une réduc-
tion préalable du social à l’interpersonnel, en situation « réelle », au
seul traitement de l’information sociale actuelle en situation. Mais il
s’agit alors d’une version seulement manifeste ou explicite du social,
comme si l’humain n’était un être social que lorsqu’il est engagé dans
une interaction avec autrui. Or la dimension intersubjective, relation-
nelle ou sociale n’est-elle pas aussi permanente, implicite ou latente
pour l’humain ? L’intersubjectivité ne colore-t-elle pas l’ensemble du
fonctionnement psychique, en présence comme en absence physique
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à devoir choisir ici à nouveau entre suprémacisme social (l’autisme
comme trouble des cognitions sociales) ou suprémacisme non social
(l’autisme comme particularité perceptive, mnésique, etc.). Mais faut-il
postuler ainsi une hiérarchie explicative, le non social commandant le
social ou l’inverse ? On doit préférer un modèle dimensionnel, selon
lequel chaque fonction ou comportement humain, autistique ou non,
s’inscrirait à la fois dans les deux dimensions.
Mais au-delà de ces considérations générales, on ne peut comprendre
l’autisme si on s’appuie sur une disjonction ou un dualisme social/
non social : car précisément l’autisme se caractérise par la co-existence
de deux cliniques, l’une sociale et l’autre non sociale. Par des anoma-
lies conjointes dans les deux ordres de phénomènes ou processus que
nous postulons distincts voire indépendants. La distinction ontologique
entre fonctionnements social et non social est mise en question par
l’autisme, qui montre les liens entre eux, voire leur consubstantialité.
Concluons sur deux points concernant l’autisme. Nous avons montré
la fragilité du cadre de référence théorique des cognitions sociales.
Mais au-delà, peut-on déjà définir l’autisme par un « déficit des cogni-
tions sociales » de manière indiscutable sur des éléments d’observation
clinique ? De plus en plus difficilement semble-t-il. D’abord du fait
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la conséquence de la déception et de l’exclusion par le groupe. Les
nouvelles approches interventionnelles proposées par Mottron (inter-
vention basée sur les forces) ou Susskind (affinity therapy) font le pari
inverse : nous ne voyons pas les compétences relationnelles autistiques
par ce qu’elles sont trop différentes des nôtres et que le postulat du
déficit social nous aveugle. Plutôt que de les forcer à devenir comme
nous, apprenons leur langage (verbal, moteur, émotionnel) et nous
les rencontrerons. Ainsi, pourquoi définir les intérêts du sujet autiste
comme « restreints et stéréotypés », plutôt que comme des « intérêts
approfondis » ou même des « désintérêts étendus » ? Question de point
de vue…
De surcroît, les anomalies sociales ou relationnelles sont les moins
spécifiques en psychopathologie dans les troubles du développement,
car présentes dans tous les troubles : états limites, troubles anxieux,
prémorbidité schizophrénique, troubles de l’humeur, mcdd 2, tdah,
troubles de l’attachement, carences et abus, etc.
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travail, notre organe perceptif pour l’autre que nous saisissons toujours
dans et par la relation, l’empathie, l’interaction mentale – quels que
soient les outils théoriques, diagnostiques et évaluatifs que nous utili-
sons. Nous sommes hypersensibles à la relation car elle constitue notre
prisme principal dans l’appréhension ou la rencontre de l’autre – prisme
que nous ne voyons plus, pas plus que nous voyons les lunettes que
nous portons chaque jour. L’importance majeure donnée à la clinique
relationnelle en psychiatrie, dès la définition de l’autisme par Kanner,
est aussi l’expression d’un biais méthodologique naturel : c’est toujours
dans l’intersubjectivité que nous saisissons notre objet.
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