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Classification des maladies

mentales
Pr. Ismail RAMMOUZ
Janvier 2021

www.psychiatrieaga
dir.org
Des questions
 Comment savoir si une personne souffre d’un trouble de santé mentale ou elle a
simplement un caractère extravagant ?
 Comment déterminer si l’on doit administrer des médicaments à un enfant dont le
comportement dérange les autres ?
 Comment reconnaître qu’un accusé est inapte à subir son procès pour cause de
troubles mentaux ?
 Comment reconnaitre une personne solitaire qu’il est un malade mental ou
pas?
 Comme reconnaitre qu’une personne extravertie tout le temps est un malade
ou pas?
 Pourquoi 27% de dépression au Maroc et seulement 12% en France

D’où l’intérêt de:


• De la définition des concepts autour de la santé mentale
• Des classifications des maladies mentales, et savoir si un trouble mental est
présent
ou absent, et s’il est présent à quel degré?
Objectifs des classifications
1. Individualiser les diverses entités cliniques dans un
classement nosographique commun: critères
diagnostiques; traitement; pronostic
2. Unifier le langage et disposer de critères diagnostiques
objectifs et précis.
3. Faciliter la communication entre les cliniciens et les
chercheurs scientifiques.
Ces classifications sont pertinentes parce qu’elles permettent d’établir un vocabulaire
commun dans la description des troubles en santé mentale. Les échanges entre les
professionnels, les chercheurs et la population générale sont plus cohérents. On vise
une compréhension permettant de distinguer ce qu’est une dépression d’un trouble
bipolaire, par exemple. On cherche ainsi à établir un certain consensus dans
l’établissement des diagnostics.
Les Classifications psychiatriques
A/ Classification de L’OMS
→ CIM : Classification Internationale des Maladies
→ Proposition de critères explicites des diagnostics
→Les critères reposent sur des données de traditions et
des opinions plus internationales
→ il existe trois versions :
1. une version abrégée (nomenclature, archivage,
secrétariat…)
2. une version de description clinique et directive, destinée
à la clinique quotidienne et à l’enseignement.
3. une version pour les critères diagnostiques pour la
recherche.
B/Classification de l’Association Américaine de
Psychiatrique
le manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux. DSM
► Largement connu et utilisé
► La maladie est désignée par « le trouble » (disorder) pour une raison de
neutralité étiologique : approche athéorique et descriptive.
► Le DSM III : 3ème révision en 1980 ; révolution par son aspect multiaxial.
► Le DSM IV : en 1994
► Le DSM IV R : édition révisée en 2000
► Le DSM 5 : a été publié en 2013
Pour lecture
 La première mouture, le DSM-I publié en 1952, était très influencée par les
théories de A. Meyer, leader alors incontesté de la psychiatrie nord-américaine,
et se fondait sur une classification où les maladies mentales étaient conçues
comme des réactions à des facteurs biologiques et psychologiques
 le DSM-II publié en 1968 retenait une classification assez proche de celle
qu'utilise alors l'Organisation mondiale de la santé (CIM-8 ou 8e Classification
internationale des maladies), comportant dix catégories de maladies
psychiatriques
 le DSM-II céda la place en 1980 à un DSM-III qui se voulait « a-théorique ».
 le DSM-IV, en 1994, poursuivra sur cette lancée en maintenant le principe d'un
athéorisme mais en reposant, non plus seulement sur des consensus d'experts
mais sur des revues générales d'études publiées dans la littérature scientifique
concernant l'ensemble des catégories diagnostiques abordées.
 la 5e édition, parue en 2013, avec plusieurs années de retard par rapport aux
prévisions du début des années 2000. Ce retard est essentiellement dû à
l'insuffisance de progrès scientifiques déterminants en matière de génétique et
de biologie (les biomarqueurs) et malgré les avancées remarquables en matière
d'imagerie cérébrale
Les axes diagnostiques du DSM IV
Axe 1 : le trouble (disorder) : clinique de la maladie
Axe 2 : trouble de personnalité et existence éventuellement d’un retard mental
Axe 3 : affections médicales générales existantes
Axe 4 : problèmes psycho-sociaux et d’environnement présents
Axe 5 : fonctionnement global de la personne: relations interpersonnels, famille,
travail, taches quotidiennes, autonomie,...

Ex: Une jeune femme de 34 ans, mariée depuis 8 ans et elle a deux enfants. Elle a
présenté un trouble dépressif majeur, d’intensité modéré, depuis 3 mois
(Axe1). Elle a des traits de personnalité obsessionnelle (Axe2), et suivie pour
une hypothyroïdie, sous traitement de substitution (Axe3). Divorcé 3 mois
après le début des troubles dépressifs. Elle prend en charge un enfant ayant un
trouble du spectre autistique (Axe4). Elle n’a pas pu travailler durant les 3
derniers mois (Axe5)
Ces cinq axes ont disparu de la version DSM 5
les sections du DSM IV R publié en 2000
Sont devisées en 17 sections :
1. Troubles habituellement diagnostiqués pendant la première enfance, la deuxième
enfance ou l’adolescence.
2. Délirium, démence, trouble mnésique et autres troubles cognitifs.
3. Troubles mentaux dus à une affection médicale générale
4. Troubles liées à une substance (addictions)
5. schizophrénie et autres troubles psychotiques
6. Troubles de l’humeur
7. Troubles anxieux
8. Troubles somatoformes
9. Troubles factices
10. Troubles dissociatifs
11. Troubles sexuels et de l’identité sexuelle
12. Troubles des conduites alimentaires
13. Troubles du sommeil
14. Troubles du contrôle des impulsions
15. Troubles de l’adaptation
16. Troubles de la personnalité
17. Autres situations pouvant faire l’objet d’un examen clinique.
Nouvelle classification DSM V
Les entités en gras ne seront pas dispensés dans les cours magistraux
1/ Troubles Neurodeveloepmentaux
13/ Troubles sexuels
2/Spectre de la Schizophrenia et autres
14/ La dysphorie du genre
troubles psychotiques
15/ Les Perturbateurs, controle d’impulsivité,
3/ Trouble Bipolaire et troubles associés
et troubles des conduites
4/ Troubles Dépressifs
16/ Troubles liés à une substance et troubles
5/ Troubles Anxieux addictives
6/ Trouble Obsessif-Compulsif et 17/ Troubles Neurocognitifs
troubles
18/ Troubles de la Personnalité
associés
19/ Les troubles “Paraphilies”
7/Trauma et stresseurs et troubles associéss
20/ Autres troubles mentaux
8/ Troubles Dissociatifs
21/ Les troubles des mouvements induits par
9/ Symptomes somatiques et troubles
les médicaments et autres effets
associés
secondaires des medicaments
10/ Troubles alimentaires
22/ Autres Conditions qui peuvent etre sujet
11/ Troubles d’Elimination d’une attention clinique
12/ Troubles du sommeil et d’eveil
Exemples de critères
diagnostiques de certaines
maladies mentales
L’etat de stress post traumatique
Des critiques adressées au DSM. Pr Pierre Lalonde
Pour lecture
• On peut reprocher d’être le reflet de son époque, quelle que soit l’édition. Ce qui est considéré
comme une bonne santé mentale ou un comportement anormal dépend des normes sociales.
• Par exemple, avant 1974, l’homosexualité était classée dans le DSM à titre de trouble mental. Des
facteurs politiques influencent aussi son contenu. (L’homosexualité a été retiré du DSM))
• Un autre exemple, le gouvernement américain a résisté longtemps aux pressions des vétérans de la
guerre du Vietnam qui voulaient, à juste titre, se voir reconnaître le fait qu’ils revenaient traumatisés
des champs de bataille et qu’ils avaient besoin de soins (L’état de stress post traumatique a été
reconnu dans le DSM).
• Des considérations économiques entrent aussi en jeu lorsqu’on pense aux gains financiers notables
que tirent les compagnies pharmaceutiques de la réduction du nombre de critères à retenir pour
poser un diagnostic, de l’identification de nouveaux troubles et de l’élargissement des catégories.
Leur reconnaissance par les agences de santé et les compagnies d’assurance implique souvent le
remboursement de médicaments( Traiter un épisode dépressif léger par un antidépresseur?)
• Le DSM est essentiellement écrit par des médecins psychiatres provenant des États-Unis . Ils
forment un groupe social particulier qui, avec son regard propre, établit les critères diagnostiques.
Un de ces psychiatres, Allen Frances (2013), a dénoncé les conflits d’intérêt mis au jour chez
plusieurs auteurs du DSM-5 qui entretiennent des liens avec certaines compagnies
pharmaceutiques.
• l’ancienne version du DSM ne permettait pas de diagnostiquer un épisode dépressif majeur (ou
caractérisé) chez une personne qui vivait un deuil depuis moins de deux mois. Or, bien que des
nuances soient précisées pour distinguer le deuil de la dépression, le DSM-5 retire cette exception
et considère que les individus tristes deux semaines après le décès de l’être cher peuvent être
déclarés dépressifs .
Des critiques adressées au DSM. Pr Pierre Lalonde
Pour lecture
• Un autre exemple concerne le trouble dysphorique prémenstruel, une version sévère
des variations d’humeur liées aux menstruations, qui est désormais considéré comme
un trouble mental .
• on inclut désormais dans le DSM-5 le désordre neurocognitif mineur (difficultés sur le
plan de l’attention, de la mémoire, de l’apprentissage, de la coordination ou du
langage), alors que la version antérieure du DSM établissait le désordre neurocognitif
modéré comme un trouble Mental
• Les dépendance au jeux vidéo en ligne n’a pas été reconnu dans le DSM jusqu’au 2021,
et le nombre de consultation des parents augmentent de façon exponentielle, alors
que la dépendance au café a été déjà reconnue depuis 20 ans, et on ne reçoit aucune
consultation à propos de ce sujet
• Des psychiatres ayant participé à l’élaboration du DSM auraient cédé à des pressions
exercées par des compagnies pharmaceutiques en renommant et en recyclant
certaines maladies dans le but d’augmenter la vente des médicaments. Pour en savoir
plus, visionnez les entrevues accordées par le célèbre psychiatre Boris Cyrulnik
disponibles sur le Web . Ses propos sont d’autant plus troublants qu’il a lui-même
participé à la rédaction du DSM-IV-TR.
Conseils pédagogiques
• Ce cours est introductif et permet la compréhension de certains
concepts. A ne pas apprendre ce cours par cœur
• Comprendre la répartition des pathologies psychiatriques vous
aidera certainement dans l’établissement d’un diagnostic plus
précis
• Le stage en psychiatrique facilite énormément la
compréhension de tous les cours magistraux

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