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Thérapies cognitives
J. Cottraux

Cette revue présente l’historique et l’état actuel du modèle théorique sur lequel se fondent les thérapies
cognitives. Il postule que les perturbations psychopathologiques ont, entre autres processus, à leur base,
des altérations du traitement de l’information en relation avec des schémas cognitifs, automatiques,
inconscients et spécifiques à chaque trouble. Les différents niveaux du modèle cognitif sont présentés ainsi
qu’une discussion des arguments expérimentaux qui le soutiennent. La pratique des thérapies cognitives
est décrite en détail pour le traitement de la dépression et celui des troubles de la personnalité. Les travaux
contrôlés et des méta-analyses permettent de clarifier les indications principales. Ce sont la dépression
unipolaire d’intensité moyenne, les troubles bipolaires (en association avec les normothymiques), les
phobies sociales et phobies spécifiques, l’agoraphobie et les attaques de panique, l’anxiété généralisée, le
stress post-traumatique, la gestion du stress quotidien, les états schizophréniques, les troubles des
conduites alimentaires, la colère, les problèmes de couple, les addictions et les troubles de la personnalité.
En conclusion sont présentées trois voies de développement pour les thérapies cognitives : la thérapie
cognitive fondée sur la mindfulness (thérapie de pleine conscience), la psychologie positive, et les travaux
qui permettent d’établir ses effets objectifs par l’exploration de la neuroanatomie fonctionnelle et de la
neuromédiation.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Thérapie cognitive ; Thérapie cognitive et comportementale ; Cognition ; Schéma cognitif ;
Dépression ; Troubles de la personnalité ; Évaluation des psychothérapies

Plan ¶ Thérapie cognitive des troubles de la personnalité 6


Établir une relation thérapeutique positive et utiliser
¶ Introduction 1 les fluctuations relationnelles 6
Méthodes cognitives 7
¶ Découverte de « la sonde cognitive » 2
Méthodes affectives 7
¶ Monologues intérieurs et pensée automatique 2 Méthodes interpersonnelles 7
¶ Brève histoire des schémas cognitifs 2 Méthodes comportementales 7
Schémas et principe organisateur 2 Méthodes de consolidation 8
Schémas et réseaux de neurones 2 Résultats des travaux contrôlés 8
¶ Thérapie cognitive et thérapie comportementale 3 ¶ Conclusions et perspectives 8
¶ Modèle cognitif des troubles psychopathologiques 3
Ce sont les paroles les moins tapageuses qui suscitent la tempête, et
¶ Tests du modèle cognitif des troubles psychopathologiques 3
les pensées qui mènent le monde viennent sur des pattes de colombe.
¶ Thérapies cognitives de la dépression 4 F. Nietzsche. Le Gai Savoir, Paris, Flammarion, 1997.
Schémas cognitifs 4
Événements cognitifs 4
Distorsions cognitives 4
¶ Pratique des thérapies cognitives de la dépression 5
■ Introduction
Format de la séance 5 Les thérapies cognitives ont été mises au point à partir de
Séances 1 à 5 5 1967 par Beck à la suite de travaux cliniques et de recherche [1,
Séances 5 à 10 5 2]. Elles ont proposé un modèle novateur des relations entre les
Séances 10 à 20 5 comportements, les émotions, les cognitions conscientes et les
¶ Modèle cognitif des troubles de la personnalité 5 schémas cognitifs inconscients qui traitent l’information. Elles
Caractéristiques des schémas de personnalité 6 ont aussi établi des modalités nouvelles d’intervention psycho-
Processus qui maintiennent les schémas de personnalité 6 sociales. Quarante ans après ses débuts, et plus d’un millier de
travaux scientifiques plus loin, leur approche est devenue un
des modèles dominants de la psychothérapie.

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37-820-A-50 ¶ Thérapies cognitives

■ Découverte de « la sonde Schémas et principe organisateur


cognitive » Les schémas représentent un principe organisateur de la vie
psychologique qui se rattache aux croyances imprimées par les
En parallèle au discours articulé des patients en thérapie, Beck expériences vécues et aux apprentissages logiques et affectifs.
découvrit un second courant, inexprimé, préconscient et en lien Piaget [4] a décrit deux grands processus qui permettent de
avec les émotions, chez des patients déprimés suivis en psycho- rendre compte du développement cognitif :
thérapie psychanalytique. Des pensées, ou des images mentales • l’assimilation ne retient du monde que ce qui est semblable
n’étaient pas rapportées, à moins que le thérapeute ne demande au aux schèmes ;
• l’accommodation tient compte de la réalité du monde et
patient de se concentrer sur elles et d’en parler. Après de nombreux
modifie les schèmes.
exemples et des études systématiques, un lien fut établi entre
Il existe une série d’équilibres successifs qui partent des
ces pensées négatives ou positives et les émotions désagréables
schèmes innés sensorimoteurs les plus élémentaires : succion et
ou agréables. Ainsi thérapeute et patient ont accès à des
préhension, pour aller vers les stades les plus élaborés de la
schémas cognitifs préconscients ou inconscients : des thèmes connaissance : les opérations logiques concrètes puis abstraites.
personnels récurrents qui peuvent expliquer leurs inter- De plus, Piaget relie le développement intellectuel aux processus
prétations négatives. Comme ces pensées survenaient involon- motivationnels et aux émotions. En fait, l’assimilation est un
tairement et de façon très rapide, Beck les a appelées « pensées processus inconscient, lié à des schémas émotionnels, l’accommoda-
automatiques » ou « pensées autonomes » : l’émotion est la voie tion est consciente et nécessite l’utilisation de la pensée symboli-
royale qui conduit à ces cognitions. Cette approche clinique que. Elle représente donc un effort qui aboutira à la
n’était pas sans antécédents. construction progressive de la pensée logique [5]. Il propose
donc un modèle cognitif de l’inconscient qui sera repris plus
tard par certains thérapeutes cognitivistes [6, 7].
■ Monologues intérieurs et pensée Adler est sans doute le premier psychothérapeute à décrire les
schémas cognitifs. Il parle du « schéma de l’aperception » pour
automatique rendre compte de la vision personnelle que chacun a du monde
et de lui-même [8]. Son œuvre a eu une influence reconnue sur
Janet, en 1889, dans son ouvrage L’Automatisme psycho- les thérapies cognitives [9]. Il faut souligner le rôle important
logique [3], avait décrit les fonctionnements automatiques et joué par Georges Kelly dont l’œuvre est peu connue en Europe.
subconscients et utilisé l’écriture automatique (sans contrôle En 1955, il avait forgé le terme de « construction personnelle »
rationnel) à des fins exploratoires et thérapeutiques. Ce procédé pour désigner des structures ou des dimensions bipolaires qui
a été utilisé par les surréalistes et inclus dans le premier reflètent des convictions et des jugements concernant soi-
manifeste du surréalisme de Louis Aragon et André Breton. De même, le monde et les autres. Les constructions personnelles
plus, le monologue intérieur est un procédé de narration peuvent se fragmenter et provoquer des comportements contra-
littéraire qui fut expérimenté en 1887 par Édouard Dujardin dictoires. On peut aussi se trouver devant des oscillations
dans un roman, Les Lauriers sont coupés, dans lequel il décrit le rapides entre les deux pôles, qui se manifesteront par l’ambiva-
niveau sous-jacent de conscience, fait souvent d’images, de lence des jugements sur les autres en « noir et blanc ». Kelly [10]
a validé ce modèle par l’analyse factorielle et proposé une
sons, d’interjections ou d’onomatopées, de phrases sans cons-
thérapie « des rôles fixés » qui représente un précurseur des
tructions grammaticales, de pensées ébauchées ou de sensations.
thérapies cognitives.
James Joyce, qui s’est servi de ce procédé pour écrire son roman
La thérapie rationnelle émotive d’Albert Ellis [11] est le
Ulysse, en 1922, a reconnu de bonne grâce l’anté-
précurseur le plus proche des thérapies cognitives actuelles. Sa
riorité de Dujardin, dont il s’était inspiré. Il a été repris par de méthode repose sur l’étude de la dichotomie stoïcienne entre la
nombreux écrivains du XXe siècle en particulier Virginia Woolf raison et les émotions que l’on peut faire remonter à Epictète
et William Faulkner. Bien d’autres auteurs avaient reproduit de et Marc Aurèle. Selon lui, le problème essentiel réside dans les
manière limitée ce flux de conscience dont la première notation cognitions grandioses que les sujets ont d’eux-mêmes et le
est due à Platon dans Le Théétète : « Quand l’esprit pense, il est fardeau émotionnel que cette irrationalité fait peser sur eux. Le
simplement en train de se parler à lui-même, de se poser des but général de la thérapie est l’acceptation inconditionnelle de
questions, d’y répondre et de dire oui ou non. » Ainsi la soi-même par la remise en cause des systèmes de croyances
philosophie, la littérature et la psychologie se rejoignent dans la irrationnelles. Cependant, l’excès de directivité et l’hyper-
recherche du sens latent des schémas qui structurent la pensée rationalisme d’Ellis ont été très critiqués.
humaine à travers le discours intérieur.
Schémas et réseaux de neurones
Les schémas représentent des réseaux de neurones qui sont à
■ Brève histoire des schémas la base du traitement normal et pathologique de l’information.
Le terme de schéma a été précocement utilisé par les neuro-
cognitifs logues pour désigner les localisations cérébrales qui sont le
support de l’identité. En particulier Head [12] a mis au jour la
Bien que le terme de schéma ait été élaboré par les penseurs
notion de schéma corporel, qui assure la stabilité de l’image du
de la Grèce antique, il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir
corps et donc de la représentation de soi, au cours de l’action.
apparaître, véritablement, une définition opérationnelle des Bartlett [13], neuropsychologue de la mémoire, rattache les
schémas cognitifs. Emmanuel Kant, dans la Critique de la raison schémas cognitifs à la mémoire sémantique : à savoir la partie
pure distinguait les choses en soi, ou noumènes, de leurs de la mémoire qui conserve les significations, les concepts, et les
apparences : les phénomènes. Et il soutenait que personne ne faits.
pouvait se vanter de connaître ou comprendre le monde Ingram et Wisnicki [14] distinguent plusieurs niveaux dans les
nouménal. En fait, chacun doit imposer aux objets du monde cognitions pathologiques selon un modèle que l’on peut
extérieur trois catégories mentales « a priori », qui sont des résumer par l’acronyme POPS :
schèmes : le temps, l’espace et la causalité. Ils spécifient la forme • les Produits cognitifs qui sont accessibles à la conscience et
du monde des apparences. L’homme va imposer aux objets les sont faits de pensées automatiques, d’images mentales et
catégories de son entendement, mais il ne peut connaître que d’émotions dysfonctionnelles ;
ce qui tombe dans ces catégories. Kant propose donc l’un des • les Opérations cognitives (ou processus cognitifs) : l’attention,
premiers modèles cognitifs de traitement de l’information. À l’encodage, le traitement de nouvelles informations et l’accès
partir de là, on peut distinguer deux manières de concevoir les aux anciennes informations sont perturbés. L’attention est
schémas qui sont conciliables entre elles. centrée sur soi ;

2 Psychiatrie
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• les Propositions cognitives qui sont représentées par des • ces schémas peuvent être à la base de la personnalité et en
schémas faits de croyances dysfonctionnelles. Elles aboutis- particulier les schémas précocement acquis ;
sent à des attentes exagérées de danger ou d’échec et à des • ils se traduisent par une vulnérabilité cognitive individuelle ;
attentes d’efficacité personnelle qui sont faibles ; • chaque trouble psychopathologique résulte d’interprétations
• les Structures cognitives : elles correspondent à des anomalies inadaptées concernant soi-même, l’environnement actuel, et
de la connectivité cérébrale et de la neurotransmission qui le futur. Par exemple, les schémas d’interprétation négative
sont spécifiques de chaque trouble. des événements dans la dépression, les schémas de danger
dans les phobies et les attaques de panique, les schémas de
sur-responsabilité dans le trouble obsessionnel compulsif ;
■ Thérapie cognitive et thérapie • ces schémas se traduisent par une attention sélective vis-à-vis
des événements qui les confirment : ils représentent donc une
comportementale prédiction qui se réalise ;
• les schémas pathologiques sont des structures mentales
Selon Beck [2], la thérapie comportementale n’est efficace que sélectionnées par un environnement et devenues inadaptées
dans la mesure où elle modifie les croyances erronées fonda- à un autre environnement. Ils peuvent avoir présenté une
mentales du patient. Ce point de vue est proche de celui de valeur de survie dans l’histoire de l’individu ou bien celle de
Bandura [15, 16], auteur d’une approche expérimentale et prati- l’espèce dont ils représentent un vestige, qui a survécu à son
que de l’apprentissage social, pour qui les changements ultimes
utilité pratique ;
sont cognitifs, même si l’un des moyens les plus efficaces pour
• ils correspondent à des réseaux de neurones, gérant à la fois
y parvenir est la modification de comportement. Mais comme,
les émotions, les croyances, et les comportements.
chez l’homme, l’influence sur les comportements passe par le
L’activation des émotions et des pensées automatiques qui
dialogue avec le thérapeute, l’acceptation de ses propositions et
leur sont associées permet d’accéder au schéma. On entend par
la préparation à l’action, les changements cognitifs sont un
pensée automatique une image ou une pensée dont le sujet
passage obligé. Le patient en thérapie cognitive ou comporte-
n’est pas conscient à moins de se focaliser sur elle. Lorsque le
mentale change sa conception de l’autre et aussi son concept de
sujet, au cours d’une séance de thérapie, ressent une forte
soi. Il pense moins qu’il est vulnérable et incapable, et apprécie
émotion, le thérapeute lui demande quelle est la pensée ou
avec plus de réalisme le danger ou les possibilités d’échec. Il
l’image qui lui vient à l’esprit. Cette mise au jour de constella-
augmente ainsi ses attentes positives et son sentiment d’effica-
tions de pensées automatiques permet progressivement de
cité personnelle et optimise ainsi ses chances de réussite. Ainsi,
il est actuellement impossible de définir des thérapies qui comprendre et d’évaluer les schémas et leur thématique.
seraient purement comportementales et des thérapies qui La Figure 1 représente le modèle cognitif général de la
seraient purement cognitives, et le consensus actuel est d’inté- psychopathologie [18].
grer les thérapies comportementales aux thérapies cogniti-
ves [17] . Néanmoins, certains travaux sont encore publiés
comme relevant de la thérapie cognitive et d’autres de la ■ Tests du modèle cognitif
thérapie comportementale selon l’accent mis soit sur la modifi-
cation des cognitions, soit sur la modification directe des des troubles psychopathologiques
comportements. Les études comparatives qui ont été publiées ne
Des arguments expérimentaux solides existent en faveur du
montrent pas de différence significative entre thérapie compor-
modèle cognitif de la dépression [19-21] : sur 220 études, 91 %
tementale et cognitive, en particulier dans la dépression et les
soutiennent le modèle. Ce modèle présente trois niveaux qui
troubles anxieux [18-21]. Si bien que l’accent est mis actuellement
s’établissent sur des facteurs génétiques. Il a été testé par des
sur l’étude des techniques et des processus communs à ces deux
études épidémiologiques [22]. Un style parental d’éducation
formes de psychothérapie, en particulier l’alliance thérapeuti-
négatif représente le premier niveau : critiques et contrôle sans
que, la psychoéducation, l’exposition aux émotions et leur
acceptation, la modification des interprétations négatives, affection, froideur, abus et ou négligences. Au deuxième niveau
l’encouragement à accomplir des actions inhibées, et le renfor- se situe le développement d’attitudes dysfonctionnelles. Au
cement du sentiment d’efficacité personnelle. La mise au jour troisième niveau apparaissent des tendances latentes à la
de métacomposantes ou de facteurs communs d’efficacité dépression et donc une vulnérabilité aux événements de vie.
dépasse d’ailleurs largement le cadre des thérapies cognitivo- Cependant, ce modèle diathèse stress a sans doute sous-
comportementales (TCC) : c’est un des problèmes fondamen- estimé le rôle des émotions au profit de la primauté de la
taux de la recherche en psychothérapie, et il est loin d’être cognition, qui a longtemps été considérée comme la cause de
résolu. Cependant, dans la dépression, la thérapie cognitive l’humeur dépressive. Il est vraisemblable aussi que le terme de
selon le modèle de Beck est la forme de psychothérapie la cognition, tel qu’il est utilisé dans la littérature anglo-saxonne,
mieux validée, y compris par les études de neuro-imagerie recouvre aussi les manifestations émotionnelles. Actuellement,
fonctionnelle [22]. on considère qu’il existe :
• des « cognitions froides » qui correspondent à la pensée
logique ;

■ Modèle cognitif des troubles • des « cognitions chaudes » reliées aux émotions. Elles pro-
viennent de la mémoire épisodique ou autobiographique, qui
psychopathologiques stocke les souvenirs personnels.
Un autre point important est la stabilité des schémas cogni-
Le modèle cognitif actuel des troubles psychopathologiques tifs. Une hypothèse synthétique a été proposée : les schémas
peut se résumer en dix propositions [17] : cognitifs dépressifs persistent en dehors des états dépressifs,
• les schémas représentent des interprétations personnelles et mais les sujets n’y ont accès que si les événements induisent des
automatiques de la réalité : ils traitent donc l’information de émotions dépressives. Trois études effectuées avec induction
manière inconsciente ; d’humeur dépressive soutiennent cette hypothèse [22].
• ils influent sur les stratégies individuelles d’adaptation ; Des arguments existent en faveur d’une spécificité des
• ils se manifestent par des distorsions cognitives et des biais cognitions et une perturbation du traitement de l’information
spécifiques à chacun des grands types psychopathologiques. dans chacun des troubles anxieux, les troubles des conduites
En clair, ce sont des préjugés ou des « attitudes dysfonction- alimentaires, et des troubles de personnalité quoique le nombre
nelles » ; d’études soit moins important que pour la dépression [20].

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Prédisposition Vulnérabilité Histoire Histoire des


génétique biologique développementale apprentissages

Situation
Schémas inadaptés
activatrice

Traitement dysfonctionnel de l'information en fonction du trouble


L'information conforme au schéma est traitée en priorité
L'information non conforme au schéma est ignorée ou dévaluée
L'attention est focalisée sur soi
Les erreurs cognitives sont fréquentes

Pensées et images Stratégies et réponses


Symptômes spécifiques au trouble compensatoires

Figure 1. Théorie cognitive de la psychopathologie (d’après [18]).

Événement Réponse
stimulus comportementale

S Schémas Processus Événements R


cognitifs cognitifs cognitifs

Figure 2. Modèle cognitif : traitement de l’information. Dépression et autres troubles d’axe 1 (d’après [22]).

Les thérapies cognitives ont été utilisées avec succès dans la Événements cognitifs
plupart des troubles psychopathologiques et il est impossible de
les envisager tous en détail : l’on trouvera des protocoles Les événements cognitifs sont des pensées ou des images
spécifiques dans les manuels pratiques [23]. Ne sont développés mentales dont le sujet n’est pas forcément conscient à moins de
ici que la dépression et les troubles de la personnalité. se concentrer sur ses monologues intérieurs ou le flux d’images
mentales préconscientes : « Tu ne vaux rien, tu ne feras jamais
rien, ta vie est un échec ». Ces pensées automatiques négatives
■ Thérapies cognitives vont réguler son comportement à son insu et provoquent des
de la dépression émotions négatives qui sont l’expression de surface des schémas
profonds.
Beck [24] a publié un manuel d’intervention pratique clinique
très utilisé. Il existe une « triade cognitive » chez le déprimé : il
présente constamment des pensées négatives sur soi-même, le
Distorsions cognitives
monde et le futur. La perte de l’estime de soi, l’indécision, le Les distorsions cognitives permettent le passage des schémas
pessimisme reflètent une perturbation du traitement de l’infor- (structures profondes) vers les événements cognitifs (structures
mation qui se manifeste par des schémas, des processus et des superficielles). Ces distorsions représentent une perturbation
événements cognitifs. profonde et stable des mécanismes de la pensée logique comme
le montre la Figure 2 [22, 24].
Schémas cognitifs Plusieurs distorsions cognitives ont été décrites dans les états
Les schémas cognitifs, inconscients, situés dans la mémoire à dépressifs : elles rendent compte de la pensée dichotomique : en
long terme, filtrent l’information en ne retenant que les aspects « noir et blanc ».
négatifs de l’expérience vécue. Les postulats peuvent être L’inférence arbitraire est la plus fréquente des distorsions
inconditionnels et représentent alors des croyances centrales : cognitives. Elle consiste à tirer des conclusions sans preuve et
« On ne peut pas m’aimer », « Je ne vaux rien », « Je suis sur la base d’informations inadéquates.
incompétent », « Je suis un imposteur ». Les postulats peuvent L’abstraction sélective consiste à se centrer sur un détail hors
être conditionnels et en « Si..., alors... ». Par exemple « Je ne du contexte de sorte que la forme et la signification globales de
vaux rien si je ne réussis pas mon examen. » Ils se traduisent la situation ne sont pas perçues.
par des règles impératives de comportement : « Je dois tout le La surgénéralisation étend à toutes les situations possibles une
temps et toujours tout réussir », « Je dois tout le temps tout faire expérience malheureuse isolée.
pour être aimé de tout le monde ». Ces postulats sont rarement La magnification et la minimisation attribuent une plus grande
conscients et orientent les jugements que le sujet porte sur lui- valeur aux échecs et aux événements négatifs et dévalorisent les
même, le monde et le futur. réussites et les situations heureuses.

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La personnalisation consiste à surestimer les relations entre les d’examiner les preuves et de tester les hypothèses sous-jacentes
événements défavorables et le sujet. à ses pensées dans la réalité. Il lui faut produire des alternatives
Ces distorsions cognitives aboutissent, par l’intermédiaire positives à ces pensées négatives. Un travail particulier sur la
d’heuristiques ou de raccourcis intuitifs, à transformer la réalité responsabilité est à effectuer, car le patient souvent se blâme
en un vécu lugubre compatible avec le schéma dépressif. Toutes pour des choses dont il n’est pas responsable : l’externalisation de
les étapes du traitement de l’information peuvent se voir la responsabilité est donc une méthode à utiliser constamment et
altérées chez la personne déprimée : attention, codage, stockage surtout en cas de risque suicidaire. En somme, le patient est
à long terme ou à court terme, consolidation de la trace, progressivement entraîné à se distancier des pensées dévalori-
profondeur de l’élaboration, rapidité et efficacité de l’accès aux santes qui l’assaillent. On peut s’aider, en séance et hors
souvenirs et de leur rappel. Le sujet s’enferme alors dans séances, d’une fiche d’enregistrement quotidien des pensées dite
l’inaction et l’improductivité qui vient circulairement justifier « fiche 5 colonnes » : situation, émotions, pensées automatiques,
ses postulats pessimistes. discussion des pensées automatiques et résultat.

Séances 10 à 20
■ Pratique des thérapies cognitives
À partir de la séance 10, on isole les distorsions cognitives et
de la dépression les postulats dysfonctionnels. Les postulats sont argumentés
avec le patient au cours de séances où l’on va utiliser le dialogue
Le patient et le thérapeute fonctionnent selon une « collabo- socratique où le thérapeute pose des questions sans imposer des
ration empirique » comme deux chercheurs, travaillant sur des réponses (questionnement socratique).
hypothèses communes. Le thérapeute aide le patient à évaluer
Le sujet est soumis à des règles intérieures rigides, des
ses schémas progressivement pour ensuite les mettre en ques-
postulats silencieux qui gouvernent sa vie. Il en souffre, mais la
tion tout en maintenant une bonne alliance thérapeutique [25].
vérité de ces postulats est inébranlable. Il faut donc lui appren-
La thérapie commence par une conceptualisation du cas, sous
dre la démarche difficile, de tester des hypothèses, qui lui permet
la forme d’une analyse fonctionnelle qui permet l’établissement
de passer d’une assimilation de la réalité extérieure à ses
d’hypothèses concernant le déclenchement et le maintien de la
schémas, d’une accommodation de ceux-ci au monde.
dépression. Cette analyse fonctionnelle est à la fois synchroni-
Le thérapeute qui cherche à mettre en évidence un postulat
que (actuelle) et diachronique (historique). Elle permet au
peut utiliser la technique dite de flèche descendante : si le pire se
patient et au thérapeute d’avoir un ensemble d’hypothèses
réalise, quelle en est la conséquence ? Et qu’est-ce que cela
communes sur lesquelles se fonde la relation de collaboration
représente pour vous ? Cette analyse en cascade permet d’aller
thérapeutique.
jusqu’à la conséquence ultime et la plus redoutée.
On cherche à regrouper les pensées du patient en thèmes
Format de la séance communs et à établir les règles personnelles tyranniques issues
des postulats. La validité de ces postulats est progressivement
Chaque séance se déroule selon les étapes suivantes : mise en question par le thérapeute sous la forme interrogative :
• évaluation des tâches cognitives et des expériences compor- « est-il toujours vrai que ? ». On peut ensuite utiliser des
tementales prévues lors de la dernière séance ; techniques de résolution de problème pour tester non seulement
• agenda de séance : choix d’un thème par le patient ; la vérité, mais aussi l’utilité à court et long terme de maintenir
• récapitulations fréquentes par le thérapeute ; un tel système de croyances devant des problèmes pratiques à
• techniques cognitives, émotionnelles, interpersonnelles et résoudre. Finalement, le patient parvient à intérioriser cette
comportementales pour modifier les schémas ; méthode de restructuration de ses pensées automatiques, de ses
• résumé de séance qui est effectué par le patient ; distorsions cognitives et de ses postulats. Une fiche de mise en
• feedback du patient sur ce qui lui a plu et déplu dans les question des postulats est proposée pour prolonger la séance dans
interventions du thérapeute en vue d’une élaboration com- la vie de tous les jours.
mune des problèmes relationnels ; Enfin, des tâches graduées permettent de faire en sorte que le
• discussion des programmes des tâches cognitives et des patient puisse bénéficier d’expériences de plaisir et de maîtrise
expériences comportementales ; dans la réalité. Le jeu de rôle, la présentation d’images mentales
• agenda de la prochaine séance fixé en fonction des résultats sous relaxation permettent de préparer dans certains cas cet
de cette séance : thème à aborder en priorité. affrontement de la réalité où angoisse et sentiments dépressifs
se mêlent.
Séances 1 à 5 Le but n’est donc pas l’élimination de la pensée négative qui
est nécessaire au bon fonctionnement mental, mais le rétablis-
Les premières séances consistent à repérer les émotions et les sement d’une dialectique entre environ deux tiers de pensées
affects, en utilisant le jeu de rôle, ou lorsque l’émotion apparaît positives et un tiers de pensées négatives [22].
en cours de récit par le patient. Ces sondages cognitifs permettent La thérapie se termine par un programme de maintenance
d’isoler les monologues intérieurs et les images dépressives. fait de tâches aussi bien cognitives que comportementales. Le
Le thérapeute met en évidence les liens entre la pensée, patient est revu de mois en mois durant 6 mois, puis deux fois
l’émotion et les comportements dépressifs. Un bref manuel dans le deuxième semestre après la thérapie. Des séances de
psychoéducatif expliquant les relations entre pensées, émotions, rappel peuvent être proposées.
et comportements ainsi que les principes de la thérapie cogni-
tive est remis au patient. Il peut montrer l’utilisation des fiches
d’autoenregistrement des situations qui provoquent les émo-
tions et les pensées automatiques, que le patient va remplir en ■ Modèle cognitif des troubles
dehors des séances. Le thérapeute propose tout de suite des activités
qui seront enregistrées avec les activités spontanées de plaisirs et
de la personnalité
maîtrise sur une fiche qui sera discutée à chaque séance (fiche dite À leurs débuts, les thérapies cognitives ne cherchaient pas à
« plaisir et maîtrise »). retrouver des souvenirs infantiles lointains, ni à étudier les
relations familiales précoces. L’intégration des données expéri-
Séances 5 à 10 mentales venues du modèle éthologique de l’attachement de
Bowlby [26] et la conceptualisation de Jeffrey Young [27-30]
À partir de la séance 5, et parfois avant, on commence à concernant les schémas précoces de personnalité a considéra-
modifier les pensées automatiques. En demandant au sujet blement élargi le modèle proposé par Beck [31] et Layden [6].

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37-820-A-50 ¶ Thérapies cognitives

Situation déclenchante Traitement


de l'information

Schémas cognitifs
Inconscient
de personnalité

Renforcement Erreurs logiques Processus


du schéma Attention sélective automatiques

Pensées automatiques Préconscient

Comportement

Figure 3. Personnalité et traitement de l’information (d’après [7]).

La personnalité est l’ensemble des constructions mentales Processus qui maintiennent les schémas
personnelles, ou schémas cognitifs que nous établissons pour
interpréter le monde. Les personnalités pathologiques provien- de personnalité
draient, sur un socle biologique tempéramental, de l’inadapta- Pourquoi est-il difficile de changer des comportements qui
tion des constructions, de leur absence, ou de leur rigidité, ce mettent une personne en échec ? Plusieurs processus de main-
qui va aboutir à des conséquences émotionnelles et comporte- tien des schémas ont été décrits qui représentent une manière
mentales néfastes. N’est filtré de la réalité que ce qui correspond de s’adapter au schéma :
au schéma : ce qui aboutit à des distorsions cognitives dont la
• maintien des schémas par distorsion de l’information et
principale est l’inférence arbitraire. Voici une représentation de
soumission au schéma pour maintenir le schéma intact ;
ce modèle selon Cottraux et Blackburn [7] (Fig. 3).
• maintien des schémas par évitement : le patient développe
des procédés, conscients ou automatiques, pour bloquer toute
Caractéristiques des schémas connaissance du schéma. La manœuvre d’évitement peut être
de personnalité cognitive, affective et/ou comportementale ;
• maintien des schémas par compensation. La personne qui se
Les schémas de personnalité représentent des interprétations sous-estime, du fait d’une carence dans l’enfance, peut
personnelles et automatiques de la réalité qui influent sur les développer un comportement narcissique. Le patient qui se
stratégies individuelles d’adaptation et provoquent la répétition croit incompétent présentera des traits compensatoires de
de scénarios de vie. Un scénario de vie est une situation piège
perfectionnisme ;
dans laquelle une personne se débat, sans succès, et qui se
• maintien par renforcement venu de l’environnement. Un
répète en de nombreuses occasions tout au long de la vie. Elles
comportement de star narcissique sera constamment renforcé
sont entraînées dans la spirale descendante de l’insuccès avec la
dépression pour horizon. La personne scénarisée va maintenir par un entourage flagorneur ;
des relations stéréotypées avec les autres : la victime du devoir, • maintien par modèles réels issus de la famille ou de l’envi-
le loser, le battant, la victime, le séducteur, la star narcissi- ronnement social, mais aussi des modèles symboliques issus
que [32]. Ils se manifestent par des distorsions cognitives et des de la télévision ou des médias en général.
biais spécifiques à chacun des grands types de personnalité.
Précocement acquis, souvent dans la période sensible qui
correspond à la relation d’attachement, ils se traduisent par une
vulnérabilité cognitive individuelle. Ils représentent une
■ Thérapie cognitive des troubles
prédiction qui se réalise dans de domaine relationnel : une de la personnalité
personnalité paranoïaque finit par induire la persécution. Ils
sont plus difficiles à détecter et à modifier que les schémas liés Les thérapies cognitives des troubles de la personnalité se
aux syndromes psychiatriques, car ils sont activés par la vie déroulent sur 1 à 3 ans et comportent entre 30 et 100 séances
quotidienne, et font partie de la personne et parfois de la de 1 heure, effectuées par un seul thérapeute. Elles utilisent des
culture d’un groupe. L’activation des émotions par des situa- techniques cognitives, émotionnelles, comportementales,
tions « gâchettes » les déclenche. interpersonnelles et des stratégies de maintien pour modifier les
Les schémas précoces inadaptés sont évalués par le Question- schémas cognitifs précoces perturbés.
naire des schémas de Young (YSQ-II), qui a été revalidé en
français [33]. Les 15 schémas présents dans le questionnaire sont
les suivants : carence affective, abandon, abus et méfiance, Établir une relation thérapeutique positive
isolement social, exclusion sociale, imperfection, échec, dépen- et utiliser les fluctuations relationnelles
dance et incompétence, vulnérabilité, relation fusionnelle,
assujettissement, sacrifice de soi, contrôle émotionnel à La reconnaissance par le thérapeute de la difficulté du
outrance, exigences élevées, manque d’autocontrôle. changement pour le patient est nécessaire au succès de la

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thérapie. Tout au long de la thérapie, les fluctuations relation- Méthodes affectives


nelles sont utilisées pour mettre au jour les schémas et effectuer
des expériences émotionnelles et comportementales correctrices. Discussion de la responsabilité personnelle
Souvent, le patient se blâme pour ce qui lui arrive : ce qui le
Méthodes cognitives déprime. Dans ce cas, le thérapeute peut procéder à une
réattribution de responsabilité pour toutes les difficultés
Comme les schémas inadaptés précoces sont de longue durée, rencontrées. On peut demander au patient d’établir des pour-
il faut être prêt à poursuivre la thérapie pendant 1 an et parfois centages représentés sous la forme d’un « camembert »
jusqu’à 3 ans. statistique.

Conceptualisation du cas et recherche Jeux de rôle sur le passé


des schémas Le thérapeute joue d’abord le rôle de l’un des parents et le
patient est lui-même, enfant. Ces rôles doivent souvent être
La conceptualisation du cas se fait à travers le récit de la vie
inversés, car le patient n’est pas encore capable d’adopter le rôle
du patient et des événements récents qu’il a pu vivre. Le enfant/adulte avec assez de conviction ou d’assurance. Cette
thérapeute peut mettre au jour par exemple un schéma de types interversion de rôle continue jusqu’à ce que le patient soit
« idéaux exigeants ». Et construire avec le patient une série satisfait de ce qu’il a présenté son propre point de vue et qu’il
d’hypothèses sur la genèse de ce schéma. a été compris. La séquence doit toujours finir par le thérapeute
dans le rôle de l’un des parents et le patient jouant son propre
Établir les arguments pour et contre les schémas rôle.
Le thérapeute et le patient passent en revue tous les faits, « Reparentage » limité
accumulés au cours des années, qui soutiennent cette vue de
soi-même qui n’a jamais été mise en question. Les patients Young [30] s’est efforcé d’ancrer son modèle sur le modèle de
présentent parfois une longue liste de faits, mais le plus l’attachement de Bowlby [26]. Il se fonde aussi sur les perspecti-
souvent, il devient évident que la croyance repose seulement ves actuelles des neurosciences concernant les relations entre le
sur quelques incidents ou situations. conditionnement émotionnel, l’apprentissage non associatif et
les souvenirs traumatiques [34-36]. Cependant, les schémas ne
résultent pas tous d’expériences traumatiques intenses et
Montrer que l’argumentation contraire au ponctuelles, ils peuvent avoir été stabilisés pas des expériences
schéma n’a pas été prise en compte précoces répétées et nocives. Le psychothérapeute aide le patient
La discussion socratique consiste à évaluer le schéma et à à mettre des mots sur l’expérience émotionnelle du schéma » et
envisager les arguments pour et contre celui-ci, par des ques- à réparer les dégâts par des méthodes de « reparentage »
tions inductives qui représentent une découverte guidée de ce (reparenting) qui représentent une expérience émotionnelle
correctrice. Ces méthodes, effectuées principalement en imagi-
qui n’est pas conscient. Lorsque l’argumentation « pour » le
nation, consistent à réparer les carences affectives vécues par le
schéma a été recueillie, on passe à la recherche des preuves qui
patient. Young a suggéré des attitudes de reparentage encore
vont à l’encontre du schéma.
plus directes : par exemple, le thérapeute laisse un numéro de
téléphone où il peut être joint à tout moment et donne ainsi
Méthode du continuum plus de son temps personnel au patient : cette méthode n’est
Après avoir défini par exemple ce qu’est une personne pas validée par une étude comparative [37].
impulsive, dépendante ou qui « vaut » quelque chose ou une
personne « sans valeur », on établit un continuum de 0 à 100, Méthodes interpersonnelles
dont les deux pôles sont définis. Et le thérapeute demande au Les méthodes interpersonnelles sont liées à la relation
patient de s’évaluer sur le continuum et de mettre en question thérapeutique elle-même. Pendant les séances, le thérapeute
une vue en « noir et blanc » de lui-même. doit constamment observer les signes qui peuvent révéler le
déclenchement d’un schéma. Des manifestations de forte
Réinterprétation des expériences de l’enfance émotion peuvent indiquer des pensées automatiques ayant trait
à la thérapie : c’est le moment opportun pour examiner et
La famille a pu faire jouer à l’enfant un rôle qui n’était pas
mettre en question le schéma. L’attitude empathique du
forcément dans son intérêt, mais qui remplissait une fonction
thérapeute est essentielle, mais il est important d’établir des
pour ses parents à cette époque. Avec l’aide du patient, le limites professionnelles. La relation peut et même doit éveiller
thérapeute considère chaque membre de la famille, essayant des cognitions négatives. Le thérapeute doit alors être capable
d’arriver à une vue plus réaliste de la vie familiale de l’enfant. de se décadrer et de communiquer sur la relation.
Il ne vaut pas invalider la perception que le sujet a de sa
famille, mais reconnaître avec empathie les traumatismes et
l’aider à se dégager de l’emprise du trauma sur la vie présente.
Méthodes comportementales
Il est essentiel d’agir sur les comportements soit pour
Historique du schéma et sa mise à l’épreuve recueillir des données qui invalident le schéma, soit pour
modifier les stratégies comportementales qui le maintiennent.
C’est une technique efficace, concernant les preuves pour et
contre le schéma en examinant toute la vie du patient, étape Résolution de problème
par étape de 2 ou 5 ans. Cette méthode permet de revenir vers
Une des constantes des troubles de personnalité est la
la période passée qui s’est révélée critique pour le développe-
difficulté à résoudre les problèmes de manière créative. La
ment du schéma.
méthode de résolution de problème en sept points est à
appliquer face aux décisions que les patients n’arrivent pas à
Développer des « mémo flash » prendre, ce qui les bloque dans une impasse existentielle.
Il s’agit simplement de phrases, construites par le patient, qui
évoquent les preuves contraires au schéma. Elles sont utiles
Expériences comportementales pour tester
quand tout va mal et qu’une vue équilibrée semble impossible. les schémas
Une fiche permet d’appliquer cette méthode dans la vie de tous Le patient, qui évite de se faire des amis par peur qu’ils ne
les jours. l’abandonnent, essaie d’adopter une attitude plus sociable,

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37-820-A-50 ¶ Thérapies cognitives

acceptant de passer une soirée avec des collègues, ou les invitant Tableau 1.
chez lui, pour examiner comment les autres réagissent envers Rapport Inserm : trois thérapies évaluées (2004). Niveaux de preuve
lui. Le patient dépendant, qui a peur de dire « non » et fait tout d’efficacité des trois approches psychothérapiques examinées chez
ce qu’on lui demande, apprend peu à peu à refuser son aide l’adulte.
dans certaines circonstances et à tester de cette manière si, dans Schizophrénie (phase aiguë) avec Thérapie psychoéducative familiale
ce cas, les autres le rejettent totalement. médicaments sur taux de rechutes à 2 ans a
Schizophrénie (stabilisée suivie Approche psychoéducative
Tâches et renforcement en ambulatoire) avec familiale a
Le thérapeute renforce les progrès, même limités, faits par le médicaments Approche TCC (acquisition
patient. Le patient peut aussi décider de changer de milieu pour d’habilité sociale, gestion des
renforcer le nouveau schéma qui n’est plus en phase avec émotions) a
l’ancien environnement. Par exemple, une femme qui se sent a
Dépression hospitalisée sous Approche des TCC
dévalorisée au point d’accepter des comportements abusifs de
antidépresseurs
son compagnon change de partenaire et de style de vie.
Trouble bipolaire avec Approche psychoéducative
médicaments familiale (conjugale) et approche
Méthodes de consolidation TCC a
Une fois que l’ancien schéma a été mis en question et jugé Dépression moyenne Approche TCC et thérapie
inadapté par le patient, le thérapeute doit s’efforcer de consoli- interpersonnelle a
der le schéma sain par un journal des expériences positives qui Trouble panique Approche TCC a
soutiennent le nouveau schéma et une liste de prédictions Approche psychodynamique brève
négatives qui ne se sont pas réalisées. Après 10 ou 15 prédic- avec antidépresseurs b
tions non réalisées, le patient note ses émotions, ses pensées
automatiques et le degré de croyance qu’il accorde à l’ancien Stress post-traumatique Approche TCC (dont EMDR) a

schéma, ainsi qu’au nouveau. Approche psychodynamique


brève b

Résultats des travaux contrôlés Troubles anxieux (TAG, TOC, Approche TCC a

phobies)
Le modèle général a été appliqué à l’ensemble des troubles
Boulimie Approche TCC a
psychopathologiques et testé dans de multiples essais contrôlés
qui font de l’approche cognitivocomportementale la forme de Anorexie Thérapies familiales chez les
thérapie la mieux validée scientifiquement, à ce jour. patients jeunes b
Approche TCC sur la prévention
des rechutes b

Troubles de la personnalité Approche psychodynamique a

“ Point important Approche TCC a

Alcoolodépendance Thérapie familiale et approche TCC


Les résultats des thérapies cognitives et cognitivo- dans le maintien de l’abstinence a
comportementales Trouble thérapie psychodynamique brève : thérapie d’orientation
Plusieurs rapports institutionnels sur l’efficacité des psychanalytique brève. Thérapie interpersonnelle : thérapie brève orientée sur la
psychothérapies ont donné un grade A (efficacité modification des interactions sociales. TCC : thérapie cognitivo-
comportementale ; EMDR : eye mouvement desensitization and reprocessing ; TAG :
démontrée) dans de nombreuses indications, en troubles anxieux généralisés ; TOC : troubles obsessionnels compulsifs.
particulier le rapport Inserm de 2004 : trois thérapies a
grade A : efficacité prouvée.
b
grade B : présomptions d’efficacité.
évaluées [38]. Le Tableau 1 présente les principaux résultats
de ce rapport.
Depuis ce rapport, trois revues [21, 30, 39] ont présenté une haute distinction médicale aux États-Unis. Les thérapies com-
analyse plus récente des preuves d’efficacité dans les portementales ont été intégrées dans un modèle plus large qui
a pour sigle, en anglais, CBT (cognitive behaviour therapy) : en
principales indications des thérapies cognitives.
français « thérapie cognitive et comportementale », ou « théra-
pie cognitivocomportementale (TCC) ». L’association euro-
péenne European Association for Behavior Therapy (EABT) est
devenue l’European Association for Behavioural and Cognitive
Quelques études contrôlées récentes doivent être soulignées. Therapies (EABCT) en 1990, à Paris. L’association américaine de
Les troubles bipolaires traités par des normothymiques bénéfi- thérapie comportementale n’a changé son intitulé « Association
cient des thérapies cognitives [40] . Les thérapies cognitives for Advancement of Behavior Therapy » (AABT) en « Association
préviennent la récidive des tentatives de suicide [41] . Les for Behavioral and Cognitive Therapies » (ABCT) qu’en 2005.
thérapies cognitives ont montré leur efficacité dans le trouble de Trois voies de développement s’ouvrent pour les thérapies
personnalité borderline dans trois études comparatives, dans cognitives.
lesquelles elles se sont révélées supérieures à la thérapie La première voie est celle du travail sur les émotions [47] .
psychanalytique [42], le traitement habituel [43], la thérapie de L’acceptation des émotions positives et négatives par la médita-
soutien selon Rogers [44]. Les thérapies cognitives font jeu égal tion assise a été proposée par la mindfulness ou « thérapie de
avec la thérapie psychanalytique dans un ensemble de troubles pleine conscience » qui dérive du bouddhisme [48]. La mindful-
correspondant au groupe C : personnalités anxieuses et peureu- ness ne vise pas à induire un état de relaxation mais à mieux
ses [45]. Dans la personnalité évitante, elles apparaissent supé- ressentir et observer le fonctionnement mental et physique avec
rieures à la thérapie psychanalytique [46]. une « acceptation radicale et bienveillante », sans jugement. Son
programme comprend l’observation, la description, l’action
consciente, le non-jugement et la non-réaction. Les pensées
■ Conclusions et perspectives sont vues comme des événements mentaux, indépendants de
leur contenu et de leur charge émotionnelle qu’il faut accepter
Les thérapies cognitives sont appliquées maintenant dans le et non pas restructurer comme dans les thérapies cognitives. Le
monde entier et Beck a reçu en 2006 le prix Lasker, la plus sujet peut se déconnecter des pensées négatives, impermanentes

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et se reconnecter sur les sensations présentes. Quelques travaux [19] Beck AT. Cognitive Therapy: a 30 year retrospective. In: Cottraux J,
contrôlés suggèrent un effet positif de cette thérapie dans la Légeron P, Mollard E, editors. Which psychotherapies in year 2000?.
prévention des rechutes de patients dépressifs. Elle se présente Amsterdam: Swets and Zeitlinger; 1992. p. 13-28.
sous la forme de thérapie cognitive ou de gestion du stress [20] BeckAT. The current state of cognitive therapy: a 40-year retrospective.
fondée sur la mindfulness [49, 50]. Cependant, un travail d’évalua- Arch Gen Psychiatry 2005;62:953-9.
tion méta-analytique recommande de faire des études plus [21] Butler AC, Chapman JE, Forman EM, Beck AT. The empirical status of
rigoureuses avant de conclure à une efficacité démontrée [51]. cognitive-behavioral therapy: a review of meta-analyses. Clin Psychol
Rev 2006;26:17-31.
La deuxième voie est celle de la psychologie positive. Les
[22] Blackburn IM, Cottraux J. Psychothérapie cognitive de la dépression.
thérapies cognitives se sont beaucoup intéressées aux schémas Paris: Masson; 2008 (p. 39-52.).
cognitifs dysfonctionnels y compris sociaux [52]. Mais, qu’en [23] BeckAT, RushAJ, Shaw BF. Emery G. Cognitive therapy of depression.
est-il du fonctionnement psychologique optimal ? Le courant de New York: Guilford Press; 1979.
psychologie positive se développe depuis quinze ans [53] et [24] Cottraux J. Les thérapies comportementales et cognitives. Paris:
s’intéresse aux expériences subjectives positives, en particulier le Masson; 2004.
bonheur et le bien-être, ainsi qu’aux traits de personnalité [25] Cungi C. L’alliance thérapeutique. Paris: Retz/Sejer; 2006.
positifs comme l’empathie, la compassion, la gratitude, la [26] Bowlby J. A secure base. New York: Routledge classics; 1988.
créativité et l’optimisme. Il en résulte des thérapies du bien-être [27] Young J. Cognitive therapy for personality disorders: A schema-
qui ont été testées dans la dépression et l’anxiété généralisée et focused approach. Sarasota: Professional Resource Press; 1990.
la mise en place d’interventions cliniques préventives pour [28] Young J. Cognitive therapy for personality disorders: A schema-
favoriser l’optimisme. focused approach (revised). Sarasota: Professional Resource Press;
1994.
La troisième voie est celle des neurosciences. Des anomalies de
[29] Young J, Klosko JS. Je réinvente ma vie. Montréal: Les Éditions de
la neurotransmission peuvent entraîner des dysfonctionnements
l’Homme; 1995.
des réseaux de neurones, qui sont améliorés aussi bien par des [30] Young J, Klosko J, Weishaar M. La thérapie des schémas. Approche
médicaments que par les thérapies cognitives et comportemen- cognitive des troubles de la personnalité. Louvain-la-Neuve: De Boeck
tales. Ce point a été démontré par des travaux de neuroanato- Université; 2005.
mie fonctionnelle dans les obsessions-compulsions, les phobies [31] Beck AT, Freeman A. Cognitive therapy of personality disorders. New
sociales, les phobies spécifiques, la personnalité borderline et la York: The Guilford Press; 2004.
dépression. Néanmoins, une connaissance approfondie de [32] Cottraux J. La répétition des scénarios de vie. Paris: Odile Jacob; 2001.
l’intimité des processus thérapeutiques demande des recherches [33] Lachenal-Chevallet K, Mauchand P, Cottraux J, Bouvard M, Martin R.
plus poussées [54]. Factor analysis of the schema questionnaire-short form in a nonclinical
Ces nouvelles thématiques fertilisent la recherche fondamen- sample. J Cogn Psychother Int Q 2006;20:217-24.
tale et appliquée en thérapie cognitive et ouvrent sur d’autres [34] LeDoux J. Neurobiologie de la personnalité. Paris: Odile Jacob; 2003.
dimensions psychologiques et la prévention. [35] LeDoux J. The emotional brain. New York: Simon and Schuster; 1996.
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J. Cottraux, Psychiatre honoraire des Hôpitaux, chargé de cours à l’université Lyon 1, directeur scientifique (cottraux@ifforthecc.org).
Institut francophone de formation et de recherche en thérapie comportementale et cognitive (Ifforthecc), 10, rue Gantin, 74150 Rumilly, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Cottraux J. Thérapies cognitives. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Psychiatrie, 37-820-A-50, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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