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Michel MARIE-CARUTNE
1
Les bases
dela
psychothérapie
Approche intégrative et éclectique
3e édition
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Olivier CHAMBON
Les bases
de la psychothérapie
3e édition
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particulièrement dons le domaine DANGER nouvelles et de les faire éditer cor-
de l'édition technique et universi- rectement est aujourd'hui menacée.
taire, le développement massif du Nous rappelons donc que toute
photocopilloge. reproduction, partielle ou totole,
le Code de Io propriété intellec- de Io présente publication est
tuelle du 1er iuillet 1992 interdit lf Plk1TlXXA1.IŒ interdite sons autorisation de
en effet expressément Io photoco- TIE LE LIVRE l'auteur, de son éditeur ou du
pie à usage collectif sons outori- Centre fronçais d'exploitation du
sotion des ayants droit. Or, cette pratique droit de copie ICFC, 20, rue cles
s'est généralisée dons les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).
INTRODUCTION
2. Le patient 37
S'adapter au niveau de motivation et au stade
de changement du patient 37
Le stade de la pré-intention, 38 •le stade de L'intention, 40 •Le
stade de l 'action, 41 •Le stade de maintien, 42
L'interaction entre l'urgence et la conscience 44
BIBLIOGRAPHIE 343
Bibliographie par thème 343
Livres d'orientation générale, 343 • Psychothérapies
intégratives, 344 •Initiation aux diverses thérapies, 344
Bibliographie générale 346
INDEX 365
AVANT-PROPOS
À LA TROISIÈME ÉDITION
L
E TEMPSqui s'est écoulé depuis la deuxième édition a amené
beaucoup de changements dans ma vie, dans ma pratique, et dans
mon expérience de diverses autres psychothérapies.
Depuis 2003 je suis passé en libéral et j'ai eu l'occasion de me
former à des thérapies impliquant les états modifiés de conscience,
comme J ' EMDR, l' hypnose ericksonienne, les psychothérapies psyché
déliques, le chamanisme 1 , ainsi qu'à des thérapies énergétiques comme
le magnétisme, l'hypno-magnétisme, l'EFf, ou le reiki. Ces expériences
thérapeutiques ont évidemment enrichi en profondeur ma conception du
soin et des processus de changement en psychothérapie.
Le rajout du chapitre « États modifiés de conscience et psychothérapie
transpersonnelle » est là pour en témoigner. JI ajoute une dimension
spirituelle à la pratique psychothérapique, qui ne s'oppose pas mais
est complémentaire aux psychothérapies classiques. Le tout pouvant, là
encore, dans l'esprit de ce manuel, être intégré dans un modèle plus large
de la psyché comme celui proposé par Stanislav Grof, dans son ouvrage
Pour une psychologie du futur (2002).
Au modèle mécaniciste puis systémique de l'esprit, dont rendaient
compte les deux précédentes éditions de cet ouvrage, est venu se
surajouter le modèle « non-local » de la conscience en résonance avec
les découvertes récentes de la physique quantique. Non-local est un
terme qu'utilisent les physiciens pour décrire les interactions à distance
entre les particules atomiques. Or il a été prouvé que l ' esprit humain
peut connaître de telles interactions à distance (Dossey, 2002 ; Radin,
2006 ; Tart, 2009). La prise en compte des phénomènes «psi » (ou
paranormaux), des EMI (états de mort imminente) ou des CAM (commu
nication avec les morts), des émergences psycho spirituelle et des états
mystiques, si fréquents en fait chez les gens ordinaires et sains d'esprit
(Allix & Berstein, INREES, 2009) nécessitait leur intégration dans un
nouveau modèle de compréhension de la nature de l ' esprit humain. Les
notions d'amour, d'intention, de conscience et d'énergie sont centrales
et essentielles dans ces thérapies qui tiennent compte du « non visible »
et de l'esprit.
Science et spiritualité peuvent très bien coexister dans une étroite
relation de collaboration, et, en tout cas, le psychothérapeute intégratif,
intéressé par tout ce qui peut aider son patient, pourrait fort bien
s'en inspirer. Il est donc temps d'intégrer«psi » (paranormal), «spi »
(spirituel) et« psy ».
Je reste totalement en accord avec l'esprit des éditions précédentes :
même avec un modèle encore plus intégratif, incluant le spirituel dans la
démarche psychothérapeutique, il reste illusoire de proposer un modèle
«idéal », une forme de thérapie que tous les autres devraient suivre. Carl
Rogers, Fritz Perls, et Milton Erikson, par exemple, sont parvenus à
des résultats thérapeutiques par des manières di fférentes à tous points
de vue. Chacun avait un type de personnalité différent, une façon de
travailler différente et probablement un genre de client différent, avec
lequel il se révélait plus efficace. Dans une démarche transpersonnelle
ou spirituelle, on sait bien que lorsque notre conscience s'ouvre à de
nouvelles perspectives, «comme par hasard » des clients qui peuvent
en bénéficier apparaissent. Puisse cette nouvelle édition augmentée
permettre au lecteur d'aider le plus grand nombre.
INTRODUCTION
nents et cohérents.
Nous nous attacherons donc dans ce manuel, à décrire les bases que
tout apprenti psychothérapeute devrait connaître lorsqu'il s'engage dans
l'aventure d'une relation thérapeutique.
Nous sommes fermement convaincus que laformation initiale dans le
domaine de la psychothérapie devrait passer par J 'étude et! 'apprentissage
de l ' usage des « ingrédients de base » et des facteurs communs, et nous
pensons plus particulièrement aux internes en psychiatrie, aux médecins
rapeutes et même chez certains psychanalystes, bien que cela soit plus rare
quand ils appartiennent à une école officielle, qui est de faire une synthèse
personnelle à partir des méthodes avec lesquelles ils se sont eux-mêmes
transformés ou qu'ils ont expérimentées, ainsi qu'à partir des théories qui
les conceptualisent. JI semble se dessiner une sorte de pratique qui intègre
plusieurs courants de pensée et plusieurs techniques à la personnalité
propre du psychothérapeute. Je ne parle pas des psychothérapeutes tentés
par un vague syncrétisme ou mêlant toutes sortes de techniques dont ils
n'auraient pas approfondi les fondements pratiques et théoriques ou dont
ils ignoreraient les processus par lesquels chacune de ces méthodes exerce
un effet transformateur. Mon propos concerne plutôt la personnalisation
et l'indépendance des psychothérapeutes contemporains par rapport aux
écoles d'origine, ce qui n'empêche nullement un axe de travail cohérent
et solide ».
LES ÉLÉMENTS
DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
1. En fait les textes officiels prévoient bien dans le programme du D.E.S. de psychiatrie
un objectif concernant la psychothérapie. mais il n'est pas précisé et son contenu est
laissé à la libre appréciation des enseignants, si bien que cette formation varie beaucoup
d'une faculté à l'autre. Une réflexion sur ce sujet est engagée actuellement au sein du
Collège national universitaire de psychiatrie (CNUP) sous la direction du Pr G. Darcourt.
LES ÉLÉMENTS DE lA PSYCHOTHÉRAPIE 9
La raison d' être essentielle d'une telle définition est surtout d'ordre
éthique : la souffrance humaine ne doit pas être prise en charge par
des personnes incompétentes et avec des méthodes inefficaces. Dans
la pratique, cependant, l'on est bien souvent amené à intervenir sans
preuve scientifique de la validité totale, universelle, et éternelle de la
théorie de référence et sans assurance de la pertinence indubitable de la
technique thérapeutique utilisée dans le cas particulier du patient alors
en cause. Faut-il alors s'abstenir pour autant, et ne fait-on alors plus
de psychothérapie ? Qu'en est-il aussi, dans le cadre de cette définition,
des possibilités de création de combinaisons thérapeutiques (éclectiques
ou intégratives), qui font appel à l ' inventivité et aux capacités d"adap
tation du thérapeute mais ne sont pas encore testées empiriquement,
comparativement à d' autres interventions ou au placebo, et en double
aveugle, sur un grand échantillon de patient ? Ne fait-on alors plus de
psychothérapie ?
c:
::l
Ces définitions doivent donc être utilisées comme garde-fou contre des
dérives fantaisistes de la pratique, mais ne doivent pas devenir un carcan
étouffant, inhibant et niant l'aspect artistique inhérent à la fonction de
psychothérapeute.
C. Garrone ( 1 985) fait de la psychothérapie l ' intégration de trois
éléments principaux : le processus relationnel (la relation établie entre
le patient et son psychothérapeute) est relié à un cadre par un contrat
plus ou moins formel. Selon les modalités d'intégration de ces différents
composants, nous avons proposé une classification des psychothérapies
qui peut avoir un certain intérêt, notamment quand il s' agit de discuter de
la formation. (J. Furtos et M. Marie-Cardine, 1 98 1 . 1 982; O. Chambon
10 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Le niveau 1
Le niveau Il
c;I.
On dit que le cadre et le processus n' onvpas un objet identique ou ne
sont pas homogènes. En fait, il s'agit ce que nous dénommons avec
J. Guyotat les attitudes psychothérapeutiques ou psychologie médicale.
J. Guyotat ( 1 978) écrit par exemple à ce sujet :
Le niveau Ill
Le niveau IV
Le niveau V
Toute psychothérapie agit sur l ' une des cinq cibles de l a figure 1 :
le contexte social et interpersonnel, les cognitions (images, représenta
tions, fantasmes, pensées, croyances), les affects (et les émotions), les
comportements, et les sensations.
t
Cognitions
(pensées, représentations, croyances, images ... )
Affects
+ Comportements
Sensations
t
Figure /. les différentes cibles du changement et leur interaction.
faite par Max Pagès, que le système corporel (incluant l'axe sensation)
puis le système émotionnel se sont développés avant le système discursif
représentatif (cognition). Pagès illustre remarquablement la nécessité,
pour la thérapie de certains patients, d' aborder d'abord le système
émotionnel par des techniques apparentées à la Gestalt, avant de pouvoir
aborder avec profit celui des conflits intrapsychiques inscrits dans le
système discursif-représentatif par une intervention psychodynamique.
On notera la complémentarité des approches psychothérapeutiques
puisque, par exemple, la psychanalyse met en relief les mécanismes
intrapsychiques, les thérapies systémiques éclairent le cadre général du
fonctionnement interpsychique et étudient le contexte humain, les théra
pies psychocorporelles permettent de travailler sur les enjeux affectifs et
les modalités concrètes de la rencontre interpersonnelle.
Signalons une autre complémentarité, qui est celle existant entre les
niveaux conscients et non conscients de ces cibles (Delourrne, 1999). À
force d'insister sur les mécanismes inconscients, la psychanalyse en était
venue à considérer comme défensif ou superficiel ce qui relevait du vécu
conscient. De même, les approches psychocorporelles et systémiques, en
mettant l'accent sur les processus conscients, pouvaient parfois négliger
la part non consciente _qui habite chaque personne et chaque groupe.
Comme le propose très pertinemment Delourme ( 1 999), puisque la
psychanalyse privilégie les interactions fantasmatiques, et c'est là son
domaine de compétence, complétons-la avec des méthodes qui donnent
toute leur importance au niveau conscient et concret de la communi
cation. Les psychanalystes travaillent sur le rêve, les fantasmes, et les
représentations de la pulsion, c'est-à-dire une partie du monde psychique.
Mais en fait, ils ont accès non pas directement à la vie inconsciente mais
à ce que la personne exprime. Les processus inconscients ne sont pas
atteints directement, ils passent par une relation par la communication :
par exemple on n'étudie pas le rêve mais le récit qu'en fait le rêveur, récit
qui est déjà une transformation ou une interprétation. Ce qui signifie que
les psychanalystes ont affaire le plus souvent à la conscience, de même
que les psychothérapeutes émotionnels ou systémiques touchent à la vie
non consciente.
Ainsi, quelle que soit la cible initiale d' intervention, toute psycho
"
thérapie peut (et selon nous devrait) agir à deux niveaux vis-à-vis de
celle-ci :
• elle en accroît la conscience chez le sujet et développe les capacités
d' auto-observation de ce dernier ;
• elle implique le sujet dans de nouvelles expériences dans et hors des
séances et le conduit à s'exposer à ce qui était craint et évité.
18 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Un accent comportemental
«... et alors, que s'est-il passé, que se passe-t-il maintenant que vous
avez dit cela ... qu'auriez-vous aimé pouvoir lui dire... quelle aurait été
sa réaction ... qu'éprouvez vous en pensant cela ? »,
Un accent paradoxal
Un accent cognitif
Un accent intrapsychique
Pancheri et Brugnoli ( 1 992) ont défini les facteurs non spécifiques qui
8 influencent le devenir d'une psychothérapie, en les regroupant en quatre
@ catégories :
22 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
2. Conceptualisation
Évaluation des problèmes
5. Évaluation
des résultats
î
1 . Établissement
de la relation thérapeutique
3. Planification
du traitement
Sentiment d'efficacité
personnelle
et estime de soi
Expériences
génératrices Pratique de nouveaux
d'insight comportements
et Relation
thérapeutique
de changements Régulation
de perception ou accroissement
du niveau
d'activation
Induction
émotionnelle
d'attentes positives
et amélioration de la motivation
! Facteurs
communs
30 %
Techniques
15%
La honte de l 'affect
Bon nombre de patients ont honte de leurs affects et, de ce fait,
contrôlent excessivement leur capacité de réponse affective. Plus tard,
cette disposition entrave le passage de l'affect au sentiment (l' individu
vit l'affect mais sans pouvoir en parler ni le reconnaître facilement ou
efficacement). D'où une relative incapacité à reconnaître et à exprimer
leur réaction affective et la difficulté d'établir avec les autres des relations
profondes et significatives.
sera ensuite incapable de passer des sentiments d' excitation centrés sur
les figures parentales aux multiples émotions de l'amour.
Ainsi Basch décrit, à partir d'une situation thérapeutique donnée,
différentes attitudes thérapeutiques à adopter, en fonction du stade de
maturation affective du patient. L'exemple donné par cet auteur est celui
d'un patient qui arrive abattu à sa séance alors qu'il était reparti ravi après
une précédente très riche. En fait il s'avère que cette humeur triste est
liée à un léger retard du thérapeute. Le patient, qui était alors content de
venir à son rendez-vous, parce qu'il se sentait compris, a alors commencé
à se sentir abattu.
Si le patient a souffert d'un échec du lien affectif, si le contrôle d'une
tension fondamentale est en jeu dans la situation, au moment de la séance,
alors le thérapeute doit en venir le plus rapidement possible à formuler
ce qui, à son avis, se passe, afin d' anticiper les réactions improductives
de colère et de douleur qu'ont souvent des patients de ce type quand ils
se sentent frustrés affectivement.
Si le patient est un de ceux qui ne peuvent exprimer leurs sentiments
(honte de l ' affect), le thérapeute peut alors parler des sentiments suscités
en lui - combien il s'est senti lui-même triste et coupable quand il a vu à
quel point le patient semblait accablé - afin de donner un exemple de la
façon dont on transforme une expérience affective en sentiment, puis il
peut lui demander d'en faire autant, s'il le peut.
Si le patient a manqué d'harmonie affective au moment où cela était
essentiel à son développement (problème lié à l' accordage), le thérapeute
décide de ne pas rester silencieux mais aussi de ne pas exprimer l'affect
qui lui semble alors présent. Au lieu de cela, il peut commencer à
questionner activement le patient, mais en faisant en sorte qu'au moins
sur le moment ce dernier puisse surmonter la honte de son besoin du
thérapeute et en prendre conscience si possible.
Enfin, s'il semble que le patient souffre de troubles névrotiques (défaut
d'empathie pendant la phase œdipienne), il n'est alors pas nécessaire
de se concentrer sur son affect en tant que tel, sauf pour lui permettre
d'émerger. Le thérapeute peut alors ne rien dire et attendre. Si l' analysant
reste silencieux, il est alors possible de formuler les classiques relances :
« Oui ? », « Huhum ? » ou « Dites simplement ce que vous pensez », en
LE PATIENT
Le stade de la pré-intention
Le stade de l'intention
les effets de ses attitudes sur son environnement, particulièrement sur les
personnes qui comptent le plus pour lui.
Pour mieux préparer les individus au stade de l'action, il faut donc
modifier certaines des croyances qu'ils entretiennent vis-à-vis d'eux
mêmes et du monde qui les entoure. li faut également les aider à
percevoir les avantages et inconvénients au long terme des différentes
possibilités qui s 'offrent à eux. Ils doivent alors se fixer des buts et
des priorités, et élaborer un plan d' action avec la ferme intention de le
suivre. Les approches cognitives classiques (type Beck ou Ellis) semblent
particulièrement indiquées ici.
Le stade de l'action
Le stade de maintien
3. conflits interpersonnels ;
4. conflits familiaux systémiques ;
5. conflits intrapsychiques.
Les difficultés survenant dans ces différents domaines peuvent néces
siter des interventions provenant d'une ou deux écoles spécifiques de
psychothérapies qui soient globalement ajustées au stade de change
ment et aux mécanismes de changement nécessaires. Par exemple, le
travail sur les cognitions dysfonctionnelles répondra mieux aux thérapies
adlériennes au stade de pré-intention, et mieux aux thérapies cognitives
classiques (Beck, Ellis) au stade d'intention. Autre exemple, l' abord des
conflits familiaux se fera préférentiellement par une approche stratégique
au stade de pré-intention, une approche familiale bowénienne au stade
d'intention, et une approche structurale (Minuchin) aux stades d'action
et de maintien 1 •
1 . Pour une présentation des différentes variétés de thérapie familiale, consulter l'ouvrage
de Salem ( 1 987).
44 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
une fracture de côtes à la suite d'une altercation avec son mari. Elle est
déterminée à le quitter mais est sans ressource financière et ne peut pas
imaginer vivre seule.
1 Urgence + Il Ill
1 Urgence - 1 IV
Conscience - Conscience +
« Qu'attendez-vous de ma part ? »
« Qu'avez-vous fait jusqu' à présent, pour tenter de trouver une aide
au problème dont vous me parlez aujourd'hui ? » , ou « Qu'est-ce que
vous avez appris avec le ou les autres thérapeutes que vous avez déjà
rencontrés ? »
« Combien de temps me donnez-vous pour vous aider ? »
« Quel sera pour vous le premier changement pertinent ? »
Tableau 4. (suite)
1 Activement autodestructeur.
Incapable de maintenir des liens institutionnels stables ; antécédents
professionnels très pauvres.
Affects inappropriés en intensité et vis-à-vis du contexte social ; rage et
dépression prédominent.
Autodétermination
Comportement et Affect
Sens de la réalité
Non conscient
/
Capacités
d'intimité Sens de l'identité
LE THÉRAPEUTE
ET LA RELATION
THÉRAPEUTIQUE
Ainsi, la façon dont le patient perçoit le thérapeute est d' une impor
tance capitale. Si Je thérapeute est perçu comme soucieux du bien-être de
son patient, compétent et digne de confiance, on a plus de chances de le
voir développer une relation positive avec son patient, ce qui augmente
d'autant les chances de progrès, quelle que soit l' approche thérapeutique.
Dans le même registre, Miller, Taylor et West ( 1 980) ont comparé
l' efficacité de différentes approches comportementales pour aider des
buveurs dépendants à contrôler leur consommation d'alcool. Une consta
tation marquante fut la découverte d' une forte relation entre l 'empathie
du thérapeute et les résultats du patient, à l'occasion d'entretiens de
suivi effectués six à huit mois plus tard pour évaluer le comportement
envers l' alcool. Ces résultats plaident en faveur de l ' importance de
'<)
l'aptitude du thérapeute à communiquer même dans les interventions
comportementales. Ce résultat est d' autant plus remarquable qu'il était
présenté dans un contexte où les différences entre les diverses techniques
comportementales testées ne montraient pas un effet aussi marqué sur
les résultats.
Delisle ( 1 990) suggère que ce n'est pas la seule personnalité du théra
peute qui produit Je changement chez un quelconque patient ; ni que la
personnalité du patient détermine à elle seule la transformation. C'est la
différence qualitative entre les deux systèmes, du client et du thérapeute
qui détermine le changement. Giusti ( 1 997) a élaboré une grille des
compatibilités entre les styles de personnalité du thérapeute et ceux du
patient. Elle met en évidence les combinaisons où un rapport empathique
62 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Aptitudes
Techniques
Confrontation
interprétation
recadrage
directives
,__
_ ____ - - - - - 1r - - - - - - - - - - -
__,_
Aptitudes 1 Paraphrases, invitations
1 encouragements minimaux
1
d'approfondissement
reflet des sentiments
de l'expression
: et signification, résumé
1
= relance et reflet
Conceptuellement Observation :
neutre - du verbal et non-verbal
- les quatre axes de l'attention
Confiance et sécurité
âge puisse vraiment comprendre ce par quoi vous êtes en train de passer.
P Êtes-vous pour l 'avortement ?
-
pourquoi c'est important pour vous. Est-ce quelque chose qui vous
préoccupe actuellement ?
Dans les deux cas, on donne ou l'on promet une réponse au patient,
mais la motivation sous-jacente à la demande est aussi explorée et devient
le point de discussion le plus important.
66 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
La posture
On doit aboutir à une « posture d'implication ». C'est une attitude
relaxée mais alerte, qui communique implicitement le message suivant :
« je suis à l'aise avec moi-même, et j'ai du temps pour vous écouter ». Par
contre, le thérapeute qui se vautrerait sur son siège pourrait renvoyer un
message d'implication insuffisante, voire de négligence ou de veulerie.
Se pencher légèrement en avant lors des moments importants ou chargés
émotionnellement traduit l'intérêt et la volonté de venir en aide. Une
posture « ouverte », sans bras ni jambes croisés semble encourager un
comportement moins défensif chez le patient.
Toucher le patient
Le toucher peut constituer un puissant vecteur relationnel et émotion
nel. Oui mais pas n' importe quel toucher, pas chez n'importe quel patient,
ni à n ' i mporte quel moment. Horton et coll. ( 1 995) ont identifié quatre
facteurs associés à l' évaluation positive ou négative du toucher par le
patient en psychothérapie :
1 . la clarté établie vis-à-vis des limites ;
LE THÉRAPEUTE ET LA RELATION THÉRAPEUTIQUE 67
2. la congruence du toucher ;
3 . le sentiment du patient d' être en contrôle du contact physique ;
4. Je sentiment du patient que le toucher est pratiqué pour son bénéfice
plutôt que pour celui du thérapeute.
L 'observation
L'observation peut porter sur le verbal, le paraverbal, le non-verbal et
les incongruences pouvant se manifester entre ces niveaux.
Concernant le verbal et le paraverbal, les praticiens de la PNL
(Programmation neurolinguistique) mettent l ' accent sur les modali
tés visuelles, auditives et coenesthésiques de l'expression verbale et
conseillent d'utiliser des questions exploitant la modalité sensorielle
préférentielle du patient.
Le contenu verbal peut aussi parfois apparaître comme en désaccord,
en incongruence avec le comportement non-verbal, et le thérapeute
pourra être amené à tenter de clarifier ce phénomène.
« Le corps ne ment pas » disaient en substance Reich et Lowen :
l' observation du langage corporel (posture, gestes, mimiques, etc.)
permet parfois de détecter des émotions, des changements brusques de
l'humeur, l 'apparition de préoccupations, d'une gêne ou d'une résistance
qui ne transparaissent pas dans l 'examen du contenu verbal. Freud
(comme Perls d' ailleurs) aurait vite remarqué le patient qui, tout en
parlant d'un ton calme, manipule nerveusement son alliance, et l' aurait
exploité comme un matériel significatif.
L'observation fait partie des habiletés demandant au thérapeute d'ou
blier momentanément toutes ses préconceptions théoriques. Elle peut
porter sur lui-même tout autant que sur son patient, comme cela est
exposé au chapitre concernant l'évaluation, dans la méthode dite des « 4
axes de l 'attention ».
Aptitudes de relance
Les « invitations »
Comme son nom l ' indique, i l s 'agit d'une invitation non coercitive à
parler. Elle signale la disponibilité de la part de celui qui écoute. C'est
habituellement une demande positive, sans notion de jugement, qui est
68 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
faite durant la phase initiale de contact. Elle peut inclure des observations
de la part du thérapeute :
« Je vois »
« Ou i »
« Juste »
« D'accord »
« Hmm hmm »
« Je vous suis »
« Je comprends »
Ouverte
Fermée
Ouverte
faisait sept ans que nous étions mariés quand, un jour, elle m'a quittée
pour ce type au travail. Depuis, je n'ai pas vraiment pas eu le courage de
voir quelqu'un.
Le silence attentif
Permettre l'existence de moments de silence donne des temps de
réflexion au patient et du temps pour élaborer au thérapeute. Le silence
est souvent la réponse la plus appropriée à la révélation de pertes. Dans
70 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Aptitudes de reflet
Le paraphrasage
Q
72 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Par exemple :
« Vous vous sentez découragé (sentiment) du fait que votre proposition ait
été rejetée (fait) parce que cela a représenté beaucoup de travail et une
cause qui est très importante pour vous (signification pour le patient) » .
Le résumé
C'est une formulation qui lie ensemble les thèmes et sentiments
principaux évoqués par le patient en les récapitulant de manière concise.
Un résumé peut se faire en début, en milieu, ou en fin de séance. Un
résumé : se focalise sur les points principaux évoqués dans le discours
du patient ; il récapitule le contenu, les sentiments et les significations ;
il souligne les thèmes qui ont sous-tendu la séance.
Il rassure le patient sur le fait que le thérapeute a écouté, qu'il a été
capable d'assimiler tout ce qui lui a été dit. Le résumé aide aussi le
patient à dégager un sens général à partir d'un ensemble pensées et de
sentiments évoqués de façon embrouillée tout au cours d'une séance.
LE THÉRAPEUTE ET LA RELATION THÉRAPEUTIQUE 73
Un résumé peut aussi proposer une transition pendant une séance pour
marquer le passage à un autre thème de discussion.
Voici des exemples de résumés :
Focalisation
Identification de thèmes
« Pendant que vous parliez, il m'a semblé que je pouvais repérer une
répétition, et j ' aimerais le vérifier avec vous. On dirait que vous voulez
rompre les relations chaque fois qu'elles commencent à perdre de leur
côté pa sionné ou romantique ».
Terminaison de séance
Le reflet de significations
Un reflet de signification complet avance des hypothèses ou fait des
paris intuitifs sur la signification personnelle du contenu et du sentiment
décrits par Je patient.
Demandez à tous les participants à l'exercice d'écrire trois ou quatre
lignes résumant Je problème d'un patient fictif. Cela doit être écrit à la
première personne, comme dans l'exemple suivant :
« J'ai du mal à me faire obéir de mes enfants. Ce n'est pas tout. Je me sens
très déprimé et je ne pourrai pas payer mon loyer ce mois-ci. Que dois-je
faire ? »
« Vous vous sentez déprimé à propos de tous ces problèmes parce que cela
vous renvoie une mauvaise image de vous-même. » .
fester de l ' attention et une bonne écoute envers le patient. Mais ce qui
est le plus important est votre capacité à les utiliser dans un entretien.
Nous vous proposons l'exercice suivant :
Cl>VI VI
' VICl> ...VI VICl> .!2C:
g Cl> .§ �
ra ...
... c: f! 'O lii 'O -
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o- a:Cl> Cl>VI
Cl> c:
ra
Cl. a: Cl
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Phrase Mots-clefs de la
n• X du phrase du
théra- thérapeute
peute
10
11
12
13
14
15
16
17
18
78 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
L E S ATTIT U D E S D E BASE
«Il ne faut pas oublier que, la pl upart du temps. nous entendons des choses
dont la signification n 'apparaîtra que plus tard. »
L'empathie
3. rester soi-même.
0 1 2 3 4
10
11
12
13
14
15
16
17
18
LE THÉRAPEUTE ET LA RELATION THÉRAPEUTIQUE 87
Consignes générales
Vous allez vous mettre par sous-groupes de 3, l'un d' entre vous jouera
S, l ' autre D, et un troisième (!' Observateur, 0) s ' assurera que vous
respectez bien vos rôles, vous remettant sur la bonne voie si vous en
déviez trop
Chaque exercice durera 1 0 minutes, puis vous échangerez vos rôles,
jusqu'à ce que chacun d'entre vous ait eu l ' occasion de jouer S, D, et O.
Consignes à D
S va recevoir la tâche de jouer le rôle d'un personnage qui a un
problème précis, décrit sur une carte, que vous ne connaîtrez pas à
l ' avance.
En tant que double, vous devenez une partie de S. Essayez d'imiter son
comportement, et d'entrer en empathie avec lui. Vous êtes une extension
de S., la part de lui qui n 'est pas verbalisée. Parlez à la première personne,
et essayez de mettre en évidence ce qui est caché ou non exprimé.
Vérifiez régulièrement auprès de S que vous êtes bien sûr la même
longueur d' onde. Rappelez-vous, vous parlez seulement avec S.
Consignes à S
Vous allez vous identifier à la problématique intérieure, aux souf
frances et préoccupations du personnage décrit dans la situation qui vous
est proposée. Composez-vous un personnage crédible et que vous arriviez
à ressentir émotionnellement. Le double va essayer de s' identifier à son
tour à vous et de représenter un aspect intérieur du personnage que vous
jouez. D va essayer de vous aider en clarifiant vos pensées et sentiments.
Vous pourrez parler avec D comme si vous aviez un dialogue intérieur.
Si le double est dans le vrai, dites-lui. Si D est dans l'erreur (a mal perçu
vos pensées et sentiments, votre façon de ressentir et de percevoir les
choses) et dit des choses qui ne reflètent pas vos pensées et sentiments,
dites-le lui et corrigez les malentendus.
LE TRAN S F E RT ET LE C O N T R E -TRAN S F E RT
- Les réactions de transfert de type J consistent en de saines tentatives
de la part du moi du patient (processus non conscient le plus souvent)
pour puiser dans la relation thérapeutique les ingrédients relationnels
et humains qui ont fait défaut lors du développement infantile. Le
thérapeute peut ainsi momentanément, comme un parent substitutif (cf
les différents types de transfert selon Kohut) permettre une reprise de
croissance du moi par des « expériences émotionnelles correctrices ».
3. il lui est indispensable d'être reconnu par ses proches comme un être
humain semblable à eux.
Lorsque ces besoins n'ont pas été suffisamment reconnus ou compris,
ils peuvent finalement être transférés sur la personne du thérapeute dans
la relation thérapeutique ( « transfert de type 1 » ).
Kohut appelle ces répétitions respectivement transfert « en miroir »,
transfert « idéalisant », et « transfert à l'alter ego ». Dans le premier
type de transfert, le patient cherche à travers l'approbation du thérapeute
à se sentir reconnu ; dans le deuxième, il voit dans le thérapeute une
aide puissante qu'il admire, qui va le protéger et dont il peut tirer de la
force ; enfin, dans le troisième, il cherche le confort qu'offre le sentiment
d'appartenance, le fait « d'être comme l ' autre ».
Le transfert en miroir
Il est spécialement important, pour les nourrissons et les enfants, de
pouvoir obtenir de leurs parents une réponse affective appropriée, à
même de valider les compétences qu'ils manifestent par leurs comporte
ments et dans leurs interactions. Le transfert en miroir met en évidence le
besoin ou désir d'un patient d'obtenir du thérapeute une telle validation.
Le transfert idéalisant
Le désir non reconnu de se sentir soutenu et protégé quand cela est
nécessaire par une union avec une personne forte et admirée donne lieu
c:
" au transfert idéalisant. L'absence de la satisfaction, du sentiment de
sécurité et de réconfort transmis au nourrisson ou au petit enfant quand
ses parents le tiennent tendrement mais fermement dans leurs bras, se
trouve au fondement de cette réaction.
on se sent accepté. Le petit garçon qui décide d' installer sa table de jeu
dans le bureau de son père, afin qu' il puisse lui aussi « travai ller » à
côté de son père, illustre ce que peut être la recherche d' expérience d'un
objet-soi à travers l ' alter ego.
« L'internalisation de transmutation » a été mise en évidence par cet
auteur comme la capacité du patient à saisir la fonction de compréhen
sion qui est au départ celle du thérapeute, et, petit à petit, à la faire
sienne. L'internalisation de transmutation n'est pas une identification
au thérapeute, mais un processus sélectif adapté à ses besoins mis en
œuvre par Je patient. Il s 'approprie ce qui, jusqu' alors, appartenait au
thérapeute.
· 3. Une révélation de soi appropriée peut être nécessaire pour faire éclater
la « bulle » des fantasmes transférentiels, et est utile pour répondre
aux réactions transférentielles extrêmes comme la dévalorisation ou
l 'idéalisation massives. Cependant, il faut connaître les dangers de ce
procédé, et éviter les détails concernant les relations personnelles. Par
exemple, s i le thérapeute faisait savoir à son patient qu'il est marié, il
n'en resterait pas moins un objet érotique potentiel et risquerait, de
surcroît, de mettre sa famille en danger.
« Pensez-vous que ces sentiments soient semblables à ceux que vous aviez
envers votre père ? ».
« Je pense que votre colère n'est pas réellement dirigée contre moi, mais
plutôt contre votre femme qui vous a encouragée à venir » .
Patient - Je pense qu'on arrive à rien. Quand est-ce que l'on va parler
c:
enfin des vrais problèmes ? J'en ai marre de venir ici et de vous donner
"
tout cet argent.
Thérapeute - Je vois que vous êtes en colère. Je suis heureux que vous
ayez le courage d'être si honnête. Je ne pense pas que quelque chose
puisse être actuellement plus utile que de s'occuper de cela.
Exemple
Patient - Je ne pense pas que cela me soit utile, et j'en ai marre de venir
ici et d'entendre dire que tout est de ma faute.
Thérapeute option l (clarifier) - Qu'est-ce qui vous fait ressentir que tout
est de votre faute ?
Thérapeute option 2 (identifier la source tout en réfléchissant les senti
ments) - Vous éprouvez de la frustration à voir que les choses ne bougent
pas aussi vite que vous le souhaiteriez, et, à un certain point, vous pensez
que cela est de ma faute.
Étape 3. Interprétation
Patient - Vous pensez que c'est facile pour moi d'arrêter de prendre cette
drogue ? Vous aimeriez travailler dans cette usine, en gagnant un salaire
de misère, même pas suffisant pour avoir un appartement et vivre avec sa
mère ? Ça vous plairait ça ?
Thérapeute Je ne pense pas que vous soyez en colère seulement vis-à-vis
-
Exemple 2
Patient C'est juste un boulot pour vous. Vous ête bien comme les autres.
-
m'aviez dit éprouver à l ' âge d e 5 ans, lorsque votre mère vous laissait de
longs moments seul, sans s'occuper de vous ?
Le contre-transfert
i'.l
• de réagir affectivement,
• de se dégager de sa réaction affective pour se tourner vers le patient,
• d' utiliser sa réaction affective pour comprendre le patient ou l' aider.
1 00 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
l' analyste garde l ' interprétation pour lui, en fonction de certains éléments
cliniques.
Le thérapeute qui a des difficultés avec l' identification concordante
intensifiera involontairement l ' identification complémentaire. Par
exemple, un thérapeute qui ne peut reconnaître l'impuissance aura du
mal à s ' identifier à celle du patient et sera susceptible de s' identifier à
la représentation d'objet du patient, à savoir un objet de puissance et de
contrôle. Un autre qui, pour des raisons narcissiques, s'identifie à l'objet
idéalisé, se révélera incapable d'avoir de l ' empathie pour le soi dévalué
du patient. Dans les deux cas, on aboutit à une diminution de l ' empathie
que Je thérapeute peut ressentir vis-à-vis de ce qu'éprouve le patient.
Une identification concordante excessive produit un déséquilibre
inverse. Le thérapeute qui s'identifie trop avec l ' impuissance du patient
ne peut l ' aider à intégrer les souhaits clivés de dominer les autres ou
l ' aider à comprendre comment il encourage les autres à le dominer.
La carence d'un sentiment stable du soi et des autres chez le patient
souffrant d'un état limite complique ce tableau déjà complexe : celui-ci
se vit continuellement en positions fluctuantes, avec des discontinuités
potentielles soudaines, comme victime ou comme persécuteur, comme
dominateur ou dominé, et ainsi de suite. Parallèlement, le thérapeute
devra lutter afin de rester à la fois ouvert et sensible à l 'état présent
du patient (identification concordante) et à ce que celui-ci projette sur
lui (identification complémentaire). Pour résumer, le thérapeute doit
ressentir de l' empathie pour le patient, à la fois en tant que tout-puissant
et impuissant.
Afin de comprendre l ' univers confus des objets et du soi des person
nalités limites, le thérapeute doit s' identifier tour à tour à la distribution
complète de leurs personnages. Il doit examiner minutieusement ses
réactions afin d'y déceler des indices permettant de mieux comprendre
comment le patient se vit soi-même et comment il perçoit les autres. Le
thérapeute doit sans cesse se poser des questions comme celles-ci :
� « Est-ce que le fait que je me sente angoissé alors que le patient décrit
ses succès scolaires me renseigne sur la façon dont sa mère a vécu cette
expérience ? »
« Est-ce que mon excitation à l'idée de dire non à la patiente m'aide à
comprendre Je plaisir qu'elle a à rejeter les autres ? »
L ES P R I N C I PALES CAUSES
DES R É ACTIONS CONTRE-TRANSF É RENTIELLES
Le contre-transfert : exercice
Pour chacune des attitudes contre-transférentielles du tableau J 0,
tentez de découvrir comment celles-ci vont se manifester dans la relation
thérapeutique lorsqu'elles sont présentes chez le thérapeute. Indiquez,
d' après vous, quelles émotions et comportements risquent de se mani
fester chez le thérapeute en fonction de sa façon de concevoir le patient.
Dans les principales modalités de manifestations contre-transférentielles
(au sens large) le patient peut être vu comme : une personne fragile, un
agresseur, un être immoral ou pitoyable, un ami, un reflet de soi, un
objet sexuel ou un partenaire romantique, un enjeu personnel (trophée
potentiel prouvant l 'habileté du thérapeute).
Mettez-vous par sous-groupes, chaque groupe travaillant sur 3 atti
tudes différentes.
Contre-attitude
Attitude
négative du Contre-attitude positive
du patient
thérapeute du thérapeute
en séance
(« contre- ( reparentage »)
(
«
«transfert ")
transfert »)
ÉVALUATION,
CONCEPTUALISATION,
PLANIFICATION
L'évaluation du cas n'est pas prise ici dans J e sens d'une évaluation
scientifique des effets ou du processus psychothérapique. li s'agit, d'une
manière très pratique, de se faire une représentation aussi précise que
c
/ encore plus de finesse et d' attention aux détail s . En outre, elle exige
aussi du psychothérapeute un regard dirigé vers soi et notamment un
examen particulier des réactions émotionnelles, même très atténuées,
suscitées en lui à cette occasion.
- Les questions sont des sondes qui permettent d'investiguer et d'explo
rer les difficultés, ou bien de remettre en question et de faire réagir le
patient.
- Elle aide à repérer et faire des hypothèses sur les différents types de
facteurs en cause dans l 'apparition des difficultés. Ces facteurs mis
à jour, la psychothérapie peut viser à les réduire ou les éliminer (ex :
journées éprouvantes au bureau, la surconsommation de tabac, de café,
et surtout d ' alcool .). Cependant, dans de nombreux cas, la prise de
conscience approfondie de leur existence n ' amène pas la résolution des
troubles. Le comportement-problème est devenu « fonctionnellement
autonome » ou a été déconnecté des circonstances qui ont entouré
son origine (ex : patient qui était très pauvre dans sa jeunesse et qui,
devenu ensuite riche, s' accroche maintenant à son argent et se trouve
obsédé par ses économies).
- Elle peut aider à prévoir les comportements futurs du patient. Ce
pronostic intéresse surtout les intentions suicidaires, l 'éventualité de
la mise en acte du potentiel de violence, 1 'engagement du patient dans
son traitement, la probabilité qu'il a de s'y maintenir, la compatibilité
de son comportement et de ses modalités de relation avec celles de son
thérapeute.
-t1
- Elle aide le patient à comprendre ses difficultés. Non seulement
l'évaluation peut aider le patient à se comprendre plus complètement,
mais elle peut aussi lui révéler les liens existant entre sa plainte actuelle
et d 'autres domaines problématiques de son existence (ex : plainte
concernant sa relation de couple actuelle et points communs avec des
difficultés dans d' autres de ses relations).
- Elle fournit des informations essentielles sur l 'histoire du patient.
Il arrive fréquemment que Je patient s' accroche à des stratégies
adaptatives obsolètes et inefficaces mais apprises par lui lors de
112 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
S.C. Shea ( 1 988) a développé une méthode d' observation des patients
lors d'un premier entretien psychiatrique.
L'objectif de cette méthode dite des « 4 axes de l ' attention » est de
créer, pendant l' entretien, plusieurs moments de prise de conscience
personnelle (d' « autoconscience » ) du thérapeute, de conscience de sa
propre activité clinique immédiate, pendant lesquels il recentre volontai
rement et consciemment l' entretien autour de l ' un des axes d'observation
suivants (figure 7) :
Cette technique d'observation peut aussi s ' avérer très utile lors de
l'entrée dans un processus psychothérapeutique. En effet, la capacité du
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 113
Regarder le patient
Regarder à l'intérieur
de soi-même
I
Regarder avec le patient
..
Se regarder
en tant que clinicien
Regarder le patient
Il s'agit de faire un examen de son état mental, en l ' observant objec
tivement, en détail, précisément, comme s ' i l s ' agissait d'un organisme
à étudier (comme lors d'un examen médical). Il consiste à recueillir
des données brutes d' observation, sans y introduire aucune opinion per
sonnelle, ni aucune perspective conceptuelle (éviter les interprétations).
Il ne s ' agit pas de faire l'histoire de la maladie, ni de développer un
c récit personnel explicatif tentant d 'ordonner logiquement ou de donner
"
un sens à tous les éléments cliniques relevés. Il s ' agit juste de décrire
objectivement les comportements, pensées, sentiments et perceptions du
patient pendant la durée de l'entretien lui-même.
Les aspects suivants feront l 'objet de l'investigation (comme au cours
: l ' apparence et le comporte
de tout examen sémiologique courant 1)
g ment ; le contenu de la pensée ; les troubles éventuels de la perception ;
ë
j
1 . Pour des raisons idéologiques ou d'idéalisation souvent mal comprises, beaucoup de
nos étudiants pensent que faire de la psychothérapie exclut toute possibilité d"examen
médical objectif.
1 14 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Intention investigative
Ces questions sont des questions linéaires qui demandent : qui ? quoi ?
où ? et quand ? Une question typique serait « qu ' avez-vous ressenti
quand elle a dit qu'elle n ' était pas libre samedi soir ? ». De telles ques
tions permettent une analyse fonctionnelle du genre de celle effectuée
par les thérapeutes cognitivo-comportementaux. Elles peuvent être utiles
pour commencer à préciser les données d ' un problème et pour établir
un engagement initial dans le traitement. Elles se fondent sur un modèle
linéaire réducteur de « cause à effet » et présupposent que certaines
caractéristiques, telles que la dépression, sont intrinsèques à la personne
plutôt qu' à des distinctions attribuées à la personne. Elles permettent
d'obtenir rapidement de l ' information mais peuvent sembler invasives
et empreintes de j ugement pour le patient si elles sont employées de
façon répétée et sans précautions. Elles risquent aussi de confirmer les
croyances erronées préexistantes du patient quant à la « cause » de sa
maladie.
Intention exploratoire
L'intention des questions circulaires est d'explorer. De même que
les questions linéaires, elles recherchent de l ' information, mais, cette
"
fois-ci, sur les événements interpersonnels récurrents. De telles questions
"
Par exemple, « quelle est la différence entre cette relation et les pré
cédentes ? » ou, « à quel niveau cette dispute que vous avez eue avec
votre amie est-elle différente de celle que vous avez eue avec votre mère
la semaine dernière ? »
Intention correctrice
Une question stratégique est une question avec une intention cor
rectrice. Les questions stratégiques tentent de mettre un terme à un
comportement ou d'influencer le patient pour qu'i l change dans une
direction particulière. Par exemple, le patient dit « je veux arrêter de
boire » . Le thérapeute demande « qu'est-ce qui vous empêche d'arrêter
de boire ? ». Il essaie de diriger le patient vers un passage à l ' action
précis.
Intention facilitante
Ce sont des questions réflexives. Elles reposent à la fois sur un modèle
de causalité circulaire et en même temps exercent une influence sur le
patient. Ces questions visent à stimuler le patient pour q u ' i l trouve ses
propres solutions. À la différence des questions exploratoires, l ' i ntention
n'est pas d'orienter le thérapeute dans le monde intérieur du patient
mais de pousser le patient à creuser plus profondément. Par exemple, le
thérapeute pourrait dire, « si vous continuez à boire, quels effets pouvez
vous vous attendre à constater sur votre relation avec Sylvie ? ». Les
questions réflexives stimulent la réflexion du patient sur les implications
qu'ont ses propres perceptions et actions actuelles, afin qu'il considère
de nouvelles perspectives.
Exercice
En partant d'une famille hypothétique, quatre types de questionnement
vont successivement être exposés : à vous de les classer, en fonction de la
nature des questions posées, en entretien linéaire, circulaire, stratégique,
ou réflexif.
Une femme demande une consultation pour son mari, qui est
« déprimé » depuis trois mois et reste au lit toute la journée, causant
ainsi une assez grande frustration en elle.
l . Pourquoi ne parlez-vous pas à votre mari de vos soucis, plutôt que
d'en parler à vos enfants ? (Il ne m 'écoutera pas, et il restera au lit)
- N'aimeriez-vous pas vous arrêter de vous inquiéter plutôt que d' être
si préoccupée par lui ? (Bien sûr, mais que vais-je faire vis-à-vis de
lui ?) - Que se passerait-il si, pendant la semaine qui vient, chaque matin
à 8 heures vous l u i proposiez q u ' i l prenne une part de responsabilité
dans ce qu' i l y a à faire ? (Ça n 'est même pas la peine d'essayer) -
Comment se fait-il que vous ne vouliez pas essayer encore plus fort
c de Je faire sortir du l i t ?(Je suis fatiguée et déçue. Il ne bougera pas
"
,,, et ça me frustrera encore plus) - Pouvez-vous voir à quel point votre
attitude de retrait déçoit et frustre votre femme ? (Que voulez-vous dire ?)
- Ne pouvez-vous pas voir comment le fait d'aller au lit plutôt que de
simplement discuter de ce que vous ressentez perturbe votre famille ? (Eh
bien, je . . . ) - Est-ce que cette habitude de faire des excuses est nouvelle ?
(Je ne savais pas que j 'en avais une) - Quand allez-vous prendre votre
vie en charge et commencer à chercher un travail ? etc.
2. Comment se fait-il que nous soyons réunis ensemble aujourd'hui ?
(J'ai appelé parce que je suis inquiète de la dépression de mon mari)
- Qui d'autre s ' inquiète ? (Les enfants) - D' après vous, qui s ' i nquiète
le plus ? (C'est elle - la femme) ; Vous pensez que qui s ' i nquiète le
1 20 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
moins ? (Je pense que c 'est moi - le mari) - Que fait-elle quand elle
s' inquiète ?(Elle se plaint beaucoup, surtout vis-à-vis de l 'argent et des
factures) - Que faites-vous quand elle vous montre qu'elle s ' i nquiète ?
(Je ne l 'embête pas, je reste dans mon coin) ; Qui perçoit le plus
l'inquiétude de votre femme ? (Les enfants, ils en parlent beaucoup)
- Vous êtes d'accord avec cela les enfants ? (Oui) - Que fait votre père,
habituellement, quand vous parlez avec votre mère ? (Il va au lit) Et -
quand votre père va au lit, que fait votre mère ? (Elle est encore plus
préoccupée) ; etc.
3 . Quel problème vous a amené à venir me voir aujourd'hui ? (C 'est
surtout la dépression) - Qui est déprimé ? (Mon mari) Qu'est-ce qui
-
vous déprime tant ? (Je ne sais pas) - Avez-vous des difficultés à dormir ?
(Non) Avez-vous perdu ou pris du poids ? (Non) Avez-vous d' autres
- -
D ' après vous, pourquoi votre mari est-il déprimé ? (Je ne sais pas non
plus, c 'est juste qu'il manque de motivation, il reste au lit tout le temps)
- Cela fait combien de temps qu'il est si déprimé ? (trois mois, il n 'a
pratiquement pas quitté son Lit depuis trois mois) Est-ce que quelque
-
chose de spécial est arrivé, qui ait pu provoquer tout cela ? (Je ne me
rappelle de rien de spécial) - Est-ce que quelqu'un essaie de le faire se
lever ? (Pas vraiment) - Pourquoi ? (Eh bien, je me décourage au bout
d'un moment) Est-ce que vous vous sentez frustrée ? (Assez) - Cela
-
fait combien de temps que vous vous sentez aussi frustrée par lui ? etc.
4. Si vous lui confiez vos soucis et lui disiez à quel point tout cela
vous mine, qu' imagineriez-vous qu'il puisse penser ou faire ? (Je ne sais
pas vraiment) - Imaginons que votre mari ait beaucoup de ressentiment
vis-à-vis d' une chose précise, mais qu'il ne veuille pas vous le dire
par peur de heurter vos sentiments, comment pourriez-vous alors le
convaincre que vous êtes assez forte pour entendre ? (Eh bien, je suppose
qu'il suffirait que je lui dise) - S ' i l y avait un problème relationnel non
réglé entre vous deux, qui serait le plus enclin à s'excuser ? (Elle ne
s 'excuserait jamais !) - Seriez-vous surpris si elle le faisait ? (Ah ça
c 'est sûr !) - Supposons que cela soit pour l' instant impossible pour elle
d 'admettre une en-eur de sa part, combien de temps pensez-vous que
cela vous prendrait avant que vous puissiez lui pardonner son incapacité
à le faire ? (Humm) - Si cette dépression disparaissait soudainement,
qu'est-ce qui changerait dans vos vies ? - etc.
ÉVAL UATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 21
Comme nous l ' avons dit, il n 'est pas approprié, ici, d ' utiliser des
critères de diagnostic validés au niveau international, car il ne s'agit
pas, dans un premier temps, de communiquer avec d'autres cliniciens en
utilisant, pour s'entendre avec eux, la définition d ' entités reconnues par
la majorité d'entre eux, quitte à opérer un certain nombre de réductions
ou d ' approximations de l ' originalité du cas de chaque patient. Tout à
l' opposé, on doit ici apporter toute son attention à la singularité de
chaque cas clinique. Au lieu de réduire à la moyenne (ce qui est de
toute façon toujours critiquable), le but est de chercher à comprendre le
mieux possible le cas particulier de chaque malade, de lui faire sentir
qu'il est compris, et de rendre compte le mieux possible de sa singularité,
�
ne serait-ce que, par exemple, dans le cas d'une activité de supervision.
Si la recherche empirique sur les psychothérapies se rapproche, par
certains côtés, de la recherche clinique et épidémiologique d'un point
de vue plus général, elle utilise cependant des instruments d ' évaluation
propres à chaque technique psychothérapique, destinés à rendre compte
de ses effets et tenant également compte des particularités des malades.
Dans les différents domaines de la recherche, on cherche à générali ser
le plus possible les résultats des observations ou des études. Dans la
pratique psychothérapique, il s'agit de cerner le plus possible l ' originalité
1 22 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPI E
Le génogramme
Symboles du génogramme
D---�------�
Symboles de base Symboles relationnels
D
Homme
0Femme
Distants
[gJ
Patient homme
©
Patient femme
� Mariés
�
Autres symboles
n o .. .
� Entoure tous les membres
de la maisonnée du patient
D O (Durée)
' · - - - · - · - - - - - _ _ _ . ..:
�
Jacques (1 999/1 an) pascale
Exemple de génogramme
ENFANTS
-...
ques ..t::"'
(1 980/25 ans)
J
Le modèle du BASIC ID
Le profil de modalité
La sélection des techniques thérapeutiques
L'analyse en BASIC I D transforme des problèmes diffus, vagues et
généraux (anxiété, dépression, estime de soi faible, insatisfaction exis
tentielle, problèmes de couple, conflits familiaux, etc.) en des difficultés
spécifiques, bien limitées, et interactives. Le choix des techniques devient
alors assez évident. S i on demande « quel est la meilleure technique
pour le traitement d'une faible estime de soi ? » on peut répondre, « ce
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 27
Une analyse au second degré fournit souvent des indices essentiels sur
les facteurs qui maintiennent le trouble.
Les réponses à cette évaluation peuvent jeter une lumière complè
tement différente sur la signification fonccionnelle des maux de têre
et expliquer pourquoi la relaxation et Je biofeedback se sont avérés
inefficaces. Finalement, le profil de modalité de second degré peut
indiquer le recours à d'autres modalités thérapeutiques, qui auront plus
de chance d'être efficaces.
L' « ordre de déclenchement » (sequentialfiring order) et le choix des
techniques initiales
La séquence d'enchaînement des modalités conduisant au trouble
donne des indications précieuses sur la dynamique du trouble ainsi que
sur les techniques thérapeutiques à utiliser en priorité. Ce procédé est
aussi appelé « traking » par Lazarus, dont la traduction française peut être
donnée par l'expression « suivre à la trace ». Par exemple, une personne
qui est anxieuse à la suite d'une séquence CISB (d' abord ruminant
des cognitions négatives, suivi d' images catastrophiques conduisant à
des sensations dystoniques et des comportements d'évitement) a moins
de chance de répondre à des psychothérapies à médiation corporelles
comme la relaxation (car « S » est la troisième modalité dans l 'ordre
de déclenchement) alors qu'un patient qui reconnaîtrait la modalité
sensorielle comme Je stimulus initial (par exemple SCIB) bénéficierait
moins de procédures cognitives ou d' imagerie si celles-ci précédaient les
interventions sensorielles.
Le profil structural
I l est surtout utile pour ce que Lazarus appelle le « bridging », ce
que d' autres appelleraient Je « }oining » et que nous appelons « parler le
langage du patient ». Il s'agit de se mettre en communication initialement
sur la modalité d'expression préférentielle du patient, connue grâce à son
profil structural, en attendant plus tard pour aborder d' autres domaines
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 29
Patient - Je revois encore son visage, rouge comme une tomate. Ses yeux
semblaient près de sortir de sa tête. Il faisait cette sorte de moue avec sa
lèvre inférieure, qui fait penser à un bébé sur le point de pleurer.
c:
Considérons encore cette autre réponse :
"
pas d'être renvoyé (exprime des pensées et des opinions plutôt que des
sentiments)
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 31
T - (restant dans le domaine cognitif ) Vous pensez que vous n'aviez rien
fait qui mérite un renvoi ?
P - Oui, rien du tout.
T - Quand vous repensez à ce moment-là, quand vous étiez dans son
bureau et à la façon dont il vous traitait, avez-vous conscience de certaines
sensations dans votre corps (utilise Le domaine des sensations corporelles
comme « pont » ).
P - Je me sens tendu, comme serré dans la poitrine et avec une boule dans
la gorge, j ' avais d'ailleurs ces sensations ce jour-là aussi.
T - Concentrez-vous sur ces sensations maintenant, cette boule dans la
gorge et ce serrement, et parlez-moi des sentiments ou des images qui
vous viennent à l ' esprit.
P - Je pense que je me sens en colère, oui c'est ça, en colère, et effrayé de
ne plus pouvoir retrouver de travail.
T - Parlez-moi un peu plus de votre colère.
Le self
Il correspond au sentiment d'existence individuelle, d'autonomie et ,
plus précisément d'habitation, dans le corps, de la psyché.
La notion d'objet
Elle doit être quelque peu expliquée car elle fait souvent difficulté.
En psychanalyse, elle désigne tout ce qui est objet d' investissement par
l'énergie psychique (d' origine pulsionnelle). On parlera ainsi d'objet
d'attention, d'intérêt, d'amour, de haine etc. Ainsi le psychothérapeute
est investi comme objet par son patient et le patient est l'objet de la
psychothérapie sans que s'y mêle aucune connotation péjorative. C'est
un terme descriptif. Il s' ensuit que psychothérapeute et patient sont à la
fois l'un pour l'autre objet d' investissement tout en gardant par ail leurs
respectivement. leur qualité de sujets.
Mais, en outre, il s'agit d'objets intériorisés, c'est-à-dire, non plus
seulement des objets réels, mais des objets fantasmatiques, des représen
tations de ces objets extérieurs que se forme le sujet dans son appareil
psychique. Naturellement, ces représentations, ces fantasmes des objets
vont venir influencer la perception de leur réalité.
Le terme de relation
Elle est à prendre à son sens fort : il s'agit en fait d'une interrelation,
c'est-à-dire non seulement de la façon dont le sujet constitue ses objets,
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 33
mais aussi de celle dont ceux-ci modèlent son activité. La relation entre
le sujet et ses objets se fait donc dans les deux sens
Les conceptions des auteurs qui se réfèrent à cette notion sont très
diverses. Nous utiliserons surtout ici surtout celle d'O. Kernberg qui
nous paraît la plus utile dans la perspective qui est la nôtre.
La théorie freudienne des pulsions en a été modifiée. L'accent est
passé de la source de la pulsion, comme son substrat organique et du
but, la satisfaction sexuelle de la zone érogène considérée, à la relation à
l'objet. Ainsi, ce qui devient prédominant, dans la relation d'objet orale,
ce sont les avatars de l'incorporation et la façon dont elle se retrouve
comme signification et comme fantasme prévalent au sein de toutes les
relations du sujet au monde.
La notion d' objet soulève aussi des discussions. Tous les objets sont-ils
peu ou prou interchangeables ou existe-t-il des objets typiques propres
à chaque mode de relation ? dans ce sens on parlerait d'objet oral, anal
etc.
En outre, dans telle modalité de la relation d'objet, ce n'est pas seule
ment la vie pulsionnelle qui est impliquée, mais aussi les mécanismes
de défense correspondants, le degré de développement et la structure du
moi qui interviennent aussi de façon typique dans une modalité donnée
de relation. Cette notion de relation d'objet est donc « englobante »,
« holistique », et typique de l'évolution de la personnalité (J. Laplanche
et J.-B. Pontalis, 1 967)
Le terme de « stade » tend à s'effacer au profit de celui de relation
d'objet et l'on peut désormais concevoir que, chez un même sujet
coexistent, se combinent ou alternent plusieurs types de relations d'objet.
Enfin, dans la mesure où cette notion de relation d'objet met l' accent
sur la vie relationnelle du sujet, elle risque de conduire certains auteurs
à tenir pour principalement déterminantes les relations réelles avec
l 'entourage. C'est là une déviation que refuserait tout psychanalyste
" pour qui la relation d'objet doit être étudiée essentiellement au niveau
fantasmatique, étant bien entendu que les fantasmes peuvent venir modi
fier l'appréhension du réel et des actions qui s'y rapportent (J. Laplanche
et J .-B. Pontalis, 1 967).
JI s'agit donc bien de relations d'objets, certes, mais qui ont subi une
transformation psychique, qui ont été intériorisées et sont passées à l'état
de fantasmes et de représentations conscientes et inconscientes, mais
susceptibles, cependant d' interférer avec les relations réelles et de les
modifier.
1 34 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Les relations significatives établies dans le passé par le sujet ont donc
été intériorisées sous forme de représentations et se trouvent réactivées
dans de nouvelles situations et avec de nouvelles personnes
La théorie classique des relations d'objet propose de dévoiler et modi
fier ces identifications et ces relations pathogènes du passé. Cependant,
dans une conception plus large de la psychothérapie, il est aussi important
de repérer et de faire disparaître les modes d' action et les mécanismes
cognitifs qui maintiennent en activité les perceptions ou représentations
des relations passées.
Le self peut être défini comme l ' ensemble des représentations,
conscientes ou inconscientes, que l'on entretient vis-à-vis de soi. I l
est considéré comme une sous-structure du moi, dans l e cadre de la
deuxième topique freudienne. L' « intériorisation » est un processus
par lequel des relations intersubjectives sont transformées en relations
intrasubjectives (intériorisation d'un conflit, d'une interdiction, etc.).
C'est le sens le plus spécifique de ce terme. Il est parfois pris comme
synonyme d' « introjection », dans un sens plus large. En fait, ces deux
processus sont très liés : lors du déclin du complexe d'Œdipe, on peut
dire que le sujet introjecte l ' imago paternelle et qu' i l intériorise le
conflit d'autorité avec le père. Ils permettent ainsi la reproduction et la
fixation d'une interaction avec l 'environnement au moyen d'un ensemble
organisé de traces mnésiques impliquant au moins trois composantes :
l . l ' i mage d'un objet ;
2. l ' image du self en interaction avec cet objet ;
3. la coloration affective à la fois de l 'objet-image (représenté) et du
self sous l'influence de la pulsion prédominante au moment même de
! ' interaction.
Le concept de R.0.1. permet de se donner une représentation synthé
tique des structures et des mécanismes psychologiques mis en jeu dans
la relation thérapeutique et dans le processus de changement.
La partie non-consciente de la vie mentale est structurée par plusieurs
R.0.1. chez chaque individu : certaines de ces R.0.1. sont « saines »,
adaptées, en ce sens qu' elles permettent à l 'individu de satisfaire ses
besoins et désirs affectifs, matériels et relationnels de manière souple,
non douloureuse, et adaptée aux personnes avec qui il est en interaction.
Par contre certaines R.0.1. sont « pathogènes » et la place prépondérante
qu'elles occupent dans l ' organisation psychique (leur « hypertophie »)
peut empêcher le développement de R.0.1. saines (cas des troubles de la
personnalité, par exemple).
ÉVALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 35
Action 1
Réaction 1
Self Objet
Action 2
comportementales trop strictes. Mme Y. , après avoir tenu des propos très
inquiétants sur la gravité de sa souffrance mentale et sur les fortes impulsions
autodestructrices qui l'habitaient, commença à devenir de plus en plus
préoccupée de ne pas créer tant de soucis à son thérapeute, essayant
ainsi de lui .. épargner certaines de ses préoccupations et angoisses
»
Rêves
Rêveries
diurnes
Problèmes
Relations relationnels
passées présents
significatives
Relation
thérapeutique
Thérapeute
Cette adolescente se lie toujours à des filles plus âgées ; celles-ci la traitent
de manière méprisante et l'exploitent. On pourrait concevoir cette situation
comme l'expression de la mise en actes, dans la situation actuelle, des
modalités d'une relation d'objet internalisée à partir de la relation (réelle et
fantasmatique) établie avec une mère vécue (à tort ou à raison) comme
abusive dans l'enfance. On peut supposer que ce type de relation avec sa
mère serait l'une de celles que cette adolescente pourrait chercher à changer
ou à fuir. Cependant, du fait des croyances négatives qu'elle entretient
à l'égard d'elle-même, et des façons erronées de concevoir les autres et
d'interagir avec eux ou elles auxquelles elle a été conduite, elle n'attire
finalement que des personnes qui la percevront et se comporteront avec elle
d'une manière qui ressemble à, et confirme l'image internalisée de sa mère
et celle qu'elle entretient d'elle-même.
Structure névrotique
Structure bordeline
�'i -
-
Structure psychotique
1 . Biais qui correspond à la croyance « je sais très bien ce que tu penses » ou bien « tu
sais très bien ce que je pense (ou ce que je ressens) ». La conséquence est que le sujet
pense ne pas avoir besoin de communiquer avec l' autre pour vérifier si ses préjugés sur
les intentions de l' autre sont bien fondés.
2. Biais qui pourrait s' énoncer comme suit : « si je ressens quelque chose émotionneJ
lement alors cela prouve que cela est vrai ». Cela peut provoquer des pensées ou des
croyances du genre « si j'ai peur de toi alors cela prouve que tu me veux vraiment du
mal ».
É VALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 45
beaucoup selon les optiques théoriques (on pourrait parfois dire idéolo
giques) du psychothérapeute. Pour le psychanalyste, l 'efficacité sera jugée
sur la base de l ' amélioration de l ' insight du patient (amélioration de l a
compréhension de soi-même) ; pour l e compo11ementaliste, c e sera surtout
la disparition des symptômes. Mais ces critères suffisent-ils à définir un
succès ou un échec ? Si le psychanalyste a obtenu ce qu'il désirait, une
prise de conscience chez le patient, si le comportementaliste a obtenu ce
qu'il désirait, la disparition du symptôme, qu'en est-il du patient ? De fait,
ce dernier a son mot à dire puisque c'est lui qui formule une demande,
même dans les cas où la consultation est motivée par la souffrance de
l 'entourage plus que par celle du consultant. Le thérapeute doit répondre
à une requête du patient et, si ce dernier n'éprouve aucun besoin d 'aller
au-delà d'un certain point, pourquoi devrait-ce être ressenti comme un
échec personnel ? Ne devrait-on pas adopter à son égard une attitude
empreinte de modestie et faire confiance à sa capacité de décision, non
sans lui avoir ouvert les portes d'un changement plus profond ? Pour
cette raison, nous considérons que la théorie de référence du thérapeute
devrait prendre en compte la demande du patient, ce que M. Balint a
montré il y a longtemps déjà ( 1960). C'est pourquoi, en conséquence, le
modèle théorique auquel nous nous référons est conditionné par l'analyse
des rapports entre attentes (demandes) du patient et offre (réponse) du
thérapeute ».
1 . Nous sommes bien conscients que ce type d'intervention n'est pas forcément efficace
i mmédiatement avec ce genre de malade. La question n'est pas ici de discuter des
modalités d'intervention auprès des adolescentes toxicomanes ou alcooliques, mais de
montrer comment les deux types d'objectifs peuvent y être liés.
É VALUATION, CONCEPTUALISATION, PLANIFICATION 1 51
P - Je dirais que c'est dans mon mariage. C'est su1tout de là. Deaucoup
de choses tournent autour de ça.
T (vérifie que le mariage constitue Le problème central) - Si le mariage
allait mieux, les autres choses s'en trouveraient-elles aussi améliorées ?
P - Oui. je serais certainement plus capable de me concentrer au travail.
T (décomposant le problème) - Qu'y a-t-il, à propos de votre mariage qui
vous affecte tant que vous ne pouvez arrêter d'y penser ?
P Je pense toujours qu'elle est peut-être, vous savez, infidèle. Je sais
-
qu'elle ne l'est pas, mais elle me dit que je suis toujours en train de la
surveiller. Et alors cela la met en colère.
T - Donc, une façon de formuler le problème est que vous êtes très souvent
préoccupé de savoir si votre femme voit quelqu'un d'autre, au point que
votre travail en est affecté et que votre femme est souvent en rogne contre
vous.
P - C'est ça.
dur et parfois je suis vraiment trop fatigué. Et nous sortirions sans qu'il
n'y ait encore de disputes.
n'avons pas passé un bon moment ensemble. Oui, cela serait super. Le
pire de tout, cependant, c'est d'être toujours en train de me demander où
elle peut bien être.
T Donc, le plus important c'est que vous êtes capable de mieux vous
-
concentrer à votre travail, plus que de travailler sur le fait de passer un bon
moment quand vous sortez ensemble.
P Oui, parce que de toute manière, je ne peux pas passer un bon moment
-
avec elle si je pense sans an'êt qu'elle a peut-être d'autres types en tête.
LES TECHNIQUES I
PSYCHOTHERAPEUTIQUES
LIÉES AUX FACTEURS
COMMUNS
Une fois cette décision prise, il lui faudrait encore décider du type de
technique psychothérapeutique spécifique qu'il utilisera pour mettre à
l 'œuvre le facteur curatif envisagé.
Il se basera alors sur plusieurs critères :
- sa compétence dans la technique envisagée ;
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 1 59
à construire l' estime de soi (Cungi, 1 996). Les habiletés qui nous
intéressent surtout ici consistent à savoir recevoir des critiques ou à
les faire formuler de façon acceptable et constructive, d'une manière à
pouvoir en retirer l ' information utile sur soi mais aussi à ce qu'elles
ne viennent pas renforcer le langage intérieur autocritique.
- Enfin, toute technique qui permettra d 'élargir et d'enrichir la per
ception de soi, de reconnaître en soi des parties jusqu' alors cachées
ou rejetées, d' intégrer ses différentes polarités, de retrouver son
intégrité et sa plénitude, permettra de libérer de nouvelles énergies
de mieux s' accepter, de renforcer son sentiment de richesse et de
force intérieures, et celui de sa propre singularité (sans tomber dans la
surestimation de soi défensive).
ne seriez absolument pas doué pour les études est entièrement fondée ou
si c'est plutôt une aptitude que vous n'avez pas développée ? »
« Il me semble que vous avez décidé d' arrêter cette relation parce que
vous avez été blessé dans d'autres relations antérieures. Même si vous
ne pouvez pas savoir ce qui peut réellement se produire au sein de
cette nouvelle relation, vous préférez l' arrêter maintenant et éviter une
souffrance possible. Est-ce juste ? »
La fenêtre de Johari
·g.
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j
"8 1 . Langage intérieur, à bien distinguer des hallucinations, même si l'on peut estimer qu'il
Q existe des rapports entre les deux, à la lumière des travaux modernes (O. Chambon et
©l M. Marie-Cardine, 1993 ; O. Chambon, C. Perris et M. Marie-Cardine, 1 997).
1 64 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Une fois que l'on a repéré une difficulté ayant trait au cnt1que
intérieur, il est essentiel de déterminer la nature et la fréquence des
autoverbalisations négatives, ainsi que les conditions dans lesquelles
elles surviennent. Dans ce but, on demande tout d'abord au patient
d'effectuer des exercices d'auto-évaluation ou « d' automonitorage ». Le
patient porte sur lui un petit carton bristol dans sa poche et note à chaque
occasion l'apparition de l'une de ces autocritiques. On lui demande d'être
objectif et de ne pas chercher à juger de leur validité.
Cette carte de relevé des autocritiques remplit deux fonctions : elle
fournit au patient et au thérapeute davantage de données relatives à la
difficulté, et elle aide le patient à faire le lien entre ses autocritiques et
les états affectifs qu'elles provoquent.
Le patient peut alors commencer à réaliser qu'au lieu de fournir des
remarques valides et constructives, le monologue intérieur produit surtout
des émotions négatives.
Une fois que le patient a effectué au moins une semaine d' auto
évaluation, les principaux thèmes cognitifs négatifs et les croyances
centrales sur soi peuvent être reconnus et rassemblés.
Avant que ces croyances puissent être contrecarrées avec succès, il
est important d'en débattre, en essayant de comprendre leur origine. On
doit se rappeler que les patients y adhèrent par habitude ou par mesure
d'autoprotection, et qu'ils ne les laissent donc pas facilement remettre
en question. Par exemple, certains individus les utilisent pour s'attribuer
un handicap et éviter de se remettre en cause personnellement : ils
préféreront se considérer comme porteurs d'une « anxiété des examens »
plutôt que comme paresseux ou manquant d' intelligence.
Une manière d' aborder ce domaine délicat consiste à demander au
patient d'évaluer chacune des pensées négatives de sa liste et de se
demander « qu 'est-ce que cette pensée négative m' aide à faire ou à
ressentir ? » ou « qu' est-ce que cette pensée négative m'aide à éviter ? ».
Si le patient découvre, par exemple, qu'il se rabaisse lui-même pour
éviter d'être blessé quand quelqu'un d' autre le critique, il commencera à
percevoir la nature défensive de son autocritique et pourra se sentir plus
motivé pour la remettre en cause. 11 peut aussi découvrir que son réel
désir serait plutôt de devenir moins sensible aux critiques des autres.
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES UÉES AUX FACTEURS COMMUNS 1 65
preuve d'une telle dépréciation ; 2. Se sentir stupide ne veut pas dire que
tu es stupide ; 3. C'est quelque chose que mon père me disait toujours.
Mais ce n'est pas vrai ! ; 4. Faux !
Anne raconte son rêve devant le groupe, co-animé par Hubert et moi
"
Anne - Je suis sur une petite île. Tout autour, la mer est démontée. J'aperçois
quelque chose qui tourne sur cette mer en tourbillon. J'observe le mouvement
circulaire de la chose, le mouvement circulaire des vagues. La chose est
complètement ballottée, sans amarres. Je suis à la fois sur l'île regardant
cette chose sans pouvoir lui porter aide et cette masse tourbillonnante quand
la mer, par un mouvement plus brusque, me renvoie cette masse qui échoue
sur l'île, noyée, vers laquelle je me précipite et à laquelle je fais la respiration
1 68 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
artificielle. Elle reprend vie. Bouge. Se meurt. Ce corps que je perçois comme
corps humain se transforme en animal : un chat qui s'échappe et s'en va.
Cela me trouble beaucoup parce que je sens dans ma vie ce double aspect
de tourbillons et de vagues, et en même temps, d'enracinement.
Hubert suggère à Anne de s'identifier au corps flottant.
Anne poursuit - Je tourne et en même temps que je fais cela, je suis très
confuse. Je suis une masse complètement informe. Je tourne autour d'un
point très délimité dont je vois le contour parfait. Bien délimité, dans lequel je
vois une harmonie, néanmoins je ne saurais pas le dessiner.
Elles se sourient.
La pratique en imagination
Étape 5. Renforcement
À la fin de la première séance de représentation visuelle complète, le
patient se trouve gratifié d'un renforcement couvert (une récompense
imaginaire), sous forme de l'imagination d'une fin heureuse, pour établir
fermement le comportement. Par exemple, le thérapeute pourrait finir
l'exercice en disant, « Vous quittez l'entretien d'embauche en vous disant
à vous-même : "j 'ai fait le mieux que j'ai pu et je m'en sens très bien "».
1 72 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
Étape 6. Pratique
Lors d'essais ultérieurs dans le cabinet du thérapeute, le patient
imaginera le scénario jusqu'à ce que chaque comportement cible ainsi
qu'une issue positive, aient été fortement représentés et vécus sur un
mode visuel. Le patient doit éviter de se focaliser sur les images négatives
ou perturbatrices, mais, à la place, doit travailler au développement
d' images positives.
Étape 6. Répétition
Le patient va effectuer de nouveaux jeux de rôles, dans lesquels il
va recommencer toute l a séquence comportementale, jusqu'à ce qu'il
sente qu'il a atteint ses objectifs mais aussi jusqu'à ce que le thérapeute
sente que son patient maîtrise bien chacun des aspects du comportement
relevés au départ comme souhaitables.
Étape 7. Suivi
Lors de la prochaine séance, on demande au patient de faire état des
résultats de sa mise en pratique de l ' apprentissage dans la situation réelle.
Si nécessaire, un complément de pratique peut être proposé lors de cette
séance.
de tous les déchets dont elle n'a plus besoin. Imaginez les mouvements
lents et souples de l'inspiration et de l'expiration qui laissent le cœur se
laver dans ce bain d'air pur, clarificateur et apaisant. Qu'ils le laissent
profiter de ce cadeau que vous lui faites. Vous pouvez imaginer votre
cœur comme un enfant dans un petit bain d'eau tiède où il flotte et s'ébat
à loisir, à son rythme à lui, sans contraintes ni obligations. Comme un
enfant que vous aimez et qui joue, vous ne lui demandez rien d' autre que
d'être lui-même, dans un élément naturel, et vous le regardez simplement
se déployer à sa manière en continuant de lui apporter de l ' air doux et
tendre.
Le recentrage
Le recentrage consiste à inciter constamment le patient à être « pos
sesseur » de sa propre expérience. Une manière de se distancer de ses
sentiments consiste à utiliser des termes généraux et impersonnels. Le
recentrage consiste alors à demander au patient de modifier son langage,
de façon à ce que celui-ci reflète sa responsabilité de ses sentiments. On
peut demander au patient d' utiliser « je » ou « moi » à la place de « on »
ou « vous ». Le langage impersonnel ou faussement objectif est utilisé
pour éviter ses sentiments de culpabilité ou de faute. Par exemple, un
patient peut dire « cela fait vraiment du mal quand mon 'ex' vient dans
le magasin. Mais vous apprenez à vous y faire au bout d'un moment » .
La technique d u recentrage pourrait, dans c e cas, amener à une réponse
de ce genre : « cela fait sans doute mal, mais à qui ? est-il à ce point
interdit d'exprimer ses sentiments ou de reconnaître sa souffrance dans
des conditions aussi légitimes ? ».
L'analyse de l 'expression
lei on rend consciente la manière dont le patient s'exprime. Son
attention sera attirée sur ses modalités de communication non-verbales,
comme le ton de la voix, les gestes, les mouvements oculaires, la
tension musculaire, etc. Le thérapeute peut simplement encourager le
patient à porter attention à un aspect particulier en disant, « êtes-vous
conscient que vous serrez vos mâchoires ? ». On peut aussi aboutir à
des prescriptions de tâche hors séance pour aider le patient à déterminer
l'importance de l' émotion dans d'autres contextes.
1 78 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
L'intensification
On demande au patient d'intensifier une émotion en cours, après
l'avoir reconnue. Par exemple, les patients doivent frapper sur des
oreillers ou se pousser mutuellement les uns les autres dans un emploi
de la technique en groupe. Lorsque, par exemple, il frappe une chaise
avec un oreiller, le patient effectue d'amples respirations et doit répéter
à voix haute une phrase particulièrement signifiante qui permette de
pousser plus loin ou d'approfondir l'expérience. Normalement le patient
est encouragé à rendre maximale et à exagérer l'expression émotionnelle.
Cette technique peut être effrayante pour certains et ne doit être employée
qu'à bon escient. Elle peut apparaître à d' autres comme artificielle ou
dérisoire, selon les cas. L'éducation des participants avant l'expérience,
la supervision et une grande expérience du thérapeute constituent les
prérequis indispensables pour une pratique conforme à l' éthique.
La mise en acte (enacting) est une méthode associée par laquelle le
patient expérimente plus fortement l'émotion en l ' agissant verbalement
ou physiquement. Par exemple, un individu peut être encouragé à répéter
la phrase « je te hais ! » plusieurs fois à voix haute, ou on peut lui
demander de démontrer ses sentiments d'isolement ou de dépendance
physiquement, en allant s 'isoler dans un coin de la pièce ou en s' accro
chant à un autre membre du groupe.
La version psychodramatique de cette technique est appelée « mise
en scène physique » et peut impliquer plusieurs membres d'un groupe
thérapeutique. Par exemple, une jeune mère peut intensifier ses senti
ments d'être prise au piège. Plusieurs membres du groupe peuvent jouer
ses enfants, chacun d'entre eux devant prononcer une phrase précise
résumant l'une des demandes de ses enfants. Ces « auxiliaires » doivent
doucement tirer et agripper la patiente tout en prononçant leur demande.
Cela permet d' intensifier les sentiments de la patiente d'être devenue
nécessaire mais aussi d' être piégée et restreinte dans sa liberté.
La symbolisation
Ce genre de technique peut être employé quand on sent que la
verbalisation risque de trop intellectualiser l'expérience et en détourner
du vécu. On encourage alors l'expression tangible des sentiments au
travers du dessin, de la peinture, de l'écriture poétique, du mouvement,
ou de la production de sons expressifs. Nombre de ces techniques peuvent
s'effectuer en groupe ou être conçues comme des tâches à réaliser en
dehors des séances. L'utilisation d'un « journal des sentiments » est un
autre exemple. On demande au patient d'enregistrer au quotidien les
situations émouvantes et de repérer les émotions éprouvées.
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS l 79
Étape 3. Expression
Le thérapeute demande d' abord au patient de décrire la polarité la
plus saillante sous la forme de pensées, sentiments, et expériences qui lui
sont associées. On lui demande ensuite de maximiser cette expression
en utilisant et même en exagérant les gestes et le ton de la voix. Le
thérapeute peut lui demander de répéter une phrase particulière plusieurs
fois si elle semble pertinente et si elle semble accroître les sentiments ou
synthétiser les caractéristiques propres à la polarité. L'accent devrait être
porté sur la reviviscence de l 'expérience plutôt que sur sa description.
Cela n'est possible que lorsque le patient reste dans le temps présent.
Quand le thérapeute sent que le patient en est arrivé à un point mort
(ne peut plus rien exprimer d' autre du point de vue de la polarité), i l
lui demande d'aller s ' asseoir sur l 'autre chaise ( « la chaise vide » ) . Le
point d'arrêt est décidé par le thérapeute. Quand le patient semble être
à court de mots, répète les mêmes choses, est bloqué, ou semble avoir
pleinement exprimé la polarité, il a atteint le point d'arrêt.
Étape 5. Répétition
Le passage d'un pôle à l ' autre du conflit est répété jusqu'à ce que le
patient ou le thérapeute sente que les deux tendances opposées ont été
pleinement exprimées. Durant ces alternances, les deux côtés peuvent
commencer à élaborer un compromis ou une solution. Le patient ne
j doit pas croire qu'une telle issue doive absolument se produire ; c'est
seulement un bénéfice occasionnel de la méthode. Qu'une prise de
conscience spectaculaire s'opère ou non, l' avantage de la technique de
la chaise vide est que le patient opère dorénavant avec une conscience
1 82 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
Étape 6. Engagement
Même si le problème n'a pas trouvé une complète résolution, le
patient est encouragé à donner son agrément à un plan d'action qui
implique au moins la prise en compte des deux facettes de la situation
faisant problème. Prenons le cas d'un patient pris dans le dilemme entre
une dépendance constante aux autres dans la prise de ses décisions
et une indépendance méprisante. Une tâche hors séances pourrait lui
être assignée, d'utiliser chacune de ces deux attitudes à deux occasions
distinctes et d'en rapporter les résultats. On pourrait aussi lui demander
d'entreprendre une action qui utilise les énergies et forces des deux
pôles conjointement (par exemple, pour une décision, demander un avis
spécialisé ponctuel, tout en tenant compte de ses propres intuitions et
connaissances).
Un exemple d'utilisation de la chaise vide montre comment patient
et thérapeute peuvent travailler ensemble pour intensifier des sentiments
bloqués et comment cette intensification conduit à une résolution, à une
intégration cognitivo-affective « postcathartique ». Le patient va ici se
confronter à sa mère, qu' il imagine assise sur une chaise vide en face
de lui. L'expression physique et verbale est utilisée pour intensifier le
sentiment, de manière à ce qu'il puisse être pleinement vécu, éprouvé
jusqu'à son extinction et la résolution du conflit associé (la libération
du sentiment conduisant à une expérience différente). On demande au
patient de parler d'une voix forte pour rendre authentique l 'expression
verbale et pour « prendre le risque » de ressentir réellement l'émotion.
Patient (les bras tremblant et tapant des pieds) Je ne sais pas quoi faire
-
vous voulez exprimer la colère, parlez plus fort. Vous avez le contrôle
maintenant. Dites-lui à propos de quoi vous lui en voulez.
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 1 83
Favoriser l 'attention
Lorsqu'on observe des psychothérapeutes d' exception à l' œuvre, on
peut voir que, loin de prendre pour acquise l' attention du patient, ils la
cultivent de manière assidue, créant une attente favorable, construisant un
suspens, focalisant fortement l' attention sur un point précis, et soulignant
avec insistance le statut spécial des messages importants.
Prenons ainsi des exemples :
- La vigilance du patient peut être stimulée par des indices lui annonçant
que quelque chose d'important va an-iver. La façon la plus simple de
procéder consiste à lui dire qu'on va lui délivrer un message. Cela peut
être fait simplement (« je vais maintenant vous dire ce que je pense de
ce problème » ), ou bien plus formellement ( « maintenant, je vais vous
donner votre tâche pour la semaine à venir » ), ou bien encore avec
enthousiasme (« écoutez cela, c'est très important ! »), ou même avec
un sentiment d'urgence (« maintenant vous devez absolument écouter
ce que j ' ai à vous dire, car c'est vital. Êtes-vous prêt ? » ).
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS l 85
Un mari jaloux qui venait de subir un infarctus sévère, harcelait malgré lui sa
récente épouse en lui faisant d'horribles scènes chaque fois qu'elle revoyait
d'anciens amis. Le thérapeute, après avoir échoué à plusieurs reprises dans
sa tentative de montrer à son patient en quoi son comportement allait à
l'encontre de ses intérêts, lui dit : Vous êtes dans une situation terrible,
«
parce que si votre femme vous quitte, vous risquez de mourir. Même si vous
ne mourez pas sur un plan physique, vous mourrez en tant que personne.
C'est pourquoi vous réagissez comme un animal acculé et, chaque fois
que votre femme fait un pas hors du domicile conjugal, vous ressentez une
menace de mort. Je ne sais pas si je pourrais réagir différemment si j'étais
dans votre situation. Mais l'ironie de tout cela, c'est que c'est seulement en
changeant votre comportement que vous pourrez sauver votre mariage ».
famille à saisir et réagir aux signaux non-verbaux que leur envoient les
autres, sans qu'ils aient à passer par la parole : « Extraordinaire ! Est-ce
que ce n'est pas merveilleux dans votre famille à quel point vous êtes
tous reliés les uns aux autres ? C'est très beau. Donc il y a ainsi des
fils invisibles qui vont de vous jusqu'à maman ». Cette stratégie rend la
famille plus ouverte à l ' intervention suivante plus confrontante ; (au fils)
« Combien de temps encore serez-vous le bébé ? Je connais des gens qui
sont en communion si étroite avec leur mère, comme vous l'êtes, qu'ils
n' ont plus vraiment d'espace pour vivre par eux-mêmes. Dans d'autres
familles, les gens qui sont attachés comme vous sont ficelés dans le rôle
du bébé pour très longtemps » .
La stimulation émotionnelle
Une autre façon d' augmenter l'impact thérapeutique réside dans
l'utilisation appropriée de la stimulation émotionnelle.
Il est prouvé par de nombreuses études que l ' intensité des émotions
contribue à augmenter la fixation des souvenirs, surtout, du reste, si elles
sont positives (plaisir, joie, climat de bonheur ou de satisfaction).
Les émotions permettent donc de rendre mémorables les événements
thérapeuciques. Nous nous rappelons bien nos moments de vécus affectifs
intenses, nous leur attribuons une signification spéciale, et nous les
transformons en « poteaux indicateurs » dans le voyage de notre vie.
L'histoire d'une thérapie peut souvent être conçue rétrospectivement
comme le dénouement d'un événement hautement émotionnel. Les
périodes les plus calmes peuvent alors être interprétées soit comme des
étapes préparatoires à cet acmé émotionnel, soit comme une perlabora
tion de son avènement.
La capacité qu'a un message de stimuler les émotions est presque
intuitivement équivalente à son impact mental. Dans les exemples
suivants, nous montrerons comment des interprétations, des interventions
tirées de thérapies familiales ou comportementales, en dépit de leurs
différences évidentes, peuvent servir l 'objectif commun de stimuler
les émotions nécessaires au psychodrame sous l'angle duquel peut être
envisagée une psychothérapie.
Quand une interprétation évoque de fortes émotions, elle sonne juste
et a de meilleures chances d'être acceptée et mémorisée.
Une veuve de 66 ans demanda une thérapie pour son incapacité à se décider
à vendre une maison qui représentait pourtant un fardeau considérable
pour elle. Tous les arguments rationnels en faveur de la vente ne l'aidèrent
absolument pas à se décider. Son mari était mort un an plus tôt ; le
thérapeute lui fit remarquer que cette maison était chargée de souvenirs
et qu'elle s'y accrochait en mémoire de sa vie passée avec son mari. Cette
interprétation provoqua de puissantes émotions, qui l'aidèrent à faire le
" travail de deuil '" à la fin duquel elle pût se décider assez facilement.
Une autre interprétation aurait cependant aussi bien fait l'affaire, pour autant
qu'elle ait aussi activé des sentiments intenses liés au deuil irrésolu. Dans
un autre cas, semblable, l'interprétation utile (qui provoqua aussi la décision
de déménagement) fut que la maison servait de coquille de protection et
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS l 89
la surprise et L 'originalité
Elles ont aussi un effet d'impact très important.
L'ambiance singulière, l'événement inhabituel, le « petit tour »
déjouant toute attente, et l' intervention paradoxale sont devenus des
techniques psychothérapeutiques reconnues. Les patients s'habituent
vite. La séance de thérapie peut vite s' intégrer dans la routine du
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 1 91
1. Le contenu
En dehors de leur côté marquant, les contenus surprenants peuvent
avoir un effet désorganisateur salutaire vis-à-vis d'habitudes mentales
bien ancrées. Cet effet de surprise permet de comprendre pourquoi
les psychothérapies semblent plus efficaces à leur début, quand elles
sont encore nouvelles. Les interprétations sexuelles de Freud étaient
choquantes pour les premiers patients, alors qu' actuellement ceux-ci
peuvent être surpris de leur absence.
Les surprises thérapeutiques d' aujourd'hui sont d'un type différent.
L'une d'elles s'appelle le recadrage, qui consiste à fournir une nouvelle
signification au comportement du patient, habituellement une signifi
cation positive. Par exemple, Yalom recadre souvent la culpabilité et
l' anxiété de ses patients en en faisant des appels intérieurs positifs qui
les préviennent du risque de manquer leur chance de vivre pleinement ;
ou bien, leur sentiment de solitude est recadré comme un isolement exis
tentiel qui les sauve de la fusion interpersonnelle. Sullivan a recadré le
sentiment d'impuissance d'une femme vis-à-vis de ses tâches ménagères
comme un signal encourageant lui indiquant qu'elle avait mieux à faire
de son temps.
Une autre sotte de surprise thérapeutique, liée au recadrage, est le
c:
paradoxe, qui consiste à encourager le symptôme du patient. Par exemple,
:::
un paradoxe solennel peut consister à prescrire un rituel dans lesquels les
membres de la famille expriment leurs remerciements au patient identifié,
alors qu'un paradoxe plus humoristique peut consister à demander à un
patient, souffrant de plaintes cardiaques d'origine névrotique, de devenir
" le champion olympique des attaques cardiaques.
Une troisième sorte de surprise est / 'utilisation intentionnelle du
choc et de l 'absurdité. Par exemple, un thérapeute demande à une
femme suicidaire d' imaginer comment elle assassinerait son mari et
son thérapeute. Ou bien encore, un thérapeute encourage son patient, âgé
de 45 ans, à répéter de nombreuses fois à sa mère morte « je ne changerai
pas jusqu'à ce que tu me traites différemment de quand j'avais l 0 ans » .
1 92 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
2. L 'interaction.
Une surprise interactionnelle consiste en ce que Je thérapeute joue un
rôle contraire à ce qui était attendu de lui. L'expérience émotionnelle
correctrice d' Alexander et French, par exemple, consiste à se conduire
de manière diamétralement opposée à celle correspondant aux attentes
transférentielles du patient (comme réagir de façon permissive à un
patient élevé dans une atmosphère punitive, et de manière stricte et rigide
vis-à-vis d'un autre qui a grandi au sein d'une famille permissive).
Les surprises thérapeutiques peuvent aussi être réalisées par une
déviation du comportement habituel. Ainsi. un psychanalyste, après
avoir écouté pendant des mois les plaintes interminables de son patient,
provoqua un choc salutaire chez ce dernier en lui demandant s'il avait
l ' intention de continuer ainsi jusqu'au Jour du Jugement Dernier. Une
telle intervention aurait eu très peu d'impact si elle n' avait pas été
précédée par des mois d'écoute impassible et dénuée de la moindre
critique. L'attitude thérapeutique peut ainsi, dans de nombreux autres
cas, être spectaculairement inversée, d'une manière qui s' avère à la fois
bénéfique et mémorable.
La théorie de « la non-complémentarité » en psychothérapie soutient
que, dans toute interaction, les réponses attendues tendent à perpétuer
ou accroître le comportement initial. Donc, lorsqu'un thérapeute réagit
aux accusations d'un patient par une justification personnelle ou des
accusations en retour (les deux étant complémentaires), les accusations
initiales sont renforcées. Les réponses non complémentaires, au contraire,
brisent ce cercle vicieux et amènent un changement thérapeutique.
3. L 'ambiance
Par exemple, une femme s'attendait à ce que les gens la rejettent comme
sa mère l'avait fait autrefois, et le thérapeute lui dit qu'elle se répétait en fait
sans cesse « le monde entier est ma mère ". Ou une femme acceptait toutes
les vexations de son mari par peur d'être abandonnée, et le thérapeute lui dit
« vous ne pourrez rester ensemble que lorsque vous serez vraiment prête à
vous séparer de lui "·
Une bonne image peut être plus mémorable que le meilleur slogan.
Minuchin, par exemple, pouvait demander à un enfant « incontrô
lable », de se tenir debout sur une chaise pendant la séance, de manière
à concrétiser sa taille virtuelle dans la famille.
Une des patientes de Alon (thérapeute eriksonien ; 1 985) lui dit un jour,
alors qu'il lui demandait de fonctionner comme une parfaite horloge, qu'elle
savait elle-même que son mécanisme était détérioré depuis de nombreuses
années. Alon s'absenta pendant quelques minutes et revint avec un vieux
réveil dans les mains, disant à cette patiente : « je viens de vous trouver
couchée par terre dans mon sous-sol ". La patiente rit, et après dix minutes
de conversation, la pièce fut secouée par la sonnerie puissante et typique
d'un vieux réveil, ce qui inversa la métaphore de désespoir, émise initialement
par la patiente, la transformant en une image d'espoir inoubliable.
éviter tout contact oculaire avec eux. Il poussa aussi au loin la chaise d'un
des enfants qui avaient interrompu le processus, et demanda aux parents
qu'ils n'invitent les enfants à parler que lorsqu'ils seraient tous les deux
d'accord pour que les enfants interviennent. Cette persistance sous forme
variée permit non seulement de renforcer la demande initiale, mais aussi de
souligner l'importance des frontières du système parental.
l[i" �������-----,
Porter l'accent sur l'égalité et l'u nicité
1 . En effet, certains patients - qui sont plus candidats aux P.1.P. - tiennent absolument
à ce que le psychothérapeute devienne le témoin de leurs souffrances passées. Ce
témoignage est très important à leur rendre, au moins pendant un certain temps et
ramener systématiquement l 'entretien sur le présent peut être ressenti par eux comme
200 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
Patient - J'ai l'impression que j'ai gâché toutes mes chances d 'avenir.
Thérapeute Dites moi ce que vous aimez réellement faire.
-
P - Quoi ? Oh, bien, j ' aime beaucoup jardiner (Le patient continue en
décrivant les sensations qu i l aime éprouver et le thérapeute l'encourage à
'
poursuivre).
T Comment vous sentez vous maintenant ?
-
agréables.
T - Oui, moi aussi. Je préfère me sentir bien.
P (riant) - Moi aussi. Mais ce n'est pas toujours facile.
La méthode de l'encouragement
Thérapeute - Henri, mon sentiment est que ce dont vous avez réellement
besoin maintenant c'est d'un bon entraîneur. Vous semblez déjà posséder
les compétences pour rechercher un travail, vous avez de bons antécédents
dans le domaine professionnel, et une attitude positive vis-à-vis du métier
que vous avez choisi. Vous avez eu beaucoup de succès dans vos ventes
antérieurement. Peut-être pourrions-nous ensemble vous aider à retrouver
votre entrain.
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 203
Patient - Regardons les choses en face, je suis un perdant. C'est ce que dit
ma femme. ça la rendrait folle de colère de voir qu'en Juin je suis capable
d'être le vendeur du mois, puis, qu'en Juillet je tombe au plus bas des
ventes.
Thérapeute - En dehors de vos comparaisons avec les autres vendeurs, et
même en dehors de ce que dit ou pense votre femme, vous êtes-vous senti
compétent dans ce travail ? Est-ce le travail que vous aimez ?
P - Oui, je l 'aimais beaucoup. Mais parfois c'est très dur de vivre avec
toutes ces critiques. Cela me donne l 'impression qu'il y a quelque chose
qui ne va pas en moi. À vrai dire, l'argent n'était pas si important -
j 'appréciais beaucoup les gens. Faire connaissance, travailler pour de
c:
jeunes couples, essayer de les aider, et tout le reste.
"
T- Vous aimez le contact avec les gens. C'est quelque chose de spécial qui
vous est propre. Mais quand vous vous focalisez sur la compétition avec
les autres vendeurs ou sur les évaluations des autres, vous vous rabaissez
et doutez de vous. Est-ce bien cela ?
Patienr (une semaine après) - Depuis la dernière séance, je n'ai pas fait
ce que nous avions décidé. Je n'ai pas passé deux coups de fil chaque jour
pour ma recherche de travail. Je pense qu'en moyenne j'ai passé un coup
de fil par jour. Le premier jour j'en ai passé trois, puis un, puis encore un,
et j'ai arrêté le week-end. Je n'ai pas eu de réponse.
Thérapeute - Je suis très heureux d'entendre ce que vous venez de me
dire. C'est ce genre de progrès que nous recherchons. Il semble que c'est
de se sortir du point mort qui soit le plus difficile et c'est justement ce que
vous avez fait. En outre, en vous montrant franc vis-à-vis de ce que vous
avez réellement fait, vous m'avez mis de votre côté. Maintenant, il suffit
de continuer vos efforts. Pas vrai ?
P - Je pense, oui. J'ai peur que cela ne marche pas, que cela fasse comme
la dernière fois et que tout se casse la figure.
T - Il est vrai que cela peut sembler inquiétant ; mais essayons de nous
concentrer sur le présent si on Je peut, plutôt que de regarder en arrière.
J'avais l ' espoir que les choses se passent comme cela. Continuons dans Je
même sens. Je vous appellerai Mercredi pour voir comment les choses se
passent. J 'insiste, mais je vous assure que j'ai une bonne impression quant
à la façon dont les choses ont commencé. Continuez dans cette veine.
Thérapeute - Maintenant, je suis sûr que vous avez raison Bruno. Vous
êtes une personne loyale. Et un aspect de votre loyauté consiste à ne pas
abandonner. Peut-être la situation vous semble-t-elle sans espoir. Mais je
suis certain que ce qu'il vous faut est une autre période de 7 ans avec cette
personne. Cela sera certainement difficile. Mais comme vous le dites, c'est
l'amour. J'espère qu'en retournant chez vous vous prendrez au sérieux
le fait que vous n'ayez pas essayé assez fort et que ce dont vous avez
vraiment besoin est une autre période d'engagement de 7 années.
l . Cette attitude n'est pas toujours admise par certaines approches. Dans la psychothéra
pie stratégique, par exemple, le thérapeute est « le responsable du changement » et doit
avant tout, et à court terme. penser à solutionner les difficultés du patient. Cependant,
cette façon de transformer l ' opposition ou l' ambivalence au moins partielle du patient
à son traitement en problème technique est à notre avis un des traits de génie de
l' inventeur de la psychanalyse et réalise un apport considérable aux différentes techniques
psychothérapeutiques où cette difficulté est l' une des principales qu'on y rencontre.
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTJQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 209
défenses du patient. Elle est encore plus importante lorsqu' il en veut plus
pour son patient que l' intéressé lui-même. Dans ce cas, il peut s'avérer
que les objectifs thérapeutiques n'étaient pas issus d'une négociation
préalable adéquate. Le patient devait alors satisfaire les objectifs du
thérapeute mais pas les siens propres. On peut citer, comme exemples
de réactions négatives du thérapeute aux résistances de son client : ne
rien faire ; en faire le reproche au patient ; renvoyer le patient à un
autre thérapeute de manière injustifiée ; prendre la résistance comme
une remise en cause personnelle, s'en sentir blessé et en tirer un
sentiment d'échec ; réagir en résonance, par le détachement, l' arrêt des
efforts thérapeutiques, et le développement d'une velléité subreptice de
vengeance.
Il existe trois types de méthodes pour aborder les résistances : l' af
frontement direct, l'établissement d'un bilan favorable aux avantages du
changement, et l' acceptation des manifestations de la résistance.
L'affrontement direct
On confronte directement l'attitude du patient en l' amenant à réaliser
que le but sous-jacent à son opposition est de maintenir le statu quo. Il
s'agit d' une interprétation de la résistance 1 •
Dans le même esprit, le thérapeute peut être amené à révéler ses
sentiments personnels face à la résistance. Il s' agit d'une approche
délicate, dont l 'effet peut être puissant mais qui doit être utilisée avec
prudence et parcimonie : le thérapeute doit être sûr de s'en servir au
bénéfice de son patient et non pas pour soulager sa seule frustration. Il
peut ainsi être salutaire pour le patient de s'entendre dire :
Mais cette manière de faire est en général, sauf encore une fois motif
particul ier, à déconseiller. Elle risque d'augmenter les résistances du
"
patient.
c5 1. Au sens général du terme - donner une signification - et non pas au sens psychanaly-
fdl tique stricto sensu, de révélation de l'inconscient.
210 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Exercice
Illustrons d'exemples ces trois méthodes. À vous de retrouver, en lisant
ou en écoutant chacun des trois scénarios suivants, à quelle méthode il
correspond.
Exemple 1
Patient - Je n'ai pas réalisé la tâche dont nous avions parlé la semaine
dernière. Pour vous dire la vérité, j ' ai été tellement occupé que je l'ai
oubliée. Je n'ai pas non plus écrit.
Thérapeute (observation et confrontation) - Intéressant. D'un côté, vous
venez en thérapie pour trouver un remède à votre i nhibition d'écriture,
mais de l'autre vous ne faites pas les choses qui pourraient vous y aider.
Pourriez-vous m'expliquer cela ?
P - Bien, je veux y arriver, mais c'est juste que je ne suis pas assez motivé.
T - (confrontant) - Je pense que cette idée de motivation est encore une
excuse de plus pour ne pas accomplir la tâche. Quelle est l'importance de
la motivation qu'il aurait fallu avoir pour exécuter cette tâche ?
P - Pas très grande, je suppose.
212 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
recommencer à écrire. J'ai Je sentiment que vous êtes effrayé à l 'idée que
ce livre soit moins bon que les précédents.
Exemple 2
Des questions peuvent être utilisées pour repérer les domaines dans
lesquels des récompenses et des retenues pourraient être instaurées ou
modifiées :
Exemple 3
Patient - Je n'ai pas exécuté la tâche dont nous avions parlé la semaine
dernière. Pour vous dire la vérité, j'ai été tellement occupé que je l'ai
oubliée. Je n'ai pas non plus écrit.
Thérapeute Vous semblez déçu de vous-même
-
mais il semble que les choses soient en train de bouger. Vous vous
occupez. Vous êtes sorti du marasme. En vous écoutant, je réalise que
le travail solitaire ne convient pas. Je pense que vous vous en êtes rendu
compte instinctivement et que c'est la raison pour laquelle vous n'avez pas
effectué la tâche (attribue des intemions nobles). Travaillons donc plutôt
sur l'écriture ici et ensemble. Qu·en pensez-vous ?
On n' oubliera pas que souvent l' acceptation de la résistance est une
manière, en fait, d'accepter l 'agressivité qui la sous-tend. C'est ainsi
qu'elle peut amener éventuellement un changement, l ' agressivité du
patient étant acceptée n'a plus, dans un certain nombre de cas, de raisons
de se maintenir. C'est aussi se donner un délai pour réfléchir et rechercher
LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 213
La confrontation
Patient - Ça a été l 'enfer. Tout ce bazar. c'est presque drôle (rit). vous
savez, parfois il m'aime, parfois i l me déteste.
Thérapeute - Votre rire et votre sourire me donneraient à penser que votre
problème n'est pas sérieux et, pourtant, je sais d'après ce que vous avez
dit que cela a été très douloureux pour vous.
Patient - Je suis allé chez les Alcooliques anonymes comme je l 'avais dit.
Mais cela ne m 'aide pas vraiment. Chaque fois que je revois mes vieux
potes je reprends de l' alcool.
Thérapeute - Je ne comprends pas très bien. Vous dites que vous voulez
arrêter l 'alcool et, cependant, vous continuez à voir vos copains de bistrot.
c: Patient- C'est vrai que moi et mon amie avons connu beaucoup de
=>
problèmes dernièrement. Mais si on déménageait pour vivre ensemble, je
.s pense que les choses s'arrangeraient.
Thérapeute - N'est-ce pas l ' un des aspects du problème que chaque fois
que vous passez quelque temps ensemble, vous vous battez violemment
pendant plusieurs jours ?
Thérapeute - D'accord, d'un côté vous dites que cela ne vous dérange pas,
et, d'un autre côté, vous vous sentez insuffisant aux yeux de votre femme
et vous pensez souvent à changer de travail !
Patient - Bien, ce que je veux dire c'est que je suis fatigué d'avoir à rendre
des comptes à ma femme. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Mais
elle me casse les pieds la plupart du temps.
T ( reflet) - Vous ressentez durement on interférence, comme si elle était
votre patron au travail
P - Mais c'est une femme merveilleuse. Je ne pense pas vraiment ce que
je dis, vous savez.
T (confrontation) Sans vouloir vous contredire, vous pensez qu'elle est
-
Thérapeute - Je m'égare. Sauf erreur, cela fait quatre semaines que vous
me dites que tout ce que vous désirez est d'être à nouveau réuni avec votre
femme. Or, maintenant qu'un rendez-vous pour une séance de thérapie de
couple a été pris, vous ne voulez pas y assister.
Patiem - Je veux vraiment que l'on se remette ensemble. mais simplement
je ne suis pas prêt.
T (renforçant la confrontation) - Quand vous dites que vous n'êtes pas
prêt, je suis très surpris. Cela fait des mois que vous me dites être prêt.
Est-ce qu'en fait vous me disiez que vous vouliez retourner auprès d'elle
tout en sentant, en même temps, que vous ne le vouliez pas ?
P- Oui j'ai très peur à l'idée d'avoir à nouveau à faire face à des disputes.
Je dois admenre que j'ai apprécié la paix et la tranquillité de ces derniers
temps.
218 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Le recadrage
« Tout le monde à mon âge connaît la direction que doit prendre sa vie.
Qu'est ce qui cloche chez moi ? »
« Mon mariage part en morceaux. Nous ne nous aimons plus. »
la chance que vous avez eue de connaître un grand père comme celui-ci.
Je ne vois pas comment vous auriez pu avoir un meilleur exemple de ce
qui échoit à la personne qui n'arrive pa à constituer des relations intimes.
Grâce à cet exemple, je ne pense pas qu'une telle chose puisse jamais vous
arriver.
Invitation au patient B Je me demande si vous ne pourriez pas com
-
mencer à penser à cela d'une manière différente ? Bien que cela soit
dur parce que vous êtes encore actuellement tellement engluée dans la
souffrance, j'espère que vous serez en mesure de saisir quelques-unes des
nouvelles opportunités qui s'offrent à vous du fait de votre obligation de
changer de travail ? Quels sont les projets que vous avez toujours voulu
222 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
réaliser ? Quels sont ceux que vous pourriez avoir une chance de réaliser
maintenant ?
rancœur envers votre grand-père. Cela vient tout seul. En même temps, je
constate une plus grande tendance en vous à être reconnaissant d'avoir été
épargné par ce triste sort. Il semble y avoir en vous actuellement pl us de
pitié que de colère.
La redécision
On lui demandera ensuite, une fois qu'il aura fini de visualiser cette
première scène, d'essayer d' évoquer une image de son enfance qui lui
fasse ressentir les mêmes émotions, les mêmes sensations désagréables :
3. L 'endroit sûr
«Est-ce que ce malaise dont vous souffrez actuellement vous rappelle une
époque de votre jeunesse ? »
ou bien
l LES TECHNIQUES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES LIÉES AUX FACTEURS COMMUNS 227
« Allez ! Exagérez votre façon d'être assis comme ça. Vous vous sentez à
quel âge ? Quelle est la scène ? »
ou encore
« Vous dites que vous êtes triste et vous pensez : « ma femme ne m'aime
pas ; sans ça elle ne ferait pas ça », et ça vous donne envie de vous sauver.
Laissez-vous aller à ressentir votre tristesse, répétez vos mots, et regardez
comme ils vous conviennent bien quand vous étiez petit. »
« Ce n'est pas parce que vous détenez le trauma originaire qu'il ne faut
traiter que lui. Les pompiers qui, dans un incendie, n'enlèvent que la lampe
à pétrole responsable du feu ne font pas leur travail. Il faut combattre aussi
les flammes ».
enfance puis son adolescence. Chaque étape est marquée par l a visite de
l'homme de février qui fait des cadeaux affectueux, s'enquiert avec soin des
soucis de la fille et lui donne des conseils adaptés à son âge.
« Entrez dans le tableau que vous visualisez, entrez-y tel que vous êtes
aujourd'hui, un adulte, et venez en aide à l'enfant. »
pendant des décennies, avec des pensées nouvelles telles que « je n'avais
vraiment pas d' autre choix à l'époque, j'ai fait du mieux que j'ai pu ».
Entre les séries de mouvements oculaires, le patient parle normalement
au thérapeute, décrivant généralement ce qui s'est passé pour lui pendant
la stimulation. li ne semble pas être dans un état de transe. Il est typique
que le patient décrive le courant de conscience traversé pendant l a
stimulation un peu comme s ' i l s'agissait d'une rêverie concentrée. Le
travail est amorcé par un événement précis ou un affect particulier, mais
au fur et à mesure des mouvements oculaires, d' autres associations
à d' autres événements surgissent, des pensées sur soi ou même des
scénarios imaginaires. L'état émotionnel se modifie rapidement, au
rythme des changements d' associations cognitives.
Chapitre 6
OSER LA PSYCHOTHÉRAPIE
TRANSPERSONNELLE
PAR LA PRATIQUE
DES ÉTATS MODIFIÉS
DE CONSCIENCE
c:
"
1. Les études montrent qu'environ une personne sur deux en fait l'expérience au cours
de sa vie.
242 LES BASES DE lA PSYCHOTHÉRAPIE
L E S P R I N C I PALES PT
Elle est très représentative des PT. C'en est l'un des outils les plus
performants et les plus efficaces (Baudin, 2009). Le psychiatre Stanislav
Grof a créé cette technique vers 1 973, en combinant rebirth, musicothé
rapie et massage. Il s'est aussi inspiré des stages de swami Muktananda,
qu'il a suivi. Cette thérapie se déroule généralement en groupe, où
chaque patient se choisit un partenaire. Le couple ainsi formé se compose
d'un accompagnant et d'un respirant. Le travail central de la thérapie
holotropique est la respiration, plus précisément l 'hyperventilation. Les
c: respirants sont allongés sur un matelas, dans la pénombre et avec un
::>
bandeau sur les yeux, près de leur accompagnant. La séance commence
avec une phase d'induction de 5 minutes, pour trouver le calme, puis
les respirants changent leur rythme respiratoire qui devient plus ample
et plus rapide. Dans le même temps, le thérapeute lance une musique
qui sert d'enveloppe groupale et répond aux diverses phases spécifiques
de la séance (d'une durée d'environ trois heures, avec trois ou quatre
phases musicales distinctes). L'accompagnant veille à l'aspect pratique,
à la sécurité, au confort du respirant. Occasionnellement, le thérapeute
peut aussi être amené à favoriser ou amplifier l'expression émotionnelle
spontanée du participant ou à se servir de techniques corporelles de
massages, en veillant cependant toujours à ne pas faire intrusion dans
248 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
L'hypnose
L'EMDR et l'IADC
induit par l'uti lisation de l'EMDR focalisée sur la tristesse lors de deuils
non résolus.
Cette découverte est réellement, je pèse mes mots, révolutionnaire,
car elle permet à tout praticien d'EMDR lambda (que je suis) de faire
facilement l'expérience du transpersonnel avec un bénéfice immédiat
et spectaculaire pour son patient. Il est très difficile, après avoir vécu
ce genre d'expérience, de continuer à adhérer à un modèle de pensée
matérialiste scientiste et sectaire (Tart, 2009).
Voici trois exemples tout frais issus de mes consultations.
après chaque série. Il voit alors son père et son grand-père ensemble,
le père disant au grand-père " c'est à ton tour de discuter "·Il voit son
grand père, qui lui propose de trinquer avec lui sous le noyer. Le grand
père est plus jeune et en bonne santé, et là aussi la communication est
télépathique. Le grand père lui demande de ne pas couper son arbre (ce
qui est intéressant car contraire aux associations personnelles spontanées
du patient antérieurement) et lui dit " rejoins-moi le plus tard possible, tu as
encore de belles choses à vivre ». Ensuite le grand-père est de nouveau
avec le père, qui demande alors c'était bien ? et tous deux sont vus
« ,,
1 . En France une émission de TV en 2009 a même essayé de faire passer le reiki pour
une « secte » : c'est dire l'arriération de mentalités et le degré de méconnaissance dans
notre pays sur ces sujets !
252 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
l'homme. Le Chaman voit l' univers comme « fait de vibrations, d' infor
mations, d'énergies et de connections », et perçoit d' autres dimensions
de la réalité dans un état modifié de conscience. Le Chaman pénètre des
mondes parallèles et entre en contact avec des esprits, des énergies et des
254 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
La psychothérapie psychédélique
Le cadre
C O N C LU S I O N
INTÉGRATION ET
ÉCLECTISME FACE À
LA MULTITU DE DES ÉCOLES
u
A rentes seront exposées. Nous essayerons de vous aider à trouver
de cette deuxième partie, plusieurs approches très diffé
COURS
Q U EST I O N NA I R E 1
Q.1
Pour commencer, voici quelques questions demandant une relative
ment longue réflexion.
Q. 1 . 1 . Selon vous, la relation établie en psychothérapie est-elle diffé
rente des autres relations dans la vie ? pourquoi ?
Q.1 .2. Pouvez-vous évoquer ce qui vous a conduit à vous former plutôt
selon telle orientation que selon telle autre ?
Q. 1 .3. Qu'est-ce qui est nécessaire pour que vous preniez ou non une
personne en thérapie ?
Q. 1 .4. À quoi reconnaissez-vous qu'une thérapie a réussi ?
Q. 1 .5. Quelle est l' incidence sur votre pratique d'une appartenance à
une école ?
Q. 1 .6. Peut-on ne pas appartenir à une école, ne pas se référer à une
orientation psychothérapeutique définie ? si oui, à quoi appartient-on ?
Q. 1 .7. Selon votre expérience, qu'est-ce qui favorise le plus un chan
gement en psychothérapie ?
Q. 1 .8. Y a-t-il un sens à ce que l a psychothérapie soit soumise à des
évaluations empiriques ?
Q. 1 .9. Comment décririez-vous l 'être humain que vous rencontrez en
situation thérapeutique ?
Q.2
Pouvez-vous maintenant vous prononcer sur chacun des énoncés
suivants en le cochant 5 si vous le jugez très vrai, 4 vrai, 3 ni vrai
ni faux, 2 faux, ou l très faux ?
Q.2. 1 . Il y a une différence entre ce que les psychothérapeutes disent
qu'ils fo nt et ce qu'ils font réellement.
Q.2.2. Un modèle de psychothérapie qui intégrerait dans leurs diffé
rences plusieurs approches thérapeutiques serait un enrichissement pour
le psychothérapeute.
Q.2.3. Les différentes orientations de psychothérapie se ressemblent
plus qu'elles ne le pensent du fait qu'elles utilisent des termes différents
pour décrire la même chose.
Q.2.4. Il existe des gens qui souffrent des mêmes troubles que je
traite et qui peuvent être aidés tout aussi efficacement par des non
professionnels (prêtres, pasteurs, guérisseurs, marabouts ... ).
Q.2.5. Une méthode psychothérapeutique ne peut être qualifiée de
scientifique que si son efficacité est vérifiable expérimentalement.
Q.3
Pour terminer, voici une série de questions qui demandent chaque
fo is de brèves réponses. Vous pouvez les inscrire directement sous les
questions.
Q.3. 1 . Parmi les différentes orientations de psychothérapie, pouvez
vous citer celle dont vous vous sentez le plus proche dans votre pratique
et celle dont vous vous sentez le plus éloigné(e) ?
Q.3.2. Selon vous, quelles sont au moins trois caractéristiques princi
pales d'un bon psychothérapeute ?
Q.3.3. Pouvez-vous citer quelques-unes de vos références privilégiées,
de quelque ordre qu'elles soient, qui vous influencent dans votre travail
de psychothérapeute ?
Q.3.4. Quels sont les attributs qui vous viennent spontanément à
l'esprit pour décrire :
- l'homme psychiquement sain ;
- l'homme psychiquement perturbé.
262 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Nous vous proposons ici un bref aperçu des principales écoles de psy
chothérapie en en présentant quelques-unes des principales, en décrivant
les conceptions de l'homme sain qu'elles proposent (Duruz, 1 994) et
les types d'intervention qu'elles utilisent (notamment par rapport aux
cinq cibles de la psychothérapie : cognition, affect, comportement, corps,
contexte).
Le modèle psychanalytique vise de manière préférentielle un change
ment au niveau de l'expérience cognitive et émotionnelle de l'homme,
qui se traduira dans sa capacité de supporter des conflits d' ambivalence
ou d' intégrer les contraires dans sa vie mentale en des compromis
souples et créatifs. Afin d'y parvenir, la psychanalyse et ses formes
dérivées tenteront d'intervenir sur la vie fantasmatique et inconsciente
de l' individu par le biais des manifestations transférentielles, de la libre
association et des mécanismes de répétition produits et dégagés lors de
la cure.
Parce qu'elle choisit méthodologiquement de s' intéresser au monde
interne des représentations et des affects d'un individu, à leur agence
ment et fonction dans sa dynamique psychique, la psychanalyse retient
essentiellement des critères d'évaluation de l 'expérience cognitive et
émotionnelle de l'homme. Sera considérée comme psychiquement saine,
toute personne :
- faisant preuve de tolérance à la frustration, ce qui lui permet de ressen
tir une douleur psychique et de supporter des conflits d 'ambivalence ;
- réussissant à intégrer les contraires de sa vie mentale dans des compro
mis souples, créatifs, et non répétitifs ;
- pouvant disposer d'une vie imaginaire fantasmatique qui la rend
apte à élaborer mentalement ses émotions et à mieux comprendre
en conséquence ce qui se passe au niveau de ses comportements ;
- capable de différencier son monde interne du monde externe, sans
recourir à des projections abusives sur l 'extérieur, ni éprouver des
sentiments exagérés d'intrusion.
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 263
� --------����--��-�
f)(j' -------�
• En thérapie, met l'accent sur le potentiel infini de développement psy
chologique, la volonté de prendre des risques, et la capacité d'auto
actualisation.
• Les potentiels bloqués peuvent toujours être débloqués et se redévelop
per naturellement " ·
«
Comprendre
1
1
1
1
1
1
Être valorisé
'
.....
.....
.....
1. ()
m
Conflits pulsionnels de l'enfance Histoire d'apprentissage problématique et Aliénation de l'expérience, manque de -<
Conception refoulés et inconscients, dysfonctionnelle, déterminée surtout par la congruence entre l'expérience et le concept v;
déterminés surtout par des 3::
étiologique situation personne-milieu de soi m
facteurs intrapsychiques �
()
2. Résolution des conflits Restauration des capacités d'expérience Promotion de l'actualisation de soi, de la m
)>.
Concept de pulsionnels inconscients par et des compétences comportementales et croissance personnelle, de l'authenticité et
prise de conscience et cognitives, par la modification de la de la spontanéité :;:
3::
santé, but
thérapeutique élaboration " Où "Ça" était, "Je" conception et du contrôle de soi et la c
doit advenir " gestion du stress -<
r-
::;
3. Interprétations d'associations Restructuration cognitive Rencontre, empathie, acceptation, dialogue c
0
'"
Moyens libres, d'actes manqués, des Modelage, exercices, habituation, Expériences, jeux de rôles, chaise vide, 0
thérapeutiques rêves et du transfert désensibilisation, renforcement, jeux de dialogues imaginaires, " awareness " et '"
V>
V>
Perspective partir du passé l'histoire d'apprentissage, l'accent étant l'expérience vécue présente, thérapie brève
temporelle
Thérapie à moyen et long terme mis sur l'analyse des problèmes et ou à terme moyen
comportements présents ; surtout thérapie
brève, mais peut s'étendre sur un an
5. Réfléchir, interpréter, neutralité Collaborateur expert dans la résolution de Partenaire d'un dialogue, acceptant l'autre,
Rôle du bienveillante, parfois frustrant ou problèmes, Rompu à l'exercice du mutuellement permissif
thérapeute donnant du soutien, mais dialogue socratique Parfois suit le processus en cours de
essentiellement non directif. tV
Chasseur de pensées et comportements manière non directive, parfois intervient et '-1
dysfonctionnels redirige ce processus en utilisant son contre-
Conseille, soutient transfert et en stimulant les émotions du
patient
l'V
-...J
l'V
dynamique
Cognitivo- + + +
comporte-
mental
Systémique + + +
et
stratégique
Humaniste- + + +
Gestalt
Conscience + + +
psychocor-
porelle
dynamique
Cognitivo- + +
comporte-
mental
Systémique +
et stratégique
Humaniste- + +
Gestalt
Conscience +
psycho-
corporelle
1 . On peut aussi faire, à ce sujet, cette remarque : toute science doit s ' appu yer sur les
travaux des auteurs ; mais moins elle a de bases expérimentales, plus elle a tendance à
idéaliser leur opinion et en paniculier à absol utiser les travaux du père fondateur comme
c'est également le cas dans les religions .
"'
"'
°'
Psychothérapies psychanalytiques
Étiopathogénie Les symptômes (névrotiques) sont la manifestation de conflits sous-jacents (entre des pulsions sexuelles ou
agressives et des entraves morales '" réelles ou imaginaires, à leur satisfaction) que l'individu a refoulés hors
«
.,,
Position passive, " écran blanc '" distant émotionnellement, attentif et silencieux. "'
-<
()
Caractéristiques du patient Bonnes capacités de verbalisation, solides bases culturelles, argent, temps, et énergie suffisants, forte volonté :r
0
et bonne capacité à supporter frustrations et souffrance, foi dans le modèle analytique. -<
:r
m.
�
.,,
;:;;
_J
..
z
-1
Tableau 22. L 'orientation Gestalt. ,..,,,
Cl
Psychothérapie gestalt �
6
Étiopathogénie L'individu ne peut satisfaire certains besoins physiques ou psychiques qui restent en suspens ou incomplètement satisfaits : z
,..,,
les " unfinished business " Ce sont les besoins non satisfaits, les situations inachevées, les sentiments qui n'ont pu -1
,..,,,
n
s'exprimer, dont l'individu n'est pas pleinement conscient, qui restent en suspens, et qui entravent la tendance innée du sujet
à vivre de manière enrichissante le présent. L'évitement correspond aux moyens utilisés par le sujet pour ne pas se ,..,,
r
n
confronter aux " expériences inachevées " et aux sentiments associés. Il préfère éviter d'expérimenter des émotions -1
v;
3::
douloureuses et donc éviter de s'exposer aux risques nécessaires pour changer, bloquant son processus de croissance. Le
conflit entre les besoins et demandes de l'individu et ceux de la société peut provoquer un " évitement du contact " mais ,..,,
aussi des " interruptions du contact " (avec soi, les autres, la situation) qui se manifestent dans les défenses activées �
n
empêchant une expérimentation pleine et réelle du présent. ,..,,
>·
Processus Faire vivre jusqu'au bout les " expériences inachevées en prenant contact avec les émotions, pensées, images qui leur
:;:
"•
3::
thérapeutique sont reliées ; compléter le " cycle de satisfaction des besoins ...
Remettre l'individu au contact de ses propres besoins et exigences.
:=:
Amener le sujet à développer sa capacité d'être conscient de tous les aspects de son expérience " ici et maintenant '» et :j
-1
d'être plus pleinement lui-même dans des situations interpersonnelles qui auparavant auraient abouti à des distorsions ou c
0
rétrécissement de la conscience. ,..,,
0
Accepter et intégrer les " polarités " en soi. ,..,,
V>
,..,,,
n
Techniques Deux types de techniques :
thérapeutiques - Exercices : utilisés pour provoquer des émotions déterminées chez le sujet ; 0
r
- Expériences : émergent de la relation patient-thérapeute, déterminantes pour un vrai apprentissage expérimental. ,..,,
Vl
Exemples :
- Techniques de focalisation de la conscience et de l'attention sur l'expérience " ici et maintenant " ;
- Techniques de mise en scène des parties de soi jusqu'alors désavouées ou ignorées (psychodrame, chaise vide) ;
- Techniques corporelles.
Attitudes du Authentique, ouvert, respectueux, égalitaire ; actif, ni enseignant ni expert, utilise la frustration autant que le soutien,
thérapeute privilégie le faire par rapport au dire.
Privilégie la cc-implication active dans l'ici et maintenant et l'exploration des plus petites sensations vécues.
N
Mieux suivi par les patients ayant une certaine capacité verbale, intuitive et réflexive, de culture occidentale, de moyenne à .......
.......
Caractéristiques
du patient haute classe sociale, aimant jouer avec leur imaginaire.
Le niveau de souffrance doit être suffisamment élevé pour créer une motivation.
IV
'-J
CX>
Psychothérapies cognitivo-comportementales
Étiopathogénie Les difficultés du patient sont dues à des comportements perturbés ou inadaptés acquis lors d'apprentissages
défectueux (approche comportementale).
Le patient est perturbé parce qu'il possède des croyances erronées. Celles-ci le conduisent à des attentes
inadéquates vis-à-vis de lui-même, des autres, ou du monde, et donc il vit l'échec ou le malheur (approche
cognitive).
Processus thérapeutique Ce qui a été acquis par des apprentissages défaillants peut être modifié par l'application des principes de
l'apprentissage (approche comportementale).
Les croyances erronées peuvent être abandonnées ou modifiées et des plus positives ou réalistes acquises
(approche cognitive).
Techniques thérapeutiques - Comportementales : désensibilisation systématique, affirmation de soi, techniques utilisant le conditionnement
opérant ;
- Cognitives : remise en cause des croyances irrationnelles, analyse développementale des structures m
r
V>
cognitives.
)>
CD
V>
Attitudes du thérapeute Actif et directif, mais dans une relation de collaboration, où le patient choisit quel comportement changer et le m
V>
thérapeute choisit et apprend au patient les moyens du changement.
CJ
m
Caractéristiques du patient Toute classe socio-économique et tout groupe ethnique ; le patient doit être motivé au changement et prêt à r-
)>
collaborer aux tâches proposées. .,,
V>
Capacités verbales bien moins nécessaires pour les psychothérapies comportementales mais capacités
�
verbales et cognitives nécessaires pour les psychothérapies cognitives. ::i:
0
.....
::i:
m.
�
.,,
;:;:;
2:
Tableau 24. L'orientation systémique. -<
G)
"'"
Psychothérapies systémiques
�
-<
Étiopatho- Les problèmes d'un individu proviennent de son impossibilité de croissance personnelle au sein de sa famille, qui le maintient 0
2:
génie dans un rôle, entrave l'expression de son individualité ou de certaines de ses émotions, et l'empêche de métacommuniquer sur rn
-<
cet état de fait. rn.
L'individu est pris dans un réseau de conflits intrafamiliaux, d'alliances, de loyautés, de collusions, et des modalités de p
n
rn
-<
communication dysfonctionnelles (paradoxales, floues ... ) au sein de sous-systèmes (conjugaux, intergénérationnels, fratrie)
caractérisés par des modes d'interactions rigides et des règles implicites. <;;
:;::
Processus Restructurer et réorganiser le système familial par une action sur les relations entre les membres de la famille, en modifiant les rn
�
n
thérapeutique règles qui commandent ces dernières.
Apprendre aux membres de la famille à communiquer. rn
)>.
Faire découvrir de nouvelles façons d'envisager les relations et les solutions possibles aux problèmes.
Augmenter les possibilités de créativité du système en créant un contexte qui élargisse sa manière de penser et donc ses :;;:
possibilités de choix. :;::
c
-<
r-
"'
thérapeutiques (grounding). )>
V>
Relaxation, visualisations, méditation. ni
V>
0
Attitudes Fonction de guide actif qui oriente continuellement le patient : utilise beaucoup le transfert et le contre-transfert. ni
.....
du thérapeute Observe les résistances à la détente ; stimule l'attention et la conscience ; donne des instructions et des conseils. )>
"'
V>
-<
Caractéristiques Personnes qui ont des difficultés à libérer leurs émotions, bloquées par l'anxiété, qui ont perdu contact avec leur propre
corps. n
::i:
du patient
Accessible à tous, ne demandant pas de capacités de verbalisation particulière ni de niveau culturel élevé : le patient doit 0
-i
seulement s'impliquer dans le travail thérapeutique avec honnêteté, responsabilité et volonté de changer ; il doit être ::i:
ni-
réellement motivé.
Patient sans graves troubles psychiques, états anxieux ou névrotiques engendrés par des problèmes existentiels. �
"'
Le travail corporel peut cependant faciliter le contact avec certains psychotiques. ;;:;
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 281
'i5
Les résultats les plus récents suggèrent en outre, de renoncer à l ' idée
..
selon laquelle les cas légers et les phobies simples sont pour la thérapie
Q.
comportementale, les cas complexes et graves pour la psychanalyse .
L'opinion selon laquelle les conflits interpersonnels et intrapsychiques,
ainsi que les relations problématiques avec les personnes importantes
de l'enfance seraient accessibles à l a seule psychanalyse, mais hors de
portée de la thérapie comportementale, doit être contredite non seulement
286 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Q U E LQ U E S REPÈRES P O U R C O NC EVOI R
U N E I N D ICAT I O N I NVENTIVE
Nous vous proposons ici quelques notions.
Nous nous inspirons des travaux d' auteurs comme Golfried ( 1 980,
1982, 1 983, 1 995, 1 998), Prochaska et Diclemente ( 1 992, 1 998), et
Stiles ( J 986, 1 990, 1 992), pour l'élaboration d' une stratégie permettant
d' indiquer préférentiellement certaines techniques ou certains facteurs
communs selon les stades de la thérapie.
De nombreux auteurs ont identifié des opérations thérapeutiques
communes à tous traitements. Par exemple, il semble que les thérapeutes
humanistes, comportementalistes et psychanalytiques utilisent les tech
niques de reflet, d'interprétation, de confrontation, de réassurance et
d'encouragement (Lecomte et Castonguay, 1 987). Mais, au-delà des
techniques, ce sont les stratégies et heuristiques générales qui nous
intéressent ici.
En 1 950, Fiedler a montré une plus grande ressemblance entre des
experts thérapeutes appartenant à des écoles différentes mais de même
niveau d'antériorité dans la pratique qu'entre de jeunes thérapeutes
inexpérimentés appartenant à une même école. Selon Fiedler, le nombre
d' heures de travail thérapeutique rendait les thérapeutes semblables entre
eux, parce que leur expérience les portait à sélectionner les interventions
qui s' avéraient les plus efficaces. Les conclusions de cet auteur influen
cèrent certaines des recherches portant sur les « soubassements de la
psychothérapie » (Wachtel, 1977), dans lesquelles furent mises à jour
des règles informelles, non dites, mais cliniquement efficaces, suivies
par tous les thérapeutes considérés comme des experts en la matière.
Goldfried ( 1 980) a beaucoup étudié ces règles informelles. Il a
suggéré qu'un consensus pourrait être atteint en se focalisant à un
niveau d'abstraction se situant entre le niveau de la théorie et celui
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 287
(----- i-�Jt----J
- •
----.-
Théorie Variables
Stratégies
et principes Identiques
cliniques
Méthodes d'application
et techniques Variables
spécifiques
1 . Pré-intention
a) expression - actualisation
2. Intention b) lâcher prise
c) abréaction
d) intégration - prise de conscience
3. Action
e) redécision
f) restructuration
4. Maintien
1 . Nous parlons ici de névrose car la fluidité, la finesse et l'étendue des processus
engagés au cours d'une séance ne s'envisagent dans toute leur intensité qu'avec les
patients névrotiques.
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 295
D E S C O N C E PTS INTÉGRATI FS
santé mentale, pour qu'ils sachent jouer leur rôle « d'orientateur psy
chologique ». Comme le souligne Miermont (2000), chaque démarche
sera d'autant plus adaptée, dans sa cohésion méthodologique, qu'elle
aura à traiter des patients qui disposent de ressources suffisantes en
dehors de son domaine de pertinence. Ainsi, la psychanalyse est
d'autant plus efficiente que le patient arrive par lui-même à objectiver
la réalité interne et externe et à faire des plans et des projets (ne
serait-ce que celui d'envisager une psychanalyse sur plusieurs années).
Il a la capacité à virtualiser et concrétiser ce qui est réalisable sans
atteindre des coûts exorbitants. Les thérapies humanistes s' adressent
plutôt aux patients qui ne présentent pas de blocages fantasmatiques.
Les thérapies cognitivo-comportementales sont d' autant plus appro
priées qu'elles s'adressent à des personnes qui savent où sont leurs
désirs et leurs projets vitaux. Les thérapies systémiques semblent
particulièrement adaptées pour des personnes capables de réorganiser
leurs relations sur un plan subjectif et objectif, pour peu que la
création de contextes nouveaux permette la mise en œuvre de projets
viables. Par contre, toujours selon Miermont (2000), les formes
complexes de troubles mentaux (psychoses, maltraitance, troubles
des conduites alimentaires, toxicomanies, etc.) posent des problèmes
méthodologiques et théoriques nouveaux qui nécessitent le recours à
des modélisations supposées être a priori incompatibles entre elles
(nous pensons, pour notre part, que cette dernière démarche est aussi
nécessaire et bénéfique pour les autres troubles psychologiques).
2. L 'éclectisme technique en psychothérapie se réfère à la combinaison
de méthodes cliniques. Il consiste à sélectionner des procédures
provenant de différents systèmes de psychothérapie, sur la base de
l'efficacité démontrée de chacune d'entre elles. Le clinicien peut être
amené à utiliser diverses techniques sur le plan clinique sans néces
sairement adopter les orientations théoriques qui les sous-tendent.
c:
"'
3. l 'éclectisme d 'attitude renvoie à la notion de « psychothérapeute
caméléon », capable de changer d' attitude pour trouver la plus adé
quate en fonction de la problématique, de la personnalité et du
niveau de développement de son patient. l i existe trois grandes
façons d'envisager la problématique de l'intégration : la première
constitue l'intégration théorique, qui cherche à développer une théorie
unitaire de la psychothérapie ; la seconde consiste à rechercher des
points communs aux différentes écoles, et repose sur l 'hypothèse
générale voulant que ces éventuels points communs représentent
des « phénomènes de base » puisqu'ils se manifestent en dépit des
positions théoriques propres à chaque école de pensée ; quant à la
300 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
clair ici qu'une théorie intégrative possède de grands avantages sur les
autres (voir la théorie des relations d'objets internalisés). Hochman
( 1 989) souligne aussi l ' importance de l' investissement libidinal de la
théorie (une théorie par laquelle on se sent personnellement concerné),
ce plaisir trouvé à la manipuler, à s'en imprégner, à l ' utiliser de manière
adéquate, qui serait absolument indispensable à tout travail psychothéra
pique. Nous pensons que ce plaisir est en effet bénéfique s ' il ne se fait
pas aux dépens de la réalité du patient, s'il se constitue en plaisir de la
découverte partagée. et non pas en activité masturbatoire du thérapeute.
En outre, il est nécessaire de garder en permanence à l'esprit le caractère
de fiction toujours incomplet de toute théorie.
Il s'agit ainsi, comme l ' a décrit Pagès ( 1 993), de maintenir, dans
l'activité clinique, une tension paradoxale entre deux extrêmes :
• d'une part l 'expérience d'être aux frontières de soi-même, à la ren
contre de l' autre, celle de l'écoute, de la découverte, de l 'ouverture, de
l' imprévu, de l 'instant ;
• d'autre part, l'expérience d'une grande activité de pensée, où les
repères théoriques sont disponibles et affluent librement pour éclairer
la situation présente et suggérer l'utilisation de techniques déjà bien
connues. Il ne s'agit pas d'ailleurs forcément d'une pensée construite
et formulable, mais plutôt souvent d'une utilisation fluide, mais très
active, des connaissances disponibles, et de leur mise en rapport avec
l'écoute du patient.
1 . Pour qu'un thérapeute ait à sa disposition la plus large gamme d'histoires alternatives,
il faut à la fois qu'il connaisse et qu'il s'affranchisse du plus grand nombre de théories
et de façon de raconter des histoires possibles. Mais de tels recadrages théoriques »
«
ne sont pas aussi pertinents que ceux trouvés - créés par le patient dans le cadre de la
thérapie.
304 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Tout comme l'eau n'a pas de forme définie, l'art de la guerre n'a pas de
règles fixes. Un génie de la guerre est quelqu'un qui combat et gagne en
s'adaptant aux changements de son ennemi.
Une bonne stratégie est aussi changeante que les cinq éléments : le métal,
le bois, la terre, l'eau et le feu. Aucun d'eux n'est jamais totalement
dominant.
Elle est comme la succession des saisons, toujours en mouvement.
Elle est comme les jours, tantôt longs, tantôt courts.
Comme la lune, tantôt pleine, tantôt juste un croissant.
Il n'y a pas de règles fixes pour une bonne stratégie. Elle doit être aussi
changeante que l'eau qui s'accorde aux mouvements du sol. Il n'y a pas
non plus de règle d'or pour la manœuvre des troupes. Évitez toujours
les puissants et attaquez les faibles. Soyez toujours prêts à changer de
slralégie en fonction des changements de votre ennemi. »
TECHNIQUE
RELATION PATIENT
« Nous ne nous demandons pas que faire avec ce patient ou quelle est
la technique applicable par ce thérapeute avec ce patient, mais nous
observons une situation relationnelle entre le thérapeute et le patient, nous
prenons en considération l'ensemble des deux partenaires. Et nous nous
plaçons face à l 'alternative suivante : que se passerait-il si le thérapeute
faisait ou disait cela et que se passerait-il s'il ne faisait ou ne disait pas
cela ? ».
Autoritaire e Égalitaire
e
Directif (processus orienté par le
Non directif (processus juste stimulé)
thérapeute)
e
Direct (la manœuvre de changement Indirect (la manœuvre de changement
est ouvertement annoncée) n'est pas ouvertement annoncée)
e
Interprétatif (élabore l'information Éducatif (apporte une information
venant de l'intérieur) extérieure)
Frustrant e Nourrissant
e
Sans implication (utilise surtout le canal Très impliqué (implique son corps et/ou
" cognitif verbal, analytique)
•., ses émotions, sa personne)
e
N'utilise pas les manifestations
Utilise le transfert et le contre-transfert
transféro-contre- transferentielles
e
Reste " en arrière .. (reste au niveau Va " en avant " (va plus loin que ce que
de ce qu'exprime, sait, ou dit le patient) le patient fait, exprime, ou ressent)
e
Spontané (exprime spontanément des
Non spontané
affects et opinions)
e
Animé (niveau de base élevé
Non anime
d'affectivité et de mobilisation du corps)
e
Cherche à aider le patient a mieux se Ne cherche pas à aider le patient a
contrôler mieux se contrôler
e
Cherche à modifier le comportement Cherche à modifier l'expérience interne
externe (dont l'adaptation) (dont l'insight)
Focalise sur ce qui émerge en séance e Explore ce qui se passe hors séance
Tout d' abord, soulignons bien que les dimensions proposées sont
toutes potentiellement soignantes : aucune d'elles n'est bonne ou mau
vaise en soi, elles ne s' avèrent bénéfiques qu 'employées de manière
adéquate à la situation. Cependant, les réactions contre-transférentielles
inadéquates, de type 2, peuvent aussi, bien entendu, se manifester à tra
vers ces attitudes. Nous n'avons pas abordé ici les attitudes correspondant
au maniement technique du contre-transfert, différent selon les écoles :
elles seront exposées plus loin.
C'est en reconnaissant ces différentes dimensions et en les acceptant
toutes pour soi, en tant que thérapeute (accepter de les ressentir ou de les
expérimenter), que l'on devient plus conscient de leur apparition, de leur
312 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
potentiel thérapeutique, et qu'on peut alors choisir de les utiliser à des fins
thérapeutiques. Certains thérapeutes, par exemple, ont du mal à accepter,
et donc utiliser, la tendance « directive » alors que d'autres, au contraire,
ont du mal à recourir à la « non-directivité ». Ce faisant, chacun se prive
(et prive son patient) de possibilité d'interventions plus particulièrement
inhérentes à l'une ou l'autre des attitudes. En effet, chacune d' entre elles
(directivité, non-directivité) implique plus ou moins certaines techniques
d'intervention : le fait de choisir l' attitude adéquate à un moment donné
de la relation thérapeutique permet alors à ces techniques de surgir avec
naturel, au bon moment et à bon escient, à partir du répertoire technique
éclectique que le thérapeute aura patiemment forgé (cf la métaphore du
« thérapeute comme combattant » ci-dessus)
Dans cette optique, presque aucune attitude ne s' impose d'une manière
exclusive ou absolue, y compris le fait d'être empathique et chaleureux,
qui peut ne pas convenir aux besoins relationnels spécifiques de certains
patients (comme par exemple les patients méfiants et soupçonneux : Kolb
et coll., 1985).
Les seules attitudes qui ne se situent pas le long d'une dimen
sion et qui sont indispensables et universelles semblent être celles de
l' écoute adéquate, au sens où nous l'avons défini précédemment : elle
est imprégnée du respect et de l' intérêt pour le patient, protège son
narcissisme, se refuse à le manipuler et se soucie d'être suffisamment
souple pour s 'adapter à un contexte personnel variable. Dans le même
sens, notons-le incidemment, les passages à l' acte de nature sexuelle
ou agressive sont, bien évidemment, proscrits. Il peut paraître superflu,
voire surprenant d'évoquer cette dimension éthique de l'écoute, mais une
actualité récente et persistante, malheureusement, le justifie comme en
témoignent plusieurs publications (notamment Doucet, 1 992, 1 996).
En résumé, et pour toutes les attitudes possibles décrites ci-dessus :
- toutes peuvent être valables si elles sont utilisées en situation ;
- nous ne suggérons pas d'échelle de valeur ;
- il est indispensable pour un thérapeute d'être à l'aise dans ces modes
d'intervention et de pouvoir passer souplement de l'un à l' autre ;
- ces attitudes ne sont pas exclusives les unes par rapport aux autres.
à l 'épreuve une forme de lien qui n'a pas besoin d'être interprété, analysé,
ou dénoué. Le lien se résout de lui-même.
La dimension de l 'érotisme et de la tendresse nous semble fondamen
tale car elle reconnaît une pratique qui n'est pas exclusivement basée sur
la théorie freudienne de la libido et sur la notion de désir, et contient en
elle la problématique du besoin. Citons encore une fois Ginger ( 1995) qui
souligne que Freud et les psychanalystes se sont surtout intéressés à trois
orifices du corps humain (la bouche, l'anus, et le sexe) tandis que Perls et
les gestaltistes traitent avec celui de nos sens qui occupe la plus grande
surface de notre corps, la peau et le toucher. Et cet auteur de rappeler
les expériences de Kshler sur les singes nouveau-nés, montrant que ces
derniers recherchaient davantage le contact de la peau et la chaleur du
corps que Je lait de leur mère. D'une manière plus générale, la tendresse
est une nourriture fondamentale, malheureusement peu prise en compte
dans la littérature psychothérapique (Delourme, 1 997).
La centration sur l 'expression verbale porte une attention exclusive
au langage, correspond au niveau « sémiotique » qui intéresse toutes les
questions de représentation et de signification, et amène nécessairement
à minimiser ou même ignorer un second niveau, dit des phénomènes
énergétiques (ou économiques). Celui-ci est pris en compte dans une
approche centrée sur l'expression non verbale : ici la posture, la gestua
lité, la voix, le regard, la respiration sont des moyens de communication
privilégiés entre Je patient et l e thérapeute.
Dans la centration sur la verbalisation, le patient est invité seulement à
dire, alors que dans la centration sur la mise en action, il est encouragé à
agir son vécu ou les situations qu'il évoque au sein du cadre thérapeutique
(comme dans le psychodrame, le jeu de rôle, la Gestalttherapie).
Le thérapeute peut prendre une position basse ou, à l'opposé, une
position haute. Chaque fois qu'une personne tente de persuader autrui,
dans une situation spécifique, qu'elle ne sait pas, qu'elle ne peut pas,
"'
"
qu'elle ne comprend pas, elle se met en position basse, autrement
dit elle prend un profil bas. En termes de communication, la position
basse est la plus solide, la plus efficace et la plus puissante. Il s'agit
là, paradoxalement, d'une position de pouvoir (Malarewicz, 1 996).
À l ' inverse, la position haute est celle de la personne qui cherche à
persuader l ' autre, toujours dans une situation spécifique, qu'elle sait
mieux, qu'elle peut mieux, qu'elle comprend mieux. En d' autres termes,
elle veut démontrer qu'elle est la plus forte et la plus puissante. Là encore,
dans un contexte communicationnel, cette position est celle de la fragilité,
de la dépendance à autrui, selon la fameuse dialectique du maître et de
316 LES BASES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Exercice
Pour mieux illustrer notre propos nous allons vous demander de penser
à un patient que vous suivez actuellement en psychothérapie.
Évaluez votre relation thérapeutique présente en fonction de ces diffé
rentes dimensions. Demandez-vous alors pourquoi vous vous situez ainsi
avec ce patient-là. S'agit-il d'une décision consciente ou inconsciente de
votre part ? S'agit-il d'une décision initiale personnelle ou bien d'une
réaction à votre patient ? Qu'est-ce qui vous a poussé ou guidé dans
l'adoption de certaines attitudes ? Auxquelles caractéristiques de la
situation, de la thérapie, du patient, avez-vous réagi ou lesquelles avez
vous jugé importantes pour développer cette attitude ? Quels avantages
possède-t-elle dans la situation présente ?
Le but de ce questionnement, surtout s'il devient une habitude,
consiste à devenir de plus en plus conscient des différentes nuances,
possibilités et évolutions de la relation, afin de pouvoir choisir consciem
ment ce qui convient le mieux au patient, ou, tout au moins, vise à être
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 317
e
Sait à l'avance ce qu'il va faire Ne sait pas à l'avance ce qu'il va faire
e
Reste " en arrière " Va " en avant " (attachement sûr)
Prévisible e Imprévisible
e
Interventions verbales Interventions non-verbales
e
Accent sur le symptôme Accent sur l'insight
(externalisateurs) (faible niveau d'externalisation)
Cherche à stimuler émotionnellement Cherche à réguler émotionnellement
(internalisateurs) e (Ego faible, borderline, psychotique)
(Ego fort, névrotique)
Focalise sur ce qui émerge en séance e Explore ce qui se passe hors séance
INTÉGRATION ET ÉCLECTISME FACE À LA MULTITUDE DES ÉCOLES 321
Une fois que le clinicien est vraiment conscient de son style personnel
caractéristique, il peut l' assouplir. Par exemple, si son style relationnel
est moyennement animé, s'il adopte habituellement un langage corporel
spontané, utilise volontiers l' humour, il devra être prêt, lorsqu' il est en
face d'un patient paranoïde, à atténuer toutes ces attitudes pour recourir,
initialement au moins, à un style plus « froid » avec lequel ces patients
semblent plus à l'aise. De même, s'il préfère habituellement adopter
une attitude « interprétative-passive », il lui faudra parfois accepter d'en
endosser une de nature plus « confrontante-active » lorsqu' il aura à
prendre en charge un patient psychopathe (Vaillant, 1 975).
Lazarus ( 1 998) propose de porter une attention particulière à trois
items de l' inventaire biographique multimodal qu'il fait passer à chacun
de ses patients :
1 . Dites en quelques mots sur quoi va porter la thérapie.
2. Combien de temps pensez-vous qu'elle puisse durer ?
3. Quelles sont les qualités personnelles du thérapeute idéal ?
c
Réduit le niveau immédiat de Augmente le niveau immédiat
:i souffrance ou de stress d'activation
1. Épancher les sentiments 1 . Confronter
2. Rassurer 2. Planifier des rencontres avec des
3. Relaxer et distraire " autres significatifs ,.
4. Refléter les sentiments 3. Utiliser le dialogue sur les deux chaises
"'
5. Conseiller et enseigner
pour les relations non abouties
4. Utiliser des fantaisies orientées
6. Utiliser l'hypnose et provoquer des
images plaisantes 5. Analyser le transfert et les défenses
IMPLICATIONS POUR
L'ENSEIGNEMENT I
DE LA PSYCHOTHERAPIE
1 . À cet égard, nous recommandons vivement la lecture des ouvrages suivants : Dodson,
Tout se joue avant 6 ans. le père et son enfant ; Bradshaw, Retrouver / 'enfant en soi.
Notons au passage que les besoins développementaux dont i l est question peuvent être
de nature très variable. Ainsi, il est bien sûr important de savoir qu'entre 3 et 6 ans la
rivalité sexuelle vis-à-vis du parent de même sexe et I' « idylle familiale » fantasmée par
l'enfant, vont provoquer ce que d'autres appellent le complexe d'Oedipe. Simplement,
ce phénomène restera inclus dans un modèle général du développement de l 'enfant,
reconnaissant bien d'autres besoins (amour, affection, reconnaissance, protection, mise
en sens, etc .. ). Ainsi, la reconnaissance de la rivalité œdipienne ne conduira cependant
pas à un modèle pan-sexuel du psychisme.
IMPLICATIONS POUR L'ENSEIGNEMENT DE LA PSYCHOTHÉRAPIE 339
André ( 1 996), dans une petite brochure très intelligente, a ainsi précisé,
à l' usage des médecins général istes, des critères d'indications pour
différents types de psychothérapies, en fonction des caractéristiques
personnelles des patients déprimés qui pouvaient être amenés à les
consulter. Ce n' est qu'un début et il y aurait besoin d'une réflexion
approfondie et de conférences de consensus entre experts de l'approche
intégrative et éclectique, pour réaliser un tel système d'indications, qui
soit véritablement cohérent et autant que possible complet.
Comme Delisle ( 1 990) le souligne bien, il serait assez consternant que
tout client doive se soumettre à une démarche de dix rencontres ou d'une
durée de cinq ans et plus, simplement en raison du fait que Je thérapeute
qu'il pratique la thérapie brève, la gestalt, la PNL ou la psychanalyse.
Avant d'être des psychothérapeutes plus ou moins spécialisés, nous
devons être des professionnels de la santé mentale, capables de poser
un diagnostic et de choisir le traitement pour un client et une situation
donnée, et si nécessaire de 1 'orienter vers les praticiens des techniques
appropriées si nous ne voulons ou ne pouvons pas offrir ce traitement.
En tout cas, nous conclurons par les propos de Lazarus ( 1 990), pour
qui il est urgent de mettre un terme à la situation suivante :
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« puriste ». 269
c:
" Figure 14 Les niveaux d 'abstraction décrivant le processus
ô.
psychothérapeutique. 288
Figure 1 5 Détail des étapes de la phase d'action . 294
1 Figure 1 6 Interactions entre la relation établie, les
"8
c: techniques psychothérapeutiques employées, et
les caractéristiques singulières du patient. 308
LISTE DES TABLEAUX
A - mixte 30
- neutre 30
abréaction 1 3 , 214, 29 l , 295
- permissive 49
accordage affectif 32
activation émotionnelle 22, 26, 1 1 2, 158,
1 74 B
alliance
- aidante 62
BASIC fD 110, 1 26, 127, 129, 155, 159
bioénergie 270
- de travail 62, 63, 1 39
borderli ne
- thérapeutique 1 3, 2 1 , 24, 59, 63,
88 - organisation 142
attitude 105
- antithérapeutique 107
- contre défensive 93 c
- contre-transférentielle 106
catharsis 1 3, 293, 296, 31 8
- de congruence 328
- empathique 328 - émotionnelle 1 75, 285
D. U. de psychothérapie Voir Formation empathie 22, 34, 35, 59, 6 1 , 63, 65, 70,
approche des - 300 insight 13, 14, 26, 45, 55, 56, 1 14, 1 1 8,
étude des - 336 146, 1 69, 175, 1 94, 2 1 3 , 2 1 8, 274,
290, 293, 3 1 8, 329, 339
facteurs communs aux psychothérapies
1 , 1 2, 23, 24, 27, 28, 57, 64, 1 57, intégration 1 3, 296, 298
158, 1 84, 2 1 4, 270, 273, 282, 286, - d'expérience thérapeutique 292
287, 289, 292, 293 - personnelle 291
facteurs curatifs communs 23-25, 145 - théorique 298, 299, 301
facteurs non spécifiques 2 1 , 24, 64, 340 phase d'- 295
facteurs spécifiques 1 3, 23, 64, 333 problématique d'- 299
fenêtre de Johati 1 59, 1 62, 1 66
intégration- théorique 300
fonction d'orientation 341
internalisation 3 1 8
formation à la psychothérapie 2, 3 3 1 ,
- d'expérience vécue 89
335
- de transmutation 92
- des messages négatifs 1 59
G stratégie d'- 3 1 7
L p
Lazarus 34, 1 26 paradoxal(e)
locus de contrôle 50, 201 accent - 20
but- 207
M injonction - 1 2
accroître la - 24, 26, 158, 1 9 8 psychanalyse 14, 17, 48, 1 32, 175, 262,
facteur d e - 63 266, 273 , 285, 299, 326, 327, 33 1 ,
334, 337, 342
hypothèse de - 220
manque de - 37, 44 psychodynamique 2 1 6
méthode - 290
N psychothérapie - 1 8, 30, 57, 149,
2 1 3, 270
neutralité 3 1 3, 3 1 4
psychose 143
névrose 54, 100, 142
- de transfert 307, 327 psychothérapeute
Imprimerie Nouvelle
45800 Saint-Jean de Braye
N° dlmprimeur : 430952V
Dépôt légal : avril 2010
Imprimé en France
PSYCHOTH É RAPI ES • PSYCHANALYSE
• PSYCHOTHtRAPIES
HUMANISTES
• THtRAPIES
COMPORTEMENTALES
ET COGNITIVES
01 ivier Chambon
LES BASES 3
e
édition
DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Approche intégrative et éclectique
est psychiatre,
répertoriées, comment en retirer la q u i ntessence ? com psychothérapeute,
ment reconnaître les ingrédients de base uti l es et i n d is ancien chef de clinique
des universités, ancien
pensables ? et surtout, comment les intégrer et les adapter psychiatre des hôpitaux.
au cas particu l ier de chaque patient ? Il exerce actuellement en
libéral à Lyon.
C'est pour répondre à ces questions essentiel les que cet
MICHEL MARIE-CARDIN
ouvrage identifie et décrit de façon détaillée et pédago E
est psychiatre consultan
gique les principales techniques et attitudes permettant t'
psychothérapeute,
de favoriser le changement psychologique issues des professeur des universit
és'
médecin honoraire
écoles majeures de la psychothérapie.
des hôpitaux.
L'essentiel du livre déta i l le, avec de nombreux exemples
c l i niques et tableaux de synthèse, les applications tech
niques des facteurs communs des psychothérapies indi
viduelles ambulatoires de patients non psychotiques.
Particu 1 ièrement représentatif du processus d'i ntégration
et d'éclectisme, ce livre constitue une base de connais
sance et de réflexion i n d ispensable pour tout psycho
thérapeute en formation ou confirmé quelle que soit son
école. Il donnera également à un p u b l i c non spécial isé
une vision précise des mécanismes de guérison psychi
que présents au cours d'une psychothérapie.
Cette troisième édition largement revue par l'auteur,
comporte notamment un nouveau chapitre important
consacré à la psychothérapie transpersonnelle par la
pratique des états modifiés de conscience.
JJJl11
6904700
ISBN 978-2-10-054594-0