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Psychologie française 58 (2013) 107–121

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Article original

Estime de soi, soutien social perçu, stratégies de coping,


et usage de produits psychoactifs à l’adolescence
Self-esteem, perceived social support, coping style and psychoactive
substance use during adolescence
G. Dorard a,1,∗, C. Bungener a,2, S. Berthoz b,c,3
a
EA 4057, laboratoire de psychopathologie et processus de santé, IUPDP, université Paris Descartes, institut Henri-Piéron, 71, avenue
Édouard-Vaillant, 92100 Boulogne-Billancourt, France
b
Inserm U669 PSIGIAM, universités Paris Descartes et Paris-Sud, Cochin-maison des adolescents, 97, boulevard du Port-Royal,
75014 Paris, France
c
Département de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte, Institut Mutualiste Montsouris, 42, boulevard Jourdan, 75674 Paris
cedex 14, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : L’estime de soi, le soutien social perçu et les stratégies de


Reçu le 30 mars 2012 coping jouent un rôle adaptatif majeur dans le fonctionne-
Accepté le 13 janvier 2013 ment psychologique, en permettant l’ajustement de l’individu à
l’environnement. L’adolescence est une phase du développement
Mots clés : humain, initiée physiologiquement par la survenue de la puberté,
Adolescence
qui s’accompagne de multiples remaniements tant sur les plans
Coping
physique, psychologique que social. Ces bouleversements majeurs
Estime de soi
Soutien social perçu
font de l’adolescence une période à haut risque pour l’émergence
Substances psychoactives de comportements potentiellement dommageables, tels que les
usages de produits psychoactifs. Au regard de ces risques, des
dimensions telles que l’estime de soi, le soutien social perçu et les
stratégies de coping, pourraient donc être considérées comme des
facteurs de protection. Dans cet article de revue de la littérature,
l’estime de soi, le soutien social perçu et les stratégies de coping font

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : geraldine.dorard@parisdescartes.fr (G. Dorard).
1
Docteur en psychologie, maître de conférences à l’université Paris Descartes. Ses axes de recherche portent sur l’adolescence,
les émotions, les addictions (substances et troubles des conduites alimentaires) et les déterminants familiaux.
2
Docteur en psychologie, professeur de psychopathologie à l’université Paris Descartes. Ses recherches portent sur la psy-
chopathologie de l’adulte, ainsi que sur les troubles émotionnels et adaptatifs dans les maladies chroniques.
3
Docteur en neurosciences, chargée de recherche (CR) dans l’unité Inserm PSIGIAM (U669). Ses recherches portent sur
l’identification de marqueurs psychologiques, cognitifs et neurobiologiques de la régulation émotionnelle normale et patholo-
gique.

0033-2984/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de psychologie.
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2013.01.003
108 G. Dorard et al. / Psychologie française 58 (2013) 107–121

successivement l’objet d’une présentation théorique et développe-


mentale, axée sur l’adolescence. Les implications de ces dimensions
dans le fonctionnement psychologique sont également évoquées,
et l’accent est porté sur les études empiriques ayant investigués
les liens entre ces aspects fondamentaux du fonctionnement et
les usages de produits psychoactifs à l’adolescence. Ce travail de
revue a permis de souligner à quel point les dimensions psy-
chologiques telles que l’estime de soi, les stratégies de coping et
soutien social perçu sont centrales pour la définition du fonction-
nement d’un individu. Leur altération est associée à de nombreux
dysfonctionnements, particulièrement en ce qui concerne la régu-
lation émotionnelle, la gestion des relations interpersonnelles mais
également l’usage de produits psychoactifs. Malgré des résultats
hétérogènes et des conclusions parfois toujours en débat, ce constat
en fait des facteurs clés, à la fois en termes de prévention, mais
également de ciblage du choix des programmes d’interventions
thérapeutiques.
© 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française
de psychologie.

a b s t r a c t

Keywords: Self-esteem, coping strategies and perceived social support play a


Adolescence role in the adaptive functioning of human being: they allow the
Coping style adjustment of the subject to his/her environment. These dimen-
Perceived social support sions could be protective factors regarding multiple risks associated
Self-esteem
with adolescent development, and particularly substance use. Thus
Psychoactive substance use
the objective of this review was threefold: to expose a definition
of self-esteem, perceived social support and coping strategies; to
present the impact of each of these psychological dimensions on
the adolescent’s functioning; to synthesize the results of empi-
rical studies on the correspondence between these psychological
dimensions and substance use, with a specific emphasize on ado-
lescence. The explicative models concerning these various results
are exposed and discussed. A lack of individual and interpersonal
resources may appear during adolescence and early adulthood and
may contribute to the development or maintenance of substance
use during this period of development. However, causal explana-
tions are still unclear for numerous associations. In line with the
limits that have been discussed in the new field of developmental
neurosciences, future studies investigating the implication of self-
esteem, coping strategies and perceived social support in substance
abuse should take into account the level of pubertal development
and gender effect.
© 2013 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of Société
française de psychologie.

1. Introduction

Chaque publication des données épidémiologiques relatives à la consommation de produits psy-


choactifs nous rappelle l’enjeu que représentent ces usages en termes de santé publique, notamment
chez les jeunes (Beck, Guignard, Richard, Tovar, & Spilka, 2011). Effectivement, l’adolescence repré-
sente une période critique au regard du développement des conduites addictives (Catry, Marcelli,
& Gervais, 2006). Cette sensibilité accrue à l’adoption de conduites à risque peut être mise en lien
avec les enjeux développementaux majeurs de l’adolescence, en termes notamment de réaménage-
ment du fonctionnement psychologique (Jeammet & Braconnier, 2012). En effet, cette période du
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développement est particulièrement riche en remaniements et se voit marquée par une réactivité
émotionnelle accrue, que certaines données récentes des neurosciences nous permettent de considé-
rer comme « automatique », du fait de l’immaturité des structures cérébrales permettant notamment
l’adaptation et la gestion de la prise de risque (Pfeifer & Blakemore, 2012). Cette supériorité de
« l’émotion » sur la « raison » qui caractérise ainsi le fonctionnement de l’adolescent le rend parti-
culièrement sensible au déploiement des usages problématiques de produits psychoactifs. À cette
immaturité cérébrale fonctionnelle s’ajoute la massivité des enjeux identitaires qui caractérisent cette
période du développement, entretenue par la nécessité de s’ajuster à la redistribution des modalités
d’interaction sociale (Blakemore, 2008 ; Steinberg, 2008). Face à la survenue de ces changements,
apparaissant parfois brutalement, l’adolescent va devoir s’adapter.
Sur le plan du fonctionnement psychologique, tout au long de l’existence, l’estime de soi, les
stratégies de coping et le soutien social perçu jouent un rôle adaptatif dans le fonctionnement psy-
chologique, en permettant l’ajustement de l’individu à l’environnement (Robins & Trzesniewski,
2005). Ces dimensions pourraient donc être considérées comme des facteurs de protection au regard
des risques multiples liés au développement adolescent, et notamment des usages de produits
psychoactifs.
Dans cette revue de la littérature, chaque dimension fera successivement l’objet d’une synthèse
théorique présentant une définition et une approche développementale axée sur l’adolescence. Les
implications de ces dimensions dans le fonctionnement psychologique seront également évoquées, et
l’accent sera porté sur les études empiriques ayant investigué les liens entre ces aspects fondamentaux
du fonctionnement et les usages de produits psychoactifs à l’adolescence.

2. L’estime de soi

2.1. Approche théorique

L’estime de soi correspond au sentiment plus ou moins favorable que chaque individu éprouve
à l’égard de lui-même, la considération et le respect qu’il se porte et le sentiment qu’il se fait de sa
propre valeur en tant que personne (Rosenberg, 1979). L’estime de soi est généralement considérée
comme la composante évaluative et affective du concept de soi. Cette dimension doit être comprise
comme reflétant la perception que le sujet a de lui-même plutôt que le reflet fidèle de la réalité.
Elle est en effet constituée des croyances du sujet sur lui-même et comprend quatre dimensions :
le sentiment de sécurité et de confiance, la connaissance de soi, le sentiment d’appartenance à un
groupe et le sentiment de compétence. Rosenberg (1965) a souligné l’importance des performances
sociales, du mérite personnel, et de l’apparence physique comme composantes de l’estime de soi. Aussi,
l’étude de l’estime de soi vise à évaluer dans quelle mesure les croyances des sujets sur eux-mêmes
vont influencer leur réalité. Cette appréciation, positive ou négative, repose sur le système de valeurs
personnelles qu’a l’individu ou sur des normes extérieures introjectées au cours de l’enfance. Elle serait
produit de la cohésion entre les aspirations et les succès de l’individu (Bouvard, Michel, & Payet, 1999 ;
Harter, 1999). Selon Rosenberg, une estime de soi élevée est un indicateur d’acceptation, de tolérance,
de satisfaction personnelle et de respect à l’égard de soi-même. Concernant le respect, Rosenberg
différencie le respect inconditionnel et le respect conditionnel. Le respect inconditionnel induit que
le sujet se respecte en tant qu’être humain, indépendamment de ses qualités ou accomplissements.
En revanche, le respect conditionnel suppose une congruence entre les standards de compétences,
les normes morales de l’individu et les sentiments d’accomplissement personnel en regard de ces
normes. Selon Rosenberg, l’absence d’un respect conditionnel différencie le sujet ayant une estime de
soi élevée et celui ayant une faible estime de soi.
Deux conceptions de l’estime de soi, reprenant des perspectives théoriques distinctes coexistent
dans la littérature. Selon certains, l’estime de soi peut être globale, s’inscrivant alors dans un modèle
unidimensionnel (Coopersmith, 1967 ; Rosenberg, 1979). D’autres (Byrne, 1984 ; Harter, 1999 ; Marsh,
1990), tout en retenant la notion d’estime de soi globale, ont développé des modèles multidimension-
nels d’estime de soi, c’est-à-dire comprenant différentes facettes (e.g., estime de soi sociale, estime
de soi physique) renvoyant à plusieurs domaines, organisés et structurés de manière hiérarchique,
fonctionnant de manière relativement indépendante les unes des autres (e.g., compétence scolaire,
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acceptation sociale, compétence athlétique, attrait dans les relations amoureuses). L’influence des suc-
cès ou échecs sur l’estime de soi sera différente selon l’importance accordée par le sujet au domaine
considéré (André & Lelord, 1999 ; Harter, 1999 ; Marsh, 1990 ; Rosenberg, Schooler, Schoenbach, &
Rosenberg, 1995).

2.2. Estime de soi et adolescence

La question de la nature « constitutionnelle » ou « environnementale » de l’estime de soi est tou-


jours débattue (Raevuori et al., 2007). La méta-analyse réalisée par Trzesniewski, Donnellan, et Robins
(2003) a permis de conclure à la relative stabilité de cette dimension. Cependant, récemment l’étude
longitudinale de Birkeland, Melkevik, Holsen, et Wold (2012) conduite auprès de 1083 adolescents
suédois a confirmé que le niveau moyen d’estime de soi était relativement stable mais augmentait
lentement et progressivement entre 14 et 23 ans. Toutefois, des fluctuations de l’estime de soi dans un
sens négatif peuvent être observées chez certains au cours de l’adolescence, avec l’observation d’une
trajectoire en U chez 7 % de l’échantillon. McClure, Tanski, Kingsbury, Gerrard, et Sargent (2010) ont
également rapporté des prévalences plus élevées d’adolescents avec une estime de soi basse parmi les
participants les plus âgés de leur étude.
Ces changements dans la manière dont l’adolescent se caractérise seraient en partie dus à la crois-
sance des potentialités cognitives, permettant à l’adolescent de se percevoir d’une manière beaucoup
plus sophistiquée et mieux organisée (Pfeifer & Blakemore, 2012). Ces modifications ont également
été attribuées aux modifications de l’image corporelle, aux autres problèmes inhérents à la puberté,
ainsi qu’à l’émergence de la capacité à envisager le futur, et à la transition scolaire engendrant de
nouveaux défis sociaux (Robins & Trzesniewski, 2005). Effectivement, l’autonomie et le sentiment de
responsabilité sont associés à une meilleure estime de soi et de ses compétences dans de nombreux
domaines, notamment concernant la qualité des interactions sociales (Baumeister, Campbell, Krueger,
& Vohs, 2003). Pour illustration, les individus ayant une estime de soi élevée se disent particulière-
ment populaires, auraient tendance à davantage initier de nouveaux contacts sociaux et à évaluer
leurs relations d’amitié comme étant de meilleure qualité que les individus ayant une faible estime
d’eux-mêmes (Keefe & Berndt, 1996 ; Lakey, Tardiff, & Drew, 1994). Inversement, les sujets ayant une
faible estime d’eux-mêmes rapportent plus d’interactions sociales négatives et moins de soutien social
que les sujets ayant une estime d’eux-mêmes élevée (Lakey et al., 1994).
L’estime de soi se stabiliserait chez les adolescents plus âgés et au début de l’âge adulte, ce qui
suggère que les sentiments de l’adolescent sur lui-même se consolident au fil du développement
et deviennent moins sensibles à ses différentes expériences, notamment sur le plan des interac-
tions sociales (Birkeland et al., 2012 ; Brown, Mounts, Lamborn, & Steinberg, 1993 ; Steinberg, 2005).
Cependant, certains auteurs, tout en reconnaissant le caractère relativement stable de l’estime de soi,
considèrent que cette dimension s’inscrit dans un processus dynamique, et serait donc susceptible
de se modifier au cours de la vie (Rosenberg, 1979). La récente étude de cohorte de Orth, Robins,
et Widaman (2012) est venue confirmer empiriquement cette dynamique en démontrant, sur une
large échelle de temps, la trajectoire curvilinéaire de l’estime de soi qui augmenterait de l’adolescence
au milieu de l’âge adulte, atteindrait un pic vers 50 ans, puis décroîtrait progressivement au fil du
vieillissement.
Les fluctuations de l’estime de soi à l’adolescence seraient également liées au genre masculin et
féminin. Bien que les garçons et les filles rapportent des niveaux similaires d’estime de soi au cours
de l’enfance (Guillon & Crocq, 2004), des divergences apparaissent lors du déclin de l’estime de soi à
l’adolescence : les garçons auraient en effet, une meilleure estime de soi globale que les filles (Bolognini,
Plancherel, Bettschart, & Halfon, 1996 ; Chabrol, Duconge, Roura, & Casas, 2004 ; Kling, Hyde, Showers,
& Buswell, 1999 ; Robins & Trzesniewski, 2005 ; Steinberg, 2005 ; McClure et al., 2010). En plus du
genre, les résultats de l’étude de McClure et al. (2010) conduite auprès de 6522 adolescents américains
suggèrent également que l’origine ethnique pourrait avoir une influence significative sur les niveaux
d’estime de soi au cours du développement. Ce résultat souligne une fois encore la nécessité de clarifier
la nature « trait » ou « état » de l’estime de soi. Concernant ce débat, l’étude de Orth et al. (2012) a mis
en évidence que l’estime de soi a un effet significatif sur divers facteurs de vie investigués (réussite
professionnelle, satisfaction au travail et dans les relations, santé, affectivité positive et négative), mais
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ne rapporte pas d’effet réciproque de ces facteurs sur l’estime de soi. Ce résultat tendrait à confirmer
la nature constitutionnelle de l’estime de soi. Toutefois, cette conclusion demande à être répliquée
dans de futures études compte tenu des limites méthodologiques de l’étude.

2.3. Estime de soi et consommation de substances psychoactives

L’estime de soi a une fonction adaptative et protectrice pour l’individu (Harter, 1999), et une faible
estime de soi affecterait profondément la capacité à s’adapter au changement (Modrain-Talbott, Pullen,
Zandstra, Ehrenberger et Muenchen, 1998). Les déficits de l’estime de soi représenteraient l’une des
sources majeures de souffrance psychologique, et constitueraient un facteur déterminant dans les
demandes de prise en charge psychothérapeutiques. De plus, l’étiologie et le maintien de nombreuses
difficultés psychologiques seraient étroitement liés à des problèmes d’estime de soi (André & Lelord,
1999).
Cette association entre l’estime de soi et la santé mentale a été démontrée par de nombreuses études
empiriques (Vallière & Vallerand, 1990), sans que les associations causales soient incontestablement
établies.
Par exemple, il est admis qu’une faible estime de soi constitue l’un des symptômes de la dépression
et de l’anxiété chez l’adolescent (Vallière & Vallerand, 1990 ; Winters, Myers, & Proud, 2002). Cepen-
dant, les associations causales entre ces dimensions ne sont pas claires. Harter (1999) a rapporté que
pour la moitié des adolescents, une faible estime de soi conduirait au développement de la dépression
tandis que pour l’autre moitié, il semblerait que les symptômes dépressifs conduisent à la diminution
de l’estime de soi. Ces résultats hétérogènes ne nous semblent pas pour autant contradictoires. Il est
en effet tout à fait probable qu’un déficit d’estime de soi fragilise l’adolescent en le rendant plus vul-
nérable au développement d’une symptomatologie anxiodépressive, et que chez d’autres adolescents,
l’affectivité négative précipite une diminution de l’estime de soi.
Des associations hétérogènes sont également rapportées entre l’estime de soi et les conduites
de consommation de substances psychoactives à l’adolescence. Les mécanismes précis par le biais
desquels une faible estime de soi serait associée à une augmentation de l’usage de drogues ne sont pas
totalement connus. Certains théoriciens ont suggéré différentes possibilités : l’augmentation de l’usage
d’alcool et de drogues favoriserait l’insertion dans certains groupes sociaux (Oetting, Donnermeyer, &
Deffenbacher, 1998), ou aiderait le sujet à contrer les émotions négatives suscitées par les expériences
de rejet ou la dépression (Leary, Schereindorfer, & Haupt, 1995). Bien que les liens causaux restent
toujours discutés, les résultats de trois études suggèrent toutefois que l’altération de l’estime de soi
précéderait l’initiation de la consommation de tabac (Abernathy, Massad, & Romano-Dwyer, 1995 ;
Fergusson, Lynskey, & Horwood, 1995 ; Laure, Binsinger, Friser, Ambard, & Girault, 2005). Les résultats
de deux études indiquent également qu’une faible estime de soi serait un prédicteur plus important
de la consommation de tabac chez les filles (Abernathy et al., 1995 ; Lewis, Harrell, Bradley, & Deng,
2001).
Cependant, plusieurs études ont démontré qu’une faible estime de soi globale n’était pas signifi-
cativement associée à la consommation de tabac et d’alcool chez les adolescents (Hill, Shen, Lowers,
& Locke, 2000 ; McGee & Williams, 2000 ; Poikolainen, Tuulio-Henrikksson, Aalto-Setälä, Marttunen,
& Lönnqvist, 2001), et que les scores à cette dimension ne différaient pas significativement entre les
consommateurs et les non-consommateurs de ces deux substances (Greenberg, Lewis, Dodd et al.,
1999 ; Modrain-Talbott et al., 1998).
Inversement, d’autres études ont rapporté un lien entre une faible estime de soi et la consommation
de substances psychoactives (Andrew & Duncan, 1997 ; Jackson, Henriksen, Dickinson, & Levine, 1997 ;
Pederson, Koval, McGrady, & Tyas, 1998 ; Taylor & Del Pilar, 1992 ; Walitzer & Sher, 1996 ; Wasson &
Anderson, 1995). L’étude de Kassel, Wardle, et Roberts (2007), conduite auprès de 212 jeunes étudiants,
a notamment montré qu’une faible estime de soi était associée aux fréquences de consommation de
tabac et de cannabis, mais pas à celle de l’alcool. Dans l’étude d’Andrews et Duncan (1997), l’estime
de soi prédisait faiblement l’usage de cannabis chez les adolescents.
Par ailleurs, certains chercheurs ont suggéré qu’une estime de soi élevée pourrait constituer un
facteur de vulnérabilité au regard de la consommation de drogues et d’alcool (Gerrard, Gibbons, Reis-
Bergan, & Russell, 2000). Cette association s’expliquerait en partie par le fait que les individus ayant
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une haute estime d’eux-mêmes auraient tendance à interpréter et à comprendre les événements de
manière biaisée dans le but de conforter l’image positive qu’ils ont d’eux-mêmes (Baumeister et al.,
2003). Il a été également avancé que le fait d’avoir une estime de soi élevée conduirait à minimiser
la perception de sa propre vulnérabilité au regard des consommations de substances (Gerrard et al.,
2000). Selon Emler (2001), une haute estime de soi conduirait en effet à une tendance plus marquée à
prendre des risques sur le plan physique, ce qui pourrait expliquer les résultats des études rapportant
un lien entre l’estime de soi et les consommations de substances. Plusieurs études empiriques ont
notamment démontré que les adolescents présentant une estime de soi élevée étaient plus enclins à
expérimenter l’alcool (Scheier, Botvin, Griffin, & Diaz, 2000), et présentaient des fréquences de consom-
mation plus importantes (Glendinning & Inglis, 1999) que les adolescents avec une faible estime de
soi. Ces associations peuvent être en partie dues au fait que les adolescents ayant une bonne estime
d’eux-mêmes sont plus populaires, et évoluent dans des réseaux sociaux dans lesquels la consomma-
tion d’alcool est fréquente. Les seules études sur cette dimension chez des adolescents dépendants au
cannabis s’intéressent à la prise en charge et soulignent qu’une faible estime de soi serait un facteur
prédictif négatif de l’issue du traitement chez ces sujets (Flory, Lynam, Milich, Leukefeld, & Clayton,
2004 ; Ramo, Anderson, Tate, & Brown, 2005).
De plus, malgré l’importance de la dimension sociale, à la fois dans la définition même de l’estime de
soi, mais également dans les motivations avancées par les usagers pour justifier leurs usages, aucune
publication étudiant spécifiquement la composante sociale de l’estime de soi chez des consommateurs
de substances psychoactives n’a été recensée dans la littérature.

3. Le soutien social perçu

L’étude des stratégies d’ajustement ou « coping » permet d’aborder les réactions au stress non par
l’analyse des événements auxquels l’individu est confronté (stresseurs), mais par la manière dont le
sujet va gérer la situation (réponse). D’un point de vue théorique, nous avons choisi de distinguer les
stratégies de coping faisant référence aux ressources personnelles de l’individu, et le soutien social
perçu, parfois envisagé comme une stratégie de coping, mais faisant appel aux ressources externes du
sujet, ce qui en fait une stratégie dépendante du contexte environnemental.

3.1. Approche théorique

Parmi les ressources dont dispose un individu pour faire face à un événement éprouvant, on dis-
tingue classiquement ses ressources personnelles (contrôle, auto-efficacité, compétence, etc.) et ses
ressources sociales (Bruchon-Schweitzer, Rascle, Cousson-Gélie, Bidan-Fortier, Sifakis, & Constant,
2003). Le soutien social correspond à ce second type de ressources mobilisables par un individu pour
s’ajuster aux difficultés qu’il rencontre. En effet, un soutien social perçu comme disponible (ou comme
satisfaisant) devrait encourager l’individu à adopter des stratégies d’approche et d’affrontement face
aux événements stressants. Selon ces auteurs, un soutien social important est associé à l’utilisation de
davantage de stratégies actives (centrées sur le problème) et moins de stratégies passives (centrées
sur l’émotion). Thoits (1995) a également montré que la perception d’un soutien social satisfaisant
était associée à l’adoption de stratégies de coping plus « efficaces ».
Le concept de soutien social comprend trois notions différentes. La première, d’origine sociologique,
est le réseau social qui correspond au nombre de relations sociales qu’un individu a établi avec autrui,
à la fréquence des contacts sociaux effectifs avec ces personnes et à l’intensité de ces liens (Barrera,
1986). Cette première notion décrit le degré relatif d’intégration sociale ou d’isolement d’un individu
et fait référence à l’aspect structurel du soutien.
La seconde notion est celle de soutien social reçu qui correspond à l’aspect fonctionnel du sou-
tien. Il s’agit de l’aide effective apportée à un individu par son entourage. Selon House (1981), le
soutien social reçu comprend quatre aspects distincts : le soutien émotionnel, le soutien d’estime,
le soutien informatif et le soutien matériel. Enfin, la troisième notion est celle de soutien social
perçu, qui renvoie à un modèle psychologique. Le soutien social perçu est envisagé comme étant
l’indicateur le plus pertinent de l’adéquation du soutien par rapport aux attentes et aux besoins
d’un individu. Il renvoie à la manière dont l’individu perçoit subjectivement l’aide d’autrui et à la
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satisfaction ressentie du fait de ce soutien (Bruchon-Schweitzer et al., 2003). Dans cette perspec-
tive, le soutien social ne désigne pas une caractéristique objective des relations sociales du sujet,
mais la perception subjective par ce sujet des transactions avec son environnement. Cette conception
du soutien social est sous-tendue par deux dimensions : la disponibilité, qui renvoie à la percep-
tion que certaines personnes de l’entourage seront susceptibles d’apporter une aide quelle qu’elle
soit (i.e., information, écoute, réconfort émotionnel, aide matérielle) si le besoin se manifestait, la
seconde dimension étant la satisfaction qui renvoie à la perception qu’a le sujet de l’aspect quali-
tatif du soutien potentiellement obtenu. Cependant, un soutien social perçu comme satisfaisant ne
renvoie pas uniquement à la qualité des relations, mais également à l’adéquation perçue entre sou-
tien possiblement reçu, et les attentes et besoins de l’individu (Sarason, Levine, Basham, & Sarason,
1983). Ainsi, la disponibilité et la satisfaction en regard du soutien social perçu sont conceptuelle-
ment distinctes. Il est donc possible d’être satisfait malgré une absence ou un nombre réduit de
personnes perçues comme étayantes, et à l’inverse d’être insatisfait malgré un réseau social perçu
comme disponible important mais non étayant. Gentry et Kobasa (1984) considèrent en particulier
que le fait que la satisfaction en regard du soutien possiblement obtenu constitue une impor-
tante ressource psychologique, puisqu’elle renvoie à la perception qu’à un individu de la qualité
de ses relations interpersonnelles. Ainsi, le réseau social ne serait pas en lui-même un facteur de
protection. En revanche, le fait que l’individu perçoive certaines de ses connexions sociales suffi-
samment intimes pour apporter compréhension et empathie dans les moments critiques de son
existence serait un facteur contribuant à l’équilibre émotionnel. Toutefois, sur le plan empirique,
ces deux dimensions sont positivement corrélées (Bruchon-Schweitzer et al., 2003), ce qui signifie
qu’un réseau minimal est nécessaire pour en être satisfait. Certains auteurs considèrent le sou-
tien social comme une stratégie de coping (Vitaliano, Russo, Carr, Maiuro, & Becker, 1985), mais
selon Lazarus et Folkman (1984), le soutien social précède les stratégies de coping et affecte leur
élaboration.

3.2. Soutien social et adolescence

Le soutien social perçu exercerait un effet « tampon », modérant les réactions neurologiques et
physiologiques associées aux événements stressants, notamment sociaux (Eisenberger, Taylor, Gable,
Hilmert, & Lieberman, 2007). Le soutien social favoriserait également le développement et l’adaptation
sociale des adolescents (Dumont & Provost, 1999 ; Weigel, Devereux, Leigh, & Ballard-Reisch, 1998).
Le fait de se sentir soutenu, protégé, encouragé ou aimé renforcerait certaines ressources perçues (i.e.,
contrôle, auto-efficacité, sentiment d’identité, estime de soi) (Thoits, 1995).
En réduisant les effets négatifs (physiologiques et psychologiques) des événements de vie stres-
sants, le soutien social contribuerait significativement à réduire le risque de présenter un certain
nombre de troubles psychiatriques, et aurait un effet protecteur sur les comportements suicidaires
(Houle, Mishara, & Chagnon, 2005). À l’adolescence, il a été démontré que le soutien social serait
protecteur par rapport à la dépression et à la détresse psychologique (Thoits, 1995 ; Wills & Cleary,
1995, 1996 ; Yarcheski, Mahon, & Yarcheski, 2001), à l’estime de soi (Dumont & Provost, 1999),
au sentiment d’efficacité personnelle (Pierce, Frone, Russel, Cooper, & Mudar, 2000), aux perfor-
mances scolaires (Richman, Rosenfeld, & Bowen, 1998) et aux comportements délinquants (Malecki &
Demaray, 2003).

3.3. Soutien social perçu et consommation de produits psychoactifs

Compte tenu de la contribution importante du soutien social perçu au fonctionnement adaptatif,


on peut s’attendre à ce que les individus soient moins enclins à s’orienter vers des stratégies de coping
inadaptées, comme l’abus de substances, s’ils ont un soutien social adéquat.
Cette hypothèse théorique a été validée sur le plan empirique. Il a été en effet démontré que
des déficits dans le soutien social perçu pourraient directement augmenter le risque d’initiation de
consommation de substances (Windle, 1992).
À l’adolescence, le soutien provenant des pairs augmente, mais le soutien provenant des parents
reste cependant important, sinon primordial durant cette période (Helsen, Vollebergh, & Meeus, 2000 ;
114 G. Dorard et al. / Psychologie française 58 (2013) 107–121

Measelle, Stice, & Springer, 2006). Il a été suggéré que ces deux sources de soutien (parents et pairs)
pourraient être associées différemment aux troubles internalisés et externalisés (Helsen et al., 2000).
Par exemple, Aseltine, Gore, et Colten (1998) ont rapporté que les relations positives avec les amis
étaient associées à des niveaux plus bas de dépression, mais corrélées positivement à l’abus de sub-
stances. Dans le modèle développé par Wills et Cleary (1996) et Wills, Sandy, Yaeger, Cleary, et Shinar
(2001), le déficit de soutien social perçu de la part de la famille serait la variable la plus pertinente
pour rendre compte de la dépendance chez les adolescents. D’autres auteurs ont également souligné
que le manque de soutien social perçu, le sentiment de rejet et de détachement des parents étaient
des facteurs augmentant le risque de dépendance chez l’adolescent (Barrera & Garrison-Jones, 1992 ;
Beitchman, Adlaf, Atkinson, Douglas, Massak, & Kenaszchuk, 2005 ; Measelle et al., 2006). Cependant,
les résultats de l’étude longitudinale de Beitchman et al. (2005), réalisée auprès de 264 adolescents
âgés de 19 ans lors de l’évaluation finale (évaluation initiale à l’âge de 5 ans), suggèrent que le rôle du
soutien familial dans l’abus de substances serait spécifique aux abus de substances associés à un autre
trouble psychiatrique. En effet, les jeunes qui étaient seulement abuseurs de substances ne différaient
pas significativement des jeunes non abuseurs sur le plan du fonctionnement familial et du soutien
social. En revanche les abuseurs présentant une comorbidité psychiatrique associée différaient signi-
ficativement sur ces deux dimensions. Siqueira, Diab, Bodian et Rolnitzky (2001) rapportent moins de
soutien parental chez les adolescents simples expérimentateurs ou usagers réguliers de cannabis que
chez les adolescents non usagers. Les résultats de Piko (2000) indiquent par ailleurs que seul un faible
soutien perçu de la part du père augmenterait les risques d’abus de tous les types de substances, mais
aucune relation n’est rapportée en ce qui concerne les liens entre un faible soutien perçu maternel et
l’abus de substances chez les adolescents.
Plusieurs explications sont avancées pour rendre compte des associations rapportées entre un
faible soutien social perçu parental et l’abus de substances à l’adolescence. Des déficits dans le soutien
parental pourraient générer des perturbations dans le processus identificatoire aux parents, ce qui
pourrait entraver l’intégration des normes parentales, incluant les interdictions d’usage des substances
psychoactives (Wills et al., 2001). De plus, le fait que les parents assurent peu de soutien social à leur
adolescent, pouvant ainsi traduire des déficits dans les pratiques parentales, pourraient augmenter
les risques pour l’adolescent de s’affilier avec des pairs consommateurs de substances qui, cela a été
démontré, constitue un facteur de risque pour l’initiation de l’abus de substances (Chassin, Presson,
Sherman, & Kim, 2003 ; Ellickson, Martino, & Collins, 2004). Windle (1992) a proposé deux arguments
pour rendre compte de l’effet du soutien parental déficient (mais non des pairs) dans la prédiction
des problèmes d’abus de substances. Tout d’abord, les parents apporteraient quantitativement plus
de soutien, mais surtout des soutiens plus diversifiés que les pairs (e.g., émotionnel, logistique, etc.).
De plus, les adolescents seraient plus affectés par les déficits de soutien parental qui est permanent,
comparativement au soutien des pairs, qui fluctue beaucoup du fait de l’instabilité des réseaux d’amis
à cet âge (Collins & Laursen, 2004).

4. Les stratégies de coping

4.1. La théorie du coping

Le concept de coping désigne l’ensemble des processus cognitifs et comportementaux qu’un sujet
interpose entre lui et un événement perçu comme menaçant, dans le but de maîtriser, réduire, ou tolé-
rer l’impact de celui-ci sur son bien-être physique et psychologique (Folkman & Lazarus, 1988 ; Lazarus
& Folkman, 1984). Le terme « coping » implique un affrontement actif et conscient des situations et
représente un aspect important des processus plus généraux d’autorégulation, et plus particulière-
ment de la régulation émotionnelle en réponse à des circonstances ou des événements stressants
(Compas, Connor-Smith, Saltzman, Harding Thomsen, & Wadsworth, 2001).
Depuis le modèle princeps, dérivé du modèle transactionnel du stress de Lazarus et Folkman (1984),
différents modèles de coping ont fait l’objet de développements théoriques et empiriques (Billing &
Moos, 1981 ; Endler & Parker, 1994 ; Stanton, Kirk, Cameron, & Danoff-Burg, 2000a ; Vitaliano et al.,
1985 ; Chabrol & Callahan, 2004). Au sein de cette diversité de modèles, deux grands types de stratégies
G. Dorard et al. / Psychologie française 58 (2013) 107–121 115

apparaissent comme des invariants : les stratégies centrées sur le problème et celles centrées sur
l’émotion.
Les stratégies centrées sur le problème correspondent aux tentatives cognitives et comporte-
mentales pour contrôler ou modifier la situation, et agissent indirectement sur l’émotion du fait
de l’atténuation ou de l’élimination du stresseur. Elles comprennent deux dimensions plus spéci-
fiques : la résolution de problème (i.e., la recherche d’informations, l’élaboration d’un plan d’action) et
l’affrontement de la situation (i.e., efforts et actions directes pour affronter le problème). Les stra-
tégies centrées sur l’émotion correspondent aux tentatives du sujet pour contrôler, diminuer ou
modifier la tension émotionnelle induite par l’exposition à l’événement sans agir sur ce dernier.
Elles comprennent des mécanismes tels que la pensée magique, la réévaluation positive ou encore
l’expression des émotions et la recherche de soutien émotionnel (Stanton, Danoff-Burg, Cameron, &
Ellis, 1994).
En plus de ces deux types de stratégies d’ajustement, Endler et Parker (1994) considèrent que
l’évitement constitue également un style de coping majeur. Le coping centré sur l’évitement compren-
drait deux sous-stratégies : la distraction (le fait de s’engager dans des activités indépendantes de la
situation stressante) et la diversion sociale (le fait de rechercher la compagnie d’autres personnes).
Selon certains (Chabrol & Callahan, 2004), il n’y aurait pas de stratégie de coping efficace en elle-
même, indépendamment des caractéristiques des individus (cognitives, conatives) et de celles des
situations affrontées (gravité, contrôlabilité, durée). Toutefois, plusieurs études empiriques ont sug-
géré que les stratégies de coping centrées sur le problème étaient plus bénéfiques pour l’individu que
les autres types de stratégies (Endler & Parker, 1994). Globalement, plus il y aurait d’efforts investis
dans les processus de coping, plus les stratégies seraient efficaces (Wills & Hirky, 1996). Ces stra-
tégies sont en effet associées négativement à la dépression et l’anxiété (Bolger, 1990 ; Courbasson,
Endler, & Kocovski, 2002 ; Felton & Revenson, 1984 ; Terry, 1994). Les stratégies centrées sur l’émotion
et l’évitement exacerberaient la situation problématique, et seraient associées à des issues dys-
fonctionnelles à la fois sur les plans émotionnel et somatique (Bolger, 1990 ; Felton & Revenson,
1984 ; Terry, 1994). Il a été également mis en évidence que le coping évitant favoriserait la sur-
venue de symptômes anxieux et dépressifs, alors que le coping centré sur le problème aurait un
effet protecteur en regard de l’affectivité négative (Stewart, Betson, Lam, Marshall, Lee, & Wong,
1997).
Stanton et al. (1994, 2000a, b) contestent cette suprématie accordée aux stratégies d’ajustement
centrées sur le problème. En effet, en s’appuyant sur les théories fonctionnalistes, ces auteurs
expliquent que la capacité de comprendre et d’accepter ses propres émotions et celles d’autrui s’avère
particulièrement utile dans l’adaptation de l’individu. Selon eux, la confusion provient de l’ambiguïté
dans la formulation de certains items dans les échelles de coping (i.e., confusion entre détresse et
psychopathologie, et émotion) (Stanton et al., 1994, 2000a, b).

4.2. Coping et adolescence

Dès 1988, Folkman et Lazarus suggéraient que les processus de coping seraient fortement influen-
cés par le contexte situationnel, puisque le stress résulte d’une transaction entre l’individu et
l’environnement. Cependant, le recours préférentiel aux différentes stratégies de coping serait une
dimension relativement stable chez les sujets. Compas et al. (2001) ont toutefois souligné que les trans-
formations développementales de l’adolescence pouvaient contribuer à modifier les styles de coping.
En effet, au cours de l’adolescence, les processus de coping se moduleraient en fonction des expériences
du sujet, et seraient notamment influencés par l’émergence des nouvelles capacités de régulation
cognitives et comportementales (Compas et al., 2001 ; Garcia, 2010). Cette évolution concernerait
plus particulièrement les stratégies centrées sur l’émotion qui augmentent en fréquence au cours de
l’adolescence, alors que les stratégies centrées sur le problème restent stables (Compas et al., 2001).
Certains auteurs ont suggéré que ces différences pourraient être liées à la modification de la nature
des stresseurs rencontrés (Chabrol & Callahan, 2004 ; Garcia, 2010). En effet, le stress psychosocial
représenterait un facteur de risque psychopathologique majeur plus particulièrement à l’adolescence,
et la manière dont l’adolescent va faire face à ce stress constituerait un modérateur important de cet
impact sur son adaptation actuelle et future (Compas et al., 2001). Dans leur ensemble, les études
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chez l’adolescent démontrent que le style de coping centré sur l’émotion est associé à davantage de
symptômes internalisés (e.g., dépression, anxiété, somatisation), et qu’un style de coping centré sur le
problème est associé à moins de troubles externalisés (e.g., troubles de conduites, addiction) (Compas
et al., 2001).

4.3. Coping et consommation de substances psychoactives

Selon le modèle de Lazarus et Folkman (1984), les deux types principaux de coping (problème et
émotion) seraient protecteurs au regard des usages de substances : le coping centré sur le problème en
réduisant le niveau de problème généré par le stress, et le coping centré sur l’émotion en réduisant le
niveau de détresse émotionnelle. Cette assomption a depuis été infirmée par les résultats de diverses
études empiriques.
Les addictions sont conceptualisées selon diverses approches théoriques (i.e., modèle biologique,
modèle psychologique) et l’approche cognitivo-comportementale suggère que les addictions peuvent
être comprises en termes d’apprentissage. Cette perspective théorique postule que les sujets dépen-
dants aux substances psychoactives auraient développé des stratégies de coping inefficaces pour faire
face au stress (Lyden Murphy & Khantzian, 1995). Selon cette approche, ces stratégies de coping inadap-
tées contribueraient au développement d’une dépendance qui constituerait alors une réponse générale
d’ajustement au stress. Par ailleurs, il a été montré que plus le sujet associerait des fonctions de coping
à son usage de substances, plus il serait vulnérable à un usage intensif de ces produits (Wills & Cleary,
1995 ; Hyman & Sinha, 2009). La compensation d’un manque de compétence dans la gestion du stress
a également été considérée comme un facteur pouvant favoriser la consommation de cannabis (Gerra,
Zaimovic, Rizzi, Timpano, Zambelli, & Ventimiglia, 1999 ; Reynaud, 2005).
De la littérature se dégagent trois fonctions de coping possible de l’usage de substances psychoac-
tives (Wills & Cleary, 1995, 1996 ; Wills & Hirky, 1996).
Tout d’abord, la substance agit directement sur la régulation émotionnelle du fait de la modifi-
cation de l’état affectif qu’elle induit. Cette fonction renvoie par exemple au modèle de la réduction
des tensions élaboré pour l’alcool. La substance serait utilisée afin de réduire les affects négatifs, et
d’augmenter les affects positifs. Cette fonction de la substance serait dose-dépendante (Wills & Cleary,
1995 ; Wills & Hirky, 1996). La tolérance au stress constituerait donc un facteur de risque majeur pour la
consommation de substances psychoactives. Les consommateurs de cannabis rapportent notamment
augmenter leur consommation dans les périodes de détresse (Kaplan, Martin, Johnson, & Robbins,
1986). De plus, la relaxation et la recherche de l’apaisement des tensions est l’une des motivations
les plus fréquemment avancées par les consommateurs de cannabis (Hathaway, 2003 ; Reilly, Didcott,
Swift, & Hall, 1998).
La deuxième fonction de coping de l’usage de substances est la distraction. En effet par le biais de
processus physiologiques, l’attention est provisoirement détournée des problèmes rencontrés par le
sujet (Wills & Cleary, 1995 ; Wills & Hirky, 1996).
Enfin, toujours du fait des mécanismes biochimiques, certaines substances peuvent être utilisées
dans le but de « doper » les performances de l’individu. Cette troisième fonction est bien documentée
pour le tabac (Compas et al., 2001).
Il a été en effet démontré que le coping centré sur le problème serait un facteur protecteur notam-
ment en termes d’initiation et de rechute, alors que le coping évitant serait associé à une augmentation
des quantités consommées ainsi qu’à un accroissement des conséquences négatives liées à la consom-
mation d’alcool (Wills & Hirky, 1996). Une étude menée auprès de 2158 adolescents (Kaplan et al.,
1986) a également montré qu’un style de coping évitant était significativement associé à une escalade
de l’usage de cannabis.
Inversement, les individus dépendants alcooliques utilisant exclusivement des stratégies de
coping centrées sur le problème, consommeraient plus d’alcool lors des jours de consommation
que les dépendants alcooliques utilisant peu ce type de stratégie (Breslin, Hayward, & Baum,
1995).
L’étude longitudinale récente d’une cohorte suisse a mis en évidence une variabilité de la significa-
tivité des prédicteurs selon l’âge, puisque le coping évitant était retrouvé comme prédicteur significatif
d’un usage problématique de substances au milieu de l’adolescence, mais ne l’était plus quatre ans
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plus tard (Steinhausen, Eschmann, & Metzke, 2007). Aucune association significative n’était rapportée
avec un style de coping actif.

5. Conclusion

Ce travail de revue a permis de souligner à quel point les dimensions psychologiques telles que
l’estime de soi, soutien social perçu et les stratégies de coping sont centrales pour la définition du
fonctionnement d’un individu. Leur altération est associée à de nombreux dysfonctionnements, parti-
culièrement en ce qui concerne la régulation émotionnelle et la gestion des relations interpersonnelles.
Nous avons vu par exemple que des modifications de l’estime de soi (augmentation ou diminution)
s’accompagnent habituellement de réactions émotionnelles importantes. Ce constat en fait des fac-
teurs clés, à la fois en termes de prévention, mais également de ciblage du choix des programmes
d’interventions thérapeutiques.
Nous avons également pu constater une grande variabilité des résultats des études en ce qui
concerne les correspondances établies entre ces dimensions psychologiques et les usages de pro-
duits psychoactifs à l’adolescence. Ces résultats hétérogènes, voire parfois contradictoires, peuvent
être expliqués par différents facteurs, notamment l’utilisation de mesures très variables, parfois non
spécifiques, renvoyant à des modèles théoriques ou empiriques distincts. Cette hétérogénéité doit
également être mise en perspective avec les niveaux de consommation de substances. En effet, selon
que l’on considère l’expérimentation, l’usage simple ou régulier, l’abus ou encore la dépendance, les
effets observés diffèrent. Cette remarque est également vraie selon les substances considérées. Ainsi,
certaines dimensions constituent des facteurs de vulnérabilité à un usage intensif pour certaines sub-
stances, mais pas pour d’autres. Ces deux constats nous conduisent à une conclusion plus générale
selon laquelle une approche dimensionnelle précise de l’évaluation des consommations est la plus
susceptible de nous apporter des informations fiables quant aux usages de produits chez les adoles-
cents, notamment pour leur mise en lien avec d’éventuels facteurs prédictifs ou facteurs de risque
de nature psychologique. Aussi, l’évaluation des usages des produits psychoactifs devrait privilé-
gier le recueil d’indicateurs spécifiques tels que le nombre de jours d’usage par mois et le nombre
d’unités de produit consommées par jour d’usage. En effet, ce type d’indicateurs permet d’obtenir
une représentation claire de l’éventuelle hétérogénéité des profils d’usage au sein d’une même entité
diagnostique (e.g., abuseurs vs dépendants). Dans la lignée de ce constat, il nous apparaît que l’étude
des consommations problématiques de substances psychoactives à l’adolescence est indissociable
d’une approche développementale, prenant en compte l’âge des patients. Toutefois les récents déve-
loppements des neurosciences soulignent l’importance de prendre en considération non seulement
l’âge « chronologique », mais également le stade de développement pubertaire qui permettrait de
rendre compte du réel niveau de maturation psycho-neuro-physiologique de l’adolescent (Pfeifer &
Blakemore, 2012).
Par ailleurs, certaines études ont souligné d’importantes variabilités selon le genre des sujets. Par
exemple, le fait de solliciter le soutien d’autrui serait plus conforme aux rôles sociaux féminins, et il a
été démontré que le soutien social perçu serait plus élevé chez les femmes (Bruchon-Schweitzer et al.,
2003). Il a également été rapporté que les femmes utiliseraient davantage de stratégies de coping émo-
tionnelles dans les situations stressantes, et moins de réponses centrées sur le problème. Les femmes
présenteraient aussi une tendance plus importante que les hommes à éviter les informations pouvant
générer un stress (Miller & Kirsch, 1987). Ces variabilités observées liées au genre sont rapportées
chez l’adulte. Aussi il nous semble important que cette variable soit également prise en compte dans
les méthodologies de futures études, notamment pour préciser les interactions éventuelles avec le
niveau de maturation de l’adolescent.
Ce travail de revue de littérature repose sur une sélection de trois dimensions psychologiques qui
nous sont apparues pertinentes pour tenter d’éclairer les éventuels mécanismes de développement et
de maintien de l’usage de produits psychoactifs à l’adolescence. Cependant, d’autres notions telles que
la confiance en soi, qui renvoie au sentiment de compétence de l’individu, aurait pu être abordée, du fait
des liens précédemment démontrés entre cette dimension et la dépendance affective qui entretient
des relations étroites avec les addictions aux substances (Corcos et al., 2008). Malgré les limitations
inhérentes à tout travail de revue, il apparaît en conclusion de cette synthèse que l’étude de l’estime de
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soi, du soutien social ou encore des stratégies de coping à l’adolescence semble incontournable, car tout
comme cet adulte en devenir, ces dimensions se situent à l’interface entre le monde interne – du fait
de leur propriété de régulation – et du monde externe – tant leur composante sociale est importante.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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