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Ministère de la Santé, de la Population et de Réforme Hospitalière

Institut National de Formation Supérieure Paramédical de Jijel

Corps : Infirmiers de santé publique (1ère année)

Matière : Anthropologie / Psychologie / Psychosociologie

Semestre : 01

Année pédagogique : 2021/ 2022

Enseignante : Lounis Zahra

Psychologie
Plan :

- Définition de la psychologie
- Développement psychomoteur, affectif, intellectuel et psychosocial de
l’individu.

La personnalité :

 Aspects dynamiques de la personnalité


- L’inconscient, la pulsion, le refoulement, la motivation
- Les mécanismes de défense et d’adaptation
- Etats affectifs : sentiment, émotion, peur, colère, méfiance, inquiétude
- Conduite et comportement
 La relation soignant-soigné
- La relation professionnelle
- Attitudes personnelles dans la relation
- Le transfert contre transfert
1. Définition de la psychologie :

Étymologiquement, psychologie signifie science de l’âme : du grec Psukhé


(psyché) (âme) et logos (discours, science, étude). La définition de la psychologie était
sujette à quelques modifications à travers l’histoire, tout simplement parce que les
sociétés évoluent et sont devenues complexes et très muables. Au départ la
psychologie se définissait comme l’étude de l’activité mentale (jusqu’à la fin du
19ème siècle).Avec l’avènement du Behaviorisme au début du 20ème siècle elle a
commencé à s’intéresser aux phénomènes du comportement objectivement
observables, ce qui a donné lieu à sa redéfinition à savoir : La psychologie est la
science du comportement (behavior).

Avec l’apparition de la psychologie cognitive et la phénoménologie les définitions


les plus usitées se réfèrent aux processus mentaux et comportementaux. « La
psychologie est l’étude scientifique du comportement et des processus mentaux sous-
jacents »

1.1 Quelques définitions :

«La psychologie est la science de la vie mentale : ses phénomènes et ses


conditions…Ces phénomènes sont les sentiments, les désirs, les cognitions
(connaissances), raisonnements, décisions etc. (W. JAMES, 1890) »

« La Psychologie est l’étude scientifique du comportement de l’espèce vivante en


contact avec le monde externe. » (K.KOFFKA, 1925)

« La psychologie est l’analyse scientifique des processus mentaux de l’être humain


et les structures mnésiques en vue de comprendre le comportement humain.
(R.MAYER, 1981).

En général, la Psychologie touche tous les aspects et les problèmes de notre vie.
Son objectif : Résoudre les problèmes qu’affronte l’individu dans la société.

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1.2 Les buts de la psychologie :

Décrire, expliquer, prédire le comportement de façon vérifiable

4 Description : Faire un rapport ou un bilan sur le phénomène observé

5 Compréhension et interprétation : rechercher les causes réelles du phénomène

6 Prédiction : Après compréhension et interprétation, il devient possible d'anticiper


le comportement avant qu'il ne se produise une fois que les mêmes symptômes
apparaissent ou partagent les mêmes causes.

7 Ajustement et contrôle : il s’agit de régler le comportement

1.3 Les domaines de la psychologie :

La psychologie contemporaine est extrêmement vaste. Elle recouvre de nombreux


domaines.
Les trois principaux champs dans lesquels se pratique la psychologie sont : le
champ de la santé mentale, le champ scolaire et le champ du travail.
Il est possible de présenter presque tous les grands domaines actuels de la
psychologie en utilisant 3 axes définissant 6 pôles :
* l'axe « biologique - social »,
* l'axe « normal - pathologique »,
* l'axe développemental : « enfant –adulte ».
a-Psychologie générale
• Etudie l'homme adulte, dans son fonctionnement normal, en situation individuelle et
sous l'angle comportemental.
• Etudie un ensemble de fonctions (cognitives et affectives) communes à toutes les
activités de l'être humain.

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• Vise à établir des lois et théories sur ces fonctions et leur intégration au sein des
activités.
• Utilise préférentiellement (mais pas exclusivement) la méthode expérimentale
b-Psychologie différentielle
Porte sur l'étude des différences entre individus selon l'âge, le sexe ou l'appartenance
sociale.
c-Neuropsychologie
Cherche à établir les rapports existant entre les structures cérébrales (surtout
corticales) et le comportement humain (surtout les fonctions mentales supérieures
(mémoire, apprentissage...)), dans le but de contribuera comprendre celui-ci.
• Neuropsychologie expérimentale
• Neuropsychologie clinique
d-Psychopharmacologie
• S'intéresse aux effets des drogues sur le comportement.
• Recherche en laboratoire sur des animaux.
• C'est à la suite de très nombreux essais, qu'un produit sera retenu et fera l'objet
d'essais cliniques sur l'être humain, avant d'être commercialisé.
e-Psychologie du développement
Tente de comprendre comment s'effectue le développement psychologique de l'être
humain à travers les différentes étapes de la vie : de la naissance à la mort.
• Psychologie génétique (génétique au sens de genèse).
• Intérêt pour une aptitude spécifique, comme la façon dont le langage apparaît et
évolue chez l'enfant qui grandit, ou une période en particulier de la vie comme la
petite enfance, l'âge préscolaire, l'adolescence
f-Psychologie pathologique
Porte principalement sur les maladies et les troubles psychologiques.
• Psychologie clinique
• Psychologues conseillers
• Psychologues qui appliquent l'expertise psychologique au système judiciaire

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g-Psychologie sociale
La psychologie sociale se préoccupe de la manière dont les interactions avec les autres
Influencent le comportement individuel.
• Elle s'intéresse aussi au fonctionnement et aux phénomènes de groupes.
• Elle a fréquemment recours à l'enquête.
• Thèmes : la persuasion, le conformisme, les conflits, les préjugés, l'obéissance à
l'autorité...
h-Psychologie du travail
La psychologie du travail étudie le comportement des individus dans les organisations
(entreprises, administrations, hôpitaux...) et tente d'apporter des solutions visant à
adapter les travailleurs aux situations (gestion des ressources humaines) ou à adapter
les situations aux travailleurs (ergonomie).
• Les psychologues du travail peuvent aussi aider des individus qui connaissent des
difficultés par rapport au travail (licenciement, incapacité ...)
i-Psychologie scolaire
Le psychologue scolaire joue le rôle de psychologue-conseil auprès des élèves afin de
les aider à s'adapter au monde de l'école.
• Il est chargé de les orienter dans les études.
• Il est souvent amené à fournir un soutien aux élèves qui connaissent des difficultés
g-Psychologie de l'éducation
• La psychologie de l'éducation porte essentiellement sur les processus psychologiques
de l'apprentissage et applique les connaissances relatives à ces processus sur les
programmes d'enseignement.
• Tourné vers la recherche sur les moyens pédagogiques et la formation des
enseignants.

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2. Développement psychomoteur, affectif, intellectuel et psychosocial
de l’individu.

Le développement selon le dictionnaire Le Petit Robert: “ succession des


événements par lesquels un organisme arrive à maturité ”. Donc C’est l’action
d'évoluer, de progresser, de se complexifier au cours du temps.

Le développement est un ensemble des transformations qui affectent les


organismes vivants et les institutions sociales. C’est l’acquisition des caractéristiques
psychiques et des comportements complexes (éducation, communication, ...)

2.1 Le développement psychomoteur :

Le développement psychomoteur de l’enfant est un parcours délicat qui s’étend


depuis la naissance, voir même avant selon certains spécialistes, jusqu’à l’âge adulte.

Il consiste en l’acquisition et l’apprentissage d’un certains nombre de facultés


motrices; psychiques; affectives; intellectuelles et sociales.

Concernant ce type de développement, et en référence à A.GESELL, on sait que,


déjà aux premières semaines de la vie, les enfants (bébés, nourrissons) réagissent aux
différents stimuli (et stimulations) d'une façon différenciée, ce qui nous permet de
rejeter l'idée selon laquelle le bébé serait un tube digestif drôlement ouvert à ses deux
extrémités.

Au cours des premières années de la vie, la qualité des liens affectifs est déterminée
par le degré de réactivité de l'enfant. En effet, plus l'enfant est réactif à la stimulation
parentale plus il est facile d'établir un lien affectif et chaleureux avec lui.

On peut retenir dans ce type de développement deux évènements importants : le


passage à la station assise aux alentours du 5ème mois et le passage à la station
debout aux environs du 10ème mois. Ces 2 événements sont déterminants dans

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l'établissement du rapport entre l'enfant et son environnement physique (changement
de la vision, effets de la pesanteur).

La marche quant à elle, elle se manifeste vers le 13ème- 15ème mois. Elle est très
significative pour l'exploration motrice de l'environnement physique (indépendance,
sentiment d'autonomie). Il s'en suit donc qu'un manque d'assistance et de stimulation
pendant les premières années de la vie pourrait avoir un effet néfaste sur le
développement affectif et social ultérieur.

Développement avant un an :

- Un à deux mois: suivi du regard, premiers sourires, diminution de la raideur des


membres;

- Deux à trois mois: maintien et mouvement de la tête, gazouillement, reconnaissance


de la mère;

- Quatre à cinq mois: premiers rires, premiers mouvements des bras vers les objets,
refus de la solitude;

- Six à sept mois: se passe un objet d’une main à l’autre, se tient assis avec soutien,
distingue les familiers des étrangers, aime prendre certains repas à la cuillère;

- Huit à neuf mois: se tient assis seul et joue en cette position, fait au revoir avec ses
mains, prononce parfois un mot de deux syllabes « papa », marche à 4, tente parfois de
se lever;

- Dix à onze mois: tient debout sans soutien, prononce des mots;

- Douze mois: premiers pas, la préhension s’affine (saisir les objets avec l’ensemble de
la main et les entre pouce et index).

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Développement de 1 à 2 ans

Le bébé accomplit de grands progrès. L'acquisition de la marche lui permet de


découvrir l'univers qui l'entoure. C'est le moment de lui offrir des jeux d'assemblage
de formes et de couleurs.

Le Développement à partir de deux ans

Montée des escaliers, course en parallèle avec le développement du tonus


musculaire.

Genèse de la motricité élémentaire de la naissance à 7 ans

Mouvements de la tête, frapper vers


le bas, saisir des objets stables,
1ère Année ramper, tournoyer des 2 cotés, jeter
les objets, se mettre debout.
Marche, saisir des objets en mouvement,
2ème Année grimper (obstacles à hauteur du
bassin), lancer hors d’une cible.
Equilibre momentané (ex. sur une
poutre), lancer à 2 mains, équilibre
3ème Année en marche (largeur 20 cm), courir,
sautiller, réception –irrégulière d’objets
(ex. ballon)
Roulade avant accompagnée de la
position coucher-dorsal, sauter sur
les 2 jambes, réception d’objets à
4ème et 5ème Années hauteur du buste, lancer dans une
cible (1à 3m).
Roulade avant accompagnée de la

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position assise.
Sauter sur une seule jambe, maintien
de l’équilibre pendant une dizaine
6ème Année de secondes, réception d’objets de
différentes hauteurs, équilibre en
marche (largeur 10 cm).
Roulade avant accompagnée de la
station debout, lancer dans une cible
(ex. grand ballon), course slalom,
7ème Année réception avec déplacements,
équilibre en course (largeur 10 cm),
combinaison : courir grimper, courir
sauter sur une seule jambe et sur les
2 jambes.

2.2 Le développement affectif (notion d’attachement)

L’enfant pour grandir harmonieusement a besoin de relation affective stable et


satisfaisante. Son développement affectif se crée en contact étroit avec sa relation à sa
mère (ou de toute autre personne s’occupant de lui). Le nouveau-né a un besoin vital
de sa mère pour satisfaire à ses besoins primaires (nourriture, soin), mais il a aussi
besoin d’affection.

Sur le plan affectif, la notion d'attachement requiert une importance particulière


dans la constitution de la personnalité. Cette importance émane des études
expérimentales faisant appel à des scénarios labellisés "Situation étrangère".

A l'issue de ces études, on a pu constater que la présence affective simultanée de la


mère et du père aide l'enfant à surmonter l'insécurité, et partant, le stress et l'angoisse
que pourrait produire la séparation.

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Une surprotection (maternage excessif) ou une attitude possessive qui rétrécissent le
champ d’action de l’enfant et qui ridiculisent ses actes (tentatives échouées de
résoudre des problèmes ou initiatives vouées à l’échec) peuvent causer le doute, voire
la honte de ses propres compétences.

L’enfant passe par diverses phases d’attachement :

• Phase initiale de pré-attachement : de la naissance à quelques semaines. L’enfant est


attiré par les stimuli humains plutôt que par les objets.

• L’attachement « en cours de réalisation » : le bébé, l’enfant fait la différence entre


les diverses personnes connues et les inconnues avec qui il interagit de façon
différente.

• Attachement « établi » : le bébé devient actif dans la recherche de proximité


(locomotion, étreinte, etc.). Cette phase peut commencer à 6 mois, mais survient
généralement entre 9 et 12mois. On assiste dans cette même période à la « peur de
l’étranger » (l’enfant pleure quand il se trouve dans les bras d’une personne inconnue).

• « Goal-corrected partnership » : vers 3 ou 4 ans, l’enfant perd son égocentrisme et


arrive à inférer le comportement de sa mère et agir en conséquence.

Le développement de la compétence et de la confiance en soi

Enfin et toujours dans le domaine de l’affectivité infantile, les travaux de


BAUMRIND nous renseignent sur le lien important entre la stabilité du comportement
et le sentiment de confiance d’une part et les attitudes (affectives) des parents.

En effet, la période pré scolaire (3 à 5 ans), est marquée par une évolution d’un
simple autocontrôle à l’aptitude à intenter des activités que l’enfant cherche à imposer
avec conviction. Dans ce cas les attitudes parentales (encouragements,
découragements) peuvent être la source d’un sentiment d’inadaptation, c'est-à dire un

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sentiment de culpabilité surtout quand l’adulte considère que le comportement de
l’enfant est honteux.

Finalement dans une enquête faite par BAUMRIND, il s'est avéré que la
compétence et le sentiment de confiance (confiance en soi) chez les jeunes enfants
s'épanouiront davantage dans un foyer chaleureux et affectif où les parents glorifient le
comportement responsable (responsabilisation) en encourageant les activités
autonomes et la prise de décision, voire la prise d'initiative.

Finalement le développement psychoaffectif se poursuit avec la prise de conscience


progressive par l'enfant de son identité, au cours de la troisième année. Bébé
commencera alors à dire « je » et « moi ».

- prend conscience de son sexe (garçon ou fille) et commence à s’interroger sur


l’origine des enfants (donner une explication simple mais juste).

- vers cinq-six ans l’enfant prend conscience qu’il n’est plus le centre du monde,
mais une personne vivant parmi d’autres. Ce qui le prépare plus à la période scolaire
proprement dite.

2.3 Le développement intellectuel :

Pour Piaget, l’intelligence de l’enfant se développe selon différents stades.

1. Le premier, le stade "sensori-moteur ", va de la naissance jusqu’`a dix-huit mois


ou deux ans au cours duquel apparaissent des réactions motrices diverses, aussi le
bébé apprend à connaître le monde par les objets qu’il utilise.

L’enfant découvre aussi le lien entre ses actes et les conséquences qui en découlent
(ex. perception du bruit d’une assiette qu’on jette du bord d'une table). Au cours de ce
stade l’enfant développe également le concept de séparation des objets.

2. Vers deux ans (de 2 à 6-7ans), l’enfant passe au stade "préopératoire ": il peut se
représenter certains actes sans les accomplir ; c’est la période du jeu symbolique, qui

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correspond à l’acquisition du langage. Il est appelé préopératoire parce qu’il est
prélogique ; l’enfant étant incapable de maîtriser les concepts d’invariance (ou de
conservation), comme par ex. l’invariance des liquides ou des volumes ou de la masse.
PIAGET ramène cette incompétence au déficit dû aux impressions visuelles qui
dominent l’enfant.

3. Vers sept ou huit ans (de 6-7ans à 11-12ans), l’enfant entre dans la période des
"opérations concrètes " : il se socialise, notamment sous l’influence de l’école.
L’enfant commence à manier des opérations (c'est-à-dire des routines mentales
véhiculant une information-réversible, Conservations des mesures, logique des classes
et des opérations.) ; ex. retrouver le chemin de la maison d’un ami.

4. Enfin, vers onze ou douze ans, il atteint le stade des "opérations formelles
"(Raisonnements hypothéticodéductif et combinatoire), celui de l’abstraction. Ce sous
stade est dominé par la pensée formelle opératoire. Au cours de ce stade, l'enfant
pubère est déjà capable de raisonner en termes symboliques (hypothétiques), il
s’intéresse aux problèmes éthiques et philosophiques (existentialisme) et est capable
d’employer des stratégies mentales).

Ce schéma type varie, bien entendu, selon les individus. Chacun construit son
intelligence -donnée par l’hérédité comme potentialité - selon un rythme et une durée
qui lui sont propres.

2.4 Le développement psychosocial :

Développement psychosocial: C’est la combinaison des facteurs psychologiques


(pensées, comportements, connaissances) et les facteurs sociaux (milieu de vie, sexe,
culture, éducation).

D’après E.ERIKSON, l’individu passe par plusieurs stades et chaque stade


correspond à une crise particulière, c'est à dire une ambivalence gravitant entre deux
pôles ; le 1er stade c’est le stade de la confiance versus méfiance, le 2ème stade c’est

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celui de l'autonomie versus doute, le 3ème c’est celui de la prise d'initiative versus
sentiment de culpabilité, le 4ème stade c’est le stade du travail et de la vivacité
(accomplissement, activité) versus passivité et infériorité, le 5ème stade qui est
celui de l'adolescence correspond à la recherche de sa propre identité et à la
diffusion/confusion.

Bien que ces stades n’aient aucune évidence scientifique, ils mettent en évidence
les différentes situations conflictuelles devant être surmontées.

En effet le sentiment de confiance dépend dans une large mesure de la façon dont
les besoins de l’enfant ont été satisfaits par sa mère. Retrouver donc sa propre identité
est la crise psychosociale majeure de l'adolescence.

Stade Problème Age :

1 Confiance - Méfiance 0 à 18 mois

2 Autonomie - Honte/Doute 18 à 30 mois

3 Initiative - Culpabilité 36 à 60 mois

4 Travail - Infériorité 6 à 12 ans

5 Identité - Diffusion 12 à 18 ans (Adolescence)


----------------------------------------------------------------
6 Intimité – Isolement 15 à 25 ans

7 Productivité - Stagnation 25 à 60 ans

8 Intégrité – Désespoir 50 à 75 ans

Baldwin, comme beaucoup de psychologues Américains, considérait qu’on ne


pouvait étudier la psycho sans étudier la sociologie.

L’individu se projette sur les sujets qui l’entourent, puis se retourne sur lui-même.

→Le Moi et l’autre apparaissent ensemble au cours du développement.

Moi = sensibilité interne

Monde extérieur : sensibilité du monde extérieur. 5stades:

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- Impulsif et émotionnel (0-1an) → Moi

- Sensori-moteur et projectif (1-3ans) → Monde extérieur

- Personnalisme (3-4ans): période du «non»→il affirme sa personnalité face au


monde→ Moi

- Catégoriel (4-11ans) stade de l’apprentissage. Maîtrise du langage→ opérations


concrètes et intellectuelles de plus en plus complexes. → Monde extérieur

- Adolescence (+de11ans)

Avec d’autre façon plus détaillé pour le développement psychosocial de l’individu :

Le développement psychosocial de l’enfant :

L’enfant C’est un être humain dont le développement se situe entre la naissance et


la puberté. Soit de 0 à environ 12 ans. Il est des liens avec la famille, les amis, l’école
et le quartier.

Liens avec la famille : L’enfant pour bien se développer à besoin de stabilité


affective, cela passe par la sécurité et la confiance que l’enfant développe envers un
adulte. Donc, si l’enfant n’a pas cette stabilité de sécurité et d’affection, il aura des
difficultés psychosociales quand il sera plus grand.

Lien avec les amis : Les enfants n’ont pas autant de préjugés et de normes que les
adultes. Ils sont plus libre de pensé, ce qui permet une facilité sociale d’avoir des amis
sans distinction de race, de sexe, de religion, etc.

Liens avec l’école et le quartier : Pour l’enfant, l’école et les voisins constituent son
univers. Sortir de ce monde est souvent une grande aventure.

Développement psychosocial du préadolescent :

Le préadolescent: Enfant âgé entre 9 ans et 12 ans qui va bientôt entrer dans
l’adolescence. C’est le début de la puberté.

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Processus d’autonomisation: l’enfant et ses amis pratiquent des activités communes
et recherche plus d’intimité avec ses amis. Le recrutement des amis s’élargit et devient
plus sélectif.

Liens avec l’école et le quartier : Les liens avec l’école et le quartier restent
sensiblement les mêmes que durant la petite enfance. Mais leur univers s’agrandit
tranquillement. À l’approche de l’adolescence, l’école et la communauté commencent
plus à exercer une influence que le milieu familial sur la vie de l’enfant.

Début de la crise d’adolescence : La plupart des enfants qui sont dans la


préadolescence sont considérés comme étant à l’âge facile. Il commence à être
autonome sans toute fois critiquer l’autorité parentale. Mais cette recherche
d’autonomie de l’enfant le dirige vers ce qu’on appel la crise d’adolescence.

Développement psychosocial de l’adolescent :

Adolescence: Période de transition entre la vie d’enfant et la vie d’adulte. Entre 12


ans et 18 ans.

Les adolescents ont les mêmes besoins que les enfants. Aussi, ils ont besoins d’être
informés sur ce qu’ils rencontreront dans leur vie d’adulte. Ex : les relations
interpersonnels, la sexualité, le travail, les drogues et l’alcool. Ils ont surtout besoin de
se créer une identité et de devenir autonome. Ils ont aussi besoin de se sentir impliqué
dans les décisions qui les concernent.

Liens avec la famille proche : Pour les adolescents, la famille est importante et ils
sont satisfaits de leurs relations familiales. Parce qu’ils sont confrontés à la tâche
difficile d’adopter des conduites saines alors qu’ils s’approchent de l’âge adulte. Les
adultes qui jouent un rôle parental exercent une grande influence sur le
développement du sentiment d’identité et de l’estime de soi des enfants et des
adolescents.

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Liens avec les amis : Les adolescences sont les individus qui ont le plus d’amis (20
« amis »; 3-4 amis intimes). Ils passent la plus grande partie de leur temps avec les
amis

Liens avec l’école, le quartier, la ville : Les adolescences passent de l’école


primaire à l’école secondaire. Ils deviennent plus autonomes et commencent à mener
leur vie avec plus d’indépendance. La participation des jeunes à des activités et à des
décisions qui les touchent est un aspect essentiel à leur sain développement. Comme
les adultes, les adolescents ont besoin de sentir qu’ils ont un rôle important à jouer
dans la vie et doivent avoir des occasions réelles de s’impliquer tant dans la vie de
l’école que dans les affaires de la communauté.

Références :

- Boris THOMAS, Le développement affectif et intellectuel de l’individu.

-Saber HAMROUNI, La psychologie de l’Enfant, ISSEP de Tunis, 2014-2015.

-Saber HAMROUNI, cours de psychologie, ISSEP de Tunis, 2015-2016.

3. Aspects dynamiques de la personnalité :


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3.1 La personnalité :

La personnalité est l’ensemble de traits et de modes de pensées et de conduites qui


déterminent l’adaptation et la réadaptation de l’individu au milieu social et naturel.
C’est l’organisation dynamique des aspects psychologiques, comportementaux et
biologiques de l’individu en interaction avec son milieu.

« La personnalité est l’ensemble structuré des dispositions innées (hérédité) et des


dispositions acquises sous l’influence de l’éducation, des interrelations complexes de
l’individu dans son milieu, de ses expériences présentes et passées, de ses
anticipations et de ses projets » (N. Sillamy). C’est l’ensemble des traits qui
caractérisent un individu.

Les constituants de la personnalité :

 Le constituant génétique (les influences biologiques)


 Le constituant physique
 Le constituant physiologique
 Les expériences communes
 Les expériences personnelles

L’appareil psychique selon Freud (la structure de la personnalité):

Pour expliquer les rapports entre l’inconscient et la conscience ainsi que le rôle des
différentes instances qui les traversent, Freud va avoir recours à deux topiques :

a. La Première topique (L’inconscient, le préconscient et le conscient)

L’affirmation de l’existence de l’inconscient conduit Freud à envisager le


psychisme comme un appareil composé de plusieurs parties, ainsi on distinguera
l’inconscient et la conscient mais pour plus de précision on intercalera entre les deux

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le préconscient qui se définit comme une partie de l’appareil psychique distincte du
système inconscient et dont les contenus sans être présents dans le champ actuel de la
conscience peuvent en droit accéder à la conscience.

La définition qu’en donne Freud est la suivante :

“De la partie d’inconscient qui tantôt reste inconsciente, tantôt devient consciente,
nous dirons qu’elle est “capable de devenir consciente” et nous lui donnerons le
monde préconscient”(Freud, Abrégé de psychanalyse, première partie).

L’inconscient : recèle(cacher) les motifs primitifs et instinctifs, des souvenirs


empreints d’angoisse et des émotions auxquelles l’individu bloque l’entrée au
conscient.

Le préconscient: formé des activités mentales qui peuvent par moment accéder à la
conscience donc sans lien à l’angoisse. Il peut resurgir par association d’idées. C’est
une interface entre conscient et inconscient. Il peut devenir conscient mais suscite des
mécanismes de défense de la part de l’inconscient. Le préconscient apparaît par
association d’idées ou suite à un questionnement.

Le conscient: ce qui est mémorisé. C’est l’ensemble des souvenirs, perceptions,


symboles. Il est dynamique (nombreux va et vient entre conscient et préconscient).

Cependant la première topique n’explique pas pourquoi il y a refoulement et


censure, c’est pourquoi en 1923 Freud propose une seconde topique complétant la
première.

b. La seconde topique (Le Ça, le Moi et le Surmoi) :

– Le Ça : Constituant original du psychisme dont le contenu est essentiellement


pulsionnel et concerne aussi bien les exigences somatiques essentielles (faim, soif),
que l’agressivité et les désirs sexuels. En tant qu’elle s’enracine dans le somatique

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cette instance est entièrement inconsciente. N’accèdent à la conscience que des
représentations secondaires de certaines pulsions.

– Le Moi : Volonté, pensée et conscience principalement, n’est inconsciente dans le


moi que la partie périphérique proche du Ça et qui refoule ou adapte les pulsions en
fonction du principe de réalité auquel le moi est soumis.

– Le Surmoi : Le moi n’a pas seulement à se défendre contre le Ça, il doit aussi se
soumettre aux exigences du Surmoi qui se constitue au cours de la période œdipienne
et correspond à l’intériorisation inconsciente et préconsciente de tous les interdits
parentaux, sociaux, de toutes les forces répressives que le sujet a rencontrées au cours
de son développement.

“Le surmoi est ce qui représente pour nous toutes les limitations morales, l’avocat de
l’aspiration au perfectionnement, bref, ce qui nous est devenu psychologiquement
tangible dans ce qu’on tient pour supérieur dans la vie humaine”(Freud, Introduction à
la psychanalyse)

Le moi est donc tiraillé entre les pulsions du ça et les exigences du surmoi avec
lesquelles il doit transiger inconsciemment pour s’adapter à la réalité. Ainsi s’explique
censure et refoulement.

Le moi est soumis au surmoi (la censure) et pour se défendre contre le ça (opposé
au surmoi), il refoule certains désirs qui chercheront à contourner la barrière de la
censureTout se passe comme si à l’intérieur du psychisme il y avait un conflit entre
différents acteurs.

3.2 L’inconscient, la pulsion, le refoulement, la motivation

3.2.1 L’inconscient :

L’inconscient se définit comme le siège des désirs et des souvenirs refoulés et


oppose une résistance à leur réapparition consciente.

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L’inconscient est constitué de contenus refoulés n’ayant pu accéder au système
préconscient - conscient, ces contenus sont des représentations refoulées des pulsions
souvent sexuelles ou agressives.

3.2.2 La pulsion

Pulsion : Poussée qui a sa source dans une excitation corporelle et dont le but est de
supprimer l’état de tension qui règne à la source pulsionnelle.

Une pulsion est composée de la manière suivante :

– La source ==> l’excitation

– Le but ==> mettre fin à l’état de tension

– L’objet ==> ce qui permet d’atteindre le but

Selon Freud dans son œuvre Métapsychologie: “Le concept de pulsion nous
apparaît comme concept limite entre le psychique et le somatique, comme le
représentant psychique des excitations, issues de l’intérieur du corps et parvenant au
psychisme, comme une mesure de l’exigence de travail qui est imposée au psychique
en raison de sa liaison au corporel.”

Ce qui est refoulé ce n’est donc pas tant la pulsion en elle-même qui en tant que
puissance organique et somatique ne peut jamais devenir consciente en tant que telle,
mais sa “représentation psychique”, c’est-à-dire des pensées, des images, des
souvenirs sur lesquels se fixent les pulsions.

3.2.3 Le refoulement :

Selon Freud, le refoulement est un moyen de défense par lequel le sujet évite ou
croit éviter certains dangers dus à des conflits internes à la personnalité, conflits entre
certains désirs profonds et certaines aspirations morales. La personnalité est divisée et
pour conserver son intégrité refoule la partie d’elle-même la plus en contradiction avec
sa dignité personnelle dans l’inconscient. Mais le refoulement est une fausse solution
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car les désirs inconscients, parce qu’ils sont des désirs, vont toujours chercher à se
manifester, ce qui entraîne des conflits internes au psychisme. Le désir ne pouvant se
manifester consciemment se manifeste sous forme de symptômes.

Lorsque les représentations correspondant aux pulsions sont de nature à transgresser


les interdits culturels (sociaux, familiaux, moraux), il y a censure qui se définit
comme : “la fonction qui interdit aux désirs inconscients et aux formations qui en
dérivent l’accès au système préconscient - conscient.”(Laplanche et Pontalis,
Vocabulaire de psychanalyse).

Le refoulement est un mécanisme majeur lié à la culpabilité et qui contribue à tous


les autres mécanismes de défense. C'est aussi le plus complexe. Il est constitutif de
l'inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme. C'est par le refoulement
que certains contenus inconscients ne parviennent jamais à la conscience, et que
d'autres y retournent. Le refoulement est donc à la fois une pression/censure et un
maintien. Le refoulement fait retourner à l'inconscient des représentations liées à des
pulsions, et risquant de provoquer du déplaisir à l'égard du Surmoi et de la réalité
extérieure. Une représentation est refoulée quand elle subit l'attraction du noyau
inconscient pathogène et l'action de la censure (refoulement originaire + censure). Ce
n'est jamais la pulsion qui est refoulée, mais sa représentation (la pulsion a deux
aspects: l'affect et la représentation). L'émotion (l'affect) n'est jamais refoulée. La
représentation refoulée de la pulsion séjourne dans l'inconscient et va s'y organiser.
Elle va ainsi effectuer un travail de déformation et d'éloignement. Elle va former des
rejetons qui subiront chacun un destin particulier. La charge affective, ou affect, va se
lier à l'un de ces rejetons et va tenter à nouveau d'émerger, et ce sera le retour du
refoulé qui s'exprimera dans les rêves, les actes manqués, les lapsus... etc. Rien ne
subsistera de la représentation première si ce n'est l'affect qui va provoquer l'angoisse.
Il faut considérer le refoulement comme une étape première. Le produit refoulé (nos
représentations mentales inavouables) se déverse dans le ça.

21
Mais les pulsions étant toujours chargées d’une énergie les poussant à se satisfaire
vont tenter d’y parvenir de façon détournée (l’acte manqué, le rêve, le symptôme).

3.2.4 La motivation

Généralement la motivation serait un processus d’activation (énergisation) et


d’orientation du comportement vers un objectif précis. C’est un ensemble des facteurs
ou processus dynamiques conscients ou inconscients qui déterminent la conduite d’un
individu.

La motivation est définie comme le processus psychologique responsable du


déclenchement, du maintien, de l’entretien ou de la cessation d’une conduite. Elle est
en quelque sorte la force qui pousse à agir et penser d’une manière ou d’une autre.
Ainsi, le recours au concept de motivation s’avère particulièrement utile pour
comprendre les cognitions et comportements dans bien des champs de l’activité
humaine : l’éducation, le travail, la santé.

3.3 Les mécanismes de défense et d’adaptation :

Les mécanismes de défense concernent tous les humains, bien au-delà de ceux
atteints de troubles psychiatriques. Ils ont été décrits pour la première fois par le
fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, à la fin du XIXème siècle.

Le terme coping apparaît pour la première fois en 1966 dans un ouvrage de Lazarus
où il est décrit comme étant « un ensemble de réactions et de stratégies élaborées par
les individus pour faire face à des situations stressantes ».mais il admis dans le
vocabulaire français en 1999.

3.3.1 Définitions :

Deux types d’opérations mentales pour faire face aux tensions, aux conflits internes :

22
• Les mécanismes de défense :

L’expression « mécanismes de défense » répond à une logique psycho dynamique


et désigne différents types d’opérations psychiques qui ont pour fin la réduction des
tensions psychiques internes. Généralement inconscients, ils sont habituellement utiles
pour protéger la cohésion de l’appareil psychique ; ils peuvent toutefois devenir
pathogènes et entraver alors le fonctionnement mental.

Selon S. Freud : « Processus de défense élaborés par le Moi sous la pression du


Surmoi et de la réalité extérieure qui lui permettent de lutter contre l’angoisse. »

Selon cette définition, Les mécanismes de défense représentent la défense du moi


contre les pulsions instinctuelles et les affects liés à ces pulsions, ces mécanismes de
défense sont des opérations mentales involontaires et inconscientes qui contribuent à
atténuer les tensions internes et externes.

• Les mécanismes d’adaptation« les stratégies d’ajustement » : encore nommés


« coping », répondent à une logique cognitivo-comportementale. Ils désignent
« l’ensemble des effets cognitifs et comportementaux destinés à maîtriser, réduire ou
tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources
d’un individu » (Jeammet).

C’est un processus de maîtrise, opérations mentales volontaires, par lesquelles le


sujet choisit délibérément une réponse à un problème interne et/ou externe.

On explique le mot « coping » : Le coping, mot anglais qui se traduit par « faire
face à », est un concept relativement nouveau en psychologie. Le coping trouve ses
racines dans l’étude de mécanismes de défense. C’est un nouveau mode pour décrire
le comportement, et plus précisément la cognition, derrière les moyens utilisés pour
faire face à une situation.

Le coping est la résistance au stress (son évacuation), capacité à rester en bonne


santé malgré le stress et les stresseurs.

23
3.3.2 Mécanismes de défense et de coping : convergences et
chevauchements

La position classique consistait donc à opposer les mécanismes de défense


considérés comme inconscients, involontaires, relativement rigides, orientés vers les
conflits internes et liés à la psychopathologie, et les processus de coping, considérés
comme conscients, volontaires, flexibles, comportementaux, orientés vers l’adaptation
positive à la réalité externe et liés à la santé mentale et au bien-être.

Ces deux concepts s’entremêlent plus qu’ils ne s’opposent (un comportement peut
être conscient et involontaire ou inconscient et volontaire). Coping et défense portent
tous deux sur la maîtrise et la lutte contre les événements extérieurs. Le coping et les
défenses évoluent tous deux avec l’expérience.

3.3.3 Les cibles des mécanismes de défense et des processus de coping :

Les cibles des mécanismes de défense et des processus de maîtrise peuvent être les
mêmes : les mécanismes de défense peuvent être dirigés vers la réalité extérieure et la
lutte contre le stress, alors que les processus de maîtrise peuvent servir à gérer les
problèmes internes et les conflits émotionnels. Cohen (1987) considère que le coping
peut survenir en réaction à une situation passée.

3.3.4 Les mécanismes de défense des soignés :

La personne utilise les mécanismes de défense pour combattre l’anxiété, l’angoisse,


les peurs réelles, la perte de l’estime de soi, jugements et interdits du Surmoi, les
affects négatifs : jalousie, hostilité, deuil…, les pulsions jugées inacceptables :
agressivité, sexualité.

24
Certains mécanismes de défense ont une fonction plutôt adaptative, ils sont alors
identifiés comme des mécanismes « matures ». Ils sont utilisés par des personnes
bien portantes, dans des situations normales. Situations de stress léger.

Exemples : la répression, l’affiliation, l’altruisme, l’anticipation, l’affirmation de soi,


l’évitement, l’humour, la sublimation.

D’autres, à vocation plus strictement défensive, sont qualifiés d’ « immatures » et


sont caractéristiques de niveaux plus élevés de détresse. Situations de stress majeur.

Exemples : le clivage, l’intellectualisation, l’omnipotence, la rationalisation, la


projection et de nombreux autres.

Le refoulement : est un des mécanismes de défense essentiel, notamment parce qu’il


est constitutif de l’inconscient. Il se définit comme l’opération par laquelle le sujet
cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des représentations liées à une
pulsion.

Le déni : un mécanisme où la personne nie inconsciemment des pensées, des désirs,


des comportements, des besoins ou des éléments de la réalité qui lui sont inacceptables
ou qui briment son image d’elle-même (le patient refuse totalement la réalité).

Existence simultanée d'une perception de la réalité en même temps qu'une


dénégation totale de certains éléments péjoratifs ou insupportables de cette réalité. Le
sujet fonctionne avec un psychisme scindé en deux : l'un laisse filtrer certaines
informations pendant que l'autre les nie. Habituellement à l'œuvre dans les psychoses,
le déni est le plus puissant des mécanismes de défense rencontré en clinique humaine.

La dénégation : Le patient a intégré la réalité mais de manière négative, il la nie et la


refuse. Il a besoin de temps pour l'accepter. Ex : « je n'ai pas le cancer, ce n’est pas
possible ». Il faut laisser au patient le temps de s'adapter à la maladie.

25
La fantasmatisation : Le patient va développer une théorie personnelle plus ou moins
fantasque pour tenter de donner du sens à sa maladie. « Le médecin m'a donné un
médicament incompatible avec le tabac. C'est lui qui m'a déclenché le cancer ! »
La fantasmatisation peut aller de pair avec le déni « Ce n'est pas une tumeur, c'est une
piqûre d'insecte qui m'a déclenché une infection »
La régression : la régression, un mécanisme où la personne retourne à une étape
antérieure de son développement jugée plus confortable et émotionnellement plus
sécurisante.

Désinvestissement pulsionnel du moi vis-à-vis du monde extérieur, s'accompagnant


d'un rétrécissement égocentrique du champ relationnel amenant le patient à renoncer
au monde, pour ne se préoccuper que du fonctionnement de son corps. Le patient se
sent plus dépendant matériellement et psychologiquement de son entourage immédiat.

La compensation : un mécanisme qui est une tentative consciente ou inconsciente de


surmonter une infériorité réelle ou imaginaire, de combler une carence affective et de
soulager son anxiété.

L’identification : un mécanisme où la personne adopte inconsciemment les


caractéristiques de la personnalité de quelqu'un d'autre qu'elle admire.

La projection : un mécanisme de défense qui porte la personne à attribuer ses propres


sentiments, ses intentions, ses comportements jugés inacceptables ou ses
responsabilités, à une autre personne (Le patient projette en réalité sur le soignant des
sentiments déjà éprouvés dans sa vie, il projette leur propre sentiment d'impuissance
et leur angoisse par exemple).

La sublimation : est un moyen de défense qui porte la personne à transposer ses


désirs, ses envies et ses pulsions non acceptables en sentiments et en actions
moralement ou socialement plus élevés.

26
La suppression : la personne relègue hors du champ de sa conscience, dans l’oubli
une idée, une émotion, ou une expérience consciente qui l’inquiète ou l’ennuie.

L’anticipation : un mécanisme adaptatif utile qui aide la personne à vivre à l’avance


les émotions reliées à une situation. Ce mécanisme colmate l’anxiété du moment en lui
substituant une joie à venir. L’anticipation n’est pas toujours positive, car la prévision
de situations négatives ou de catastrophes peut au contraire devenir.

La somatisation ou de conversion, un mécanisme de déplacement des affects et de


l’anxiété vers le corps. Le mécanisme de conversion est généralement associé à
l’hystérie et manifeste un comportement beaucoup plus perturbé de sensations de
transformation des membres, de parésies et de paralysie.

l’évitement : un mécanisme par lequel la personne détourne volontairement ou


involontairement vers l’inconscient des pensées, des désirs, des situations chargées
affectivement et même l’idée de sa situation de rigidité comportementale afin de
s’empêcher d’y penser, d’en parler, de l’expliquer ou d’en remettre la logique en cause

Le clivage : Ce mécanisme permet à la personne de maîtriser son angoisse par une


incapacité de considérer des aspects différents de la réalité et de réagir en même temps
de deux manières différentes et parfois même opposées.

L'isolation (l’isolement): ce mécanisme consiste à isoler une pensée ou un


comportement de son affect, de son contexte affectif. La représentation est reconnue
mais ne touche pas le sujet. On retrouve ce mécanisme dans les névroses
obsessionnelles, ainsi que chez les hystériques qui semblent indifférents, en réaction à
une trop grande fragilité.

La maîtrise : Le patient va tenter de contenir son angoisse en ayant une attitude de


contrôle et de vérification de tout ce que fait l'équipe soignante. Il semble mettre en
douté le traitement, les posologies, se montre critique voire tyrannique.

27
Ce type de patient est très éprouvant pour l'équipe soignante qui peut se sentir
remise en cause dans sa compétence, et la confiance qu'on lui accorde. Il faut savoir
repérer ce mécanisme pour comprendre que « les attaques » ne vous sont pas destinées
personnellement mais permettent au patient de tenter de reprendre le contrôle de sa vie
face à une angoisse vécue comme insupportable.

3.3.5 Les mécanismes de défense des soignants :

• La banalisation : le soignant se focalise sur une seule partie du sujet en souffrance,


ce qui revient à traiter la maladie avant de traiter le malade. Il occulte la souffrance
morale du patient, qui ne se sent pas reconnu ni entendu.

• La dérision : le soignant communique peu et utilise de l’ironie ou du cynisme. Il


s’abstrait d’une véritable relation et ne reconnaît pas la souffrance qui est banalisée.

• L’esquive : Le soignant n’entre pas en contact relationnel avec le patient, il répond


en décalage. Pour le soignant, il s’agit du rejet de la confrontation, il n’assume passa
propre angoisse. Le patient se sent désemparé et l’angoisse augmente. Il se sent seul.
Le soignant reconnaît la souffrance psychique, mais ne supporte pas l’impuissance. On
parle de déphasage, de hors sujet, de fuite de la réalité ; souventil y a un retard de la
divulgation des données. Par exemple, le soignant propose derepasser plus tard voir le
patient.

• L’évitement : le soignant adopte un comportement de fuite pour ne pas être face à


une situation difficile. Par exemple, il ne croise jamais le regard du patient. Il le voit
comme un objet de soin, qui est réduit à l’état de dossier. Evitement des contacts
directs. Le patient éprouve un sentiment d’exclusion et de solitude.

• La fausse réassurance : le soignant optimise l’évolution de la situation et les


examens médicaux, en entraînant un espoir artificiel chez le patient. Le soignant
maintient le patient dans l’ignorance partielle. Le patient est en décalage avec la réalité
médicale.
28
• Le mensonge : le soignant ment sciemment au patient pour ne pas être confronté à
l’angoisse de celui-ci. C’est le mécanisme le plus entier, le plus radical et
dommageable. C’est le mécanisme de l’urgence, le soignant rejette son angoisse et
prohibe tout dialogue. Par exemple, il va parler de polype plutôt que de cancer.
Paradoxalement, le soignant entretient la confiance du patient à son égard.
L’affirmation mensongère diffère du mensonge par omission (vérité graduelle). Le
patient est dans l’illusion et ne peut pas amorcer son acceptation de la situation.

• La rationalisation : le soignant utilise un discours hermétique et incompréhensible


par le patient. Cela engendre l’accroissement du caractère occulte, énigmatique donc
menaçant de la maladie. Le soignant se retranche derrière son savoir. Le patient n’est
plus en relation avec le soignant et majore son angoisse.

• La fuite en avant : le soignant expose tout son savoir afin de se décharger de son
fardeau, ne permettant pas au patient de poser des questions. Lorsque la menace est si
proche, que le soignant ne peut se réfugier dans ses autres mécanismes de défense, ni
le mensonge (radicalement opposé), ni la fausse-réassurance (qui permettrait un
décalage salutaire temporaire), ni l’esquive (qui conserverait une voie d’accès au
dialogue), ni la rationalisation (qui autorise encore temporisation par un langage
hermétique)… Avec tous ces mécanismes, les soignants sont encore persuadés d’être
dans la maîtrise. Le patient est sidéré et majore son angoisse.

• L’identification projective : le soignant se donne l’illusion de savoir ce qui est bon


pour le patient, en attribuant au patient ses propres sentiments, réactions, pensées ou
émotions. C’est le contraire de la banalisation, qui est une distanciation maximale.

L’investissement affectif et émotionnel du soignant, qui est à l’écoute de lui-même, est


exacerbé. Le patient a l’illusion que sa souffrance est partagée.

Pour chaque mécanisme de défense, les modes d’activation légère tendent à être
fonctionnelles et les variantes plus intenses tendent à être dysfonctionnelles.

29
Dans les stress majeurs, les mécanismes de défenses réputés les plus immatures,
dysfonctionnels ou pathologiques peuvent avoir une fonction protectrice.

Certains mécanismes de défense sont efficaces à contrôler l’anxiété et à préserver la


personne de la souffrance et du mal-être, mais d’autres demeurent insuffisants et
doivent alors être utilisés de manière répétitive et même compulsive. Ils deviennent
alors nuisibles.

Si chaque soignant pouvait être conscient de ses propres mécanismes de défense


face à la maladie grave, et remettre en question parfois ses attitudes spontanées, cela
faciliterait souvent la relation avec les patients en souffrance.

3.3.6 Les différentes stratégies de coping :

Selon Formarier (2012), le Coping est « un mode de faire face à une situation
stressante… C’est un facteur stabilisateur permettant à l’individu de maintenir une
adaptation psychosociale pendant les périodes de stress… Il intervient comme
modérateur de la relation entre l’événement stressant et la détresse émotionnelle »

Le Coping implique deux sortes d’évaluations : L’évaluation primaire qui


questionne la personne stressée sur « la nature et le sens de la situation et l’impact
qu’elle peut avoir sur lui ». L’évaluation secondaire débute lorsque « le sujet se
demande comment il peut faire face à cette situation, quelles sont les ressources et
réponses dont il dispose et quelle sera l’efficacité de ses tentatives » (Bruchon
Schweitzer).

Selon Lazarus et Folkman (1984), le Coping a deux fonctions principales. La


première est la modification de la situation stressante par la résolution du problème
ou par l’affrontement de la situation, appelé Coping centré sur le problème. La
deuxième est la régulation des réponses émotionnelles découlant de cette situation,
nommé Coping centré sur les émotions, par une multitude de stratégies, telles que la
minimisation, le déni, l’expression des sentiments, le sentiment de responsabilité

30
(l’auto-accusation), les activités distrayantes, mais également la consommation de
substances.

Ionesco et al. (1997) ont repéré dans la littérature scientifique différentes ou types de
stratégies de coping :

Le coping centré sur l’émotion : qui vise la régulation de la détresse émotionnelle ;

Le coping centré sur le problème : qui vise à gérer le problème qui trouve à l’origine
de la détresse de du sujet ;

Le coping évitant : qui permet au sujet, par des stratégies passives (évitement, fuite,
déni, résignation, etc.), de réduire la tension émotionnelle.

Le coping vigilant : qui permet par des stratégies actives (recherche d’informations,
de soutien social, de moyens, etc.) d’affronter la situation pour la résoudre.

Références :

-Henri Chabrol, Stacey Callahan, Mécanismes de défense et coping, Dunod, Paris,


2013

-Marie Anaut, La résilience, surmonter les traumatismes, Nathan. France.

-Norbert Sillamy, Dictionnaire de Psychologie, Larousse France, 2003.

-Walter Brest, les mécanismes d’adaptation, de défense, de refoulement, les séquelles


psycho-pathologiques lors du deuil après suicide.

-Psychologie médicale, Université Médicale Virtuelle Francophone, 2008-2009.

-Saber HAMROUNI, cours de psychologie, ISSEP de Tunis, 2015-2016.

-Les mécanismes de défense psychique. Leur présence potentielle chez les infirmiers.

-Margot Phaneuf, Quelques mécanismes de défense observables chez nos étudiants,


m2012.

31
3.4 Etats affectifs : sentiment, émotion, peur, colère, méfiance

3.4.1 Sentiment :

Le sentiment (Larousse de Poche 2000): « état affectif durable lié à certaines


émotions ou représentations ».

Les sentiments sont des élaborations mentales à partir d’émotions refoulées (la
colère devient haine, la peur devient angoisse, la tristesse devient nostalgie etc.) ; ils
s’expriment dans la durée. Ils peuvent aussi résulter du mélange de plusieurs
émotions: le sentiment d’impuissance peut être composé de « colère » (puissance)
neutralisée par la peur (de la réaction de l’autre), et ou de honte (de dire des injures),
et ou de tristesse (etc.), la déception est un mélange de colère et de tristesse, le mépris
est un mélange de dégoût et de colère, l'amour un mélange de joie et de compassion/
empathie, etc.

Les sentiments mêlés : parfois 2 sentiments de base sont mêlés :

 Souci : peur et tristesse


 Honte : peur et joie
 Jalousie : peur d’être abandonné et colère
 Envie : tristesse et colère
 Culpabilité : peur de désobéir et colère contre la loi
 Haine : peur de l’autre et colère contre lui.

Il est très important de bien identifier le sentiment de base afin d’apporter la


réponse adéquate.

Les sentiments aident à exprimer un besoin. Identifier le sentiment permet de


comprendre le besoin non satisfait et d’y répondre. (Apporter du réconfort à quelqu’un
qui est fâché est inadéquat)

 Peur : besoin de protection

32
 Colère : besoin de changement
 Tristesse : besoin de réconfort
 Joie : besoin de partage.

Apporter une réponse inadéquate entraîne un sentiment négatif (inadéquat pour


résoudre un problème ici- maintenant)

3.4.2 Emotion :

L’émotion est un état de déséquilibre organique qu’on peut appeler aussi état
d’alerte ou vigilance contre un danger ou menace imminente.

Formarier&Jovic (2009) définissent l’émotion comme une : « Réaction affective


brusque et momentanée, agréable ou pénible, souvent accompagnée de manifestations
physiques ou de troubles psychologiques »

A- Les modifications physiologiques de l’émotion :

Ces modifications sont le résultat de l’activation du système nerveux sympathique,


elles ont pour rôle d’alerter le corps contre un danger imminent. Ces modifications
sont :

• Augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque

• Accroissement du rythme respiratoire

• Dilatation de la pupille

• Accroissement de la transpiration et diminution des sécrétions salivaires et


muqueuses

• Augmentation de la glycémie

• Augmentation du débit sanguin (lors des blessures surtout)

• Erection des poils (chaire de poule)

• Diminution de la motilité du plexus gastro-intestinal.

33
Outre les fonctions du système sympathique, on souligne l’importance du système
parasympathique qui intervient pour rétablir l’état organique initial ; c’est le système
protecteur.

B- Les types des émotions :

Les émotions sont caractérisées par des sensations plus ou moins nettes de plaisir ou
de déplaisir. Elles ne sont pas seulement cérébrales car elles sont aussi accompagnées
de modifications physiques et somatiques. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui les
distingue des simples sentiments. On distingue trois grands types d’émotion :

Les émotions fondamentales sont une réaction à un événement extérieur réel ou


imaginaire. Charles DARWIN en dénombre six : la joie, la tristesse, la peur, la colère,
le dégoût et la surprise.

Les émotions dérivées sont fondées sur l’émotion engendrée par l’image que l’on a
de la conscience de l’autre (le mépris est le dégoût pour les prétentions d’un autre, la
méfiance est la peur du mystère),

Les émotions tierces naissent de la conscience de soi face au regard de l’autre (la
honte est le mépris de soi, la timidité est la peur de sa propre valeur telle qu’elle est
perçue par les autres).

C- Le rôle des émotions

Dans la littérature, on attribue trois grands rôles aux émotions. Elles sont, à la fois,
un processus adaptatif, ont un rôle organisateur et une valeur de signal.

Des processus adaptatifs

Plusieurs auteurs, comme Lazarus (1968) ou Scherer (1981), se sont également


intéressés aux fonctions de l’émotion. Celles-ci sont essentiellement perçues comme
un processus adaptatif qui permet à l’individu de faire face à la situation émotionnelle.
Comme dans les théories des émotions, là encore, même si les auteurs envisagent les

34
interactions du sujet avec son environnement, la dimension sociale est écartée. Tout se
passe comme si les émotions ne remplissaient que des fonctions individuelles et ne
servaient pas au groupe dans son ensemble. Toutefois, le concept d’utilité sociale a été
abordé dans la lignée des théories évolutionnistes. L’universalité des émotions à
travers les cultures chez l’Homme et dans le règne animal laisse penser que les
émotions sont des processus adaptatifs favorisant la survie de l’individu et de l’espèce.

Les petites peurs de l’enfant (peur du noir, peur d’être seul, . . .), par exemple, sont
le résultat d’une longue série d’associations dans l’histoire de l’humanité entre ces
situations et un danger potentiel.

Un rôle organisateur

Ensuite, les émotions jouent un rôle organisateur important dans l’évaluation du


monde. En effet, elles nous permettent de catégoriser le monde extérieur en pratiquant
des dichotomies comme agréable-désagréable ou encore bénéfique-nocif. Cette
catégorisation nous aide à choisir et oriente donc notre action.

Une valeur de signal

Enfin, la dernière grande fonction des émotions est représentée par la valeur de
signal associée à chacune d’elles. En effet, en utilisant la posture, l’expression faciale,
la gestuelle et l’expression vocale de son entourage, on peut accéder à l’état
émotionnel des personnes. Ainsi, un individu peut prévoir son action, réagir de façon
appropriée à une situation en se basant sur l’état émotif d’un autre individu. Le fait
que l’on puisse feindre une émotion pour tromper délibérément son entourage est
certainement la meilleure illustration de cette fonction communicative de signal qu’a
l’émotion.

D- La gestion des émotions

Certaines situations de prises en soin peuvent être à l’origine de réactions


émotionnelles importantes. La faculté de gérer ses émotions est essentielle à tout être

35
humain, et donc à tout soignant. Celui-ci va gérer ses émotions de façon à ne pas
déclencher celles du patient dans certaines situations. La gestion de ses émotions va
également permettre au soignant de ne pas se laisser envahir par une charge
émotionnelle trop importante.

Il existe des stratégies spontanées, chez chaque être humain, qui apparaissent en
fonction de l’état émotionnel de celui-ci, qu’il soit positif ou négatif. Cela peut prendre
différentes formes : parler à un proche, faire du sport, vivre sa passion, parler à
quelqu’un.

Néanmoins, ces stratégies spontanées ne peuvent être efficaces que si certains


critères sont présents comme par exemple la disponibilité d’un interlocuteur. C’est
pour cela que ces stratégies, propres à chacun, ne suffisent pas toujours à gérer ses
émotions. Il semble que d’autres dimensions soient essentielles à leur gestion.

Selon Formarier&Jovic (2009), dans la pratique professionnelle infirmière, les


émotions ont une place très différente selon les situations :

 Elles sont nécessaires : nous ne pouvons pas travailler sans elles, elles existent
et sont parfois importantes et nécessaires, et elles sont un moteur pour le soin.
 Elles sont reconnues et régulées : nous travaillons avec des êtres humains, donc
il est normal de ressentir des émotions. Elles peuvent être discutées, régulées,
car il ne faut pas se laisser submerger.
 Elles sont réprimandées : il ne faut pas se laisser dépasser par les émotions, pour
être un professionnel il faut lutter contre les émotions des autres.

3.4.3 Les différentes émotions :

Voici quelques émotions :

Peur : La peur met le corps dans un état d’alerte face à un danger, une séparation ou
une situation vécue comme brutale. Elle se manifeste principalement par des pleurs et
des cris. Elle prévient le danger et permet à l’individu de se protéger.

36
La peur est associée à la perception d’une menace à notre sécurité personnelle et à
notre identité. Elle porte sur une situation spécifique : un danger concret et soudain
pour notre bien-être physique.

La peur entraîne une action physique : combat, fuite ou immobilisation. Souvent


vécue de façon inconsciente, elle peut influencer notre comportement sans que nous
nous en rendions compte. Ce n’est qu’après l’événement que nous sentons notre cœur
encore débattre. C’est une émotion à laquelle est associé un impact physiologique :
notre cœur et notre respiration s’accélèrent, nos muscles se contractent, nos mains
tremblent.

La peur est une réaction psychologique, une « focalisation » sur l’objet, et une
réaction comportementale qui fait que l’homme, comme tous les animaux, agit en
fonction de ses intérêts, selon trois registres : le combat, la fuite, la sidération. La peur
a son utilité, car elle peut être un signal d’alarme qui aide à la survie.

Même si les peurs chez les infirmiers sont peu documentées, la littérature en relève
toutefois différents types :

– La peur de l’autre est de deux ordres : la contamination physique mais aussi


mentale, et la violence. Cette forme de peur est multiple et provoque malaise et
frustration pour le soignant.

Winnicott évoque la crainte de « contamination du soignant », qui renvoie à la


transmission de la maladie par de matériel biologique, mais aussi par l’assimilation à
la folie. Denise Jodelet pointe la « répugnance sociale » lorsque, dans une unité de vie,
des soignants refusent que leurs effets personnels entrent en contact avec ceux des
malades.

La violence des patients est redoutée par les soignants. Elle peut prendre la forme de
comportements, de coups, de cris, mais aussi parfois d’opposition passive par le

37
silence et le refus d’entrer en relation. Cette violence du patient peut conduire au déni
soignant, qui sera proche de la minimisation de ses propres émotions.

– La peur pour l’autre : socialement valorisée chez les soignants, elle est plus
aisément verbalisée. Cette forme de peur est acquise dès l’apprentissage, lorsque nous
abordons en tant qu’étudiant le corps de l’autre. Nos premières interrogations, sans
doute liées à nos maladresses de débutant, ne sont-elles de nous demander si nous
n’allons pas faire mal ? (ex : Jeune étudiant, je me souviens parfaitement de ma
première pose de sonde nasogastrique, partagé entre la motivation d’enrichir mon
bagage technique, l’inquiétude de ne plus me remémorer la technique de pose et
surtout ma peur de faire souffrir le patient, en observant (et surtout en écoutant) ses
réactions).

– La peur avec l’autre est une forme d’expérience partagée. C’est par exemple le cas
d’une infirmière qui, transfusant son patient, se voit rassurer par ce dernier : « Ne vous
inquiétez pas mademoiselle, ça va aller. »

Colère : La colère peut apparaître suite à un évènement frustrant, une injustice ou une
agression. Elle peut se manifester surtout par des cris ainsi qu’un haussement de la
voix. Elle permet à la personne de s’affirmer et de défendre des idées face à autrui.

La colère est une émotion légitime qui a sa place chez tout être humain. Elle nous
fait réagir lorsque nos besoins de base sont frustrés. Elle nous donne de la force. Elle
nous informe qu’il y a un écart entre nos attentes et notre perception de la situation
actuelle.

Cette émotion légitime peut parfois être d’une intensité excessive et avoir un effet
destructeur. Une trop grande sensibilité personnelle ou des attentes irréalistes peuvent
donner lieu à des perceptions erronées et de colères injustifiées

La principale stratégie pour gérer la colère consiste à réévaluer la situation qui a


provoqué un tel sentiment, faire preuve d’empathie envers la personne qui nous

38
offense et ne pas voir dans son attitude une insulte personnelle. Pour effacer la
provocation, il faut tenter de la considérer sous un autre angle et réévaluer son
importance relative.

La méfiance : « La méfiance se révèle parfois signe d’une certaine sagesse, mais son
excès s’appauvrit les relations humaines, isole la personne, conduit aux erreurs de
jugement et prédispose à la rancœur.»

La méfiance est une expression ou un comportement formel de non-confiance


envers d'autres individus pour une raison quelconque. Celle-ci n'implique pas
nécessairement une suspicion sérieuse ou une mauvaise foi. Cela peut survenir à
n'importe quel moment lorsqu'un individu met ou remet en question sa confiance
envers un ou plusieurs autres individus selon plusieurs cas et situations. En général, la
méfiance survient lorsqu'une émotion parfois vive et souvent déplaisante est
auparavant ou récemment ressentie. La méfiance peut être autant sociale, politique et
même relationnelle. Également, lorsqu'une menace ou une tromperie est ressentie, un
individu peut devenir méfiant (voire très suspicieux selon les conditions). La méfiance
peut être considérée comme un instinct de survie pouvant prévenir d'un danger.

En psychiatrie, certains individus atteints de troubles de la personnalité (évitante,


antisociale et paranoïaque) peuvent expérimenter une méfiance envahissante à l'égard
des autres allant souvent à l'extrême. Dans ce cas, le sujet ne souhaite être approché
par quiconque lui semblant menaçant.

3-5 Conduite et comportement

3.5.1 La conduite :

C'est un ensemble d'actes organisés qui ont un sens et qui poursuivent une finalité.
Elle implique une attitude psychologique consciente ou inconsciente.

39
Les caractéristiques d'une conduite sont :

1. L'inconscient c'est à dire que les fins poursuivis par un sujet peuvent être
inconsciente dans ce sens que l'homme ne peut pas toujours dire pourquoi il agit
comme ça. De même nous ne connaissons pas toujours les buts que nous poursuivons
particulièrement vrai dans les syndromes et passage à l'acte.

2. La signification que l'on donne à une situation quand on voit quelque chose, dépend
de notre environnement culturel, social et de notre histoire personnelle. Cette
signification que nous donnons à une situation, conditionne notre manière d'être et de
réagir.

3. Ce sont des fonctions. Les conduites sont des tentatives d'adaptation de l'individu à
son milieu.

L’intégration des conduites : du réflexe archaïque à la personnalité

Les conduites vont s'intégrer les unes avec les autres pour former la personnalité.
Elle se caractérise par le fonctionnement cohérent d'élément différent qui œuvre
ensemble à la réalisation d'un objectif, on peut donc parler d'un travail d'équipe, elle
existe tout le long de notre vie.

Elle vise l'adaptation de l'homme dans son milieu psychique et social, il y a autant
de forme d'intégration des conduites que de personnalité que nous rencontrons chez les
individus.

Tout le monde ne parvient pas à s'intégrer, des éléments vont leur échapper, ils
auront donc une vision un peu différente des autres. C'est le cas des sujets
psychotiques et déficient mental.

3.5.2 Le comportement :

Il désigne les activités et attitudes qui sont extériorisé et agirent (pensée et fantasme
ne sont pas des comportements). Le comportement est composé de : physiologique,

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sensorielle, motrice, verbale en vue de réaliser un objectif. Un comportement est une
action ou une réaction de la personne à un stimulus donné.

Le comportement est pour l’humain, une manière de se conduire caractérisée par


un ensemble de réactions observables en réponse à une stimulation intérieure ou
extérieure. C’est une manière d’agir qui constitue la partie observable de nos actions et
réactions. Notre réflexion se portera à la fois sur des attitudes, phénomènes plus
intérieurs tels que la connaissance de soi, l’estime de soi et la confiance en soi qui
rejoignent les savoir-être et sur d’autres manifestations qui relèvent plus du
comportement tel « le sens de l’organisation du travail et la présentation personnelle ».
Ces derniers, plus visibles sont plus faciles à cerner dans la réalité et à évaluer.

Pour Monique FORMARIER, puéricultrice et directrice des soins, le comportement


est un terme qui a plusieurs sens et qui comporte différents critères. En effet, le
comportement peut être inné, acquis, conscient ou inconscient. L’auteur mentionne
également que cette notion de comportement a différentes caractéristiques qui en
constitue sa base : caractéristiques biologiques, culturelles, sociales ou encore
fonctionnelles.

Dans la pratique infirmière, Monique FORMARIER explique qu’à travers le


comportement des différents patients, le soignant peut adapter les soins et la prise en
charge. C’est la base du raisonnement clinique. Parfois le comportement peut être
source de conflit, entraîner une mauvaise communication et ainsi empêcher la mise en
place d’une relation. En effet, « Faire face à la violence dans les institutions de santé »
: « Certains comportements, certaines paroles sont susceptibles de provoquer la peur,
la honte ou la colère » (Anne MASSEBEUF et Alexandre MANOUKIAN dans « La
relation soignant-soigné »).

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Références :

- Ahmed BENAÏCHE, Les peurs dans le travail infirmier, Valenciennes, 2019.

- Margot PHANEUF, Quelques repères pour évaluer les attitudes et les


comportements professionnels en soins infirmiers, 2013.

- Monica LEITÃO, Les émotions dans la relation entre le patient et l’infirmière dans
les soins à l’hôpital, Haute école de santé, Fribourg, 2012.

- Mathilde FAGNONI, Les émotions de l’infirmière-puéricultrice dans sa relation


avec l’enfant en fin de vie, université catholique de Lille,2017.

-Saber HAMROUNI, cours de psychologie, ISSEP de Tunis, 2015-2016.

- StephaneDAVIET, Etude du comportement humain grâce à la simulation multi-


agents et aux méthodes de fouille de données temporelles, mémoire de Thèse,
Université de Nantes, 2009.

42
4. La relation soignant-soigné :
4.1Définition :

Selon le dictionnaire des soins infirmiers, la relation soignant-soigné est définie


comme une «interaction entre deux personnes se trouvant dans une situation de soins à
chaque fois renouvelée par ce qu’elle offre d’inconnu, de complexe et d’imprévisible.
Elle est le fondement de la prise en charge globale du patient. » . La relation soignant-
soigné est une relation qui va se mettre en place entre un professionnel de santé et une
personne nécessitant des soins.

A.MANOUKIAN explique que : « Entre patients et soignants s’échangent des


paroles, des sourires, des regards, mais aussi des grimaces, des froncements de
sourcils, des exclamations voir des cris. L’habileté relationnelle consiste à pouvoir
interpréter ces éléments comme des supports d’informations qui formeront le sédiment
de la relation soignant/soigné ». On remarque alors l’importance de la capacité que va
avoir une personne à reconnaître et à analyser ces « supports d’informations » de
façon à obtenir une relation soignant-soigné optimale.

A.MANOUKIAN et A.MASSEBEUF, définissent la relation comme « Une


rencontre entre deux personnes au moins, c’est-à-dire deux caractères, deux
psychologies particulières et deux histoires ». Néanmoins, la relation peut évoluer
grâce à différents facteurs, psychologiques, sociaux et physiques, que reprend
Alexandre MANOUKIAN dans son ouvrage. Le contexte de la situation peut
également influer sur la relation entre le soignant et le soigné.

L’objectif principal de la relation soignant-soigné, est de mettre en place une


relation de confiance pour arriver à instaurer une relation d’aide.

4.2La relation professionnelle :

Dans un contexte professionnel, la relation soignant-soigné n’est pas une relation


ordinaire. C’est une relation professionnelle particulière et elle est incontournable dans

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la prise en charge du patient. Cette relation débute lors de la première rencontre que
l’on nomme l’entrée en relation et durant laquelle les cinq sens sont mis en éveil. Ces
sens interviendront dans chaque prochaine relation.

Selon le dictionnaire encyclopédique des soins infirmiers, la relation soignant


soigné est le «lien existant entre deux personnes de statut différent, la personne
soignée et le professionnel de santé.». Cette définition, insiste sur les statuts différents.
En effet, la relation soignant-soigné est un type de relation totalement spécifique de
par la présence de deux protagonistes ayant des statuts et des rôles distincts. En ce
sens, le soigné est dans un contexte de vulnérabilité et de dépendance du fait de la
maladie et d’autre part le soignant est, lui, dans une position professionnelle avec des
objectifs et un cadre à maintenir.

Le rôle d’une infirmière (infirmier) étant de prendre en soin le patient et sa famille


tout au long de son hospitalisation, elle doit faire en sorte que le patient se sente au
mieux à l’hôpital malgré la vulnérabilité qu’il peut prouver, due à sa pathologie et au
contexte particulier de l’hospitalisation. De sa position professionnelle, l’infirmière
conduit l’entretien en cherchant à atteindre ses objectifs de soins tout en se
préoccupant de l’intégrité psychologique du patient.

La relation soignant soigné a pour but l’aide et le soutien de la personne soignée


jusqu’à son retour à l’autonomie. La relation, par le biais de la communication et de
l’observation permet d’identifier les demandes de la personne et d’analyser les
interactions. C’est grâce à cette relation que peut s’instaurer la connaissance du
soignant et du patient.

4.3 La relation d’aide :

Daydé et al. (2007) s’inspirent de la théorie de Carl Rogers et nous rappellent que :

« La relation d’aide infirmière se situe dans « l’ici et maintenant », elle fait appel à des
compétences et à une expérience. Pour l’infirmière cette relation est en lien avec le

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diagnostic infirmier. Elle est thérapeutique dans le sens où elle est « une relation
consciente et réfléchie », qu’elle « résulte d’une analyse de la situation de soins et
s’inscrit dans un projet thérapeutique ». Elle est censée apporter un changement, une
adaptation, un mieux-être à la personne aidée ».

Le soignant devra alors développer des attitudes et des habiletés d’écoute,


d’empathie et d’authenticité, ceci en lien avec une bonne connaissance d’elle-même.
Cette connaissance lui permettra de cerner ce dont il est capable de faire mais aussi de
reconnaître ses limites. Ainsi le soignant pourra avoir une attitude justifiée en rapport
à ce que vit la personne soignée.

« Ecouter ne veut pas simplement dire percevoir les mots, mais savoir entendre ce
qui se cache derrière, notamment la vie émotionnelle du patient, sa dynamique interne.
L’écoute ne s’apprend pas, elle se cultive au contact de l’autre ».

Une habileté d’écoute développée peut aboutir à l’écoute active qui peut être
appelée « présence vraie ». Selon Daydé et al. (2002), elle implique la faculté
d’entendre dans le sens d’une compréhension intellectuelle et affective de l’autre, et
suppose une décentration de soi (pour se centrer sur l’autre) et une intentionnalité (se
mettre à disposition). Une différenciation est nécessaire pour écouter, elle exige donc
une séparation de ses propres désirs et sentiments. Le soignant pourra alors donner le
pouvoir à la personne en ayant confiance en ses ressources, la comprendre sans
chercher à la maîtriser et enfin prendre la responsabilité de ses émotions vécues.
Daydé et al. (2002) décrivent les attitudes à adopter pour pratiquer l’écoute active. Il
s’agit pour l’aidant de prendre le temps et d’être disponible, il devra donc être centré
sur ce que dit la personne et ne pas avoir l’esprit « parasité » par d’autres
préoccupations. L’aidant devra aussi se tourner vers la personne, la regarder, respecter
la distance qui les sépare, être bienveillant, être respectueux et discret, ne pas lui
couper la parole. Les manifestations verbales et non verbales devront aussi être
observées. Il s’agira aussi pour l’aidant de renoncer à tout savoir et comprendre de

45
l’autre ceci en n’étant pas intrusif, d’être sincère en étant en accord avec ses dires et
ressentis, finalement respecter et écouter les silences. En effet, « l’acte de silence
laisse la place à l’autre ; c’est l’attente patiente, le respect, le temps de réflexion
personnelle, la prudence. ».

Faire advenir chez l’autre « une meilleure appréciation, une meilleur expression et
un meilleur usage de ses ressources intérieures latentes », Rogers définit en partie la
relation d’aide. L’objectif de la relation d’aide serait « d’encourager l’autre à
s’épanouir, à se développer, à mûrir, à mieux se porter et à mieux faire face à la vie »,
pour l’amener à la compréhension et l’acceptation de soi et de ses problèmes et ainsi
trouver ses propres ressources qui lui permettront alors de se prendre en charge lui-
même

4.4 Les attitudes aidantes :

Ces techniques de communication visent à améliorer la relation avec le patient,


dans le but de favoriser les échanges entre les deux acteurs et de progresser vers un
objectif thérapeutique pour le patient.

L’empathie : Blouin et Bergeron définissent l’empathie de la manière suivante :

«Capacité de se mettre à la place de l’autre et de ressentir ses sentiments et ses


émotions». Il ne s’agit pas de prendre la place du patient et de s’identifier à lui, mais
de comprendre ce que le patient vit, comprendre ses émotions et ses ressentis.

Carl Rogers en dit : « il convient de comprendre le monde du patient comme s’il


était le vôtre, mais sans jamais oublier le « comme si ». Cette attitude demande une
acceptation du patient, de sa situation, de son ressenti, de ses valeurs, sans jugements
et sans préjugés. Le soignant va à la découverte de l’autre, laissant de côté ses propres
sentiments pour accueillir ceux de la personne soignée. Il ne doit pas se laisser
dépasser par son ressenti, même si la situation provoque en lui beaucoup d’émotions.

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L’infirmière est là pour aider le patient à faire face à sa situation, à le soutenir et à
l’encourager.

La congruence: ce terme désigne un état d’harmonie avec soi-même et avec


l’environnement qui l’entoure. Etre congruent avec le patient, c’est souhaiter être en
harmonie avec lui et avec ce qu’il exprime. Pour cela, il faut être authentique.

Le soignant doit être en accord avec ce qu’il ressent et l’exprimer de manière


authentique. Son langage verbal et non verbal doit exprimer la même chose. Le
soignant exprime son ressenti et ses impressions, afin de faire avancer la discussion et
de vérifier si ce qu’il perçoit du patient correspond à ce que le patient ressent. Cela
peut favoriser chez le patient l’expression de ses émotions et l’identification du
problème.

L’écoute : cette attitude demande une grande disponibilité du soignant pour le patient.
Il ne convient pas d’entendre le patient, mais bien de l’écouter et de prendre le temps
d’être attentif à ce qu’il dit. Il y a plusieurs niveaux d’écoute, et l’infirmière doit
tendre au troisième niveau, qui concerne l’écoute du patient, de ses propos, la
réceptivité de son langage non-verbal et de ses émotions. L’individu peut dire une
chose, en exprimer une autre par son langage non-verbal, et en ressentir une autre.
L’infirmière doit être attentive à tous ces points. Pour cela, elle a besoin de prendre du
temps avec le patient, et de l’écouter attentivement.

L’accueil des émotions : la maladie et les soins sont souvent des périodes empreintes
de beaucoup d’émotions, par les changements qui s’opèrent et les deuils à faire.
Certains patients peuvent avoir des difficultés à reconnaître leurs émotions, ainsi qu’à
y faire face. D’autres seront soumis à une avalanche d’émotions et seront très
démonstratifs. Dans tous les cas, l’infirmière doit repérer les émotions du patient,
l’aider à les reconnaître et à les exprimer à sa façon. En exprimant elle-même ses
propres émotions, l’infirmière encourage le patient à faire de même et lui donne le

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droit d’exprimer ses doutes, ses peurs, ses questionnements. L’infirmière l’aide à les
gérer et à les canaliser, afin qu’il puisse mieux les vivre.

4.5 Le transfert contre transfert :

Les termes transfert et contre transfert viennent de la psychanalyse. Ils découlent


des observations de Freud lors de thérapies auprès de patients psychiatriques, alors
qu’il prit conscience de cette vulnérabilité fort humaine où se trouvent enchevêtrées
dans un entrelacs affectif les émotions du patient et celles de la soignante (le soignant).
Il comprit que certaines personnes suivies par des psychiatres les idéalisaient et les
voyaient de ce fait, comme des figures salvatrices auxquelles ils cherchaient à
s’accrocher. Dans les interactions observées par Freud, s’entremêlaient souvent des
réactions professionnelles de confiance, mais aussi d’attachement plus intime. De nos
jours, les termes « transfert » et « contre transfert » sont devenus courants et utilisés
pour les différents types de relations positives ou négatives qui s’instaurent entre le
soigné et divers types de soignants. Il peut s’agir de psychiatres, de médecins de
diverses spécialités, mais aussi d’infirmières et ce, en raison de leur proximité avec les
patients, de la relation de confiance qui caractérise leurs contacts et des soins
physiques qu’elles dispensent.

Le transfert :

Le transfert est un mécanisme inconscient qui porte le patient à projeter sur le


soignant des émotions personnelles influencées par son vécu antérieur avec les
personnes-clés de sa vie.

Positif : il est positif lorsque le sujet répète avec le soignant des états émotionnels
chaleureux, agréables et bénéfiques vécus avec des personnes significatives de sa vie.

Négatif : le transfert est négatif lorsque le sujet projette sur le soignant des émotions
désagréables, odieuses même, dont il a déjà fait l’expérience avec des personnes
importantes dans sa vie.

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La réalité du transfert est particulièrement imaginable lorsque la relation
professionnelle s’inscrit dans une certaine durée. Les protagonistes ont alors plus de
temps pour se connaître, s’apprécier ou se détester. Mais ils partagent également plus
d’occasions de vivre au quotidien les inquiétudes, les joies et les peines que suscitent
la douleur et les complications de la maladie et d’en vivre les effets, ce qui peut
facilement ouvrir le chemin vers l’autre.

Le terme transfert recouvre à la fois la projection des émotions positives ou


négatives ressenties par le patient au sujet de l’infirmière qui prend soin de lui, mais
aussi le déplacement sur elle, des pensées, des désirs et des sentiments du patient en
quête de soutien. On peut se demander d’où provient cette fragilité du patient qui
cherche ainsi un appui émotif chez l’infirmière. C’est que sa situation de souffrance en
attente d’aide¸ ravive inconsciemment en lui des émotions et des sentiments qu’il a
déjà éprouvés à l’égard de personnes ayant joué un rôle important dans son enfance ou
plus tard dans sa vie. Lors d’un moment de difficulté qui le rend vulnérable, le patient,
qui vit l’expérience d’une relation de soins chaleureuse et aidante avec l’infirmière,
peut ainsi renouer inconsciemment avec la douceur d’une protection, d’un état affectif
autrefois inspiré par ses parents ou quelques autres personnes-clés de sa vie.

Afin de mieux comprendre ces situations, on peut comparer le transfert positif ou


négatif à un phénomène d’intérêt, d’amour ou de dépit interpersonnel. Dans le
transfert positif, la personne appréciée, l’infirmière, est idéalisée et porteuse de
qualités appartenant à des figures signifiantes de la vie antérieure du soigné. Il ressent
de nouveau inconsciemment les émotions que ces figures exemplaires suscitaient.
Toutefois, dans un transfert négatif, la soignante rappelle plutôt au patient, les travers
et les insuffisances d’une personne d’autorité qui a marqué sa vie. Ce peut avoir été un
parent, un éducateur ou toute autre personne déjà impliquée dans une relation
d’importance avec lui.

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Le contre transfert :

Le contre-transfert désigne le sentiment inconscient qu'éprouve l'analyste en


réaction aux sentiments inconscients ressentis par l'analysé dans le travail d'analyse.
Ces sentiments: de contre transfert facilitent Chez l'analyste la compréhension de la
nature du conflit intrapsychique vécu par l'analysé dans son travail d'analyse et son
interprétation dynamique en vue de l'amélioration de son état.

La relation soignant-soigné est très complexe. Le transfert c'est ce que vit le


patient qui fait écho avec une situation passée. Le contre-transfert, c'est l’émotion que
la situation du patient éveille chez les soignants.

Le transfert : relation affective que le patient établit avec l’analyste.

Le contre transfert : les attitudes du soignant (l’analyste) en réponse à celles du


patient.

Références :

- Maëlle Beaud, Céline Etienne, Quelles attitudes peuvent adopter les infirmières avec
un patient dépendant à l’alcool hospitalisé en milieu somatique ?, Haute Ecole de
Santé de Fribourg, 2013.

- Laureline Piaget, Le rôle spécifique de l’infirmière à domicile dans sa relation avec


le patient, 2008.

- Margot Phaneuf, L’infirmière peut-elle ressentir des émotions particulières pour un


patient ou une patiente ?, 2008.

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