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JOURNÉES FRANÇAISES DE RADIOLOGIE 2007 F O R M A T I O N M É D I C A L E C O N T I N U E N° 33

Imagerie de l’hypofertilité féminine


N M A Z E T 1, M V I A L A - T R E N T I N I 1, M F I L H A S T R E 1,
H D E C H A U D 2, A M A U B O N 3,
JP ROUANET DE VIGNE-LAVIT1

L’infertilité féminine s’explore en première intention par les règles d’asepsie et en l’absence d’infection génitale ou
une échographie pelvienne par voie sus-pubienne et endo- de grossesse. Après désinfection vulvaire, mise en place du
vaginale et par une hystérosalpingographie. Cependant, une spéculum et désinfection de l’exocol, le cathétérisme du col
imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne est permet d’opacifier la cavité utérine à l’aide de produit de
souvent réalisée en seconde intention. L’objectif de l’ima- contraste iodé hydrosoluble. L’étude de la cavité utérine
gerie est de rechercher une cause organique (utérine, ainsi opacifiée permet de diagnostiquer une malformation
tubaire ou endométriosique) ou fonctionnelle (dysfonction- utérine, une pathologie endo-cavitaire (fibrome, polype ou
nements endométriaux, ovariens ou dérèglements de l’axe synéchie) ou une adénomyose. L’opacification tubaire peut
hypothalamo-hypophysaire) pour permettre une meilleure révéler une obstruction proximale ou distale et, en cas
prise en charge thérapeutique. d’obstruction proximale, une salpingographie sélective pour
recanalisation tubaire est alors possible dans le même temps
[3, 4].
Examens d’imagerie
■ IRM pelvienne
■ Échographie pelvienne
Cette technique non irradiante est utilisée depuis long-
Examen de première intention en raison de son caractère
temps dans le bilan d’infertilité féminine car elle possède la
non invasif, l’échographie pelvienne est d’abord effectuée
meilleure résolution tant spatiale qu’en contraste pour
par voie abdominale lorsque la vessie est pleine, puis par
l’étude du pelvis féminin et permet une exploration multi-
voie vaginale après miction. Elle permet d’étudier la mor-
planaire. On utilise le plus souvent un appareillage avec un
phologie de l’utérus et des ovaires, mais aussi d’analyser les
aimant de 1,5 Tesla et une antenne de surface. L’explora-
vaisseaux utéro-ovariens par l’étude Doppler.
tion comprend des coupes pondérées T2 dans les trois plans
La technique tridimensionnelle peut être d’une aide de l’espace, des coupes sagittales T1 et axiales T1 avec sup-
précieuse en cas de malformations utérines grâce aux pression du signal de la graisse. Une séquence coronale T2
reconstructions multiplanaires [1]. grand champ permet de rechercher une malformation
L’hystérosonographie, quant à elle, peut faciliter l’étude rénale en cas d’anomalie müllérienne. L’injection n’est pas
la muqueuse utérine et permettre de préciser une lésion systématique, mais elle s’avère nécessaire en cas de masse
endocavitaire. Elle se réalise en première partie du cycle et annexielle, d’endométriose digestive, de malformation
consiste en une instillation de 5 à 20 ml de sérum physiolo- complexe ou pour évaluer la vascularisation des fibromes
gique dans la cavité utérine, après cathétérisme cervical, utérins. Très utile pour le diagnostic des causes organiques
dans les règles d’asepsie et en l’absence d’infection génitale, d’infertilité [5], l’IRM a également sa place dans le bilan des
de pathologie néoplasique utérine ou de grossesse. Elle dysfonctions ovulatoires ou hypothalamo-hypophysaires.
améliore le diagnostic et la topographie des polypes ou fibro-
mes sous muqueux et des synéchies. Elle peut aussi aider
au diagnostic de perméabilité tubaire par visualisation du
flux tubaire ou de liquide dans le cul-de-sac de Douglas [2].
Infertilité organique
■ Hystérosalpingographie
et cathétérisme sélectif tubaire ■ Causes utérines
Examen indispensable au bilan de stérilité, il est réalisé en ANOMALIES MÜLLERIENNES
première partie de cycle, sous couverture antibiotique, dans
Ces anomalies congénitales utérines résultent d’un
1. Imagerie Médicale, Clinique médicochirurgicale Beau Soleil défaut de développement, de fusion ou de résorption des
Montpellier canaux de Müller et s’associent à une malformation rénale
2. Service de Gynécologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve
CHU de Montpellier dans 20 à 25 % des cas. Elles peuvent être responsables de
3. Service Imagerie Médicale, CHU de Limoges. difficultés de conception, de fausses couches spontanées,

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Fig 1 •

A B

Fig 1 • Utérus bicorne bicervical. Hystérosalpingographie (A) montrant deux cavités utérines
symétriques divergentes d’un angle supérieur à 105°. Echographie pelvienne (B) et IRM en coupe
strictement parallèle à la muqueuse utérine (C) montrant une incisure fundique supérieure à
C 10 mm.

Fig 2 •

A B C
Fig 2 • Utérus cloisonné. Hystérosalpingographie (A) mettant en évidence deux cornes peu divergentes. Echographie pelvienne (B) et IRM (C) montrant un
utérus de taille normale à fond plat avec septum fibreux.

d’accouchements prématurés, de présentations anormales une efficacité diagnostique de 100 % en visualisant à la fois
ou de dystocies. Ces anomalies ont été classées par la la cavité et les contours de l’utérus [8].
société américaine de fertilité (AFS) en sept groupes [6] que
l’imagerie médicale peut permettre de distinguer. L’hysté- MYOMES UTÉRINS
rographie s’avère non contributive pour le diagnostic d’uté-
rus bicavitaire, notamment pour différencier un utérus Les myomes utérins sont fréquemment associés à une
bicorne AFS IV (Fig 1) d’un utérus cloisonné AFS V (Fig 2) infertilité mais, lorsque toutes les autres causes ont été
puisqu’on ne visualise pas les contours externes de l’utérus exclues, ils n’en sont responsables que dans 1 à 2 % des cas.
[7]. L’échographie pelvienne semble plus efficace même s’il En effet, ils déforment la cavité modifiant la progression du
reste difficile d’obtenir un plan de coupe parallèle à la cavité sperme ou l’accès au col, ils perturbent l’implantation de
pour visualiser l’incisure fundique [8]. L’échographie tridi- l’œuf par modification des contours de l’endomètre ou par
mensionnelle peut apporter une meilleure sensibilité et spé- la présence de sang dans la cavité et enfin ils peuvent
cificité lorsque l’opérateur est entraîné. Enfin, l’IRM aurait obstruer les orifices tubaires. La topographie isthmique ou

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cornuale du myome, son caractère sous muqueux pédiculé, luer le degré de protrusion cavitaire et visualiser le pédicule.
sa taille supérieure à 5 cm ou la déformation de la cavité uté- L’IRM pelvienne étudie non seulement la taille, la situation
rine sont des critères jugés défavorables [9]. L’imagerie a et le retentissement des myomes sur la cavité utérine mais
pour but de réaliser une cartographie précise des myomes et renseigne aussi sur sa vascularisation (Fig 4). Elle permet
d’évaluer le degré de protrusion des myomes sous muqueux également une cartographie plus précise en cas d’utérus
dans la cavité, leur base d’implantation, la distance par rap- polymyomateux (Fig 5) et elle est plus performante pour dis-
port à la séreuse, voire leur vascularisation. En hystérogra- tinguer un myome d’une adénomyose puisqu’elle visualise
phie, un myome sous muqueux se caractérise par une image les rapports de la lésion avec la zone jonctionnelle. Enfin, elle
lacunaire de contours bien limités, s’estompant lors du rem- joue un rôle capital dans le bilan avant embolisation utérine
plissage cavitaire (Fig 3) alors que les myomes interstitiels comme dans le suivi post thérapeutique [10].
agrandissent la cavité. L’échographie permet le diagnostic
aisé d’un myome qui se traduit par une formation hypo ou ADÉNOMYOSE
isoéchogène au myomètre, bien limitée avec encorbellement
vasculaire. En cas de myome sous muqueux, l’épaisseur L’adénomyose peut être considérée comme un facteur
minimale de myomètre sain entre le myome et la séreuse d’infertilité même si elle n’est pas reconnue comme cause
doit être d’au moins 5 mm pour envisager une résection hys- d’infertilité. Elle peut être diagnostiquée par hystérographie
téroscopique. L’étude échographique de la partie sous devant un agrandissement de la cavité utérine et la présence
muqueuse des myomes est par contre difficile et peut être d’images d’addition. L’échographie pelvienne par voie endo-
améliorée par l’hystérosonographie, notamment pour éva- vaginale peut suspecter le diagnostic, mais c’est surtout

Fig 3 •

A B
Fig 3 • Myome sous muqueux. Hystérosalpingographie d’un myome sous muqueux sous forme d’une lacune fundique en début de remplissage (A) s’effaçant
progressivement en fin de remplissage (B).

Fig 4 •

A B
Fig 4 • Myome interstitiel. IRM en coupe axiale T2 (A) et T1 avec suppression de la graisse et injection de chélates de Gadolinium (B) montrant
un volumineux myome interstitiel remanié en hypersignal T2 hétérogène et hypervasculaire responsable d’une distorsion de la cavité utérine.

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Fig 5 •

Fig 5 • Utérus polymyomateux. IRM en coupes sagittale (A) et axiale T2


(B), axiale T1 (C) avec suppression de la graisse et injection de chélates de
Gadolinium. C

l’IRM qui est l’examen de choix pour confirmer le diagnostic Doppler couleur. L’hystérosonographie en améliore cepen-
par une séméiologie précise qui démontre une sensibilité et dant la détection et l’analyse (Fig 8). L’IRM met en évi-
une spécificité bien supérieures à l’échographie [11]. On dence une formation intracavitaire déformant la cavité, en
recherche un utérus globuleux avec parfois des faces asymé- hypersignal T2, se rehaussant après injection.
triques, mais surtout un épaississement focal ou diffus de la
zone jonctionnelle (Fig 6) dont la valeur seuil est actuelle- SYNÉCHIES
ment à 12 mm avec des spots hyperintenses en pondération
T2 et, plus rarement, T1 dans la zone jonctionnelle [12]. Ce sont des cicatrices fibreuses s’étendant d’une face à
L’adénomyome, qui est une adénomyose focalisée (Fig 7), l’autre de l’utérus et secondaires à une infection ou un trau-
pose le problème du diagnostic différentiel avec le fibrome matisme utérin (grossesse, curetage ou chirurgie utérine).
interstitiel, mais les contours bien limités de ce dernier et son Elles se manifestent sous forme de défects endocavitaires
absence de raccordement avec la zone jonctionnelle rendent linéaires permanents lors de l’hystérographie (Fig 9A).
le diagnostic différentiel aisé en IRM [13] et dispensent sou- L’hystérosonographie améliore la détection et le diagnostic
vent de l’injection de chélates de Gadolinium. des synéchies (Fig 9B).

POLYPES MUQUEUX BÉANCE CERVICALE

Le polype muqueux peut interférer avec l’implantation Elle peut être essentiellement responsable de fausses
de l’embryon. Il se présente, à l’hystérographie, sous forme couches spontanées tardives. L’hystérosalpingographie
d’une lacune régulière, sessile ou pédiculée. L’échographie montre une béance anatomique alors que l’IRM évalue la
pelvienne montre une lésion échogène interrompant la ligne longueur du col, son diamètre interne et la qualité de son
cavitaire et dont le fin pédicule est recherché en mode stroma.

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Fig 6 •

A B

Fig 6 • Adénomyose. IRM en coupes sagit-


tale T2 (A) et coronale T2 (B). L’adénomyose
apparaît sous la forme d’un épaississement
diffus de la zone jonctionnelle supérieur à
50 % de l’épaisseur du myomètre.

Fig 7 •

A B

Fig 7 • Adénomyome. IRM en coupes sagit-


tales T1 (A) et T2 (B). L’adénomyome
correspond à une masse en hyposignal mal
limitée en continuité avec la zone jonction-
nelle, siège de spots hémorragiques.

Fig 8 •

A B
Fig 8 • Polype muqueux infra-centimétrique. Le polype est visualisé en échographie par voie endovaginale (A). L’instillation de liquide intracavitaire permet
une meilleure délimitation des contours du polype (B).

Fig 9 •

A B
Fig 9 • Synéchie intracavitaire, sous forme de deux lacunes à contours géométriques amputant la cavité utérine à l’hystérosalpingographie (A) et en
hystérosonographie (B).

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■ Causes tubaires tion des sécrétions tubaires au niveau de l’ostium [14] et


peut être expulsé lors de l’opacification sélective. Le polype
de la jonction utéro-tubaire, volontiers bilatéral, qui serait
La trompe de Fallope, qui fait communiquer la cavité dû à un repli de muqueuse utérine dans la portion intersti-
péritonéale avec l’extérieur, assure la conduction du tielle de la trompe, est une cause discutée d’infertilité.
sperme, de l’ovule, puis de l’embryon dont elle assure aussi
Enfin, le spasme tubaire correspond à une contraction de la
l’implantation. Les causes tubaires d’infertilité compren-
jonction utéro-tubaire et peut être levé spontanément.
nent non seulement les lésions tubaires, mais aussi les adhé-
rences péri-tubaires. L’hystérosalpingographie est l’examen
le plus utilisé pour étudier la morphologie et la perméabilité OBSTRUCTIONS ISTHMIQUES
tubaire, mais la cœlioscopie reste l’examen de référence
pour explorer l’atmosphère péri-tubaire. L’IRM pelvienne En dehors des obstructions tumorales qui restent excep-
peut être un complément d’exploration intéressant pour tionnelles, les obstructions isthmiques incluent :
étudier à la fois les trompes et leur environnement. Les prin-
✔ l’endométriose tubaire, responsable d’une obstruction
cipales causes d’obstructions tubaires proximales et distales
tubaire secondaire à une adénomyose de la corne uté-
sont infectieuses. Les germes sont surtout Chlamydia tra-
chomatis, Neisseria gonorrhoeae, sans oublier la tuberculose rine [15] ;
génitale responsable d’obstruction tubaire, d’abcès tubo- ✔ la tuberculose génitale, affection rare de la femme
ovariens et d’adhérences pelviennes (Fig 10). jeune, entraînant des sténoses obstructives et des dila-
tations bilatérales de type moniliforme puis des hydro-
OBSTRUCTIONS INTERSTITIELLES salpinx ;
✔ la salpingite isthmique nodulaire, caractérisée par des
Elles peuvent être secondaires à une infection ou d’ori- images diverticulaires (Fig 11) entraînant une fibrose
gine mécanique. Le bouchon muqueux résulte de la stagna- pariétale.

Fig 10 •

A B C
Fig 10 • Pyosalpinx. IRM en coupes sagittale T2 (A), axiale T2 (B) et T1 avec injection de chélates de Gadolinium (C) montrant une structure tubulée, de
contenu liquidien avec un niveau horizontal, de paroi épaisse et rehaussée, associée à une infiltration pelvienne et correspondant à un pyosalpinx.

Fig 11 •

A B
Fig 11 • Salpingite isthmique nodulaire. Exploration par hystérosalpingographie d’une infertilité avec antécédents d’infections à Chlamydia trachomatis :
hydrosalpinx bilatéral (A) avec à droite des images diverticulaires de la portion isthmique en rapport avec une salpingite isthmique nodulaire (B).

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OBSTRUCTIONS DISTALES les autres localisations d’endométriose et notamment les


implants profonds, sont plus difficiles à mettre en évi-
Associées aux précédentes, ce sont surtout des séquelles dence. L’IRM trouve alors tout son intérêt, non seule-
d’infections tubaires parmi lesquelles : ment dans la caractérisation tissulaire et l’exploration
concomitante des structures urinaires et digestives avoi-
✔ l’hydrosalpinx (Fig 12) correspondant à une dilatation
sinantes, mais aussi dans la détection des localisations
de la portion ampullaire effaçant les plis tubaires. Le
sous péritonéales profondes, sous-estimées par la cœlio-
passage péritonéal ne doit pas être recherché à l’hys-
scopie. Cette détection est bien améliorée par le balisage
térographie en raison du risque infectieux ;
vaginal et rectal à l’aide de gel aqueux. L’IRM devrait
✔ le phimosis tubaire, d’origine infectieuse ou endomé- donc être réalisée, en seconde intention après l’échogra-
triosique, correspond à une sténose de l’extrémité phie, avant la coelioscopie et avant toute thérapeutique,
ampullaire et se manifeste par une résistance à l’opaci- pour le bilan d’extension et la recherche d’endométriose
fication distale lors de l’hystérographie ; pelvienne profonde.
✔ les adhérences péri-tubaires, liées à une endométriose
péritonéale ou une infection, se traduisent par un
ENDOMÉTRIOSE OVARIENNE
aspect figé de la trompe et une stagnation du produit
de contraste.
Les lésions d’endométriose ovarienne sont variables en
taille, allant de l’implant de surface au micro-endométriome
■ Endométriose pelvienne intra-ovarien et à l’endométriome plus volumineux :

✔ les implants de surface, de taille inférieure à 5 mm, sauf


Bien que 30 à 50 % des femmes porteuses d’endomé- lorsqu’ils sont hémorragiques, apparaissent alors en
triose soient infertiles, la relation entre infertilité et endo- hypersignal T1, mais leur taux de détection en IRM est
métriose reste controversée. Si l’échographie pelvienne médiocre bien qu’amélioré par la suppression du signal
pose facilement le diagnostic d’endométriome ovarien, de la graisse [16] ;

Fig 12 •

A B

C D E
Fig 12 • Hydrosalpinx. Aspect en « rayon de roue » en échographie (A). Dilatation de la portion ampullaire de la trompe gauche à l’hystérosalpingographie
(B). L’IRM pelvienne en coupes sagittales T1 (C), T2 (D), et axiale T1 après suppression de graisse et injection de chélates de Gadolinium (E) montre une
formation tubulée de contenu strictement liquidien de paroi fine et non rehaussée.

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Fig 13 •

A B C
Fig 13 • Endométriomes ovariens gauches. Contenu échogène et paroi épaisse à l’échographie pelvienne (A). IRM en coupes sagittales T1 (B) et T2 (C) :
logettes kystiques hémorragiques d’âges différents, donnant un aspect « en miroir ».

✔ les micro-endométriomes intra-ovariens sont infra- implants fibreux s’insinuant à plus de 5 mm sous le péri-
centimétriques, souvent multiples et bilatéraux, rare- toine. Ils peuvent se situer dans la paroi vésicale (80 à
ment décelés par cœlioscopie. Ils apparaissent à l’IRM 90 % des formes urinaires), le cul-de-sac inter vésico-uté-
en hypersignal T1, de signal variable en T2 ; rin, le cul-de-sac de Douglas, au niveau du torus et des
✔ l’endométriome est un pseudo-kyste hématique dont ligaments utéro-sacrés (Fig 14) ou sur les uretères, dans
la taille varie avec les saignements successifs. À l’écho- la cloison recto-vaginale ou la paroi antérieure du rectum
graphie, il est facilement identifié par son contenu [19]. L’endométriose digestive, la plus fréquente des
homogène finement échogène, une paroi épaisse atteintes extra-génitales, se situe préférentiellement à la
(Fig 13A) avec des ponctuations échogènes en son sein charnière recto-sigmoïdienne ou au carrefour iléo-caeco-
[17]. Pour le diagnostic d’endométriome ovarien, l’IRM appendiculaire, sous forme d’épaississements pariétaux
a une sensibilité supérieure à 91 % et une spécificité plus ou moins associés à des hypersignaux. La dernière
allant de 87 à 94 %. Le signal de l’endométriome varie étude prospective de l’IRM préopératoire pour le diagnos-
en fonction de la dégradation de l’hémoglobine. Il appa- tic de l’endométriose pelvienne profonde et son extension
raît le plus souvent en hypersignal T1, hyposignal T2 fait état d’une sensibilité de 90 % et d’une spécificité de
relatif et en hypersignal T1 et T2 en cas de saignements 91 %.
plus récents [18], avec parfois un niveau déclive. Les
endométriomes, volontiers multiples, d’âges différents
et de signal variable dans les deux pondérations, réali-
sent des « images en miroir » (Fig 13B, C). Enfin, la Fig 14 •
paroi est épaisse plutôt en hyposignal T1 et T2 et une
cloison de refend à l’intérieur peut donner un aspect en
« grain de café ».

ENDOMÉTRIOSE PÉRITONÉALE

Elle siège plus fréquemment dans le cul-de-sac de Douglas


ou dans le ligament large sous forme d’implants infra ou
juxta-centimétriques entraînant des adhérences. Ils sont de
plusieurs types :

✔ les implants hémorragiques en hypersignal T1 à l’IRM ;


✔ les implants fibreux en isosignal T1 et hyposignal T2 ; Fig 14 • Endométriose profonde. Infiltration tissulaire du torus et épais-
✔ lesimplants mixtes fibro-hémorragiques associant les sissement du ligament utéro-sacré droit en IRM en coupe axiale T2.
précédents.

L’IRM aurait un taux de détection voisin de 60 %.


Infertilité fonctionnelle
ENDOMÉTRIOSE SOUS PÉRITONÉALE
OU PROFONDE
■ Désordres endométriaux
Contrairement à la forme péritonéale, la localisation
profonde est responsable de douleurs pelviennes, dysmé- L’échographie par voie endovaginale évalue l’épaisseur
norrhées, dyspareunies ou signes urinaires. Ce sont des de l’endomètre, permettant le diagnostic d’hypertrophie

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de l’endomètre lorsque son diamètre excède 15 mm et peut montrer des ovaires augmentés de taille, volontiers
d’atrophie lorsqu’il est inférieur à 8 mm. À l’hystérogra- globuleux, avec une surface supérieure ou égale à 5,5 cm2
phie, une muqueuse hypertrophiée a un aspect festonné, ou un volume supérieur à 10 cm3 avec un nombre de folli-
s’effaçant au remplissage (Fig 15A) alors qu’en cas d’atro- cules supérieur à 12, disposés en couronne périphérique. Il
phie endométriale, la cavité utérine apparaît hérissée au s’y associe une hypertrophie du stroma ovarien d’aspect
fur et à mesure du remplissage (Fig 16). C’est seulement hyper ou hypoéchogène (Fig 17). Enfin, l’étude en mode
l’analyse histologique qui confirme si l’endomètre est de Doppler couleur met en évidence une hypervascularisation
type sécrétoire. stromale avec des flux lents de basse résistance. L’atteinte
est bilatérale, parfois asymétrique, mais une échographie
normale ne peut pas éliminer un syndrome des ovaires poly-
■ Dysfonctions ovulatoires kystiques et les dosages hormonaux restent indispensables
pour évoquer le diagnostic.
DYSTROPHIE OVARIENNE
Ovaires multifolliculaires
Ovaires micropolykystiques Décrits dans certaines anorexies mentales, ils peuvent
Le syndrome des ovaires polykystiques est la première s’observer dans les aménorrhées fonctionnelles d’origine
cause d’hypofertilité anovulatoire par sécrétion anormale hypothalamo-hypophysaire. L’échographie montre une
de GnRH responsable d’une hypersécrétion de LH. Il est augmentation du nombre de follicules répartis dans tout le
évoqué devant une spanioménorrhée, signes d’hyper- parenchyme ovarien et non en périphérie, avec un stroma
androgénie et d’hyper-insulinémie. L’échographie pelvienne normal et des ovaires de taille normale.

Fig 16 •
Fig 15 •

15A 15B 16
Fig 15 • Hypertrophie endométriale. Aspect festonné de la cavité utérine en hystérosalpingographie (A). Confirmation à l’IRM en coupe sagittale T2 (B)
devant un épaississement régulier de l’endomètre sans effraction du myomètre.
Fig 16 • Atrophie de l’endomètre avec aspect hérissé de la cavité utérine à l’hystérographie en cours de remplissage.

Fig 17 •

A B
Fig 17 • Ovaires micropolykystiques. Aspect globuleux avec augmentation du nombre de follicules en périphérie et stroma échogène à l’échogra-
phie endovaginale (A) et à l’IRM en coupe coronale T2 (B).

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Ovaires macropolykystiques sant un hyposignal précoce [20]. Les transformations


Ce sont de gros ovaires asymétriques, très liquidiens, intra-tumorales sont rares (hématome ou nécrose), mais
polycycliques, déformés par la présence de plusieurs kystes classiques. Parfois, une déviation controlatérale de la tige
dont la taille est d’au moins 15 millimètres, sans répartition pituitaire, un bombement supérieur du diaphragme sel-
topographique précise, en l’absence de tout traitement sti- laire, une incurvation homolatérale du plancher sellaire
mulateur. Ces aspects sont variables d’un cycle à l’autre. constituent des signes indirects de microadénome. Le
Ils sont souvent révélés par des dysménorrhées. On macroadénome, dont la taille est supérieure à 1 cm,
retrouve fréquemment un contexte d’inflammation pel- occupe la fosse pituitaire et peut causer des anomalies
vienne post-infectieuse, post-chirurgicale ou liée à une visuelles ; l’IRM permet alors d’évaluer l’extension aux
endométriose. voies optiques, aux loges caverneuses et au plancher sel-
laire (Fig 18).
INSUFFISANCE OVARIENNE

L’échographie pelvienne retrouve deux ovaires de petite


taille (inférieurs à 2,5 cm2) avec un stroma normal ou dimi-
nué et des follicules peu nombreux et statiques, puis Rôle de l’échographie
absents. Il s’ensuit une involution utérine avec atrophie de
l’endomètre.
en procréation médicalement
assistée
ADÉNOME PITUITAIRE
Le monitorage de l’ovulation est basé sur la mesure de
Le prolactinome est la cause la plus fréquente d’adé-
taille des follicules, leur nombre et l’étude de la maturation
nome pituitaire fonctionnel. Son pic de prévalence chez la
endométriale. Il doit pouvoir affirmer s’il existe une crois-
femme est situé entre 20 et 30 ans. L’hyperprolactinémie
sance folliculaire sur un cycle spontané ou traité, prédire
peut être une cause d’infertilité, par diminution de la
sécrétion de gonadotrophines. Elle se manifeste habituel- la date de l’ovulation pour programmer une insémination
lement par une aménorrhée et une galactorrhée. Après artificielle, reconnaître la maturité folliculaire (pour le
avoir écarté les causes médicamenteuses d’hyperprolacti- déclenchement hormonal de l’ovulation ou pour le prélè-
némie, l’IRM hypophysaire est la meilleure technique de vement ovocytaire en cas de fécondation in vitro) et enfin,
détection d’un microadénome hypophysaire dont la taille il doit dépister les risques d’une hyperstimulation ova-
est inférieure ou égale à 1 cm. La plupart du temps, le rienne.
microadénome est en hyposignal T1 et hypersignal T2 et De plus, les techniques de ponctions échoguidées ont
se rehausse plus tardivement que la glande hypophysaire profondément modifié les protocoles de fécondation in
normale après injection de chélates de Gadolinium réali- vitro, en permettant d’éviter la coelioscopie.

Fig 18 •

A B C
Fig 18 • Macroadénome à prolactine. Macroadénome latéro-sellaire gauche responsable d’un bombement homolatéral du diaphragme sellaire, d’une dévia-
tion controlatérale de la tige pituitaire et compliqué d’un infarctus hémorragique en hypersignal T1 (A), hyposignal T2 (B), non rehaussé après injection de
chélates de Gadolinium (C).

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Imagerie de l’hypofertilité féminine
N MAZET, M VIALA-TRENTINI, M FILHASTRE, H DECHAUD, A MAUBON, JP ROUANET DE VIGNE-LAVIT

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