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Université du Centre

Faculté de Médecine Ibn Al Jazzar

2021-2022

DCEM2
B4.2pediatrie néonatalogie

MODULE : RADIOPEDIATRIE

IMAGERIE DE L’APPAREIL URINAIRE

Pr Ag. Ibtissem HASNI


Pr. Ag. Nadia ARIFA
IMAGERIE DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT

PLAN

I - Méthodes d’exploration : particularités techniques et résultats normaux


1-Arbre urinaire sans préparation (AUSP)
2- Echographie (écho)
3- Cystographie rétrograde (CGR)
4- Urographie intraveineuse (UIV)
5- autres techniques :
o Scintigraphie
o Tomodensitométrie (TDM)
o Imagerie par résonance magnétique (IRM)
II – Pathologies courantes de l’appareil urinaire de l’enfant :
1- Principales circonstances d’exploration de l’appareil urinaire
2- Confirmation d’un diagnostic anténatal
3- Bilan d’une infection urinaire
4- Bilan d’une uropathie malformative
5- Exploration d’une masse abdomino-pelvienne
6- Exploration d’un traumatisme du rein
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DE L’ENSEIGNEMENT
DU CERTIFICAT DE RADIOPEDIATRIE

I – OBJECTIFS DU DOMAINE COGNITIF NIVEAU 1


- Citer les différentes modalités d’exploration en imagerie de l’appareil urinaire chez l’enfant
- Citer les principales malformations du haut appareil chez l’enfant
- Citer les principales malformations vésicales
- Citer les principales malformations uréthrales
- Indiquer les signes cystographiquess du reflux vesico-urétéral
- Enumérer les différents stades de reflux vesico-urétéral en cystographie rétrograde
- Indiquer les signes urographiques du méga-uretère primitif
- Indiquer les signes urographiques d’un syndrome de jonction pyélo-urétérale
- Indiquer l’intérêt de l’imagerie dans le dépistage des malformations de l’appareil urinaire
anténatal
- Indiquer l’intérêt de l’exploration en imagerie chez un enfant présentant une infection
urinaire
- Définir la stratégie d’exploration d’une masse potentiellement rétro-péritonéale
- Préciser les principales indications de la TDM dans l’exploration de l’appareil urinaire
- Indiquer par ordre de priorité les modalités d’exploration par imagerie de l’appareil urinaire
dans les situations cliniques suivantes :
 Confirmation d’un diagnostic anténatal
 Exploration d’une infection urinaire chez l’enfant
 Suspicion d’uropathie malformative
 Suspicion de masse rétro-péritonéale

II- OBJECTIFS DU DOMAINE COGNITIF NIVEAU 2


- Reconnaître un rein normal, le mesurer
- Reconnaître une lobulation fœtale
- Identifier un reflux vésico-urétéral et préciser son grade
- Identifier un syndrome de jonction pyélo-urétéral
- Identifier un méga uretère congénital
- Identifier une uretérocèle
- Reconnaître des valves de l’urètre postérieur sur un cliché per mictionnel

III CONNAISSANCES PRE REQUISES


- Anatomie de l’appareil urinaire
- Embryologie de l’appareil urinaire et des principales malformations
- Physiologie rénale
- Anatomie radiologique de l’appareil urinaire sur un AUSP
- Anatomie radiologique de l’appareil urinaire en échographie
- Anatomie radiologique de l’appareil urinaire en TDM
- Anatomie radiologique de l’appareil urinaire en UIV
- Sémiologie radiologique :
o Urographique d’un syndrome obstructif
o Urographique d’un syndrome tumoral
o Urographique d’un rein muet
- Sémiologie échographique d’une dilatation des cavités pyélocalicielles, d’une masse
liquidienne, d’une masse solide, d’une masse mixte.
IMAGERIE DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT

I METHODES D’EXPLORATION DE L’APPAREIL URINAIRE

En pédiatrie, comme chez l’adulte, l’exploration de l’appareil urinaire doit être à la fois
morphologique et fonctionnelle. Cependant, elle doit toujours faire appel aux moyens
d’imagerie les moins invasifs en particulier chez le nouveau-né et le nourrisson.
L’échographie a pris une place prépondérante, elle est la première méthode utilisée et
parfois l’unique. Elle sera complétée, et à la demande par d’autres techniques : AUSP, la
CGR (cystographie rétrograde), l’UIV et/ou la scintigraphie. La TDM et l’IRM ont des
indications plus limitées.
1- AUSP
Premier temps d’une CGR ou d’une UIV, il peut être également pratiqué en même temps
qu’une échographie et il est réalisé en décubitus dorsal.
Ce cliché permettra de détecter :
- des malformations squelettiques et notamment rachidiennes (scoliose, spina bifida,
anomalies des corps vertébraux).
- Des lithiases ou calcifications
- Des anomalies osseuses : lyse en cas de localisation tumorale ou dystrophie en cas
d’insuffisance rénale.
2- ECHOGRAPHIE :
Actuellement, c’est une technique essentielle dans l’exploration de l’appareil génito-urinaire
en pédiatrie : c’est l’examen de base pendant la vie fœtale et l’examen de première intention
après la naissance.
Le rein présente des contours lobulés à la naissance et chez le nourrisson et une
différenciation cortico médullaire plus nette que chez l’adulte. La vascularisation rénale sera
appréciée par l’écho-doppler. La vessie doit être étudiée systématiquement au cours d’une
échographie de l’appareil urinaire, elle a des parois fines et régulières et les jets urétéraux sont
parfois visibles.
L’appareil génital féminin est bien exploré par échographie à la condition qu’il y ait une
bonne réplétion vésicale. Utérus et ovaires ont un aspect morphologique variable avec l’âge.
L’utérus impubère présente un corps très fin avec un isthme et un col deux fois
plus épais représentant les 2/3 du volume global. Au moment de la puberté, la taille de
l’utérus double avec un corps qui devient plus gros que le col (cette transformation commence
entre 6 et 8 ans).
Les ovaires : ils sont difficiles à voir avant 3 ans (en dehors de la période
néonatale). Avant la puberté, ils ont un volume = 1 cm3, l’augmentation de leur taille précède
les modifications utérines et dès l’âge de 6 ans de petites formations folliculaires (< 2 cm)
peuvent être visible. L’ovaire pubère est hétérogène et son volume est = 5 cm3.
3- C YSTOGRAPHIE RETROGRADE (CGR):
a. Cystographie radiologique :
C’est un examen qui fournit une étude morphologique complète du bas appareil urinaire.
Technique : c’est un examen à réaliser en dehors d’une infection urinaire ou sous couverture
anti infectieuse. La voie est rétrograde (sauf chez le nouveau né garçon en rétention chez qui
on emploie la voie sus pubienne). Les conditions d’asepsie doivent être rigoureuses.
Le produit de contraste doit être injecté en perfusion jusqu’au besoin mictionnel et tous les
clichés englobent la totalité de l’arbre urinaire.
La morphologie vésicale varie en fonction du remplissage avec présence parfois en semi
réplétion d’un prolongement inguinal inféro-latéral, uni ou bilatéral qu’on appelle vessie à
« oreilles » (Fig.1) et qui est une variante de la normale.

Prolongement

Fig. 1 : Schéma de vessie « à oreille»


Les contours sont réguliers en réplétion complète. En cours de miction peuvent apparaître
quelques irrégularités sans qu’elle ne constitue un stigmate d’obstacle et de « lutte » vésicale.
Le résidu post mictionnel est sans valeur chez l’enfant car les conditions de miction sont peu
physiologiques.
L’urètre est de morphologie simple chez la fille ( Fig.2) et plus complexe chez le garçon
(Fig.3) avec ses trois portions : prostatique (marquée par la lacune postérieure du veru
montanum V), membraneux et spongieux.
a : cylindrique ou conique b : fusiforme c : opacification vaginale au cours
de la miction sans signification
pathologique

Fig. 2 : Urètre chez la fille

ou urètre spongieux

Fig.3 : Urètre masculin


Cet examen permet la recherche de reflux vésico-urétéral (RVU), de valve de l’urètre
postérieur, l’étude des sténoses, de diverticules ou de malformations de l’urètre ainsi que des
diverticules vésicaux.
A noter que la dose gonades (irradiation) au cours de la CGR est non négligeable et les
contrôles seront réalisés en CGR isotopique (technique beaucoup moins irradiante).
b- Cystographie isotopique :
C’est une technique qui permet un enregistrement continu sur l’ensemble de l’appareil
urinaire pendant l’examen. Elle est de ce fait très sensible et elle est moins irradiante que la
cystographie radiologique. Elle a cependant une résolution spatiale moins bonne et ne permet
pas une bonne étude morphologique. C’est ainsi qu’elle est plus indiquée au cours de la
surveillance d’un RVU
4- UROGRAPHIE INTRAVEINEUSE :
C’est un examen morphologique et fonctionnel de tout l’appareil urinaire. Il est indiqué dans
le bilan des uropathies obstructives ou des lithiases.
Le nombre de clichés doit être réduit. Les résultats : chez l’enfant, la hauteur du rein est
mesurée et comparée à la hauteur des 3 premières vertèbres lombaires. Cette mesure,
rapportée à des courbes (ou abaques) établies, permet d’évaluer la taille des reins en fonction
de la taille de l’enfant et le résultat est fourni en déviation standard (DS).
L’épaisseur du parenchyme est appréciée par la ligne de Hodson. Les variantes en nombre, en
siège et la morphologie pyélo-calicielle sont appréciées de la même manière que chez
l’adulte. Quelques variantes et « pièges » sont à connaître : (Fig4.).
Les contours rénaux bosselés chez le nouveau né sont dus à la lobulation fœtale.
L’aspect tortueux des uretères dans leur portion initiale est fréquent chez le nourrisson :
uretères fœtaux (particularité anatomique de l’enfant)

1 : lobulations foetales
2 : empreinte splénique
3 : tiges courtes et bassinet
globuleux
4 : tiges longues

5 : uretères « foetaux »

6 : trajet urétéral pelvien


variable

7 : vessie « à oreille »
Fig. 4 : UIV chez le nourrisson
5- AUTRES MOYENS :
a. Scintigraphie au DTPA
La scintigraphie au DTPA (technétium 99m acide diéthylène trimanine penta-acetique)
permet une analyse fonctionnelle quantitative de chaque rein, avec des épreuves dynamiques
possibles (épreuve au lasilix comme en UIV). Son grand avantage est son irradiation très
faible.
b- Scintigraphie au DMSA
La scintigraphie au DMSA (technétium 99m acide dimercaptho succinique) permet une
analyse morphologique du parenchyme rénal. Elle est très utile dans le diagnostic positif de
pyélonéphrite aiguë et des séquelles parenchymateuses.
Ces explorations scintigraphiques sont de plus en plus utilisées grâce à leur excellente étude
fonctionnelle et à leur faible taux d’irradiation.

c- Tomodensitométrie : c’est une technique délivrant des doses


d’irradiation significative chez l’enfant. Ses principales indications sont :
- Le bilan d’opérabilité des tumeurs rénales ou rétro péritonéales (néphroblastome,
neuroblastome, tumeurs du sinus urogénital).
- Les traumatismes de l’appareil urinaire.
- Les pyélonéphrites compliquées d’abcès.
d- Imagerie par résonance magnétique (IRM) : de plus en plus indiquée dans les

pathologies tumorales, rétro-péritonéales et pelviennes, elle peut constituer une alternative à


l’examen TDM notamment en cas d’insuffisance rénale mais elle nécessite une prémédication
voire une AG.
II PATHOLOGIES COURANTES DE L’APPAREIL URINAIRE
1- PRINCIPALES CIRCONSTANCES D’ EXPLORATION DE L’ APPAREIL URINAIRE
L’étude des reins est systématique lors de toute échographie abdominale chez l’enfant quel
que soit le signe d’appel, ce qui amène parfois à la découverte fortuite d’anomalies rénales.
Cependant, certaines circonstances particulières peuvent amener également à la découverte
d’anomalies de l’appareil urinaire.
Les circonstances les plus fréquentes sont :
 bilan d’une uropathie suspectée en anténatal
 bilan d’une infection urinaire
 bilan d’une tumeur rétro péritonéale
Les autres circonstances :
 le retard de croissance : la cause pouvant être rénale
 les urgences abdominales, traumatiques ou non
 un syndrome infectieux général
 un syndrome polymalformatif : malformation anoréctale, du squelette…
 lors d’enquêtes familiales (polykystose rénale…).

2- CONFIRMATION D’ UN DIAGNOSTIC ANTE-NATAL


Grâce à l’échographie obstétricale, plusieurs uro-néphropathies peuvent être diagnostiquées
pendant la vie fœtale et doivent être confirmées à la période néo-natale dans le but
d’améliorer leur pronostic par un diagnostic et une prise en charge précoce, avant
l’installation de l’insuffisance rénale.
La confirmation du diagnostic anténatal d’une uropathie repose sur l’échographie. Voici
quelques situations pratiques :
a- L’agénésie rénale :
Les fosses lombaires fœtales sont vides : il n’y a pas d’image de rein visible
Il faut examiner le pelvis pour voir si la vessie est présente et s’il n’y a pas de rein ectopique :
si la vessie n’est pas vue et il n’y a pas d’image de rein ectopique. Le diagnostic suspecté est
celui d’agénésie rénale.
L’agénésie rénale bilatérale doit faire recherche les autres anomalies du syndrome de Potter
qui est un syndrome létal.
L’agénésie unilatérale peut s’accompagner d’une hypertrophie compensatrice du rein restant
et dans ce cas, la vessie est visible et le pronostic est favorable.
b- Les malformations : dysplasies et uropathies
Les reins peuvent être présents mais de très petite taille. Il s’agit d’une hypoplasie rénale à
confirmer en post natal par une échographie.
Les reins sont présents mais hyper échogènes. Il faut mesurer la taille des reins, étudier le foie
et la rate et rechercher des formations kystiques rénales, spléniques ou hépatiques.
Les reins sont remplacés par une image liquidienne cloisonnée. Il faut penser à deux
diagnostics :
o La dysplasie multikystique : les kystes ne communiquent pas entre eux.
o Le syndrome de la jonction pyélo-urétérale : les kystes communiquent avec le
bassinet qui est représenté par une grosse cavité kystique centrale et dilatée.
Si les cavités dilatées sont urétéro-pyélocalicielles, il s’agit d’un méga-uretère uni ou bilatéral.
Si les cavités urétéro-pyélocalicielles sont dilatées des deux cotés et la vessie est également
dilatée, il s’agit d’un obstacle sous vésical représenté essentiellement par :
- Les valves de l’urètre postérieur (garçon)
- La vessie neurologique (malformation rachidienne, fille et garçon)
Toutes ces anomalies doivent être confirmées en post natal par l’échographie.
c- Vessie anormale :
Elle peut contenir une image d’urétérocèle : poche liquidienne, il faut alors rechercher une
duplicité avec ou sans ectopie.
La vessie peut être diverticulaire.
La vessie peut être absente, il s’agit d’une extrophie vésicale. Celle-ci sera affirmée sur un
simple AUSP devant la disjonction du pubis.
En conclusion, toute anomalie de taille, d’échostructure, de siège des reins ou de la vessie doit
être confirmée en post natal par une échographie.

3- BILAN D’ UNE INFECTION URINAIRE :


La distinction entre le nourrisson et le petit garçon d’une part et la fille autre part n’est plus de
mise lorsqu’il existe une infection urinaire documentée par un ECBU correctement réalisé. Il
faut pratiquer des explorations complémentaires dès le 1er épisode infectieux. En fonction
du contexte et en particulier des signes ou non d’atteinte du haut appareil l’attitude va différer.
a- Infection urinaire à priori sans atteinte du haut appareil :
L’échographie est réalisée d’emblée pour dépister une uropathie obstructive, apprécier la
taille des reins, l’épaisseur du parenchyme.
b- Tableau de pyélonéphrite aiguë
L’échographie doit être réalisée. Le but de l’échographie n’est pas de rechercher des foyers
de néphrite car le diagnostic de pyélonéphrite est clinique et biologique (ECBU). Elle est
indiquée essentiellement pour rechercher des complications (abcès, rétention purulente…) et
de rechercher une uropathie sous jacente pour orienter les explorations ultérieures.
Un drainage d’un abcès sous contrôle échographique ou scannographique peut être indiqué.
La CGR n’est pas de réalisation systématique, elle n’est réalisée que s’il existe des anomalies
à l’échographie (dilatation de l’arbre urinaire faisant suspecter un RVU…)
c- Recherche de reflux vésico-urétéral (RVU) et de son

retentissement :
Le RVU est l’uropathie la plus fréquente chez l’enfant ; il comporte un risque majeur
représenté par la néphropathie de reflux qui peut conduire à l’insuffisance rénale chronique
(IRC).
Le RVU peut être :
- Primitif, souvent congénital, par anomalie de la jonction urétéro-vésicale. Il peut être
associé à d’autres malformations (duplication totale, méga uretère primitif, diverticule
juxta-uretéral…).
- Secondaire à une obstruction sous vésicale : pathologie de l’urètre et
dysfonctionnement d’origine neurologique.
en repose sur : dès que le RVU apparaît, il faut noter son
caractère uni ou bilatéral, son temps d’apparition (passif au cours de remplissage, ou actif au
cours de miction), sa durée (fugace ou permanent), son niveau (urétéral ou pyélocaliciel), le
degré de dilatation des cavités et la rétention du produit de contraste au niveau du haut
appareil. La recherche d’un reflux intra rénal (opacification des tubules au niveau des
papilles) est essentielle sur le plan pronostique.
Le RVU étant un phénomène intermittent, la négativité d’une CGR ne permet pas toujours
d’être formel su son absence.
La CGR isotopique constitue une excellente alternative pour la surveillance d’un RVU connu.
Classification des reflux : la classification internationale comprend 5 stades (Fig5) :
- Stade 1 : opacification urétérale seule
- Stade 2 : opacification jusqu’aux cavités rénales
- Stade 3 : dilatation modérée des voies urinaires avec élargissement des fornix
- Stade 4 : dilatation importante, conservation de l’empreinte des papilles,
uretères tortueux.
- Stade 5 : dilatation majeure de l’ensemble de l’appareil urinaire avec fonds de
calices conservés.
Le reflux pyélo-interstitiel ou intra rénal est indépendant du stade et prédomine aux pôles
supérieurs ++ (Fig. 6).

Fig. 5 : Classification internationale des reflux vésico-urétéraux


Fig.6 : Reflux pyélo-interstitiel
L’échographie et les examens scintigraphiques recherchent la complication majeure du RVU :
la néphropathie de reflux. L’existence de cette néphropathie conditionne le pronostic du RVU
et justifie le plus souvent un traitement chirurgical.

4- B ILAN D’ UNE UROPATHIE MALFORMATIVE :

Lors des explorations réalisées dans les 2 cadres pathologiques précédents (diagnostic
anténatal ou contexte d’infection urinaire), il est possible et même fréquent de mettre en
évidence une malformation de l’appareil urinaire.
C’est l’échographie qui permettra d’orienter la chronologie des explorations ultérieures : CGR
pour rechercher un RVU et les valves de l’urètre postérieur et l’UIV dans les autres
syndromes obstructifs.
Nous verrons ici les trois principales uropathies obstructives :

C’est une dysfonction de la JPU réalisant un syndrome obstructif (Fig.7). L’atteinte peut être
uni ou bilatérale, asymétrique. L’association à d’autres malformations rénales est fréquente.

Fig. 7 : Syndrome de la jonction pyélo-urétérale du rein droit


En échographie : c’est une distension du bassinet et des cavités intra rénales sans visualisation
des uretères. La CGR est nécessaire pour éliminer un éventuel RVU associé.
L’UIV permet de montrer :
- Dans la forme sévère mais avec un rein sécrétant ( Fig.8) des signes d’obstruction
variables allant de la néphrographie prolongée avec signe de la coque (a), du signe de
croissant (b), à l’opacification retardée des cavités dilatées (c) et la rétention prolongée
du produite de contraste.

a : néphrographie b : signe du c : opacification retardée


Prolongée +signe de la coque croissant des cavités dilatées

Fig.8 : Syndrome de la jonction pyélo-urétérale (forme sévère mais sécrétante)


- Rein muet non fonctionnel
- Des formes moyennes voire mineures où la dilatation est moins importante sans
retentissement fonctionnel

C’est la dilatation congénitale de l’uretère en amont d’un segment terminal obstructif,


d’apparence normale avec un abouchement normal dans une vessie normale sans obstacle
vésical ou sous vésical.
Le retentissement parenchymateux rénal est moins marqué que dans les autres obstacles. Il est
habituel de distinguer trois types (Fig.9) :
Type I : méga uretère pelvien ou ilio-pelvien respectant la partie haute lombaire et les cavités
pyélocalicielles
Type II : méga uretère totale avec dilatation de l’ensemble sans sinuosité
Type III : dolicho méga uretère sinueux.

Type I : méga-uretére Type II : dilatation Type III : dilatation


ilio-pelvien modérée de l’ensemble importante avec
sans sinuosité sinuosités
Fig. 9 : Méga-uretère primitif
Le méga uretère primitif obstructif doit être distingué des autres méga uretères primitifs
(méga uretère en amont d’un abouchement anormal au niveau de la vessie liée à un orifice
ectopique, ou à une uretérocèle) et des méga uretères secondaires soit à un obstacle sous
jacent (valves de l’urètre, vessie neurogène) soit à une RVU +++
Le diagnostic de méga uretère repose sur plusieurs examens. L’échographie montre la
dilatation uretéro-pyélocalicielle. L’UIV précise la morphologie du bas uretère dont
l’extrémité est effilée en « queue de radis » bien visible sur le cliché oblique et persistant
après miction. La CGR vérifie l’absence d’obstacle cervico-urétral et de RVU.

Ce sont des replis membraneux congénitaux obstructifs, elles ne touchent que le garçon.
La présentation clinique et les circonstances de découverte sont en fonction de l’âge :
- Chez le fœtus : elles sont suspectées devant un oligoamnios associé à une grosse
vessie et parfois une dilatation bilatérale des cavités pyélocalicielles.
- Chez le nouveau-né et le nourrisson une grosse vessie peut être retrouvée.
- Chez l’enfant plus grand : dysurie, urine goutte à goutte et pollakiurie peuvent être le
mode de présentation ou bien c’est le bilan d’une IRC ou d’une infection urinaire qui
amènent au diagnostic.
L’imagerie permettra d’affirmer le diagnostic et d’évaluer le retentissement sur l’appareil
urinaire. L’échographie montrera des signes de lutte vésicale (paroi épaissie) et parfois un
urètre postérieur dilaté. C’est la cystographie par voie sus pubienne qui montre la disparité de
calibre au niveau de l’urètre postérieur (Fig.10).
Le retentissement va se faire d’abord sur la vessie :
Vessie de lutte : petite vessie à paroi épaissie aussi bien en échographie qu’en cystographie
avec parfois aspect de vessie à colonnes.
Après un certain temps la vessie devient atonique. Elle se dilate et sa paroi devient très mince.
Le retentissement sur le haut appareil est capital car c’est lui l’élément majeur du pronostic. Il
est variable d’un cas à l’autre :
- La stase urinaire supérieure est variable modérée à sévère avec des cavités
pyélocalicielles très dilatées et des dolicho-méga uretères.
- Le RVU, complication grave est d’autant plus important que les valves sont plus
serrées et que l’enfant est plus jeune.
Vessie de lutte 
(pluridiverticulaire et à
paroi épaissie) 
 Reflux vésico-urétéral

Cathéter sus pubien 

Distension de
l’urètre postérieur

Fig.10 : Valves de l’urètre postérieure


(Au cours d’une cystographie par voie sus-pubienne)

5- EXPLORATION D’ UNE MASSE ABDOMINALE CHEZ L ’ENFANT :


Il est fréquent qu’un enfant se présente pour une masse abdominale palpable. Les causes
rétro-péritonéales en sont les plus fréquentes et parmi elles, les causes rénales.
L’échographie permet de voir si le point de départ de la masse palpable est intra ou extra
péritonéal et dans le cas de masse rétro-péritonéale, si cette masse est intra ou extra rénale.
Elle permet aussi d’analyser sa structure qui peut être solide ou liquide et d’analyser la totalité
de la cavité abdominale.
a- Les masses rétro péritonéales, intra rénales liquides :
Elles sont les plus fréquentes. Il s’agit le plus souvent d’une hydronéphrose, de kystes rénaux
ou bien d’abcès ou de collection rénale. Le bilan sera alors complété par CGR et/ou UIV si
hydronéphrose. Une TDM sera utile si abcès ou collection complétée par une ponction ou un
drainage.
b- Les masses rétro péritonéales rénales solides :
Il s’agit le plus souvent d’une tumeur solide : le néphroblastome qui est une tumeur maligne.
L’échographie permet d’en analyser la taille et l’échostructure et la TDM permet le bilan
d’opérabilité de cette tumeur. Le bilan initial pré-thérapeutique comprend une TDM
thoracique à la recherche de métastases pulmonaires.
c- Les masses rétro péritonéales extra rénales solides :
Il s’agit le plus souvent d’un neuroblastome qui est confirmé par l’ECHO avec une ponction
écho-guidée pour une preuve histologique. Si la tumeur doit être opérée, le bilan TDM précise
l’opérabilité de la tumeur et l’IRM son extension intra-rachidienne. Les autres masses rétro-
péritonéales solides sont les adénopathies et les tumeurs mésenchymateuses qui sont rares.
d- Les masses intra péritonéales :
Les masses intra péritonéales solides ou liquidiennes peuvent être intra parenchymateuses,
hépatiques ou spléniques, ou bien purement intra péritonéales. L’échographie permet souvent
de porter le diagnostic.
Les masses liquides sont dominées par les kystes hydatiques, les duplications digestives, le
lymphangiome kystique, le kyste du cholédoque.
Les masses solides sont dominées par le lymphome malin non Hodgkinien ou les
adénopathies d’autre origine (ex : tuberculose péritonéale ou adénolymphite).
f- Les masses pelviennes :
L’échographie permet de situer les masses pelviennes par rapport à la vessie et au rectum
selon 3 compartiments : les masses rétro vésicales, les masses pré rectales et les masses retro-
rectales.
* Chez la fille :
Les masses rétro vésicales sont dominées par deux étiologies : l’hématocolpos pour les
masses liquides et le sarcome du sinus urogénital pour les masses solides.
Les masses pré-rectales sont dominées par les kystes ovariens pour les masses liquides et les
tumeurs solides de l’ovaire pour les masses solides.
* Chez le garçon :
Les masses sous vésicales sont dominées par le sarcome du sinus urogénital qui soulève et
déforme la vessie.
Les masses pré-rectales sont en général solides, il s’agit le plus souvent d’adénopathie ou
d’appendicite ectopique.
Les masses retro rectales, chez le garçon comme chez la fille, ont des étiologies qui sont
dominées par le tératome sacro-coccygien et le neuroblastome pour les tumeurs solides, la
méningocèle antérieure et les duplications rectales pour les tumeurs liquides.

6- LES TRAUMATISMES DU REIN :


Au cours des traumatismes de l’abdomen, les lésions du rein sont proportionnellement un peu
plus fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte car le rein est moins bien protégé. De plus,
l’existence de lésions rénales pré-existantes peut fragiliser le rein en particulier s’il existe une
hydronéphrose.
La TDM permet actuellement un bilan lésionnel précis.

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