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Fistules et kystes congénitaux du cou

Introduction
Chez l’enfant, au contraire de l’adulte, la pathologie malformative cervicale n’est pas une entité rare.
Le développement de la région latéro-cervicale est étroitement lié à l’évolution de l’appareil branchial, structure embryonnaire complexe,
métamérisée, qui apparaît dans la région céphalique de l’embryon. Chaque élément de l’appareil branchial donne naissance à des dérivés
spécifiques, qu’il est indispensable de connaître pour identifier au mieux leurs éventuelles anomalies.
Qu’il s’agisse d’un kyste ou d’une fistule, le geste chirurgical d’exérèse doit être complet pour éviter une récidive. Quelles que soient les
localisations des kystes ou fistules, l’exérèse chirurgicale, lorsqu’elle est réalisée après une abcédation, est toujours difficile et source de
récidive. Il est particulièrement important, en cas de révélation d’un kyste ou d’une fistule cervicale par une abcédation, d’éviter si possible
une incision de l’abcès (préférer un traitement médical avec ponction) et surtout de programmer la chirurgie au décours sans arrêter
l’antibiothérapie.
Cela est très important pour les kystes du tractus thyréoglosse, pour lesquels le risque de récidive est nettement majoré en cas d’intervention
après infection.
Embryologie
Les arcs branchiaux forment des structures embryonnaires transitoires fondamentales pour la morphogenèse de la région cervico-faciale.
Au niveau céphalique, les cellules issues de la crête neurale migrent et se mélangent avec les cellules du mésoderme céphalique. Il se forme
alors des unités métamériques, ou arcs branchiaux, limités en superficie par l’ectoderme de surface, en profondeur par l’endoderme et
contenant un tissu mésenchymateux provenant des cellules de la crête neurale et des cellules mésodermiques. Les arcs branchiaux se forment
progressivement selon un gradient céphalo-caudal et réalisent des unités métamériques séparées pas des zones de jonction, ou fentes, entre
ectoderme et endoderme, sans interposition de mésoderme.
Chaque arc peut être considéré comme un compartiment dont l’évolution est autonome.
Il existe quatre arcs branchiaux principaux (les quatre premiers) et trois fentes ectodermiques. Au niveau de l’endoderme, on décrit six poches
endodermiques
À partir du 32e jour embryonnaire, le deuxième arc branchial grandit plus que les troisième et quatrième, jusqu’à les recouvrir.
Il se forme ainsi une cavité close limitée par de l’ectoderme, le sinus cervical, qui disparaîtra sans laisser de dérivé.
Les arcs branchiaux sont des structures paires qui grandissent vers la région ventrale, où ils se rejoignent sur la ligne médiane.
Au cours de la 5e semaine naissent de chaque arc un dérivé ostéo-cartilagineux, un ou plusieurs muscles striés, un nerf crânien mixte, une
artère ou un arc aortique. Le deuxième arc subit une expansion majeure vers le bas qui l’amène à rejoindre le cinquième arc, recouvrant ainsi
les deuxième, troisième et quatrième sillons ectoblastiques, pour créer le sinus cervical.

Diagnostic positif
Interrogatoire, Histoire de la maladie , Circonstance de survenue (brutale, progressive, douloureuse…), Caractères évolutifs ( augmente de
volume, épisodes de surinfection, d’écoulement, aspect du liquide, régression spontanée, ou sous traitement).
Signes associés: dyspnée, dysphonie et dysphagie, fièvre, amaigrissement, Asthénie et anorexie.
Antécédents:
Personnels: Médicaux (CV, intoxication alcool tabagique, notion TBK, notion de zone d’endémie goitrigène, Radiothérapie dans l’enfance,
insuffisance rénale, hypoacousie), Chirurgicaux (notion intervention au niveau cervico-faciale (cancer), cuir chevelu (mélanome), sein ou
gynécologique), familiaux (Tm du cou dans la famille)
Examen clinique:
Examen du cou: position assise, ceinture scapulaire et région axillaires dégagées.
l’inspection: aspect du cou: état de la peau et sa coloration, cicatrice, relief et ascension à la déglutition.
Fistule: siège, aspect du liquide
Palpation: au repos et en action, (caractère inflammatoire ou non (douleur, chaleur et rougeur de la peau), Siege par apport aux chaine
lymphatique cervicales, Consistance ligneuse(cancer), rénitente (kyste), molle(lipome). La dureté doit faire évoquer la malignité, Forme,
Caractère isolé ou multiple, uni ou bilatéralité, Mobilité par apport aux plan superficiels et profonds, Taille…battante…
Auscultation
Examen locorégional:
Cavité buccal: examen de plancher buccal, langue mobile, base de langue…
Oropharynx: examen du voile, des piliers, parois pharyngée post, la loge amygdalienne
Examen de hypo pharynx: examen au miroir.
Le cavum: RP, nasofibroscopie
Examen somatique complet:
Examens complémentaires :
Examens demandés de façon systématique (constitue le bilan minimum), NFS, VS, CRP, radiologie pulmonaire de face et de profil.
IDR, Echographie cervicale ou TDM cervico-thoracique.
Echographie cervicale: nature solide ou liquide, rapport avec les gros vaisseaux.
TDM: importance de la masse, siège, limites, extension, caractère vasculaire.
Les autre examens seront demandes en fonction des données de l’examen clinque et du bilan paraclinique minimum.
Pan endoscopie: sous AG, exploration pharyngo-laryngée, et du cavum, trachée; œsophage.
Ponction à l’aiguille
Fistulographie
Cervicotomie exploratrice

Diagnostics différentiels
Les masses cervicales, plus que les fistules, peuvent proposer plusieurs diagnostics différentiels.
Adénopathies cervicales
Elles sont classiquement facilement reconnaissables devant leur consistance ferme, irrégulière, parfois douloureuse, et leur siège dans les aires
ganglionnaires. Un bilan clinique, biologique, et radiologique est indispensable pour retrouver une étiologie non congénitale, infectieuse ou
néoplasique. Chez l’enfant, un délai de 2 à 3 mois sera nécessaire avant de proposer un geste d’exérèse afin d’éliminer une adénite bénigne.
Lipomes
Masses molles ou rénitentes, les lipomes sont rares chez l’enfant.
Tumeurs nerveuses (sympathome, schwannome, neurinome)
Siégeant le plus souvent le long du pneumogastrique, le diagnostic de ces tumeurs fermes est aidé par la réalisation d’une IRM.
Tératomes solides
Ces tumeurs embryonnaires comportent des reliquats des trois tissus ecto-, méso-, et endoblastiques. Il est possible de rencontrer, à côté
d’épithéliums malpighiens, de l’os, du cartilage, des muscles, du tissu nerveux, etc.
Laryngocèles
Ce sont des cavités aériques et non pas des kystes. Dilatations pathologiques du saccule laryngé, ces lésions sont rares, souvent congénitales et
se développent plutôt chez un patient âgé.
Malformations vasculaires sanguines
Les hémangiomes sont les plus fréquentes des tumeurs cervico-faciales de l’enfant. Ces angiomes du nourrisson augmentent en volume durant
les 8 premiers mois de vie puis régressent progressivement après la première année dans plus de 90% des cas. C’est l’échographie qui
confirme la lésion devant son hétérogénicité et son signal doppler.
Les ectasies veineuses sont des masses molles et dépressibles augmentant de volume avec l’expiration, la toux et la position déclive. Leur siège
est essentiellement jugulaire ou sus-sternal. Le diagnostic est confirmé par l’échographie ou l’IRM.
« Fibromatosis coli »
Incorrectement appelée «hématome» du muscle SCM, il s’agit d’une infiltration fibroblastique du muscle. Se révélant peu après la naissance
devant un torticolis du côté de la lésion, elle régresse spontanément le plus souvent aidée par de la kinésithérapie.
Gros thymus
Ils montent lors de la toux et de la déglutition, et peuvent être étiquetés à tort kyste sus-sternal ou claviculaire.
Tumeurs thyroïdiennes solides
Ce sont les tumeurs thyroïdiennes sur thyroïde ectopiques qui posent le plus de problèmes diagnostiques. L’échographie, parfois aidée d’une
scintigraphie, permet de rétablir l’origine de la masse cervicale.

Kystes et fistules de la première fente


Embryopathogénie
D’origine encore mal connue, ces kystes et fistules de la première fente se classent en type I et II selon Work en 1972.
Le type I est une duplication du conduit auditif externe d’origine ectodermique. Le trajet fistuleux siège en arrière du pavillon et de la conque,
se dirige à la face externe du nerf facial, parallèlement à celui-ci. Entouré de parenchyme parotidien, il se termine en cul-de-sac dans la région
pré-auriculaire. L’examen histologique ne retrouve ni annexe cutanée, ni résidu cartilagineux.
Le type II, plus fréquent, résulterait d’une duplication ecto- et mésoblastique du conduit auditif externe, dont l’histologie retrouve des dérivés
(cartilage et annexes cutanées). Les lésions sont situées en arrière de la mandibule, associant un trajet fistuleux s’abouchant à la jonction
ostéo-cartilagineuse du conduit auditif externe.
Clinique
Ils représentent environ 1 % des anomalies branchiales et leur diagnostic reste difficile car leur symptomatologie peut être cervicale,
parotidienne ou auriculaire.
Dans les fistules complètes, l’orifice externe est situé dans une zone de projection cutanée définie par Poncet qui réalise un triangle dont le
sommet est le plancher du conduit auditif externe et la base est une ligne réunissant la pointe du menton et le milieu de l’os hyoïde. Souvent,
cette fistule externe est secondaire à un épisode de surinfection du kyste.
L’orifice supérieur passe souvent inaperçu. Une otoscopie minutieuse peut retrouver un petit orifice ponctiforme du plancher du conduit
auditif externe, à sa partie moyenne au niveau de la jonction ostéo-cartilagineuse. L’aspect typique est celui d’une bride prémyringienne en
«foc de voilier» retrouvée dans 15 % des cas environ.
Complications
L’infection est la complication la plus souvent révélatrice de ces malformations. Ces épisodes infectieux entraînent des remaniements fibreux
qui compliqueront le geste d’exérèse chirurgicale. Une cancérisation du kyste a déjà été décrite.
Examens complémentaires
Seule la fistulographie peut tenter d’opacifier le trajet fistuleux mais rarement jusqu’à son origine haute. Aucun examen complémentaire n’est
indispensable avant de proposer l’exérèse chirurgicale, qui, seule, permettra de mettre en évidence les rapports du nerf facial avec la fistule.
Traitement
L’exérèse chirurgicale de la fistule doit être réalisée le plus tôt possible pour limiter les risques de remaniement inflammatoires liés aux
épisodes de surinfection. Souvent, le diagnostic n’est confirmé qu’après ces épisodes infectieux. Il conviendra alors de n’opérer qu’après
refroidissement complet des lésions par une antibiothérapie.
La voie d’abord associe une résection de l’orifice fistuleux à une incision de parotidectomie. La fistule est ensuite disséquée de proche en
proche en découvrant ses rapports avec le nerf facial. Une parotidectomie superficielle peut parfois s’avérer nécessaire. S’il existe, l’orifice
interne sera réséqué avec ablation d’un fragment cartilagineux du plancher du conduit auditif externe.

Kystes et fistules de la deuxième fente


Embryopathogénie
Ce sont les plus fréquentes des lésions congénitales du cou, un facteur héréditaire est retrouvé dans 20% des cas et ils sont bilatéraux pour un
tiers d’entre eux.
Lors du développement des arcs branchiaux, le deuxième arc évolue dans le sens caudal, venant recouvrir les troisième et quatrième arcs,
formant ainsi le sinus cervical.
Le kyste peut rester borgne ou communiquer par fistulisation interne au niveau de la région amygdalienne, ou au niveau cutané, réalisant ainsi
une fistule complète. Il peut exister sur le trajet fistuleux des kystes dits amygdaloïdes, lorsqu’ils contiennent du tissu lymphoïde, formés par
un défaut de résorption du sinus cervical ou d’une des vésicules cervicales.
Clinique
Le diagnostic est le plus souvent fait à la naissance devant une fistule cutanée externe latéro-cervicale. Parfois, il faut attendre un épisode de
surinfection oropharyngée réalisant un tableau de tuméfaction cervicale.
La masse kystique, en avant et en dedans du muscle SCM, est située sous l’os hyoïde. Mobile par rapport à la peau, le kyste est rénitent ou
élastique, rond ou ovoïde. Les kystes latéro-cervicaux ont été classés en quatre stades par Bailey:
Kyste de type I: le plus superficiel, situé juste sous l’ACS en avant du muscle SCM
Kyste de type II: situé sous l’ACS, en avant et en dehors des gros vaisseaux auxquels il peut adhérer, il est le plus fréquent.
Kyste de type III : il s’étend vers le pharynx, entre la carotide interne et externe avec, parfois, un prolongement vers la base du crâne.
Kyste de type IV : exceptionnel, il se situe entre la paroi pharyngée en dedans et l’axe vasculaire en dehors.
L’orifice interne de la fistule est rarement retrouvé. Il se situe au niveau de l’amygdale palatine, le plus souvent à son bord postéro-supérieur, à
proximité de la fossette de Rosenmüller. Il peut aussi être retrouvé au niveau du bord libre du voile, ou sur les piliers antérieur ou postérieur
de l’amygdale.
Examens complémentaires
La fistulographie peut parfois permettre d’opacifier tout le trajet fistuleux, lorsque celui-ci n’a pas été trop remanié par des épisodes
infectieux. L’absence d’injection ne dispense pas de la recherche et de la dissection chirurgicale du trajet fistuleux ascendant. L’échographie ou
la tomodensitométrie permettent de confirmer la nature kystique d’une tuméfaction cervicale.
Traitement
Le traitement est chirurgical, il sera réalisé à distance d’un épisode infectieux. En l’absence de surinfection, on peut attendre l’âge de 2 ou 3
ans. Le geste doit retirer en un temps la totalité du trajet fistuleux et du kyste. L’exérèse de l’orifice cutané est effectuée par une courte
incision cervicale. Elle emporte cet orifice et permet la dissection du tractus sous le peaucier, et l’ACS vers la région amygdalienne. Souvent, il
n’est pas possible de poursuivre la dissection par cette incision jusqu’à la bifurcation carotidienne.
Une incision complémentaire en regard de l’os hyoïde permet de reprendre la dissection entre les deux carotides, au-dessus du nerf grand
hypoglosse, sous le ventre postérieur du digastrique, jusqu’à la paroi pharyngée. Il n’est pas utile de réaliser une amygdalectomie. Le trajet
interne sera suturé le plus haut possible au contact de la paroi pharyngée. Les récidives restent ainsi exceptionnelles.

La constatation d’une fistule de la 2e fente, surtout si elle est bilatérale doit faire rechercher un Syndrome branchio-oto-rénal
décrit par Melnick en 1975, autosomique dominant, sur le chromosome 8
Associe fistule(s) de la «deuxième fente branchiale» hypoacousie constante voire surdité (2%) fibro-chondromes pré-auriculaires (75%)
anomalies rénales de gravité diverse sans retard mental
La suspicion de diagnostic est essentiellement clinique :
Trois signes cliniques doivent être présents en cas d'absence d'antécédents familiaux.
Deux signes cliniques suffisent en cas d'antécédents familiaux.
L'absence d'anomalie rénale doit refaire considérer le diagnostic

Fistules des troisième et quatrième poches


Ces malformations très rares possèdent une symptomatologie souvent trompeuse et à l’origine d’erreur diagnostique et d’échec
thérapeutique. La fistule de la quatrième poche endobrachiale est une malformation congénitale pouvant se définir comme la persistance
anormale d’un canal unissant le fond du sinus piriforme à la face profonde d’un lobe thyroïdien. Les fistules de la troisième poche sont souvent
difficiles à différencier de ces dernières, et s’abouchent à la partie haute du sinus piriforme. La proximité des troisième et quatrième poches
est telle qu’il est souvent difficile de les distinguer.
Embryopathogénie
Le troisième arc est à l’origine de la partie haute des sinus piriformes, du thymus, de la grande corne et du corps de l’os hyoïde, d’une partie de
l’épiglotte, du nerf glossopharyngien et de la carotide interne. La croissance du quatrième arc va produire la partie basse des sinus piriformes,
le nerf laryngé supérieur, la crosse de l’aorte à gauche et l’artère sous-clavière à droite. La région de la quatrième poche branchiale est
marquée par l’existence du canal pharyngobranchialis IV qui réunit la parathyroïde supérieure et le corps ultimobranchial au pharynx.
C’est la persistance de ce canal pharyngobranchialis IV qui serait à l’origine des fistules et kystes de la quatrième poche endobrachiale.
Clinique
Ces malformations ne présentent pas de fistule externe. Leur découverte ne se fait qu’à la suite d’un épisode de surinfection.
La méconnaissance du diagnostic entraîne une répétition de ces infections et des gestes de drainage nécessairement incomplets.
Devant un tableau d’abcès cervical bas, le diagnostic de kyste de la troisième ou quatrième poche doit être évoqué. Une endoscopie,
réalisée sous anesthésie générale, mettra en évidence, pour les fistules de la quatrième fente, l’orifice muqueux interne au fond du sinus
piriforme.
Examens complémentaires
La fistulographie permet d’éliminer une fistule basse de la deuxième fente branchiale.
L’échographie, la scintigraphie thyroïdienne, voire le scanner cervical peuvent éliminer une pathologie thyroïdienne et préciser les rapports du
kyste avec la thyroïde et le larynx.
Traitement
Le traitement d’exérèse chirurgicale est souvent rendu délicat par les tentatives de drainage des épisodes de surinfection passés, et par les
rapports étroits avec les nerfs récurrents et la thyroïde. La poche kystique sera disséquée au plus près, et le trajet fistuleux suivi jusqu’à la
muqueuse du sinus piriforme, où il sera sectionné et ligaturé. Parfois, un geste d’exérèse partielle de la thyroïde est nécessaire. Une
alternative au traitement chirurgical par voie externe est la cautérisation de l’orifice fistuleux associée à un traitement médical de la
surinfection.

Kystes dermoïdes cervicaux


Rares, ces kystes font partie des dysraphies cervico-faciales et sont secondaires à une inclusion congénitale médiane par défaut d’accolement
des arcs branchiaux. Ils sont le plus souvent localisés en position sus-hyoïdienne, sous-mentale postérieure et médiane, mais on peut les
retrouver en région sus-sternale. Ils sont en règle isolés, sans autre malformation faciale.
Clinique
Le diagnostic se fait souvent au cours de la première décennie devant une tuméfaction médiane découverte lors d’un examen systématique.
Plus rarement, cette tuméfaction peut être révélée par un épisode de surinfection avec augmentation brutale de volume et douleur.
Classiquement, elle est arrondie, ferme, sous-cutanée, indolore et adhérente à l’os hyoïde chez l’enfant.
Les kystes adhyoïdiens sont situés juste en avant de l’os hyoïde dont ils sont indépendants.
Les kystes sus-sternaux sont plus rares et situés au-dessus de la fourchette sternale. Ils ne sont pas mobiles à la déglutition et restent
superficiels, se distinguant ainsi d’une lésion thyroïdienne.
Examens complémentaires
L’échographie confirme la nature solide du contenu de la masse et recherche une glande thyroïde en bonne position. Une scintigraphie
thyroïdienne peut s’assurer de l’absence de thyroïde ectopique.
Traitement
L’exérèse chirurgicale est réalisée à distance d’un épisode infectieux. On veillera à emporter tout le kyste et ses éventuels tractus adjacents. La
voie d’abord est endobuccale pour les kystes sus-hyoïdiens, au niveau du plancher buccal antérieur.
Dans les localisations génio-glosses, la voie cervicale médiane horizontale est préférée. Enfin pour les kystes adhyoïdiens, l’exérèse est
effectuée sans résection de l’os hyoïde.

Kystes thymiques
Rares, ils se manifestent chez l’enfant sous la forme d’une masse ronde et ferme faisant saillie dans le creux sus-claviculaire, ou parfois plus
hauts situés, sous-digastriques. Ils sont le plus souvent latéralisés à gauche du fait de la persistance d’un canal originaire de la troisième ou
quatrième poche. Cliniquement, ils peuvent provoquer une toux et une dyspnée. Une radiographie thoracique peut montrer une masse peu
dense envahissant le médiastin antérieur. C’est l’échographie qui confirmera la nature kystique de la masse et ses relations avec le thymus. Le
kyste peut être nettement à distance du thymus. Il peut exister de fines cloisons en leur sein. L’épaisseur de la paroi varie de quelques
millimètres à 1 cm. Dans de très rares cas, l’exérèse nécessitera le concours d’un chirurgien thoracique. Le diagnostic attend souvent une
confirmation anatomopathologique.

Anomalies médianes et paramédianes du cou


Kystes du tractus thyréoglosse
Embryopathogénie
La langue et le corps thyroïde vont se développer à partir d’un espace médian laissé libre par l’appareil branchial sur la paroi ventrale de
l’intestin pharyngé. L’ébauche thyroïdienne va s’enfoncer dans le mésenchyme sous-jacent en direction caudale, sous forme d’un diverticule
qui reste en connexion avec le plancher pharyngé. À la 5e semaine, le corps thyroïde est en place et le tractus disparaîtra au 4e mois. Ainsi, à la
naissance, ne subsiste que la dépression du foramen cæcum à la pointe du V lingual et une formation de tissu thyroïdien au bord supérieur de
l’isthme (pyramide de Lalouette dans 20 à 25 % des cas). Des défauts d’involution de ce tractus peuvent exister à des degrés divers, du canal
complet au simple îlot épithélial. Ces vestiges sont sujets à une transformation en kystes malpighiens ou glandulaires. Une notion importante
est celle de la proximité entre tractus et os hyoïde qui explique la nécessité absolue de résection du corps de l’os hyoïde.
Clinique
Plus fréquents dans la première décennie, ces kystes apparaissent après augmentation brutale de volume liée à une surinfection.
Ils peuvent fistuliser à la peau et laisser sourdre un liquide séreux, voire purulent. Classiquement situés sur la ligne médiane, ils peuvent se
latéraliser du fait de leur volume. Cette tuméfaction est arrondie, lisse, régulière, ferme, mobile sur les plans superficiels et fixée aux plans
profonds. Son ascension lors de la déglutition est liée à ses adhérences à l’os hyoïde.
Examens paracliniques
Ils confirmeront la nature kystique de cette masse cervicale médiane et la présence en bonne position de la glande thyroïde.
C’est l’échographie cervicale qui est l’examen de référence retrouvant une masse anéchogène et à parois régulières. Parfois, la scintigraphie
est utilisée pour éliminer une thyroïde ectopique.
Traitement
L’exérèse chirurgicale de ces kystes est pratiquée à distance d’une poussée infectieuse. L’incision cutanée est médiane, horizontale réalisée
dans un pli du cou sous l’os hyoïde. En cas de fistule, son collet cutané est réséqué. La dissection progresse de bas en haut, sans léser la paroi
kystique. La pyramide de Lalouette est sectionnée au ras de l’isthme puis relevée avec tous les tissus pré-laryngés, au contact du cartilage
thyroïde jusqu’à son échancrure. Le corps de l’os hyoïde est réséqué entre ses petites cornes, puis relevé vers le haut. Le geste s’achève par
l’exérèse d’un cône musculaire basilingual dont l’extrémité postérieure correspond au foramen cæcum. Les plans musculaires sous-hyoïdiens
sont amarrés aux mylo-hyoïdiens et aux génio-hyoïdiens. Les sous-hyoïdiens sont ensuite réunis entre eux sur la ligne médiane. La fermeture
s’effectue sur drain aspiratif. Un respect de ces temps opératoires doit permettre d’éviter les récidives.

Fistules mento-sternales
Ces fistules, très rares, constituent un reliquat du contact du premier arc avec la région précordiale avant la déflexion cervicale.
Ces sont des dysraphies tendues entre la pointe du menton et la fourchette sternale. Un tractus fibreux descend de part et d’autre de la
symphyse mentonnière vers l’os hyoïde et la région sous-hyoïdienne médiane. Les téguments prennent l’aspect d’un cordon fibreux vertical,
étroit, parfois bordé de molluscum, qui se termine par un cul-de-sac fistuleux, vers le manubrium sternal, toujours sus-aponévrotique. Ces
fistules, présentes dès la naissance, donnent peu de troubles. Parfois elles peuvent se comporter comme une bride gênant le développement
cervical. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire devant un tel tableau clinique. L’excision du bourgeon, de la zone cruentée, et de la
ou des fistules, s’impose. On disséquera au plus près, après incision verticale de chaque côté de la lésion. La fermeture ne doit pas se faire
verticalement au risque de voir réapparaître une bride mento-sternale. Il faudra inciser l’aponévrose cervicale antérieure et réaliser une plastie
en «Z» cutanéo-aponévrotique.
Nous différencierons des fistules mento-sternales, les fistules pré-sternales, fréquentes, associées parfois avec un kyste en profondeur,
possédant un trajet court et dont l’exérèse est généralement aisée.

Fistules sous-mentales
Exceptionnelles, ces fistules peuvent présenter un trajet plus ou moins profond dans le plancher de la bouche vers la base de la langue.

Conclusion
Il est indispensable de bien connaître les éléments diagnostiques décrits dans cet article pour prendre en charge au mieux les malformations
congénitales latéro-cervicales avant tout geste thérapeutique. Cela implique une connaissance de l’embryologie et de l’anatomie de la région
cervicale. Le traitement chirurgical sera efficace à travers une dissection atraumatique et une exérèse complète de la lésion pour prévenir les
récidives.

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