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E. Bacqueville
Hôpital R. Salengro - CHRU de Lille
Fractures du scaphoïde
Classification de Schernberg:
Type 1: fracture polaire proximale (5%)
Type 2: fracture corporéale haute (20%)
Type 3: fracture corporéale basse (40%)
Type 4: fracture trans-tubérositaire (25%)
Type 5: fracture du pied (6%)
Type 6 (a,b ou c): Fracture du tubercule distal (3% surtout les enfants)
*Radiographies :
Les clichés de face (paume contre plaque) et de profil strict ne permettent pas une analyse
satisfaisante du scaphoïde en raison de son inclinaison à 45 degrés. La réalisation
d’incidences complémentaires a pour but d’allonger le scaphoïde dans son plus grand axe,
favorisant ainsi son analyse : ces incidences « scaphoïdiennes » sont multiples :
-Incidence de Schneck 1 et 2 décrites plus haut.
-Incidence de Stecher : incidence de face avec extension du poignet de 20 degrés ou rayon
directeur ascendant de 20 degrés.
-Incidence de Bridgman associe 20 degrés d’extension du poignet et une inclinaison ulnaire.
-Incidence de Larsen : inclinaison ulnaire et rayon incident ascendant de 30 degrés.
-Incidences obliques du scaphoïde (entre 30 et 60 degrés de pronation).
-Incidence dynamiques du scaphoïde : incidence en traction de la colonne du pouce, en tiroir
postérieur (sous anesthésie) à la recherche d’une luxation périlunarienne spontanément
réduite.
-Incidence en agrandissement direct du scaphoïde.
Ces clichés peuvent montrer le trait de fracture, le refoulement du liseré clair graisseux (par
l’hématome) en regard du bord radial du scaphoïde, correspondant au déplacement de la gaine
des tendons des muscles court extenseur et long abducteur du pouce.
L’intérêt du cliché de profil réside dans la recherche d’un DISI (dorsal intercalated segmented
instability) d’origine osseuse par bascule du fragment distal (DISI adaptative) ou mixte
(osseuse et ligamentaire) associant une bascule du lunatum et un angle scapho-lunaire
supérieur à 70°.
En pratique, on conseille la réalisation de 5 incidences : une face classique, un profil strict,
une incidence de Larsen et les incidences de Schneck 1 et 2.
Les clichés comparatifs ne présentent un intérêt que lorsque l’on suspecte une variante
anatomique congénitale.
*Echographie :
Il s’agit d’un examen complémentaire facilement accessible, riche d’enseignement surtout
lorsqu’il existe un doute diagnostique. Il constitue parfois un bon test diagnostique,
reproduisant la douleur au passage de la sonde.
Selon certains auteurs (Herneth), il devrait même se substituer à l’imagerie conventionnelle en
raison d’une sensibilité plus élevée et d’une spécificité identique.
L’étude des versants dorsal, palmaire et latéral du scaphoïde se fait selon deux plans
longitudinal et transversal. La corticale osseuse se présente comme une fine bande
hyperéchogène continue et toute interruption de cette ligne traduit la fracture.
Par ailleurs, on peut également observer à la phase précoce un aspect de double bande
hyperéchogène parallèles séparées par une zone hypoéchogène, correspondant respectivement
au décollement périosté, à l’œdème ou hématome sous-périosté et à la corticale du scaphoïde.
Enfin, on recherchera systématiquement une tuméfaction hypoéchogène des parties molles en
regard (infiltration oedémateuse), et un éventuel épanchement intra-articulaire associé.
*Tomodensitométrie :
Elle ne sera effectuée en seconde intention que si le trait reste invisible en radiographie et
échographie, ou lorsqu’il persiste un doute diagnostique. Elle permet une analyse fine du trait
de fracture, de son déplacement, et peut objectiver une consolidation partielle (pont osseux)
ou des complications (pseudarthrose, ostéonécrose aseptique). Elle facilite également le bilan
des lésions osseuses et ligamentaires fréquemment associées: fractures du capitatum, de la
styloïde radiale ou de l’épiphyse radiale, luxations périlunariennes.
*IRM
L’utilisation de séquences en pondération T1 et T2 avec suppression de graisse dans les trois
plans de l’espace permet de confirmer le diagnostic en individualisant le trait de fracture, la
réaction oedémateuse en hypersignal T2 des berges fracturaires et des parties molles
adjacentes. Elle permet de faire par ailleurs un bilan lésionnel précis de l’ensemble des os et
des structures ligamentaires du carpe.
L’IRM ne sera réalisée que dans les rares cas où les radiographies, l’échographie et le scanner
sont négatifs alors qu’il persiste une forte suspicion clinique de fracture cas n° 1).
CAS N° 1 : Traumatisme du poignet il y a 3 semaines.
Radiographies initiales normales.
Persistance de douleurs de la colonne latérale.
Elles sont rares, facilement diagnostiquées sur les incidences de face et de profil
classiques. On en distingue trois types :
- la fracture parcellaire des cornes antérieure ou postérieure (la plus fréquente) par mécanisme
d’impaction.
- les fractures-arrachements ligamentaires.
- les fractures corporéales, beaucoup plus rares. Elles résultent d’une compression du lunatum
entre l’extrémité inférieure du radius et le capitatum. Elles posent en pratique un véritable
problème de diagnostic différentiel avec la maladie de Kienböck, nécessitant fréquemment le
recours au scanner ou à l’IRM.
Fractures du triquétrum
Elles représentent 13% des fractures des os du carpe et résultent d’un traumatisme de
la main en hyperextension et inclinaison radiale.
Le diagnostic repose sur les incidences de profil strict, du canal carpien et de ¾ de la gouttière
ulnaire en supination (ou faux profil ulnaire : profil strict associé à une supination de 30
degrés) qui permet une bonne analyse de la face palmaire du triquétrum, mais aussi du
pisiforme et de l’interligne piso-triquétral.
Elles sont peu fréquentes et résultent d’un traumatisme direct. Elles peuvent se
compliquer d’arthrose piso-triquétrale. L’incidence du canal carpien, le faux profil ulnaire ou,
en cas de doute, le scanner permettent d’en faire le diagnostic.
Fractures du trapèze
Elles constituent les plus fréquentes des fractures de la rangée distale du carpe (5 %
des fractures du carpe). Le trait de fracture peut être articulaire, extra-articulaire ou trans-
articulaire (instable, nécessitant un traitement chirurgical). Son orientation dépend
directement du mécanisme lésionnel :
- trait vertical : le plus fréquent (80 %). Il est associé dans 20 % des cas à une fracture
de Bennett dont le mécanisme lésionnel commun correspond à un cisaillement
commissural par choc direct sur un pouce en abduction.
- trait axial ou transversal : le mécanisme lésionnel est une compression axiale dans
l’axe de la colonne du pouce.
*Incidence de Holly :
Incidence de face en inclinaison ulnaire, la main posée à plat sur un plan incliné à 37 degrés.
Fractures du trapézoïde
Elles représentent 4 % des fractures du carpe. Le trait peut être transversal touchant
préférentiellement le pôle proximal du capitatum, ou plus rarement vertical, associé ou non à
une fracture des bases métacarpiennes ou à une luxation carpo-métacarpienne du 3ème rayon.
Ces fractures se rencontrent aussi lors d’une luxation trans-scapho-périlunaire du carpe : le
syndrome de Fenton associe une fracture horizontale avec déplacement important et
retournement de 180 degrés du fragment proximal. Leur diagnostic n’est pas toujours facile
en radiologie conventionnelle, nécessitant fréquemment le recours au scanner.
Fractures de l’hamatum
2- Les fractures de l’hamulus (apophyse unciforme) sont les plus fréquentes et doivent
impérativement être différenciées d’une apophyse unciforme bipartite congénitale.
On considère que toute douleur persistante de l’éminence hypothénar est à considérer comme
une fracture de l’hamulus (apophyse unciforme) jusqu’à preuve radiologique du contraire.
Leur mécanisme lésionnel est variable :
- traumatisme direct par chute sur la main en hyperextension et inclinaison ulnaire.
- fracture par arrachement du rétinaculum des muscles fléchisseurs ou par contraction
violente et répétée du tendon du muscle fléchisseur ulnaire du carpe.
- fracture par microtraumatismes répétés : elle connaît une augmentation de fréquence
depuis le développement de sports comme le tennis, le golf ou encore le base-ball.
L’incidence de face poing fermé doit faire rechercher une disparition du signe de l’anneau ou
une condensation de l’apophyse unciforme avec une dédifférenciation cortico-spongieuse.
L’incidence de profil montre un fragment oblong postérieur différant de l’aspect triangulaire
des fractures des bases métacarpiennes.
L’incidence du canal carpien et l’incidence de Papilion (qui projette l’apophyse unciforme
dans la première commissure interdigito-métacarpienne) explorent les 2/3 antérieurs de
l’apophyse unciforme mais sont généralement peu contributives dans les fractures de la base,
nécessitant le recours au scanner.
En Résumé :
Lésions ligamentaires
Elles sont isolées ou associées à des lésions osseuses.
Les instabilités du carpe regroupent l’ensemble des lésions ligamentaires du carpe et leurs
conséquences. On distingue les instabilités statiques des instabilités dynamiques révélées lors
d’incidences en inclinaison. On les différencie des instabilités d’origine osseuse (en rapport
avec une fracture ou une pseudarthrose du scaphoïde…) responsables d’une désaxation
carpienne d’adaptation.
Instabilités proximales :
Elles sont la conséquence d’une atteinte complète des ligaments radio-carpiens
survenant en particulier lors de luxations radio-carpiennes, périlunariennes ou de fracture de
la styloïde ulnaire. La translation ulnaire du carpe qui en résulte (instabilité frontale du carpe)
est quantifiée par l’indice de Youm et Mac Murtry (distance entre le centre de la tête du
capitatum et la verticale tirée dans l’axe de l’ulna, rapportée à la longueur du 3ème
métacarpien. Normale à 0.3 +/- 0.03). Toute diminution de cet indice traduit un glissement
ulnaire du carpe. Taleisnick en décrit deux types :
- type 1 : glissement ulnaire de tout le carpe.
- type 2 : glissement ulnaire complet excepté du scaphoïde qui s’horizontalise.
*Radiographies :
- Le signe essentiel est visible sur le cliché de profil : la surface articulaire inférieure du
lunatum est orientée vers la face dorsale du poignet en DISI (dorsal intercalated segmental
instability). Le lunatum est basculé en extension alors que le scaphoïde s’horizontalise.
L’angle radio-lunaire est supérieur à 10° d’extension, l’angle scapho-lunaire supérieur à 70°.
- Sur le cliché de face, il peut exister une rupture du premier arc de Gilula et une ascension du
capitatum. Le diastasis scapho-lunaire (supérieur à 2 mm) est le signe le plus caractéristique
mais peut manquer sur le cliché de face. Le scaphoïde est horizontalisé présentant son
tubercule antérieur de face (signe de l’anneau). Le lunatum dégage sa corne antérieure large et
carrée.
La mise en évidence de ces anomalies nécessite souvent la réalisation d’incidences
spécifiques en pronation de 15°, en inclinaison ulnaire ou de face en serrant activement le
poing.
*L’échographie :
L’examen est mené de façon bilatérale et comparative. Il permet d’explorer les faisceaux
dorsal et intermédiaire du ligament scapho-lunaire. Les manœuvres dynamiques en
inclinaison ulnaire sensibilisent l’examen en majorant le diastasis scapho-lunaire. Dans les
perforations fraîches, l’échographie peut individualiser un moignon ligamentaire.
A distance du traumatisme, elle peut mettre en évidence des calcifications ligamentaires
cicatricielles confirmées en radiographie.
*L’arthro-scanner :
L’arthroscanner précise l’atteinte ligamentaire, sa topographie exacte, son extension antéro-
postérieure et permet l’analyse du cartilage.
En forme de U, le ligament scapho-lunaire s’insert sur le versant proximal lunaire et
scaphoïdien. Ses faisceaux antérieur (fin) et postérieur (plus épais) sont facilement identifiés
sur les coupes axiales alors que le faisceau intermédiaire est analysé sur la reconstruction
coronale.
La rupture partielle ou complète (atteinte des trois faisceaux) du ligament est responsable d’
une communication pathologique des compartiments médio et radio-carpiens. Lorsque la
lésion est isolée (un seul faisceau), elle touche préférentiellement le faisceau intermédiaire et
n’entraîne pas, à la différence d’une lésion dorsale, d’instabilité scapho-lunaire.
Par ailleurs, l’absence d’opacification de l’interligne scapho-lunaire après ponction
médiocarpienne peut traduire la présence d’un tissu cicatriciel (perforation bouchée).
De même, l’opacification isolée de l’articulation radio-carpienne peut méconnaître cette
rupture ligamentaire du fait d’un effet valve.
*L’IRM et arthro-IRM :
Les trois faisceaux du ligament, de signal IRM variable, sont facilement identifiés en arthro-
IRM: le faisceau antérieur est fin, oblique en bas et latéralement, le faisceau intermédiaire
triangulaire et le faisceau dorsal en forme de bande horizontale épaisse.
De même son insertion sur les os du carpe se fait selon trois possibilités : sur la corticale
osseuse, sur une fine bande cartilagineuse en hypersignal T2 (à l’origine de fausse image de
rupture) ou à cheval sur la corticale et le cartilage.
Smith a établi une classification en fonction du signal IRM normal du ligament :
- type 1 : hyposignal homogène
- type 2 : zone centrale de signal intermédiaire.
- type 3 : image linéaire de signal intermédiaire traversant la portion distale du ligament.
- type 4 : image linéaire de signal intermédiaire traversant la portion proximale du ligament.
- type 5 : image linéaire de signal intermédiaire traversant les portions proximale et distale du
ligament.
-Instabilité luno-triquétrale :
Elle est beaucoup plus rare que l’instabilité scapho-lunaire et survient généralement après un
traumatisme en hyperflexion, inclinaison radiale et pronation intra-carpienne.
Il existe une rupture partielle ou complète du ligament luno-triquétral.
*Radiographies :
- Sur l’incidence de profil, on observe une bascule ventrale de la surface articulaire inférieure
lunaire : aspect en VISI (ventral intercaleted instability), une augmentation de l’angle radio-
lunaire (supérieur à 15° en flexion) et une diminution de l’angle scapho-lunaire (inférieur à
30°).
- L’incidence de face montre un diastasis luno-triquétral, une rupture des premier et deuxième
arcs de Gilula. Le lunatum dégage sa corne postérieure pointue et effilée.
*L’échographie :
L’échographie bilatérale et comparative explore les faisceaux dorsal et intermédiaire du
ligament. Les manœuvres dynamiques en inclinaison radiale permettent de sensibiliser
l’examen en majorant le diastasis luno-triquétral.
*L’arthro-scanner :
Le ligament luno-triquétral est difficile à analyser en raison de son obliquité. L’absence de
visualisation des faisceaux du ligament ne traduit pas nécessairement leur rupture.
L’arthrographie permet d’individualiser la brèche luno-triquétrale. Par contre, il existe des
ruptures « trophiques » de la partie centrale de ce ligament, plus fréquentes que pour le
ligament scapho-lunaire et surtout visibles après 40 ans.
*L’IRM et Arthro-IRM :
A l’instar du ligament scapho-lunaire, le signal IRM et l’insertion du ligament lunotriquétral
sont variables.
Elles font suite aux luxations périlunariennes et associent une instabilité scapho-
lunaire et luno-triquétrale. L’évolution vers l’arthrose précoce est inéluctable.
Instabilité médio-carpienne :
Certaines fuites résultent d’un mécanisme d’hyperpression lors de l’injection, sans aucune
valeur pathologique. Elles s’effectuent en zone de fragilité capsulaire en regard du versant
proximal de l’articulation radio-ulnaire distale, de la base des deuxième et troisième
métacarpiens ou encore du récessus préstyloïdien…
En 1989, Palmer propose de classifier les lésions du TFCC en deux grandes catégories selon
leur origine traumatiques (classe 1) ou dégénératives (classe 2), ces dernières étant rares avant
40 ans.
Cette classification est aujourd’hui la plus fréquemment utilisée et peut s’appliquer aux
différentes méthodes d’imagerie (arthrographie, arthroTDM, IRM et arthro-IRM).
En IRM, le ligament triangulaire du carpe se présente sous la forme d’une bande biconcave en
hyposignal T1 tendue entre la cavité sigmoïde et la styloïde ulnaire, d’épaisseur variable,
mesurant environ 2,5 mm au niveau de son attache radiale et 5 mm en regard de son attache
ulnaire. Il est séparé de la tête ulnaire par une fine couche de cartilage hyalin. De même, il
s’insert sur la cavité sigmoïde tapissée de cartilage en hypersignal T2, à l’origine de fausses
images de désinsertions.
Son insertion ulnaire se fait par deux fines bandes en hyposignal T1 tendues respectivement
au niveau de la tête ulnaire et de la pointe de la styloïde, ou plus rarement d’un seul bloc.
La perforation et les désinsertions en hypersignal T2 font communiquer l’articulation radio-
carpienne et radio-ulnaire inférieure. Leur diagnostic est largement facilité par l’injection de
gadolinium articulaire en hypersignal T1.
Les fissurations correspondent à de fines images linéaires en hypersignal T2 non
communicantes intéressant le versant proximal ou distal du ligament.
Conclusions
Les radiographies sont souvent insuffisantes pour le diagnostic de fracture occulte du poignet.
Au moindre doute, le recours à une imagerie complémentaire sera systématique, sans chercher
à multiplier les incidences complémentaires.
L’échographie constitue aujourd’hui le prolongement même de l’examen clinique et
radiographique : elle permet souvent de faire le diagnostic en montrant les signes directs et
indirects de fracture. De même, son caractère dynamique facilite le dépistage des lésions
ligamentaires, sensibilisées par les manœuvres d’inclinaison.
Le scanner, de par sa disponibilité en urgence et son coût relatif, constitue l’étape suivante du
diagnostic: il précise la topographie exacte et l’étendue des lésions et réalise un bilan osseux
précis. Couplé à l’arthrographie, il reste la référence pour l’étude des lésions capsulo-
ligamentaires et du TFCC. Cependant on peut aisément penser que cette technique sera
rapidement supplantée par l’arthro-IRM (attente de l’AMM).
L’IRM peut-être indiquée lorsque l’on suspecte une lésion invisible en radiographie standard
et au scanner, montrant l’œdème osseux (hypersignal T2) et parfois même le trait de fracture
(hyposignal T1).