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Luxation traumatique de la hanche

I. DÉFINITION :
La luxation traumatique de hanche se définit par un déplacement permanent de la tête fémorale hors de la
cavité acétabulaire à la suite d'un traumatisme violent survenant sur une hanche en attitude propice.
II. INTÉRÊTS DE LA QUESTION :
Fréquence : AVP 64%, prédominance masculine.
Diagnostic : Aisé, clinique et radiologique.
Gravite : immédiate: association lésionnelle.
Traitement : La réduction est une urgence.
Pronostic : ostéo-nécrose de la tête fémoral et les coxarthroses post-traumatique.
III. RAPPEL ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE :
La hanche est une énarthrose extrêmement stable à l'opposé de l'articulation scapulohumérale, la
conformation acétabulaire, augmentée par le labrum, explique une stabilisation osseuse primaire
majeure relayée par une solide capsule. Ainsi, au moins 50 % de la tête fémorale sont couverts quelle
que soit la position de l'articulation.
Les surfaces articulaires :
 Acétabulum.
 Labrum.
 Tête fémorale
Les moyens de fixité :
 La capsule
 Les ligaments :
 Ligament ilio-fémoral : ligament de BERTIN.
 Ligament pubo-fémoral.
 Ligament ischio-fémoral.
 Ligament rond.
La vascularisation épiphysaire fémorale supérieure vient principalement des artères circonflexes
fémorales, en particulier médiale, branches de l'artère fémorale ou de l'artère fémorale profonde. L'artère
du ligament rond de la tête fémorale, branche de l'artère obturatrice, n'a qu'un rôle mineur.
La vascularisation est de type terminal, elle est assurée par 3 pédicules :
 Pédicule supérieur: irrigue les ⁄ supérieurs de la tête.
 Pédicule inférieur: irrigue le ⁄ inféro-externe de la tête et l’éperon de MERCKEL.
 Pédicule interne: irrigue la zone fovéale.
Physiologie articulaire :
Plan sagittal : flexion/extension: 120°/20°
Plan frontal : abduction/adduction: 45°/35°
Plan horizontal : rotation interne/externe : 15°/35°
Mouvement de circumduction
IV. MÉCANISME :
La stabilité inhérente a cette articulation explique la nécessite de 03 conditions pour qu’une hanche
se luxe :
 Un choc violant
 Col fémoral solide
 Attitude particulière du membre
L’action inhérente agit à 3 niveaux :
 Face antérieure d’un genou fléchie : mécanisme du tableau de bord, la luxation se fait en arrière
 Plante du pied genou en extension : lors des chutes, la luxation se fait en avant
 Grand trochanter.
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V. ETUDE ANATOMO-PATHOLOGIQUE :
A. LUXATION : CLASSIFICATION DE BIGELOW :
 Les luxations régulières : avec conservation du ligament de Bertin
Deux postérieures :
 Iliaque (50%)
 Ischiatique (25%).
Deux antérieures :
 Obturatrice (15%).
 Pubienne (10%).
 Les luxations irrégulières : avec atteinte du ligament de Bertin
B. LÉSIONS ASSOCIÉES :
-Lésions des parties molles :
 Les lésions capsulaires sont constantes.
 Les lésions musculaires sont sources d’hématomes, à l’origine d’ostéomes.
-Lésions articulaires :
En dehors des fractures vraies du cotyle ou de la tête fémorale on trouve l’atteinte du sourcil cotyloïdien.
CLASSIFICATION DE PIPKIN :
 TYPE I : fracture parcellaire.
 TYPE II : fracture a gros fragment.
 TYPE III : fracture parcellaire plus fracture du col.
 TYPE IV : fracture parcellaire plus fracture du sourcil cotyloïdien.
Lésions artérielles :
Exceptionnelles en dehors de la compression des vaisseaux fémoraux en cas de luxation antérieure,
confortent l’urgence de la réduction.
-Rupture, élongation, compression ou thrombose des vaisseaux métaphysaires.
Lésions nerveuses :
 Nerfs sciatique et ischiatique dans les luxations postérieures.
 Nerf fémoral dans les luxations antérieures.
 Confortent l’urgence de la réduction.
Lésions osseuses :
Étudier le membre inférieur dans son ensemble et rechercher des lésions du col et la diaphyses fémoraux,
la rotule, le ligament croisé postérieur.
VI. DIAGNOSTIC :
Des circonstances traumatiques violentes doivent, de principe, faire rechercher une luxation de hanche. La
douleur et l'impotence orientent le diagnostic. Cependant devant un polytraumatisé, seule la recherche
systématique permettra de trouver la lésion.
A. INTERROGATOIRE :
Le traumatisme :
 Circonstances de l’accident.
 Heure de l’accident.
Le traumatisme :
 Âge, antécédents.
 Douleur, impotence fonctionnelle.

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B. EXAMEN CLINIQUE :
-Examen general : rechercher un état de choc
-Inspection : retrouve la déformation.
*Luxation postérieure : adduction et rotation interne
*Luxation antérieure : abduction et rotation externe
*Luxation supérieure : le membre est en extension
*Luxation inférieure : le membre est en flexion
-Limitation de la mobilité de la hanche.
-recherche les complications immédiates : vasculaires, nerveuses et urinaires.
-Général : indispensable chez le polytraumatisé, il est clinique et para clinique.
C. EXAMEN RADIOLOGIQUE :
Le malade réanimé, stabilisé, immobilisé est accompagné à la radio.
Outre l’examen de la hanche on demande une radiographie du thorax, du rachis cervical et du crâne.
On demande un bassin face, une hanche face, un ¾ alaire et ¾ obturateur :
 Confirme le diagnostic.
 Précise le siège de la luxation.
 Recherche une lésion associée.

VII. Traitement : La réduction s’impose en extrême urgence


A. BUT :
 Réduction en urgence afin de réduire au minimum le risque d’ONTF.
 Reconstitution des surfaces articulaires.
 Mobilisation précoce.
B. MÉTHODES :
1) ORTHOPÉDIQUES :
Réduction par manœuvre externe :
 Luxations postérieures.
Méthode de BOEHLER :
 Patient au ras du sol.
 Un aide bloque le bassin.
 Hanche et genou fléchis.
 Jambe du malade entre les genoux de l’opérateur.
 Pose ses avant-bras sur les cuisses.
 Fléchie ses genoux.
 Correction de l’adduction et de la rotation interne.
Un claquement audible et un ressaut signent la réduction de la luxation.
Elle est souvent moins frappante en présence d’une fracture associée du rebord cotyloïdien.
Tester la stabilité par pression sur le fémur de haut en bas.

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Méthode de BOEHLER :
 Hanche complètement fléchie.
 Puis mise en abduction.
 Hanche en rotation externe.
 Ensuite progressivement étendue.
 Durant le mouvement d’extension progressive, le membre est mis en rotation neutre.

-Contrôle radiologique
-Contention :
 Traction continue 1/6ème du poids.
 L’appui n’est pas autorisé avant 3 mois.
-Échec de la réduction si :
 Irréductibilité.
 Incoercibilité.
Inconvénients :
 Hospitalisation prolongée.
 Séquelles douloureuses dues à l’extension continue.
 Raideur du genou.
2) CHIRURGICALES :
 Réduction anatomique sous contrôle visuel.
 L’arthrotomie est un principe absolu.
 Contrôle intra articulaire : incarcération, impaction du cartilage.
C. INDICATIONS :
-La réduction orthopédique par manœuvre externe dans tous les cas suivi d’un contrôle radiologique (sauf
fracture associée de la tête fémorale).
-Le délai de prise en charge ne doit pas dépasser 6 heures pour éviter la survenue de l’ONTF.
Le traitement orthopédique sera réservé aux :
 Luxations parfaitement réduites.
 Fractures non déplacées.
 Certaines fractures déplacées à congruence conservée.
 Pas d’altération des surfaces portantes.
Bilan radiologique au 5ème jour :
 Congruence parfaite : traitement orthopédique.
 Défaut minime de congruence : traitement orthopédique.
 Défaut net de la congruence : chirurgie avant la première semaine.

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Le traitement chirurgical sera indiqué si :
 Irréductibilité.
 Incoercibilité.
 Fracture de la paroi postérieure.
 Fracture de la tête fémorale.
VIII. ÉVOLUTION :
A. FAVORABLE : LE PLUS SOUVENT
Si luxation :
 Pure, réduite tôt.
 Chez un sujet jeune.
 Correctement rééduqué.
Mais une surveillance prolongée s’impose pour affirmer l’absence de séquelles.
 Tous les 3 mois durant la première année.
 Tous les 6 mois durant la deuxième année.
 Tous les ans jusqu’à 5 ans.
B. COMPLICATIONS IMMÉDIATES GÉNÉRALES :
État de choc.
Traumatismes associés.
Décompensation de tares.
C. COMPLICATIONS IMMÉDIATES LOCORÉGIONALES :
 Nerveuses.
 Vasculaires.
 Urinaires.
 Ostéo-articulaires
 Irréductibilité.
 Incoercibilité.
D. COMPLICATIONS SECONDAIRES :
Complications thromboemboliques prévenues par un traitement anticoagulant bien conduit et
mobilisation précoce.
E. COMPLICATIONS TARDIVES :
 Nécrose de la tête fémorale.
 Coxarthrose post-traumatique.
 Ossifications péri-articulaires.
IX. CONCLUSION :
La luxation de hanche est une urgence dont seule une prise en charge précoce peut garantir un avenir
fonctionnel de la hanche et qui sera menacé; à chaque retard diagnostic et donc thérapeutique;
d’ostéonécrose de la tête fémorale et de coxarthrose.

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