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Traumatismes récents
du cartilage de croissance
Recent epiphyseal growth plate fractures

R. Gouron1
R.Gouron

Résumé Summary
Le cartilage de croissance est une zone complexe, retrouvée à The growth plate, also called physis, is a specialized zone located
la jonction métaphysoépiphysaire, dans les centres d’ossifica- between the metaphyses and epiphyses of long bones, as well as
tion secondaires et dans les apophyses en croissance. Il permet in secondary ossification centers and in apophyses. Orthopaedic
la croissance en longueur des os longs. Le traumatisme de cette surgeons should be alert to physis trauma and should be able
zone doit être reconnu par le chirurgien orthopédiste, qui doit to evaluate the severity of any physeal injury and its potential
savoir en évaluer la lésion et la gravité potentielle. Ces lésions consequences. The Salter and Harris classification of epiphyseal
traumatiques peuvent être classées selon Salter et Harris, clas- growth plate injuries is currently most widely used in literature.
sification actuellement la plus utilisée. Un modificateur peut y Further information should be added to take into account the
être ajouté pour intégrer la notion de déplacement et d’énergie fracture displacement and the severity of the trauma to better
cinétique vulnérante afin d’apprécier au mieux le risque d’évo- estimate the risk of epiphysiodesis. Fractures involving a physis
lution vers une épiphysiodèse. Les traumatismes du cartilage de represent 18 to 30 % of all fractures in children. Evaluation of
croissance représentent de 18 à 30 % des fractures de l’enfant. growth plate injuries has improved thanks to ultrasonography
Le diagnostic des fractures physaires peut être amélioré grâce and MRI. The treatment of physeal fractures should carefully res-
au développement de l’échographie et de l’IRM des cartilages de pect the physis and should avoid any additional physeal trauma
croissance. D’un principe général, le traitement de ces lésions du from an inappropriate treatment. The best treatment is often
cartilage de croissance doit respecter la physe et éviter la iatrogé- closed reduction. If internal fixation is necessary, penetration
nie. Les réductions orthopédiques seront privilégiées sur ces zones of the physis by pins or screws should be avoided because of
à consolidation rapide. Quand une ostéosynthèse est nécessaire, the risk of damaging the germinal cells. However, transfixing
celle-ci devra éviter de traverser les zones de croissance, sauf the physis with pins is allowed in some cases, when the end of
quand la fin de croissance est proche ou quand il n’y a absolument growth is imminent or if there is no alternative solution because
aucune autre solution (fracture complexe). Même si la croissance of the complexity of the fracture. Even though subsequent
peut améliorer un bon nombre de situations, un suivi régulier growth may in many cases correct a residual deformation, close
sera organisé pour tout traumatisme physaire, afin de dépister follow-up of physeal injuries is necessary to detect any growth
la survenue d’un trouble de croissance. L’épiphysiodèse post- disturbance. Post-traumatic epiphysiodesis should be detected
traumatique doit absolument être dépistée et redoutée, d’autant early because of the high risk of deformation, more even so if the
plus que le potentiel de croissance résiduel est grand. growth potential is high.

Mots clés : Fractures du cartilage de croissance. – Salter et Harris. Keywords: Growth plate injuries. – Salter and Harris ­classification.
– Enfant. – Adolescent. – Child. – Adolescent.

Introduction épiphyse, cartilage de croissance et virole périchondrale.


La pathologie traumatique de cette région est un défi
Les traumatismes de la région physaire ne sauraient que le chirurgien orthopédiste pédiatre doit relever quo-
être réduits aux simples traumatismes du cartilage de tidiennement. Le traumatisme doit toujours être analysé
croissance. En effet, la pathologie traumatique de cette au mieux, pour adopter le traitement le plus adéquat et
région ne se conçoit qu’en intégrant cette structure dans le moins agressif sur la croissance. Malgré tout, l’évolu-
l’ensemble représenté par la chondroépiphyse, à savoir : tion de ces lésions est de temps en temps très inattendue

1
Service d’orthopédie pédiatrique, CHU Amiens hôpital Nord, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens Cedex 1, France

Conférences d’enseignement 2009


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et nous fait rester humble devant ce formidable et par-


fois diabolique phénomène de la croissance.
La SOFCOT a organisé à deux reprises des sym-
posiums incontournables et très complets, faisant
le point sur les connaissances en matière de trauma-
tisme physaire en 1979 et 1995 [12]. Ces travaux sont
aujourd’hui encore tout à fait d’actualité et nous nous
efforcerons d’y ajouter tout ce qui a pu être validé ces
10 dernières années en termes de physiopathologie,
classification et traitement.
Après quelques rappels sur la physiologie de la
chondroépiphyse, nous traiterons dans cette confé-
rence des différentes classifications de ces traumatis-
mes, de leur description et traitements et enfin de leurs
complications. Le traitement des complications ne sera
pas abordé pour rester dans le cadre du traumatisme
récent. Les traumatismes du rachis ont déjà fait l’ob-
jet d’une conférence d’enseignement et ne seront pas Figure 1. Coupe histologique en coloration hématoxiline-
repris ici. Enfin, seules les lésions traumatiques seront éosine-safran d’une extrémité supérieure de tibia proximal de
analysées, laissant de côté les lésions infectieuses ou rat montrant la zone germinative (a), la zone proliférative (b),
vasculaires du cartilage de croissance, dont l’évolution la zone hypertrophique (c), le front d’ossification (d), la virole
est souvent bien différente. périchondrale comprenant la zone de Ranvier (e) et l’anneau de
Lacroix (f), le noyau d’ossification secondaire épiphysaire (g) et
la métaphyse (h).
Description et physiopathologie Photographie : Pr Sevestre, service d’anatomopathologie du CHU
Amiens.
des traumatismes du cartilage
de croissance
Chondroépiphyse (figure 1) hypertrophique, dans laquelle les chondrocytes aug-
mentent de taille, ont une activité métabolique intense
La chondroépiphyse est composée de trois structures évoluant vers leur apoptose. Cette zone se situe sur le
interdépendantes : la physe (cartilage de croissance), versant métaphysaire de la physe. C’est cette augmen-
la virole périchondrale et l’épiphyse. tation de taille qui détermine la croissance en longueur
des os longs. Des boucles vasculaires pénètrent entre
les colonnes de chondrocytes morts par apoptose,
Physe formant le front d’ossification. Une minéralisation de
Le cartilage de croissance est cette structure interposée la matrice intercellulaire se produit à ce niveau grâce
entre métaphyse et épiphyse, responsable de la crois- à l’apport calcique de ces boucles vasculaires. Cet
sance en longueur. À l’extrémité des os longs, cette espace est ensuite progressivement remplacé par des

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structure prend une forme discoïde appelée « plaque ostéoblastes et de l’os, formant ainsi l’os spongieux
de croissance ». En microscopie, la physe est com- métaphysaire.
posée de plusieurs couches cellulaires, organisées en L’ensemble de l’évolution en colonne de ces cellules se
colonnes. Sur le versant épiphysaire se situe la zone fait au sein d’une matrice intercellulaire. C’est la struc-
germinative, qui contient les cellules primitives appe- ture même de cette matrice qui donne la résistance méca-
lées « chondrocytes de réserve ». Ces cellules sont à nique du cartilage de croissance. L’ensemble de la physe
l’origine du processus de la croissance et leur atteinte est avasculaire en dehors des boucles vasculaires du
par un traumatisme quelconque est susceptible d’en- front d’ossification. Ce sont les vaisseaux épiphysaires
traîner un dysfonctionnement de la physe. Cette zone qui apportent la vascularisation de la zone germinale.
est également un lieu de stockage nutritionnel. La zone La physe, comme elle vient d’être décrite, se retrouve
suivante, dite « proliférative », est celle où les cellules à l’identique dans les cartilages de croissance primi-
germinatives vont proliférer et s’organiser en colonnes. tifs à la jonction épiphysométaphysaire, au niveau des
Les chondrocytes initient dans cette zone la produc- centres d’ossification secondaires au sein des épiphyses
tion de la matrice intercellulaire. Vient ensuite la zone et enfin dans les apophyses en croissance.
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Virole périchondrale la zone d’hypertrophie et contribuent ainsi au front


d’ossification et à la minéralisation.
Cette zone entoure la plaque de croissance. Elle est en Enfin, la virole périchondrale est vascularisée pour
continuité avec le périchondre épiphysaire d’un côté et son propre compte, permettant ainsi aux cellules sou-
avec le périoste métaphysaire de l’autre. Cette struc- ches mésenchymateuses qu’elle contient de se différen-
ture est formée d’une part d’un tissu fibrovasculaire, de cier en chondroblastes puis chondrocytes.
cellules mésenchymateuses indifférenciées, de cartilage
épiphysaire et physaire (zone de Ranvier), responsable
de la croissance en largeur de la physe. D’autre part, Résistance mécanique du cartilage
elle est composée d’une structure sur le versant méta-
physaire formant un véritable anneau fibreux autour
de croissance [38]
de la physe appelé « anneau de Lacroix », donnant une Le cartilage de croissance est une zone peu résistante
véritable stabilité mécanique à la physe. Tout autour et va céder aux contraintes plus rapidement que les
se retrouve le périoste, en continuité avec le périchon- ligaments qui s’y insèrent. C’est pourquoi, à cartilages
dre. Ce périoste donne lui aussi une certaine résistance de croissance encore ouverts, les entorses et luxations
mécanique à la physe. articulaires sont rares. Salter a montré la fragilité de
la zone d’hypertrophie chondrocytaire [49]. C’est la
matrice intercellulaire qui crée la solidité. Or, plus les
Épiphyse cellules s’hypertrophient, moins il y a de place pour la
L’épiphyse comprend la masse de cartilage présent aux matrice et plus la zone est fragile. Les zone de réserve et
extrémités des os longs. Un ou plusieurs noyaux d’os- de prolifération sont riches en matrice et donc solides,
sification secondaires y apparaissent, entourés d’une tout comme le front d’ossification. Les traumatismes
physe. L’ossification de ce ou ces noyaux et leur crois- du cartilage de croissance surviennent principalement
sance s’achèvent lorsqu’ils s’intègrent dans la totalité à l’âge où la croissance s’accélère en période prépuber-
de l’épiphyse cartilagineuse, ne laissant plus qu’une taire. Ceci s’explique au niveau histologique. En effet,
seule physe entre épiphyse et métaphyse. L’épiphyse lorsque la croissance s’accélère, le taux de division cel-
porte le cartilage d’encroûtement articulaire. lulaire augmente. Ainsi, la longueur et le nombre des
Il convient bien sûr de différencier les épiphyses colonnes de chondrocytes s’accroissent et la taille des
des apophyses. Les épiphyses sont des zones perpen- chondrocytes de la couche hypertrophique augmente.
diculaires au grand axe de l’os qu’elles composent, De fait, cette plus grande occupation de l’espace par
sans insertions musculotendineuses, supportant une ces cellules hypertrophiées diminue la quantité de
contrainte en pression. Les apophyses sont des zones matrice extracellulaire solide pour résister aux fractu-
d’insertions musculotendineuses, contribuant à la res. Une moindre résistance de la physe dans cette zone
croissance en largeur de certaines métaphyses, sup- est donc prévisible à cet âge.
portant des contraintes en tension. Néanmoins, le car- Bien sûr, l’anatomie et l’orientation de la physe
tilage de croissance sous-jacent fonctionne de manière jouent un rôle. La résistance aux contraintes en cisaille-
identique à celui retrouvé sous les épiphyses. ment est proportionnelle à l’inclinaison de la physe
et inversement proportionnelle à son épaisseur [60].
En revanche, la résistance aux contraintes en tension
Vascularisation
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est expérimentalement plus faible, d’autant plus que


La vascularisation physaire est assurée par trois systèmes : la physe est épaisse [59]. Il est pourtant certain, chez
les artères épiphysaires, les artères métaphysaires cen- l’homme, que la fréquence des décollements épiphysai-
tromédullaires et les artères de la virole périchondrale. res est grande quand la physe est en voie de fermeture
Les artères épiphysaires donnent des branches appor- chez l’adolescent. L’explication serait peut-être qu’à
tant une vascularisation aux chondrocytes de réserve cet âge, les zones de réserve et de prolifération sont
jusqu’en bordure de zone proliférative. Ainsi, ces artè- fines car ayant une activité moins intense. Ces zones
res assurent le bon fonctionnement de la croissance en de matrice extracellulaire habituellement solides sont
longueur de l’os. Aucun vaisseau ne doit traverser un donc moins résistantes et, même si la zone hypertro-
cartilage de croissance au-delà de l’âge de 3 ans. Trueta phique est moins épaisse, le cartilage est fragile.
a montré l’existence de passages vasculaires transphy- Ainsi, deux grands facteurs influencent la résistance
saires chez l’enfant en dessous de cet âge [54]. de la physe : les pics de croissance et l’âge.
Les artères métaphysaires intraosseuses, auxquelles Ces considérations histologiques et les travaux de
s’ajoutent les artères périostées, pénètrent en boucle Salter [49] ont ainsi permis de comprendre que les
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Figure 2. Fracture de la physe traversant la zone hypertrophi- Figure 3. Fracture traversant toutes les zones de la physe.
que. Reproduit d’après Peterson avec accord de l’auteur. Reproduit d’après Peterson avec accord de l’auteur.

fractures de la physe intéressaient cette zone hyper-


trophique, épargnant ainsi les cellules de réserve
Dysfonctionnement de la physe
(figure 2). En pratique, ce type de trait de fracture ne La physe va réagir de plusieurs manières après avoir
survient qu’en cas de force de traction pure sur la physe. subi un traumatisme [22]. Ces situations sont classées
Or les forces générant les traumatismes sont souvent en quatre types. Le type I est l’hypercroissance, proba-
beaucoup plus complexes, associant traction, cisaille- blement par afflux vasculaire nécessaire à la consolida-
ment et torsion. Leurs conséquences sont variables en tion. Cette hypercroissance est souvent peu importante.
fonction de l’orientation et de l’inclinaison des physes Le type II correspond à un arrêt ou à un ralentissement
[60]. Les traits sont donc souvent beaucoup plus com- majeur de fonctionnement de la physe quand les chon-
plexes qu’il n’y paraît (figure 3), traversant plusieurs drocytes de réserve ont été atteints. Le type III est la
des zones de la physe [53,57]. Les développements stimulation asymétrique de la physe, entraînant une
récents de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) déviation axiale. Ce phénomène est rencontré plus sou-
permettent de confirmer cette variabilité de traits de vent au cours d’un traumatisme diaphysaire ou méta-
fractures intraphysaires [24,25,52]. Les chondrocytes physaire avec cal vicieux. Cette stimulation asymétrique
de réserve peuvent ainsi être atteints et entraîner la for- va compenser la déformation et aider au remodelage
mation d’une épiphysiodèse par la constitution d’un plus rapide, d’autant plus que la physe est proche.
pont osseux entravant la croissance, et ceci même si la Enfin, le type IV correspond à la formation d’un pont

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fracture reste intraphysaire. osseux intraphysaire (épiphysiodèse), entraînant une
En cas de fracture de la physe, la stabilisation méca- déformation axiale s’il est périphérique, une déforma-
nique de la physe est assurée par la virole périchon- tion articulaire s’il est central et un raccourcisse­ment
drale, et tout particulièrement par l’anneau fibreux s’il occupe une majeure partie de la physe.
de Lacroix, à condition qu’il n’ait pas été déchiré lui-
même par le traumatisme.
La physe en fin de croissance est à considérer de
manière singulière en matière de traumatologie. En
Classifications des lésions
effet, la périphérie de la physe est la dernière à se fermer, traumatiques
tandis qu’une fusion centrale est déjà acquise. Un trau-
matisme appliqué dans cette situation va ainsi pouvoir
Historique
créer une fracture détachant une partie de l’épiphyse et Les traumatismes des cartilages de croissance sont
entraîner une fracture articulaire, laissant en place le actuellement classés selon Salter et Harris [49], clas-
reste de l’épiphyse retenue par la fusion déjà en place. sification simple très largement utilisée. Depuis le
Traumatismes récents du cartilage de croissance 241

xixe siècle, des auteurs ont cherché à classer ces lésions Cette classification est simple et reproductible, mais
[38]. C’est Poland, en 1898, qui décrit, avec l’avène­ certains auteurs lui ont reproché d’être incomplète et de
ment de la radiographie, la première classification manquer de valeur pronostique. Rang [44] y ajoute un
bien construite. Celle-ci est complétée par Bergenfeldt type dit Salter 6 ou Rang 6, correspondant à l’atteinte
en 1933, qui décrit déjà les formes principales. C’est directe de la virole périchondrale, avulsion de l’anneau
Aitken qui établira la classification de référence emportant un fragment de métaphyse et d’épiphyse. Ce
jusqu’à ce que Salter publie la sienne. Il s’agissait de type 6 n’a pas été repris par la suite par Rang dans sa
trois types, reprenant la fracture épiphysaire et la propre classification, où il ne retenait que les quatre
fracture métaphysaire de Poland auquel il ajoute la premiers stades de Salter [45]. Peterson, dans son ana-
fracture métaphyso-physo-épiphysaire, déjà décrite lyse de 951 cas, n’a pas retrouvé ce type de lésion, pas
par Bergenfeldt. Il constate que cette classification est plus que de Salter 5 [42]. Ogden a, lui aussi, élaboré
applicable à tous les sites. Enfin Brashear, en 1958, une classification pour améliorer celle de Salter [36]. Il
ajoute un type de lésion, suspectant une lésion du car- y reprend les cinq types de Salter, le Rang 6 et y ajoute
tilage de croissance à radiographie normale, par un d’autres groupes comprenant les atteintes épiphysai-
mécanisme en compression. res exclusives et métaphysaires sans lésion physaire.
De plus, de nombreux sous-types sont décrits, rendant
Classification de Salter et Harris (figure 4) cette classification peu pratique et peu utilisée.

Salter et Harris [49] ont classé les traumatismes du Classification de Peterson (figure 5)
cartilage de croissance en cinq types, reprenant les
quatre types de Brashear et le type I de Poland et Dans son étude épidémiologique des fractures physaires,
Bergenfeldt. Le type 1 est un traumatisme passant Peterson [42] a repris les types 1, 2, 3 et 4 de Salter qu’il a
purement dans le cartilage de croissance. Il s’agit là renommés respectivement 3, 2, 4 et 5. Il n’a pas retrouvé
du classique décollement épiphysaire. Il n’y a aucun de type 5 dans sa série et n’a donc pas repris cette entité
trait de fracture métaphysaire ou épiphysaire. Le type dans sa classification. Il a en plus identifié deux types de
2 détache un fragment métaphysaire. Le type 3 est une lésion qu’il n’était pas possible d’intégrer dans les pré-
fracture articulaire, franchissant les chondrocytes de cédentes classifications [39]. La première est une forme
réserve et s’épuisant dans le cartilage articulaire où fréquente qui atteint la métaphyse de manière transver-
un décalage est susceptible d’être présent. Le type 4 sale, avec un ou plusieurs traits s’étendant vers la physe.
est une fracture métaphyso-physo-épiphysaire. Elle Peterson la nomme type 1. La deuxième est une forme
comporte les mêmes risques théoriques que le type 3. grave avec avulsion partielle de la physe accompagnée
Enfin, Salter décrit un type 5, tout comme Brashear, d’un morceau de métaphyse et d’épiphyse, classique acci-
qui est la conséquence d’un écrasement de la physe, dent de tondeuse à gazon. Peterson la nomme type 6.
entraînant une atteinte de la zone germinale. Cette Ainsi, il a établi une nouvelle classification en six
lésion est décrite par les auteurs comme très rare et types du plus au moins fréquent. Il y ajoute un intérêt
survenant sur des articulations n’ayant une mobilité pronostique puisque plus le type est grand, plus l’at-
que dans un plan, comme le genou ou la cheville. La teinte physaire est grave.
radiographie est également normale dans ce type de
lésion. Même si la compression du cartilage est pos-
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sible au cours des autres types de fracture, l’existence


d’une compression pure entraînant une épiphysiodèse
est toujours controversée [41]. Pourtant, la littérature
récente décrit quelques cas de compression pure Salter
5 [26,55], confirmant bien son existence.

Figure 4. Classification de Salter et Harris. Figure 5. Classification de Peterson.


242 R. Gouron

Synthèse pour la pratique courante modificateurs


A B +
La classification de Salter et Harris est la plus utilisée
en pratique clinique. Elle décrit les éléments les plus
fréquents des traumatismes physaires et doit donc type 1
(Salter)
continuer à être utilisée [47]. Néanmoins, elle ne per-
met pas de classer toutes les lésions et ne donne pas
une valeur pronostique aux atteintes physaires. Les
types 1 et 6 de Peterson sont des entités bien réelles
et à ce titre doivent être conservées dans la pratique type 1
(Peterson)
courante. Salter et Peterson ne prennent pas non plus
en compte le déplacement de la fracture physaire [12].
Il faut donc certainement ajouter un modificateur à la
classification habituelle, prenant en compte le déplace-
ment et l’énergie cinétique qui a provoqué la fracture. type 2
En effet, le déplacement est souvent un facteur pré-
dictif de complication [1]. Ce modificateur redonne à
la classification de Salter le caractère pronostique qui
lui manquait (figure 6). La lettre A sera ajoutée si la
fracture n’est pas ou peu déplacée, la lettre B si la frac-
type 3
ture est très déplacée. Ces lettres sont ajoutées pour
qualifier les types 1 et 2. Le signe « + » est ajouté si
l’énergie cinétique ayant provoqué la fracture est très
importante, quel que soit le déplacement (accident
de voiture, défenestration…). Dans ce cadre, le type
Peterson 6 peut devenir un type 4+ de Salter. Dans ce type 4
cas, existe en plus la perte de substance osseuse. type 6
(Peterson)

Épidémiologie [38,47]
type 5
Les lésions traumatiques du cartilage de croissance
représentent de 18 à 30 % des fractures de l’enfant
selon les séries [30,34,42]. L’analyse de 951 fractures
physaires par Peterson [42] nous montre que les lésions Risque croissant d’éphphysiodèse
les plus fréquentes sont celles des phalanges des doigts
faible moyen élevé très élevé
(37 % des cas), suivies du radius distal (17,9 %),
du tibia distal (10,9 %) puis de la malléole latérale
Figure 6. Classification à retenir pour la pratique courante.
(7,2 %). Les fractures du cartilage de croissance sur-

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viennent plus souvent au membre supérieur (70 % des
cas). Les garçons sont 2 fois plus touchés que les filles. roues sont à 5,3 % des cas, maintenant au second plan
Le pic d’âge est à 14 ans chez les garçons et 11–12 ans depuis les progrès de la sécurité routière.
chez les filles, probablement parce que la physe reste
plus longtemps ouverte chez les garçons. Les lésions Diagnostic et évaluation
les plus graves, les plus déplacées, surviennent d’autant
plus que l’enfant est grand, probablement parce que L’examen clinique d’un enfant traumatisé permet sou-
sa corpulence est plus importante et qu’il prend plus vent d’évoquer le diagnostic de lésion d’un cartilage de
de risques qu’un petit, pour des activités à plus haute croissance. La douleur, l’œdème et l’éventuelle défor-
vitesse. Les lésions les plus fréquemment rencontrées mation d’une lésion déplacée sont des signes évidents.
sont les fractures de type 2 de Salter. Le diagnostic est rendu beaucoup plus difficile chez
Les causes de ces fractures physaires sont d’abord le polyfracturé ou le polytraumatisé qui est sédaté.
les chutes (19,1 %) puis les accidents de sport (foot- La vigilance du clinicien doit permettre de poser le
ball : 10,5 %). Les accidents de voiture et de deux- diagnostic.
Traumatismes récents du cartilage de croissance 243

C’est bien sûr la radiographie standard qui fait le l’humérus proximal, qui présente un grand pouvoir
diag­nostic dans la grande majorité des cas. La difficulté de remodelage. Un déplacement d’une fracture arti-
est d’obtenir des incidences orthogonales aux urgences culaire (type 3 ou 4) doit être réduit anatomiquement
compte tenu de la douleur des enfants. Néanmoins, pour conserver la congruence articulaire. L’ensemble
deux incidences, voire des trois-quarts, sont parfois du traitement prend en compte la quantité de crois-
indispensables pour ne pas méconnaître la présence de sance résiduelle pour évaluer la capacité à remodeler
fractures épiphysaires de type 3 ou 4 parfois difficiles spontanément.
à visualiser. Bien que non systématiques, des clichés La plupart des lésions physaires ne sont pas déplacées
comparatifs sont parfois indispensables. et sont traitées par une immobilisation temporaire. Les
L’évaluation radiographique n’est parfois pas suffi- lésions déplacées sont traitées par une réduction par
sante. L’arthrographie est classiquement utilisée dans traction manuelle suivie d’une immobilisation tempo-
les fractures du condyle latéral de l’humérus (type 4) raire. Il faut être vigilant à ne pas léser le cartilage de
quand un doute persiste après la simple radiographie croissance par des manœuvres inappropriées ou trop
sur le caractère complet ou non du trait fracturaire. violentes. Quatre-vingt-treize pour cent des fractures
Le scanner est parfois très utile en complément de la des cartilages de croissance sont traitées orthopédique-
radiographie pour évaluer les fractures complexes et ment [34,42].
comminutives, la congruence de certaines fractures Les réductions chirurgicales sont le plus souvent
articulaires [12]. C’est le meilleur moyen d’apprécier réservées aux lésions de type 3 et 4, aux lésions de
les fractures dites « triplanes » du tibia distal et d’éva- l’humérus distal, de la tête radiale, de l’épiphyse fémo-
luer leur déplacement. Le scanner est également utile rale supérieure, du fémur distal et du tibia proximal et
pour évaluer une fracture acétabulaire et son impact distal au-delà de l’âge de 4 ans [38].
sur le cartilage triradié. Enfin, il est utile au genou Le délai de réduction est lui aussi important.
pour évaluer l’orientation des traits et le déplacement Quelques heures d’attente ne sont habituellement pas
des fractures Salter 3 et 4 du fémur distal ou du tibia préjudiciables en dehors des lésions ouvertes (type 6
proximal. de Peterson) et du polyfracturé. Dès le troisième ou
L’IRM peut être un examen très utile, si elle est quatrième jour, la réduction est plus difficile. À partir
facile­ment accessible, en remplacement du scanner. du 7e jour, les tissus mous se sont rétractés en position
Elle montre sans irradiation l’anatomie fracturaire déplacée et le cal apparaît, rendant la réduction très
et en plus évalue l’atteinte du cartilage de croissance difficile. Il faut alors exercer une force risquant d’être
pour prédire l’éventuelle survenue d’une épiphysiodèse excessive pour réduire la fracture. C’est pourquoi les
[6,23,50,58]. réductions orthopédiques doivent être recontrôlées
L’échographie ostéoarticulaire est un moyen très dans la première semaine pour dépister un éventuel
simple, non invasif et peu coûteux d’explorer une déplacement secondaire. Au-delà de 10 jours, il est
lésion du cartilage de croissance. Elle est classiquement plus raisonnable de tolérer le déplacement et d’atten-
utilisée dans les traumatismes de l’enfant très jeune. dre le remodelage pour évaluer la déformation rési-
L’indication idéale est le décollement épiphysaire obsté­ duelle et, le cas échéant, la traiter.
trical de l’humérus distal et chez l’enfant plus grand, Un traitement chirurgical peut bien sûr être indi-
quand l’épiphyse ou l’apophyse traumatisée n’est pas qué d’emblée. Celui-ci doit épargner le cartilage de
encore ossifiée [5,13,14,31,61]. L’échographie peut croissance, sauf au cours du traitement d’une lésion
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remplacer l’arthrographie dans les fractures du condyle du grand adolescent. L’utilisation de broches ou de
latéral [56]. Enfin, elle est également utile pour faire la vis est la règle. Une immobilisation temporaire est très
différence entre une entorse ligamentaire à la cheville souvent ajoutée pour limiter la mobilité de la zone
et la lésion de la physe fibulaire distale [20]. fracturaire dans le cadre de ces ostéosynthèses non
rigides.

Prise en charge thérapeutique


Anesthésie
Généralités Quel que soit le type de réduction, il est indispensable
Le but du traitement est d’une part de réduire et de de la pratiquer sous anesthésie générale, et non pas
stabiliser la fracture physaire, et d’autre part de pré- sous simple sédation, de manière à obtenir un relâche-
server le potentiel de croissance, d’autant plus que ment musculaire optimal. Ainsi, le risque d’écrasement
l’enfant est jeune. Un déplacement résiduel impor- de la zone germinale par des manœuvres intempestives
tant ne doit pas être accepté en dehors des lésions de au cours de la réduction est minimisé.
244 R. Gouron

Manœuvres externes • Utiliser des broches non filetées. Les broches filetées
exercent un blocage mécanique sur la physe en plus du
La réduction orthopédique est le traitement le plus traumatisme.
approprié aux lésions des cartilages de croissance. • Utiliser le moins de broches possible et les mettre
Il faut donc que ces manœuvres ne provoquent pas en place en une seule fois. La multiple perforation de
une lésion complémentaire. La manœuvre doit être la physe augmente le risque de trouble de croissance.
douce et peut être répétée. Il faut éviter toute mani- Il faut en plus insérer ces broches au moteur à vitesse
pulation forcée risquant de générer une épiphysiodèse lente. L’utilisation d’un « nez américain » est à pros-
par atteinte des chondrocytes de réserve. Il faut savoir crire, car elle nécessite de nombreuses manœuvres en
tolérer une réduction incomplète qui pourra se remo- force pour insérer ces broches.
deler en fonction de l’âge plutôt que de provoquer une • Insérer la broche le plus proche possible du centre de
épiphysiodèse par souci de perfection. Néanmoins, l’épiphyse et le plus loin possible de la périphérie et de
il faut savoir reconnaître une interposition tissulaire la virole périchondrale.
périostée empêchant une réduction. Cette interposi- • Insérer la broche de manière la plus perpendicu-
tion doit être levée chirurgicalement. laire possible. Une broche très oblique par rapport à
la physe a plus tendance à engendrer un trouble de
croissance.
Réduction chirurgicale • Utiliser les broches les plus fines possibles pour léser
Sept pour cent des lésions physaires de la série de une moins grande proportion de la physe.
Peterson ont nécessité une réduction chirurgicale [38]. • Retirer le matériel le plus rapidement possible. La
L’abord chirurgical est une agression potentielle du plupart des lésions des cartilages de croissance sont
cartilage de croissance qui peut conduire à un trou- suffisamment solides à 3 semaines pour pouvoir se
ble de croissance. Il faut donc le réserver aux lésions passer des broches.
instables après réduction, aux décollements épiphy-
saires irréductibles, aux fractures articulaires (quand
le risque articulaire est plus important qu’un risque Immobilisation
potentiel de trouble de croissance). La voie d’abord Il faut, lors de l’immobilisation, privilégier la posi-
choisie doit permettre d’aborder en même temps l’ar- tion qui donne une plus grande stabilité à la fracture
ticulation et le cartilage de croissance. Il est bien sûr réduite. À la différence de l’adulte, l’enfant supporte
important d’éviter d’agresser directement la physe par une immobilisation en flexion ou en extension. Il
un instrument. Le plus souvent, une ostéosynthèse est récupère une amplitude articulaire normale sans rai-
réalisée. Il est néanmoins possible, dans certains cas, deur dans la majorité des cas. Ainsi, un décollement
de procéder à une réduction chirurgicale et de confier épiphysaire du radius distal à déplacement postérieur
la stabilisation à une immobilisation plâtrée. sera immobilisé dans un plâtre brachio-antébrachio-
palmaire en flexion de poignet d’au moins 45°. Cette
attitude est d’autant plus justifiée que la durée d’im-
Ostéosynthèse mobilisation peut être courte. La tendance est à rac-
La majorité des ostéosynthèses réalisées au cours de la courcir les durées d’immobilisation [38]. Ces durées
chirurgie des fractures des cartilages de croissance est varient bien sûr en fonction de la localisation du trau-

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confiée à des broches ou à des vis. Les vis permettent matisme, de l’âge de l’enfant, de la comminution et de
une compression d’un trait articulaire réduit ou d’une la présence d’une ostéosynthèse.
écaille métaphysaire sur la métaphyse adjacente. Les
broches de Kirchner sont les implants les plus utilisés.
Elles stabilisent la réduction telle qu’elle a été obtenue Suivi
par abord chirurgical. Elles doivent être impérative- La plupart des fractures sont donc traitées orthopé-
ment retirées à cause du risque de migration [51]. Si les diquement et nécessitent un contrôle radiographique
broches sont bien plantées dans la corticale opposée et entre 3 et 5 jours. À ce délai, il est encore temps de pro-
tordues, les risques de migration sont diminués. La pose céder à une réduction itérative si nécessaire. Au-delà de
de bouchons de protection sur chaque broche enfouie 10 jours, il est impossible d’espérer corriger un défaut
diminue également nettement ce risque, protège la peau résiduel de réduction orthopédiquement.
en regard et les tissus nobles adjacents (nerfs). Une fracture traitée chirurgicalement peut être revue
Certains principes doivent être respectés pour ne pas à l’ablation du plâtre à condition que la radiographie
augmenter le risque d’épiphysiodèse [38]. postopératoire soit satisfaisante de façon certaine.
Traumatismes récents du cartilage de croissance 245

Le suivi à long terme dépend du type de décollement


épiphysaire et de l’âge du patient. Si une épiphysiodèse
est à craindre dès le premier jour, il convient de faire
une radiographie 3 mois après le traumatisme. Il s’agit
là de la date la plus précoce à laquelle une épiphysio-
dèse peut être visualisée sur une simple radiographie.
Mais l’apparition peut être plus tardive. Ainsi, il sem-
ble prudent de revoir toutes les lésions physaires à 1 an
du traumatisme et d’avertir les parents de ce risque.
Les traumatismes plus à risque seront revus systémati-
quement entre 6 et 9 mois post-traumatiques, surtout
pour les épiphyses à croissance rapide comme le fémur
distal et le tibia proximal [38]. L’apparition d’une ligne
blanche transversale métaphysaire (ligne de Park et
Harris) est un bon signe de reprise de croissance. En
effet, la physe traumatisée s’arrête de grandir, tandis
que la minéralisation dépendant de la métaphyse conti-
nue. Cette zone se densifie, si bien que lorsque la crois-
sance redémarre, une strie blanche apparaît au sein de
cette métaphyse. Cette ligne s’éloigne de la physe avec Figure 7. Décollement épiphysaire Salter 1+ du radius distal
le temps. Ceci prouve rétrospectivement l’atteinte phy- après accident de moto.
saire, mais également la bonne reprise de croissance,
même si ces lignes peuvent également se voir en dehors
d’un traumatisme direct du cartilage de croissance.
Au-delà de 1 an après l’épisode traumatique, l’appa- Lésion de type 1 de Peterson
rition d’une épiphysiodèse est exceptionnelle.
En routine, la surveillance se fait cliniquement et Ce type de lésion est celui qui atteint le moins la physe.
avec la réalisation d’une radiographie de face et de Par conséquent, son traitement doit être le moins agres-
profil de la zone concernée. En cas de doute, l’IRM sif possible. Une réduction orthopédique, quand elle
viendra confirmer le diagnostic. est nécessaire, est habituellement suffisante pour obte-
nir un bon alignement des fragments. L’immobilisation
doit être de courte durée (2 à 3 semaines) puisqu’une
Décollement épiphysaire ou lésion métaphyse consolide très rapidement. Le risque
de type 1 de Salter d’épiphysiodèse n’est pas nul (3,4 % dans la série de
Peterson). Ces fractures doivent donc être surveillées,
Ce type lésionnel est purement physaire sans lésion d’autant plus qu’il s’agit d’une lésion survenue avec
osseuse. Même si la zone la plus souvent atteinte est une haute énergie vulnérante.
la zone hypertrophique, nous avons déjà vu que tou-
tes les zones pouvaient être atteintes. La radiographie Lésion de type 2 de Salter
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standard est normale ou montre une augmentation


de l’espace physaire (figure 7). Le pronostic de ces Le type 2 (figure 8), détachant une écaille métaphy-
décollements épiphysaires est très souvent favorable. saire, se réduit facilement par manœuvre externe. Des
Le trouble de croissance peut survenir plus fréquem- manipulations répétées peuvent être dangereuses, car
ment dans les types Salter 1B ou Salter 1+. Les lésions elles provoquent un écrasement des cellules germinales
de type 1 doivent être traitées orthopédiquement le au cours de la réduction. Il faut donc, pour cela, un
plus souvent possible. La plupart sont stables après patient au mieux sous anesthésie générale pour bien
réduction. L’ostéosynthèse, quand elle est nécessaire, relâcher les muscles et faciliter une réduction douce.
nécessite de traverser le cartilage de croissance. Chez le Le périoste situé du côté de l’écaille métaphysaire est
jeune enfant, il est préférable d’accepter une réduction habituellement intact et donne une bonne stabilité à
imparfaite plutôt que de risquer des manipulations la réduction. C’est l’immobilisation plâtrée qui main-
répétées ou une ostéosynthèse à travers la physe, dès tiendra l’ensemble dans la plupart des cas. De temps
lors qu’il existe suffisamment de croissance résiduelle en temps, ces fractures ne peuvent pas être complète-
pour remodeler le cal vicieux. ment réduites à cause de l’interposition de tissus mous
246 R. Gouron

Figure 8. Fracture de type 2 du radius distal déplacée Figure 9. Fracture de type 3 du tibia distal.
en arrière.

(périoste) dans l’ouverture physaire. Un abord chirur- donc également corrélé à la bonne réduction de l’ar-
gical est alors nécessaire pour extraire ce périoste et ticulation. Ces fractures surviennent souvent chez des
parfaire la réduction. enfants en fin de croissance sur des physes en cours
Si la fracture est réduite mais instable, un brochage de fermeture. Le meilleur résultat est obtenu par
ou un vissage de l’écaille métaphysométaphysaire ne abord chirurgical et arthrotomie avec réduction de la
traversant pas la physe est le meilleur moyen de fixa- physe pour éviter un trouble de croissance, et réduc-
tion. Ceci ne dispense pas d’une immobilisation plâ- tion articulaire pour éviter une arthrose secondaire.
trée complémentaire. En cas de fragment métaphysaire L’ostéosynthèse habituelle est confiée à une broche ou
trop petit et de fracture instable, l’ostéosynthèse doit une vis. Lorsque cela est possible, on préférera la solu-
être confiée à des broches de petit diamètre, mises en tion thérapeutique qui évite de traverser le cartilage de
place de l’épiphyse vers la métaphyse. Le risque d’épi- croissance, surtout si l’enfant est jeune.
physiodèse est moindre si les broches ne sont pas file-
tées, sont le plus perpendiculaire possible par rapport Lésion de type 4 de Salter
à la physe, évitent la virole périchondrale et sont lais-
sées en place le moins longtemps possible [38]. La fracture de type 4 détache un fragment métaphysaire

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Le pronostic de ces fractures dépend de la sévérité et épiphysaire. Il nécessite presque toujours un abord
de celles-ci (déplacement), de l’âge de l’enfant et du chirurgical pour une réduction optimale de l’articula-
site traumatisé. Quand le cartilage de croissance est tion, tout comme dans les types 3. Une ostéosynthèse
anatomiquement irrégulier ou ondulé, le déplacement est souvent réalisée par broche ou vis métaphysométa-
de la métaphyse sur la physe produit un frottement physaire et épiphysoépiphysaire, sans franchissement
physaire sur cette irrégularité avec un risque d’atteinte du cartilage de croissance. Parfois, une réduction fer-
des cellules germinales plus important. Le suivi de ces mée et une ostéosynthèse percutanée peuvent être réa-
lésions doit être d’au moins 1 an, comme pour toutes lisées. Cette fracture est très à risque d’épiphysiodèse
les lésions physaires. et doit être surveillée pendant au moins 1 an.
La lésion de type 6 de Peterson (qui appartient au
Lésion de type 3 de Salter type 4+ de Salter) est ouverte, nécessite un parage
initial et très souvent un lambeau de couverture. Le
La fracture traverse à la fois le cartilage de croissance risque d’épiphysiodèse est bien sûr très grand et peut
et le cartilage articulaire (figure 9). Le pronostic est mettre plusieurs mois à apparaître.
Traumatismes récents du cartilage de croissance 247

Lésion de type 5 de Salter fracture est excellent. Le traitement doit être quasi
exclusivement orthopédique, éventuellement après
Remis en cause par Peterson [38], le type 5 a pour- réduction sous anesthésie [3,62]. La stabilisation peut
tant été reconnu par d’autres auteurs [47]. Les radio- néanmoins être confiée à des broches lors d’exception-
graphies initiales sont normales et c’est l’évolution nelles fractures instables.
qui prouve rétrospectivement la lésion physaire avec
atteinte des cellules germinales. Il est probable qu’une Extrémité inférieure de l’humérus
imagerie plus sophistiquée telle que l’IRM permet-
trait de poser un diagnostic plus précoce. En tout Les lésions du cartilage de croissance de l’humérus
cas, le traite­ment initial reste symptomatique (immo- distal sont différentes en fonction de l’âge. Chez le
bilisation). L’existence de ce type de lésion justifie la bébé et le très jeune enfant, la lésion la plus fréquente
surveillance de tout traumatisme physaire à moyen est le décollement épiphysaire en masse de l’épiphyse
terme. distale ressemblant à une pseudo-luxation de coude.
Le diagnostic est au mieux réalisé par l’échographie
[5,13,14,31]. La réduction orthopédique est la règle
Lésions du cartilage de croissance avec de très bons résultats. Chez l’enfant plus grand,
au membre supérieur [12,38] la lésion physaire la plus fréquente est celle du condyle
latéral réalisant une véritable lésion de type 4 (figure
Extrémité supérieure de l’humérus 11). Les fractures du condyle médial sont plus rares
mais répondent au même type lésionnel. Comme tout
L’anatomie de la capsule articulaire fait que la méta- type 4, ces lésions nécessitent quasiment toujours
physe médiale est intra-articulaire. Ceci conduit, lors une réduction chirurgicale avec fixation par broches.
de traumatisme, à la séparation de cette métaphyse L’articulation doit être parfaitement réduite. Parfois,
intra-articulaire avec l’épiphyse sus-jacente, rendant le trait de fracture ne va pas jusque dans l’articulation.
les lésions de type 2 les plus fréquentes. Les décolle- L’échographie [56] ou l’arthrographie sont alors utiles
ments de type 1 sont aussi souvent retrouvés (figure 10), pour décider d’un traitement orthopédique exclusif.
tout particulièrement chez le jeune enfant. Les lésions Seules les fractures strictement non déplacées peuvent
de type 3 sont exceptionnelles. Aucune lésion de type également être traitées orthopédiquement. La pseu-
4 ou 5 n’a été décrite. darthrose est une complication redoutable de cette
Le grand potentiel de remodelage de l’épiphyse fracture et son traitement est difficile, compromettant
proximale de l’humérus fait que le pronostic de cette le pronostic fonctionnel du coude.
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Figure 10. Fracture de type 1 déplacée de l’humérus proximal. Figure 11. Fracture de type 4 déplacée du condyle latéral de
l’humérus.
248 R. Gouron

Tête radiale plan frontal en métaphysaire, traverse la physe et devient


sagittale dans l’épiphyse. Cette lésion se réduit orthopédi-
Les lésions physaires à ce niveau sont principalement quement et est habituellement stable. Elle peut être main-
de type 2. Le risque de ce type de fracture est surtout tenue en plâtre. Le risque d’épiphysiodèse est grand.
vasculaire, puisque la vascularisation de la tête radiale
est terminale et qu’une lésion complète de la virole Main
périchondrale porte-vaisseaux risque d’entraîner une
nécrose de la tête radiale au pronostic fonctionnel dra- Les lésions physaires des doigts sont les traumatis-
matique. Le traitement est choisi en fonction du dépla- mes les plus fréquents [42]. Les types 1 (figure 12) et
cement. Une fracture peu déplacée peut être réduite types 2 sont les plus souvent rencontrés. Le traitement
orthopédiquement et stabilisée en plâtre. Les fractu- est majoritairement orthopédique après réduction.
res plus déplacées nécessitent parfois un poinçonnage Il faudra s’attacher à vérifier l’absence de trouble de
prudent et/ou un embrochage centromédullaire ascen- rotation lors de l’enroulement des doigts. Un trouble
dant s’aidant d’une broche béquillée et pointue pour rotatoire ne se corrigera pas et risque d’entraîner un
réduire la cupule radiale [33]. L’abord chirurgical doit trouble fonctionnel important.
être exceptionnel sur des fractures très déplacées et/ou Les lésions de types 3 et 4 nécessitent souvent une
irréductibles. réduction par abord chirurgical et une stabilisation
par broche.
Extrémité inférieure du radius Les complications sont rares, principalement des
déformations angulaires résiduelles.
Il s’agit là de l’atteinte physaire la plus fréquente après
les lésions des doigts [42]. Les lésions de type 2 de
Salter (figure 8), de type 1 de Salter et de type 1 de Lésions du cartilage de croissance
Peterson sont les plus fréquentes et ont habituellement au membre inférieur [12,38]
un bon pronostic. Le risque d’épiphysiodèse est bien
sûr plus important pour les grands déplacements et si Extrémité supérieure du fémur
l’énergie vulnérante est importante.
Le plus souvent, ces fractures présentent un dépla- Les traumatismes de la physe fémorale supérieure sont
cement postérieur. Quand le déplacement est mineur peu fréquents. Il s’agit quasiment exclusivement de
(moins de 2 mm), une simple immobilisation plâtrée est type 1 de Salter (type 1 de la classification de Delbet
suffisante. Au-delà et pour une bascule supérieure à 10°,
une réduction sera réalisée. Il faut être très prudent lors
de ces manœuvres de réduction, puisqu’il a été montré
que des manœuvres externes répétées étaient corrélées
au risque d’épiphysiodèse [29]. La stabilisation plâtrée
est très souvent suffisante. La position d’immobilisa-
tion est celle qui limite le risque de déplacement secon-
daire (en flexion de poignet de 45° pour les bascules
postérieures). La consolidation est très rapide, en envi-

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ron 2 à 3 semaines. L’embrochage peut être réalisé pour
stabiliser la fracture, mais de manière non obligatoire.
Il faut alors essayer de mettre cette broche en une seule
fois en étant le moins traumatisant possible pour la
physe. La réduction chirurgicale reste exceptionnelle et
conduit systématiquement à une épiphysiodèse [38].
Les lésions de types 3 et 4 sont plus rares et doivent
être anatomiquement réduites par abord chirurgical.
La stabilisation est confiée le plus souvent à un embro-
chage épiphysoépiphysaire ou métaphysométaphysaire
sans franchissement du cartilage de croissance.
Des fractures triplanes ont été décrites sur le radius
distal [19,40]. Elles correspondent à un type 2 de profil
et à un type 3 de face. La fracture se situe donc dans le Figure 12. Fracture de type 1 d’une phalange d’un doigt.
Traumatismes récents du cartilage de croissance 249

des fractures du col du fémur de l’enfant). Le trauma- faire rechercher une complication vasculonerveuse. La
tisme est souvent violent. Cette lésion est facilement réduction orthopédique est le traitement le plus uti-
différentiable de l’épiphysiolyse aiguë, qui survient lisé. Si la fracture est stable, une immobilisation par
pour un traumatisme mineur chez un adolescent adi- plâtre pelvipédieux est réalisée pour 45 jours. Le plus
posogénital avec parfois une boiterie préexistante. souvent, la stabilité n’est pas parfaite et une ostéosyn-
Le pronostic de ces types 1 est mauvais étant donné thèse est obligatoire. Dans le cas de types 2 avec une
le risque de nécrose important de la tête fémorale écaille métaphysaire importante, un vissage métaphy-
[15,48]. Bollini rapporte un risque de nécrose de 70 % sométaphysaire est suffisant associé à l’immobilisation
[4]. Le traitement consiste en une réduction douce et (figure 14). Si l’écaille est petite ou en cas de type 1
progressive sur table orthopédique et ostéosynthèse. instable, l’ostéosynthèse doit traverser la physe. Un
Celle-ci peut être confiée à des broches si l’enfant est embrochage en croix est réalisé, avec des broches pas-
jeune, pour éviter un trouble de croissance. Un plâtre sées si possible en une seule fois. Une ostéosynthèse
pelvipédieux est associé pour 45 jours. À l’adolescence, augmente toujours le risque de trouble de croissance
un vissage peut être réalisé. Un abord chirurgical est [1]. À l’adolescence, quand il reste 1 cm à grandir sur
réalisé dans d’exceptionnels cas de luxations associées le cartilage de croissance du fémur distal, une épiphy-
de la tête fémorale [35,38]. siodèse chirurgicale peut être réalisée en complément
de l’ostéosynthèse, une discrète inégalité de longueur
Extrémité inférieure du fémur étant préférable à une potentielle déviation axiale
d’une dizaine de degrés [11,12]. Certains proposent, à
Les lésions physaires du fémur distal se rencontrent cet âge, une ostéosynthèse par plaque pontant la physe
plus souvent chez l’adolescent et pour des traumatis- [16].
mes violents (accidents de voie publique). Les types 2 Les lésions de type 3 ou 4 nécessitent une réduction
sont les plus fréquents (figure 13), suivis des types 1. par arthrotomie et vissage épiphysoépiphysaire ne tra-
Le déplacement parfois important de ces fractures doit versant pas la physe.
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Figure 13. Fracture de type 2 déplacée du fémur distal. Figure 14. Ostéosynthèse par vis d’une fracture type 2 du
fémur distal.
250 R. Gouron

Extrémité proximale du tibia [2] à la mise en place d’une vis métaphysométaphysaire.


Certaines de ces fractures sont irréductibles par inter-
Les lésions physaires du tibia proximal sont rares. position de tissus mous (périoste) dans la physe. Il faut
Elles se retrouvent principalement à l’adolescence. alors aborder la zone et lever l’interposition. Le risque
Les lésions de types 1 et 2 nécessitent une réduction d’épiphysiodèse en est bien sûr majoré. Il faut réduire
orthopédique et une stabilisation par plâtre quand au mieux ces fractures étant donné la mauvaise tolé-
elles sont déplacées. Un déplacement postérieur doit rance des cals vicieux, notamment en varus, qui peu-
faire rechercher une atteinte vasculaire poplitée. Les vent entraîner des entorses à répétition.
lésion de type 3 ou 4 nécessitent un abord chirurgical
pour réduire l’articulation. La stabilisation est souvent
confiée à des vis épiphysoépiphysaires. Fracture de Tillaux
L’avulsion de la tubérosité tibiale antérieure par La fracture de Tillaux est une lésion de type 3 surve-
contraction brutale ou contrariée de l’appareil exten- nant sur une physe tibiale distale en voie de fermeture.
seur peut constituer une lésion de type 3 de Salter. Elle La partie médiale se ferme la première, laissant la physe
survient en général chez des grands adolescents. Sa latérale encore active. L’épiphyse latérale se trouve
réduction doit donc être chirurgicale avec ostéosyn- reliée à la malléole latérale par le ligament intertibiofi-
thèse par vis et immobilisation plâtrée pour 45 jours. bulaire antérieur. Une traction violente de ce ligament,
par rotation externe et abduction de la cheville, va
Extrémité inférieure du tibia entraîner le décollement épiphysaire de la physe active
et générer un trait articulaire de type 3 (figure 16). Un
Les lésions du cartilage de croissance du tibia distal déplacement de moins de 2 mm dans l’articulation est
sont relativement fréquentes (11 % dans la série de acceptable. Au-delà, une réduction orthopédique peut
Peterson, soit la lésion arrivant en troisième position être tentée en poussant sur le fragment vers l’arrière et
[42]). le dedans tout en portant le pied en rotation interne
[38]. Cette lésion nécessite une réduction et un vissage
épiphysoépiphysaire quand il persiste un déplacement
Lésions de types 1 et 2 de Salter de 2 mm ou plus après réduction [32,37].
La lésion de type 1 se retrouve plus souvent chez le plus Ce type de fracture a habituellement un bon pronos-
jeune enfant et se traite par réduction orthopédique et tic fonctionnel et la congruence articulaire est quasi-
contention plâtrée. La lésion de type 2 (figure 15) se ment toujours restaurée par le traitement [10,37].
traite également orthopédiquement. Le manque de sta-
bilité de certaines de ces lésions ou la présence d’une
écaille métaphysaire volumineuse conduisent parfois Fracture de McFarland
Il s’agit d’une lésion de type 3 ou 4 de la malléole
médiale, survenant par un mécanisme en adduc-
tion. Cette fracture semble être une des plus à ris-
que d’épiphysiodèse (50 % des cas pour certains [7]).
Les résultats de son traitement peuvent être jugés

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Figure 16. Schéma d’une fracture de Tillaux.


Figure 15. Fracture de type 2 du tibia distal. Dessin : Dr Havet, laboratoire d’anatomie, Amiens.
Traumatismes récents du cartilage de croissance 251

Figure 18. Schéma des fractures triplanes.


a. Deux fragments. b. Trois fragments. c. Quatre fragments.
Dessin : Dr Havet, laboratoire d’anatomie, Amiens.

Figure 17. Fracture triplane de tibia distal de face. a. Écaille


métaphysaire frontale. b. Trait sagittal articulaire.

moyens ou mauvais dans presque 30 % des cas [21].


Cottalorda obtient de bien meilleurs résultats avec
une indication opératoire quasi systématique [8]. La
réduction doit être anatomique par abord chirurgical.
L’ostéosynthèse est confiée à une vis épiphysoépiphy-
saire et/ou métaphysométaphysaire, ne franchissant
pas la physe.

Fractures triplanes
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Il s’agit d’une lésion de type 4 très particulière, qui


détache un fragment métaphysaire dans le plan fron- Figure 19. Ostéosynthèse par vis d’une fracture triplane. Même
tal et un fragment épiphysaire dans le plan sagittal patient qu’à la figure 17.
(figure 17). La radiographie standard est parfois insuf-
fisante. Le scanner permet d’évaluer au mieux le type
lésionnel, le nombre des fragments et le déplacement. et métaphysométaphysaire (figure 19) sera réalisée soit
Il existe des fractures triplanes à deux, trois ou quatre en percutané, soit à ciel ouvert [9,38,46]. Les résultats à
fragments (figure 18). distance du traitement de ces fractures sont habituelle-
Si la fracture n’est pas déplacée (moins de 2 mm dans ment bons [10,17,27,46].
l’articulation), une immobilisation cruropédieuse est réa-
lisée. En cas de déplacement, une réduction orthopédique
doit être réalisée, suivie d’une immobilisation plâtrée. Malléole latérale
Si le déplacement articulaire est difficile à réduire ou à Les lésions physaires de la malléole latérale sont
maintenir, une ostéosynthèse par vis épiphysoépiphysaire réputées pour être fréquentes. Néanmoins, elles sont
252 R. Gouron

probablement surestimées. En effet, la pensée classi- transport avec atteinte vasculaire initiale. C’est pour-
que évoque une moins grande résistance du cartilage quoi il paraît licite de demander une imagerie de type
de croissance au traumatisme que l’appareil ligamen- angioscanner devant toute lésion du tibia proximal
taire collatéral latéral. Ainsi tout traumatisme entraî- peu ou très déplacée.
nant un œdème de la malléole latéral est-il étiqueté
« décollement épiphysaire Salter 1 ». En fait, il a été
montré qu’un grand nombre de ces traumatismes ne Syndrome de loge
sont en fait pas des décollements épiphysaires. C’est Il a été décrit principalement pour des lésions de type
l’échographie et l’IRM qui ont permis de relativiser la 2 du radius distal, tibia proximal ou distal. Son traite-
pensée classique [18,28]. Les lésions ligamentaires ne ment est l’aponévrotomie en urgence.
sont en fait pas rares et les vrais décollements épiphy-
saires sont finalement moins fréquents.
Les lésions de type 1 sont les plus fréquentes, le plus Irréductibilité
souvent non déplacées. Elles doivent être immobilisées. La grande majorité des décollements épiphysaires
Les fractures déplacées doivent être réduites et immo- se réduit orthopédiquement. Il n’est pas rare qu’un
bilisées. En cas d’instabilité, une broche transphysaire élément vienne empêcher la réduction. Il peut s’agir
peut maintenir la réduction pendant 3 semaines [9,38]. de périoste, dans la majorité des cas, mais aussi de
tendons, de nerfs, de vaisseaux, de cartilage ou d’un
Lésions iatrogènes fragment d’os. Seule la levée chirurgicale de l’inter-
position rendra la réduction possible. La persistance
Un certain nombre de lésions physaires sont secon- de tissus mous dans une physe va conduire soit au cal
daires à un geste chirurgical. Il peut s’agir du traite- vicieux, soit à la pseudarthrose, soit à la constitution
ment inapproprié de certaines fractures de l’enfant d’un pont d’épiphysiodèse (si interposition périostée)
par embrochage, vissage ou enclouage transphysaire. [43].
Néanmoins, il est parfois nécessaire de franchir une
physe et un embrochage transphysaire passé en une
fois et à vitesse lente n’entraînera pas obligatoire- Atteinte neurologique
ment une épiphysiodèse. Il faut en revanche éviter Les complications neurologiques sont l’apanage des
les perforations multiples. La physe peut également fractures déplacées. Elles sont rares en matière de trau-
être infectée par une broche qui la traverse. Ces matisme physaire et ont été décrites suite à une lésion
situations se rencontrent au cours d’embrochage en du radius distal ou proximal et de l’humérus distal.
percutané. L’atteinte neurologique peut accompagner l’atteinte
vasculaire provoquée par un décollement épiphysaire
tibial supérieur. Il s’agit en général d’une neurapraxie.
Complications des traumatismes Le traitement est la réduction fracturaire urgente. La
des cartilages de croissance [38] récupération se fait précocement en plusieurs heures ou
jours après le traumatisme. Les manipulations intem-
Nous avons déjà vu un certain nombre de complica- pestives pour réduire une fracture peuvent également
tions pouvant survenir au cours d’un traumatisme phy- être à l’origine de ces neurapraxies. Enfin, il faut faire

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saire en passant en revue les principales localisations. attention, au cours du geste de réduction, à l’incarcé-
ration possible d’un nerf dans le foyer de décollement
épiphysaire (exemple du nerf médian dans les décol-
Complications synchrones lements épiphysaires à grand déplacement du radius
distal).
Ischémie
Elle est secondaire au déplacement initial du décolle-
ment épiphysaire et se retrouve principalement lors Infection
des lésions de type 1 ou 2 du fémur distal, quand l’épi- Le traumatisme physaire crée un hématome local qui
physe se déplace en avant, et lors des lésions de type peut se surinfecter et engendrer une véritable ostéo-
1 du tibia proximal. L’atteinte vasculaire est directe. myélite à la faveur d’une bactériémie passagère. Ceci
Il faut être vigilant devant un décollement épiphy- reste rare. Néanmoins, des surinfections sont possibles
saire du tibia proximal peu déplacé. Il peut s’agir là lors des décollements épiphysaires de phalanges de
d’une forme déplacée partiellement réduite pendant le doigt ou d’orteil quand il existe une avulsion unguéale
Traumatismes récents du cartilage de croissance 253

associée. Il s’agit là d’une véritable fracture ouverte controlatérale…). Enfin, des ostéotomies de correc-
avec risque septique important. tion axiale peuvent être réalisées en cas de cal vicieux
axial résiduel, ou en cas d’épiphysiodèse partielle
périphérique.
Complications tardives
Épiphysiodèse Pseudarthrose
L’épiphysiodèse est le risque majeur de tout trauma- La pseudarthrose est rare chez l’enfant. Elle survient
tisme physaire (figure 20). Ce risque est dépendant essentiellement lors des lésions de type 4 de l’humé-
du type de lésion dans la classification de Salter, du rus distal et parfois du tibia distal. Dans la plupart
déplacement fracturaire, de l’énergie du traumatisme, des cas, la pseudarthrose est diagnostiquée devant une
de l’âge de l’enfant et de la localisation de la physe limitation d’amplitude articulaire, une déformation
atteinte. Elle peut être complète et entraîner une iné- résiduelle, un œdème ou une douleur. Il s’agit souvent
galité de longueur. Elle peut également être partielle de fractures non diagnostiquées au stade initial.
et périphérique, entraînant une déviation axiale, ou
partielle et centrale, entraînant une modification mor-
phologique de l’articulation atteinte. Cal vicieux
Si l’enfant est en fin de croissance, l’épiphysiodèse Le cal vicieux se produit lorsque le fragment osseux
n’aura que peu de conséquences. Pour diminuer encore fracturé va s’unir à l’os adjacent alors qu’il est encore
ces conséquences et surtout le risque de déviation déplacé. C’est le fait de fractures passées inaperçues.
axiale, il peut être judicieux de provoquer une épiphy- On retrouve également ces cals vicieux chez le jeune
siodèse complète de la physe au cours du traitement enfant, lorsque l’épiphyse n’est pas encore ossifiée.
de la fracture. La radiographie standard est alors mise en défaut.
Chez l’enfant jeune, les conséquences seront beau- C’est l’échographie et surtout l’IRM qui visualiseront
coup plus importantes. Une désépiphysiodèse chirur- la position anormale du fragment osseux. En fait, un
gicale peut être tentée lorsque le pronostic d’inégalité grand nombre de lésions physaires fusionnent avec un
de longueur est important. Lorsqu’il l’est moins, une cal vicieux mais qui est tellement minime qu’il remo-
chirurgie d’égalisation est possible (allongement du dèle, permettant un retour progressif à la normale
côté court, accourcissement du côté long, épiphysiodèse (types 1 et 2 de Salter). Dans les types 4 de Salter, un
cal vicieux provoque souvent une épiphysiodèse. Le
fragment détaché s’ascensionne et ainsi la métaphyse
vient se fusionner au fragment épiphysaire détaché,
réalisant une véritable épiphysiodèse expérimentale.
C’est pourquoi il vaut mieux privilégier la réduction
chirurgicale et l’ostéosynthèse de ce type de fracture.
Ce sont les fractures du condyle latéral ou médial de
l’humérus distal qui sont le plus souvent le siège de ces
cals vicieux.
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Nécrose
La nécrose ischémique épiphysaire peut se voir dans
de nombreuses localisations. C’est au radius proximal
et à l’extrémité céphalique du fémur que la nécrose
est la plus fréquente. Dans ces localisations, un trau-
matisme physaire peut léser la vascularisation épiphy-
saire terminale alimentée par la périphérie de la virole
périchondrale. La nécrose a été décrite également à
l’humérus distal, au tibia distal et à l’humérus proxi-
mal. La nécrose conduit toujours à une modification
Figure 20. Épiphysiodèse du radius distal avec raccourcisse- morphologique épiphysaire et à une diminution nette
ment du radius suite à une lésion de type 1+. Même patient de la croissance résiduelle avec un risque dégénératif
qu’à la figure 7. important de l’articulation concernée.
254 R. Gouron

Conclusion lésions sont les plus redoutables, à la fois en termes de


diagnostic et de pronostic. L’épiphysiodèse est la com-
Les traumatismes des cartilages de croissance sont fré- plication la plus à craindre d’un traumatisme physaire.
quents. L’établissement d’une classification au carac- Sa recherche doit en être systématique.
tère pronostique permet de prévoir la surveillance à
moyen terme qui doit toujours être instaurée devant Remerciements : l’auteur tient à remercier le Pr Sevestre,
de telles lésions. La prise en charge thérapeutique anatomopathologiste au CHU d’Amiens, ainsi que le
est souvent simple, avec de bons résultats à distance. Dr Havet, chirurgien orthopédiste et maître de confé-
Néanmoins, il faut être très vigilant dans la réduction rence en anatomie à la Faculté de médecine d’Amiens,
des traits articulaires transphysaires. Ces dernières pour ses qualités de dessinateur et sa disponibilité.

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