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PEDPUE-1186; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS


Journal de pédiatrie et de puériculture (2016) xxx, xxx—xxx

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ARTICLE EMC

Déformations de la paroi thoracique de


l’enfant et l’adolescent夽
R. Dubois a,∗, R. Kohler b, J.-L. Jouve c

a
Service de chirurgie uroviscérale et thoracique pédiatrique, Hôpital Femme—Mère-Enfant,
Hospices civils de Lyon, 59, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France
b
Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital Femme—Mère-Enfant, Hospices civils de
Lyon—Université Lyon 1, 59, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France
c
Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital Timone enfants, AP—HM, Aix Marseille
Université, ADES UMR 72 68, 13385 Marseille cedex 5, France

MOTS-CLÉS Les déformations de la paroi thoracique apparaissent dans la plupart des cas à la suite d’un
Déformation de la excès de croissance des cartilages costaux qui entraîne le sternum soit en dedans (pectus exca-
paroi thoracique ; vatum, le plus fréquent), soit plus rarement en dehors (pectus carinatum). Dans ces cas, la
Pectus excavatum ; déformation apparaît et s’aggrave progressivement pendant l’enfance, avec un pic au moment
Pectus carinatum ; de la poussée pubertaire. L’indication d’un traitement chirurgical ou orthopédique repose
Chirurgie de Nuss ; essentiellement sur le préjudice esthétique, bien réel notamment pendant l’adolescence.
Fente sternale ; Les manifestations cardiaques ou respiratoires sont rares, mais justifient d’être recherchées.
Poland D’autres déformations, nettement plus rares et souvent congénitales, font partie de syndromes
complexes dont la correction est difficile.
© 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.

Introduction souvent un bilan complet. Elles requièrent une coordi-


nation efficace entre l’équipe chirurgicale et les équipes
Les déformations thoraciques chez l’enfant sont variées et le pédiatriques médicales (pneumologie, cardiologie, psycho-
plus souvent isolées. Elles sont plus rarement associées à des pathologie, etc.) Les indications opératoires sont le plus
syndromes malformatifs plus complexes. La plus fréquente souvent posées en raison du préjudice esthétique, parfois
de ces déformations est le pectus excavatum. particulièrement important. Une technique récente de cor-
Si les manifestations respiratoires et cardiovasculaires rection mini-invasive du pectus excavatum (Nuss) donne un
sont très peu fréquentes, ces déformations nécessitent éclairage intéressant à cette orientation et les a élargies
de fait, modifiant une attitude peu chirurgicale jusqu’à ces
toutes dernières années.
夽 EMC-Pédiatrie, Nous n’envisagerons pas dans ce travail les défor-
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(13)
44411-3. mations rachidiennes isolées (scoliose, hypercyphose), la
∗ Auteur correspondant. surélévation congénitale de l’omoplate, ni les déformations
Adresse e-mail : remi.dubois@chu-lyon.fr (R. Dubois). thoraciques acquises.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
0987-7983/© 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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Anatomie de la cage thoracique grâce à la contraction des muscles expiratoires : les inter-
costaux internes et surtout les muscles abdominaux.
La cage thoracique s’élargit de haut en bas, à la fois dans le On comprend aisément que cette mécanique respiratoire
plan sagittal, mais surtout dans le plan transversal. Elle est puisse être altérée dans les anomalies les plus marquées
limitée en arrière par la colonne thoracique, latéralement et complexes. Cependant, la plupart des études et notre
et vers l’avant par les côtes et leurs cartilages, en avant propre expérience montrent que les syndromes respiratoires
et plutôt à la partie haute du thorax par le sternum. Les restrictifs sont rares pour la grande majorité des défor-
côtes, obliques en bas et en avant, se prolongent à la partie mations thoraciques, et qu’il n’y a jamais de syndromes
antérieure par les cartilages qui s’insèrent sur le sternum obstructifs.
pour les côtes 1 à 5. De la sixième à la neuvième, tous les
cartilages convergent vers la partie inférieure du sternum,
donnant à celui-ci une hauteur bien inférieure à celle de
l’ensemble de la cage thoracique [1]. Physiopathologie des déformations
La limite inférieure est représentée par le diaphragme, thoraciques
muscle inspiratoire principal, composé de deux hémi-
coupoles à concavité inférieure. La théorie couramment utilisée pour expliquer le développe-
Le pectoralis major (grand pectoral) est souvent ment des deux principales déformations (pectus excavatum
concerné par les déformations thoraciques. Il s’insère sur et carinatum) est l’excès de croissance des cartilages cos-
la face antérieure des côtes 3 à 7, sur le feuillet antérieur taux [2], qui est intensifiée pendant la poussée pubertaire.
du muscle rectus ominis (grand droit) en bas, et en dedans Quand cette croissance différentielle entraîne le sternum
s’entrecroise avec les fibres du muscle controlatéral. Les en dedans, cela crée un pectus excavatum. À l’inverse,
autres muscles sont le latissimus dorsi (grand dorsal), plus il se forme un pectus carinatum quand le sternum est
en arrière et en bas, le serratus anterior (grand dentelé) sur entraîné en dehors [3]. C’est sur cette théorie qu’est
la paroi latérale du thorax, le pectoralis minor (petit pec- basée l’intervention correctrice type Ravitch où la lon-
toral), les intercostales (intercostaux). D’autres enfin sont gueur excessive des cartilages est réduite. En revanche, les
plus à distance, mais participent à la physiologie respiratoire techniques mini-invasives type Nuss ou celles de compres-
ou peuvent être utilisés lors des reconstructions chirurgi- sion ne modifient pas cette longueur. C’est une des raisons
cales [1] : trapezius (trapèze), rhomboideus (rhomboïde), pour laquelle nous privilégions un traitement avant la fin
subclavius (sous-clavier), sternocleidomastoideus (sterno- de la poussée pubertaire, de façon à ce que la crois-
cléido-mastoïdien), scalenius (scalène), rectus abdominis sance des cartilages puisse être guidée pendant quelques
(grand droit de l’abdomen), obliquus externus abdominis années [4].
(oblique externe), diaphragma (diaphragme). Un des constituants principaux du cartilage costal est
La peau de la région antérieure est caractérisée par la le collagène de type II. Son métabolisme et sa composi-
faible épaisseur de l’hypoderme et la mauvaise élasticité tion peuvent jouer un rôle dans la physiopathologie des
du derme pouvant expliquer les difficultés de cicatrisation. déformations. Certaines études évoquent des désordres de
l’ossification endochondrale ou dans le métabolisme des
acides mucopolysaccharidiques [2]. D’autres retrouvent une
Physiologie et biomécanique du thorax distribution et un arrangement irrégulier des fibres de col-
lagène dans les zones profondes des cartilages. Enfin, il
Les muscles inspiratoires sont pour une grande part repré- pourrait y avoir une cellularité augmentée, une distribution
sentés par le diaphragme, assisté par les intercostaux cellulaire et vasculaire anormale, qui pourrait entraîner une
externes. Ils augmentent de façon considérable le volume augmentation de la croissance.
de la cage thoracique. Les scalènes, le sterno-cléido- Des anomalies d’expression de plusieurs gènes codant
mastoïdien et le trapèze sont des muscles accessoires : pour le collagène ont été retrouvées (COL2A1, COLOA1,
lorsqu’ils se contractent, ils accroissent ce volume de COL9A2, etc.). Ces anomalies génétiques pourraient bien sûr
façon plus modeste en horizontalisant légèrement les expliquer le caractère familial de certaines déformations.
côtes et en projetant en avant le sternum [1]. Ceci a
pour effet d’augmenter le diamètre antéropostérieur du
thorax.
C’est la pression négative générée par la contraction Épidémiologie
diaphragmatique qui entraîne l’entrée d’air dans les voies
aériennes, donc l’inspiration. Ceci est permis par la relative Il y a une prédominance masculine des déformations thora-
rigidité du squelette thoracique, la très grande expansibi- ciques (3/1) [5]. L’incidence générale serait de 1 à 2 % dans
lité du parenchyme pulmonaire, et l’espace virtuel entre la population générale [3], et il y a un caractère familial
les deux feuillets viscéral et pariétal de la plèvre. dans 20 à 40 % des cas, associant parfois des déformations
L’expiration est au contraire un phénomène essentielle- différentes comme des pectus excavatum et carinatum.
ment passif qui met en jeu les forces de rappel élastique Certaines déformations apparaissent dès la naissance. Le
de la paroi thoracique et du parenchyme pulmonaire. Dans plus souvent, elles se développent pendant l’enfance, et
sa phase initiale de l’expiration, il se produit également un s’accentuent encore pendant la période prépubertaire et
relâchement du diaphragme qui est repoussé vers le haut par la puberté. Les enfants et leur famille tolèrent parfois très
la pression abdominale. L’expiration devient active en cas longtemps ces déformations, ce qui explique leur prise en
d’expiration forcée ou d’obstruction des voies aériennes, charge volontiers tardive.

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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Pectus excavatum ou « thorax en La déformation, rarement visible à la naissance, com-


mence à apparaître dans la première année de vie. Elle
entonnoir »
est lentement évolutive pendant toute l’enfance, avec une
Épidémiologie tendance nette à l’aggravation pendant la poussée de crois-
sance pubertaire [6], puisque la circonférence du thorax
Il s’agit de la déformation thoracique la plus fréquente en augmente de 50 % durant cette période. Elle se stabilise
Europe, atteignant environ un enfant sur 400, trois à quatre ensuite.
fois plus fréquente chez le garçon que chez la fille [2]. Elle Les enfants atteints sont plutôt grands et maigres. Ils ont
se manifeste par une excavation médiothoracique plus ou souvent une attitude voûtée, les épaules déjetées en avant
moins marquée, avec projection du sternum en arrière. et en bas. Cette attitude, compensatrice de la déformation
Le caractère familial est retrouvé dans 40 % des cas [6]. thoracique, vise à en atténuer l’importance. Elle peut être
Elle peut entrer dans le cadre d’une collagénose comme améliorée par l’exercice physique qui doit être encouragé.
une maladie de Marfan (5 %) ou une maladie d’Ehler-Danlos Après correction chirurgicale, cette attitude a tendance à
(1 %) [7]. régresser.
Une maladie de Marfan doit être suspectée lorsque
d’autres signes cliniques s’associent au pectus excavatum
Anatomie (hyperlaxité, grande taille, pieds plats, arachnodactylie).

Le pectus excavatum se présente par une dépression à


concavité antérieure, à la partie moyenne ou plus sou-
vent inférieure du sternum, le maximum de la profondeur Retentissement respiratoire
correspondant souvent à l’appendice xiphoïde (Fig. 1A).
Latéralement, les cartilages costaux sont anormalement Les conséquences respiratoires objectives demeurent
développés. L’atteinte peut être symétrique ou plus souvent exceptionnelles, même en cas de malformation sévère. Chez
asymétrique, avec une orientation du sternum volontiers l’adolescent, une diminution de la tolérance à l’exercice
vers la gauche et une saillie plus marquée à droite. Le pectus ou une dyspnée d’effort peuvent être observées, essentiel-
excavatum est souvent associé à une protrusion des carti- lement par trouble de la mécanique thoracique, mais il
lages costaux communs se traduisant par deux tuméfactions n’y a pas habituellement de répercussion sur les volumes
inférieures et latérales. Ceci augmente l’aspect de dépres- et débits pulmonaires. Une exploration fonctionnelle respi-
sion du sternum. Dans certaines formes très marquées, ratoire (EFR) avec pléthysmographie corporelle totale est
le sternum peut aller presqu’au contact du rachis. Plu- toutefois très souvent réalisée à la recherche d’anomalies
sieurs classifications cliniques ont été proposées, sans grand infracliniques [3,4]. Elle montre parfois un syndrome respi-
intérêt. ratoire restrictif léger, sans syndrome obstructif. Dans ce
cas, ce sont les volumes mobilisables qui sont réduits, le
volume résiduel restant normal. Il est également possible
Clinique de mesurer le retentissement en situation d’exercice, pour
comprendre le mécanisme de la dyspnée d’effort si elle est
La sévérité est définie par plusieurs critères, notamment la présente.
profondeur de la malformation, le caractère asymétrique ou Beaucoup plus rarement, le pectus excavatum peut
non, localisé ou étendu. Chez les jeunes filles, elle entraîne être l’expression d’une dystrophie thoracique dans le
un strabisme mammaire, les seins étant orientés en dedans, contexte d’une pathologie respiratoire chronique. Dans ce
aggravant ainsi le caractère inesthétique [4]. cas, la présence de signes respiratoires chroniques (toux,

Figure 1. Pectus excavatum. A. Aspect clinique, jeune fille de 14 ans avec un « strabisme mammaire » (d’après Jouve [13]). B. Scanner,
intérêt de la mesure de l’angle de rotation du sternum.

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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encombrement) doit amener à prendre un avis spécialisé. autant que l’attitude moqueuse des camarades de classe.
L’EFR montre alors des anomalies spécifiques. Les adolescents traversent tous une période de changement
d’image corporelle, et ils sont souvent peu satisfaits de
Retentissement cardiaque cette image, a fortiori avec ce type de déformation [10].
Une évaluation psychologique est donc vivement recomman-
Si le cœur est le plus souvent déplacé vers la gauche, le dée, en raison de ce retentissement important [4]. Cette
retentissement clinique est exceptionnel, et cette situation prise en charge se justifie aussi par la lourdeur possible
doit aussi faire rechercher une collagénose. L’échographie du geste chirurgical, surtout si l’indication est d’ordre
cardiaque doit être d’indication large [4], pouvant montrer purement esthétique. Elle risque cependant de confronter
une gêne au remplissage des cavités cardiaques droites qui l’adolescent à une certaine désillusion quand il attend de
sont les plus comprimées en cas de déformations sévères. Il y la chirurgie une réponse miracle à sa souffrance qui parfois
a rarement des signes de défaillance droite. Cette situation n’est pas uniquement liée à la déformation.
se rencontre si le cœur est pris dans la pince sternale. Un
syndrome de Wolff-Parkinson-White est assez fréquent [8],
ou une autre anomalie du rythme cardiaque. Plus rare- Bilan radiologique
ment, l’échographie peut objectiver un prolapsus mitral [9]
ou des anomalies vasculaires, en particulier si la déforma- Le scanner est systématiquement demandé avant une inter-
tion s’intègre dans le cadre d’un syndrome de Marfan. Cette vention [3,4,11]. Il permet de calculer l’index de Haller,
échographie préopératoire sert de référence si elle doit être qui est le ratio entre les diamètres transverse et antéro-
répétée après l’intervention, le plus souvent de façon sys- postérieur. Cet index, en moyenne de 2 à 2,5 normalement,
tématique. est souvent supérieur à 3 ou 3,5 dans le pectus excava-
tum [8,9,12]. Il permet de quantifier l’importance de la
Retentissement psychologique déformation, mais cet index est finalement moins utile dans
l’indication opératoire que l’aspect clinique et le ressenti
Il peut être très important, justifiant la majorité des psychologique. Il est intéressant en revanche de mesurer
indications opératoires, bien avant le retentissement fonc- l’angulation du sternum, indice quantifiant le caractère asy-
tionnel. Cette anomalie, profondément ressentie sur le métrique (Fig. 1B). L’utilité du scanner réside plus dans
plan physique, peut entraîner aussi une certaine fragi- le choix de la technique opératoire que sur l’indication
lité psychique marquée par une mauvaise estime de soi, elle-même [4,13]. Il permet enfin de s’assurer de l’absence
une inhibition, des manifestations anxieuses qui peuvent d’autres malformations thoraciques, de zones d’atélectasie
augmenter quand elles rentrent en résonance avec celles pulmonaire, ou d’anomalie entre le sternum et le cœur.
propres à l’adolescence. Bien souvent, l’enfant ou surtout La radiographie simple du thorax, de face et de profil,
l’adolescent qui se sent mal dans son corps va limi- peut être une alternative au scanner. Certes moins irra-
ter son activité physique et fuir les situations où il doit diante, elle apporte nettement moins d’informations.
s’exposer, donnant parfois le sentiment d’un certain ralen- Un bilan photographique, de face et de trois quarts, per-
tissement. Tout cela ne fait qu’accentuer la déformation met de suivre l’évolution de la déformation au fil du temps
thoracique [2]. Ces troubles peuvent être majorés par les et ainsi d’apprécier une éventuelle aggravation en période
réactions de l’entourage : l’hyperprotection et la commisé- prépubertaire. Les photos reflètent toutefois assez mal la
ration des parents qui font sentir à l’enfant sa différence, réalité du creux sternal.

Figure 2. Pectus excavatum. A. Prise d’empreintes optiques, aspect préopératoire. B. Principe du modelage par une barre endothoracique
(technique de Nuss), placée en arrière du sternum et prenant appui sur la partie externe des deux hémi-thorax (d’après Jouve [13]).

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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Une technique récente de prise d’empreinte optique du


tronc, grâce à un capteur utilisant des franges lumineuses,
permet de visualiser cette déformation de façon rapide et
non irradiante (Fig. 2A). Ce procédé, qui ne remplace pas
le scanner préopératoire, fournit une excellente représen-
tation en trois dimensions de la déformation (en creux ou
en saillie) et pourrait être utilisé en routine.

Traitement
La majorité des indications opératoires sont posées devant
l’aspect inesthétique [4,14], souvent mal vécu pendant la
période pubertaire, alors que la demande est beaucoup
moins évidente avant l’âge de 10 à 12 ans. Il est important
de ne jamais prendre la décision opératoire lors de la pre-
mière entrevue, mais de revoir les enfants et leurs parents
à quelques mois d’intervalle. Beaucoup plus rarement, dans
les formes sévères ou secondaires à une collagénose, des
complications respiratoires justifient cette correction chi-
rurgicale.
Il existe différentes techniques :
• la technique de Ravitch [15] dite du retournement ster-
nochondral, décrite il y a plusieurs dizaines d’années, qui
est actuellement abandonnée ;
• la technique de sternochondroplastie modelante [7,16],
inspirée de la précédente, qui est encore utilisée par
certains centres, notamment après la fin de la puberté
ou chez l’adulte jeune [3]. Cette chirurgie nécessite un
abord large, vertical ou horizontal ; elle oblige à des Figure 3. Pectus excavatum. A. Aspect postopératoire (même
patiente que sur la Figure 1A) (d’après Jouve [13]). B. Prise
sections cartilagineuses, voire des ostéotomies sternales.
d’empreintes optiques, aspect postopératoire.
Un matériel d’ostéosynthèse est fréquemment nécessaire
pour fixer les corrections [6]. Parfois considérée comme
la technique de référence, son caractère agressif en d’âge [14]. Ceci est effectué à l’aide d’une (ou parfois
limite néanmoins l’intérêt dans un contexte purement deux) barres métalliques insérées dans le thorax à tra-
cosmétique. En effet, la rançon cicatricielle importante, vers deux petites incisions latérales (Fig. 2B). Le passage
la durée d’alitement et les douleurs sont à prendre en de l’implant entre le bec sternal et le péricarde se fait le
compte, sans qu’il y ait d’avantages prouvés sur le risque plus souvent par contrôle thoracoscopique pour un maxi-
de récidive ; mum de sécurité. L’indication idéale et classique est la
• la technique utilisant du matériel prothétique préformé forme symétrique, mais les formes asymétriques peuvent
en silicone [17]. Les résultats esthétiques sont bons, mais également en bénéficier, parfois au moyen d’un contrôle
les inconvénients sont le risque d’intolérance à ce maté- direct à ciel ouvert de la région rétrosternale [13]. Une
riel étranger ou la migration de la prothèse. Des moyens grande collaboration entre le chirurgien et l’anesthésiste
plus naturels comme les lambeaux musculaires ou le est nécessaire, tant pour le passage délicat de la barre
comblement par de la graisse ont donné des résultats contre le péricarde que pour la sédation de la dou-
décevants ; leur postopératoire. Contrairement aux techniques de
• la technique de traction magnétique avec un implant sternochondroplastie, cette procédure est d’autant plus
placé sous le sternum, et un autre placé dans une efficace que l’enfant est opéré en début de puberté, vers
brassière. Cette procédure nouvelle [7] qui entraîne une l’âge de 12 ans [4,11,20], même s’il est souvent moins
correction très progressive en plusieurs mois nécessite demandeur à cet âge. La ou les barres sont laissées
une évaluation ; en place deux à trois ans, assurant ainsi un risque de
• la technique de cloche à vide, vacuum bell [7] ; récurrence très faible, de moins de 1 % [11]. Si cette inter-
l’application doit se faire plusieurs heures par jour vention est réputée douloureuse pendant les premiers
pendant plusieurs mois ou années, et semble difficile jours, ses nombreux avantages et la qualité des résultats
d’emploi au quotidien ; font que cette technique représente un progrès significa-
• la technique de Nuss [8,11,18]. Il s’agit d’une chirurgie tif (Fig. 3A).
mini-invasive rapportée pour la première fois en 1997,
qui offre le double avantage d’une correction instan- Résultats de la chirurgie
tanée et d’une moindre rançon cicatricielle. Elle est
devenue actuellement la technique de référence, la plus En dehors des différences entre les différentes techniques,
utilisée [4,7,19—21]. Elle consiste à rétablir l’anatomie les résultats sont le plus souvent très bons. Si aucune publi-
du thorax chez l’enfant ou l’adolescent en soulevant le cation n’a réellement comparé les techniques de Nuss et
sternum encore souvent modelable dans ces tranches de Ravitch, on peut toutefois supposer que celle de Nuss a

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Figure 4. Pectus carinatum. A. Aspect clinique, garçon de 12 ans. B. Traitement par orthèse modelante.

un meilleur rapport risque/bénéfice [22]. Les complications Deuxième déformation thoracique la plus fréquente, elle
sont peu fréquentes et le plus souvent bénignes : infections atteint un enfant sur 2500, avec une nette prédominance
locales ou pulmonaires, pneumothorax résiduel, contusion chez le garçon (4/1) [27]. Dix fois moins fréquente que
péricardique [4,19,22—24]. Elles peuvent s’observer après le pectus excavatum en Europe, elle représente 50 % des
les techniques mini-invasives comme les plus anciennes. déformations thoraciques dans les pays sud-américains [28].
Cependant, la gravité possible de certaines complications, Les formes familiales seraient présentes dans 10 à 40 % des
dont la plus sévère est la perforation cardiaque [11], doit cas [7]. Moins fréquemment que dans la déformation précé-
faire bien peser l’indication opératoire. Le respect de la pla- dente, le pectus carinatum peut être associé à une maladie
nification opératoire et de la technique chirurgicale au sein de Marfan. Des déformations rachidiennes peuvent égale-
d’équipes expérimentées, et parfois avec deux chirurgiens ment être présentes (scoliose, hypercyphose), suggérant des
(orthopédiste et thoracique), permet une meilleure maîtrise anomalies du tissu conjonctif.
des risques [4,13]. Peu apparent lors des premières années de la vie, le
La satisfaction des enfants et de leur famille est tout à pectus carinatum devient visible chez l’enfant d’âge sco-
fait notable, avec une modification comportementale des laire, puis s’aggrave avec le pic de croissance pubertaire. Le
adolescents en ce qui concerne le rapport à leur propre caractère inesthétique, et donc le retentissement psycholo-
corps [14], et par conséquent la pratique d’activités phy- gique à partir de l’adolescence, est fonction de l’importance
siques ou la possibilité de se montrer torse nu chez les de la déformation (Fig. 4A). Il peut être majoré par une
garçons. Des études ont prouvé les effets positifs sur le position asymétrique des seins chez la fille ou par une hypo-
plan psychologique et psychosocial des jeunes adultes, trophie mammaire. Les douleurs sont souvent plus marquées
notamment avec la technique mini-invasive [4,11,21]. Les que dans le pectus excavatum, liées à la mobilisation du
résultats à long terme sur les fonctions cardiopulmonaires tronc, et renforcées par des traumatismes possibles sur la
sont discutés dans la littérature [12,21,25], en sachant que partie la plus saillante lors des activités sportives [9].
le retentissement initial est rare et le plus souvent modéré. Comme dans le pectus excavatum, les manifestations res-
Des méthodes précises de mesure anthropométriques [5] piratoires sont rares [6,29], liées à un défaut d’ampliation
ou les prises d’empreinte optique peuvent également mon- thoracique. Il s’agit alors de dyspnée d’effort et les EFR
trer le bénéfice de la chirurgie (Fig. 3B). sont alors très peu perturbées. Les manifestations cardio-
vasculaires sont exceptionnelles et leur présence doit faire
évoquer une maladie de Marfan.
Pectus carinatum ou « thorax en carène » Le traitement est proposé en cas de préjudice esthé-
tique [26,27,29,30]. Dans la majorité des cas, il est
Il s’agit d’une déformation triangulaire à sommet antérieur, orthopédique. Le principe est de faire une compression
associée à deux dépressions latérales. Le pectus carinatum antéropostérieure qui va entraîner un modelage progressif
peut être total lorsqu’il intéresse tous les arcs costaux, du thorax, classiquement par une orthèse comprenant des
remontant alors jusqu’à la partie supérieure du sternum. Les appuis sternaux en mousse. Ce corset doit être porté plu-
formes partielles peuvent être supérieures, inférieures ou le sieurs heures par jour, pendant un à deux ans [26,29], en
plus souvent moyennes. Dans la moitié des cas, la déforma- ajoutant régulièrement de l’épaisseur de mousse (Fig. 4B).
tion est asymétrique ; le sternum est alors tordu sur son axe Ce traitement est long et contraignant, avec le risque d’une
et est orienté vers le côté le moins saillant [26]. mauvaise compliance, mais très efficace. Il s’applique aux

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enfants entre 12 et 16 ans, lorsqu’il reste un potentiel de partie haute du sternum, surplombant une dépression infé-
croissance et donc de remodelage. L’indication doit être rieure. Il associe ainsi une déformation de type carinatum à
choisie par l’enfant. Cette correction peut s’accompagner la partie supérieure et excavatum à la partie inférieure [3].
d’une rééducation respiratoire et musculaire. Les activités Les jonctions chondrosternales sont saillantes, délimitant
physiques doivent être encouragées. latéralement la cuvette sternale. Plus rarement, la déforma-
Récemment, un système de compression dynamique a été tion est asymétrique, devant faire rechercher un syndrome
mis au point, moins volumineux qu’une orthèse [27,28]. Il de Poland. Elle a également été décrite en association avec
consiste en une brassière permettant la compression du ster- des syndromes de Turner ou de Noonan.
num tout en laissant la possibilité au thorax de regagner en Cette déformation est nettement plus rare que les
largeur ce qu’il perd en antéropostérieur. Le matériel étant deux précédentes. Elle apparaît souvent vers 6 à 7 ans et
plus léger que le corset, le temps de compression peut être s’aggrave au moment de la puberté. Le thorax se soulève
plus long sur la journée, mais aussi d’une durée plus courte vers l’avant au moment de l’inspiration. Comme pour les
de quelques mois. Cette technique doit être évaluée tant déformations précédentes, la fonction respiratoire est habi-
par ses résultats que par son coût. tuellement normale. Le préjudice est surtout esthétique
Le traitement opératoire est d’indication très rare, sou- avec le retentissement psychologique qui l’accompagne.
vent réservé aux échecs du traitement précédent, une Le principe du traitement chirurgical repose sur
mauvaise compliance ou après la fin de la croissance du l’abrasement des crêtes saillantes et le comblement de la
thorax. Il peut s’agir d’une sternochondroplastie [6,7]. Par dépression avec les copeaux ostéocartilagineux provenant
une incision transverse ou verticale, les cartilages costaux de cette abrasion. Les résultats sont bons dans la majorité
affectés sont exposés en passant sous le plan musculaire. des cas.
Ils sont réséqués et raccourcis. Il peut être nécessaire d’y
ajouter des sections du sternum, notamment dans les formes Fentes sternales
asymétriques, avec une fixation temporaire. Les résultats
esthétiques sont bons, au prix d’une procédure plus inva- Ce sont le plus souvent des fissures fermées de la partie
sive que la méthode orthopédique. La cicatrice est souvent supérieure du sternum visibles dès la naissance (Fig. 5A).
de meilleure qualité que dans le pectus excavatum car les La fente étant plus ou moins étendue vers le bas, on peut
sutures se font par définition sans tension. y deviner les organes intrathoraciques, avec une impul-
Une technique mini-invasive a été adaptée récemment sion caractéristique pendant les cris de l’enfant [2]. Le
de la technique de Nuss [26,28] : la barre est insérée sous traitement est chirurgical, idéalement dans les premières
la peau, par des petites incisions latérales à l’aplomb de la semaines de vie pour profiter au maximum de la souplesse du
déformation maximale, puis fixée en position de compres- thorax. Il consiste en une abrasion des deux berges du ster-
sion. num, et une suture directe avec souvent une section du pont
osseux inférieur pour faciliter cette fermeture (Fig. 5B).
Il est important de vérifier pendant le geste qu’il n’y ait
Malformations isolées plus rares pas d’hyperpression thoracique. En fonction de l’âge et de
l’importance du defect, des greffes osseuses ou des plaques
Pectus arcuatum, ou « pigeon breast » synthétiques ont été décrites [7].
Les fentes inférieures sont plus rares et plus discrètes,
Parfois présentée comme une forme inhabituelle du pec- se présentant avec un diastasis des muscles droits. Des mal-
tus carinatum [2], cette déformation soulève vers l’avant la formations diaphragmatiques ou cardiaques dans le cadre

Figure 5. Fente sternale. A. Aspect clinique, fente de la partie supérieure du sternum chez un nourrisson de 1 mois. B. Aspect postopé-
ratoire.

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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8 R. Dubois et al.

d’une pentalogie de Cantrell doivent être recherchées. Très musculaires. Il peut exister un syndrome restrictif modéré
rarement également, la fente peut être complète. par limitation de l’ampliation thoracique.
À l’inverse, le foramen sternal avec un defect osseux cir- Les indications du traitement chirurgical sont dominées
culaire isolé est relativement fréquent puisqu’il atteindrait par les raisons cosmétiques [31], dès la fin de croissance. En
jusqu’à 7 % de la population [2]. Il est totalement asympto- dehors de la prise en charge des malformations des mains,
matique et ne nécessite aucun traitement. le principe de la chirurgie du thorax vise à restaurer le relief
mammaire chez la femme, à combler les dépressions mus-
culaires et à corriger une éventuelle hypoplasie thoracique.
La dépression peut être comblée par un lambeau de grand
Malformations complexes dorsal ou la mise en place d’une prothèse sur mesure [31].
D’autres techniques sont également décrites [6,32], comme
Syndrome de Poland
des lambeaux musculaires plus ou moins libres (grand dorsal
Il s’agit d’une malformation très rare (1/20 000 à controlatéral, grand dentelé, grand fessier, grand droit de
50 000) [31], le plus souvent unilatérale, associant des l’abdomen, transverse) ou des lambeaux de grand épiploon,
anomalies thoraciques et du membre supérieur homolaté- fréquemment des injections graisseuses par lipomodelage.
ral, surtout de la main [2,7] (Fig. 6). Il existe divers degrés Chez la femme adulte, la reconstruction mammaire par
de gravité, allant d’exceptionnelles formes gravissimes prothèse est souvent nécessaire. Les atteintes ostéocartila-
incompatibles avec la vie à la simple hypoplasie mammaire gineuses complexes peuvent nécessiter une chirurgie lourde
unilatérale [32]. L’expression de la malformation influence dérivée de la technique de Ravitch.
largement le sex-ratio : les formes avec atteinte du membre
supérieur sont à nette prédominance masculine (3/1). Dans Dysplasie thoracique de Jeune
les formes mineures, le sex-ratio est inverse, notamment
Il s’agit d’une chondrodysplasie touchant le tronc et entraî-
parce qu’elles peuvent passer pratiquement inaperçues
nant une étroitesse du thorax avec un développement
chez les garçons. La malformation la plus constante est une
très insuffisant des poumons. Certains cas de diagnostic
hypoplasie ou aplasie des muscles grand et petit pectoral.
anténatal ont été rapportés. Cela peut aboutir à une insuffi-
D’autres peuvent également être atteints (grand dorsal,
sance respiratoire sévère par la rigidité du thorax, donnant
deltoïdes, intercostaux, etc.). Il peut exister des anomalies
également à cette malformation le nom de « dystrophie
costales ostéocartilagineuses entraînant des dépressions
asphyxiante » [6]. Les côtes sont courtes, trapues et horizon-
plus ou moins importantes, une hypoplasie ou aplasie du
talisées, avec des jonctions chondrosternales irrégulières. Il
sein, voire une position ectopique. La main peut présenter
y a une grande variabilité dans la sévérité clinique et radio-
de façon assez caractéristique une brachydactylie, une
logique. La présentation la plus commune est celle d’une
syndactylie ou d’autres malformations dont la gravité n’est
hypoventilation alvéolaire. La transmission de cette mal-
pas forcément en rapport avec celle du thorax.
formation est autosomique récessive. Plusieurs gènes ont
La cause en est inconnue mais une anomalie intra-
été identifiés, certains sur le chromosome 15, d’autres sur
utérine du flux de l’artère sous-clavière est le plus souvent
le 3. Ces gènes ont également en commun de coder des
décrite [2]. De rares cas de transmission autosomique domi-
protéines de transport intraflagellaires, ce qui rapproche
nante avec pénétrance incomplète ont été décrits.
la dysplasie thoracique de Jeune du groupe des ciliopa-
Cliniquement, l’asymétrie thoracique est évidente, avec
thies. Son incidence est extrêmement faible (1/100 000 à
une dépression antérieure haute, sous-claviculaire. Il y a
130 000 naissances) [7]. Le diagnostic différentiel le plus fré-
rarement une limitation de la mobilité du membre supé-
quent est le syndrome d’Ellis-Van Creveld qui associe une
rieur, grâce à une compensation par les autres groupes
déformation thoracique avec des côtes courtes, un nanisme
et des malformations cardiaques. Le traitement chirurgi-
cal de la dysplasie thoracique est limité et consiste à
augmenter le volume thoracique pour faciliter l’expansion
pulmonaire. Plusieurs techniques ont été décrites, allant
de la sternotomie avec greffe osseuse, aux expan-
sions thoraciques latérales et aux techniques prothétiques
complexes.

Syndrome de Noonan
Son incidence est d’environ 1/2000 à 2500, mais la défor-
mation thoracique apparaît souvent en retrait par rapport
à l’ensemble des symptômes [33]. Il associe un thorax large
avec pectus arcuatum, une dysmorphie faciale et cervicale
caractéristique, des troubles visuels, une petite taille, une
cardiopathie, un retard mental ou des apprentissages, et
des troubles de la coagulation. Il existe fréquemment une
cyphose ou une scoliose. L’étiologie est liée à une mutation
Figure 6. Syndrome de Poland, aspect clinique. Hypoplasie du possible de quatre gènes. La transmission est autosomique
grand pectoral droit, hypoplasie et ectopie mammaire. dominante, mais il y a le plus souvent une mutation de novo.

Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004
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Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent 9

Syndrome de Protée ou « Proteus’ syndrome » [8] Kelly RE, Goretsky MJ, Kuhn MA, Redliger R, Haney TS, Mosko-
witz A, et al. Twenty-one years of experience with minimally
Ce syndrome complexe atteint environ un enfant sur un mil- invasive repair of pectus excavatum by the Nuss procedure in
lion [6]. Il apparaît à partir de l’âge de 2 ans. Il associe une 1215 patients. Ann Surg 2010;252:1072—81.
[9] Colombani PM. Preoperative assessment of chest wall deformi-
croissance atypique et excessive des côtes, des os des extré-
ties. Semin Thorac Cardiovasc Surg 2009;21:58—63.
mités, de la peau, alors épaisse et cartonnée. On note un
[10] Hadolt B, Wallisch A, Egger JW, Höllwarth ME. Body-image,
gigantisme partiel, des développements d’hamartomes des self-concept and mental exposure in patients with pectus exca-
tissus conjonctif, une hypertrophie de différents organes, vatum. Pediatr Surg Int 2011;27:665—70.
et des malformations lymphatiques et vasculaires. La mal- [11] Nuss D. Minimally invasive surgical repair of pectus excavatum.
formation a ainsi été décrite sous le nom d’elephant man. Semin Pediatr Surg 2008;17:209—17.
Environ 200 à 250 cas mondiaux ont été publiés. [12] Sigalet DL, Montgomery M, Harder J, Wong V, Kravarusic D,
Alassiri A. Long term cardiopulmonary effects of closed repair
of pectus excavatum. Pediatr Surg Int 2007;23:493—7.
Conclusion [13] Jouve JL. Correction du pectus excavatum de l’enfant
et de l’adolescent par la technique de Nuss. Conférence
Toutes ces déformations thoraciques nécessitent une col- d’enseignement SOFCOT. In: Cahiers SOFCOT n◦ 85. Paris: Else-
vier; 2010. p. 385—405.
laboration médicochirurgicale, notamment dans le bilan
[14] Metzelder ML, Kuebler JF, Leonhardt J, Ure BM, Petersen C.
préopératoire. Elles sont surtout représentées par le pec- Self and parental assessment after minimally invasive repair of
tus excavatum dont l’indication de prise en charge repose pectus excavatum: lasting satisfaction after bar removal. Ann
essentiellement sur des critères de tolérance esthétique et Thorac Surg 2007;83:1844—9.
psychique. Les indications chirurgicales ont progressivement [15] Ravitch MM. The operative treatment of pectus excavatum.
évolué au cours des dernières années car les techniques sont Ann Surg 1949;129:429—44.
devenues moins invasives. La plupart des indications étant [16] Fonkalsrud EW, Dunn JC, Atkinson JB. Repair of pectus excava-
d’ordre psychologique, la plus grande prudence doit être de tum deformities: 30 years of experience with 375 patients. Ann
mise lorsqu’une chirurgie est décidée, sans précipitation, Surg 2000;231:443—8.
avec une programmation et une organisation optimales. [17] Wechselberger G, Ohlbauer M, Haslinger J, Schoeller T, Bauer
T, Piza-Katzer H. Silicone implant correction of pectus excava-
Le pectus carinatum, plus rare, justifie le plus souvent un
tum. Ann Plast Surg 2001;47:489—93.
traitement orthopédique reposant sur les mêmes indications [18] Croitoru DP, Kelly RE, Goretsky MJ, Gustin T, Keever R, Nuss
et avec un dispositif moins contraignant. D. The minimally invasive Nuss technique for recurrent or
Enfin, parmi les malformations complexes, le syndrome failed pectus excavatum repair in 50 patients. J Pediatr Surg
de Poland est le plus concerné par les équipes pédiatriques. 2005;40:181—6.
Son traitement relève essentiellement des techniques de [19] Nuss D, Kelly RE, Croitoru DP, Katz ME. A 10-year review of
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excavatum. J Pediatr Surg 1998;33:545—52.
[20] Felts E, Jouve JL, Blondel B, Launay F, Lacroix F, Bollini G. Child
Déclaration de liens d’intérêts pectus excavatum: correction by minimally invasive surgery.
Orthop Traumatol Surg Res 2009;95:190—5.
[21] Aronson DC, Bosgraaf RP, Merz EM, Van Steenwijk RP, Van
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens
Aalderen WM, Van Baren R. Lung function after the minimal
d’intérêts. invasive pectus excavatum repair (Nuss procedure). World J
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Pour citer cet article : Dubois R, et al. Déformations de la paroi thoracique de l’enfant et l’adolescent. Journal de
pédiatrie et de puériculture (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.01.004

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