Vous êtes sur la page 1sur 18

EMC-Stomatologie 1 (2005) 42–59

http://france.elsevier.com/direct/EMCSTO/

Traitement des kystes, tumeurs


et pseudotumeurs bénignes des maxillaires
Treatment of maxillary and
mandibulary cysts and benign tumours
B. Ruhin (Chirurgien maxillofacial et stomatologue, praticien
hospitalier) *, F. Guilbert (Ancien professeur des Universités, praticien
hospitalier, ancien chef de service de stomatologie et de chirurgie
maxillofaciale), J.-C. Bertrand (Professeur des Universités,
praticien hospitalier, chef du service de stomatologie et de chirurgie
maxillofaciale)
Hôpital Pitié-Salpêtrière, 47–83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France

MOTS CLÉS Résumé Très dissemblables sur les plans étiopathogénique, diagnostique et évolutif, les
Kystes ; kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires présentent pourtant des
Tumeurs bénignes ; points communs, dont celui de requérir un traitement chirurgical dès lors qu’ils se
Maxillaires caractérisent par une surinfection ou encore une nette augmentation de volume à
l’origine de répercussions fonctionnelles, de comblement des cavités naturelles, de
disgrâces morphologiques et de risque fracturaire. Un prélèvement biopsique de première
intention est le plus souvent un geste inutile et déplacé en raison des risques de
dissémination tumorale et des réactions inflammatoires délétères pour l’exérèse ulté-
rieure et le diagnostic anatomopathologique ; il peut être de plus source d’erreur,
puisqu’une bonne étude anatomopathologique requiert un examen macroscopique, mi-
croscopique, voire ultrastructural de la totalité de la pièce d’exérèse. La découverte et
l’identification de la lésion impliquent une authentique réflexion diagnostique basée sur
des arguments cliniques et iconographiques : l’âge du malade, l’évolutivité du processus,
l’étude radiographique qui précise le siège, les rapports de la lésion avec les structures
avoisinantes (dents, sinus maxillaire ou nerf alvéolaire inférieur), le caractère uni- ou
plurifocal de la lésion, et surtout son extension au sein de l’os dont les corticales (ces
dernières, précisées par des incidences adaptées, peuvent demeurer épaisses ou au
contraire être progressivement laminées, puis effacées). Cette réflexion diagnostique
permet le plus souvent d’opter pour une solution thérapeutique conservatrice dans
l’attente des certitudes anatomopathologiques. À l’extrême, une lésion volumineuse
peut ne rester contenue que par un manchon conjonctivopériosté, relativement résistant.
À cet égard, il serait déraisonnable pour le chirurgien de ne s’appuyer que sur le seul
argument d’une solution de continuité corticale ou d’une extension tumorale pour poser
l’indication d’une chirurgie interruptrice délabrante. Chacune des deux méthodes d’exé-

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : blandine.ruhin@psl.ap-hop-paris.fr (B. Ruhin).

1769-6844/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcsto.2005.01.003
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 43

rèse, conservatrice ou radicale, possède ses indications propres et évidentes. En revan-


che, tout l’intérêt de l’exposé des indications thérapeutiques réside dans la revue des
situations cliniques où les deux méthodes sont confrontées sous l’unique arbitrage de
l’expérience du praticien.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Abstract Although maxillary and mandibular cysts and benign tumours are very different
Maxillary; with regard to their aetiology, diagnosis and evolution, they have in common to need
Mandibular; surgical treatment as they are infected or so voluminous that they lead to dysfunction,
Cysts; dysmorphism and fracture risk. A first biopsy decision is a mistake because of the
Benign tumours dissemination risk and the induced swelling reaction which could interfere with the future
ablation and the definitive histological analysis. Of course, a reliable histological result
takes advantage of a macroscopic, microscopic and ultrastructural analysis on the
complete surgical piece. Also, the discovery of such a tumour will lead the clinician and
the surgeon to a rigorous diagnosis estimation, taking into account both clinical and
radiographic argues: the patient age, the lesion localisation, the evolution, the relation of
the tumour with the teeth and cortical bone. This estimation will allow the surgeon to
decide the best surgical preserving treatment before receiving the definitive histological
result. In most of the cases, a benign tumour, even though voluminous, should be
surgically removed taking care of the strong mucous and periosseous membrane. In few
cases, tumoural extension in peripheral tissues imposes radical bone and muscular
enlarged resection followed by a reconstructive method.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Moyens thérapeutiques tains auteurs complètent l’énucléation par une


cryothérapie des parois osseuses : ils diminueraient
Traitement chirurgical conservateur ainsi le nombre de résections osseuses.29,44,51
D’autres recourent à des applications d’eau oxygé-
Symbolisé par l’énucléation, il s’adresse le plus née ou d’acide acétique de façon à irriter chimi-
fréquemment aux lésions kystiques. Il permet de quement les parois et les éventuels reliquats tissu-
préserver les dents et le maximum de tissu osseux laires.20 Dans cette cavité, laissée de préférence
ainsi que les éléments le traversant. vacante, un caillot sanguin aseptique s’installe, et
L’abord cutané est déraisonnable : l’incision in- peut induire une ostéogenèse de qualité.7,64
téresse le revêtement mucopériosté et est décalée L’abord muqueux est ensuite suturé grâce à des
par rapport à la trépanation osseuse ; cette der- points souples et séparés de fil résorbable.
nière est réalisée prudemment afin de ne pas léser L’énucléation impose une surveillance radiogra-
la paroi kystique sous-jacente et doit être de di- phique ultérieure : sa périodicité dépend de la
mension suffisante afin d’autoriser le passage d’un conclusion anatomopathologique. Limitée dans le
décolleur. L’énucléation est en effet réalisée grâce temps pour les kystes odontogéniques jusqu’à ob-
à cet instrument, permettant de cliver et de récli-
tention d’une réossification complète, elle doit, en
ner très progressivement la paroi kystique, laquelle
revanche, s’étendre sur plusieurs années dans le
peut être fine par endroits et se déchirer, ou au
cadre des lésions réputées récidivantes (parmi les-
contraire être épaisse et adhérente (Fig. 1). Tout
quelles les améloblastomes) afin de vérifier la sta-
geste agressif est prohibé afin d’éviter l’effraction
bilité radiographique de la trame osseuse réédi-
accidentelle d’une corticale osseuse amincie, voire
fiée.25,33,55
du périoste, et d’exposer les parties molles avoisi-
nantes à un essaimage tumoral. Le geste conservateur varie, d’une part, selon la
Pour les mêmes raisons, le « curetage appuyé » topographie mandibulaire ou maxillaire de la lé-
doit demeurer un geste rigoureusement complé- sion :
mentaire de l’énucléation et être réservé aux seu- • au niveau mandibulaire, l’émergence du nerf
les parois osseuses épaisses ; il reste cependant alvéolaire inférieur doit être repérée lors de
incomplet sur les amas cellulaires restés accolés l’incision et du décollement mucopériosté, tout
aux parois osseuses. Après avoir confié la totalité comme elle doit être également respectée lors
de la pièce opératoire à l’anatomopathologiste, la de l’énucléation proprement dite ; les poussées
cavité d’énucléation doit faire l’objet d’une irriga- inflammatoires peuvent favoriser l’adhérence
tion généreuse par du sérum physiologique. Cer- de la membrane kystique au névraxe, prohibant
44 B. Ruhin et al.

encore difficile. La fracture spontanée mandibu-


laire provient rarement de l’amincissement ex-
trême des corticales osseuses et de la pression
tumorale. Aussi, soigneusement évitée en peropé-
ratoire, la fracture doit être rigoureusement dépis-
tée au cours de la surveillance radiographique ulté-
rieure.
Enfin, la réalisation de tout geste conservateur
doit tenir compte des organes dentaires : s’ils sont
compromis du fait d’une mobilité ou d’un délabre-
ment excessif, et sans possibilité de traitement, ils
seront avulsés. Par ailleurs, la crainte de léser le
pédicule vasculonerveux à l’apex des dents intéres-
sées par l’énucléation d’une lésion ne doit pas
laisser courir le risque d’en réaliser une exérèse
incomplète. Les tests de vitalité pulpaire de ces
dents devront ensuite être réalisés toutes les 2 se-
maines durant la période postopératoire et seront
suivis, le cas échéant, d’une obturation canalaire
afin de ne pas gêner la réossification par des foyers
inflammatoires chroniques.33
Assimilable à un traitement conservateur, la ré-
section modelante permet de réduire les contours
des structures osseuses hypertrophiées par une lé-
sion osseuse dysplasique.3,25

Résection osseuse

Elle permet une exérèse tumorale en zone saine au


Figure 1 Radiographie panoramique montrant un kyste denti- large des limites de l’envahissement de l’os et des
gère angulomandibulaire droit, soufflant les corticales osseuses parties molles environnantes. Elle doit être réalisée
et refoulant en périphérie une dent incluse (A) : la paroi kysti- selon un plan extrapériosté par une voie d’abord
que, épaisse et adhérente, rattachée au collet se laisse facile-
cutanée. En effet, l’exérèse – temps primordial du
ment cliver permettant une énucléation complète du kyste (B).
traitement – doit être conduite sous contrôle per-
manent de la vue. Seules les tumeurs peu étendues
à ce niveau tout geste agressif par le décol- de la région symphysaire peuvent être réséquées
leur ; 3,25,33 par voie endobuccale, sous réserve que l’opérateur
• au niveau maxillaire, l’abord peut être vestibu- puisse en tout endroit être certain de ne pas réali-
laire et/ou palatin selon l’extension des lésions. ser d’effraction d’une extension tumorale dans les
Certaines d’entre elles ménagent des rapports parties molles.34,48
étroits avec le sinus maxillaire ou la fosse nasale La résection mandibulaire peut être segmen-
sus-jacente motivant parfois la résection de la taire, partielle : elle épargne alors le bord posté-
muqueuse respiratoire ; en l’absence d’infec- rieur mandibulaire et le bord inférieur basilaire
tion sinusienne, la fermeture de la communica- (Fig. 2). Inversement, une section de ces mêmes
tion oroantrale est réalisée par suture simple de bords constitue une résection mandibulaire inter-
la muqueuse palatine ; dans l’hypothèse in- ruptrice (Fig. 3). La résection maxillaire se fait par
verse, une antrostomie de drainage est néces- simple abord muqueux au niveau des futurs traits
saire. d’ostéotomie.
Le geste conservateur varie, d’autre part, selon le Au niveau mandibulaire, la reconstruction osseuse
stade évolutif de la lésion. peut être réalisée, de manière concomitante, par
Une lésion kystique suppurée motive parfois un le biais d’un greffon (le plus fréquemment d’origine
drainage dans des délais rapides : l’énucléation du iliaque).43
kyste ne peut être réalisée que secondairement, Ce greffon est fixé par une attelle métallique ou
après sédation de tout phénomène inflammatoire. des miniplaques vissées (Fig. 4).
Même à distance, du fait des phénomènes inflam- Au maxillaire, le site de la résection peut être
matoires récents, cette énucléation peut s’avérer d’emblée comblé sans compromettre ultérieure-
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 45

Figure 2 Améloblastome de la branche horizontale mandibulaire gauche en regard de 33-35 (A) : en B, contrôle radiographique après
son énucléation conservatrice. Récidive de ce même améloblastome à 2 ans (C) : reprise chirurgicale par énucléorésection osseuse
(mandibulectomie non interruptrice) et contrôle radiographique 1 an après (D).

ment la surveillance directe de la cavité opéra- Indications thérapeutiques selon le type


toire : soit par une prothèse adjointe à base molle, lésionnel
soit par une plaque obturatrice faisant alors bar-
rage à la communication buccosinusienne.1 Secon-
dairement, une fois la rémission acquise, le défaut Au moment de la découverte d’une lésion des
osseux maxillaire peut être reconstruit par greffes maxillaires, les caractères cliniques et radiographi-
de Calvaria (corticale externe crânienne), greffon ques de la lésion seront finement analysés afin de
iliaque ou lambeaux composés pédiculés (musculo- pouvoir évoquer l’hypothèse diagnostique la plus
osseux temporaux) ou libres microanastomosés plausible, et d’y associer la conduite thérapeutique
(cutanéo-osseux iliaque ou péronier) (Fig. 3,5). la plus adaptée.

Le devenir du ou des greffons osseux ainsi placés


est variable : stabilité plusieurs années après, ou Kystes des maxillaires
résorption rapidement progressive dès les premiers
mois postopératoires (conséquence possible d’une Kystes épithéliaux odontogéniques
surinfection). Cette surinfection survient souvent à
la faveur d’un défaut de couverture muqueuse qu’il Kyste primordial
faut résoudre par la réalisation de lambeaux mu- Il récidive rarement après énucléation. Dans la
queux locaux (palatin, vestibulaire ou linguaux), naevomatose basocellulaire ou syndrome de Gor-
musculomuqueux pédiculés (buccinateur) ou mus- lin, le pronostic est dominé non pas par l’évolution
culocutanés pédiculés (nasogéniens), voire libres des kystes multiples des maxillaires mais par l’évo-
microanastomosés (antébrachial ou chinois). lution des nævi homonymes.13,16
46 B. Ruhin et al.

Figure 3 Résection d’un volumineux améloblastome (A) ayant nécessité une reconstruction mandibulaire par lambeau libre de péroné
(B, C, D).

Kératokyste odontogénique ou kyste épidermoïde Enfin, la possibilité d’une transformation carci-


La réputation récidivante du kyste épidermoïde nomateuse de la paroi du kératokyste impose un
nécessite un traitement plus agressif que pour tout examen anatomopathologique rigoureux de l’en-
autre kyste des maxillaires. L’approche thérapeuti- semble de la pièce d’exérèse.10,27,59,60,66
que d’une forme étendue – certes exceptionnelle –
est superposable à celle développée plus loin à Kyste dentigère
propos des autres lésions ostéolytiques (l’amélo- L’existence d’une vaste image mono-, voire poly-
blastome, par exemple). Les kystes épidermoïdes, kystique, se projetant au niveau de l’angle mandi-
le plus souvent de taille réduite, sont du ressort bulaire et le ramus, refoulant en périphérie une
d’une énucléation complète : au mieux, on prend dent incluse et soufflant largement les corticales,
soin de garder la pièce entière, non fragmentée en peut être assimilée à un améloblastome : il faut
préservant sa paroi kystique habituellement très opter pour une énucléation rigoureuse et complète
fine et fragile (Fig. 6).13,21,35,59,60,66 La possibilité pour espérer une non-récidive à moyen terme et
d’une adhérence et d’une récidive du kératokyste à permettre un examen anatomopathologique pré-
partir des cellules basales de la muqueuse orale, cis.13,26,35,38,55
notamment au niveau du trigone rétromolaire et du Dans leur dimension plus modeste, les kystes
revêtement du bord antérieur des rami, impose à dentigères sont de diagnostic et d’énucléation
l’opérateur la résection concomitante de cette mu- aisés. L’avulsion de la dent incluse est assez sou-
queuse et de son sous-sol osseux. Des cellules tumo- vent pratiquée, mais cette dernière peut être mé-
rales enchâssées dans la muqueuse sont notées nagée sous réserve d’une surveillance radiographi-
dans un tiers des cas, ce qui explique les fréquentes que et orthodontique ultérieure (Fig. 1). Plus
récidives au niveau du ramus et de l’angle mandi- encore que pour les kystes inflammatoires, tout
bulaire en l’absence de résection muqueuse. kyste dentigère doit faire l’objet d’un contrôle
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 47

ensuite son évolution en bonne place, de façon


naturelle ou aidée d’un traitement orthodontique.

Kyste glandulaire odontogénique


Le kyste glandulaire odontogénique est une entité
mal connue : son énucléation, bien que nécessaire,
est suivie d’un risque majeur de récidive.

Autres kystes odontogéniques


Le kyste périodontal latéral bénéficiera d’une énu-
cléation. Le kyste gingival de l’adulte et le kyste
d’éruption bénéficieront d’une excision. La guéri-
son complète est de règle.27,59,60

Kystes épithéliaux non odontogéniques


Anciennement dénommés « kystes fissuraires », les
kystes épithéliaux odontogéniques guérissent cons-
tamment après énucléation, et sans récidive.
Le geste est effectué par la voie transmuqueuse
appropriée (palatine, vestibulaire) en ayant soin de
ménager l’apex des dents adjacentes parfois rhiza-
lysées, mais en règle générale vivantes et souvent
divergentes. Certains kystes palatins sont adhé-
rents à la muqueuse palatine et/ou au septum
nasal. Certains auteurs préconisent l’abstention
thérapeutique devant des kystes nasopalatins clini-
quement muets et dont le diamètre est inférieur à
10 mm.13,56

Kystes inflammatoires

Kystes radiculaires
Le traitement des kystes inflammatoires d’origine
dentaire est essentiellement chirurgical, car dispo-
ser d’un diagnostic incontestable face à toute lé-
sion kystique, même la plus anodine en apparence,
doit demeurer une préoccupation élémentaire ;
l’énucléation de la lésion avec examen anatomopa-
thologique de la totalité de la pièce d’exérèse est
donc le meilleur geste thérapeutique. Les autres
techniques, dont la marsupialisation ou les métho-
des d’irrigation prolongée, ne sont pas à conseil-
ler.31,39
Devant un kyste de petit volume, la reprise ou la
Figure 4 Aspect d’un améloblastome énucléé et reconstruit réalisation du traitement endodontique de la dent
dans le même temps par greffes osseuses iliaques soutenues par
intéressée peut être efficace : elle comporte une
une attelle métallique (A). Résultat 1 an après la dépose du
matériel d’ostéosynthèse (B). La résection-greffe ne met pas à trépanation de la corticale osseuse, une oblitéra-
l’abri de la récidive survenant ici 3 ans après : images kystiques tion canalaire a retro et une résection apicale mais
au niveau de la zone de jonction symphyse-greffon (C). Cette exige une surveillance radiologique régulière de la
récidive sera traitée par une nouvelle énucléation. lésion jusqu’à réossification complète. Ailleurs,
histologique attentif, afin de ne pas méconnaître l’énucléation du kyste par voie chirurgicale en per-
une éventuelle greffe améloblastique, ou plus rare- met l’habituelle guérison avec une rapide restaura-
ment carcinomateuse épidermoïde. Chez l’enfant, tion de la trame osseuse par organisation du caillot
le kyste folliculaire sur une dent, en cours d’érup- sanguin intracavitaire. La ou les dents causales sont
tion sur l’arcade, doit bénéficier d’une perforation dévitalisées et traitées avant de bénéficier d’une
du sommet de sa membrane ; la dent termine surveillance régulière. Une dent causale délabrée
48 B. Ruhin et al.

Figure 5 Améloblastome géant mandibulaire déformant le tiers inférieur du visage (A et B) et concernant l’arche mandibulaire
d’angle à angle (C). Résection large passant en zone saine. La reconstruction mandibulaire par lambeau libre de fibula (F) permet de
recouvrer des contours anatomiques (D et E) ; la mise en place d’implants dentaires valorise le pronostic fonctionnel (F).

ou dont le traitement endodontique ne peut être paradentaire et une avulsion de la dent concernée
correctement réalisé, est habituellement avulsée (le plus fréquemment la dent de sagesse) ; s’il
dans le même temps opératoire. s’agit d’une première ou d’une deuxième molaire,
Le traitement du kyste inflammatoire est pro- elles seront conservées.
grammé si possible à distance de tout réchauffe-
ment infectieux.
Tumeurs odontogéniques
Kyste paradentaire
Comme indiqué dans le chapitre clinique, la guéri- De nombreuses tumeurs évolutives et très variables
son complète, sans récidive ultérieure, est acquise sont regroupées sous ce titre. La radiographie per-
dès lors que l’on réalise une énucléation du kyste met de différencier les lésions ostéolytiques, dont
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 49

Figure 5 (suite)

certaines ont une évolution extensive, des lésions


ostéocondensantes au comportement moins agres-
sif.48

Tumeurs épithéliales sans induction


du mésenchyme

Améloblastome
L’améloblastome est une tumeur bénigne douée
d’une agressivité singulière par son caractère
extensif et récidivant. Malgré la description de
plusieurs variétés histologiques, la majorité des
chirurgiens maxillofaciaux et des anatomopatholo-
gistes ne pensent actuellement pas qu’elles diffè-
rent en terme de pronostic après traitement ; pour
quelques autres auteurs, les variétés périphériques
et unikystiques seraient moins récidivantes.63,67
En revanche, le potentiel évolutif, et donc la
stratégie thérapeutique qui en découle, sont étroi-
tement corrélés à plusieurs facteurs : la localisation
anatomique de la lésion, les caractères radiogra-
phiques (aspect uni- ou polykystique, dimensions,
etc.), l’âge du patient (Fig. 3–5,7–9). La fidélité

Figure 7 Image radiographique d’un améloblastome de la sym-


physe et de la branche horizontale mandibulaire droite (de la
dent 33 à la dent 45) (vue radiographique : A). L’énucléation
Figure 6 Plus fréquemment retrouvé au niveau de la mandibule, permet l’épargne de la basilaire et des corticales mandibulaires
le kératokyste peut être maxillaire : ici, au niveau de la tubéro- (B). Résultat à 3 mois de l’énucléation : réossification radiologi-
sité maxillaire droite, il sera traité par énucléation. que quasi complète (C).
50 B. Ruhin et al.

ne doit pas être systématique, puisque le traite-


ment conservateur a permis à un lot non négligea-
ble de patients de guérir de manière simple avec
des séquelles morphologiques ou fonctionnelles
modérées.
Améloblastome compact ou polykystique. Ce
terme permet de réserver les variétés monokysti-
ques et périphériques étudiées plus loin. La locali-
sation au sein des maxillaires est importante à
considérer lors du choix thérapeutique.
Au niveau du corpus mandibulaire. L’énucléa-
tion n’est théoriquement pas le traitement idéal
d’un améloblastome, puisque plus de la moitié
récidivent après ce geste. Pourtant, le corps man-
dibulaire est la localisation où cette méthode est
tout à fait justifiée ou du moins réalisée selon un
risque calculé et avec l’assurance d’une sur-
veillance clinique ultérieure (Fig. 7,9).
L’énucléation est plus particulièrement indiquée
en présence d’une cavité unique, enclose, régu-
lière ou festonnée de contour. Dans les tumeurs
polykystiques du corps mandibulaire, le décolleur
parvient sans peine à contourner chaque bulle tu-
morale en effondrant les minces cloisons osseuses
les séparant (Fig. 9) ; en revanche, la prudence est
de règle et le curetage appuyé proscrit en regard
des zones où la corticale osseuse amincie à l’ex-
trême (fréquemment dans la portion sus-spigienne,
l’angle et la corticale interne) risquerait de se
Figure 8 Volumineux améloblastome de l’hémimandibule gau- rompre et de favoriser l’extension aux parties mol-
che refoulant la dent 38 en basilaire (A). Contrôle radiographi- les...
que 1 an après l’énucléation attestant de la reconstruction La résection mandibulaire s’impose en première
osseuse et du remodelage des corticales (B).
intention lorsque la tumeur adopte une configura-
future de ce dernier aux consultations de contrôle tion polygéodique, excluant toute possibilité
est également importante à estimer : l’intervalle d’énucléation de proche en proche. Elle est non
moyen entre le traitement initial et la première interruptrice lorsque la basilaire mandibulaire non
récidive – mais aussi entre deux récidives successi- envahie peut être conservée ; au contraire, lorsque
ves – est de quelques mois à plusieurs années les destructions intéressent le bord basilaire de la
(Fig. 4). C’est la raison pour laquelle la surveillance mandibule, la résection est interruptrice (Fig. 4).
du patient devrait être poursuivie aussi longtemps L’hémimandibulectomie est réservée aux lésions
que possible, d’abord tous les trimestres (jusqu’à très volumineuses qui ne peuvent être contrôlées
obtention d’une réossification jugée homogène et par une résection marginale ou segmen-
complète) puis ensuite tous les 1 à 2 ans. taire24,42,55,61 (Fig. 3–5).
Le pronostic de l’améloblastome après traite- L’énucléorésection est une technique particu-
ment a été maintes fois corrélé au type d’exérèse lière, pouvant être proposée aux tumeurs large-
chirurgicale. Des taux élevés de récidive ont été ment extériorisées dans les parties molles et pour
rapportés avec des traitements conservateurs (45 à lesquelles une résection serait techniquement très
90 %). Cependant, ces nouvelles lésions sont fré- difficile et risquée (blessure de la tumeur). L’exé-
quemment de volume moindre et peuvent être rèse réalisée par voie endobuccale circonscrit, dans
traitées plus facilement que la lésion origi- un plan extrapériosté, les foyers tumoraux propa-
nelle.11,42,55,67 Ainsi, une récidive n’est pas syno- gés au sein des parties molles du versant buccal ;
nyme nécessaire d’échec thérapeutique (Fig. 4). elle se poursuit alors selon la méthode de l’énu-
À l’opposé, plusieurs auteurs préconisent d’em- cléation aux endroits où les contours osseux sont
blée une résection large de la lésion avec une préservés. Cette méthode permet d’éviter la solu-
marge de sécurité périphérique.1,5,35,37,38,42,55,58,70 tion de continuité, de limiter les sacrifices muscu-
Cependant, l’expérience prouve que cette attitude laires ainsi que la morbidité d’une éventuelle
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 51

Figure 9 Traitement conservateur d’un améloblastome de l’angle et de la branche montante mandibulaire droits (A). La corticale
amincie et fragilisée par le processus tumoral et son énucléation impose un blocage intermaxillaire d’immobilisation pendant
6 semaines (B).

greffe osseuse indiquée lors de la récidive tumorale ticales osseuses épaisses, barrières à la propagation
ultérieure. tumorale. L’énucléation doit impérativement être
Au niveau des rami mandibulaires. Les principes conduite avec la plus grande prudence ; la résec-
de traitement pourraient être similaires à ceux du tion maxillaire, le plus souvent partielle, peut aussi
niveau des corpi mandibulaires. C’est cependant être réalisée à ce niveau. L’obtention de marges
oublier que la limite supérieure de cette région osseuses périphériques saines (1 à 1,5 cm selon
échappe à la vision directe, et qu’une effraction de les auteurs) est plus aléatoire dans cette localisa-
l’échancrure sigmoïde, très facilement amincie par tion.
de volumineuses lésions, constitue une voie d’ense- Améloblastome unikystique. Cette variété
mencement tumoral vers la fosse infratemporale. prend volontiers l’aspect clinique et radiographi-
L’énucléation doit donc nécessairement être entre- que d’un kyste dentigère, mais peut, en revanche,
prise avec délicatesse et compétence. Sinon, une ne pas être associée à une dent incluse, évoquant
indication de résection est ici plus largement po- alors un kyste résiduel ou primordial. Très fréquem-
sée. ment située au niveau de la partie postérieure de la
Au niveau du maxillaire. Les localisations posté- mandibule, la lésion fait alors l’objet d’une énu-
rieures sont particulièrement dangereuses du fait cléation et le diagnostic est redressé par l’examen
de leur difficulté d’accès et de la proximité des anatomopathologique. L’améloblastome unikysti-
structures nasosinusiennes mais aussi de la fosse que serait réputé moins récidivant24,42,55 en raison
infratemporale et de l’orbite. À l’instar de son d’une bonne délimitation habituelle des foyers tu-
opposé mandibulaire, le maxillaire manque de cor- moraux au sein de la capsule kystique.61
52 B. Ruhin et al.

Améloblastome périphérique. Excentré par Odontoaméloblastome


rapport à la trame osseuse, il ne récidiverait pas Il partage avec l’améloblastome son caractère réci-
après résection marginale doublée d’un liseré péri- divant après traitement conservateur.
phérique d’os sain.
Améloblastome récidivé. Les règles présidant Tumeurs odontogéniques adénomatoïdes
au traitement initial d’un améloblastome peuvent
être appliquées aux lésions récidivées, sous réserve Elles se présentent comme un kyste, à la surface
d’une diminution des chances de guérison après lisse et bien limitée, dont l’énucléation permet la
nouvelle énucléation. guérison complète.
Les tumeurs récidivées après résection initiale Pouvant également se traduire par une vaste
interruptrice et large existent : elles sont sans image kystique, la tumeur odontogénique adéno-
doute à mettre sur le compte d’une blessure de la matoïde ne doit pas pour autant faire entreprendre
tumeur lors de l’exérèse menée à tort par voie une résection injustifiée ; l’image radiographique
sous-périostée, ou par abord endobuccal exclusif. ponctuée de fines opacités peut orienter le dia-
La récidive nouvelle pose alors le problème essen- gnostic. L’énucléation, bien qu’elle soit parfois dif-
tiel de sa prolifération multicentrique au sein des ficile, permet la guérison sans récidive ultérieure.8
parties molles adjacentes.42,55,61
Odontomes complexes et composés
Tumeurs odontogéniques épidermoïdes Ils doivent être abordés de manière conservatrice.
Bien que la plupart des observations de tumeurs La tumeur possède une coque conjonctive périphé-
odontogéniques épidermoïdes mandibulaires aient rique permettant son clivage ; un curetage de la
été traitées sans récidive ultérieure par des métho- cavité complète ensuite le geste. Les lésions plus
des conservatrices, d’autres localisations, notam- anciennes sont plus laborieuses à retirer et requiè-
ment maxillaires, requièrent des résections plus rent parfois une résection partielle non interrup-
larges. trice à la pince gouge, à la fraise de Lindemann ou
à la scie oscillante.5
Tumeurs épithéliales odontogéniques calcifiées
Ces tumeurs guérissent après énucléation com- Tumeurs ectomésenchymateuses
plète. D’exceptionnelles récidives locales et tardi- odontogéniques, avec ou sans inclusion
ves ont cependant été signalées et mises sur le d’épithélium odontogénique
compte d’une exérèse incomplète.40
De rares récidives sont rapportées après traitement
conservateur du fibrome odontogénique.
Tumeurs odontogéniques à cellules claires
Le myxome pose parfois le problème d’une tu-
Le potentiel malin des tumeurs odontogéniques à
meur mal limitée, se propageant au niveau de l’os
cellules claires reste discuté à travers les rares
observations publiées et le faible recul. Pourtant, et des parties molles adjacentes. Le traitement
plusieurs arguments convergent vers la probabilité aussi conservateur que possible, expose toutefois à
d’un caractère malin : non seulement les données certaines récidives.
immunohistochimiques, la croissance habituelle- Le cémentoblastome bénin est une tumeur de
ment rapide de la lésion, l’existence de récidives, l’os alvéolaire encapsulée et facilement clivable ;
mais aussi la survenue d’authentiques métastases la dent en regard relève de l’avulsion avec large
pulmonaires rapportées dans la littérature. Une alvéolectomie. Le pronostic est constamment bé-
exérèse large (résection) semble, dans ce contexte, nin.
souhaitable.18
Tumeurs et pseudotumeurs non
Tumeurs épithéliales et conjonctives avec
ou sans formation de tissu dentaire dur
odontogéniques

Fibromes améloblastiques, fibrodentinomes Sont regroupées sous ce titre des tumeurs très
améloblastiques et fibro-odontomes dissemblables aux plans étiopathogénique, dia-
Ils conservent un excellent pronostic après énucléa- gnostique et évolutif. Pourtant, les indications thé-
tion. Le traitement peut toutefois être délicat en rapeutiques peuvent être plus facilement posées à
présence de lésions atteignant de grandes dimen- partir du diagnostic radiographique. Le traitement
sions ; d’où la difficulté de poser l’indication d’une est d’ordinaire conservateur, surtout pour les lé-
résection chirurgicale large en présence d’une sions à composante ostéocondensante dominante
vaste lésion ostéolytique.41 ou exclusive.
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 53

Tumeurs ostéoformatrices crite dans la littérature après prélèvement biopsi-


que ou curetage incomplet.

Ostéome vrai Lésions ostéofibreuses


Son exérèse est habituellement indiquée : on éva- La prise en charge thérapeutique des lésions ostéo-
lue cependant toujours le volume de la tumeur, son fibreuses est difficile, elle repose sur la chirurgie
siège, la qualité osseuse et l’importance prévisible dont les indications sont dictées par l’âge du pa-
de la mutilation. Dans la plupart des cas, il s’agit tient, le volume et la localisation du processus,
plutôt d’une résection modelante permettant une l’éventuel retentissement fonctionnel ou esthéti-
épargne et une symétrisation des contours osseux. que, les variétés histologiques et enfin les habitu-
Les localisations classiques à l’angle mandibu- des du praticien.30
laire ainsi que la consistance particulièrement dure Au niveau maxillofacial, les dysplasie fibreuse et
(« os de marbre ») imposent à l’opérateur un abord fibrome ossifiant sont des lésions bénignes n’enga-
par voie de cervicotomie. Dans les atteintes maxil- geant que rarement le pronostic fonctionnel et
laires moins fréquentes, la lésion est habituelle- exceptionnellement le pronostic vital.52 Aussi, mal-
ment de petite taille et peut être alors abordée par gré les données parfois retenues dans la littérature,
voie dissimulée (vestibulaire, palpébrale, etc.). Si l’attitude thérapeutique conservatrice semble-t-
l’ostéome est peu volumineux, l’abstention théra- elle préférable dans la majorité des cas. Les indi-
peutique ne se justifie que sous réserve d’une cations chirurgicales reposent principalement sur la
surveillance régulière : la lésion pouvant très vite décompression d’une structure anatomique mena-
atteindre un volume important justifiant la sanc- cée (l’œil par exemple) ou sur la diminution des
tion chirurgicale. Dans le syndrome de Gardner, les préjudices esthétiques.
ostéomes sont difficiles à traiter chirurgicalement La biopsie préalable de la lésion, bien que ses
du fait de leur consistance, de leur multiplicité et résultats doivent être acceptés avec recul et
de leur potentiel récidivant. Rappelons que la poly- confrontés à la clinique ou aux données radiogra-
pose adénomateuse rectocolique domine alors le phiques, permet d’en établir le caractère bénin.
pronostic. Pour la majorité des auteurs, elle est d’emblée
indiquée en présence d’une lésion étendue avant
d’envisager un traitement parfois délabrant ou
Torus palatin et torus mandibulaire pour obtenir une certitude histologique avant ab-
Les tori gênent parfois le port d’une prothèse ad- stention chirurgicale. En revanche, une lésion bien
jointe, et leur exérèse est alors indiquée par chi- limitée, de petite taille, facilement abordable peut
rurgie modelante transmuqueuse. être ôtée en totalité, confondant ainsi les gestes
diagnostique et thérapeutique.17,19,30,45
Ostéoblastome et ostéome ostéoïde Fibrome cémento-ossifiant
Le traitement de ces lésions bénignes se résume, Il s’agit généralement d’une tumeur bien limitée,
selon la plupart des auteurs, en une exérèse chirur- de volume modéré. Selon la majorité des auteurs,
gicale avec curetage ou résection. L’ostéoblastome l’exérèse doit être réalisée de façon complète afin
est réputé comme étant une tumeur très vasculari- d’éviter les récidives. Cependant, le fibrome ossi-
sée et bénéficie fréquemment d’un curetage ap- fiant présente fréquemment un plan de clivage
puyé, comme dans ses localisations extramaxillai- entre lui-même et l’os sain, le rendant ainsi acces-
res.14,57 Cependant, en raison de la possibilité de sible à l’énucléation suivie d’un curetage de la
confusion diagnostique avec un ostéosarcome ou un cavité résiduelle.17,19
cémentoblastome, certains auteurs préfèrent une En deuxième intention, dans les lésions récidi-
résection complète. La radiothérapie est, en revan- vées, on peut opter pour des énucléations succes-
che, contre-indiquée. sives ou une exérèse plus large avec ou sans recons-
Comme dans ses localisations squelettiques, truction. L’exérèse éventuelle de l’os péritumoral
l’ostéome ostéoïde se caractérise par des signes doit être réalisée dans un plan sous-périosté. Ce
fonctionnels douloureux parfois importants et par dernier est toujours indemne de prolifération lé-
la difficulté de curetage complet du nidus à l’ori- sionnelle ; sa conservation facilite la reconstruction
gine de récidive. Il est donc du ressort d’une résec- ultérieure par greffon osseux (iliaque ou costal).
tion complète mais non interruptrice au niveau Les récidives du fibrome ossifiant sont rapportées
mandibulaire.65 selon des taux variables : 10 à 28 % après énucléa-
Néanmoins, la régression spontanée d’authenti- tion et moins de 5 % après exérèse.17,19,68 L’évolu-
ques ostéoblastomes et ostéomes ostéoïdes est dé- tion spontanée en est inconnue.
54 B. Ruhin et al.

Les indications thérapeutiques du fibrome ossi- relle de la maladie qui préfère ainsi une correction
fiant juvénile ne sont actuellement pas planifiées des reliefs osseux par chirurgie modelante sur une
du fait de sa rareté. Les récidives après chirurgie dysplasie compacte et ossifiée de l’adulte (Fig. 10).
9,15,17,19
d’exérèse seraient importantes et surviendraient Cette dernière technique expose toutefois
dans les deux premières années postopératoi- aux récidives des déformations dans 20 à 25 % des
res.17,19 cas durant plusieurs années ; la reprise chirurgicale
est alors tout à fait possible sans aucune augmen-
Dysplasie fibreuse tation de l’activité de la lésion,6,9 ni risque de
La lésion est plus diffuse : son exérèse complète est dégénérescence.45 La surveillance simple d’une
souvent difficile et se paie au prix de séquelles dysplasie fibreuse est aussi indiquée chez les jeu-
parfois supérieures à celles encourues par l’évolu- nes patients afin d’attendre la fin de leur crois-
tion naturelle, bien qu’imprévisible, de la maladie. sance et une éventuelle stabilisation du processus
Les indications thérapeutiques sont plus nuancées dysplasique, ainsi que chez l’adulte présentant une
que pour le fibrome ossifiant ; il faut intervenir dès lésion stable et quiescente. Cependant, toute dys-
lors que l’on constate des déformations faciales plasie fibreuse doit être surveillée régulièrement,
importantes, des poussées inflammatoires fré- et surtout lorsqu’elle est évolutive et polyostosi-
quemment douloureuses et itératives ou que l’on que, du fait de son risque accru de dégénérescence
suspecte une dégénérescence sarcomateuse. sarcomateuse.
L’exérèse totale avec reconstruction immédiate Les complications postopératoires possibles sont
par greffon osseux est prônée par certains, mais communes à toutes les lésions ostéofibreuses : les
rejetée par d’autres, du fait de l’évolution natu- accidents hémorragiques surviennent particulière-

Figure 10 Dysplasie fibreuse du maxillaire supérieure gauche : image panoramique dentaire (A), imagerie par résonance magnétique
(IRM) (B) et vue latérale gauche peropératoire. La résection modelante permet une analyse anatomopathologique de la pièce et une
symétrisation anatomique des contours osseux (C).
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 55

ment dans les résections partielles de lésions bien mité, croît rapidement et son éventuelle diffusion
vascularisées dont l’hémostase est délicate ; les dans les parties molles adjacentes rend le traite-
accidents septiques ne sont pas rares. ment difficile. Cette mauvaise limitation est déjà
Sur le plan médical, les antalgiques et les anti- soupçonnée dès la radiographie, puis confirmée lors
inflammatoires stéroïdiens peuvent être utilisés de l’abord muqueux permettant le prélèvement
durant la période postopératoire des dysplasies fi- biopsique indispensable. L’aspect macroscopique
breuses.36 Les troubles endocriniens ou métaboli- du fibrome desmoïde est tel que l’énucléation est
ques associés relèvent également d’une thérapeu- techniquement impossible, ce qui justifie pleine-
tique adaptée. L’orthodontie est d’un appoint non ment une résection au large de la tumeur. Les
négligeable en entourant le traitement chirurgical. récidives observées dans 25 % des cas sont le fait
Nous rappelons ici qu’il faut à présent proscrire des traitements conservateurs ; elles obligent à une
la radiothérapie, autrefois préconisée pour tenter résection complémentaire.
de stabiliser cette lésion.
Fibromatose
Tumeurs cartilagineuses La guérison n’est possible qu’au prix d’une résec-
tion chirurgicale large, la distance des limites tu-
Chondrome morales osseuses se situe, dans un plan extrapé-
Bénigne, cette tumeur cartilagineuse est récidi- riosté, aux dépens des parties molles.
vante et concerne volontiers l’articulation tempo-
romandibulaire. De plus, évaluer leur caractère
Tumeurs et pseudotumeurs riches en cellules
malin est parfois difficile comme l’est la discussion
géantes
du potentiel évolutif du chondrome bénin vers un
chondrosarcome. Autant de raisons qui expliquent
Granulome central à cellules géantes
la nécessité d’une exérèse chirurgicale élargie dès
La trépanation de la corticale osseuse conduit à une
le premier traitement. L’évolution sarcomateuse
assombrit plus encore le devenir des patients at- lésion charnue brun rougeâtre, consistante, non
teints d’une enchondromatose multiple ou syn- encapsulée, à la surface mamelonnée. Ces lésions,
drome d’Ollier.47 riches en cellules géantes, ont un franc caractère
hémorragique.
Exostoses (ostéochondrome) L’énucléation reste le traitement de choix du
Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale granulome central à cellules géantes, mais il peut
complète, de principe, et souvent associée à une être parfois difficile du fait des adhérences osseu-
prise en charge orthognathique pour les localisa- ses dans les anfractuosités de la cavité.26,54 Cette
tions temporomandibulaires.47 énucléation méthodique avec curetage du tissu os-
seux périlésionnel permet la guérison habituelle
Chondroblastomes et fibromes chondromyxoïdes sans récidive ; les organes dentaires et les structu-
L’évolution du chondroblastome est bénigne, rare- res osseuses, même extrêmement amincis, doivent
ment émaillée de récidives après énucléation.26 être préservés, permettant ainsi une restructura-
Néanmoins, des problèmes diagnostiques peuvent tion favorable des maxillaires.
parfois exister avec un chondrosarcome du fait En revanche, une tumeur vraie à cellules géan-
d’une grande densité cellulaire et d’irrégularités tes doit être réséquée largement, en tissu osseux
cytologiques.12 sain, avec ou sans rétablissement de la continuité
Le traitement chirurgical du fibrome chondro- au niveau mandibulaire par greffon. Cette attitude
myxoïde est similaire : l’évolution est alors habi- permet de diminuer les risques de récidives et
tuellement bénigne. Malgré un taux important de surtout de transformation maligne de cette excep-
récidives postopératoires pour les lésions squeletti- tionnelle tumeur.54
ques, l’évolution des localisations maxillaires est Hormis le traitement chirurgical local commun
difficile à préciser en raison de la rareté des obser- aux granulomes, l’ostéose parathyroïdienne relève
vations rapportées. du traitement spécifique de l’hyperparathyroïdie
et des troubles du métabolisme phosphocalcique
Lésions fibroblastiques qu’elle engendre.
Il s’agit ici de lésions plus agressives dont le traite-
ment conservateur n’est pas recommandé. Chérubisme
Après une accentuation progressive des déforma-
Fibrome desmoïde tions jusqu’à l’âge de 7 ans, celles-ci vont théori-
L’évolution en est variable. En l’absence de traite- quement se stabiliser à la puberté puis régresser,
ment, le fibrome desmoïde, par définition mal li- voire disparaître à l’âge adulte (20 à 30 ans). L’abs-
56 B. Ruhin et al.

tention thérapeutique est donc la règle dans la ciennement fémorale), chez un patient immobi-
plupart des cas.23,69 lisé. L’embolisation est un geste de pratique
Cependant, l’évolution n’est pas toujours aussi délicate, se devant d’être suffisamment effi-
favorable et il peut être nécessaire d’intervenir, cace et de ne pas induire de nécroses cutanées
soit durant l’enfance du fait d’un retentissement et/ou muqueuses. Les particules utilisées pour
esthétique et fonctionnel inacceptable, soit à l’âge l’embolisation varient selon l’habitude des pra-
adulte devant des déformations osseuses séquellai- ticiens, le type de la malformation : Spongel ®,
res et gênantes sur le plan esthétique. Ivalon®, Isobutyl®, cyanoacrylate ou ballonnets
Dans la pratique, les indications du traitement largables, etc. La ligature artérielle de ou des
chirurgical sont laissées à la libre appréciation de principaux pédicules doit être formellement
chaque praticien ; ce traitement ne semble pas proscrite : d’une part, elle gêne considérable-
interférer sur l’évolution naturelle de la maladie ment les futures possibilités d’embolisation et
contrairement à ce qu’il a été parfois suggéré. d’autre part, elle entraîne la création de nou-
Sur le plan chirurgical, le curetage des lésions velles afférences53,62 ;
associé au remodelage cortical semble être la tech- • en dehors de l’urgence : les indications restent
nique la plus appropriée. L’intervention doit être difficiles à poser et dépendent des caractères
rapidement réalisée afin de réduire la spoliation sus-cités. Les explorations radiographiques (an-
sanguine habituellement importante. L’aspect giographie hypersélective, imagerie par réso-
macroscopique est similaire aux lésions riches en nance magnétique avec injection de produit de
cellules géantes. Les lésions charnues sont retirées contraste) permettent de déterminer avec pré-
à la curette. Ce geste finit par créer des cavités cision le type angioarchitectural de la lésion.
dans lesquelles une mèche iodoformée peut être
transitoirement installée. Les complications de Malformations à haut débit
cette chirurgie ne sont pas négligeables : outre les Parmi elles, les fistules artérioveineuses sont, dans
pertes sanguines pouvant grever le pronostic vital, la grande majorité des cas, accessibles à une thé-
des anesthésies des territoires du nerf trijumeau, rapeutique endovasculaire, avec mise en place
ainsi que des fractures osseuses iatrogènes peuvent d’un ballonnet dans la fistule ou avec des emboli-
être également observées. Les dents mobiles ou en sations. L’intervention chirurgicale est réservée
malposition sont souvent avulsées durant l’inter- aux formes peu accessibles par voie endovascu-
vention.23,28,69 laire.
Les malformations artérioveineuses posent des
Angiodysplasies et tumeurs vasculaires : autres problèmes plus délicats. L’efficacité des embolisa-
tumeurs conjonctives tions s’épuise avec le temps, et leur répétition
infructueuse doit faire envisager l’exérèse chirurgi-
Angiodysplasies vraies et tumeurs vasculaires cale. Lors de cette dernière, le risque d’hémorragie
Le traitement des angiodysplasies osseuses à fort massive peut être atténué par une embolisation
débit a connu un réel progrès grâce à l’avènement 3 jours auparavant ainsi que par le repérage des
de l’embolisation hypersélective et de l’embolisa- pédicules afférents conservés sur des lacs. L’anes-
tion percutanée associées ou non à la chirurgie.22,62 thésie générale avec hypotension contrôlée enca-
Les indications thérapeutiques sur les angiomes dre le geste.22,62
peuvent être difficiles à poser, et doivent tenir
compte de plusieurs paramètres : âge et psychisme Malformations vasculaires à débit normal ou lent
du patient, taille, siège, évolutivité et caractère Les angiomes veineux sont peu sensibles à l’embo-
hémodynamique de la lésion. Deux circonstances lisation qui, fréquemment, ne permet d’obtenir
sont alors évoquées :46,53,62 qu’une amélioration clinique temporaire. L’asso-
• dans le cadre de l’urgence : il s’agit de tarir une ciation à une exérèse chirurgicale est donc souhai-
hémorragie abondante provenant d’une alvéole table, lorsqu’elle est possible. L’injection in situ de
ou d’une sertissure gingivale. Un tamponnement substance sclérosante est également un support
serré avec une mèche résorbable s’impose en thérapeutique non négligeable.
même temps que la prévention ou le traitement L’abstention thérapeutique s’adresse aux angio-
des troubles hémodynamiques. Suivront en- dysplasies non compliquées, stables et sans réper-
suite, dans les meilleurs délais, le bilan et le cussion morphofonctionnelle importante : elle est
traitement curatif de l’angiome grâce à la radio- alors impérativement associée à une surveillance
logie vasculaire interventionnelle. Le repérage clinique et radiographique étroite.
de la totalité des pédicules nourriciers se fait Chez l’enfant, l’intervention chirurgicale est au
grâce à une angiographie par voie radiale (an- mieux repoussée jusqu’à la fin de la croissance par
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 57

des embolisations répétées, sauf élément évolutif quement possible, le curetage de la lésion semble
intercurrent. être le traitement des localisations maxillaires,
avec un faible taux de récidives ultérieures. L’as-
Autres tumeurs conjonctives pect peropératoire est celui d’une tumeur défor-
L’exceptionnel lipome est traité par exérèse simple mant l’os et soufflant les corticales, lesquelles sont
du peloton adipeux bien limité.2 Le schwannome fines, voire perforées en certains endroits. La lé-
bénin est facilement reconnu : aspect plein, lisse et sion sous-jacente, parfois très hémorragique, revêt
blanc nacré. L’endoneurodissection réalisée au mi- l’apparence d’un tissu brunâtre, granuleux, friable,
croscope permet une énucléation atraumatique hémorragique, similaire aux lésions centrales à cel-
sans curetage et une guérison définitive du patient. lules géantes, et circonscrit par des parois cavitai-
res lisses. Il est classiquement admis que le kyste
Tumeurs mélanotiques neuroectodermiques anévrismal cohabite avec une tumeur avoisinante,
(« melanotic prognoma ») ce qui renforce l’intérêt d’un examen anatomopa-
Lors de son curetage, la coloration sombre de la thologique de l’ensemble de la pièce d’exé-
lésion contraste avec l’os normal environnant ; une rèse.4,15,54
déperdition sanguine parfois importante peut com- Les hypothèses étiopathogéniques ainsi que les
pliquer l’intervention. Toutefois, la lésion est béni- récidives plus fréquentes des localisations extra-
gne et guérit après exérèse. faciales font préconiser par certains une cryo-
chirurgie complémentaire. Les exceptionnelles
Granulome éosinophile transformations sarcomateuses décrites seraient
Le traitement de cette variété d’histiocytose X consécutives à certaines lésions irradiées. La résec-
repose avant tout sur la chirurgie avec énucléation tion tumorale relativement élargie semble préféra-
et curetage appuyé du pseudotissu de granulation ; ble au curetage en présence de lésions étendues et
les sacrifices dentaires sont fréquents et permet- difficiles d’accès. La surveillance radiologique ré-
traient de diminuer le risque de récidive. Certaines gulière est ultérieurement impérative.49 mais la
formes se caractérisent par des localisations multi- restitution d’une trame osseuse complète semble
ples : maxillomandibulaires, squelettiques, mais être rare.4,15
aussi pulmonaires, ganglionnaires et cutanées qui
doivent être systématiquement recherchées. Les Kyste solitaire de l’os (traumatique, essentiel)
formes demeurées isolées ne récidivent pas après Le diagnostic de la lésion est réalisé lors de la
un traitement conservateur. Les autres formes po- trépanation de la corticale externe, permettant de
lyostosiques et pulmonaires témoignent d’une évo- mettre en évidence une cavité dépourvue de revê-
lutivité rapide, et peuvent bénéficier d’une corti- tement membraneux, tantôt vide, tantôt remplie
cothérapie associée à une chimiothérapie d’un liquide sérohémorragique, voire de caillots. Le
(méthotrexate, vinblastine). curetage des parois, geste facultatif, recueille par-
fois un fin tissu fibreux ou de granulation, fort utile
Dysplasies cémento-osseuses pour le diagnostic anatomopathologique. La trépa-
Devant un tableau radioclinique typique de dyspla- nation de la lésion induit une restauration de la
sie cémentaire périapicale, si les dents sont vivan- trame osseuse radiologique en 9 à 12 mois.50
tes, l’abstention thérapeutique est la règle. L’exé- Les récidives sont exceptionnelles32contraire-
rèse limitée d’une lésion plus douteuse permet la ment à celles, plus fréquentes, des localisations
guérison complète. En revanche, la prise en charge aux membres. La rareté du kyste osseux solitaire
des patients atteints d’une dysplasie cémento- au-delà de l’âge de 25 ans suggère l’existence de
osseuse floride est souvent délicate et délabrante, guérisons spontanées.
avec possibilité d’ulcérations muqueuses, voire
d’ostéite.
Conclusion
Lésions pseudokystiques
Au terme de cette étude, la méthode conservatrice
Kyste anévrismal de première intention apparaît le plus souvent indi-
L’évolution spontanée du kyste anévrismal est va- quée. Le choix entre un traitement conservateur et
riable : lente ou bien rapide, elle se caractérise par une résection osseuse concerne presque exclusive-
des poussées inflammatoires itératives augmentant ment les tumeurs odontogéniques kystiques. Toute-
le volume tumoral, et exposant au risque de frac- fois, lorsque les conditions anatomoradiographi-
tures pathologiques et de tassements osseux dans ques l’autorisent, l’énucléation de première
les localisations extrafaciales. Lorsqu’il est techni- intention assure le diagnostic anatomopathologi-
58 B. Ruhin et al.

que et permet le plus souvent aux patients de 19. Fleuridas G. À propos de 47 cas de fibrome ossifiant,
guérir de manière simple d’une lésion pourtant dysplasie fibreuse craniofaciale et fibrome ossifiant juvé-
nile. [Thèse médecine], Paris XI, 1999. 141p.
réputée récidivante. À l’inverse, il serait parfaite-
20. Frankeny RL. Intralesional administration of formalin for
ment déraisonnable de proposer un traitement ra- treatment of epidermal cysts in five horses. J Am Vet Med
dical sur un kyste dentigère anormalement extensif Assoc 2003;223:221–2.
et malencontreusement non suspecté. 21. Forssell K, Forssell H, Kahnberg KE. Recurrence of
keratocysts: a long-term follow-up study. Int J Oral Maxil-
lofac Surg 1988;17:25–8.
Références 22. Frame JW, Putman G, Wake MJ, Rolfe EB. Therapeutic
arterial embolisation of vascular lesion in the maxillo-
1. Alexander R, Weber WD, Theodos LV, Friedman JS. The facial region. Br J Oral Maxillofac Surg 1987;25:181–94.
treatment of large benign maxillary tumors via Lefort I 23. Friedman E, Eisendub L. Surgical and pathological conside-
down fracture: report of two cases and review of the rations in cherubism. Int J Oral Surg 1981;10:52–4.
literature. J Oral Maxillofac Surg 1992;50:515–7. 24. Gardner GG. A pathologist’s approach to the treatment of
2. Barker GR, Sloan P. Intraosseous lipomas: clinical features ameloblastoma. J Oral Maxillofac Surg 1984;42:161–6.
of a mandibular case with possible aetiology. Br J Oral 25. Gardner GG, Pecak AM. The treatment of ameloblastoma
Maxillofac Surg 1986;24:459–63. based on pathologic and anatomic principles. Cancer 1980;
3. Bertrand JC, Guilbert F, Boumendjel S, Perrin A, Vail- 46:2514–9.
lant JM. Tumeurs bénignes et résections mandibulaires. 26. Guilbert F, Chomette G, Le Charpentier Y, Auriol M. Les
Rev Stomatol Chir Maxillofac 1985;86:216–20. tumeurs bénignes et les pseudotumeurs des maxillaires.
4. Biesecker JL, Marcove RC, Huvos AG, Mike V. Aneurysmal Rev Stomatol Chir Maxillofac 1993;94:197–365.
bone cysts: a clinicopathologic study of 66 cases. Cancer 27. Giudice M, Maggiore C. Cyst and pseudocyst of oral maxil-
1970;26:615–25. lofacial region. Clinical and therapeutic considerations.
5. Blinder D, Peleg M, Taicher S. Surgical considerations in Minerva Stomatol 2003;52:41–5.
cases of large mandibular odontomas located in the man- 28. Hamner JE, Ketcham AS. Cherubism: an analysis of treat-
dibular angle. Int J Oral Maxillofac Surg 1993;22:163–5. ment. Cancer 1969;23:1133–41.
6. Blomgren I, Lilja J, Lauritzen C, Magnusson B. Multiple 29. Inokuchi T, Ninomiya H, Hironaka R, Yoshida S, Araki M,
craniofacial surgical interventions during twenty five years Sano K. Studies on heat treatment for immediate reimplan-
of follow-up in a case of giant fibrous dysplasia. Scand J tation of resected bone. J Cranio Maxillofac Surg 1991;19:
Plast Reconstr Surg 1986;20:327–30. 31–9.
7. Bodner L, Bar-Ziv J. Characteristics of bone formation 30. Jackson IT, Armstrong T, Gomuwka P, Laws E, Langford K.
following marzupialization of jaw cysts. Dentomaxillofac Treatment of cranio-orbital fibrous dysplasia. J Maxillofac
Radiol 1998;27:166–71. Surg 1982;10:138–41.
8. Buchner A. The central (intraosseous) calcifying odontoge-
31. Kalusokoma K, Dovrov N, Mayer R. Classification histo-
nic cyst: an analysis of 215 cases. J Oral Maxillofac Surg
pathologique et traitement des kystes d’origine dentaire.
1991;49:330–9.
Bull Group Int Rech Sci Stomatol Odontol 1987;30:33–64.
9. Camilleri AE. Craniofacial fibrous dysplasia. J Laryngol
32. Kamiya Y, Iwase H, Sirozu T. A recurrent case of simple
Otol 1991;105:662–6.
bone cyst of the mandible. Jpn J Oral Maxillofac Surg
10. Chomette G, Auriol M, Guilbert F, Vaillant JM. Cherubism.
1990;36:1653–8.
Histo-enzymological and ultrastructural study. Int J Oral
33. Kim SG, Jang HS. Ameloblastoma: a clinical, radiographic
Maxillofac Surg 1988;17:219–23.
and histopathologic analysis cases. Oral Surg Oral Med Oral
11. Crawley WA, Levin LS. Treatment of the ameloblastoma: a
Pathol Oral Radiol Endod 2001;91:649–55.
controversy. Cancer 1978;42:357–66.
12. Dahlin DC, Ivins JC. Benign chondroblastoma: a study of 34. Kitagawa Y, Baur D, King S, Helman JI. The role of midfa-
125 cases. Cancer 1972;30:401–13. cial degloving approach for maxillary cysts and tumors. J
13. Donazzan M, Pellerin P, Seck JP, Leclercq A. Lacunes Oral Maxillofac Surg 2003;61:1418–22.
condyliennes mandibulaires. Rev Stomatol Chir Maxillofac 35. Kramer IR. Ameloblastoma: a clinicopathological
1981;82:113–20. appraisal. Br J Oral Surg 1963;1:13–28.
14. Eisenbud L, Kahn LB, Friedman E. Benign osteoblastoma of 36. Kreutziger K. Giant fibrous displasia of the mandible surgi-
the mandible: fifteen-year follow-up showing spontaneous cal management. Laryngoscope 1989;99:618–31.
regression after biopsy. J Oral Maxillofac Surg 1987;45: 37. Kuepper RC, Harrigan WF. Treatment of mandibular
53–7. cherubism. J Oral Surg 1978;36:638–41.
15. El Deeb M, Sedano HO, Waite DE. Aneurysmal bone cyst of 38. Mehlisch DR, Dahlin DC, Masson JK. Ameloblastoma: a
the jaws. Report of a case associated with fibrous dysplasia clinicopathologic report. J Oral Surg 1972;30:9–22.
and review of the literature. Int J Oral Surg 1980;9:301–8. 39. Nakamura N, Mitsuyasu Y, Taketomi T, Higuchi Y. Marsupia-
16. Evans DG, Ladusans EJ, Rimmers S, Burnell LD, Thakker N, lization for odontogenic keratocysts: long-term follow-up
Farndon PA. Complications of the naevoid basal cell carci- about the effects and changes in growth characteristics.
noma syndrome: results of a population study. J Med Genet Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002;94:
1993;30:460–4. 543–50.
17. Eversole LR, Leider AS, Nelson K. Ossifying fibroma: a 40. Nelson SR, Schow SR, Read LA, Suane TJ. Treatment of an
clinicopathologic study of sixty-four cases. Oral Surg Oral extensive calcifying epithelial odontogenic tumor of the
Med Oral Pathol 1985;60:505–11. mandible. J Oral Maxillofac Surg 1992;50:1126–31.
18. Favre d’Auvergne E, Fleuridas G, Chikhani L. Une variété 41. Okura M, Nakahara H, Matsuya T. Treatment of ameloblas-
rare de tumeur odontogénique au potentiel malin discuté. tic fibro-odontoma without removal of the associated
In: Actualités de carcinologie cervico-faciale. Paris: impacted permanent tooth. J Oral Maxillofac Surg 1992;
Masson; 1995. 50:1094–7.
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 59

42. Pandya NJ, Stuteville OH. Treatment of ameloblastoma. 57. Smith RA, Hansen LS, Resnick D, Chan W. Comparison of
Plast Reconstr Surg 1972;50:242–8. the osteoblastoma in gnathic and extragnathic sites. Oral
43. Pearl RM. An approach to mandibular reconstruction. Ann Surg Oral Med Oral Pathol 1982;54:285–98.
Plast Surg 1988;21:401–17. 58. Stoelinga PJ. Conservative or radical treatment of kerato-
44. Pogrel MA. The use of liquid nitrogen cryotherapy in the cyst retrospective review. Br J Oral Maxillofac Surg 1999;
management of locally agressive bone lesion. J Oral Max- 37:76–7.
illofac Surg 1993;51:269–73. 59. Stoelinga PJ, Bronkhorst FB. The incidence, multiple pre-
sentation and recurrence of aggressive cysts of the jaws. J
45. Present D, Bertoni F, Enneking WF. Osteosarcoma of the
Cranio Maxillofac Surg 1988;16:184–95.
mandible arising in fibrous dysplasia: a case report. Clin
60. Stoelinga PJ, Peters SH. A note on the origin of keratocysts
Orthop 1986;204:238–44.
of the jaws. Int J Oral Surg 1973;2:37–40.
46. Princ G, Gasnier F, Naman N, Chomette G, Guilbert F, 61. Stout RA, Lynch JB, Lewis SR. The conservatrice surgical
Vaillant JM. Angiomes des maxillaires. Rev Stomatol Chir approach to ameloblastomas of the mandible. Plast Recon-
Maxillofac 1985;86:295–9. str Surg 1963;31:554–9.
47. Reychler H. Les tumeurs cartilagineuses des maxillaires. 62. Stricker M, Picard L. Les tumeurs vasculaires de la face.
Rev Stomatol Chir Maxillofac 1988;89:321–9. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris), Stomatologie,
48. Reychler H. Les tumeurs osseuses des maxillaires. Rev 22-062-E-15, 1984: 21p.
Stomatol Chir Maxillofac 1988;89:330–8. 63. Ueno S, Mushimoto K, Shirasu R. Prognostic evaluation of
49. Ruiter DJ, Van Rijssel TG, Van Der Welde EA. Aneurysmal ameloblastoma based on histologic and radiographic typ-
bone cysts: a clinicopathological study of 105 cases. Can- ing. J Oral Maxillofac Surg 1989;47:11–5.
cer 1977;39:2231–9. 64. Van Den Bergh JP, Ten Bruggenkate CM, Groeneveld HH,
50. Sapp JP, Stark ML. Self-healing traumatic bone cysts. Oral Burger ER. Recombinant human bone morphogenic pro-
Surg Oral Med Oral Pathol 1990;69:597–602. tein-7 in maxillary sinus lift surgery in 3 patients compared
51. Schmidt BL, Pogrel MA. The use of enucleation and liquid to autogenous bone grafts pilot surgery. J Clin Periodontol
nitrogen cryotherapy in the management of odontogenic 2000;27:627–36.
keratocysts. J Oral Maxillofac Surg 2001;59:720–7. 65. Vickers CW, Pugh DC, Ivins JC. Osteoid osteoma. A fifteen
year follow-up of an untreated patient. J Bone Joint Surg
52. Sciubba JJ, Younai F. Ossifying fibroma of the mandible
[Am] 1959;41:357–9.
and maxilla;review of the 18 cases. J Oral Pathol Med
66. Voorsmit RA, Stoelinga PJ, Van Haelst VS. The manage-
1989;18:315–21.
ment of keratocysts. J Maxillofac Surg 1981;9:228–31.
53. Seguin P, Breton P, Dubost J, Duquesnel J, Freidel M. 67. Waldron CA. Ameloblastoma in perspective. J Oral Surg
Angiome intramandibulaire avec fistule artérioveineuse. 1966;24:331–5.
Rev Stomatol Chir Maxillofac 1986;87:233–7. 68. Waldron CA. Fibro-osseous lesions of the jaws. J Oral
54. Sentilhes C, Michaud J. Lésions à cellules géantes du Maxillofac Surg 1993;51:828–35.
maxillaire. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1986;87:102–7. 69. Zachariades N, Papanicolaou S, Xypolyta A, Constantini-
55. Shatkin S, Hoffmeister FS. Ameloblastoma: a rational dis I. Cherubism. Int J Oral Surg 1985;14:138–45.
approach to therapy. Oral Surg 1965;20:421–5. 70. Zhao YF, Wei JX, Wang SP. Treatmemt of odontogenic
56. Shear M. Cysts of the jaws: recent advances. J Oral Pathol keratocysts: a follow up of 255 chinese patients. Oral Surg
1985;14:43–59. Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2002;94:151–5.

Vous aimerez peut-être aussi