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MOTS CLÉS Résumé Très dissemblables sur les plans étiopathogénique, diagnostique et évolutif, les
Kystes ; kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires présentent pourtant des
Tumeurs bénignes ; points communs, dont celui de requérir un traitement chirurgical dès lors qu’ils se
Maxillaires caractérisent par une surinfection ou encore une nette augmentation de volume à
l’origine de répercussions fonctionnelles, de comblement des cavités naturelles, de
disgrâces morphologiques et de risque fracturaire. Un prélèvement biopsique de première
intention est le plus souvent un geste inutile et déplacé en raison des risques de
dissémination tumorale et des réactions inflammatoires délétères pour l’exérèse ulté-
rieure et le diagnostic anatomopathologique ; il peut être de plus source d’erreur,
puisqu’une bonne étude anatomopathologique requiert un examen macroscopique, mi-
croscopique, voire ultrastructural de la totalité de la pièce d’exérèse. La découverte et
l’identification de la lésion impliquent une authentique réflexion diagnostique basée sur
des arguments cliniques et iconographiques : l’âge du malade, l’évolutivité du processus,
l’étude radiographique qui précise le siège, les rapports de la lésion avec les structures
avoisinantes (dents, sinus maxillaire ou nerf alvéolaire inférieur), le caractère uni- ou
plurifocal de la lésion, et surtout son extension au sein de l’os dont les corticales (ces
dernières, précisées par des incidences adaptées, peuvent demeurer épaisses ou au
contraire être progressivement laminées, puis effacées). Cette réflexion diagnostique
permet le plus souvent d’opter pour une solution thérapeutique conservatrice dans
l’attente des certitudes anatomopathologiques. À l’extrême, une lésion volumineuse
peut ne rester contenue que par un manchon conjonctivopériosté, relativement résistant.
À cet égard, il serait déraisonnable pour le chirurgien de ne s’appuyer que sur le seul
argument d’une solution de continuité corticale ou d’une extension tumorale pour poser
l’indication d’une chirurgie interruptrice délabrante. Chacune des deux méthodes d’exé-
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : blandine.ruhin@psl.ap-hop-paris.fr (B. Ruhin).
1769-6844/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcsto.2005.01.003
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 43
KEYWORDS Abstract Although maxillary and mandibular cysts and benign tumours are very different
Maxillary; with regard to their aetiology, diagnosis and evolution, they have in common to need
Mandibular; surgical treatment as they are infected or so voluminous that they lead to dysfunction,
Cysts; dysmorphism and fracture risk. A first biopsy decision is a mistake because of the
Benign tumours dissemination risk and the induced swelling reaction which could interfere with the future
ablation and the definitive histological analysis. Of course, a reliable histological result
takes advantage of a macroscopic, microscopic and ultrastructural analysis on the
complete surgical piece. Also, the discovery of such a tumour will lead the clinician and
the surgeon to a rigorous diagnosis estimation, taking into account both clinical and
radiographic argues: the patient age, the lesion localisation, the evolution, the relation of
the tumour with the teeth and cortical bone. This estimation will allow the surgeon to
decide the best surgical preserving treatment before receiving the definitive histological
result. In most of the cases, a benign tumour, even though voluminous, should be
surgically removed taking care of the strong mucous and periosseous membrane. In few
cases, tumoural extension in peripheral tissues imposes radical bone and muscular
enlarged resection followed by a reconstructive method.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Résection osseuse
Figure 2 Améloblastome de la branche horizontale mandibulaire gauche en regard de 33-35 (A) : en B, contrôle radiographique après
son énucléation conservatrice. Récidive de ce même améloblastome à 2 ans (C) : reprise chirurgicale par énucléorésection osseuse
(mandibulectomie non interruptrice) et contrôle radiographique 1 an après (D).
Figure 3 Résection d’un volumineux améloblastome (A) ayant nécessité une reconstruction mandibulaire par lambeau libre de péroné
(B, C, D).
Kystes inflammatoires
Kystes radiculaires
Le traitement des kystes inflammatoires d’origine
dentaire est essentiellement chirurgical, car dispo-
ser d’un diagnostic incontestable face à toute lé-
sion kystique, même la plus anodine en apparence,
doit demeurer une préoccupation élémentaire ;
l’énucléation de la lésion avec examen anatomopa-
thologique de la totalité de la pièce d’exérèse est
donc le meilleur geste thérapeutique. Les autres
techniques, dont la marsupialisation ou les métho-
des d’irrigation prolongée, ne sont pas à conseil-
ler.31,39
Devant un kyste de petit volume, la reprise ou la
Figure 4 Aspect d’un améloblastome énucléé et reconstruit réalisation du traitement endodontique de la dent
dans le même temps par greffes osseuses iliaques soutenues par
intéressée peut être efficace : elle comporte une
une attelle métallique (A). Résultat 1 an après la dépose du
matériel d’ostéosynthèse (B). La résection-greffe ne met pas à trépanation de la corticale osseuse, une oblitéra-
l’abri de la récidive survenant ici 3 ans après : images kystiques tion canalaire a retro et une résection apicale mais
au niveau de la zone de jonction symphyse-greffon (C). Cette exige une surveillance radiologique régulière de la
récidive sera traitée par une nouvelle énucléation. lésion jusqu’à réossification complète. Ailleurs,
histologique attentif, afin de ne pas méconnaître l’énucléation du kyste par voie chirurgicale en per-
une éventuelle greffe améloblastique, ou plus rare- met l’habituelle guérison avec une rapide restaura-
ment carcinomateuse épidermoïde. Chez l’enfant, tion de la trame osseuse par organisation du caillot
le kyste folliculaire sur une dent, en cours d’érup- sanguin intracavitaire. La ou les dents causales sont
tion sur l’arcade, doit bénéficier d’une perforation dévitalisées et traitées avant de bénéficier d’une
du sommet de sa membrane ; la dent termine surveillance régulière. Une dent causale délabrée
48 B. Ruhin et al.
Figure 5 Améloblastome géant mandibulaire déformant le tiers inférieur du visage (A et B) et concernant l’arche mandibulaire
d’angle à angle (C). Résection large passant en zone saine. La reconstruction mandibulaire par lambeau libre de fibula (F) permet de
recouvrer des contours anatomiques (D et E) ; la mise en place d’implants dentaires valorise le pronostic fonctionnel (F).
ou dont le traitement endodontique ne peut être paradentaire et une avulsion de la dent concernée
correctement réalisé, est habituellement avulsée (le plus fréquemment la dent de sagesse) ; s’il
dans le même temps opératoire. s’agit d’une première ou d’une deuxième molaire,
Le traitement du kyste inflammatoire est pro- elles seront conservées.
grammé si possible à distance de tout réchauffe-
ment infectieux.
Tumeurs odontogéniques
Kyste paradentaire
Comme indiqué dans le chapitre clinique, la guéri- De nombreuses tumeurs évolutives et très variables
son complète, sans récidive ultérieure, est acquise sont regroupées sous ce titre. La radiographie per-
dès lors que l’on réalise une énucléation du kyste met de différencier les lésions ostéolytiques, dont
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 49
Figure 5 (suite)
Améloblastome
L’améloblastome est une tumeur bénigne douée
d’une agressivité singulière par son caractère
extensif et récidivant. Malgré la description de
plusieurs variétés histologiques, la majorité des
chirurgiens maxillofaciaux et des anatomopatholo-
gistes ne pensent actuellement pas qu’elles diffè-
rent en terme de pronostic après traitement ; pour
quelques autres auteurs, les variétés périphériques
et unikystiques seraient moins récidivantes.63,67
En revanche, le potentiel évolutif, et donc la
stratégie thérapeutique qui en découle, sont étroi-
tement corrélés à plusieurs facteurs : la localisation
anatomique de la lésion, les caractères radiogra-
phiques (aspect uni- ou polykystique, dimensions,
etc.), l’âge du patient (Fig. 3–5,7–9). La fidélité
Figure 9 Traitement conservateur d’un améloblastome de l’angle et de la branche montante mandibulaire droits (A). La corticale
amincie et fragilisée par le processus tumoral et son énucléation impose un blocage intermaxillaire d’immobilisation pendant
6 semaines (B).
greffe osseuse indiquée lors de la récidive tumorale ticales osseuses épaisses, barrières à la propagation
ultérieure. tumorale. L’énucléation doit impérativement être
Au niveau des rami mandibulaires. Les principes conduite avec la plus grande prudence ; la résec-
de traitement pourraient être similaires à ceux du tion maxillaire, le plus souvent partielle, peut aussi
niveau des corpi mandibulaires. C’est cependant être réalisée à ce niveau. L’obtention de marges
oublier que la limite supérieure de cette région osseuses périphériques saines (1 à 1,5 cm selon
échappe à la vision directe, et qu’une effraction de les auteurs) est plus aléatoire dans cette localisa-
l’échancrure sigmoïde, très facilement amincie par tion.
de volumineuses lésions, constitue une voie d’ense- Améloblastome unikystique. Cette variété
mencement tumoral vers la fosse infratemporale. prend volontiers l’aspect clinique et radiographi-
L’énucléation doit donc nécessairement être entre- que d’un kyste dentigère, mais peut, en revanche,
prise avec délicatesse et compétence. Sinon, une ne pas être associée à une dent incluse, évoquant
indication de résection est ici plus largement po- alors un kyste résiduel ou primordial. Très fréquem-
sée. ment située au niveau de la partie postérieure de la
Au niveau du maxillaire. Les localisations posté- mandibule, la lésion fait alors l’objet d’une énu-
rieures sont particulièrement dangereuses du fait cléation et le diagnostic est redressé par l’examen
de leur difficulté d’accès et de la proximité des anatomopathologique. L’améloblastome unikysti-
structures nasosinusiennes mais aussi de la fosse que serait réputé moins récidivant24,42,55 en raison
infratemporale et de l’orbite. À l’instar de son d’une bonne délimitation habituelle des foyers tu-
opposé mandibulaire, le maxillaire manque de cor- moraux au sein de la capsule kystique.61
52 B. Ruhin et al.
Fibromes améloblastiques, fibrodentinomes Sont regroupées sous ce titre des tumeurs très
améloblastiques et fibro-odontomes dissemblables aux plans étiopathogénique, dia-
Ils conservent un excellent pronostic après énucléa- gnostique et évolutif. Pourtant, les indications thé-
tion. Le traitement peut toutefois être délicat en rapeutiques peuvent être plus facilement posées à
présence de lésions atteignant de grandes dimen- partir du diagnostic radiographique. Le traitement
sions ; d’où la difficulté de poser l’indication d’une est d’ordinaire conservateur, surtout pour les lé-
résection chirurgicale large en présence d’une sions à composante ostéocondensante dominante
vaste lésion ostéolytique.41 ou exclusive.
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 53
Les indications thérapeutiques du fibrome ossi- relle de la maladie qui préfère ainsi une correction
fiant juvénile ne sont actuellement pas planifiées des reliefs osseux par chirurgie modelante sur une
du fait de sa rareté. Les récidives après chirurgie dysplasie compacte et ossifiée de l’adulte (Fig. 10).
9,15,17,19
d’exérèse seraient importantes et surviendraient Cette dernière technique expose toutefois
dans les deux premières années postopératoi- aux récidives des déformations dans 20 à 25 % des
res.17,19 cas durant plusieurs années ; la reprise chirurgicale
est alors tout à fait possible sans aucune augmen-
Dysplasie fibreuse tation de l’activité de la lésion,6,9 ni risque de
La lésion est plus diffuse : son exérèse complète est dégénérescence.45 La surveillance simple d’une
souvent difficile et se paie au prix de séquelles dysplasie fibreuse est aussi indiquée chez les jeu-
parfois supérieures à celles encourues par l’évolu- nes patients afin d’attendre la fin de leur crois-
tion naturelle, bien qu’imprévisible, de la maladie. sance et une éventuelle stabilisation du processus
Les indications thérapeutiques sont plus nuancées dysplasique, ainsi que chez l’adulte présentant une
que pour le fibrome ossifiant ; il faut intervenir dès lésion stable et quiescente. Cependant, toute dys-
lors que l’on constate des déformations faciales plasie fibreuse doit être surveillée régulièrement,
importantes, des poussées inflammatoires fré- et surtout lorsqu’elle est évolutive et polyostosi-
quemment douloureuses et itératives ou que l’on que, du fait de son risque accru de dégénérescence
suspecte une dégénérescence sarcomateuse. sarcomateuse.
L’exérèse totale avec reconstruction immédiate Les complications postopératoires possibles sont
par greffon osseux est prônée par certains, mais communes à toutes les lésions ostéofibreuses : les
rejetée par d’autres, du fait de l’évolution natu- accidents hémorragiques surviennent particulière-
Figure 10 Dysplasie fibreuse du maxillaire supérieure gauche : image panoramique dentaire (A), imagerie par résonance magnétique
(IRM) (B) et vue latérale gauche peropératoire. La résection modelante permet une analyse anatomopathologique de la pièce et une
symétrisation anatomique des contours osseux (C).
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 55
ment dans les résections partielles de lésions bien mité, croît rapidement et son éventuelle diffusion
vascularisées dont l’hémostase est délicate ; les dans les parties molles adjacentes rend le traite-
accidents septiques ne sont pas rares. ment difficile. Cette mauvaise limitation est déjà
Sur le plan médical, les antalgiques et les anti- soupçonnée dès la radiographie, puis confirmée lors
inflammatoires stéroïdiens peuvent être utilisés de l’abord muqueux permettant le prélèvement
durant la période postopératoire des dysplasies fi- biopsique indispensable. L’aspect macroscopique
breuses.36 Les troubles endocriniens ou métaboli- du fibrome desmoïde est tel que l’énucléation est
ques associés relèvent également d’une thérapeu- techniquement impossible, ce qui justifie pleine-
tique adaptée. L’orthodontie est d’un appoint non ment une résection au large de la tumeur. Les
négligeable en entourant le traitement chirurgical. récidives observées dans 25 % des cas sont le fait
Nous rappelons ici qu’il faut à présent proscrire des traitements conservateurs ; elles obligent à une
la radiothérapie, autrefois préconisée pour tenter résection complémentaire.
de stabiliser cette lésion.
Fibromatose
Tumeurs cartilagineuses La guérison n’est possible qu’au prix d’une résec-
tion chirurgicale large, la distance des limites tu-
Chondrome morales osseuses se situe, dans un plan extrapé-
Bénigne, cette tumeur cartilagineuse est récidi- riosté, aux dépens des parties molles.
vante et concerne volontiers l’articulation tempo-
romandibulaire. De plus, évaluer leur caractère
Tumeurs et pseudotumeurs riches en cellules
malin est parfois difficile comme l’est la discussion
géantes
du potentiel évolutif du chondrome bénin vers un
chondrosarcome. Autant de raisons qui expliquent
Granulome central à cellules géantes
la nécessité d’une exérèse chirurgicale élargie dès
La trépanation de la corticale osseuse conduit à une
le premier traitement. L’évolution sarcomateuse
assombrit plus encore le devenir des patients at- lésion charnue brun rougeâtre, consistante, non
teints d’une enchondromatose multiple ou syn- encapsulée, à la surface mamelonnée. Ces lésions,
drome d’Ollier.47 riches en cellules géantes, ont un franc caractère
hémorragique.
Exostoses (ostéochondrome) L’énucléation reste le traitement de choix du
Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale granulome central à cellules géantes, mais il peut
complète, de principe, et souvent associée à une être parfois difficile du fait des adhérences osseu-
prise en charge orthognathique pour les localisa- ses dans les anfractuosités de la cavité.26,54 Cette
tions temporomandibulaires.47 énucléation méthodique avec curetage du tissu os-
seux périlésionnel permet la guérison habituelle
Chondroblastomes et fibromes chondromyxoïdes sans récidive ; les organes dentaires et les structu-
L’évolution du chondroblastome est bénigne, rare- res osseuses, même extrêmement amincis, doivent
ment émaillée de récidives après énucléation.26 être préservés, permettant ainsi une restructura-
Néanmoins, des problèmes diagnostiques peuvent tion favorable des maxillaires.
parfois exister avec un chondrosarcome du fait En revanche, une tumeur vraie à cellules géan-
d’une grande densité cellulaire et d’irrégularités tes doit être réséquée largement, en tissu osseux
cytologiques.12 sain, avec ou sans rétablissement de la continuité
Le traitement chirurgical du fibrome chondro- au niveau mandibulaire par greffon. Cette attitude
myxoïde est similaire : l’évolution est alors habi- permet de diminuer les risques de récidives et
tuellement bénigne. Malgré un taux important de surtout de transformation maligne de cette excep-
récidives postopératoires pour les lésions squeletti- tionnelle tumeur.54
ques, l’évolution des localisations maxillaires est Hormis le traitement chirurgical local commun
difficile à préciser en raison de la rareté des obser- aux granulomes, l’ostéose parathyroïdienne relève
vations rapportées. du traitement spécifique de l’hyperparathyroïdie
et des troubles du métabolisme phosphocalcique
Lésions fibroblastiques qu’elle engendre.
Il s’agit ici de lésions plus agressives dont le traite-
ment conservateur n’est pas recommandé. Chérubisme
Après une accentuation progressive des déforma-
Fibrome desmoïde tions jusqu’à l’âge de 7 ans, celles-ci vont théori-
L’évolution en est variable. En l’absence de traite- quement se stabiliser à la puberté puis régresser,
ment, le fibrome desmoïde, par définition mal li- voire disparaître à l’âge adulte (20 à 30 ans). L’abs-
56 B. Ruhin et al.
tention thérapeutique est donc la règle dans la ciennement fémorale), chez un patient immobi-
plupart des cas.23,69 lisé. L’embolisation est un geste de pratique
Cependant, l’évolution n’est pas toujours aussi délicate, se devant d’être suffisamment effi-
favorable et il peut être nécessaire d’intervenir, cace et de ne pas induire de nécroses cutanées
soit durant l’enfance du fait d’un retentissement et/ou muqueuses. Les particules utilisées pour
esthétique et fonctionnel inacceptable, soit à l’âge l’embolisation varient selon l’habitude des pra-
adulte devant des déformations osseuses séquellai- ticiens, le type de la malformation : Spongel ®,
res et gênantes sur le plan esthétique. Ivalon®, Isobutyl®, cyanoacrylate ou ballonnets
Dans la pratique, les indications du traitement largables, etc. La ligature artérielle de ou des
chirurgical sont laissées à la libre appréciation de principaux pédicules doit être formellement
chaque praticien ; ce traitement ne semble pas proscrite : d’une part, elle gêne considérable-
interférer sur l’évolution naturelle de la maladie ment les futures possibilités d’embolisation et
contrairement à ce qu’il a été parfois suggéré. d’autre part, elle entraîne la création de nou-
Sur le plan chirurgical, le curetage des lésions velles afférences53,62 ;
associé au remodelage cortical semble être la tech- • en dehors de l’urgence : les indications restent
nique la plus appropriée. L’intervention doit être difficiles à poser et dépendent des caractères
rapidement réalisée afin de réduire la spoliation sus-cités. Les explorations radiographiques (an-
sanguine habituellement importante. L’aspect giographie hypersélective, imagerie par réso-
macroscopique est similaire aux lésions riches en nance magnétique avec injection de produit de
cellules géantes. Les lésions charnues sont retirées contraste) permettent de déterminer avec pré-
à la curette. Ce geste finit par créer des cavités cision le type angioarchitectural de la lésion.
dans lesquelles une mèche iodoformée peut être
transitoirement installée. Les complications de Malformations à haut débit
cette chirurgie ne sont pas négligeables : outre les Parmi elles, les fistules artérioveineuses sont, dans
pertes sanguines pouvant grever le pronostic vital, la grande majorité des cas, accessibles à une thé-
des anesthésies des territoires du nerf trijumeau, rapeutique endovasculaire, avec mise en place
ainsi que des fractures osseuses iatrogènes peuvent d’un ballonnet dans la fistule ou avec des emboli-
être également observées. Les dents mobiles ou en sations. L’intervention chirurgicale est réservée
malposition sont souvent avulsées durant l’inter- aux formes peu accessibles par voie endovascu-
vention.23,28,69 laire.
Les malformations artérioveineuses posent des
Angiodysplasies et tumeurs vasculaires : autres problèmes plus délicats. L’efficacité des embolisa-
tumeurs conjonctives tions s’épuise avec le temps, et leur répétition
infructueuse doit faire envisager l’exérèse chirurgi-
Angiodysplasies vraies et tumeurs vasculaires cale. Lors de cette dernière, le risque d’hémorragie
Le traitement des angiodysplasies osseuses à fort massive peut être atténué par une embolisation
débit a connu un réel progrès grâce à l’avènement 3 jours auparavant ainsi que par le repérage des
de l’embolisation hypersélective et de l’embolisa- pédicules afférents conservés sur des lacs. L’anes-
tion percutanée associées ou non à la chirurgie.22,62 thésie générale avec hypotension contrôlée enca-
Les indications thérapeutiques sur les angiomes dre le geste.22,62
peuvent être difficiles à poser, et doivent tenir
compte de plusieurs paramètres : âge et psychisme Malformations vasculaires à débit normal ou lent
du patient, taille, siège, évolutivité et caractère Les angiomes veineux sont peu sensibles à l’embo-
hémodynamique de la lésion. Deux circonstances lisation qui, fréquemment, ne permet d’obtenir
sont alors évoquées :46,53,62 qu’une amélioration clinique temporaire. L’asso-
• dans le cadre de l’urgence : il s’agit de tarir une ciation à une exérèse chirurgicale est donc souhai-
hémorragie abondante provenant d’une alvéole table, lorsqu’elle est possible. L’injection in situ de
ou d’une sertissure gingivale. Un tamponnement substance sclérosante est également un support
serré avec une mèche résorbable s’impose en thérapeutique non négligeable.
même temps que la prévention ou le traitement L’abstention thérapeutique s’adresse aux angio-
des troubles hémodynamiques. Suivront en- dysplasies non compliquées, stables et sans réper-
suite, dans les meilleurs délais, le bilan et le cussion morphofonctionnelle importante : elle est
traitement curatif de l’angiome grâce à la radio- alors impérativement associée à une surveillance
logie vasculaire interventionnelle. Le repérage clinique et radiographique étroite.
de la totalité des pédicules nourriciers se fait Chez l’enfant, l’intervention chirurgicale est au
grâce à une angiographie par voie radiale (an- mieux repoussée jusqu’à la fin de la croissance par
Traitement des kystes, tumeurs et pseudotumeurs bénignes des maxillaires 57
des embolisations répétées, sauf élément évolutif quement possible, le curetage de la lésion semble
intercurrent. être le traitement des localisations maxillaires,
avec un faible taux de récidives ultérieures. L’as-
Autres tumeurs conjonctives pect peropératoire est celui d’une tumeur défor-
L’exceptionnel lipome est traité par exérèse simple mant l’os et soufflant les corticales, lesquelles sont
du peloton adipeux bien limité.2 Le schwannome fines, voire perforées en certains endroits. La lé-
bénin est facilement reconnu : aspect plein, lisse et sion sous-jacente, parfois très hémorragique, revêt
blanc nacré. L’endoneurodissection réalisée au mi- l’apparence d’un tissu brunâtre, granuleux, friable,
croscope permet une énucléation atraumatique hémorragique, similaire aux lésions centrales à cel-
sans curetage et une guérison définitive du patient. lules géantes, et circonscrit par des parois cavitai-
res lisses. Il est classiquement admis que le kyste
Tumeurs mélanotiques neuroectodermiques anévrismal cohabite avec une tumeur avoisinante,
(« melanotic prognoma ») ce qui renforce l’intérêt d’un examen anatomopa-
Lors de son curetage, la coloration sombre de la thologique de l’ensemble de la pièce d’exé-
lésion contraste avec l’os normal environnant ; une rèse.4,15,54
déperdition sanguine parfois importante peut com- Les hypothèses étiopathogéniques ainsi que les
pliquer l’intervention. Toutefois, la lésion est béni- récidives plus fréquentes des localisations extra-
gne et guérit après exérèse. faciales font préconiser par certains une cryo-
chirurgie complémentaire. Les exceptionnelles
Granulome éosinophile transformations sarcomateuses décrites seraient
Le traitement de cette variété d’histiocytose X consécutives à certaines lésions irradiées. La résec-
repose avant tout sur la chirurgie avec énucléation tion tumorale relativement élargie semble préféra-
et curetage appuyé du pseudotissu de granulation ; ble au curetage en présence de lésions étendues et
les sacrifices dentaires sont fréquents et permet- difficiles d’accès. La surveillance radiologique ré-
traient de diminuer le risque de récidive. Certaines gulière est ultérieurement impérative.49 mais la
formes se caractérisent par des localisations multi- restitution d’une trame osseuse complète semble
ples : maxillomandibulaires, squelettiques, mais être rare.4,15
aussi pulmonaires, ganglionnaires et cutanées qui
doivent être systématiquement recherchées. Les Kyste solitaire de l’os (traumatique, essentiel)
formes demeurées isolées ne récidivent pas après Le diagnostic de la lésion est réalisé lors de la
un traitement conservateur. Les autres formes po- trépanation de la corticale externe, permettant de
lyostosiques et pulmonaires témoignent d’une évo- mettre en évidence une cavité dépourvue de revê-
lutivité rapide, et peuvent bénéficier d’une corti- tement membraneux, tantôt vide, tantôt remplie
cothérapie associée à une chimiothérapie d’un liquide sérohémorragique, voire de caillots. Le
(méthotrexate, vinblastine). curetage des parois, geste facultatif, recueille par-
fois un fin tissu fibreux ou de granulation, fort utile
Dysplasies cémento-osseuses pour le diagnostic anatomopathologique. La trépa-
Devant un tableau radioclinique typique de dyspla- nation de la lésion induit une restauration de la
sie cémentaire périapicale, si les dents sont vivan- trame osseuse radiologique en 9 à 12 mois.50
tes, l’abstention thérapeutique est la règle. L’exé- Les récidives sont exceptionnelles32contraire-
rèse limitée d’une lésion plus douteuse permet la ment à celles, plus fréquentes, des localisations
guérison complète. En revanche, la prise en charge aux membres. La rareté du kyste osseux solitaire
des patients atteints d’une dysplasie cémento- au-delà de l’âge de 25 ans suggère l’existence de
osseuse floride est souvent délicate et délabrante, guérisons spontanées.
avec possibilité d’ulcérations muqueuses, voire
d’ostéite.
Conclusion
Lésions pseudokystiques
Au terme de cette étude, la méthode conservatrice
Kyste anévrismal de première intention apparaît le plus souvent indi-
L’évolution spontanée du kyste anévrismal est va- quée. Le choix entre un traitement conservateur et
riable : lente ou bien rapide, elle se caractérise par une résection osseuse concerne presque exclusive-
des poussées inflammatoires itératives augmentant ment les tumeurs odontogéniques kystiques. Toute-
le volume tumoral, et exposant au risque de frac- fois, lorsque les conditions anatomoradiographi-
tures pathologiques et de tassements osseux dans ques l’autorisent, l’énucléation de première
les localisations extrafaciales. Lorsqu’il est techni- intention assure le diagnostic anatomopathologi-
58 B. Ruhin et al.
que et permet le plus souvent aux patients de 19. Fleuridas G. À propos de 47 cas de fibrome ossifiant,
guérir de manière simple d’une lésion pourtant dysplasie fibreuse craniofaciale et fibrome ossifiant juvé-
nile. [Thèse médecine], Paris XI, 1999. 141p.
réputée récidivante. À l’inverse, il serait parfaite-
20. Frankeny RL. Intralesional administration of formalin for
ment déraisonnable de proposer un traitement ra- treatment of epidermal cysts in five horses. J Am Vet Med
dical sur un kyste dentigère anormalement extensif Assoc 2003;223:221–2.
et malencontreusement non suspecté. 21. Forssell K, Forssell H, Kahnberg KE. Recurrence of
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