Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé. – Les tumeurs épithéliales malignes invasives de l’ovaire sont des tumeurs de mauvais pronostic. La
chirurgie est le temps essentiel du bilan d’extension et du traitement de ces tumeurs. Quel que soit le stade,
elle doit comporter au minimum une cytologie péritonéale, une hystérectomie avec annexectomie bilatérale,
une omentectomie, une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique, une appendicectomie et des
prélèvements péritonéaux multiples. Dans les stades I, chez les femmes jeunes désireuses d’une grossesse, on
peut proposer une conservation de l’utérus et de l’ovaire controlatéral. Dans les stades II et III, la stratégie
thérapeutique associe une chirurgie première et une chimiothérapie systématique. La chirurgie radicale,
comportant l’exérèse du maximum de nodules de carcinose visibles, avec, si nécessaire, des résections
digestives, est dans ces cas indispensable, la taille du reliquat tumoral en fin d’intervention étant le facteur
pronostique le plus important. Dans les stades avancés, cette chirurgie peut être précédée d’une
chimiothérapie néoadjuvante (trois à quatre cycles) afin de réduire les volumes tumoraux et donc
l’importance des gestes d’exérèse. Cette attitude est en cours d’évaluation.
Les tumeurs de l’ovaire à la limite de la malignité sont de bon pronostic quel qu’en soit le stade. La chirurgie
peut très souvent être conservatrice, en particulier chez la femme jeune.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Castaigne D et Morice P. Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Gynécologie, 41-555, 2001, 18 p.
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
¶ Bilan lésionnel
S’il existe une ascite, elle est prélevée d’emblée. Sinon, un lavage
péritonéal est effectué à la recherche d’une dissémination toujours
possible (20 % de cytologies positives dans les stades I et II). La
diffusion du cancer de l’ovaire est avant tout intrapéritonéale mais
aussi ganglionnaire rétropéritonéale. Le premier temps de
l’intervention consiste donc à apprécier la diffusion de la maladie.
Tous les éléments de l’abdomen et du pelvis sont examinés : ovaires,
Opérateur utérus, trompes, viscères, péritoine des gouttières pariétocoliques et
des coupoles diaphragmatiques, grand épiploon, foie, rate et chaînes
ganglionnaires rétropéritonéales. L’absence d’adénomégalie lors de
la palpation ne permettant pas d’éliminer une atteinte ganglionnaire,
une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique systématique est
réalisée. L’extension de la tumeur est très soigneusement précisée
dans le compte rendu opératoire.
En l’absence d’envahissement visible ou palpable, des biopsies
péritonéales systématiques sont effectuées au niveau du cul-de-sac
de Douglas, du cul-de-sac vésico-utérin, des gouttières
pariétocoliques et de la coupole diaphragmatique droite (fig 2). Le
taux de métastases microscopiques constaté sur ces biopsies
péritonéales systématiques avoisine 10 % dans les stades I et II [15].
La méconnaissance de ces envahissements infracliniques entraîne
donc une sous-évaluation du stade d’extension tumorale.
1 Incision médiane sous- et sus-ombilicale.
Au terme de ce bilan lésionnel et après confirmation histologique
des prélèvements systématiques ou non, il est possible d’établir le
*
A *
B
2 A. Biopsies péritonéales systématiques : cul-de-sac de Douglas, péritoine vésical, gouttières pariétocoliques.
B. Biopsies péritonéales systématiques : coupole diaphragmatique droite.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
¶ Exérèse tumorale
Le second temps de l’intervention est celui de l’exérèse tumorale.
Elle doit être impérativement la plus complète d’emblée, le facteur
pronostique principal des adénocarcinomes ovariens étant en effet
l’importance du volume tumoral résiduel après chirurgie initiale
[3, 16, 18, 20, 21, 26, 29]
.
L’expérience montre que, quelle que soit l’étendue des lésions, il est
presque toujours possible d’effectuer une résection tumorale
optimale (laissant en place des nodules ayant moins de 2 cm de
diamètre). Ce type de chirurgie est cependant difficile, nécessitant
une bonne expérience de la chirurgie pelvienne et de la chirurgie
digestive.
La nature des gestes à effectuer dépend bien évidemment des
constatations pré- et surtout peropératoires.
3
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
• Lymphadénectomie pelvienne
Elle commence par le repérage de l’uretère et son refoulement en
dedans (fig 8). On s’applique à ne pas le disséquer au plus près afin
de conserver ses attaches vasculaires avec le feuillet postérieur du
ligament large. Puis on ouvre la gaine vasculaire artérielle et
veineuse en regard de la bifurcation iliaque primitive. On enlève
progressivement d’arrière en avant les chaînes ganglionnaires
externes et moyennes du groupe iliaque externe en prenant contact
avec la veine en regard de la bifurcation de l’artère iliaque primitive.
On vérifie qu’il ne reste pas de ganglion au niveau de la région
rétrocrurale.
On réalise ensuite le curage de la chaîne interne en rasant le bord
inférieur de la veine iliaque externe et en allant jusqu’au contact du
muscle obturateur, les vaisseaux iliaques externes étant réclinés en
dehors par l’écarteur de Papin. Le nerf obturateur est découvert,
soit en avant, soit en arrière ; il marque la limite inférieure de la
dissection, les limites antérieures étant l’anneau crural et les limites
postérieures le confluent veineux iliaque primitif (fig 9).
On s’assure qu’il n’existe pas de ganglion résiduel sous la bifurcation
veineuse et en arrière de l’anneau crural.
Une ligature ou un gros clip assure la lymphostase en arrière de
l’arcade crurale.
• Lymphadénectomie lomboaortique
6 Omentectomie systématique de la partie flottante de l’épiploon utilisant la pince
mécanique ILDS. L’exposition du champ opératoire est obtenue par trois écarteurs
autostatiques :
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
5
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
12 Après décollement du côlon droit et de la troisième portion du duodénum : l’ure- 14 Curage ganglionnaire latérocave droit et précave. Le tissu celluloganglionnaire si-
tère droit est visualisé sur tout son trajet ; la veine ovarienne droite est liée et sectionnée tué à la face antérieure et latérale droite de la veine cave est prélevé après ouverture de la
à 1 cm de la veine cave inférieure ; l’artère ovarienne droite est liée à son origine. gaine vasculaire.
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
7
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
17 Curage ganglionnaire latéroaortique gauche sous-mésentérique après avoir ré- 18 Exérèse des ganglions du promontoire.
cliné l’artère mésentérique inférieure par une valve de Papin (l’uretère gauche étant ré-
cliné par une valve). macroscopiquement complète est possible à condition d’utiliser un
abord pelvien sous-péritonéal pour réaliser une exérèse monobloc
cave ; ces plaies sont facilement contrôlées avec des ligatures emportant le péritoine pelvien, l’utérus, les annexes et la charnière
électives. En revanche, il ne faut pas méconnaître une plaie des rectosigmoïdienne (fig 21) [23]. Sous le cul-de-sac de Douglas, le
veines lombaires, qui peut être difficile à contrôler car elles se rectum est généralement sain et une anastomose colorectale est
rétractent rapidement. possible, parfois sous couvert d’une colostomie provisoire de proche
En postopératoire : amont.
– des hémorragies postopératoires peuvent survenir ; elles sont alors Une lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique doit être
liées le plus souvent à un lâchage de la ligature d’un pédicule réalisée ; le taux d’envahissement ganglionnaire varie de 25 à 50 %
lombo-ovarien ou un saignement secondaire d’une veine lombaire ;
[4, 9]
.
L’intervention comporte un temps pelvien et un temps abdominal.
– les lymphocèles sont les complications postopératoires les plus
fréquentes (5 %) ; elles doivent être évoquées en cas de douleurs Temps pelvien (fig 22).
abdominopelviennes et/ou de fièvre. Le diagnostic est confirmé par – La ligature-section des pédicules lombo-ovariens et la ligature-
des examens radiologiques (échographie, scanner). Elles peuvent section des ligaments ronds permettent l’ouverture du ligament
être traitées par ponction-drainage radioguidée. Le drainage large.
chirurgical, pratiqué en cas d’échec des techniques radioguidées, est
actuellement exceptionnel. – On effectue ensuite éventuellement la ligature du tronc antérieur
de l’artère hypogastrique à son origine ainsi que la
Chirurgie des stades IIb et III lymphadénectomie iliaque externe bilatérale qui est réalisée après
avoir découvert les uretères sur leur trajet pelvien (fig 23).
Il s’agit d’une chirurgie d’exérèse d’emblée élargie mais l’étendue
des résections est différente selon qu’il s’agit d’un stade IIb ou d’un – En cas d’atteinte du rectosigmoïde, on effectue ensuite la section
stade III [28]. de l’anse sigmoïde en zone saine (5 cm environ au-dessus de la
tumeur) après section du méso en regard et ligature du pédicule
• Chirurgie des stades IIb hémorroïdal supérieur. La section sigmoïdienne peut être effectuée
sans ouverture préalable grâce à l’utilisation d’une pince
La diffusion tumorale est par définition limitée au pelvis avec un automatique type GIA, ce qui supprime un temps septique. La pièce
envahissement extrêmement fréquent du cul-de-sac de Douglas et, est alors mobilisable, ce qui facilite son exérèse (fig 24).
le plus souvent, de la charnière rectosigmoïdienne par contiguïté.
En l’absence d’extension au rectosigmoïde, une douglassectomie – Le temps suivant est celui du décollement rétrorectal qui doit être
peut être pratiquée. Si le tube digestif est envahi, une résection de la poussé nettement sous la tumeur (ce clivage du plan présacré ne
charnière rectosigmoïdienne doit être réalisée. Dans ces cas, la pose généralement aucun problème) (fig 25).
chirurgie est relativement simple et permet toujours d’obtenir un – Le temps suivant consiste à décoller le péritoine vésical antérieur
reliquat tumoral nul en fin d’intervention. L’exérèse tumorale de proche en proche jusqu’au cul-de-sac vésico-utérin. On résèque
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
*
A *
B
19 A. Exérèse du ganglion iliaque primitif droit (l’uretère gauche étant récliné en de- B. Curage iliaque primitif gauche et résection du ligament lombo-ovarien gauche
hors par une valve de Papin). en totalité.
les éventuels nodules de carcinose sur le péritoine vésical. Les totalité des pédicules lombo-ovariens, l’exérèse de la totalité du
décollements antérieur vésicovaginal et postérieur rétrorectal étant grand épiploon (jusqu’à la grande courbure gastrique) et les
réalisés, on s’aperçoit qu’il est toujours possible d’extirper la tumeur différents prélèvements péritonéaux précédemment décrits.
(fig 26). Après avoir vérifié l’hémostase, le drainage est réalisé grâce à un
– Le temps suivant est celui de la colpotomie : ouverture de la paroi drain aspiratif situé dans le pelvis, en arrière de l’anastomose
vaginale antérieure au bistouri, désinfection vaginale, section de la rectocolique. Un autre drain peut éventuellement être mis en place
paroi vaginale postérieure au ciseau, largement sous en avant des gros vaisseaux, au niveau du curage lomboaortique,
l’envahissement tumoral. La pièce n’est plus alors retenue que par sans péritonisation préalable.
le rectum et les ailerons latéraux (fig 27). • Complications de la chirurgie des stades IIb
– Le dernier temps est celui de la section du rectum après ligature Les complications de la lymphadénectomie sont les mêmes que dans
des sections des ailerons (fig 28). Afin d’éviter la contamination de les stades I et IIa. Elles sont néanmoins plus fréquentes car la
la cavité abdominale, on effectue la section rectale en utilisant, soit lymphadénectomie lomboaortique peut être plus difficile du fait de
une pince mécanique type TA, soit les ciseaux entre deux clamps la fréquence de l’atteinte ganglionnaire. La suture digestive peut se
digestifs (fig 29, 30). compliquer d’une fistule secondaire. Le taux de ce type de
– L’anastomose colorectale, si elle est possible, peut être effectuée complications est difficile à évaluer car les études incluent souvent
manuellement par deux surjets de fil résorbable 3/0 ou à la pince des malades de stades II, III et IV. Dans une récente série, le taux de
mécanique par voie endoanale (pince EEA) en fonction de la hauteur fistule anastomotique est de 1,5 % [47]. Ce risque peut être réduit en
de cette anastomose. Il est souvent nécessaire, pour effectuer cette appliquant les règles rigoureuses de la chirurgie des anastomoses
anastomose sans traction, de libérer l’angle gauche colique et il est digestives : préparation colique préopératoire, hémostase parfaite en
parfois plus prudent d’effectuer une colostomie de décharge de fin d’intervention pour éviter des hématomes éventuellement à
proche amont ou une iléostomie, surtout lorsque l’anastomose l’origine de fistule secondaire, absence de traction et bonne
effectuée est basse (fig 31). vascularisation des segments coliques. La préparation colique
préopératoire débute 5 jours avant l’intervention par un régime sans
– Dans certains cas, l’atteinte du Douglas est modérée et il est alors résidu, puis 4 L de soluté per os (en 24 ou 48 heures) pour la vidange
possible de pratiquer une douglassectomie simple sans résection colique (type macrogol 4000 : Fortranst) et un ou deux lavement(s)
digestive. Les nodules de carcinose éventuels sur le péritoine par le rectum selon la qualité de la préparation du côlon.
latéropelvien sont réséqués. Cette exérèse nécessite souvent une
Les fistules urétérales secondaires sont très rares (< 1 %). Elles
dissection de la portion pelvienne de l’uretère.
peuvent être dues à une dévascularisation de la portion pelvienne
Temps abdominal. de l’uretère du fait d’une dissection trop poussée. Elles sont curables
On réalise une lymphadénectomie lomboaortique et iliaque par les techniques de radiologie interventionnelle (néphrostomie
primitive après décollement colique droit avec résection dans leur et/ou endoprothèse urétérale).
9
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
21 Coupe sagittale. Tumeur ovarienne envahissant le cul-de-sac de Douglas et la 23 Ligature et section du tronc antérieur de l’artère hypogastrique à son origine,
charnière rectosigmoïdienne. après avoir repéré l’uretère et réalisé la lymphadénectomie pelvienne.
10
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
11
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
12
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
13
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
CHIRURGIE CONSERVATRICE
La chirurgie conservatrice, théoriquement contre-indiquée dans les
tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire, peut toutefois se concevoir
chez des femmes très jeunes, nullipares ou désireuses de maternité
et porteuses d’une tumeur unilatérale bien encapsulée sans atteinte
ni rupture de la capsule, ni adhérences (stade Ia) [10, 33, 46]. Ce type de
prise en charge ne devrait être proposé qu’aux patientes ayant une
tumeur de grade 1 ou 2, après information et obtention du
consentement éclairé des patientes. Les patientes ayant des tumeurs
histologiquement plus agressives (carcinomes indifférenciés,
carcinome à cellules claires de l’ovaire) ne peuvent pas bénéficier
d’un traitement conservateur.
Pour pouvoir proposer un traitement conservateur, il faut que le
bilan chirurgical ait été complet pour permettre un bilan d’extension
exact : celui-ci doit donc impérativement inclure une cytologie
péritonéale, une omentectomie, des biopsies péritonéales
systématiques multiples, un curetage biopsique de l’endomètre, une
d’exérèse, a priori lourde, malgré l’absence de chimiosensibilité de lymphadénectomie pelvienne et lomboaortique. Une des questions
la tumeur ou bien faut-il modifier la chimiothérapie ? Aucune étude les plus importantes et controversées est celle de la réalisation d’un
14
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
15
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
35 Abord et dissection lomboaortiques par voie cœlioscopique après ouverture 36 Curage ganglionnaire latéroaortique gauche.
du péritoine le long de l’artère iliaque primitive droite.
16
Techniques chirurgicales Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire 41-555
exclusivement chirurgical (à condition d’avoir bénéficié d’une ¶ Devant une tumeur ovarienne unilatérale isolée
stadification complète), cette chirurgie est suivie d’une
– Une annexectomie bilatérale (associée ou non à une hystérectomie)
chimiothérapie. Cette chimiothérapie est en règle une
chez les patientes traitées en postménopause. Chez les patientes
polychimiothérapie associant (en première ligne) au moins un sel de
jeunes souhaitant préserver leur fertilité ultérieure, une chirurgie
platine pendant une durée minimale de six cycles. Ses modalités
conservatrice (kystectomie, ovariectomie ou annexectomie
sont abordées par ailleurs [27].
unilatérale) peut être réalisée.
– Un lavage péritonéal systématique pour examen cytologique.
Résultats du traitement des tumeurs – Une omentectomie partielle enlevant la partie flottante de
l’épiploon.
invasives
– Des biopsies péritonéales multiples.
Dans les formes limitées (stades I et IIa), les résultats sont – Il n’y a pas d’indication à faire un curage pelvien et lomboaortique
généralement bons et la survie à 5 ans varie de 60 à 80 % [48]. Dans réglé systématique. En cas d’adénomégalie, une adénectomie est
les formes évoluées (stades IIb, III et IV), la plupart des études alors pratiquée.
publiées à ce jour montrent que le facteur pronostique le plus – Une appendicectomie systématique.
important de la maladie est la présence ou non d’un reliquat tumoral La biopsie systématique de l’ovaire controlatéral normal n’est plus
après la chirurgie initiale : c’est ainsi que la survie à 5 ans des préconisée car elle n’est pas performante et risque de compromettre
patientes ayant un cancer de l’ovaire stade III se situe entre 35 et la fertilité de ces patientes.
50 % selon les auteurs en cas de chirurgie optimale, alors qu’elle est
Ce traitement conservateur augmente le risque de récidive
inférieure à 10 % en cas de reliquat tumoral postopératoire
ovarienne [34] . La kystectomie expose au risque de récidive
important ne laissant en place que des nodules tumoraux dont le
homolatérale et l’annexectomie au risque de récidive
diamètre est inférieur à 2 cm.
controlatérale [34]. Les patientes doivent être informées de ce risque.
Ces résultats démontrent l’importance de la qualité de la chirurgie Mais, dans notre expérience, ces récidives après traitement
initiale, fondamentale pour optimiser la survie des patientes. Des conservateur sont toujours survenues avec une histologie de type
études démontrent que celle-ci dépend de la formation et de borderline (jamais sur un mode invasif), ont toujours été accessibles
l’habitude du chirurgien prenant en charge les tumeurs malignes de à un traitement chirurgical itératif et n’ont jamais mis en jeu le
l’ovaire. Ainsi, dans ces travaux, l’exhaustivité de la stadification et pronostic vital [34]. Ce traitement conservateur permet de préserver
les résultats de la chirurgie d’exérèse (en particulier dans les la fertilité et d’obtenir des grossesses [17, 34, 36]. Néanmoins, compte
stades III) sont meilleurs lorsque cette chirurgie est pratiquée par tenu du risque de récidive, une surveillance étroite clinique,
des gynécologues spécialisés en cancérologie [14, 24, 39]. échographique et biologique (marqueurs) doit être instituée afin de
prendre en charge précocement les récidives ovariennes éventuelles.
Il n’y a pas d’indication à mettre en œuvre un traitement adjuvant ;
Chirurgie des tumeurs à la limite il n’y a pas non plus d’indication à réaliser une réintervention de
de la malignité (borderline) contrôle systématique (second look).
Références ➤
17
41-555 Chirurgie des tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire Techniques chirurgicales
Références
[1] Baiocchi G, Raspagliesi F, Grosso G, Fontanelli R, Cobellis L, [20] Hacker NF, Berek JS, Lagasse LD, Nieberg RK, Elashoff RM. [39] Nguyen HN, Averette HE, Hoskins W, Penalver M, Sevin BU,
DiRe E et al. Early ovarian cancer: is there a role for system- Primary cytoreductive surgery for epithelial ovarian cancer. Steren A. National survey of ovarian carcinoma. Part V. The
atic pelvic and para-aortic lymphadenectomy ? Int J Gynecol Obstet Gynecol 1983 ; 61 : 413-420 impact of physician’s specialty on patients’survival. Cancer
Cancer 1998 ; 8 : 103-108 [21] Heintz AP. Surgery in advanced ovarian carcinoma: is there 1993 ; 72 : 3663-3670
[2] Benedetti-Panici P, Greggi S, Maneschi F, Scambia G, proof to show benefit ? Eur J Surg Oncol 1988 ; 14 : 91-99 [40] Pautier P, Rey A, Michel G, Castaigne D, Rochard F,
Amoroso M, Rabitti C et al. Anatomical and pathological [22] Hoskins MP, Von Gruenigen V, Gaich S. Laparoscopic port Duvillard P et al. Seconde laparotomie négative dans les
study of retroperitoneal nodes in epithelial ovarian cancer. site implantation with ovarian cancer. Am J Obstet Gynecol cancers de l’ovaire. Analyse de la survie et des facteurs
Gynecol Oncol 1993 ; 51 : 150-154 2000 ; 182 : 735-736 pronostiques à partir de 64 cas traités à l’Institut Gustave
[3] Bertelsen K. Tumor reduction surgery and long-term sur- Roussy. Bull Cancer 1997 ; 84 : 147-154
[23] Hudson CN. Surgical treatment of ovarian cancer. Gynecol
vival in advanced ovarian cancer: a DACOVA study. Oncol 1973 ; 1 : 370-378 [41] Petru E, Lahousen M, Tamussino K, Pickel H, Stranzl H,
Gynecol Oncol 1990 ; 38 : 203-209 Stettner H et al. Lymphadenectomy in stage I ovarian
[24] Junor EJ, Hole DJ, McNulty L, Mason M, Young J. Specialist
[4] Burghardt E, Girardi F, Lahousen M, Tamussino K, Stettner gynaecologists and survival outcome in ovarian cancer: a cancer. Am J Obstet Gynecol 1994 ; 170 : 656-662
H. Patterns of pelvic and paraaortic lymph node involve- Scottish national study of 1 866 patients. Br J Obstet Gynae- [42] Piver MS, Baker T. The potential for optimal (less than or
ment in ovarian cancer. Gynecol Oncol 1991 ; 40 : 103-106 col 1999 ; 106 : 1130-1136 equal to 2 cm) cytoreductive surgery in advanced ovarian
[5] Burghardt E, Winter R. The effect of chemotherapy on [25] Leblanc E, Querleu D, Lanvin D. Laparoscopic staging of carcinoma at a tertiary medical center. A prospective study.
lymph node metastases in ovarian cancer. Baillieres Clin early invasive adnexal tumors. 7th meeting of international Gynecol Oncol 1986 ; 24 : 1-8
Obstet Gynaecol 1989 ; 3 : 167-171 gynecologic cancer society. (Rome 1999). Int J Gynecol [43] Potter ME, Hatch KD, Soong SJ, Partridge EE, Austin JM Jr,
[6] Castaldo TW, Petrilli ES, Ballon SC, Lagasse LD. Intestinal Cancer 1999 ; (suppl 1) : A125 Shingleton HM. Second-look laparotomy and salvage
operations in patients with ovarian carcinoma. Am J Obstet [26] Le Bouedec G, BenAhmed S, Plagne R, Dauplat J. Cancers therapy: a research modality only ? Gynecol Oncol 1992 ;
Gynecol 1981 ; 139 : 80-84 épithéliaux de l’ovaire de stades III et IV. Rôle pronostique 44 : 3-9
[7] Chen SS, Bochner R. Assessment of morbidity and mortal- de la réduction tumorale chirurgicale. Presse Méd 1990 ; [44] Querleu D, Leblanc E. Laparoscopic infrarenal paraaortic
ity in primary cytoreductive surgery for advanced ovarian 19 : 506-510 lymph node dissection for restaging of carcinoma of the
carcinoma. Gynecol Oncol 1985 ; 20 : 190-195 [27] Lhommé C, Pautier P. Facteurs pronostiques et chimiothé- ovary or fallopian tube. Cancer 1994 ; 73 : 1467-1471
[8] Clough KB, Ladonne JM, Nos C, Renolleau C, Validire P, rapie de première ligne des adénocarcinomes ovariens. [45] Querleu D, Leblanc E. Gynecologic cancer. In : Gomel V,
Durand JC. Second look for ovarian cancer: laparoscopy or Encycl Méd Chir (Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier Taylor PJ eds. Diagnostic and operative gynecologic lap-
laparotomy ? A prospective comparative study. Gynecol SAS, Paris). Gynécologie, 630-G-10, 2000 : 1-8 aroscopy. St Louis : CV Mosby, 1995 : 277
Oncol 1999 ; 72 : 411-417 [28] Michel G, Castaigne D, Morice P. Le traitement actuel des [46] Raspagliesi F, Fontanelli R, Paladini D, Di Re E. Conservative
[9] Di Re F, Fontanelli R, Raspagliesi F, Di Re E. Pelvic and para- tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire. Ann Chir 1997 ; surgery in high-risk epithelial ovarian carcinoma. J Am Coll
aortic lymphadenectomy in cancer of the ovary. Baillieres 51 : 1051-1057 Surg 1997 ; 185 : 457-460
Clin Obstet Gynaecol 1989 ; 3 : 131-142 [29] Michel G, Castaigne D, Morice P, Lhommé C, Duvillard P.
[47] Scarabelli C, Gallo A, Franceschi S, Campagnutta E, De G,
[10] Di Saia PJ. Fertility-sparing treatment of patients with La chirurgie supra-radicale des cancers de l’ovaire avancés
Giorda G et al. Primary cytoreductive surgery with rectosig-
ovarian cancer. Compr Ther 1990 ; 16 : 35-42 (stades III et IV). Contracept Fertil Sex 1997 ; 25 (suppl 8) :
moid colon resection for patients with advanced epithelial
[11] Duvillard P. Tumeurs ovariennes à la limite de la malignité. 5-11
ovarian carcinoma. Cancer 2000 ; 88 : 389-397
Ann Pathol 1996 ; 16 : 396-405 [30] Michel G, Castaigne D, Morice P, Lhommé C, Duvillard P.
Stratégie per-opératoire devant une tumeur ovarienne [48] Standards Options Recommandations (SOR). Tumeurs
[12] Eifel P, Hendrickson M, Ross J, Ballon S, Martinez A, épithéliales malignes de l’ovaire. Fédération nationale des
Kempson R. Simultaneous presentation of carcinoma limitée. Rev Fr Gynécol Obstét 1998 ; 93 : 25-28
centres de lutte contre le cancer. John Libbey Eutotext.
involving the ovary and the uterine corpus. Cancer 1982 ; [31] Michel G, Morice P, Castaigne D, Lanoux P. Stratégie chi- 1998
50 : 163-170 rurgicale devant une carcinose péritonéale d’origine ova-
rienne. J Chir 1997 ; 134 : 229-232 [49] Van Der Burg ME, Van Lent M, Buyse M, Kobiersa A,
[13] Eisenkop SM, Friedman RL, Spirtos NM. The role of second- Colombo N, Favalli G et al. The effect of debulking surgery
ary cytoreductive surgery in the treatment of patients with [32] Michel G, Zarca D, Castaigne D, Prade M. Secondary after induction chemotherapy on the prognosis in
recurrent epithelial ovarian carcinoma. Cancer 2000 ; 88 : cytoreductive surgery in ovarian cancer. Eur J Surg Oncol advanced epithelial ovarian cancer. N Engl J Med 1995 ;
144-153 1989 ; 15 : 201-204 332 : 629-634
[14] Eisenkop SM, Spirtos NM, Montag TW, Nalick RH, Wang [33] Moore MM, Tewari K, Scott Rose G, Fruerhauf JP, Di Saia J.
[50] Vergote I, De Wever I, Tjalma W, Van Gramberen M,
HJ. The impact of subspecialty training on the manage- Long-term consequences following conservative manage-
Decloedt J, VanDam P. Neoadjuvant chemotherapy or
ment of advanced ovarian cancer. Gynecol Oncol 1992 ; 47 : ment of epithelial ovarian cancer in an infertile patient.
primary debulking surgery in advanced ovarian carci-
203-209 Gynecol Oncol 1999 ; 73 : 452-454
noma: a retrospective analysis of 285 patients. Gynecol
[15] Faught W, Le T, Fung Kee Fung M, Krepart GV, Lotocki RJ, [34] Morice P, Camatte S, ElHassan J, Pautier P, Duvillard P, Oncol 1998 ; 71 : 431-436
Heywood MS. Epithelial ovarian cancer staging: where is Castaigne D. Clinical outcomes and fertility results after
the microscopic disease actually found ? 7th meeting of conservative treatment for ovarian borderline tumor. Fer- [51] Walter AJ, Magrina JF. Contralateral pelvic and aortic lymph
international gynecologic cancer society. (Rome1999). Int tility and sterility 2000 (in Press) node metastasis in clinical stage I epithelial ovarian cancer.
J Gynecol Cancer 1999 ; (suppl 1) : A147 Gynecol Oncol 1999 ; 74 : 128-129
[35] Morice P, Viala J, Pautier P, Lhommé C, Duvillard P, Castai-
[16] Gallion HH, VanNagell JR, Donaldson ES, Hanson MB, gne D. Port site metastasis after laparoscopic surgery for [52] Weinstein D, Polishuk WZ. The role of wedge resection of
Kryscio RJ. Prognostic implications of large volume residual gynecological cancer. Report of 6 cases and surgical impli- the ovary as a cause for mechanical sterility. Surg Gynecol
disease in patients with advanced stade epithelial ovarian cations for prevention. J Reprod Med 2000 ; 45 : 837-840 Obstet 1975 ; 141 : 417-418
cancer. Gynecol Oncol 1987 ; 27 : 220-225 [36] Morris RT, Gershenson DM, Silva EG, Follen M, Morris M, [53] Wu PC, Lang JH, Huang RL, Qu JY, Wang H, Tang MY et al.
[17] Gottlieb W, Flikker S, Davidson B, Korach Y, Kopolovic J, Wharton JT. Outcome and reproductive function after con- Lymph node metastasis and retroperitoneal lymphadenec-
Ben-Baruch G. Borderline tumors of the ovary: fertility servative surgery for borderline ovarian tumors. Obstet tomy in ovarian cancer. Baillieres Clin Obstet Gynaecol
treatment, conservative management, and pregnancy Gynecol 2000 ; 95 : 541-547 1989 ; 3 : 143-155
outcome. Cancer 1998 ; 82 : 141-146 [37] National institutes of health consensus development [54] Young RC, Decker DG, Wharton JT, Piver MS, Sindelar WF,
[18] Griffiths TC, Parker LM, Fuller AF. Role of cytoreductive sur- conference statement. Ovarian cancer: screening, treat- Edwards BK et al. Staging laparotomy in early ovarian
gical treatment in the management of advanced ovarian ment and follow-up. Gynecol Oncol 1994 ; 55 : 4-14 cancer. JAMA 1983 ; 250 : 3072-3076
cancer. Cancer Treat Rep 1979 ; 63 : 235-240 [38] Nelson BE, Rosenfield AT, Schwartz PE. Preoperative [55] Zanetta G, Chiari S, Rota S, Bratina G, Manbo A, Torri V
[19] Guidozzi F, Ball JH. Extensive primary cytoreductive surgery abdominopelvic computed tomographic prediction of et al. Conservative surgery for stage I ovarian carcinoma in
for advanced epithelial ovarian cancer. Gynecol Oncol optimal cytoreduction in epithelial ovarian carcinoma. J women of childbearing age. Br J Obstet Gynaecol 1997 ;
1994 ; 53 : 326-330 Clin Oncol 1993 ; 11 : 166-172 104 : 1030-1035
18