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Geste de base

La suture digestive de base


X. Pouliquen
Service de Chirurgie Digestive et Générale, Centre Hospitalier Victor Dupouy - Argenteuil.
e-mail : xavier.pouliquen@ch-argenteuil.fr
Correspondance : X. Pouliquen, Service de Chirurgie Digestive et Générale, Centre Hospitalier Victor Dupouy, F 95100 Argenteuil.

162 Introduction
La suture de l’intestin est à la base de la chirurgie La bonne tenue d’une suture digestive dépend avant
digestive. Cependant, les traités de technique tout de quatre facteurs : 1) la bonne vascularisation des
opératoire considèrent le plus souvent ce geste comme berges ; 2) l’absence de tension entre les berges ;
connu et se contentent d’illustrer les montages 3) une bonne technique de suture ; 4) un
anastomotiques des opérations digestives, sans détailler environnement favorable.
la technique de la suture elle-même. Il nous paraît donc C’est le troisième facteur, technique, qui sera détaillé
nécessaire d’offrir aux chirurgiens jeunes (ou moins dans une série d’articles sur les anastomoses digestives.
jeunes...) la décomposition de cette gestuelle de base. Voici le premier de ces articles.

Mots-clés : Divers. Geste de base. Suture digestive.

J Chir 2001;138 :162-165 © Masson, Paris 2001


J. CHIR., 2001, 138, N° 3
© MASSON, PARIS, 2001 Geste de base

1 Préparation de l’intestin
L’intestin doit être dénudé circulairement en prévoyant de le couper à 5 mm au-delà de la section du méso. La section du méso
doit être perpendiculaire à l’intestin, en prenant garde de couper l’arcade bordante à une distance suffisante pour que sa ligature
n’englobe pas le dernier vaisseau court (cartouche).

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Section de l’intestin
2 Elle doit se faire progressivement et plan par plan, aux
ciseaux ou au bistouri, de façon à pouvoir coaguler électivement
les vaisseaux sur une muqueuse étalée. Pour mieux présenter et
tendre celle-ci, l’opérateur doit tenir lui-même l’intestin de la
main gauche entre les deux pinces digitales index-médius et
pouce-annulaire.

3 La suture en un plan
Elle fait aujourd’hui l’unanimité. Son secret n’est pas tant
d’être extra-muqueuse : le principal intérêt de respecter la
muqueuse est de ne pas être visuellement gêné par son inclusion
dans la suture. L’essentiel est en fait de prendre la sous-muqueuse,
seule tunique conjonctive solide, mais invisible à l’œil nu et
ayant tendance à se rétracter entre la muqueuse et la musculeuse.
Un passage oblique de l’aiguille (dans la crainte de prendre la
muqueuse) risque de ne pas intéresser cette tunique. Il est donc
impératif que l’attaque, et la traversée pariétale, soient
perpendiculaires à l’intestin avant de ressortir dans le plan extra-
muqueux.
La suture digestive de base X. Pouliquen

a b c

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d e

Comment faire ?
4 a) L’aiguille une fois posée sur la séreuse, son premier mouvement doit être un léger recul de sa pointe creusant une fossette
qui achève de verticaliser la berge soulevée par la pince.
b) L’aiguille est alors poussée, traversant perpendiculairement l’intestin jusqu’à repousser la muqueuse, voire la piquer
légèrement.
c) Pour ressortir en extra-muqueux, il ne faut pas chercher à redresser la pointe de l’aiguille en risquant de déchirer la sous-muqueuse,
mais continuer à la pousser dans son axe en refoulant seulement la muqueuse avec la pince à disséquer.
d) Sur l’autre berge de l’anastomose, et avant de la traverser, la pointe de l’aiguille doit encore marquer un mouvement
de recul qui refoule la muqueuse dans la lumière intestinale.
e) Pour améliorer la perpendicularité du trajet et éviter une sortie trop lointaine, il peut être utile de faire un
contre-appui avec la pince à disséquer, creusant la paroi à l’endroit choisi.
J. CHIR., 2001, 138, N° 3
© MASSON, PARIS, 2001 Geste de base

Conduite de la suture
5 Elle doit être menée de droite à gauche ou de l’aide vers
soi. L’espacement des points de ponction doit être égal à la
distance entre ces points et la tranche de section (en moyenne
5 mm). La pince à disséquer doit précéder l’aiguille
d’au moins 1 cm. Elle soulève la berge en y formant un bourrel
et séro-musculaire sans chercher à saisir la muqueuse,
fragile et hémorragique. À la fin de la suture, elle se contente
d’écarter les berges sans les saisir.

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Le surjet
6 C’est la méthode de suture la plus simple, la plus rapide et
la plus économique. Il est donc à recommander chaque fois qu’il
est techniquement possible. Dans les cas les plus faciles, on peut
le mener d’un seul tenant. Dans les autres cas, il est plus
commode de faire deux hémi-surjets en utilisant deux aiguillées
ou une aiguillée doublement sertie. Si un brin du point d’arrêt
dispose d’une aiguille, il vaut mieux revenir avec cette aiguille en
revers à la rencontre du surjet plutôt que de terminer ce dernier
sur le point déjà noué en risquant ainsi de le rendre ischémiant.

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