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I- DEFINITION :

O La colostomie est l’abouchement du côlon à la peau afin de donner issue au contenu intestinal.
O Cet abouchement peut être temporaire ou définitif.
O Impératifs techniques à respecter : la colostomie doit être d’exécution facile et ne pas comporter de morbidité
propre, elle doit dériver la totalité des matières et être facilement appareillable par le patient lui-même.

II- COLOSTOMIES LATERALES :


A- Colostomie latérale sur baguette iliaque ou transverse :
O L’extériorisation du côlon sans interruption de sa continuité n’est possible que sur un segment mobile, non accolé.
O Les colostomies latérales sont donc transverses ou sigmoïdiennes.
O Elles sont le plus souvent provisoires.
O Il y a relativement peu d’indications pour les colostomies transverses gauches, qui risquent d’interférer dans la
succession des gestes, en gênant ou en empêchant une mobilisation du côlon gauche.

1- Voies d’abord :
O 03 voies d’abord peuvent être utilisées : iliaque gauche, transverse droite et transverse gauche.
O L’incision cutanée est le temps le plus important : elle conditionne le siège de la colostomie et ses facilités
d’appareillage.
 Elle doit donc ne pas être trop importante, être à distance d’un relief osseux (rebord chondral ou crête iliaque),
et ne pas gêner une éventuelle incision médiane.
 Sa longueur est variable avec la morphologie de l’opéré.
O Ces incisions se font au bord externe de la gaine des droits : une fois traversés les plans cellulograisseux sous-
cutanés, on ouvre donc le feuillet antérieur de la gaine du droit et l’aponévrose du grand oblique.
O Afin de diminuer le risque d’éventration postopératoire, ne pas sectionner le muscle droit mais le récliner.
O Le feuillet postérieur de la gaine est ensuite incisé avec le péritoine qui est immédiatement repéré par 04 points.

2- Extériorisation du côlon :
O En cas d’abord électif : Identifier le segment colique  le sigmoïde à ses appendices épiploïques, et le transverse
à l’insertion du grand épiploon.
O En cas d’intervention pour occlusion : affaisser d’abord le côlon distendu.
O L’intestin est extériorisé avec une pince atraumatique type Duval.
O Un drain ou une baguette plastique est ensuite passé à travers le mésocôlon.
O En cas d’extériorisation transverse, il peut être nécessaire de décoller partiellement l’épiploon du segment
extériorisé.
3- Fixation colique :
O Temps essentiel afin de prévenir les rétractions de stomie et les éviscérations parastomiales.
O Fixation du côlon au plan péritonéal : par les 04 points de repérage précédemment mis en place (chargeant la
séromusculeuse colique) + points intermédiaires si brèche péritonéale large.
  La fixation au péritoine prévient les éviscérations péristomiales.
O Eperon colique : par adossement des 02 pieds de l’anse colique par quelques points (fil 4/0 à résorption lente).
  L’éperon permet une dérivation totale du contenu intestinal vers la colostomie.

4- Fermeture cutanée pariétale :


O Lorsque l’on est intervenu par voie élective, il peut être nécessaire de refermer très partiellement l’incision
aponévrotique de part et d’autre du côlon extériorisé, par un ou deux points de fil à résorption lente.
O L’incision cutanée est refermée sans serrer l’intestin par un ou deux points passés de chaque côté.

5- Ouverture du côlon et appareillage :


O Le côlon, ainsi extériorisé sans aucune traction, est ouvert en fin d’intervention (après pansement d’une
éventuelle médiane associée) par une colotomie transversale au sommet de la boucle.
O Une hémostase par coagulation des vaisseaux sous-muqueux est nécessaire.
O Une fois ouverte, la colostomie est immédiatement appareillée : grande poche autocollante transparente
vidangeable.
O Un toucher le lendemain de l’opération peut être utile pour s’assurer de l’absence de chicane.
O Drain et baguette sont enlevés au 10e jour, l’appareillage avec une poche plus petite étant alors possible.
O Aucune irrigation colique n’est en principe proposée aux opérés porteurs de stomie temporaire, et le régime
alimentaire peut être normal.

6- Fermeture :
O La fermeture d’une colostomie n’est pas un geste de chirurgie colique « négligeable ».
O C’est une suture colique, avant laquelle il faut s’être assuré de l’absence de tout obstacle en aval, et pour lequel il
faut préparer le côlon à la fois par lavements pour le segment d’aval et par irrigations (mannitol, polyéthylène
glycol [PEG], X-Prept...) pour le segment d’amont.
O Cette suture colique ne peut être entreprise sans risque avant un certain délai nécessaire à la maturation de la
stomie et à la disparition des phénomènes inflammatoires locaux : un délai de 2 à 3 mois.
O Technique de la fermeture :
 Incision circonscrivant la stomie et emportant à son pourtour quelques millimètres de peau.
 Dégager le côlon du tissu celluleux sous-cutané.
 Libération complète du plan musculo-aponévrotique et péritonéal : elle est parfois laborieuse.
 Présenter le côlon dégagé par 02 pinces type Babcock.
 Excision économique des berges de la stomie + hémostase des vaisseaux sous-muqueux.
 Les berges coliques doivent être souples, bien dégagées, et venir au contact sans aucune traction.
 Un surjet extramuqueux de fil à résorption lente referme transversalement l’intestin qui est ensuite
doucement repoussé dans l’abdomen aussi loin que possible de la brèche pariétale.
 Dans certains cas, les remaniements locaux imposent une très courte résection et une anastomose
terminoterminale immédiate.
 Refermer l’ouverture musculoaponévrotique en 02 plans de fil 0 à résorption lente, points simples ou en « X ».
 Refermer la peau sur un drainage filiforme ou, exceptionnellement, la laisser ouverte avec un pansement gras.
B- Variantes techniques :
1- Variantes de détail :
O Voie d’abord :
 Voie médiane de principe pour certains : peu justifié, même en cas d’occlusion intestinale complète par cancer.
O Siège de la colostomie :
 La localisation médiane en particulier, au niveau de l’ombilic, a une certaine vogue outre-Atlantique.
O Modalités de confection de l’éperon :
 Le simple adossement des deux anses coliques par quelques points séparés de fil à résorption lente est
suffisant, et l’interposition d’un coin pariétal selon Quenu est en pratique abandonnée.
O L’ouverture immédiate des colostomies latérales est la règle :
 Ouverture différée pour certains : en cas d’occlusion, il pourrait ainsi paraître préférable d’attendre 48 heures
que des adhérences colmatent le trajet transpariétal et évitent une contamination de dehors en dedans de la
paroi ou de la cavité péritonéale. Ce délai ne paraît pas sans risque (distension colique, entretien de
l’infection...), et il ne paraît pas toujours indispensable si l’on prend la peine de fixer soigneusement le côlon à
la paroi et de refermer celle-ci correctement.
O La colostomie « non ouverte » :
 Elle a eu une certaine vogue dans le cadre des colostomies de protection.
 Elle consiste à extérioriser le côlon transverse droit au-dessus d’une anastomose à haut risque (anastomose
basse, sigmoïdite, obstruction colique...) en comprimant le segment colique d’aval par la baguette qui est
décalée et fixée à la peau par deux fils de Nylon.
 Cette « occlusion iatrogène » est maintenue 8 jours, l’aspiration gastrique étant poursuivie : l’anastomose est
alors contrôlée par une opacification avec un produit hydrosoluble.
 En cas de fistule anastomotique, la colostomie est ouverte.
 Dans le cas contraire, le côlon est simplement réintégré sous anesthésie.
 Pour ses promoteurs, cette méthode est « très maniable, d’exécution rapide et simple ».
 Dans le même esprit, Chapman propose une ouverture retardée au lit du malade par simple application
d’agrafeuse GIA à la 48e heure.
O L’utilisation des agrafeuses automatiques :
 Elle a été proposée selon 02 modalités.
 Soit, pour la confection même de la stomie latérale, par un agrafage direct colocutané à l’agrafeuse circulaire :
technique ne devant pas être encouragée, en raison de son coût, mais aussi parce qu’elle nécessite une voie
médiane, et surtout parce qu’elle ne comporte aucun éperon et ne dérive que très incomplètement.
 À l’inverse, la fermeture du bout d’aval par une agrafeuse linéaire peut être un adjuvant intéressant,
terminalisant une colostomie latérale. Cette terminalisation peut être complétée par la mise en place d’un
cathéter pour irrigations du segment d’aval.
 Cette exclusion est temporaire, après un délai de quelques mois les agrafes s’éliminent, ouvrant à nouveau
l’orifice distal de la colostomie latérale au passage des matières.
 A l’agrafage simple doivent être préférées la section et la fermeture du segment d’aval.

2- Principale variante : la cæcostomie.


O Elle est représentée par le siège cæcal de la stomie. C’est l’abouchement du cæcum à la peau.
O Elle ne doit pas être considérée comme une véritable colostomie car elle ne dérive que très partiellement le
contenu stercoral : c’est un geste de décompression, une fistulation latérale, surtout efficace pour permettre
l’évacuation des gaz.
O Cæcostomie latérale :
 Facilité d’exécution : aucun risque quels que soient l’état du patient et l’expérience du chirurgien.
 Efficace : permet la reprise du transit et rend inutile les procédés de lavage colique peropératoire.
 Protection de la suture après colectomie.
 Raccourcir le délai entre dérivation et exérèse.
 N’est pas une dérivation définitive : nécessité d’une colostomie terminale si découverte, lors du 2e temps,
d’une tumeur inextirpable ou d’impossibilité de rétablir la continuité.
O Voie d’abord :
 Sous anesthésie locale ou locorégionale.
 Excision circulaire de la peau d’environ 25 mm dans la fosse iliaque droite, centrée sur la saillie tympanique du
cæcum, après repérage sur le cliché simple de l’abdomen, en général au point de Mac Burney.
 L’incision pariétale est celle de l’appendicectomie.
O Ponction et extériorisation du cæcum :
 Isoler le lieu de ponction par une mèche imprégnée de Bétadine disposée entre la paroi abdominale et le
cæcum.
 Ponction par un trocart à prise d’air latérale de Potain, avec ou sans bourse préalable.
 Affaisser le météorisme par aspiration du contenu aérique et liquidien du côlon.
 Saisir la paroi cæcale, par 02 pinces de Babcok, de part et d’autre du trocart maintenu en place en aspiration.
 Enlever le trocart et obturer la brèche par pince de Duval.
 Ablation de la mèche, extériorisation d’un cône de 3 cm du cæcum par traction douce.
 Suturer sa base à la peau par des points séparés extramuqueux de fil à résorption lente.
 Remplacer la pince de Duval par la suture temporaire de la brèche.
O Appareillage :
 Ouverture de la cæcostomie (15 mm) + appareillage.
O Fermeture :
 Dans l’indication la plus fréquente, l’obstruction colique gauche par cancer, la fermeture de la cæcostomie,
3e temps de la séquence, a lieu 2 semaines après sa confection.
 Sous anesthésie locale ou locorégionale, la désinsertion pariétale est facile à ce stade précoce.
 Les adhérences péritonéales lâches sont libérées au doigt.
 Un agrafage automatique linéaire emporte le site de la stomie sans aucun risque de sténose.
 L’enfouissement de la suture est inutile.
 La fermeture de la paroi abdominale est faite en 02 plans par surjets de fil à résorption lente.
 La suture cutanée peut être étanche sur un drainage aspiratif qui supprime tout risque septique.
O Indication :
 Cette technique semble particulièrement indiquée pour la décompression des pseudo-obstructions coliques
(syndrome d’Ogilvie) après échec d’une exsufflation endoscopique.

III- COLOSTOMIES TERMINALES :


A- Colostomies latérales terminalisées :
O Le souci d’une dérivation totale des matières est à l’origine de plusieurs procédés de colostomie qui ont en
commun une section colique, avec ou sans résection d’un segment intestinal.
O Ces techniques aboutissent à la confection d’une double stomie : stomie d’amont productive et stomie d’aval non
productive (mucous fistula).
O Anus à pont :
 Ils sont aujourd’hui peu utilisés. Ils dérivent de l’intervention proposée par Witzel en 1890.
 Inconvénient : compliquer l’appareillage.
 Diverses variantes ont été récemment décrites.
 Ein propose une colostomie terminalisée (divided loop colostomy) de siège transverse avec un trajet sous-
cutané assez long destiné à prévenir le risque de prolapsus.
 Sigurdson propose un agrafage du segment distal destiné à diminuer la taille de la stomie d’aval et à
faciliter l’appareillage.
O Anus en « canon de fusil » :
 Il s’agit le plus souvent d’un anus iliaque gauche faisant suite à une résection de l’anse sigmoïde.
 L’ensemble de l’intervention (résection sigmoïdienne et colostomie) est habituellement désigné sous le terme
d’opération de Bouilly-Volkmann.
 Elle se mène typiquement par une voie iliaque gauche.
 L’anse sigmoïde, longue dans cette indication, est d’abord extériorisée par une incision latérale, puis son méso
est sectionné.
 Après résection de l’anse sigmoïde, la péritonisation du mésocôlon rapproche les deux jambages coliques qui
sont adossés et fixés au péritoine pariétal.
 Leur hémicirconférence, sur le côté mésocolique, est ensuite suturée : on réalise ainsi le plan postérieur d’une
anastomose colocolique.
 Les plans antérieurs sont ourlés à la peau, l’incision étant refermée de part et d’autre.
 Le rétablissement de continuité se fait comme pour une colostomie latérale, par voie élective et dans les délais
habituels.
 L’indication type, mais rare, de ce geste est la résection d’un dolichosigmoïde lorsque les conditions générales
ou locales ne permettent pas une colectomie idéale.

B- Colostomies terminales :
O Elles comportent toujours une section de l’intestin.
O Elles peuvent être faites isolément ou terminer une intervention de résection.

1- Colostomie terminale iliaque gauche :


a- Voies d’abord et choix du site d’abouchement cutané :
O La voie d’abord est presque toujours une laparotomie médiane : un abord latéral électif ne permet que la
réalisation d’une colostomie latérale terminalisée.
O Le choix du site d’abouchement cutané est essentiel : en cas de colostomie définitive, c’est lui qui conditionne le
confort de l’opéré.
 Intervention programmée à froid :
 Prévenir le patient de la nécessité éventuelle de terminer l’opération par une colostomie.
 Les techniques d’appareillage et d’irrigations lui ont été présentées, et le site choisi pour la colostomie a été
tatoué la veille de l’intervention par l’injection sous-cutanée de quelques gouttes de bleu de méthylène.
 Ce point doit être visible par le patient en position debout ; il doit être à distance des reliefs osseux, en
dehors d’un pli abdominal, en position assise notamment, et au centre d’une zone relativement plane.
 Intervention en urgence (sans avoir pu faire un tel repérage topographique) :
 Le classique point médian de la ligne ilio-ombilicale est trop bas et trop externe.
 La bonne position d’une colostomie terminale paraît toujours trop proche de la médiane au chirurgien.

b- Extériorisation colique :
O 02 trajets sont possibles :
 trajet direct, si la colostomie semble devoir être temporaire ;
 trajet sous-péritonéal en cas de colostomie définitive.
O Trajet direct :
 Petite incision circulaire, excision du tissu sous-cutané en regard.
 Exposition de la face antérieure de la gaine du droit qui est incisée en croix. Réclinaison du muscle en dedans.
 Ouverture du feuillet postérieur de la gaine et du péritoine.
 Le côlon refermé (pour éviter la souillure pariétale) est alors attiré au-dehors, et le mésocôlon suturé au
péritoine pariétal afin d’obturer la gouttière pariétocolique, puis la colostomie est ourlée à la peau.
O Trajet sous-péritonéal :
 La traversée pariétale se fait de façon identique jusqu’au péritoine qui n’est pas ouvert, mais progressivement
décollé de la face postérieure des muscles larges.
 On dégage ainsi un passage sous-péritonéal qui rejoint l’ouverture péritonéale faite par la section du
mésocôlon lors de la résection sigmoïdienne ou rectal.
 Refermé, le côlon est alors attiré par une pince atraumatique hors du ventre. ( trajet en chicane).
 Il est nécessaire de dépouiller un bon centimètre de côlon et parfois de couper plusieurs franges épiploïques,
avant de suturer à points séparés l’intestin à la peau.

c- Ouverture colique et fixation à la peau :


O La ligne d’agrafage n’est recoupée qu’après fermeture et pansement de la médiane.
O Hémostase de la sous-muqueuse par coagulation fine. Fixation du côlon à la peau par une série de points (8 à 10
points) chargeant toute l’épaisseur cutanée et l’intestin en extramuqueux  affrontement muco-cutané parfait.
O Appareillage par une poche transparente autocollante taillée à la dimension de la stomie.

d- Soins postopératoires :
O Les fils à résorption lente utilisés pour la suture colocutanée tombent spontanément.
O L’appareillage adhésif avec protecteur cutané est un élément essentiel du confort de l’opéré.
O L’utilisation des irrigations coliques améliore grandement le confort des opérés, en leur permettant d’éviter le port
d’une poche que remplacent efficacement de petits appareillages protecteurs munis de filtres pour désodoriser
les gaz.
 Ces irrigations doivent être commencées dès le 8e -10e jour postopératoire.
 Les résultats de ces irrigations sont incertains lorsqu’une radiothérapie a été mise en œuvre.
O Consultation d’une stomatothérapeute et prise de contact avec une association de stomisés (peut efficacement
aider à la réhabilitation sociale et professionnelle de l’opéré).

2- Variantes techniques :
O En cas de résection colique plus ou moins large, le siège de la colostomie varie.
O 02 points doivent toutefois être soulignés :
 il est important d’essayer de garder la plus grande longueur possible de côlon afin de diminuer le volume des
selles, d’en augmenter la consistance et de garder une bonne efficacité aux irrigations coliques : une
colostomie transverse droite doit ainsi être considérée comme peu confortable ;
 le siège de la colostomie dépend certes du segment colique abouché à la peau, mais les règles générales
demeurent : elle doit être distante des plis et des reliefs osseux.
O Ces colostomies « ectopiques » se font le plus souvent par un trajet direct.

IV- TECHNIQUE LAPAROSCOPIQUE :


O La voie d’abord cœlioscopique ne s’envisage bien évidemment que lorsque la colostomie est un geste isolé : les
principales indications en seraient les maladies inflammatoires colorectales, notamment les maladies de Crohn
compliquées de fistule rectovaginale, et surtout les lésions tumorales inextirpables.
O Cet abord mini-invasif a également été proposé pour la prise en charge de certains délabrements traumatiques.
O La technique comporte, en préopératoire, le repérage cutané du site d’abouchement du côlon, selon les règles
décrites ci-dessus.
O Le premier temps est exploratoire, par un trocart optique placé, soit à l’ombilic, soit dans un flanc, le plus souvent
droit, à distance du site prévu pour la stomie.
O Un ou deux trocarts opérateurs sont ensuite mis en place, l’anse sigmoïde ou le transverse est repéré, sa mobilité
est évaluée.
O Une mobilisation du côlon gauche par décollement du fascia de Toldt gauche peut être faite : le côlon doit venir
très facilement en regard du point choisi pour son extériorisation.
O Une incision pariétale est alors faite et le côlon est attiré à l’extérieur, soit en colostomie latérale, soit après
section par application d’une agrafeuse linéaire, en colostomie terminale.
O L’intérêt de cette technique, outre le bilan assez complet de l’extension d’une carcinose, vient essentiellement de
ce qu’elle permet, dans certaines situations difficiles, d’évaluer au mieux les possibilités d’extériorisation et
d’éviter, soit une large et délabrante laparotomie, soit deux incisions (iliaque puis sous-costale) lorsque, en cas
d’impossibilité de mobilisation du côlon sigmoïde, on doit se rabattre sur une colostomie transverse.
O Les autres avantages avancés par les promoteurs de la technique sont plus discutables (bénéfice cosmétique,
faible morbidité, raccourcissement de la durée d’hospitalisation…).

V- COLOSTOMIES CONTINENTES :
A- Colostomie continente avec anneau magnétique :
O Imaginée à Erlangen en Allemagne par Feustel et Hennig, cette technique a connu une grande vogue dans les
années 1975-1980.
O Elle consiste à faire passer le côlon, avant de l’ourler à la peau, à travers un anneau magnétique posé sur la face
antérieure du plan musculo-aponévrotique, et isolé de l’intestin par le tissu celluleux ou le fascia superficiel ourlé
à l’aponévrose. Après maturation de la stomie, la continence est assurée par la pose d’un obturateur magnétique.
O Husemann, revoyant en 1984 les 240 cas de la série d’Erlangen, constatait que seulement 43 % des opérés étaient
satisfaits de cet appareillage et concluait à son abandon.
O On peut rapprocher de cette technique l’usage d’un obturateur magnétique externe proposé par Baumel en
association avec les irrigations coliques, et qui ne comporte qu’un anneau magnétique léger connecté à un adhésif
fixé sur la peau autour de la stomie. Cet obturateur est bien évidemment muni d’un filtre au charbon.

B- Colostomie continente de Koch :


O Cette technique est inutilisable sur le côlon gauche en raison de la consistance semi-solide des matières.
O Il s’agit donc surtout de cæcostomies.
O Techniquement, le réservoir cæcocolique droit est abouché à la peau par l’intermédiaire d’une anse iléale
invaginée sur elle-même pour constituer la valve.
O Entre les mains de Koch, cette technique complexe a donné des résultats fonctionnels satisfaisants mais ses
indications paraissent exceptionnelles et très discutables.

C- Colostomie continente par autogreffe musculaire :


O Cette technique, également développée en Allemagne, a été initialement publiée par Schmidt en 1978.
O Elle utilise le principe d’une compression circulaire du côlon en amont de la colostomie par un anneau de
musculeuse colique prélevé sur la pièce d’exérèse.
O Cet anneau de muscle lisse ne semble pas s’atrophier malgré la dénervation ; il ne se nécrose pas et s’intègre
immédiatement à la vascularisation de voisinage ; enfin, il conserve ses possibilités de contraction durable et de
relâchement sous l’effet d’une hyperpression en amont.
O Selon les promoteurs de cette technique, les opérés peuvent, après cette intervention « simple », se passer d’une
poche de recueil dans 80 % des cas.

1- Technique de Schmidt :
O Au cours de l’amputation abdominopérinéale du rectum qui s’effectue de manière habituelle, de préférence à
double équipe, on prélève 8 à 10 cm de côlon sur la pièce réséquée en aval de la section colique.
O Celle-ci est faite par agrafage mécanique, de manière à éviter tout temps septique lors de l’abaissement du côlon
au périnée.
O Le fragment colique est débarrassé de son méso et de ses franges épiploïques, et placé dans une solution
antibiotique (ornidazole : 2 g).
O La présence de diverticules sur le greffon n’est pas une contre-indication.
O Après achèvement de l’amputation du rectum, l’hémostase de la cavité pelvienne doit être parfaite.
O Lors du temps périnéal, la réalisation d’une colostomie périnéale ne doit pas modifier les impératifs
carcinologiques de l’étendue de l’incision cutanée et de l’excision des parties molles.
O L’angle colique gauche est mobilisé avec ligature de la veine mésentérique inférieure au bord inférieur du
pancréas, permettant son abaissement sans traction à la peau du périnée.
O Une épiplooplastie est en général associée, pédiculisée sur l’artère gastroépiploïque gauche en sectionnant le
ligament gastrocolique.
O Le greffon colique est préparé en le retournant en « doigt de gant » sur une bougie de Hégar pour pouvoir le
dépouiller de sa muqueuse. Cette dissection est effectuée au bistouri froid.
O Il est ensuite incisé longitudinalement.
O On obtient ainsi un rectangle séromusculaire qui est replié sur lui-même transversalement, face séreuse en
dedans, afin d’obtenir une hauteur de 2 à 3 cm.
O Ce rectangle est fixé sur le côlon abaissé par des points séparés de fil non résorbable (Prolène 000), au niveau
d’une bandelette, à 2 cm de l’extrémité distale.
O La face musculaire du greffon est appliquée sur la face séreuse du côlon.
O Contrairement à la technique originale de Schmidt qui entourait le côlon et son méso, le greffon peut être enroulé
en passant à travers une fenêtre mésocolique, afin d’éviter une compression de l’arcade bordante et une
éventuelle ischémie.
O Le greffon est étiré au maximum et enroulé sur lui-même autour du côlon, ce qui correspond habituellement à un
tour et demi. Puis il est fixé sur lui-même par des points séparés de Prolène.
O Schmidt a montré, dans ses études expérimentales, qu’un fragment de muscle colique se rétractait à 80 % lorsqu’il
était libéré de toutes ses attaches. C’est pourquoi le greffon doit être fixé autour du côlon avec une tension
maximale pour qu’il garde sa force de contraction optimale (60 g/mm2).
O Pour éviter une rétraction transversale, les bords supérieur et inférieur sont également amarrés sous tension à la
paroi colique.
O L’extrémité colique est ensuite abaissée au périnée, ouverte et fixée à la peau par des points séparés.
O Chez la femme, la colostomie doit siéger à égale distance du coccyx et de l’orifice vulvaire.
O L’épiploon est disposé en arrière du côlon abaissé, pour éviter une adhérence postérieure et une couture
préjudiciable au bon fonctionnement de la colostomie.
O Cette épiplooplastie est inutile lorsque le bassin est étroit et/ou lorsque le mésocôlon est volumineux.
O L’extrémité du côlon doit atteindre le périnée sans aucune traction, mais il faut éviter qu’une longueur excessive
ne soit abaissée dans le pelvis, cause de hernie périnéale secondaire.
O Le drainage de la cavité pelvienne est assuré par 02 drains aspiratifs présacrés extériorisés à la paroi abdominale.
O Une sonde de Foley est laissée en place dans le côlon abaissé afin de faciliter les premières irrigations.

2- Soins postopératoires :
O Les irrigations coliques font partie intégrante de la technique : elles sont indispensables pour assurer l’absence de
souillures et le confort des patients.
O Les premières irrigations sont faites dès le 3e ou 4e jour, sans attendre la reprise du transit, avec une injection
quotidienne de 200 mL d’eau tiède sur un patient en décubitus latéral.
O On augmente progressivement les quantités de liquide, et à partir du 9e ou 10e jour, le patient fait lui-même ses
irrigations au moyen du cône de l’irrigateur.
O Les irrigations sont quotidiennes pendant les 3 premières semaines.
O Ultérieurement, une irrigation de 1 à 1,5 L tous les 2 jours, le matin, peut être suffisante.

3- Complications :
O À court terme :
 Des désunions cutanées partielles ou des suppurations périnéales retardent la cicatrisation mais ne
compromettent pas le résultat fonctionnel.
 Une sténose par un greffon trop serré peut nécessiter une dilatation pour permettre l’évacuation complète.
O À distance :
 Une éventration périnéale, probablement favorisée par une épiplooplastie trop volumineuse.
 Un prolapsus muqueux de la colostomie nécessite rarement une réfection chirurgicale.
4- Indications :
O Le principal avantage est d’ordre psychologique et réside dans le respect de l’intégrité corporelle.
O La colostomie périnéale permet aussi une surveillance clinique et éventuellement échoendoscopique afin de
dépister précocement des récidives pelviennes chez l’homme.
O Le principal inconvénient réside dans l’impossibilité de tout appareillage en cas d’échec fonctionnel, ce qui impose
une réintervention pour faire une colostomie iliaque gauche.
O Ne peuvent bénéficier de la colostomie périnéale pseudocontinente que des patients parfaitement instruits de son
fonctionnement et de ses résultats au terme de plusieurs entretiens avec le chirurgien, mais aussi le
stomathérapeute et le personnel infirmier.
 Ainsi informés, 50 % des patients refusent la technique proposée.
O Les contre-indications sont liées au patient et à la tumeur.
 Age avancé, contexte psychique ou social défavorable, rendant incapables de comprendre ou d’assumer les
irrigations.
 L’obésité est un élément défavorable.
 Tumeur évoluée à haut risque de récidive locale.
 Lorsqu’une radiothérapie postopératoire apparaît nécessaire.
 Les cancers épidermoïdes de l’anus traités par radiochimiothérapie et exérèse chirurgicale large ne sont pas de
bonnes indications, du fait de la sclérose induite par la radiothérapie.
 Une chimiothérapie adjuvante n’est pas une contre-indication.
 La station assise prolongée pour motif professionnel n’est pas une contre-indication.

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