Geste de base
La suture cutanée
M. Divaris
Service de Chirurgie Plastique, Hôpital Pitié-Salpêtrière - Paris.
Correspondance : M. Divaris, Service de Chirurgie Plastique, 47, boulevard de l’Hôpital, F 75651 Paris Cedex 13.
Introduction
L’obtention d’une « belle » cicatrice obéit à des règles
strictes :
– les berges cutanées doivent être franches, la
manipulation atraumatique (crochets, pinces fines), et
l’hémostase rigoureuse, sans électrocoagulation
massive ;
– il ne faut pas de tension anormale sur les berges,
pour prévenir un élargissement secondaire de la
cicatrice, avec des marques aux points de passage des
fils, voire une discision ou même une nécrose cutanée ;
– l’affrontement cutané doit être fait sans décalage
des berges, ni dans le plan horizontal, grâce aux repères
dessinés à l’encre avant les incisions, ni dans le plan
vertical, en proscrivant tout chevauchement d’une
berge par rapport à l’autre. La suture ne doit pas être
invaginante, mais au contraire rigoureusement plane, ou
mieux encore légèrement éversante ;
– le temps de cicatrisation doit être respecté, avant
l’ablation des fils. Il doit être aussi précoce que possible,
pour éviter l’épidermisation de leur trajet : entre le 3e et le
5e jour au visage, lorsqu’il n’y a pas de tension ; pas avant
le 8e ou 10e jour sur le cuir chevelu, la nuque, l’abdomen ;
entre le 10e et le 15e jour pour les extrémités.
L’ablation des fils peut être suivie de l’application de Steri
Strips®.
J Chir 1999;136:145-148
Mots-clés : Paroi. Geste de base. Suture cutanée.
Les matériels de suture doivent être constitués d’aiguilles
fines, dont la section est triangulaire sur le tiers antérieur
et plate sur les deux tiers restants, pour être saisie
facilement par le porte-aiguille. Les aiguilles dont la
section est ronde ne doivent pas être utilisées sur la peau
car elle s’émoussent très rapidement.
Les fils résorbables ont une résorption très régulière, sans
réaction tissulaire, par un mécanisme simple d’hydrolyse ;
leur résistance diminue dans le temps. Ils existent sous 145
forme de tresse ou de monofil. Ils concernent aussi bien
les plans profonds que les sutures cutanées. Ils doivent
être incolores s’ils sont utilisés superficiellement.
Les fils non résorbables sont essentiellement destinées
aux sutures cutanées. Ils sont dans leur ensemble
solides, inextensibles et ne donnent pas de réaction
tissulaire.
Les bandes adhésives de strips, renforcées par des fibres
de rayonne, permettent à elles seules la suture d’une plaie
cutanée de faible surface, sans tension, à condition que
les plans profonds aient été initialement réparés. Elles
permettent aussi de renforcer de manière efficace toute
plaie suturée, en exerçant une compression des deux
berges et en diminuant la traction sur la suture. La mise
en place de strips est souhaitable pour obtenir un résultat
optimum.
© Masson, Paris, 1999
 La suture cutanée
1 La mise en place des strips est importante. Ils sont placés sur
une peau sèche, d’abord parallèlement à la suture, pour
assurer une meilleure tenue des strips perpendiculaires qui
146 permettent une mise en compression des berges. Ces strips, avec
le montage en croix, doivent être conservés, sans y toucher
pendant sept jours au visage et quinze jours dans les autres
localisations, sauf les zones pileuses.
Chez les enfants, ils prennent le relais de fils de suture ;
permettant une ablation précoce des fils avant toute marque
indélébile.
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Un solide plan profond soulage la ligne de suture cutanée.
2 Les lèvres de la plaie cutanée ne sont pas alors soumises à
des efforts de traction, ce qui autorise l’emploi de sutures très
fines marquant peu la cicatrice. Ces sutures doivent être
inversées avec le nœud en profondeur. La technique la plus
utilisée consiste à piquer dans le derme de la tranche cutanée. Le
résultat obtenu est une suture plane mais il ne sera pas toujours
facile de réaliser un surjet intradermique, car les points séparés
intradermiques sont alors gênants.
La technique, à point à appui dermique profond, permet à
3 la fois de mieux éverser la cicatrice et de relâcher les berges.
L’aiguille lors de sa pénétration va charger le derme non pas de
la berge mais à distance de celle-ci à 1,5 ou 2 mm. Une fois le
nœud éversant serré, la ligne de suture cutanée est totalement
lâche permettant soit des points séparés sans tension soit un
surjet.
J. CHIR., 1999, 136, N° 3
© MASSON, PARIS, 1999 Geste de base

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En cas de suture cutanée à points séparés, les points doivent Le point aller-retour de Blair-Donati est utilisé pour des
4 être passés à peu de distance des berges évitant les fronces et 5 peaux grasses ou des berges d’épaisseurs inégales. L’aiguille
les marques indélébiles, dues à des prises trop larges. Il faut éviter passe en deux fois, la première comme un point simple et la 147
les sutures serrées et trop ischémiantes, et réaliser des nœuds sur deuxième « en retour » en ne prenant que le bord libre.
le côté pour accentuer l’éversement.
Dans le point cutané simple droit, l’aiguille courbe piquée
perpendiculairement à la peau charge le tissu cellulaire (plus
largement en profondeur qu’en surface) et ressort à égale
distance symétriquement sur l’autre côté. Le point est noué sur
le côté.

Le point de rapprochement (loin près, près loin) est utile en

6 cas de tension inévitable.
Les points en U ou en X sont à proscrire en chirurgie plastique.
 La suture cutanée
Le point en U cutanéo-dermique est employé pour
7 affronter deux berges d’inégale épaisseur ou de nature
148 différente (aréole mammaire par exemple). Il est également
réalisé dans les « points d’angle ».
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Les surjets sont de réalisation rapide, avec un bon
8 affrontement des berges de même épaisseur. Leur longueur
doit être limitée car lorsqu’ils sont longs, ils ne permettent pas
facilement la désunion, pour drainer un abcès ou un hématome.
Quand ils sont transcutanés simples, les points sont passés
comme des points ordinaires, en deux points symétriques de
chaque berge. Le fil doit être régulièrement tendu par l’aide et ne
doit pas être serré.
Le surjet intradermique est très utilisé dans les cicatrices
9 rectilignes. L’aiguille charge le derme sur quelques
millimètres et pénètre ensuite le derme de la lèvre opposée en un
point symétrique du point de sortie. La traction assure un
affrontement précis et étanche.