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et alors ?
Les actions menées par les associations de jeunes et d’étudiant-e-s
lesbiennes, gais, bisexuel-le-s et trans
contre l’homophobie,
contre l’hétérosexisme
et pour une éducation aux sexualités
Septembre 2003
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Enfin, les situations faites aux jeunes homos, d’une région à l’autre, d’une
université ou une école à l’autre sont profondément inégales. La ruralité, la sortie
précoce du milieu scolaire sont, vraisemblablement, des facteurs d’isolement encore
plus nocifs, lorsqu’ils concernent les jeunes homos.
Plus jeune, parce qu’elle ne pouvait accepter son orientation sexuelle, qu’elle
connaissait déjà, elle a développé des comportements très homophobes envers les
autres « pour se punir ». Une de ses camarades de classe, élève brillante, en a fait
les frais. Elle s’est déscolarisée, a démissionné de son lycée parce qu’elle ne
supportait plus d’être « la lesbienne ». Quel était donc le crime de cette jolie jeune
fille féminine que personne n’aurait pu stigmatiser pour son apparence ? Elle avait
dit à une autre fille qu’elle avait de beaux yeux. Elle était donc lesbienne, et
méritait alors d’être mise au ban de son lycée. Elle s’est inscrite au CNED cette
année, trop angoissée à l’idée de retourner au lycée et d’être à nouveau la proie des
autres.
Et comment donc une professeur d’histoire a t-elle pu ne pas réagir à ce « ça en
fera toujours deux de moins ! » prononcé par ses élèves à qui elle montrait deux
homosexuels en train de se faire exterminer dans les chambres à gaz de la seconde
guerre mondiale ?
Elle a manqué à son devoir humain et à son rôle d’éducatrice. Elle a manqué de
courage. Elle n’a pas compris l’importance d’intervenir et d’être capable de dire
« non ! ». Sans doute aussi a-t-elle manqué de repères et de moyens. Nous pouvons
être ces repères, nous pouvons être ces moyens, dans le cadre d’une volonté
politique forte et assumée.
Ce dossier va donc présenter comment nous avons été, sommes et pouvons être
les partenaires de l’Éducation Nationale dans ce combat que l’État doit mener.
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2 Les actions des associations de
la fédération Moules-Frites
2.1 Les exemples parisiens
Présentation
Le MAG — mouvement d’affirmation des jeunes gais et lesbiennes — accueille,
soutient et informe des adolescents ou de jeunes adultes découvrant leur
homosexualité ou se posant des questions quant à leur orientation sexuelle.
L’association a été la première association gaie et lesbienne à recevoir l’agrément
Jeunesse et Éducation Populaire en 1999 et est membre du Conseil National de la
Jeunesse.
Le travail du MAG est soutenu par plusieurs institutions publiques comme le
Ministère de la Jeunesse de l’Éducation et de la Recherche, la Ville de Paris, l’Office
Franco-Allemand de la Jeunesse ou l’Union Européenne au travers de ses programmes
de luttes contre les discriminations.
L’objectif du projet est d’éviter que, le plus souvent par ignorance, les jeunes
reproduisent des schémas de pensée, aient des propos, ou adoptent des
comportements homophobes. C’est pourquoi il a développé des outils pédagogiques
de lutte contre l’homophobie en milieu scolaire qui impliquent l’ensemble des
acteurs de la communauté éducative.
Ces outils vont d’une grille d’évaluation globale de l’attitude de la communauté
éducative vis-à-vis des questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre
à des interventions ciblées auprès des jeunes ou des adultes à partir de différents
supports (expositions, films, débats, « cours »…) adaptés aux différents lieux et
situation de la vie scolaire : CDI, hall, vie scolaire, infirmerie, classes de langues
vivantes, d’histoire, etc.
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Constat
Du fait de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée, de nombreux jeunes se
sentent rejetés, subissent incompréhension ou brimades. Le plus souvent par
ignorance les jeunes eux-mêmes reproduisent des schémas de pensée, tiennent des
propos, ou adoptent des comportements homophobes.
Le résultat de ce climat où l’homosexualité est l’objet de dérision ou de
violence conduit de nombreux jeunes gais, lesbiennes, ou en questionnement quant à
leur orientation sexuelle à s’auto-dévaloriser et à adopter des comportements à
risques. Ainsi, plusieurs études soulignent la prévalence des tentatives de suicide
chez ces jeunes.
Par ailleurs, l’homophobie, qui ne touche pas simplement les homosexuels mais
tous ceux et toutes celles qui ne correspondent pas au modèle de comportement
« traditionnel » associé à leur genre (exemple : garçons stigmatisés comme
« efféminés » ou filles qualifiées de « garçons manqués » renforce le sexisme et
légitime les différentes formes de violences faites aux femmes.
Objectif
Il s’agit alors de sensibiliser les jeunes au respect de la diversité en proposant
des actions pédagogiques de lutte contre l’homophobie et le sexisme.
Ces actions, pour être pleinement efficaces doivent impliquer au maximum
l’ensemble de la communauté éducative en s’appuyant sur sa propre diversité (en
termes d’âges, de statuts, d’origines…) pour combattre le sexisme et l’homophobie.
L’action
Il s’agit d’évaluer l’attitude de la communauté éducative vis-à-vis des questions
liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre au moyen d’un questionnaire
que le MAG a élaboré. Ce questionnaire s’intéresse à la fréquence et à la nature des
interventions déjà existantes sur des sujets ayant trait à l’homosexualité, aux freins
éventuels rencontrés pour aborder ces thèmes, et au comportement des adultes et
des jeunes.
Cette grille d’évaluation doit être complétée par un groupe de personnes à
l’intérieur de l’établissement qui dans l’idéal représente l’ensemble de la
communauté éducative. Ce groupe devrait associer des élèves (autour du Conseil de
la vie lycéenne ou des associations étudiantes), le personnel éducatif ou
administratif sans oublier des parents d’élèves.
En fonction des résultats de l’évaluation, le MAG pourra ensuite proposer des
actions ciblées pour, le cas échéant, améliorer la situation et construire avec les
acteurs de l’établissement, et notamment les lycéens, un environnement
respectueux de la diversité dans l’esprit des missions de l’école laïque et
républicaine.
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- Hall / vie scolaire/ journée associative
o Stand structuré autour d’une question de jeunesse « santé et
bien-être » pas axé spécifiquement LGBT : au moins 2 animateurs
(mixte).
o Possibilité de construire le stand avec le CRIPS ou la LMDÉ
- Infirmerie
o Informations spécifiques LGBT : pas d’animateur nécessaire
o Affiche de la ligne Azur et brochures
- Salle de classe
o Témoignages
o Exposé débat autour d’une question d’actualité (homoparentalité,
égalité des droits…) ou plus générale (« coming-out »,
« communautarisme »…)
- Intervention « Cœur en cours » (2 intervenants associant un adulte et un
jeune issus des associations partenaires)
o 2 intervenants avec des supports pédagogiques papiers
- Classe de langue vivante / ciné-club
o Projection d’un film étranger abordant l’homosexualité suivi d’un
débat
o 1 ou 2 animateurs du MAG dont un jeune issu de l’Union Européenne
de langue maternelle non-francophone
- Salle polyvalente / salle audiovisuelle
o Conférence débat en grand groupe sur les discriminations (du racisme
à l’homophobie)
o Film débat documentaire ou long métrage de fiction
o 1 animateur et des intervenants associatifs, journalistes, chercheurs
travaillant sur ces questions.
o 2 animateurs
- Salle des profs / administration
o Exposition / panneaux d’informations sur la discrimination au travail
o Exposition / panneaux d’informations sur les jeunes LGBT
o Débat avec les personnels avec 2 ou 3 intervenants associant jeunes,
parents et représentants syndicaux
Obstacles
Le MAG a déposé le 13 février 2003 auprès de l’Inspecteur d’Académie
M. Jouault une demande d’agrément du rectorat afin de pourvoir intervenir dans les
lycées parisiens sur le thème de la lutte contre l’hétérosexisme.
Le 25 avril, la demande n’était toujours pas examinée et après plusieurs appels,
le rectorat a entrepris la vérification de l’agrément Jeunesse et Éducation Populaire
que le MAG a obtenu en 1999.
Le 5 mai, sans réponse du rectorat, le MAG rappelle le rectorat qui affirme que
les services de la Jeunesse n’ont pas connaissance de l’agrément Jeunesse et
Éducation Populaire. La copie de l’agrément est alors envoyée au rectorat.
Le 6 mai, Melle Maréchal, secrétaire de l’Inspecteur d’Académie affirme qu’elle
soumettra la demande au plus vite à M. Jouault.
Le 26 septembre, un nouvel appel au rectorat révèle que Melle Maréchal n’est
plus en poste, le MAG doit donc déposer une nouvelle demande.
Les services du rectorat montrent une mauvaise volonté évidente à examiner la
demande légitime du MAG. Cet agrément est nécessaire dans presque tous lycées
pour pouvoir intervenir, et ne pas le posséder est souvent un frein alors même que
tous les membres du corps éducatif sont favorables à de telles interventions.
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2.1.2 Intervention auprès des lycéens
Une intervention de deux heures a été faite au lycée Jacquard dans le XIXe
arrondissement de Paris le lundi 5 mai 2003.
L’intervention a été construite sous l’impulsion d’un surveillant de ce lycée en
réaction à l’envoi de courriers dans tous les lycées parisiens qu’avait fait le MAG lors
les Journées de l’Engagement. Il s’agissait de la première intervention de ce type
dans l’établissement qui, tout en ayant conscience d’un certain nombre de
problèmes liés à l’homophobie et au sexisme au sein des élèves, était assez craintif
quant à la mise en œuvre d’une intervention spécifique, compte tenu notamment de
l’interrogation posée par l’éventuelle agressivité et attitude hostile des élèves vis-à-
vis de l’homosexualité ou de personnes apparaissant comme homosexuelles.
Ainsi le lycée a imposé plusieurs contraintes :
- le thème qui devait aborder l’ensemble des discriminations ;
- d’autres intervenants : une personne de la Ligue des Droits de l’Homme —
qui travaille par ailleurs dans un autre lycée et Christine Larère, chargée de
mission au Rectorat de Paris sur l’égalité hommes/femmes ;
- l’agrément Jeunesse & Éducation populaire du MAG.
L’intervention s’est faite avec deux classes de BTS technique industrielle
1re année (soit une quarantaine d’élèves dont 4 filles, à majorité d’origine
maghrébine et/ou de culture musulmane), en présence des deux enseignants, qui
étaient demandeurs de l’intervention, de la proviseur, du CPE.
Il y a eu une bonne participation des élèves et leurs points de blocage ont bien
pu être identifiés (certains considéraient que la sexualité hors du coït vaginal était
une perversion…) En même temps une dizaine d’élèves sont venus parler aux adultes
après l’intervention avec un regret que la discussion ait été trop brève.
Les premiers retours au niveau des professeurs et de l’administration sont très
positifs avec une réflexion de leur côté pour faire des actions plus structurées sur
l’ensemble de l’année 2003-2004.
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2.1.4 Court métrage réalisé par Mousse
Mousse est l’association des gay, lesbiennes et anti-homophobes de Sciences Po.
En 2002, Mousse a été à l’initiative d’un projet collectif de production, de réalisation
et de diffusion d’un court-métrage de fiction, outil pédagogique de lutte contre
l’homophobie.
Ce court-métrage intitulé « En construction », d’une durée d’une quinzaine de
minutes a d’ores et déjà obtenu le Label du Festival de la citoyenneté attribué par le
Centre National de la Jeunesse et des Sports.
Montré à des collégiens ou des lycéens dans le cadre de séances d’éducation à la
santé et à la citoyenneté ou lors d’interventions spécifiques, il apporte aux
adolescents des éléments pour comprendre ce qu’est l’homosexualité, ce que peut
être le cheminement intime et social d’un jeune découvrant son homosexualité.
La production du court-métrage s’est achevée fin mai 2002, notamment grâce à
la collaboration de quelques élèves de l’École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle
(ESRA).
Une première diffusion « pilote » dans un lycée a eu lieu dans le courant du mois
de juin. Cette première expérience a reçu un très bon accueil parmi les lycéens de
terminale ; elle a néanmoins révélé le manque de formation spécifique des
intervenants. Un guide d’utilisation pédagogique devait accompagner le film : c’est
un élément essentiel et nécessaire pour que l’« outil » proposé soit bien manié, donc
réellement efficace et utile. Malheureusement, le manque de ressources financières
n’a pas permis de mener à terme toute la phase de la post-production.
« En Construction » doit venir combler un manque au niveau des moyens qui sont
aujourd’hui mis à disposition des associations et institutions s’efforçant de lutter
contre l’homophobie, la lesbophobie et l’isolement des jeunes homosexuels. Il s’agit
d’un instrument pratique et juste, permettant de sensibiliser un public large et de
fournir des repères bénéfiques à des jeunes gens en questionnement sur leur identité
sexuelle.
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2.3.1 Vis-à vis des personnels éducatifs
Le collectif souhaite sensibiliser le personnel éducatif et médical, leur donner des
repères et des moyens pour évoquer de façon sereine auprès des jeunes les
sexualités différentes.
Formation continue
La proposition de rencontres-débats avec les personnels éducatifs a été
travaillée notamment au sein d’un établissement privé catholique sous contrat. Cette
dimension peut être amenée à se développer compte-tenu de l’augmentation du
nombre d’intervenants.
En 2000, l’association avait participé à une réunion de service des assistantes
sociales scolaires pour faire ressortir les problèmes que pouvaient rencontrer les
jeunes du fait de leur orientation sexuelle différente.
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Formation initiale
Une lettre a été envoyée, co-signée par l’APGL (Association des parents et futurs
parents gais et lesbiens) à l’IUFM de Montpellier à la rentrée 2002, proposant la mise
en place d’un module de formation centré sur les réalités homoparentales,
l’hétérosexisme et l’homophobie. Elle est restée lettre morte. L’association continue
à travailler sur ce projet pour en proposer une version plus aboutie.
Interventions
En 2003, l’association a participé au Comité d’Éducation à la Santé et à la
Citoyenneté d’un collège-lycée de l’Hérault, ce qui lui a permis de construire des
interventions « à la carte ».
L’établissement souhaitait la faire intervenir de la 5e à la 1re, mais, compte-tenu
du nombre et de la disponibilité des intervenants, les interventions ont été montées
pour les 4e (7 classes) et les 1re (4 classes).
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o Les conséquences :
♣ Pour l’insulteur (les insulteurs) : renforcement de la place
dans le groupe, de sa puissance par affaiblissement de l’autre,
culpabilité de faire subir ce que l’on craint…
♣ Pour l’insulté : marginalisation, blessures narcissiques,
physiques, mort (meurtre, suicide) isolement, repli sur soi,
construction identitaire, identification à des modèles négatifs,
conduites à risques…
♣ Pour les tiers : renforcement de la pression sociale et de ses
normes, peur, et même conséquences qu’insulteur et
insulté(par le biais de la crainte)…
- Application à l’homophobie
o Illustration de la théorie par des exemples issus de l’expérience des
intervenants, en tant qu’individus ou accueillants
- Participation des élèves :
o Dès la partie « généralités sur les discriminations », les élèves seront
invités à participer à partir de leur vécu ou de leurs réflexions
personnelles, qui seront reprises et intégrées dans la discussion
générale.
o Certains mots-clefs nous semblent essentiels à aborder dans la
spécificité de l’homophobie. S’ils ne sont pas spontanément amenés
par les lycéens, les intervenants veilleront à les évoquer :
stéréotypes, « pas naturel », SIDA, pédophilie, sodomie, « tribu »,
visibilité, fierté/honte, solitude, conduites à risque, suicide,
homoparentalité…
- En guise de conclusion :
o Quelques numéros indispensables : La Ligne Azur (jeunes en
questionnements sur leur orientation sexuelle), Sida Info Service, SOS
Homophobie, Fil Santé Jeunes et évidemment, celui du centre de
planification familiale le plus proche, pour ceux qui n’oseraient pas
aller parler au sein de l’établissement à un adulte référent.
Pour les 4e, les interventions portaient sur « les normes sexuelles ». Les
séances sont aussi prévues sur deux heures.
Cette intervention parlant aussi et avant tout des normes sexuelles dans
l’hétérosexualité, l’association a demandé, pour plus de cohérence, au Planning
Familial de participer aux interventions, animées alors par une intervenante du
Planning et deux intervenants d’ANGEL.
Un point important a été mis en lumière : l’importance de trouver des
intervenants hommes hétérosexuels pour permettre aux collégiens de pouvoir
s’identifier et leur offrir comme référence positive un garçon hétérosexuel
respectueux et non sexiste. C’est chose faite à la rentrée 2003 où un jeune étudiant
hétérosexuel vient rejoindre l’équipe d’intervenants d’ANGEL.
Préparation de l’intervention : une semaine avant, les élèves rédigent des
questions qui seront récupérées en début d’intervention, puis classées par
l’intervenante du Planning Familial (en précisant bien aux élèves que les professeurs
n’auront pas accès à ces questions).
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L’intervention commence en classe entière :
- présentation des intervenants
- explication de la séance, son origine, son déroulement et son contenu
- présentation de la deuxième partie en groupes non-mixtes (leur demander
leur avis, et utiliser cette technique en fonction du déroulement propre à
chaque rencontre)
Les points à aborder forcément :
- amour, attirance, désir, plaisir, écoute, orgasme…
- sexualité : les pratiques (en étant exhaustif : fellation, pénétrations vaginale
et anale, « point G », cunnilingus…)
- découverte du corps : le sien, celui de l’autre (qu’il soit de même sexe ou de
sexe différent, en précisant bien que c’est différent, même si les deux
partenaires sont de même sexe)
- âge du premier rapport sexuel (pas d’urgence, angoisse de ne pas être
comme les autres)
- films pornos, partouzes, viols collectifs, insultes sexistes…
Séparation garçons/filles :
- Garçons : taille du sexe, performance, domination,
- Filles : physique, taille de la poitrine, domination, acceptation.
L’intervention se termine en classe entière sur la prévention — et donc le
respect de soi, le fait qu’il est important de s’écouter — et la distribution de
préservatifs et des numéros des lignes d’écoute destinées aux jeunes ou dédiées à la
prévention.
Rencontres
En janvier 2001, une rencontre sur « homosexualité, respect, tolérance » a eu
lieu dans un lycée privé catholique. Les élèves et les professeurs y sont venus en
dehors des heures scolaires, mais dans l’établissement, sur la base du volontariat. Le
débat était orienté par les questions des lycéens (15) et des professeurs(10) présents.
Deux filles et deux garçons d’ANGEL étaient là, ainsi qu’un prêtre et un membre de
l’association David et Jonathan.
Vidéos
L’association dispose de la vidéo « Être et se vivre homo » où six jeunes
témoignent de leur parcours identitaire. Cette vidéo, utilisable comme outil de
sensibilisation des personnels, n’a pas encore été utilisée.
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Les intervenants ont testé leurs comportements et la logique des interventions
par des simulations filmées et reprises en équipe.
Une attention toute particulière est portée à ne pas imposer de normes par les
messages apportés par les intervenants.
Les intervenants sont aussi là en tant que pairs pour parler de leurs expériences,
et pour briser les normes en montrant que la diversité est possible.
À la rentrée 2003, l’équipe s’enrichit de la venue de 3 lycéens (une fille, deux
garçons), d’une mineure déscolarisée pour cause d’homophobie, d’un jeune étudiant
en Histoire, d’un thésard en Doit public, ainsi que de trois jeunes salariés (2 filles un
garçon).
Le Rectorat de Montpellier
L’agrément a été refusé en 2002 pour deux raisons : l’une portait certes sur le
projet, non conçu avec les équipes éducatives, ce à quoi l’association a depuis
remédié. L’autre raison invoquée était « la philosophie de l’association » qui ne
correspondait pas « à la laïcité et à la neutralité qui s’imposaient à l’Éducation
Nationale ». L’association n’a pas souhaité porter cet argument discriminatoire
devant les tribunaux, préférant améliorer ses interventions et convaincre sur la
durée. Une nouvelle demande d’agrément sera déposée en 2003
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Les proviseurs
Hors agrément rectoral, et malgré l’agrément « Jeunesse et Éducation
Populaire », certains proviseurs refusent toute intervention.
Les parents
Crainte majeure des établissements, ANGEL n’a jusqu’ici rencontré aucun
problème avec les parents d’élèves. Au contraire, ils ont mis en avant la nécessité
d’intervention conduite par des pairs, des « grands frères » et « grandes sœurs ».
Le diocèse de Montpellier
Le nouvel évêque de Montpellier n’est pas réputé pour son ouverture d’esprit.
Cela va constituer un frein pour nos interventions dans les établissements privés,
certains de nos partenaires n’osant plus nous soutenir de peur d’être sanctionnés par
leur hiérarchie.
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3 Le rôle de l’Éducation Nationale
3.2.1 Motivations
L’homophobie touche les jeunes garçons et filles soupçonnés d’homosexualité,
qui en sont les premières victimes. Mais tous les jeunes souffrent du climat
d’homophobie, qui grandit de l’ignorance et engendre la violence. L’homophobie a
des sources communes avec le racisme et le sexisme ; comme eux, elle mérite d’être
combattue comme préjugé et ferment de discorde.
Dans sa violence et sa fréquence, l’insulte (« sale pédé », « sale gouine »)
cristallise l’homophobie à l’école. Il est donc particulièrement important de montrer
que les insultes homophobes, si courantes, ne sont en fait ni banales ni légitimes.
L’information sur l’homosexualité à destination des lycéen-ne-s dans leur
ensemble reste quasi-tabou en France, alors qu’elle est généralisée au Canada et en
Suisse. L’INPES a entamé un travail à destination des enseignants. Comme eux, mais
de manière spécifique à leurs moyens et à leurs attentes, les jeunes doivent recevoir
une information claire et simple sur l’homosexualité et l’homophobie.
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3.2.2 Caractéristiques principales
Du fait des motivations de la brochure, le public cible est l’ensemble des jeunes
(de 15 à 20 ans) et non pas les seuls jeunes bi- et homosexuel-le-s.
Assez brève (une page A4 trois volets), la brochure vise à faire le point sur ce
qu’est l’homophobie, ce qui la rend inacceptable et nuisible. La brochure indiquera
aussi comment on peut, individuellement, s’informer à son sujet et la combattre.
Il nous semble important de s’adresser aux jeunes selon des codes esthétiques,
verbaux qui sont les leurs. Pour autant, la brochure s’exprime sur des questions de
légitimité et de légalité (cas des violences physiques) : il est nécessaire que le texte
de la brochure soit conçu comme une parole la fois d’information et d’autorité
(comme l’est le discours touchant les violences sexuelles ou le racisme).
Plusieurs brochures de ce type ont déjà été conçues par les associations de
jeunes lesbiennes, gay, bi et trans.
3.2.3 La diffusion
Cette brochure doit bénéficier de la diffusion la plus large possible. Deux
principaux canaux sont envisagés : la diffusion par les associations, notamment celles
qui interviennent en milieu scolaire sur le sujet des discriminations ; la distribution
dans les lycées, notamment par l’intermédiaire des professeurs d’éducation civique,
juridique et sociale en classe de seconde.
D’après les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, nous évaluons le
nombre de lycéens de seconde à 600 000.
Un dossier de presse, ainsi qu’une conférence, nous semblent indispensables
pour accompagner cette campagne.
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3.3.2 Une adaptation progressive du droit
Dans le respect des attributions du Conseil national des programmes, une
mention plus explicite de tels sujets est souhaitable, à l’occasion de la mise à jour
périodique de chacun des arrêtés susceptibles d’être précisés sur ce point.
Notamment :
- dans les annexes du décret du 7 août 2002, mentionner, après « On centre
l’étude sur l’univers concentrationnaire et l’extermination systématique des
juifs et des tziganes », « et des homosexuels ».
- la mention (au même titre que celle contre le racisme, le sexisme et
l’antisémitisme) de l’éducation contre l’homophobie parmi les objectifs de
l’ECJS (ce qui n’est pas le cas actuellement, voir par ex. arrêtés du 4 août
2001, du 5 et du 10 juillet 2002).
Le ministère peut aussi, et sans délai, par courrier aux éditeurs de manuels
scolaires, souligner que, de manière générale, il est attaché à ce qu’une information
dépassionnée sur l’homosexualité et la lutte contre l’homophobie (comme le
racisme, le sexisme) soit un souci général dans la rédaction des ouvrages.
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3.4.2 L’information des personnels sur les ressources existantes
Nous défendons :
- la mise à disposition d’une liste d’ouvrages considérés comme
particulièrement adaptés, aux documentalistes des collèges, lycées, IUFM.
- la mention de ces ouvrages sur le site Internet et dans les publications sur
l’éveil à la citoyenneté de SCEREN.
L’information que le ministère peut fournir sur ces questions est soumise au seul
délai de la rédaction des textes appropriés (circulaire, demande du cabinet aux
services de SCEREN).
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4 Conclusion
Lutter contre l’homophobie à l’école n’est pas une priorité réservée aux
associations gais et lesbiennes. Le ministère de l’Éducation Nationale l’a prouvé en
l’inscrivant explicitement dans les circulaires relatives à l’éducation à la sexualité. Il
s’agit aujourd’hui de se donner les moyens de cette mission. L’École Républicaine ne
peut continuer à tolérer les discriminations et les pressions que subissent les jeunes
qui lui sont confiés.
Il y a urgence. Lutter contre l’homophobie, c’est aussi lutter contre le sexisme,
et surtout lutter contre la violence en général. Les médias se font les chantres de la
dégradation des rapports entre filles et garçons. Il est temps que l’école ose affirmer
et assumer haut et fort une parole d’autorité sur la liberté, l’égalité, la fraternité.
Nous sommes prêts à participer à cet effort pour faire de notre École, laïque et
républicaine, un lieu de savoirs, d’éducation et de respect. À notre échelle, malgré
les blocages, nous agissons déjà, bénévolement.
L’Éducation Nationale peut faire sauter ces blocages, que ce soit sur la question
des intervenants extérieurs ou sur l’affichage systématique et obligatoire des
numéros d’appels.
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