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Objectifs :
➢ Savoir que la socialisation est un processus.
➢ Être capable d’illustrer la pluralité des instances de socialisation et connaître le rôle
spécifique de la famille, de l’école, des média et du groupe de pairs dans le
processus de socialisation des enfants et des jeunes.
➢ Savoir illustrer le caractère différencié des processus de socialisation en fonction du
milieu social, du genre.
➢ Montrer que nous ne sommes pas des êtres naturels, c’est-à-dire que notre
comportement ne s’explique pas par notre état de nature (biologique) mais par nos
apprentissages : nous sommes des êtres sociaux.
Introduction
I. Le processus de socialisation
Les normes sociales sont, au sens large, les règles de comportement qui s’imposent
aux individus. Au sens strict, les normes sociales se distinguent des normes juridiques : les
normes juridiques viennent de l’Etat et sont les mêmes pour tous (principe de l’égalité
devant la loi). (exemple : interdiction de tuer quelqu’un). Les normes sociales (au sens strict)
sont les règles de comportement spécifiques à un groupe ou à une position sociale.
Rôle social : ensemble des normes associé à une position sociale, qui implique un certain
type de comportement.
Habitus : une manière d’être, un style de vie particulier, une disposition d’esprit.
➢ Garçons : habitus professionnel (exemple : ils reçoivent des mini voitures, camions, …
comme cadeaux)
➢ Filles : habitus domestique (exemple : elles reçoivent des poupées, des dînettes, …
comme cadeaux)
En 2012, L’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) publie un rapport sur la
socialisation différenciée selon le genre dans les crèches. On remarque que les tenues
vestimentaires sont inégales (robe avec boutons dans le dos : filles non autonomes /
pantalon), ainsi que les jeux proposés (dinette, cuisine / camion). De même, les garçons et
les filles ne sont pas représentés de la même façon dans les livres : le sens de la justice, la
force et la bravoure sont associés aux hommes, et la beauté physique aux femmes).
Effet paradoxal de la socialisation différenciée selon le genre : les filles, bien que
défavorisées, réussissent mieux jusqu’au baccalauréat. Cela s’inverse après. Dans les filières
courtes de l’Education Nationale, on trouve des jeunes femmes qui auraient pu aller dans
des filières plus sélectives, mais qui ont été défavorisées par la socialisation différenciée
selon le genre.
Après un divorce, beaucoup de femmes sont démunies lors du partage des biens. En
effet, les femmes doivent faire les courses, achètent des éléments éphémères ; alors que les
hommes achètent la voiture, le mobilier).
Famille : groupe social élémentaire composé le plus souvent de deux adultes qui
coopèrent en vue d’entretenir et d’éduquer les enfants qu’ils ont engendrés ou adoptés.
Les enfants imitent les habitudes de leurs parents : transmission des normes et des valeurs.
Un enfant aime ses parents et les aura donc facilement pour modèle. Apprentissage des
codes sociaux informel, personnel et affectif : les règles ne sont pas écrites, souplesse dans
l’application des normes.
2. Le rôle de l’école
L’école telle qu’on la connaît aujourd'hui a été inventée au Moyen-Âge, car on cherchait à
rassembler dans un lieu la transmission de tous les savoirs (en opposition au système des
précepteurs). L’objectif est de faire de l’école un espace de socialisation. Avant, l’objectif
était de faire des enfants de bons chrétiens. Maintenant, l’objectif pédagogique reste le
même, mais il s’est laïcisé.
Valeurs transmises par l’école :
➢ Valeurs de la démocratie : tous les individus sont égaux (exemples : campagnes contre
le racisme, le sexisme, le harcèlement, l’homophobie). L’école est le lieu de la tolérance
et de la diversité.
➢ Sensibilisation aux problèmes environnementaux (exemple : éco délégués)
➢ Solidarité (exemples : aide aux devoirs, associations pour inciter à la fraternité)
➢ Code de conduite (exemple : ASSR 1 et 2)
L’apprentissage est méthodique, impersonnel et formel. Mêmes valeurs que dans la famille.
Les normes et les valeurs sont claires à comprendre, elles sont explicites.
Groupe de pairs : ensemble d’individus ayant le même statut social (exemple : élèves d’une
même classe, collègues, amis, …)
L’influence des pairs est de plus en plus importante à cause notamment de l'allongement de
la durée de la scolarité.
Les normes et les valeurs transmises par les pairs sont parfois opposées aux valeurs de
l’Etat (exemple : consommation de drogue encouragée). En effet, les jeunes ressentent de
l’excitation à transgresser les règles. En France, très grande sévérité autour de la drogue :
attraction pour la drogue, le cannabis.
➢ Normes favorisées par le groupe de pairs : axées sur les loisirs, utilisation du
téléphone, réseaux sociaux, la mode
➢ Normes favorisées par les parents, l’école : axées sur le travail
En 2023, la sociologue Isabelle Clair publie un livre intitulé Les choses sérieuses, dans lequel
elle veut étudier les normes et les valeurs chez les jeunes, et en particulier ce qui met en
valeur les jeunes aujourd'hui. Elle étudie trois milieux : les jeunes défavorisés des cités
HLM, les jeunes ruraux des milieux populaires, et la bourgeoisie progressiste et aisée.
Parmi ces trois milieux, l’idéal, la norme est la même : le couple hétérosexuel.
Pour la première fois depuis les années 2000, les jeunes se définissent « célibataires » dès
14 ans, sans pour l’instant considérer cela terrible. Mais plus on grandit, plus ce statut
devient anormal, il faut être en couple pour s’intégrer. Ce n’est pas qu'un modèle, mais une
norme, ce qui signifie qu’il s’ensuit des sanctions.
➢ Les jeunes filles ne veulent pas être considérées comme « coincées » (surtout dans
les milieux populaires) ni comme une « salope » : il faut être une « fille bien ».
➢ Les jeunes garçons ont peur d’être considéré homosexuel ou « puceau ». Dans les
milieux populaires, les jeunes garçons ont dit vouloir virer leur fils s’il jamais il était
homosexuel.
Les filles ont plus de mal à se dire lesbiennes que les garçons, même si cela est dur pour les
garçons aussi. Les gays disent même se forcer à sortir avec des filles de peur d’être
stigmatisés.
On remarque que les jeunes ont des mœurs archaïques : domination masculine + une fille
doit être docile et ne pas s’imposer. (exemple : le mouvement #MeToo, un mouvement qui
encourage la prise de parole des femmes victimes de viol et d’agressions sexuelles, a eu beaucoup
d’effet dans le monde des adultes, mais pas du tout chez les jeunes).
Le non-respect de ces normes conduit à des sanctions. C’est l’existence de ces sanctions
qui nous apprend l’existence de ces normes « déguisées » :
➢ le ricanement, la moquerie
➢ le harcèlement
➢ l’exclusion d’un groupe : ne pas adresser la parole, ignorer
Ces sanctions peuvent être totalement infondées et révèlent que l’état des normes sociales
des jeunes sont contraires aux lois de l’Etat.
Le harcèlement (au nom de l’orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau, du
handicap, d’une difformité physique, de la tenue vestimentaire, du surpoids (le terme «
grosse … » est utilisé comme stigmate pour dévaloriser une fille : normes de maigreur), du
ton de la voix, de certaines expressions utilisées, des jeux, des goûts (exemple : un garçon qui
serait passionné par le maquillage serait stigmatisé et mis à l’écart par ses pairs).
Les réseaux sociaux véhiculent des messages, des idéaux non prioritaires (idéal de
l'esthétique), centrés sur les loisirs (musique, jeux vidéos).
➢ La pornographie : la pornorgaphie véhicule des normes : inégalité hommes/femmes,
violence, absence de poils autour des parties intimes, dévalorisation du
cheminement vers l’acte sexuel (= on ne prend pas le temps de construire une
relation : plus de viols), absence de libertés
➢ La violence : les algorithmes des réseaux sociaux favorisent l’expression de la
violence : images de violence physique, verbale. L’anonymat favorise les insultes
verbales.
Faut-il renoncer aux réseaux sociaux ?
Non : il faut apprendre à désobéir aux normes, à y résister, lorsqu’elles sont opposées aux
normes de l’école, de l’Etat, des parents. Pour résister à ces normes, il faut multiplier les
instances de socialisation, pour mettre en relation plusieurs systèmes de normes, et donc
être plus autonome et plus libre.
Notions
Groupe de pairs : ensemble d’individus ayant le même statut social (exemple : élèves d’une
même classe, collègues, amis, …)
Famille : groupe social élémentaire composé le plus souvent de deux adultes qui
coopèrent en vue d’entretenir et d’éduquer les enfants qu’ils ont engendrés ou adoptés.
Habitus : une manière d’être, un style de vie particulier, une disposition d’esprit.
Valeurs : principes moraux et idéaux sociaux qui permettent de classer les situations et
les comportements jugés souhaitables et acceptables par la collectivité. Le système de
valeurs est à la base de la construction de normes.
Entraînement