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PLAN DU CHAPITRE
1. Des organisations sociales très diverses 3. L’influence de la socialisation
Vidéo sur les Moso Documents polycopiés n°2 et 3
Je sais formuler une définition des mots ou expression suivants et les utiliser :
parent social (1), parent biologique (1), ethnocentrisme (1), institution sociale (2), socialisation (3), normes (3),
valeurs (3).
Je sais distinguer :
Un phénomène naturel d’un phénomène culturel (1) ;
Parent social et parent biologique (1).
Normes et valeurs (3)
Sanctions positives et sanctions négatives (1, 2 et 3).
Je sais expliquer :
pourquoi la famille est un phénomène culturel en me basant sur les différentes formes d’organisations de
l’alliance et de la filiation (1) ;
pourquoi la famille est une institution sociale (2) ;
comment l’individu est influencé par son environnement social : lien entre ses comportements, ses goûts, ses
manières de penser et le processus de socialisation (1, 2, 3, 4) ;
quelles sont les caractéristiques des différents groupes socioprofessionnels (4) ;
en quoi l’environnement social des individus a une influence sur leurs pratiques culturelles (3 et 4) ;
quel est le lien entre pratiques culturelles et hiérarchie sociale entre groupes sociaux (4).
Dans le sud-ouest de la Chine, près du Tibet, les Moso ont su préserver leurs
traditions et une organisation sociale extrêmement singulière. Cette ethnie, qui
compte 30 000 membres, ignore notamment le mariage…
1. Une femme moso peut-elle avoir plusieurs partenaires sexuels ? et un homme moso ?
Oui. Les relations de couple sont libres. Les couples n’ont pas d’obligation de vivre ensemble, ils ne se doivent pas
fidélité. La femme peut changer de compagnon librement. Il existe cependant des règles : les amants ne peuvent
rendre visite à leur amoureuse que le soir, discrètement, dans le domicile de la femme. Un compagnon doit
normalement être présenté à la chef de clan, la dabou, pour être autorisé officiellement à visiter sa compagne,
mais la règle n’est pas toujours respectée.
2. Quel rôle occupe le père biologique (père qui a conçu l’enfant avec la mère) au sein de la famille moso et
quelle place occupe-t-il dans l’éducation de ses enfants biologiques ?
Le mariage n’existe pas, la vie en couple au sein d’un même foyer non plus. Seules existent des unions sans
alliance. La famille n’est pas une famille conjugale = fondée sur le couple.
Les géniteurs n’ont pas de droits ni de devoirs vis-à-vis de leur « amoureuse » et de leurs enfants biologiques. Ils
n’ont pas d’obligation matérielle = ils ne sont pas obligés de subvenir à leurs besoins même s’ils y contribuent
souvent. Ils peuvent cependant avoir des relations affectives avec leurs enfants biologiques. En revanche, ils
doivent jouer un rôle important dans l’éducation de leurs neveux et nièces.
On voit ici que la parenté n’est pas fondée sur des liens de sang.
Le foyer familial ne repose pas sur le couple. La famille se compose de la mère la plus âgée, de ses enfants et des
enfants de ses filles (les enfants des fils vivent avec leur mère). Les enfants, garçons et filles, quand ils arrivent à
l’âge adulte, ne vivent pas en couple, mais demeurent toute leur vie au sein de la maison de leur mère, au sein du
clan.
Le chef de famille est la femme la plus âgée (la « dabou ») ou la plus compétente (la mère de Touentou dans le
documentaire car sa grand-mère est trop âgée). Elle est secondée par l’homme le plus âgé (l’un de ses frères,
oncle de Touentou).
4. L’absence de père signifie-t-elle qu’aucun homme ne joue un rôle dans l’éducation d’un enfant moso ?
5. Remplissez le tableau
Type de famille Famille Moso Famille Occidentale
Non. Oui souvent. Malgré le développement
Alliance : Le mariage n’existe pas, la vie en couple au du PACS et de l’union libre. Le mariage
La famille se fonde-t-elle sur sein d’un même foyer non plus. Seules demeure l’horizon classique de la
le mariage ? Est-ce toujours existent des unions sans alliance. La famille plupart des couples.
le cas ? n’est pas une famille conjugale = fondée
sur le couple.
La résidence :
Où résident les enfants ? Dans la maison de leur mère. Avec leurs deux parents ou avec l’un
d’entre eux en cas de divorce.
Où résident les frères et Les enfants, garçons et filles, quand ils Avec leur conjoint ou leur conjointe ou
sœurs adultes ? arrivent à l’âge adulte, ne vivent pas en seuls s’ils sont célibataires.
couple, mais demeurent toute leur vie
au sein de la maison de leur mère, au
sein du clan.
La filiation :
Le père biologique est-il le Non pour le père.
père social (qui est reconnu En revanche, la mère biologique est Oui. Sauf en cas d’adoption ou
comme responsable de également la mère sociale. d’insémination artificielle.
l’enfant par la société) ?
Même question pour la
mère ?
La famille, telle que nous la connaissons n’est pas naturelle. Le terme de nature (du latin "nascor" signifiant
"naître") renvoie au biologique, à l'inné, à l'hérédité, à l'instinct. C'est quelque chose qui existe indépendamment
de la société (la procréation par exemple est un phénomène naturel, c'est-à-dire biologique). Exemple des
réflexes.
On observe de grandes variations dans les règles d’alliance selon les sociétés. Le mariage durable entre un
homme et une femme n’est pas une exigence naturelle pour fonder une famille (polyandrie chez les tribus du
Tibet, polygynie dans certaines sociétés africaine, absence d’alliance chez les Moso, mariage fantôme chez les
Nuer ou mariage entre une femme stérile et une femme non stérile chez les Nuer).
Toute filiation est sociale ; car elle consiste essentiellement en relations juridiques et morales, sanctionnées par la
société. Elle est un lien social ou elle n'est rien. Pour le sens commun, la véritable parenté se confond avec la
consanguinité et ne fait que l'exprimer. Mais du moment où l'on a fait cesser cette confusion, il ne peut plus y
avoir qu'une parenté, c'est celle qui est reconnue comme telle par la société.
La filiation est organisée très différemment d’une société à l’autre. Pensez aux exemples déjà donnés.
La diversité de la façon dont les sociétés organisent l’alliance (polygamie, monogamie) et la filiation démontre
que la famille est un phénomène social et culturel : son organisation dépend de la société et de la culture dans
laquelle l’on se trouve. Elle n’est pas uniforme selon les sociétés : c’est donc bien les hommes qui construisent
cette organisation qui dépend de la culture de chaque société.
Culture : ensemble des connaissances, des savoir-faire, des traditions, des coutumes, propres à un groupe
humain. Elle se transmet socialement, de génération en génération et non par l'héritage génétique, et
conditionne en grande partie les comportements individuels.
Retenez l’idée que pour parler d’un phénomène naturel, il faut qu’il soit présent partout et de tout temps sous
les mêmes formes et qu’il souffre de peu d’exceptions. Ce n’est pas le cas pour le fonctionnement de la famille,
puisqu’il varie au cours des époques et entre sociétés.
Remarque sur le mariage homosexuel.
2. Des institutions qui guident nos comportements
Document polycopié n°1 Le mariage comme institution sociale
Si les chats n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à chasser les souris. C’est qu’il y a quelque chose dans leur
équipement congénital qui le leur fait faire. Il y a quelque chose qui lui murmure avec insistance : Mange !
Mange ! Mange ! Ce n’est pas vraiment que le chat choisit d’obéir à cette voix intérieure. Si on considère à
présent un jeune homme apercevant pour la première fois la jeune fille dont il tombera amoureux, lui aussi s’est
mis à écouter une voix intérieure très claire : Epouse ! Epouse ! Epouse ! Contrairement à l’autre impératif, le
jeune homme n’est pas né avec celui-ci : il lui a été appris par la société, renforcé par les innombrables pressions
des traditions familiales, de l’éducation morale, de la religion, des médias et de la publicité. Bref, le mariage n’est
pas un instinct mais une institution. Mais la manière dont les institutions orientent notre conduite est très
semblable à ce que fait l’instinct là où il est à l’œuvre.
Cela devient évident si nous essayons d’imaginer ce que notre jeune homme ferait en l’absence de l’impératif
institutionnel. Il pourrait, évidemment, faire une quantité presque infinie de choses. Il pourrait avoir des relations
sexuelles avec elle et ne plus jamais la revoir. Ou bien il pourrait attendre la naissance de leur premier enfant et
en confier l’éducation à l’oncle maternel. Il pourrait se réunir avec trois copains et leur demander s’ils sont
d’accord pour acquérir ensemble la fille comme épouse commune. Ou l’intégrer à son harem avec les vingt-trois
femmes qui y sont déjà. L’impératif institutionnel élimine pour lui toutes les autres options au profit de celle que
la société a prédéfinie pour lui et lui présente un modèle de comportement : désirer, c’est aimer, c’est épouser.
Adaptation d’un texte de Peter L. Berger, Invitation à la sociologie, Coll. Grands Repères, La découverte, 2006
(1963).
1) Expliquez pourquoi le jeune homme pris en exemple souhaite épouser la jeune fille. Quelques conseils pour
construire une réponse complète :
Demandez-vous si ce jeune homme aurait eu le même comportement s’il était né chez les Moso ou
à une autre époque.
Imaginez ce qui pourrait arriver au jeune homme s’il décidait de faire autre chose que de l’épouser.
A l’inverse, quel avantage lui apporte le fait de l’épouser.
Pour se conformer aux normes sociales. Celles-ci s’imposent à lui. Il ne fait qu’adopter le comportement que la
société a prévu pour lui.
Chez les Moso, les normes sociales sont différentes. De même, dans les sociétés occidentales actuelles, le
mariage est beaucoup moins un passage obligé pour la mise en couple et même pour avoir des enfants.
Mais dans la société américaine des années 60, vivre en couple sans se marier pouvait être sanctionné
négativement. A cette époque, les normes sociales en vigueur condamnaient les relations sexuelles en dehors du
mariage. De même, avoir des relations sexuelles sans que l’amour unisse les deux partenaires était condamné par
les normes sociales dominantes. Pour un couple, le cheminement valorisé par la société consistait à tomber
amoureux, éprouver du désir qui ne pouvait se réaliser que dans le cadre du mariage. Seul ce modèle de
comportement était acceptable et il était très difficile de ne pas s’y conformer.
S’il suit les normes sociales, sanctions positives. S’il s’en écarte : sanctions négatives.
Le jeune homme va donc avoir tend ance à se conformer à ce que l’institution du mariage exige de lui.
La société a évolué et les contraintes sont probablement moins fortes aujourd’hui, mais nos comportements en
matière de relations de couple continuent d’être guidés par notre environnement social.
2) Quel est le principal point commun entre les manières d’agir de la souris et du jeune homme ? Pourquoi
néanmoins ces deux manières d’agir ne peuvent s’expliquer de la même manière ?
Ils agissent tout deux un peu mécaniquement. Ils n’ont même pas besoin de se poser de questions, de réfléchir.
Certaines forces les conduisent à agir ainsi. Pour le chat, manger la souris est une évidence. De même, le jeune
homme n’envisage même pas une autre possibilité que de se marier avec la jeune fille.
Certains comportements sont parfois pris pour des comportements « naturels » car ils sont tellement dominants
que nous les adoptons sans même avoir à y penser, comme s’il était dans notre nature même de les adopter,
comme si c’était instinctif. Force de ce qui « a toujours été » !
La grande différence est que le chat agit pour des raisons biologiques, naturelles, instinctives. Le jeune homme,
lui, est influencé son environnement social ; il subit la pesanteur du social.
De nombreux comportements qui nous apparaissent « naturels » résultent en fait la plupart du temps d’une
construction sociale ; c’est notre éducation, notre environnement, qui nous conduisent à les adopter presque
mécaniquement et non un quelconque gène ou instinct.
Leur parler ici des Baruyas.
Une institution sociale définit ce qui est socialement valorisé, légitime, accepté, dans un domaine de la vie
sociale. Elle agit ainsi comme une contrainte sociale que subissent les individus.
L’institution familiale définit donc ce qui est socialement valorisé, légitime, accepté dans le domaine du couple,
des relations parentales, etc. Notre horizon est très largement borné par le cadre fixé par l’institution familiale.
3. L’influence de la socialisation
Nous avons vu que la culture de chaque société influence grandement les comportements de ses membres.
Nous avons également vu que des institutions sociales encadraient les individus. Mais par quels mécanismes
ces influences guident-elles les individus ? Un concept central en sociologie – la socialisation – va nous
permettre de comprendre.
Les normes sont des règles ou modèles de conduite propres à un groupe ou à une société donnée,
appris et partagés, légitimés par des valeurs 1 et dont la non-observance entraîne des sanctions. Les
normes définissent le comportement approprié ou attendu dans la vie sociale. Elles sont inséparables
de l’activité de régulation qui les crée et les maintient. Leur appropriation (apprentissage et
intériorisation) au cours de la socialisation inclut non seulement la connaissance de la prescription en
elle-même, mais aussi la marge de variation qu’elles comportent toujours.
Gilles Férreol, Dictionnaire de la sociologie, A. Colin, 1991.
1. On appelle valeur un principe posé comme idéal à suivre et à accomplir. Les valeurs sont des concepts
abstraits, par exemple « la vérité », « la justice ».
1.La socialisation est le processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les normes
et les valeurs de la société ou du groupe auquel ils appartiennent. Donnez trois exemples de
comportements, de goûts ou de manières de penser (différents de ceux du texte !) que l’on
peut apprendre et intérioriser au sein de la famille.
Socialisation politique.
Goûts et dégoûts culinaires par exemple.
Pratiques culturelles
2.Prenez un de vos exemples de la question 1, et montrez que la socialisation au sein de
l’institution familiale peut exercer ses effets à la fois par :
imitation-imprégnation
inculcation
des sanctions positives et négatives.
Par exemple, l’accent, mais aussi certains goûts et dégoûts (culinaires par exemple).
4. Cochez la bonne case pour indiquer si les expressions caractérisent une valeur ou une norme
sociale.
Valeur Norme
L’égalité x
La fidélité dans le couple x
Respecter la signalisation routière x
La vérité x
L’honnêteté x
Se marier x
Porter des baskets pour un lycéen x
Ne pas mentir x
Commettre un délit (pour un membre d’un groupe délinquant) x
Souhaiter un anniversaire x
Ecouter du rap pour un lycéen x
Le respect d’autrui x
Eviter d’enfreindre la loi (pour un membre quelconque de la société) x
Le respect de la loi x
Ne pas insulter ses parents x
La solidarité x
5. Expliquez ce que signifie l’expression : « les normes sont légitimées par des valeurs » ? Pour montrer
que vous avez compris, essayez de déterminer une norme du tableau ci-dessus qui découle d’une
valeur également présente dans le tableau.
Les normes ne prennent sens que rapportées aux valeurs qui les légitiment, qui leur donnent du sens.
Un exemple : les normes de politesse n’ont pas de sens en elles-mêmes. Si l’on y réfléchit, se serrer la
main, c’est un peu absurde. Mais cela prend du sens, rapporté à une valeur comme le respect
d’autrui. Deux individus qui se saluent illustrent ainsi une forme de reconnaissance mutuelle.
Document polycopié n°3 De nombreuses instances de socialisation
1. Indiquez, pour chaque photo, l’instance de socialisation qui est symbolisée.
Famille Pratique sportive
Pour résumer :
→ Famille.
→ Ecole.
→ Groupes de pairs.
→ Sphère professionnelle.
→ Médias.
2. Expliquez pourquoi l’existence de cette pluralité d’instances de socialisation permet de remettre en cause
l’idée que l’individu (dans ses manières d’agir, de penser, dans ses goûts) serait complètement déterminé par
sa famille.
Normes et valeurs ne sont pas nécessairement les mêmes d’une instance à l’autre. Or l’individu est plongé
dans une pluralité d’instances.
Exemple : Rapport au travail scolaire dans un groupe de collégiens d’un collège ZEP (ceux qui travaillent trop
sérieusement sont qualifiés « les intellos » !) et rapport au travail scolaire dans leur famille (il faut travailler
pour réussir à l’école et socialement).
Fumer peut être une pratique valorisée dans le groupe de pairs et condamné par la famille…
Rapport au savoir savant à l’école et dans les médias (réussite par le sport et par la téléréalité, etc.).
Chaque expérience sociale, chaque nouvel environnement dans lequel nous sommes plongés, déposent en
nous de nouvelles dispositions ou font évoluer les dispositions existantes.
4. Socialisation et pratiques culturelles
Pratiques culturelles : activités de consommation ou de participation à la vie intellectuelle et artistique, mais aussi
usage des médias et sorties. Ne pas les réduire à la « culture savante ».
Problématique : Peut-on dire « dis moi ce que tu aimes, je te dirai de quel milieu social tu viens ? »
Pour répondre à cette question, un préalable indispensable est de comprendre les grands principes de la nomenclature
des PCS.
Agriculteurs exploitants
(12% d’entre eux ont un diplôme Occupent des emplois non salariés du secteur primaire
supérieur ou égal à bac+2)
Artisans, commerçants, chefs
d’entreprise de plus de 10
Occupent des emplois non salariés des secteurs secondaire et tertiaire
salariés
(hors professions libérales)
(20% d’entre eux ont un diplôme
supérieur ou égal à bac+2)
Occupent des professions libérales = indépendants hautement qualifiés
Cadres et professions
(médecin libéral, architecte ou notaire à son compte, pharmacien)
intellectuelles supérieures
Occupent des emplois salariés hautement qualifiés (professeurs du
(75% d’entre eux ont un diplôme
secondaire ou de l’enseignement supérieur, cadres d’entreprise ou de la
supérieur ou égal à bac+2)
fonction publique, ingénieurs)
Occupent des emplois d’indépendants moyennement qualifiés (kinés,
Professions intermédiaires infirmières libérales)
(50% d’entre eux ont un diplôme Occupent des emplois salariés (immense majorité de ce groupe)
supérieur ou égal à bac+2) moyennement qualifiés : infirmières, techniciens, professeurs des écoles,
assistantes sociales, contremaîtres…)
Employés
Occupent des emplois salariés peu qualifiés (activité plutôt non
(15% ont un diplôme supérieur
manuelle) : vendeurs, caissiers, agents de sécurité, secrétaires, serveurs…
ou égal à bac +2)
Occupent des emplois salariés peu qualifiés (souvent activités de
Ouvriers
transformation de la matière ou activités de transport ou de
(5% ont un diplôme supérieur ou
nettoyage…) : conducteurs d’engins, de bus, ouvriers d’usine, agents de
égal à bac +2)
nettoyage…
Remarque : les chômeurs sont classés dans la catégorie de leur dernier emploi.
Document polycopié n°4 Les musiques préférées des lycéens
Origine favorisée Origine moyenne Origine populaire Ensemble
Classique 22 7 3 11
RnB 8 31 44 27
Rock 31 23 15 22
Rap 9 25 28 21
Hip Hop 2 9 13 7
Variété 13 9 10 11
Jazz 12 5,5 2 6
Dominique Pasquier, Cultures lycéennes, la tyrannie de la majorité, Autrement, 2005.
1) Faites une phrase intégrant les deux données en gras et qui en donne la signification.
D’après Dominique Pasquier, en 2005, 11% des lycéens déclarent que leur musique préférée est la musique
classique. 22% des lycéens d’origine favorisée déclarent que leur musique préférée est la musique classique.
2) Quels sont les trois genres musicaux préférés par les lycéens ? Pourquoi peut-on parler à leurs propos d’une
culture de masse ?
Rap-R&B-Rock
Culture regroupant les produits de l’industrie culturelle dont la logique est fondée avant tout sur l’objectif de
rentabilité et qui doit donc s’attacher à s’adresser au plus grand nombre.
3) Citez d’autres exemples (par exemple dans les domaines des nouvelles technologies, de l’habillement, du
cinéma, de la télévision) qui illustrent cette culture de masse.
4) Peut-on dire à partir de ce tableau que les goûts musicaux des lycéens sont indépendants de leur milieu
social ? Justifiez votre réponse par des exemples chiffrés pertinents.
Non, au contraire. On voit une différence assez nette entre élèves d’origine favorisée et lycéens d’origine
populaire. Opposition rock / rap par exemple. 5) Dans les genres musicaux présents dans le tableau, citez en
un ou deux dont la valeur culturelle vous semble davantage reconnue dans la société que pour les autres
genres ? Attention : il ne s’agit pas de trouver les genres qui sont les plus appréciés et les plus écoutés, mais
ceux qui bénéficient d’une plus grande reconnaissance sociale.
Classique + jazz
Préciser qu’à une échelle plus fine, ces différents degrés de légitimité existent aussi à l’intérieur de chaque
genre.
6) Quels sont les milieux sociaux qui écoutent le plus ces deux genres musicaux ?
7) Quels avantages sociaux les individus de ces milieux sociaux peuvent-ils tirer en exprimant des goûts pour
ces deux genres musicaux et en ayant des connaissances à leur sujet ?
Reconnaissance sociale.
Profit de légitimité comme disait Bourdieu ou profit lié à la justification d’exister comme ils sont (Lahire).
On dira « il est cultivé » de quelqu’un qui a des connaissances en musique classique et beaucoup moins de
quelqu’un qui connaît parfaitement l’histoire du rap, ses différents styles…
Document polycopié n°5 L’habitus (Rocé)
Disposer à marcher en bandes et à connaitre la fouille
La bande détient le prétexte que cherchent les patrouilles
Disposer à s’unir en amis de la cité, à subir les familiarités
A mourir trop loin de l’égalité
Disposer à être tutoyé par toute institution
Institution méprise et déplore ton élocution
Qu’est-ce qui pousse un jeune à garder l’argot et la démarche
Alors qu’il sort de l’horizon et qu’il prend de l’âge ?
Entre le jeune abonné aux musées et celui à l’abribus
Seul un des deux portera le poids de son habitus
On a les mêmes os, la même langue, le même sang mais t’oublies un détail
L’genre d’accent avec lequel tu finis tes phrases
Tu sais qu’les riches sont pas plus libres que toi
Eux aussi sont aliénés par leurs mots, leur code, leurs choix
Sauf que leur argot est bien vu, il est même courtisé
On dit du tien qu’il est bad, du leur qu’il est souligné Ce texte est fortement inspiré de travaux
Leur style et leur mode sont juste plus prisés sociologiques de Pierre Bourdieu (1930-2002).
En plus, tu grandis et l’argot du préau n’est plus l’consensus
Deux poids, deux mesures en fonction d’ta voix, ton allure
Ton aisance du langage dans la guerre du langage
Ce monde peut cerner d’où tu viens et j’en ai pas dit plus
Humain, tu restes emprisonné par tes habitus
Le quartier a ses règles, ses lois, son langage, son argot
Tu sais d’quoi j’parle surtout quand t’es ado
Rempli d’vivacité, tu sors du bahut, du chahut
Contaminé par les expressions tordues d’la rue, t’as vu ?
Tu ramènes à l’école une manière de parler
Tu t’la racontes, la manière de manier la langue et de s’tailler
Tes parents se sont dits, l’école change les nantis
Mais leur enfant grandit, veut parler comme un bandit
C’est une règle sociale, on s’adapte à notre monde
L’accent, le verbe, la phrase te reflète, te ressemble
T’as un arrière-goût du quartier, tu restes son ombre, c’est chaud
Les mots qui t’servent à parler reflètent l’écho des autres
T’as pas encore conscience que le langage est ton passeport
Plus tard, faudra qu’tu parles bien ou bien que tu parles fort
Ton horizon d’enfant construit ta personnalité
Tes manières, ton argot t’façonne comme personne n’a idée
Ca jouera sur l’mariage, sur l’choix du job
Sur ton décor, sur le nom des gosses, sur l’choix de l’école
De la musique que t’écoutes, de celle que tu comprends pas
Des malheureux que tu écoutes et d’ceux que tu n’entends pas
Si tu es de ceux qui ont grandi dans le gris des tours
L’oreille bien trop rempli par l’argot qui s’écoule
Tu auras tendance à être moins à l’aise au centre-ville
Que dans le quartier sensible où ta jeunesse a grandi tranquille
D’autres sont nés avec la chance d’avoir la langue dominante
Qui s’habille de l’accent des capitales scintillantes
En vrai, ils n’ont pas de mérite d’être né où ils sont nés
Mais ils ont le passeport dans la guerre du langage français
On a les mêmes os, la même langue, le même sang mais j’oublie un détail
L’genre d’accent avec lequel je finis mes phrases
C’monde peut cerner d’où je viens et j’en ai pas dit plus
Humain, j’reste emprisonné par mes habitus
Essayez d’illustrer vos réponses par des passages tirés du texte de Rocé.
Aux jeunes des quartiers populaires, les « jeunes de cités » comme disent les journalistes.
2) Expliquez d’où proviennent les manières d’agir, de parler, de voir le monde des « jeunes des cités ».
Quelles sont ces manières ? Utilisez dans votre réponse les notions de normes sociales et de socialisation.
SOCIALISATION : dispositions, goûts, langage, démarche intériorisées dans l’univers du quartier. IMITATION-
IMPREGNATION / INCULCATION / SANCTIONS POSITIVES ET NEGATIVES. Ces dispositions suivent l’individu
tout au long de sa vie, même si elles peuvent être réactualisées en fonction de ses différentes expériences
sociales.
Ton horizon d’enfant construit ta personnalité
Tes manières, ton argot t’façonne comme personne n’a idée
Ca jouera sur l’mariage, sur l’choix du job
Sur ton décor, sur le nom des gosses, sur l’choix de l’école
De la musique que t’écoutes, de celle que tu comprends pas
3) Les individus issus de milieux favorisés sont-ils moins influencés par leur milieu social ?
4) Les conséquences de ces goûts, codes, langages, propres à un milieu social, sont-elles les mêmes pour les
individus selon qu’ils font partie des catégories populaires ou des catégories favorisées ?
Capital culturel et linguistique, passeport pour accéder aux positions dominantes et à la reconnaissance
sociale. Lien aussi avec réussite scolaire. Pratiques culturelles comme légitimation de la domination.
Petite synthèse du 4)
Normes sociales différentes dans chaque groupe social. Les individus sont influencés par leur environnement
social et ils intériorisent leurs goûts à travers leur socialisation.
Le niveau de diplôme est déterminant. A travers les études, on intériorise certains goûts pour les pratiques
légitimes.
Quand on dit « tous les goûts sont dans la nature », c’est totalement faux, ils ne sont pas du tout dans la
nature ! Ils n’ont rien de naturels ou d’innés et ne sont pas l’expression de purs choix individuels. Les goûts
résultent au contraire de déterminismes sociaux. La place que nous occupons dans la société influence de
manière décisive nos goûts et nos dégoûts.
Comme nous l’avons vu, les pratiques culturelles sont hiérarchisées. Ainsi, ceux qui adoptent les pratiques
légitimes en tirent des profits de légitimité liés à la rareté de telles pratiques. Ils ont l’impression d’être
comme il faut, ils se distinguent de la masse. Selon Pierre Bourdieu, un sociologue français, ces pratiques
culturelles légitimes adoptées par les individus des classes dominantes, renforcent leur domination car ils
apparaissent comme uniques en raison de ces pratiques.