Vous êtes sur la page 1sur 6

chap 1 : Comment la socialisation contribue-t-elle à

expliquer les différences de comportement des


individus ?
La socialisation est un apprentissage des manières de voir le monde. En effet elle correspond au
processus par lequel les individus s'approprient, la culture, les valeurs et les règles de vie en
société. Cet apprentissage est nécessaire pour s'adapter à la société dans laquelle on vit, être un
membre à part entière, en se faisant une place auprès des autres, c'est ce qui rend un certain
vivre ensemble possible. Cependant on peut constater que chacun est différent dans ses
aspirations et ses façons d'agir. En effet l'apprentissage des valeurs et des normes inclut une
part d'interprétation liée à l'histoire individuelle et familiale, au groupe social, comme aux
expériences qui forgent le caractère. Se faire une place dans la société, c'est à la fois être
comme les autres et être un autre, cela ne gomme jamais l'identité particulière de chaque
individu.

Et nous allons donc chercher à comprendre comment la socialisation contribue-t-elle à


expliquer les différences de comportement des individus ? Pour répondre à cette question on
verra dans une première partie : Comment la socialisation explique-t-elle les différences de
comportement des enfants ? (I) Et dans une deuxième partie : Comment la socialisation
secondaire contribue-t-elle à l'identité sociale des individus ? (II)

I) Comment la socialisation explique-t-elle les différences de


comportement des enfants ?
La socialisation est un processus d'intériorisation des normes et des valeurs (A) Mais ce
processus et différencié selon le milieu social et selon le sexe (B), et que la socialisation des
enfants et des adolescents est impacté par la configuration familiale (C).

A) Un processus d'intériorisation des normes et des valeurs.


1) Qu'est-ce que la socialisation ?

La socialisation peut-être définie comme l'ensemble des processus par lesquels l'individu,
acquiert, intériorise , incorpore des façons de faire , de penser et d'être, qui sont propres à une
société à la société dans laquelle il vit. La socialisation " la façon dont la société forme et
transforme les individus " en lui inculquant les normes et les valeurs en vigueur en son sein.

La socialisation n'est pas l'éducation car elle englobe l'éducation, mais ne s'y réduit pas.
L'éducation correspond à des activités explicites et volontaires, alors que la socialisation peut
aussi ( et surtout ) être implicite et involontaire (imitation , jeu). De plus la socialisation est un
processus qui dure toute la vie : elle commence à la naissance et se termine à la mort de
l'individu. Mais c'est au cours de la socialisation primaire c'est-à-dire pendant l'enfance et
l'adolescence qu'elle est plus intense, ainsi l'individu va intérioriser des normes des valeurs qui
vont contribuer à forger ses goûts, ses comportements et les rôles qu'on attend de lui, et ainsi
façonner sa personnalité sociale.

2) Comment se fait-elle ? ( Par quels mécanismes ?)

La socialisation se fait de différentes manières (différents mécanismes) :

- Par entraînement ou pratiques directes : ici les individus se socialisent en participant à des
activités récurrentes, telles que les activités sportives ou culturelles, émissions ou films regardés
en famille, visites de musées, etc.)

- Par inculcation : l'apprentissage des normes et des valeurs, comportements se fait de manière
explicite et contrainte par les agents socialisateurs assortie de sanctions positives ( récompense)
et de sanctions négatives (punitions). Par exemple les règles de politesse se fait le plus souvent
par inculcation (ne pas dire s'il-te-plait, merci, bonjour sera punie, alors le respect de ces règles
est récompensé).

- Par imprégnation : l'individu va reproduire de manière inconsciente, des comportements de


son entourage et notamment de ses parents. Il va s'imprégner des façons de faire, de penser, et
d'être au cours des interactions avec ses proches inconsciemment. par exemple, il n'est pas rare
de voir la petite fille imitée sa mère, reproduire ses gestes et paroles, de même le petit garçon
avec son père.

3) Par qui ? ( les agents socialisateurs ?)

Différentes instances de socialisation participent au processus de socialisation de l'individu :

- la famille est une instance majeure de la socialisation : elle est la première à agir sur l'individu.

- l'école est une instance omniprésente dans la socialisation de l'individu, mais son message
peut-être parfois complémentaire avec celui de la famille, et parfois en opposition.

- D'autres instances de socialisation sont influentes, notamment les groupes de pairs et les
industries culturelles et peuvent se dresser contre d'autres instances de socialisation ( famille,
école), même si la famille est l'instance qui conserve le contrôle sur les autres.
B) Un processus différencié selon le milieu social et le sexe.
1) Selon le milieu social

La socialisation est différente selon le milieu social d'origine de l'individu. En effet les valeurs,
les préférences, les aspirations, ou encore le rapport à la culture sont différentes selon l'origine
sociale de l'individu. Ainsi un bourgeois et un ouvrier par exemple ont des goûts, des
comportements différents.

2) Selon le sexe

La socialisation est différenciée selon le sexe : c'est la socialisation genrée. Le genre est un
rapport social lié au sexe biologique de l'individu. Garçons et filles se voient inculquer, via
notamment le contrôle exercé par la famille, une identité de genre à laquelle correspondent des
rôles sociaux spécifiques : pratique sportive, occupation du temps libre, de l'espace domestique
etc. Ces comportements différents à l'égard des garçons et filles par les instances de
socialisation vont donc avoir des conséquences sur leur identité. ces rôles et ses stéréotypes
tendent à se reproduire à l'âge adulte.

Toutefois cette identité de genre peut être transgressée du moins partiellement. (fille
footballeuse par exemple).

Ces différenciations multiples permettent de comprendre la variété des aspirations et des


comportements individuels.

C) L'impact des configurations familiales sur la socialisation des


enfants et des adolescents.
La socialisation primaire, et notamment celle réalisée au sein de l’univers familial, est
déterminante pour expliquer les façons de faire, de penser et d’être des individus. Cependant, le
contexte de socialisation n’est pas homogène et varie en fonction des configurations familiales :
statut conjugal, taille de la fratrie, niveau de diplôme des parents, niveau de revenu, origine
migratoire. Nous verrons comment ces configurations familiales modifient les conditions de
socialisation des enfants et des adolescents. Nous montrerons dans un premier temps les effets
de ces configurations familiales sur les pratiques culturelles des enfants et des adolescents, puis
sur leur probabilité de réussite scolaire.
1) Les configurations familiales peuvent influer sur les pratiques culturelles et
notamment sportives

La composition de la famille, et notamment celle de la fratrie, influence les pratiques (DOC 2 page
118 livre). Exemples : footballeuses dans de larges fratries mixtes où les cadettes suivent les
garçons dans leurs pratiques culturelles ; footballeuses qui s’investissent dans ce sport pour
mettre à distance le rôle traditionnel dévolu aux femmes dans certaines familles populaires ;
footballeuses influencées par la passion de leur père pour le football lorsque celui-ci n’a pas eu
de garçons.

La composition de la famille, et notamment le nombre d’adultes actifs, influence le niveau de vie.


Or, le niveau de vie de la famille peut aussi avoir une influence sur les pratiques culturelles :
activités onéreuses comme la pratique de certains sports (ski, équitation, golf, par exemple),
départ en vacances et voyages à l’étranger, etc. Le fait de pratiquer ces activités aura un effet
socialisateur sur l’individu : cela concourra à modifier ses façons de faire, de penser et d’être.

2) Les configurations familiales peuvent aussi influer sur la réussite scolaire

Tendance à adopter des pratiques plus légitimes lorsque les parents sont fortement diplômés.
Loisirs qui ne sont pas perçus comme un simple divertissement, mais conçus comme permettant
l’acquisition de façons de faire, de penser et d’être valorisées dans la société. Exemples : pratique
d’un instrument de musique, de la lecture.

La part des familles monoparentales progresse dans l’ensemble des familles avec enfants (DOC
3 page 119 livre). Or, la séparation a un triple impact sur la configuration familiale : abaissement
du niveau de vie du foyer, moindre contrôle parental, moindre cohérence des injonctions
parentales. Ces trois éléments peuvent jouer négativement sur la réussite scolaire (DOC 4 page
119 livre). Cela est particulièrement vrai dans les familles de milieux favorisés dans lesquelles la
séparation des parents peut perturber la transmission du capital culturel à l’enfant.
II) Comment la socialisation secondaire contribue-t-elle à l'identité sociale des
individus ?
La socialisation est un processus continue tout au long de la vie. Si les dispositions, les goûts et préférences
intériorisés lors de la socialisation primaire façonnent durablement l'individu, la socialisation secondaire
prolonge la socialisation primaire et contribue également à l'identité sociale des individus. Une pluralité
d'instances secondaires (A) pour renforcer et/ou transformer la socialisation primaire (B) et peut expliquer
les trajectoires individuelles parfois improbables (C).

A) Une pluralité d'instances secondaires.


La socialisation secondaire est plurielle : elle peut passer par la formation du couple, l'entrée dans une
profession ou encore dans un groupe politique.

En effet l'exercice d'une profession, la fréquentation de collègues de travail, constituent pour l'individu une
socialisation professionnelle c'est-à-dire l'apprentissage des valeurs et des normes propres à un métier, au
contact des partenaires de travail. Cet apprentissage permet à l'individu d'être et de se sentir membre d'un
groupe professionnel.

De même, en formant un couple, deux individus modifient partiellement leur identité initiale. C'est la
socialisation conjugale qui correspond à l'apprentissage de valeurs et normes qui se produit à l'occasion de
la vie quotidienne en couple. L'individu modifie alors partiellement son identité et ses habitudes.

Enfin les normes et les valeurs politiques d'un individu, en partie héritées de sa famille peuvent changer à
l'occasion d'évènements ou de rencontres : on parle de socialisation politique : apprentissage de valeurs et
normes qui orientent la perception que l'individu a du pouvoir politique, ses attitudes politiques (comme le
fait de se sentir de gauche ou de droite ) et ses comportements politiques (comme le fait de voter ou non,
de participer à une manifestation).

B) La socialisation secondaire entre renforcement et transformation de la socialisation


primaire.
La socialisation secondaire est le fait de d'instances de socialisation diverses que l'individu côtoie tout au
long de sa vie ( école, groupe de pairs, associations politiques, religieuses, sportives, médias) ou plus
spécifiquement le travail, la vie de couple. Et ses socialisations secondaires peuvent remettre en question
plus ou moins profondément les acquis de la socialisation primaire. On distingue traditionnellement les
socialisation de renforcement, lorsque leurs effets prolongent les apprentissages et les dispositions acquis
lors de la socialisation primaire, parce qu'ils valorisent les même normes et valeurs , des socialisations de
transformation. En effet par exemple la profession exercée, la vie de couple, peuvent amener l'individu à
s'adapter, et à réadapter leurs manières de faire, de sentir et de penser pour tenir leur rôle en adéquation
avec leur statut. Les réadaptations de la socialisation secondaire effacent rarement les dispositions
acquises lors de la socialisation primaire mais cela peut amener les individus à rompre avec leur famille et
leurs proches.
Certains individus tendent parfois à anticiper lors de leur socialisation primaire leur futur statut en
adoptant les règles de comportements du groupe social qu'ils souhaitent intégrer et qui devient à leurs
yeux un groupe de référence. On parle alors de socialisation anticipatrice. (groupe d'appartenance est
celui dans lequel l'individu est socialisé , tandis le groupe de référence est celui auquel l'individu souhaite
appartenir et dont il adopte les normes et les valeurs).

C) Une pluralité d'influences explique les trajectoires individuelles improbables.


La diversité des influences socialisatrices peut modifier l'identité sociale des individus, qui peuvent alors
connaître des parcours auxquels leur socialisation initiale ne les prédisposait pas. En effet il existe des
trajectoires sociologiquement probables, mais aussi des trajectoires improbables , c'est-à-dire qui
s'écartent des trajectoires statiquement les plus fréquentes, autrement ayant peut de chance de se
produire socialement. Par exemple les enfants de milieu modeste peuvent réussir à intégrer des parcours
scolaires très valorisés ou connaître une forte ascension sociale (ex le petit fils d'un agriculteur devient
président de la République !) A l'inverse , certains enfants de milieux favorisés peuvent se trouver en
difficulté à l'école, ou connaître une mobilité descendante par rapport à son milieu d'origine (ex le fils du
médecin qui devient ouvrier).

En outre certaines trajectoires peuvent être bouleversées par des événements imprévus plus ou moins
heureux, des facteurs inattendus. En effet parfois un événement brutal, comme une maladie ou une perte
d'emploi, des rencontres improbables, font radicalement dévier les trajectoires individuelles. .

Vous aimerez peut-être aussi