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FICHE DE COURS
Introduction :
La socialisation est un processus qui se déroule tout au long de la vie. La socialisation primaire de
l’individu joue un rôle prépondérant dans sa construction en tant qu’individu social. Cependant,
l’individu, dans sa vie d’adulte, rencontre de nouvelles situations et de nouveaux agents de
socialisation qui vont modi�er la construction de son identité. Ces interactions nouvelles
renforceront ou transformeront les normes et valeurs assimilées au cours de la socialisation
primaire.
Dé�nition
Socialisation primaire :
Dé�nition
Socialisation secondaire :
En rentrant dans la vie adulte, l’individu est confronté à de nouvelles situations et de nouveaux
rôles, aussi bien au travers de son travail que de la vie conjugale et familiale qu’il va créer.
a. La socialisation secondaire
• le travail : dans le milieu socioprofessionnel, l’individu apprend des normes, des valeurs
et des attitudes propres au milieu socioprofessionnel. Ainsi, l’individu devra apprendre
les comportements à adopter en fonction de sa position hiérarchique ou encore le
comportement à adopter avec des clients ;
• la vie conjugale et la famille : une fois adulte, l’individu va former progressivement une
famille. Cela va lui attribuer de nouveaux rôles, comme celui de conjoint ou de parent.
Il devra alors adapter son comportement à cette situation nouvelle.
Cependant, les sociologues Peter L. Berger et Thomas Luckmann considèrent que certaines
normes et valeurs apprises lors de la socialisation secondaire sont plus susceptibles d’être remises
en cause ou de s’adapter que celles apprises lors de la socialisation primaire. Ainsi, selon eux, si
un individu a appris au travers de la socialisation professionnelle qu’il doit porter une cravate au
travail, un changement de travail amènera facilement l’individu à renoncer à cette pratique. Par
contre, l’individu montrera une « résistance » à se présenter nu devant les autres, le fait de
s’habiller étant un élément acquis lors de la socialisation primaire.
L’individu va changer, au cours de sa vie, de milieu, de travail, d’amis, va constituer une famille, ce
qui va entraîner un changement de son identité sociale. Un individu appartient simultanément à
di�érents groupes sociaux : sa famille d’origine, celle qu’il va créer, ses collègues de travail, etc.
Chacun de ces groupes lui confère une identité, et l’individu possède donc une « identité
plurielle ».
Ainsi, selon le sociologue français Bernard Lahire : « un acteur pluriel est donc le produit de
l’expérience – souvent précoce – de la socialisation dans des contextes sociaux multiples et
hétérogènes. Il a participé successivement au cours de sa trajectoire ou simultanément au cours
d’une même période à des univers sociaux variés en y occupant des positions di�érentes ».
À retenir
Par exemple, le fait d’entamer une vie conjugale conduira un individu à adapter certaines de ses
pratiques et de ses attitudes à ce nouveau rôle, comme participer à des évènements culturels et
sociaux dont son conjoint est coutumier. Cela ne veut pas dire pour autant que l’individu
abandonne complètement ses anciennes pratiques ou ses goûts en matière culturelle : on peut
aller avec son conjoint voir une pièce de théâtre, sans pour autant renier son goût pour le cinéma.
À retenir
Ainsi, être jeune renvoie l’idée que l’individu dispose de plus de liberté, de moins de
responsabilités, et de plus d’instabilité qu’un adulte.
À chaque âge social correspondent plusieurs caractéristiques de l’individu. On peut, selon ces
caractéristiques, distinguer plusieurs étapes.
• L’âge adulte : il correspond à une situation dans laquelle l’individu quitte la maison
familiale, forme une famille, occupe un emploi stable et cesse d’être étudiant.
L’enquête « Conditions et aspirations des Français » du CREDOC en 2011 montre que
l’individu rentre de plus en plus tard dans l’âge adulte. Ainsi, d’après cette enquête,
70 % des personnes de 18 à 29 ans ne sont plus étudiants en 2009-2010, contre 84 % en
1979-1980 et 24 % de ces personnes ont eu un enfant en 2009-2010, contre 38 % en
1979-1980.
La socialisation primaire marque durablement les comportements et les choix des adultes. Ainsi,
les di�érences de genre intériorisées vont se retrouver dans la répartition des tâches domestiques,
du choix des études et des métiers qui seront exercés par l’adulte. De même, l’origine sociale de
l’individu conditionne son devenir professionnel.
Le genre et le rôle associé au genre appris lors de la socialisation primaire vont se maintenir à
l’âge adulte. Lors de la socialisation primaire, la jeune �lle apprend quels sont les attributs
attendus pour une femme, comme s’occuper de certaines tâches dans la maison ou prendre soin
des enfants ou d’autres membres de la famille. De même, les jeunes �lles intériorisent certaines
valeurs qui limitent leurs capacités futures à être ambitieuses, comme par exemple la modestie
ou la discrétion. Au contraire, les jeunes garçons reçoivent un autre modèle, dans lequel
l’ambition est valorisée, et ils sont poussés vers d’autres tâches domestiques, comme par exemple
le bricolage.
Cette socialisation di�érenciée a pour conséquence des di�érences quant aux orientations
scolaires et professionnelles ou à la répartition des tâches domestiques dans le couple.
• Les tâches domestiques : bien que l’écart dans la répartition des tâches ménagères soit
en train de se réduire, cette répartition reste inégalitaire entre les femmes et les
hommes. Ainsi, dans l’enquête « Regards sur la parité », publiée par l’INSEE en 2012, on
constate que les femmes s’occupent davantage de tâches telles que les courses, le
ménage, s’occuper des enfants, tandis que les hommes dédient plus de temps à des
tâches comme le bricolage ou le jardinage. L’enquête montre que, si le temps consacré
aux tâches domestiques diminue pour les femmes, c’est principalement parce qu’une
partie de ces tâches est externalisée, ce qui permet de créer de nouveaux postes de
travail, qui seront occupés majoritairement par des femmes. De plus, l’enquête indique
que, même lorsque les femmes s’investissent dans leur travail, la répartition des tâches
ne change pas, et ce même si elles gagnent plus que leur conjoint.
Ces écarts impliquent que les métiers exercés par les femmes et les hommes sont di�érents. Les
femmes vont plus souvent s’orienter vers des métiers de soins envers les autres ou soi-même.
Ainsi, selon l’enquête « Emploi 2008-2010 » de l’INSEE, 99 % des assistants maternels, 88 % des
in�rmiers, 87 % des coi�eurs et esthéticiens sont des femmes. À l’inverse, elles vont délaisser
certains métiers qui impliquent des compétences scienti�ques ou pour lesquels il faut faire
preuve d’ambition : elles ne représentent que 17 % des dirigeants d’entreprises et 20 % des
ingénieurs de l’informatique.
b. L’influence de l’origine sociale sur la vie adulte
En fonction de l’origine sociale, l’enfant reçoit des valeurs et des normes di�érentes. De plus, le
capital culturel transmis n’est pas le même en fonction du milieu social. Ces di�érences vont
conditionner la capacité de l’enfant à s’adapter au milieu scolaire. Ainsi, dans les familles aisées,
qui possèdent un capital culturel important, le niveau de langage correspond à celui qui est
attendu à l’école, ce qui ne sera pas forcément le cas pour un enfant d’origine plus modeste. Il en
va de même pour les références culturelles ou artistiques.
Dé�nition
Capital culturel :
Ces di�érences se retrouvent dans l’orientation scolaire des enfants. Lorsque les études sont
longues et sélectives, comme les grandes écoles, les enfants issus d’un milieu favorisé sont
surreprésentés, contrairement aux enfants d’origine modeste : 56,5 % des étudiants d’écoles
normales supérieures (très sélectives) ont pour parents des cadres et professions intellectuelles
supérieures et seulement 3,2 % des étudiants de ces écoles ont pour parents des ouvriers.
Conclusion :