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CHAPITRE 2 : PROCESSUS DE SOCIALISATION ET CONSTRUCTION

DES IDENTITES SOCIALES

I- Qu’est ce que la socialisation ?


Les individus membres d'une société apprennent les règles de leurs milieux sociaux et culturels.
Ils intègrent progressivement les normes et les valeurs dominantes de la société et les adaptent à leur
personnalité.
Ces processus de transmission et d'apprentissage sont différenciés selon l'âge, le sexe, l'origine, le groupe
socioprofessionnel des parents, la religion, etc.
Cet apprentissage des normes, des comportements, des valeurs ou des croyances d'une société se fait tout au
long de la vie, à travers ce qu’on appelle « la socialisation ».
La socialisation est donc un processus d'apprentissage et d'intériorisation de normes et de valeurs, qui
se déroule tout au long de la vie.
Une valeur est un idéal à atteindre par exemple le respect.
Une norme est une règle de conduite, elle découle d’une valeur. Par exemple, respecter les personnes
âgées.
II- La socialisation est un processus :
On distingue deux grandes étapes d’intégration des normes et des valeurs :
La socialisation primaire : c’est la socialisation qui se déroule pendant l’enfance. Elle est essentiellement
assurée par la famille, les groupes de pairs, l’école et les professionnels de l’enfance (assistantes maternelles,
personnels des centres scolaires, etc.).
La socialisation secondaire : est la socialisation qui se déroule pendant l’âge adulte. L’entrée à l’Université,
les premiers emplois, la participation à des stages de formation ou des activités syndicales, la mise en couple,
l’installation dans un nouveau voisinage, la participation à la vie associative et/ou politique, le mariage,
l’arrivée des enfants, etc. renforcent, nuancent et/ou déstabilisent les habitudes et les schémas de pensée
acquis durant l’enfance.
Soulignons que les effets de la socialisation primaire restent profondément ancrés dans les manières d’être
(manière de parler, de se tenir, etc.) et de penser des individus (croyances religieuses, positions politiques,
etc.). Ils ont tendance à informer la façon dont la socialisation secondaire va se dérouler. D’où l’importance
des processus de socialisation qui ont lieu pendant l’enfance, notamment au sein de la famille.
III- Les instances de socialisation
Les instances de socialisation (famille, école, groupes de pairs, travail, conjoint, etc.) sont potentiellement
plus nombreuses et plus diverses à mesure que l’âge des individus avance.
1- Le rôle de la famille dans le processus de socialisation
La famille transmet, de manière directe ou indirecte, de façon consciente et inconsciente, les éléments de
la culture (normes, valeurs, codes symboliques) qui permettent aux enfants de s'intégrer dans la vie sociale.
La famille est d'abord le lieu de transmission d'une identité civile (nom et prénom). Elle transmet ensuite le
langage, les normes de comportement et les « techniques du corps » ou les manières de manger, de s’asseoir,
de se tenir avec les proches ou les étrangers, etc. Elle impose ses habitudes, qui permettront à l'enfant de
développer ses relations sociales futures.
La famille peut aussi transmettre un patrimoine économique et financier, des positions dans l’espace social,
un réseau social « carnet d'adresses », etc.
La famille est aussi au cœur des stratégies de reproduction sociale. Par exemple, la classe supérieure
déploie des stratégies pour les mariages de leurs enfants avec des enfants de famille du même milieu social.
Toutefois, les individus ne sont pas uniquement en contact avec les membres de leurs familles. Ils
fréquentent aussi d’autres personnes, d’autres lieux, d’autres institutions.
2- Le rôle de l’école dans le processus de socialisation
L'école est une institution, soit un ensemble de règles ainsi qu’une organisation, qui s'imposent aux
individus.
En fonction de l’âge des élèves et de leur niveau, l’institution scolaire définit les normes et les valeurs, donc
les contraintes, qui s'imposent à ses membres et aux parents. Exp. La signature du règlement intérieur, qui
précise les normes juridiques, par les parents et les enfants.
L’école a pour rôle de former des citoyens et d'assurer l'égalité des chances. Elle permet à l'enfant de développer
sa personnalité, de s'épanouir et de recevoir des influences autres que celles de sa famille.
Le système d'enseignement est fondé sur de grands principes, notamment les principes de de gratuité,
d’obligation scolaire et de liberté de l'enseignement. Ces principes s’imposent aux élèves mais aussi aux
professeurs et autres personnels éducatifs.
L’école transmet particulièrement des valeurs visant à renforcer l'égalité entre les filles et les garçons, la
tolérance, la prévention des comportements discriminatoires (lutte contre le racisme) ou la lutte contre le
harcèlement, notamment via les réseaux sociaux numériques.
3- Le rôle des médias et des groupes des pairs dans le processus de socialisation
La famille et l’école ne sont les seuls lieux de transmission de normes et des valeurs d’une société.
Le groupe de pairs est un lieu important d'expérimentations nouvelles hors du cadre familial. C'est avec les
amis qu'on va tester nos limites, découvrir de nouveaux horizons et s'autonomiser. Au sein du groupe, les
adolescents vont se lancer des défis à réaliser sous le regard des pairs.
Ainsi, le voisinage, les relations avec les pairs (amis, camarades de classe, etc.), les activités sportives ou
musicales, les émissions de télévision, les réseaux sociaux numériques participent au processus
d’apprentissage, d’intériorisation, voire d’inculcation des règles de vie en société.
Par exemple, les blagues, les jeux, les goûts musicaux, etc. sont souvent transmis entre pairs et de plus en
plus via les réseaux sociaux numériques.
IV- La socialisation est un processus collectif et dynamique.
1- Le caractère différencié des processus de socialisation selon le milieu social
Les modes de vie ne sont pas homogènes : niveau de vie, taille et localisation des logements, alimentation et
habillements, loisirs et vacances, etc. témoignent de l’hétérogénéité des conditions matérielles d’existence,
des occupations et des préoccupations des groupes sociaux.
Les individus grandissent, se mettent en couple, travaillent, ont des loisirs dans des espaces sociaux
différents. On mesure souvent le milieu social d’un individu selon sa catégorie socioprofessionnelle (ou celle
de ses parents).
Les apprentissages sont liés aux appartenances sociales. Les processus de socialisation sont donc «
structurés» par l’origine sociale et par les appartenances aux classes sociales.
Ainsi, le groupe social d’appartenance influence les manières d’être, de parler, de faire mais aussi les
choix individuels.
On note ainsi que les pratiques sportives et les activités de loisirs (pratique d’un instrument de musique,
etc.) sont souvent liés à l’origine sociale.
2- Le caractère différencié des processus de socialisation selon le genre
Pourquoi et comment une différence biologique (sexes différents) se transforme en différence sociale
(rôle et statut sociaux différents) ?
Le concept de genre renvoie à la dimension culturelle de l’appartenance sexuelle (par exemple la
répartition du pouvoir ou des rôles entre les femmes et les hommes dans une société), par opposition à la
notion de «sexe», qui traduit une réalité biologique universelle.
Les études sociologiques démontrent qu’au-delà des consignes officielles qui prescrivent l’égalité et de la
volonté des enseignants, les différences sexuées se transmettent toujours à l’école, notamment via les
manuels scolaires et les livres utilisés, qui renforcent les stéréotypes.
En famille, à l'école ou entre amis, les stéréotypes (positifs ou négatifs) descriptifs (« les filles/garçons sont
comme cela… ») ou prescriptifs (« les filles/garçons doivent faire cela … ») exercent des pressions
normatives qui incitent les enfants puis les adolescents à s’y conformer, c'est-à-dire à appliquer ce qui est
attendu d’eux.
L’apprentissage de ces stéréotypes se déroule donc dès la socialisation primaire, notamment lorsque les
parents traitent leurs enfants différemment, selon qu’ils soient garçons ou filles (couleurs et formes des
habits, choix des jouets, etc.).
Cette éducation différenciée des parents est alimentée et renforcée, par la multiplicité des canaux de
socialisation.
Les jouets ou les pratiques sportives peuvent illustrer le caractère différencié des processus de socialisation
en fonction du milieu social et en fonction du genre.
Les familles des classes moyennes et supérieures ont tendance à offrir des jouets éducatifs à leurs enfants,
n’oubliant pas qu’ils sont aussi des outils de « stimulation intellectuelle », alors que les familles de milieux
populaires valorisent les jeux à caractère social (poupée, soldat, etc).
Par ailleurs, les jouets masculins favorisent souvent la force, la virilité et la manipulation alors que les
jouets féminins favorisent la maternité, la cuisine, la séduction.

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