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Exostose solitaire et maladie


des exostoses multiples
P. Bonnevialle, J. Sales De Gauzy, S. Ferriere, A. Gomez-Brouchet, N. Sans

Une expression tumorale unitaire caractérisée par un double contingent osseux et cartilagineux, évolutif
tout le long de la croissance est le point commun de l’exostose ostéogénique et de la maladie exostosante.
Elles intéressent à la fois le chirurgien orthopédiste pédiatre et adulte. Dans sa forme unique l’exostose
ostéogénique ou ostéochondrome rassemble une sémiologie clinique et radiologique caricaturale
permettant de poser un diagnostic de certitude sans biopsie première : tumeur de surface en stricte
continuité radiologique avec la corticale métaphysaire d’où elle est issue et comportant une coiffe
cartilagineuse. Rarement, elle présente des difficultés de diagnostic différentiel avec un sarcome
paraostéal. Le risque de dégénérescence est exceptionnel dans la forme unique dont l’indication d’exérèse
est posée pour les formes symptomatiques, en particulier compressives et localisées au fémur proximal, à
la scapula et au bassin. La maladie exostosante est rare, secondaire à trois mutations chromosomiques
dont la transmission est autosomique dominante. Un antécédent familial est retrouvé dans deux tiers des
cas ce qui permet, dès la naissance, de redouter un tel diagnostic lorsque le nouveau-né est issu d’un des
parents atteints. La survenue sporadique est possible liée à une mutation de novo. La maladie
exostosante se caractérise par une grande hétérogénéité clinique liée au nombre, au volume des unités
tumorales et à leur dissémination ; les sites les plus fréquents avec retentissement sur la croissance sont le
poignet, le genou et la cheville. Les indications thérapeutiques au niveau de ces sites sont mieux précisées
dans le but de prévenir des déformations orthopédiques à retentissement fonctionnel et social non
négligeable. Le risque de dégénérescence chondrosarcomateuse chez l’adulte est nettement plus élevé, en
particulier dans les formes sévères et aux ceintures. Les progrès de la génétique vont permettre
l’identification précoce des formes graves au plan fonctionnel et à risque carcinologique.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Exostose solitaire ; Ostéochondrome ; Maladie exostosante ; Exostoses multiples ;


Chondrosarcome

Plan ainsi l’architecture d’un cartilage de croissance [1, 2]. Ceci rend
compte de son évolution clinique et radiologique pendant la
croissance : toute EOS subit une évolution parallèle à l’ossifica-
¶ Introduction 1
tion enchondrale pour aboutir à sa forme histologique mature
¶ Exostose solitaire 2 de composition principalement osseuse à l’âge adulte. Dans sa
Anatomopathologie 2 forme unique, il s’agit d’une tumeur squelettique dont le profil
Présentation radioclinique 3 radioclinique est typique, posant peu de problème diagnostique
Traitement 5 et relevant éventuellement d’une résection chirurgicale : sa prise
¶ Maladie des exostoses multiples 6 en charge est assurée à la fois par les chirurgiens orthopédistes
Données générales 6 infantile et adulte [3]. L’EOS représente, avec le fibrome non
Présentation radioclinique 7 ossifiant, la plus fréquente des tumeurs osseuses bénignes et de
Traitement 9 loin la tumeur à développement exo-osseux la plus répandue.
¶ Conclusion 10 Paradoxalement, les séries rassemblant de nombreux cas sont
rares [2, 4, 5] et les publications rapportées dans la littérature
rassemblent principalement des localisations atypiques, rarissi-
mes ou d’emblée compliquées.
La forme à localisations plurifocales, ou maladie des exostoses
■ Introduction multiples (MEM) est plus exceptionnelle et surtout pose des
L’exostose ostéogénique solitaire (EOS) ou ostéochondrome problèmes bien différents. Sa prévalence est estimée entre
est une tumeur bénigne de surface développée sur un os à 1/50 000 et 1/100 000. Elle s’individualise nettement de la
ossification enchondrale, au contact de la plaque épiphysaire. forme unique par une transmission héréditaire, un retentisse-
En raison de son histogenèse, elle est habituellement classée ment sur la croissance des membres fonction du nombre
dans les tumeurs bénignes d’origine cartilagineuse. En effet, elle d’éléments tumoraux variable d’un patient à l’autre et un risque
se caractérise par une excroissance produisant à la fois du tissu accru de dégénérescence chondrosarcomateuse. La littérature est
cartilagineux et osseux de constitution normale reproduisant ici plus prolixe [4, 6-10].

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■ Exostose solitaire typique : la partie osseuse sans séparation avec la corticale


d’origine est recouverte de cartilage qui lui donne sa coloration
L’EOS ne semble pas avoir d’origine génétique mais corres- bleutée. Cette « coiffe » cartilagineuse est d’autant plus épaisse
pond à un simple « incident » de croissance. Sa survenue que l’exostose est immature : elle évolue comme la croissance
relèverait d’une brèche dans la virole périchondrale ou d’une enchondrale de plusieurs dizaines de millimètres d’épaisseur
anomalie fonctionnelle du périoste permettant l’isolement d’un chez l’enfant à 1 millimètre chez l’adulte. Dans les volumineu-
fragment de cartilage conjugal à la surface de l’os et évoluant ses exostoses, une bourse séreuse néoformée s’interpose entre
pour son propre compte. Des observations surprenantes ont été tumeur et tissus de voisinage progressivement refoulés [1].
rapportées de survenue d’une exostose après décollement
épiphysaire, irradiation ou ostéomyélite [11-13] . À l’inverse, Données microscopiques
quelques cas de régression spontanée d’EOS ont été décrits dans En microscopie conventionnelle, l’EOS répond à une struc-
la littérature [14-16]. Campanacci [2] souligne la prédominance ture typique associant une mince lame fibreuse, une coiffe
masculine, soit un sex-ratio de 1,5 à 2/1. En raison de fréquen- cartilagineuse, et un tissu osseux d’architecture trabéculaire
tes formes asymptomatiques, il n’est pas possible de fixer la constituant le corps de la tumeur [1]. L’aspect histopathologique
fréquence exacte dans la population des EOS. de la coiffe cartilagineuse est très proche, chez l’enfant, de celui
du cartilage de conjugaison avec des chondrocytes regroupés en
Anatomopathologie îlots en surface et en colonnes en profondeur. Ces chondrocytes
ne présentent pas d’atypie marquée. Avec la croissance, la coiffe
Qu’elle soit unique, de survenue fortuite ou dans le cadre de perd son activité pour devenir un cartilage hyalin très proche de
la MEM, l’exostose se caractérise par une double composante celui d’une surface articulaire. En profondeur, ce cartilage donne
histologique cartilagineuse et osseuse. Sa taille peut atteindre naissance à un os mature par ossification enchondrale. Ce
plusieurs dizaines de centimètres (Fig. 1). processus d’ossification est par endroit incomplet laissant
persister de petites plages de cartilage au sein du centre osseux
Aspects macroscopiques de l’ostéochondrome. La base d’implantation, sessile ou pédicu-
Les EOS sont habituellement localisées au niveau des plaques lée, est formée d’un os compact haversien sans aucune sépara-
épiphysaires de croissance les plus fertiles représentées par le tion d’avec la corticale. Le centre de l’EOS est constitué d’un os
fémur distal et le tibia proximal. Selon Campanacci [2], trois sites spongieux normal en continuité avec l’os métaphysaire.
sont les sièges électifs d’EOS, à savoir le fémur distal, l’humérus
proximal et le tibia proximal qui rassemblent respectivement Évolution
31 %, 21 % et 14 % des sites tumoraux. Deux autres localisa- Pendant la croissance, l’EOS suit les étapes évolutives de
tions sont classiques selon le même pourcentage (8,6 %) : la l’ossification enchondrale. Ceci rend compte à la fois de son
scapula et le tibia distal. La fibula, le radius distal et l’aile iliaque augmentation de volume et de son éloignement de la plaque
sont plus rares. Les localisations vertébrales [17, 18] ou de la base épiphysaire. Cette pseudomigration diaphysaire est caractéristi-
du crâne sont exceptionnelles et font l’objet régulier de cas que pendant les deux décennies de la croissance.
cliniques ponctuellement rapportés dans la littérature. La transformation maligne d’une EOS en chondrosarcome de
Les aspects macroscopiques, et en particulier sa situation bas grade est-elle possible ? Il n’existe pas d’études longitudina-
métaphysaire initiale puis métaphysodiaphysaire plus tardive, les basées sur une large population pour fixer avec précision ce
sont une des caractéristiques de l’EOS. Développée à la surface, risque de dégénérescence, mais des cas isolés et épisodiques,
elle forme une voussure en continuité corticale – forme sessile – conduisant classiquement à fixer ce risque à 1 % à 2 % ; mais
ou s’en détache, uniquement reliée par un pédicule plus ou ces chiffres restent approximatifs [1]. Ainsi, la fréquence exacte
moins large – forme pédiculée –. Dans la forme sessile, l’EOS est de malignisation des formes solitaires n’est pas connue en
globalement arrondie, multilobulée, mesure parfois plusieurs raison de l’existence de forme asymptomatique dont serait issu
dizaines de centimètres et comporte une base de nature osseuse le chondrosarcome. En fait, pour beaucoup d’observations, la
stricte, en continuité directe avec la corticale et le spongieux nature chondrosarcomateuse d’emblée de la tumeur semble la
métaphysaire. Dans sa forme pédiculée, elle s’allonge vers la plus probable : lorsque le diagnostic est posé, la tumeur n’est
partie moyenne de la diaphyse, parallèle à celle-ci et s’éloigne pas une exostose bénigne mais un authentique chondrosar-
progressivement de sa plaque épiphysaire d’origine ; cette come. Pour affirmer la transformation maligne d’une EOS, il
pseudomigration est synchrone de la croissance enchondrale. La faudrait avoir la preuve par une imagerie complète et au mieux
recoupe macroscopique de cette tumeur de surface est, elle, par l’histologie de la nature bénigne, et d’un suivi radioclinique

Figure 1. Aspect macros-


copique (A) et microscopi-
que (B) d’une exostose soli-
taire. Les trois zones histo-
logiques sont identifiées :
2 1. tissu osseux spongieux ;
2. cartilage hyalin ; 3. tissu
fibreux.
1
3

A B

2 Appareil locomoteur

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démontrant cette évolution. Les travaux rétrospectifs les plus Chez l’adulte, le diagnostic d’EOS peut être connu depuis
récents – mais avec les limites précédemment soulignées – font l’enfance ou l’adolescence et régulièrement suivi. Étant relative-
état d’un taux de malignisation de 7,6 % pour Ahmed et al. [19] ment peu symptomatique, et connaissant son évolutivité
et 4,2 % pour Altay et al. [20]. Deux données épidémiologiques propre, le chirurgien et la famille du patient ont attendu la
sont, en revanche, validées par la pratique : le risque de « maturité » tumorale pour décider d’une résection. Ailleurs,
transformation maligne augmente à partir de 25-30 ans et selon l’exostose de petite taille ou profonde, peu accessible à la
le siège de l’EOS. Ahmed et al. [19] et Altay et al. [20] insistent palpation est découverte fortuitement à l’occasion d’un bilan
tout particulièrement sur les localisations devenues sarcomateu- d’imagerie médicale ou plus rarement d’une symptomatologie
ses : 40 % des EOS étaient localisés sur l’anneau pelvien (aile compressive. Les exemples de conflit avec une structure voisine
iliaque et pubis à part égale), 13 % au fémur proximal et près révélant la tumeur sont multiples [4, 22, 23].
de 10 % au fémur distal. Cette notion épidémiologique relati-
Imagerie médicale
vise d’autant ce risque pour les autres localisations d’EOS mais
modifie l’attitude thérapeutique, obligatoirement plus interven- L’EOS est une tumeur condensante à développement extraos-
tionniste vis-à-vis des localisations au bassin et au fémur. Enfin, seux métaphysaire ou métaphysodiaphysaire. Sa sémiologie en
le risque de transformation maligne varie radicalement entre radiologie conventionnelle et en tomodensitométrie est caracté-
une exostose unique et celle appartenant à une MEM. ristique : dans la grande majorité des cas, ils permettent
l’identification tumorale dès cette étape tant chez l’enfant que
En microscopie, l’éventualité d’une transformation chondro-
chez l’adulte [26]. La scintigraphie, l’échographie ou l’imagerie
sarcomateuse doit être éliminée par l’anatomopathologiste
par résonance magnétique (IRM) ne viennent qu’en
chargé de cet examen. Aussi, celui doit-il être informé du site
complément.
de l’EOS et le prélèvement accompagné d’un minimum d’ico- .
La radiologie conventionnelle est incontournable et déjà très
nographie. Les chondrosarcomes développés sur un ostéochon-
évocatrice : sous double incidence elle identifie une tumeur exo-
drome sont des tumeurs très bien différenciées, de bas grade,
osseuse en stricte continuité avec la corticale.
dont le diagnostic est difficile. En effet, ils conservent un aspect
Des incidences obliques complémentaires dégagent l’ensem-
histologique très proche de celui du cartilage constituant la .
ble de la tumeur de la pièce osseuse et au mieux sa base
coiffe de l’ostéochondrome et leur diagnostic va reposer avant
d’implantation ; elles complètent les classiques face/profil dans
tout sur des critères architecturaux. Une transformation doit
le but de discerner au mieux cette continuité.
être suspectée devant toute modification de l’architecture de la
Dans sa forme sessile, l’EOS se présente comme une voussure
coiffe qui devient irrégulière et lobulée par des septa fibreux. .
oblongue sur la corticale. Dans sa forme pédiculée, l’exostose est
Des lobules cartilagineux diffusent dans les tissus mous adja- une excroissance osseuse perpendiculaire à la métaphyse à
cents. La présence de remaniements myxoïdes et d’atypies laquelle elle est attachée par sa base, puis s’éloignant d’elle.
cytonucléaires des chondrocytes est rare. Le diagnostic différen- Dans les os longs à croissance importante, en particulier le
tiel principal est à faire avec l’ostéosarcome paraostéal, qui peut fémur et le tibia, l’EOS prend une direction globalement axiale,
comporter en surface une composante cartilagineuse, et les dans les masses musculaires, « fuyant » l’articulation, d’où
proliférations ostéocartilagineuses paraostéales réactionnelles l’aphorisme classique de « stalactite tibiale » et « stalagmite
(exostoses sous-unguéales, lésion de Nora, etc.). fémorale ». L’exostose comporte une densité et une structure
osseuse identiques et en continuité avec la corticale et le
spongieux métaphysaire : cette continuité est le signe radiologi-
que fondamental du diagnostic. Elle est surmontée d’une coiffe
“ Point important cartilagineuse plus ou moins calcifiée selon des contours bien
limités parfois festonnés. Une exostose sessile peut prendre
l’aspect d’une lacune, comportant parfois des inclusions
Anatomopathologie floconneuses calcifiées, et cernée d’une condensation osseuse
Dans sa forme unique, l’exostose : (Fig. 2).
• est la plus fréquente des tumeurs bénignes de surface ; La tomodensitométrie permet de rassembler une sémiologie
• possède un double contingent tissulaire osseux de identique à la radiologie conventionnelle. La continuité entre
structure normale et cartilagineux proche chez l’enfant du corticale métaphysaire et base de l’EOS d’une part, et spongieux
cartilage de croissance ; métaphysaire et trame osseuse de l’exostose d’autre part devient
évidente dans les coupes axiales transverses ou frontosagittales.
• se localise préférentiellement aux métaphyses du genou La coiffe cartilagineuse surmontant la partie osseuse de densité
et de l’humérus proximal. intermédiaire avec des calcifications plus denses de répartition
régulière est mieux définie au scanner (Fig. 3). De même, la
séparation entre couche cartilagineuse et parties molles péri-
phériques apparaît plus distinctement. Les reconstructions
Présentation radioclinique monoplanaires dans un plan privilégié authentifient la conti-
Dans sa forme unique elle rassemble le plus souvent un nuité corticale de l’exostose. Les reconstructions tridimension-
nelles offrent une vision anatomique souvent spectaculaire :
tableau clinique et radiographique caractéristique, amenant à un
elles sont utiles à l’opérateur pour anticiper les rapports
diagnostic formel initialement porté sans vérification histologi-
anatomiques et planifier la voie d’abord (Fig. 4). Non indispen-
que préalable.
sable pour les EOS périphériques, le scanner est en revanche
irremplaçable pour les localisations vertébrales, celles de la base
Circonstances du diagnostic du crâne, du pelvis ou de la scapula. En fait, son actuelle
Chez l’enfant, l’âge habituel de découverte d’une EOS se situe accessibilité fait qu’il est devenu quasi systématique. Chez
entre 10 et 15 ans, soit de manière fortuite lors d’un examen l’enfant, sa répétition éventuelle pour surveillance ne doit pas
radiographique pour une autre raison ou le plus souvent après faire oublier les règles de la radioprotection.
autopalpation d’une tuméfaction généralement indolore [2, 3]. L’IRM en coupes frontales, sagittales ou axiales transverses,
L’EOS est de taille variable, pouvant atteindre plus de 10 cm confirme la continuité avec la cavité médullaire marquée par un
avant sa découverte dans le cas d’une localisation profonde peu signal de type graisseux (hyperintense en pondération T1,
gênante. Certaines circonstances sont véritablement anecdoti- intermédiaire en T2 et s’effaçant dans les séquences avec
ques : fracture de la base d’une exostose pédiculée [21], conflit saturation de la graisse) identique dans la tumeur et l’os porteur.
mécanique avec une structure ligamentaire ou tendineuse, Grâce à des densités différentes, l’IRM fournit une meilleure
compression paralysante d’une structure nerveuse ou isché- analyse entre l’EOS et les tissus mous et/ou les structures
miante d’un tronc vasculaire [22, 23]. Dans ce contexte, certains vasculonerveuses adjacentes. La coiffe cartilagineuse se différen-
tableaux deviennent même caractéristiques, car l’EOS en est la cie clairement par son intense signal en pondération T2,
principale étiologie : ressaut scapulaire [24], compression du nerf contrastant avec celui des tissus adjacents musculaires à faible
fibulaire commun au col de la fibula [25]. signal ou graisseux à signal intermédiaire.

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Figure 2. Exostose de l’arrière-fond acétabulaire


en imagerie conventionnelle (A) et scanner (B) se
manifestant par des blocages algiques répétitifs de
la coxofémorale.

A B

A B C
Figure 3. Exostose solitaire cervicotrochantérienne découverte par autoexamen. Image en radiologie conventionnelle (A), en IRM (B) et en scanner 3D (C).

période de croissance. À l’âge adulte la fixation scintigraphique


s’efface progressivement mais se réactive en cas de dégénéres-
cence. Elle est indiquée en cas de doute sur cette évolution
péjorative. Toute hyperfixation nette est suspecte après l’adoles-
cence ; mais la plupart des exostoses conservent à l’âge adulte
un certain pouvoir de captation du radio-isotope [27].
L’échographie vient en complément de la radiologie pour
préciser l’épaisseur de la coiffe cartilagineuse qui apparaît sous
la forme d’une bande hypoéchogène homogène, en contraste
avec la partie osseuse de l’exostose et l’échostructure plus
hétérogène des structures graisseuses ou musculaires [26]. Chez
l’adulte, l’épaisseur de la coiffe est un critère distinctif entre
exostose et chondrosarcome. Elle évalue l’importance d’une
éventuelle bursite inflammatoire réactionnelle coiffant l’exos-
tose. Celle-ci apparaît sous forme d’une collection hypo- ou
anéchogène avec renforcement postérieur des échos, limitée par
des parois plus ou moins régulières et épaisses au contact de
l’exostose.

Figure 4. Exostose costale, image en scanner 3D. Noter la continuité


Diagnostic différentiel
des corticales de l’aspect irrégulier de la coiffe cartilagineuse. L’âge, les circonstances cliniques, le caractère unique, la
localisation et l’aspect radiologique et/ou en TDM, permettent
dans la grande majorité des cas d’affirmer le diagnostic en
En scintigraphie au technétium, l’EOS capte le traceur première approche sans recourir à la biopsie. D’autres tumeurs
radioactif de manière très nette lorsqu’elle est active pendant la ou pseudotumeurs de surface plus ou moins ossifiées peuvent se

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“ Points importants “ Points importants


Aspects radiocliniques Diagnostics différentiels
L’exostose se caractérise : L’exostose solitaire :
• par un aspect radiologique, tomodensitométrique et en • comporte un aspect radioclinique le plus souvent
IRM très caractéristique permettant de poser le diagnostic typique ne posant pas de problème de diagnostic
sans biopsie préalable ; différentiel ;
• est une tumeur condensante à développement • peut faire discuter le diagnostic des autres tumeurs ou
extraosseux métaphysaire ou métaphysodiaphysaire en pseudotumeurs à développement extraosseux et en
stricte continuité avec la corticale surmontée d’une coiffe particulier l’ostéosarcome paraostéal.
cartilagineuse plus ou moins calcifiée à contours bien
limités ;
• l’échographie précise l’épaisseur de la coiffe cartila- Évolution
gineuse. L’EOS croît au rythme de la croissance enchondrale chez
l’enfant et se modifie au plan radiologique : le volume global
tumoral augmente, la coiffe cartilagineuse se réduit en épaisseur
en s’ossifiant, ce qui modifie d’autant la sémiologie radiologi-
poser en diagnostic différentiel [28]. Mais aucune de ces lésions que. En parallèle, la fixation scintigraphique diminue d’intensité
ne rassemble les caractéristiques sémiologiques de l’exostose : sans pour cela s’éteindre totalement. Au cours de cette évolu-
contour osseux en strict prolongement de la corticale porteuse tion, la masse tumorale peut comprimer une structure vasculo-
et contenu spongieux en continuité avec celui de la cavité nerveuse de voisinage conduisant à un tableau clinique
médullaire. Ainsi, le diagnostic d’EOS peut se poser avec des particulier.
variantes du normal, certaines lésions pseudotumorales et En dehors de la persistance à l’âge adulte des symptômes
d’autres tumeurs de surface. cliniques locaux, il est rare qu’une EOS provoque de nouveaux
Les variantes du normal ont un siège évocateur : le processus troubles, en particulier compressifs, puisque la masse tumorale
supracondylien médial est une ossification linéaire, homogène ne se modifie plus. La seule réelle complication des EOS de
et fine de 5 à 7 cm développée à partir de la corticale médiale l’adulte est leur dégénérescence sarcomateuse, d’autant plus
humérale [26]. Un même type de formation peut se localiser à la qu’elles se situent sur l’aile iliaque ou le fémur proximal [35]. La
métaphyse tibiale médiale proximale dans la zone d’insertion transformation maligne est précédée de symptômes cliniques
des muscles de la patte d’oie [29]. peu spécifiques – douleur, augmentation de volume – sans
L’exostose sous-unguéale se développe principalement sur le contraste net avec ceux d’une exostose banale ; encore faut-il
versant dorsomédial et la partie distale de la phalange de que celle-ci soit connue et authentifiée. Dans le cas contraire, le
l’hallux. Plus fréquente chez la femme, elle débute par une chondrosarcome apparaît comme « primitif ». L’imagerie dans
surélévation douloureuse à la face dorsale de l’orteil émergeant son ensemble est totalement différente. L’échographie et l’IRM
sur le bord libre de l’ongle où elle peut s’ulcérer ou bomber sous sont plus performantes que la radiographie conventionnelle ou
lui : ces deux notions sont un élément du diagnostic [30]. Plus le scanner pour mettre en évidence la sémiologie chondrosar-
rarement, les phalanges digitales peuvent en être le siège [31]. comateuse : la coiffe cartilagineuse a une épaisseur supérieure à
Cette entité n’est pas toujours distinguée de l’ostéochondrome 1 cm (alors que celle d’une exostose bénigne est inférieure à
dans la littérature [32] . Histologiquement, l’exostose sous- 5 mm), les lobules cartilagineux ont un signal faible en T1 et
unguéale comporte du tissu osseux immature accolé à la intense en T2, séparés de septa fibrovasculaires de signal faible
phalange mais sans réelle continuité, surmonté d’une coiffe en T1 et T2 [36-39]. Une intense fixation scintigraphique est un
fibrocartilagineuse sans structure hyaline [33]. Elle correspondrait argument de malignité sans pour autant avoir valeur de certi-
à une métaplasie ossifiante réactionnelle à une irritation focale tude [40] ; il en est de même pour la tomographie par émission
microtraumatique [26, 31]. Ces données sont responsables d’une de positons-scanner (PET-scan) dont la pratique est plus récente
sémiologie radiologique caractéristique en sus de la localisation : et demande plus de recul [41].
calcification mal structurée, posée sur la surface corticale sessile
ou pédiculée mais sans continuité vraie avec la cavité médul-
laire et se développant vers le lit unguéal.
La myosite ossifiante, circonscrite dans sa phase de matura-
tion où se produit la métaplasie des cellules mésenchymateuses
“ Points importants
du tissu conjonctif en os lamellaire bien différencié, peut
Aspects évolutifs
.

ressembler à une EOS sessile lorsqu’elle se localise à proximité


immédiate d’une pièce squelettique. L’exostose solitaire :
Mais sa survenue subite, sa croissance rapide, accompagnée • évolue en taille et en situation pendant la croissance et
de douleur et l’imagerie médicale ont vite fait de corriger le se stabilise à l’âge adulte où se modifie son aspect
diagnostic : elle est soit séparée de la surface osseuse, soit radiologique ;
accolée mais sans continuité [34]. • le risque de dégénérescence est rare et discuté : les
Deux autres tumeurs de surface peuvent elles aussi être localisations « à risque » sont le fémur proximal et le
confondues avec une EOS dans sa forme sessile : l’erreur est bassin ;
légère lorsqu’il s’agit du chondrome sous-périosté mais plus • toute apparition de symptôme clinique nouveau, de
lourde de conséquence lorsqu’il s’agit d’un ostéosarcome
modification de volume et d’aspect radiologique à l’âge
paraostéal. Le chondrome juxtacortical ou sous-périosté est une
excroissance opaque implantée sur la corticale, à base large, de adulte doit faire suspecter une transformation sarco-
contenu hétérogène en raison de calcifications ; il érode la mateuse.
corticale mais qui reste continue. Le sarcome paraostéal ou
juxtacortical se localise préférentiellement à la face postérieure
de la métaphyse fémorale distale : implanté sur la surface Traitement
corticale il se développe dans les parties molles du creux poplité.
Cette situation caractéristique et sa sémiologie radiologique Exostose solitaire de l’enfant
.
(masse tumorale « posée » sur la corticale, sans continuité avec Seules les EOS nettement symptomatiques par elles-mêmes
la médullaire) permettent de le différencier d’une exostose et/ou par le syndrome compressif qu’elles induisent doivent
sessile. bénéficier d’une d’exérèse chirurgicale durant la croissance. Le

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retentissement psychologique par le biais de l’aspect inesthéti- soulignent-ils que la résection préventive systématique d’une
que est aussi à prendre en compte. Il reste préférable d’attendre EOS non symptomatique ne se justifie pas.
la fin de la croissance en raison du risque de lésion du cartilage
de conjugaison. Enfin, certaines localisations peuvent faire
l’objet d’une résection « préventive » en raison de leur potentiel
de complication : exostose à développement intrathoracique ou
endocanalaire vertébral, exostose de la tête fibulaire. Une
possible dégénérescence à l’âge adulte n’est pas retenue comme
“ Points importants
argument opératoire. En cas d’abstention, une autosurveillance Données thérapeutiques
clinique par la famille puis le patient lui-même est indiquée, Le traitement d’une exostose :
complétée par une imagerie conventionnelle. La rythmicité de • comprend une résection en bloc sans fragmentation
cette surveillance n’est pas définie, mais un bilan annuel semble
jusqu’à la base implantation ;
suffisant. L’évolution naturelle et les modifications cliniques et
radiologiques sont décrites à la famille.
• impose la prudence opératoire en raison de rapports
La résection d’une EOS répond à des règles techniques parfois très étroits avec des structures vasculonerveuses ;
précises, communes d’ailleurs à l’enfant et à l’adulte : respect • est indiqué en cas de syndrome compressif et de gêne
des structures vasculonerveuses de proximité avec contrôle fonctionnelle importante.
premier de celles-ci, résection en bloc sans fragmentation,
examen histologique de la pièce. Le non-respect de ces règles
rend compte de la fréquence non négligeable des complications
postopératoires, en particulier neurologiques [4, 5, 42]. Ainsi,
l’abord opératoire doit-il non seulement tenir compte du
■ Maladie des exostoses multiples
volume tumoral à exciser, mais aussi de l’accès à la corticale La présentation clinique, les aspects évolutifs et les principes
d’attache et de la dissection avec mise sur lacs des éléments thérapeutiques de la MEM sont bien différents de ceux d’une
vasculaires tronculaires et/ou nerveux. La croissance progressive exostose unique. Cette affection génétique est elle aussi plus
de toute EOS explique la fréquence de rapport parfois très fréquente chez l’homme (sex-ratio de 2 à 3/1) ; sa prévalence est
intime avec ces éléments : aucun geste instrumental de résection de l’ordre de 1/50 000 [43, 44] . Les localisations tumorales
ne doit être accompli tant que le trajet de ces structures préférentielles sont identiques à celles des exostoses solitaires,
anatomiques n’est pas clairement identifié. Deux éléments avec une nette prédominance aux deux épiphyses du genou, à
anatomiques modifient cette prise en charge opératoire : la l’humérus proximal et au poignet [4, 6-9].
présence d’une bursite réactionnelle sur la coiffe cartilagineuse
et la proximité de la plaque épiphysaire qui doit être respectée.
Une résection initiale incomplète et/ou fragmentée est source de Données générales
récidive avec reprise de la croissance de la lésion résiduelle. Les aspects histologiques macro- et microscopiques sont
L’EOS réséquée est adressée à l’anatomopathologiste avec un similaires à ceux d’une EOS et sont répliqués pour chaque unité
minimum d’imagerie médicale. Toute fragmentation acciden- tumorale. De même, les données cliniques, radiologiques et
telle lui est signalée et la zone incriminée marquée sur la pièce évolutives sont identiques à celles précédemment évoquées,
opératoire. mais multipliées par le nombre d’exemplaires tumoraux, ce qui
accroît d’autant le risque d’être symptomatiques et surtout de
Exostose solitaire de l’adulte dégénérescence sarcomateuse.
Chez l’adulte, une EOS est réséquée en première intention La MEM est secondaire à des mutations chromosomiques
– en se passant d’une biopsie – si elle est symptomatique et dont la transmission est autosomique dominante. Un antécé-
présente une sémiologie radiologique typique, garante de sa dent familial de la maladie est retrouvé dans deux tiers des cas
nature bénigne. La plus grande propension à la dégénérescence ce qui permet, dès la naissance, de redouter un tel diagnostic
des EOS du bassin, du fémur proximal et de la scapula pousse à lorsque le nouveau-né est issu d’un des parents atteints.
être interventionniste. Lorsqu’il existe un doute sur la nature de Cependant, la survenue sporadique est possible, liée à une
l’exostose, la biopsie doit porter sur la zone cartilagineuse, mutation de novo car un tiers des patients n’ont pas d’antécé-
abordée directement, par une incision longitudinale. La zone à dent. La MEM se caractérise par une grande hétérogénéité
prélever est choisie sur les clichés du scanner et/ou de l’IRM. clinique liée au nombre, à la dissémination et au volume des
Lorsque la décision opératoire d’exérèse est prise, les principes unités tumorales sur le squelette, allant de formes bénignes
techniques évoqués précédemment pour l’enfant s’appliquent comportant quelques exostoses aux formes de grande gravité
chez l’adulte. Des rapports anatomiques étroits souvent atypi- avec une multitude de tumeurs. Il existe le plus souvent une
ques avec les structures de voisinage, en particulier vasculaire et homogénéité intrafamiliale dans la sévérité de l’atteinte.
nerveuse, conduisent à la plus grande prudence lors de l’abord Taniguchi [45] propose trois niveaux de gravité différents
d’une EOS. Certaines localisations sont d’une grande difficulté donnant une idée de l’importance de la maladie et de son futur
opératoire : rachis, face endopelvienne iliaque, espace inter- retentissement sur la croissance. La forme bénigne comporte
tibio-fibulaire proximal. La résection est planifiée à la lecture une dizaine d’exostoses, se diagnostique en moyenne à l’âge de
attentive de l’imagerie médicale et en particulier les coupes 10 ans ; le retentissement final sur la croissance est de –0,5 déri-
axiales transverses et les reconstructions tomodensitométriques vations standards (DS) ± 1,5. Dans la forme moyenne, le
2 ou 3D. L’exérèse débute par un repérage premier de tout nombre de tumeur oscille entre 15 et 40 ; son diagnostic est
élément anatomique neurovasculaire ou tendineux de proxi- posé en moyenne à l’âge de 5 ans, le genou est fréquemment
mité. La tumeur est emportée en bloc, en passant à son contact, porteur d’exostoses ; la taille finale est de –3 DS ± 1,5. Enfin, la
sans la fragmenter. Le niveau de résection de la base d’implan- forme sévère comporte plus de 45 exostoses et son diagnostic
tation est celui qui redonne à la corticale porteuse son aspect est posé en moyenne à 3 ans ; le genou est constamment
plan et régulier. Aucune reconstruction ni ostéosynthèse ne sont atteint, la cheville et le poignet déviés ; la taille finale est
nécessaires. La base d’implantation, parfois étendue, peut être le –3,5 DS ± 0,7. De même, Carroll et al. [46] ont décrit comme
siège d’un saignement osseux en nappe source d’hématome précédemment trois niveaux de gravité ; mais l’une et l’autre ne
postopératoire. La pièce orientée et accompagnée de plusieurs sont pas totalement prédictives. La pénétrance de la MEM est
éléments de l’imagerie est adressée au médecin anatomopatho- variable, de l’ordre de 96 %, ce qui signifie que 4 % des sujets
logiste référent. Le rapport bénéfice/risque de la résection d’une seraient atteints sans signes cliniques de la maladie [47]. Les
EOS est clairement exposé au patient. Ces difficultés opératoires hommes sont rarement porteurs sains, tandis que les femmes
et les possibles complications déplorées expliquent selon peuvent présenter une forme latente et ne pas développer la
Bottner et al. [4] que près d’un patient sur dix est toujours maladie. Un homme indemne issu d’une famille atteinte ne
algique après résection et que 5 % d’entre eux sont déçus par transmet pas la maladie, alors qu’une femme présentant une
ce geste qu’ils ne renouvelleraient pas. Ainsi ces auteurs forme latente peut la transmettre.

6 Appareil locomoteur

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Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples ¶ 14-743

Les gènes mis en cause sont des suppresseurs de tumeur de la


famille EXT localisés sur les chromosomes 8, 11, et 19 : les liens
entre ces anomalies et les conséquences cliniques sont relative-
ment bien connus [48-51] . Les gènes EXT codent pour une
glycosyltransférase aux activités catalytiques impliquées dans la
régulation de la synthèse de protéoglycanes, le cell surface
heparan sulfate proteoglycanes (HSPG). Dans la plaque de crois-
sance existe un système de régulation de la prolifération et de
la différenciation des chondrocytes en ostéoblastes où inter-
viennent les HSPG. La mutation des gènes EXT entraîne un
défaut de biosynthèse des HSPG et par voie de conséquence une
dérégulation de la prolifération et de la maturation des chon-
drocytes se traduisant par une différenciation prématurée en
ostéoblastes.
Dans le cadre d’un diagnostic anténatal, le dépistage généti-
que n’a pas d’indication car la MEM n’est pas une indication
d’interruption thérapeutique de grossesse. Le diagnostic molé-
culaire n’est effectué que dans certaines anomalies génétiques
multiples entraînant des formes cliniques sévères. Le risque de
transformation maligne et de forme sévère de la maladie est
plus important lorsque l’atteinte génétique porte sur EXT1, ce A B
qui pourrait modifier l’attitude thérapeutique et le suivi des Figure 5. Radiographie du genou d’un patient porteur d’une maladie
patients [48, 49, 51]. exostosante associant exostose sessile et pédiculée, déviation en valgus et
raccourcissement de la fibula (A, B).

“ Points importants
La maladie exostosante :
• est secondaire à des mutations chromosomiques dont
la transmission est autosomique dominante ;
• les gènes mis en cause sont des suppresseurs de tumeur
de la famille EXT localisés sur les chromosomes 8, 11, et
19 ;
• les unités tumorales ont une structure identique à celle
de la forme unique, leur nombre variable d’un patient à
l’autre.

Présentation radioclinique
Chez l’enfant
Circonstances de découverte A B
En dehors de cas sporadiques liés à une mutation, le diagnos-
tic est posé précocement chez l’enfant en raison des antécédents Figure 6. Radiographie de la cheville d’un patient porteur d’une mala-
familiaux. La MEM se traduit de manière variable par des die exostosante. Déviation épiphysaire en valgus, anomalie de la plaque
tuméfactions paraosseuses et des anomalies de croissance épiphysaire, exostose développée dans l’espace intertibiofibulaire (A, B).
entraînant inégalité et déformation des membres [5]. Ainsi, les
formes peu sévères ne sont dépistées que tardivement chez le
grand enfant ou l’adolescent issu d’une famille atteinte et a recouvertes d’une coiffe cartilagineuse. Se rajoutent des anoma-
fortiori en cas de mutation de novo. Dans les familles porteuses lies architecturales elles aussi typiques de la maladie : coxa valga
et/ou conductrices il n’y a pas forcément de parallélisme entre et insuffisance de couverture acétabulaire, valgus métaphysaire
l’atteinte des parents et celle de la fratrie. De manière très distal fémoral.
variable en fonction de la sévérité de la diffusion des exostoses, Chez l’enfant ou l’adolescent, le syndrome tumoral osseux
le diagnostic est évoqué sur la découverte d’une tuméfaction multifocal peut faire discuter trois diagnostics différentiels. La
squelettique d’un os plat ou superficiel (scapula, bassin, côtes, dysplasie épiphysaire ou tarsomégalie (maladie de Trevor) n’a
.
humérus proximal), d’une déformation du genou (Fig. 5), de la pas de caractère génétique et atteint préférentiellement les
cheville (Fig. 6) ou du poignet (Fig. 7) et plus rarement d’une garçons. Elle se caractérise par des excroissances ostéocartilagi-
atteinte compressive vasculonerveuse. neuses épiphysaires à localisation hémimélique, c’est-à-dire soit
La localisation de certaines exostoses et les troubles de la .
en médial soit en latéral sur le même membre. Les tumeurs sont
croissance induits par la MEM dans ses formes graves et sévères identiques à l’ostéochondrome, appendues à une épiphyse du
sont générateurs de déformations articulaires caractéristiques et genou ou du tarse.
évidentes : main botte cubitale et incurvation antibrachiale, Elles se stabilisent à l’âge adulte mais en laissant des défor-
genu valgum, valgus de la cheville. mations épiphysaires, points d’appel à une évolution dégénéra-
tive. La métachondromatose est proche de la MEM : maladie
Éléments du diagnostic génétique, à transmission autosomique dominante, elle associe
Le diagnostic de MEM repose sur le contexte familial, les des exostoses des atteintes prédominant au niveau des extrémi-
déformations des membres, la présence de tumeurs multiples et tés (mains et pieds) sous la forme d’exostoses métaphysaires,
leur aspect radiographique. La sémiologie de chaque unité sans continuité avec l’os, séparées parfois par une zone claire et
tumorale est univoque, précédemment soulignée : excroissances qui cohabitent avec d’authentiques exostoses. Il existe par
osseuses de surface, en continuité avec la corticale porteuse et ailleurs dans la maladie au niveau des grands os longs et des

Appareil locomoteur 7
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14-743 ¶ Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples

Figure 8. Radiographie du bassin d’un patient porteur d’une maladie


exostosante. À droite, coxa valga et insuffisance acétabulaire aggravée par
une inégalité de longueur.

La dystrophie de la coxofémorale étudiée par Weiner et


Hyt [56] et par Porter et al. [57] est complexe et associe une coxa
valga quasi constante, un élargissement du col fémoral par la
présence d’exostose sessile, une insuffisance de couverture
acétabulaire par défaut de croissance. L’angle céphalo-cervico-
diaphysaire (ACD) est de 156° en moyenne selon Porter et
al. [57]. Dans un travail personnel [10], une coxa valga était
présente chez trois patients sur quatre et l’ACD mesurait 140°
en moyenne ; en revanche la dysplasie acétabulaire marquée par
un défaut de couverture latérale céphalique n’était présente que
dans une hanche sur trois. L’importance de la coxa valga et
celle de la dysplasie acétabulaire ne semblent pas liées, mais
chacune est corrélée à la présence d’exostose fémorale pour
l’une, pelvienne pour l’autre. Le retentissement est possible sur
les amplitudes articulaires mais la hanche reste fonctionnelle.
Cette anomalie est évolutive avec la croissance : la coxa valga
retentit sur la croissance acétabulaire et aggrave le défaut de
couverture céphalique (Fig. 8). Ainsi, la dysplasie acétabulaire
A B pourrait avoir une origine double, secondaire à la coxa valga par
Figure 7. Radiographie de l’avant-bras d’un patient porteur d’une adaptation mécanique et liée à la maladie elle-même [10, 58, 59].
maladie exostosante associant déviation du poignet, raccourcissement La présence d’une exostose inféromédiale ou intra-articulaire
ulnaire et incurvation radiale (A, B). issue du cartilage en Y peut aggraver la subluxation par effet
came [58, 60].
Le genou est un des sites privilégiés de localisation des
exostoses tant fémorales que tibiales et de déviation frontale le
ailes iliaques, des images lacunaires pouvant évoquer des chon- plus souvent en valgus [6, 8, 61, 62]. Dans un travail personnel [10]
dromes, des calcifications médullaires et des géodes cerclées en
cette déviation frontale était présente dans 75 % des genoux,
particulier à la partie supérieure et externe du col fémoral. Le
selon un angle fémorotibial moyen de 8,59°. La pathogénie de
syndrome de Giedion-Langer (ou dysplasie tricho-rhino-
cette déviation frontale est discutée : le genu valgum est
phalangienne de type II) associe des exostoses plus particulière-
secondaire à la fois au valgus épiphysaire fémoral distal par
ment sessiles de l’ensemble du squelette et une dysmorphie
dysfonctionnement de la plaque de croissance et à un valgus
faciale avec retard mental. Au niveau de la main, les épiphyses
tibial métaphysodiaphysaire lié à une dysharmonie de crois-
sont déformées en cône et les exostoses peuvent déformer les
sance avec la fibula. En fait, la composante tibiale valgisante
phalanges entraînant des déviations des doigts.
n’est pas constante, présente dans un peu moins d’un genou sur
Principales déformations ostéo-articulaires deux, tandis que la participation fémorale est constante [10].
Les principales déformations articulaires intéressent le Pour 70 % des patients, des exostoses sont présentes à la
segment antibrachial et les trois articulations du membre partie distale du squelette jambier, et dans 50 % des cas
pelvien : outre leur aspect inesthétique, elles ont un retentisse- l’articulation tibio-fibulo-talienne-cheville est le siège d’une
ment fonctionnel variable dans le sens de la restriction d’ampli- déviation en valgus [62-66]. Celle-ci répond à une pathogénie
tudes [8, 10]. complexe associant une asymétrie de croissance tibiofibulaire
La déformation antibrachiale intéresse aussi bien le coude que impliquant un raccourcissement fibulaire et une inclinaison en
le poignet ; elle est complexe et secondaire à une dysharmonie valgus de l’interligne tibiotalien en rapport avec un amincisse-
de croissance entre ulna et radius mais aussi à la désorientation ment latéral de l’épiphyse tibiale par trouble intrinsèque de
de l’épiphyse distale radiale. Elle comporte une luxation de la croissance. Le déficit de croissance de la fibula semble prépon-
tête radiale, une incurvation du radius et un raccourcissement dérant. Enfin, la croissance progressive d’une exostose dans
de l’ulna, une main botte radiale et une dislocation radio- l’espace tibiofibulaire génère une dislocation talienne [10].
ulnaire distale [52-55] . Malgré une tolérance fonctionnelle Aux membres inférieurs, les troubles de croissance sont en
acceptable, les amplitudes articulaires, en particulier la prono- partie responsables d’une taille modérément inférieure à la
supination, sont diminuées. normale : les hommes mesurent en moyenne 170 ± 7,9 cm et

8 Appareil locomoteur

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Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples ¶ 14-743

les femmes 155 ± 6,9 cm. L’inégalité entre les deux membres est
en général inférieure au centimètre et intéresse un patient sur
deux [10].
En fin de croissance, le patient présente une dysmorphie
“ Points importants
complexe et diffuse d’importance variable, en tout cas non Présentation radioclinique
évolutive quantitativement, mais potentiellement arthrogène. Chez l’adulte, la maladie exostosante :
• se caractérise par une possible évolution arthrogène des
anomalies architecturales ;
“ Points importants • comporte un risque de dégénérescence nettement plus
élevé, en particulier pour les exostoses localisées au bassin,
Présentation radioclinique à la scapula et au fémur proximal ;
Chez l’enfant, la maladie exostosante : • conduit à un conseil génétique.
• est diagnostiquée précocement en raison des
antécédents familiaux en dehors de cas sporadiques liés
et, connaissant l’évolution inéluctable de la maladie, essaie d’en
à une mutation ; limiter les séquelles fonctionnelles même si l’adaptabilité des
• se traduit de manière variable par des tuméfactions jeunes patients atteints d’une forme sévère est surprenante.
paraosseuses et des anomalies de croissance entraînant L’orthopédiste adulte prend le relais, souvent d’ailleurs en
inégalité et déformation des membres. parallèle, l’un prenant en charge la fratrie infantile, et l’autre le
(ou les) parent(s) ; son rôle est essentiellement focalisé sur le
dépistage d’une dégénérescence sarcomateuse.
Chez l’adulte
Chez l’enfant
Circonstances du diagnostic
Les déformations de la MEM et leurs conséquences articulai-
Le diagnostic de MEM est en général porté dès l’enfance :
res retentissent de manière variable sur la vie sociale et scolaire
l’orthopédiste adulte prend le relais de son collègue pédiatre
de l’enfant [6, 8, 54, 62]. L’information à la famille, puis à l’enfant
dans le suivi et le traitement. Quelques formes peu sévères
lui-même arrivé à un âge plus avancé, est une des priorités dans
comportant un petit nombre de tumeurs peuvent cependant
la prise en charge pour l’orthopédiste pédiatre. Les indications
n’être diagnostiquées qu’après un bilan plus complet à l’occa-
opératoires de correction ou de prévention des déformations
sion de la prise en charge d’une exostose symptomatique en
sont posées en fonction de la symptomatologie fonctionnelle ou
apparence unique. L’adulte connaît sa maladie et s’est le plus
morphologique avec l’objectif de préserver la fonction articu-
souvent adapté au retentissement fonctionnel généré par les
laire. Il existe un dilemme dans l’établissement du rapport
déformations qui ne sont plus évolutives.
bénéfice/risque dans la prise en charge chirurgicale correctrice
Aspects évolutifs des déformations articulaires présentes et potentielles. En effet,
Chez l’adulte, deux aspects évolutifs de la MEM sont à l’adaptation fonctionnelle est importante et les aléas d’une
souligner. Le premier est la possible évolution arthrogène des reconstruction visant à corriger la déformation sont à souligner :
anomalies architecturales aboutissant en particulier à une Noonan et al. [55] ont insisté sur cette notion à propos des
coxopathie dégénérative, une gonarthrose valgisante et une déformations antibrachiales et du poignet.
arthrose tibiotalienne. Cependant, ce risque ne semble pas Résection tumorale
majeur dans les différentes séries de la littérature portant sur la
hanche [49], le genou [9] ou la cheville [63]. Outre la présence d’exostoses multiples, le dysfonctionne-
Porteur d’un nombre parfois considérable de tumeurs, le ment des plaques épiphysaires de croissance est une constante
patient atteint d’une MEM est logiquement exposé à un risque de la maladie. Ainsi la résection d’une ou plusieurs unités
élevé de dégénérescence sarcomateuse à l’âge adulte : selon tumorales est indiquée ponctuellement en fonction de l’impor-
Legeai-Mallet et al. [47] ce risque serait 1 000 à 2 500 fois plus tance de la gêne fonctionnelle et de leur participation à la
important que pour une exostose unique. Ahmed et al. [19] dysmorphie de croissance [54]. Certaines localisations peuvent
estiment à 36,3 % le risque de transformation maligne d’une faire l’objet d’une exérèse quasi « préventive » en raison du
exostose dans le cadre de la maladie de Bessel-Hagen ; les risque évolutif local tardif : exostose antibrachiale proximale
localisations au bassin et au fémur semblent nettement plus et/ou distale limitant la pronosupination, proche de la tête
exposées [67]. Mais ce taux varie selon les auteurs. Ainsi, au sein fibulaire potentiellement compressive du nerf fibulaire com-
d’une population donnée de patients atteints d’une MEM, la mun, du col fémoral [25], de l’arrière-fond acétabulaire excen-
prévalence de la dégénérescence sarcomateuse serait de l’ordre trant la hanche [69] et de l’espace inter-tibio-fibulaire disloquant
de 1 % [8, 44]. De même, Kivioja et al. [68] ont rapporté un taux la syndesmose [65] , à proximité immédiate d’une structure
de 8,7 % de chondrosarcome parmi les 114 sujets adultes d’une vasculaire [23] et pour certaines localisations rachidiennes [70].
même famille suivie sur quatre générations. L’évolution sarco- Gestion des anomalies de croissance
mateuse d’une exostose connue se traduit par une série de Face aux déviations ostéo-articulaires engendrées par les
modifications cliniques et plus particulièrement douleur et anomalies de croissance et le développement des exostoses outre
augmentation de volume. Parfois, c’est une exostose quiescente leur résection ponctuelle, l’orthopédiste pédiatre peut bloquer
qui devient compressive pour une structure vasculonerveuse. Le sélectivement la croissance par épiphysiodèse et/ou corriger par
patient adulte est en règle averti de ce risque et des symptômes ostéotomie angulaire métaphysoépiphysaire ou en agissant sur
avant-coureurs. La sémiologie radiologique, sous réserve de la longueur globale de la pièce osseuse concernée. Ces différents
posséder une exploration préalable, se modifie ou se traduit par gestes font partie de l’arsenal opératoire de cette spécialité et
.
une sémiologie différente d’une exostose banale : aspect flou et répondent à des techniques validées. En matière de MEM, le
irrégulier de la coiffe cartilagineuse dont l’épaisseur dépasse problème le plus difficile est de poser l’indication opératoire
2 cm, envahissement des parties molles. tant de sa technique que du moment opportun de sa réalisa-
Le chondrosarcome secondaire est en général d’un faible tion. En effet, l’évolution spontanée de la dysmorphie de
grade d’où un pronostic relativement favorable après résection croissance reste hypothétique, la tolérance et l’adaptation
carcinologique : Schaison et al. [67] font état de 87 % de survie fonctionnelle sont habituelles, la pathogénie est complexe,
à 5 ans et 82 % à 10 ans ; après 6 ans de recul la courbe faisant participer le volume tumoral et les troubles de la
actuarielle devient plate. croissance épiphysaire. Chacune des techniques chirurgicales
comporte un risque de complication iatrogène. Cependant,
Traitement certains gestes opératoires doivent être programmés car leur
La prise en charge de la MEM est assurée à la fois par efficacité et leur simplicité sont reconnues. L’indication repose
l’orthopédiste pédiatre et adulte ; le premier pose le diagnostic sur un suivi régulier de l’enfant par la même équipe chirurgicale

Appareil locomoteur 9
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14-743 ¶ Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples

pédiatrique et une information aux parents aboutissant à mais réaliste reposant sur l’autoexamen lui est prodiguée : toute
l’établissement d’un programme opératoire tenant compte des modification de taille accompagnée de douleur d’une exostose
contraintes scolaires. connue doit inquiéter le patient et l’amener à consulter. La
La dysharmonie de croissance de l’avant-bras, segment de fréquence du suivi est annuelle dans le cadre d’une consultation
membre à squelette double est particulièrement difficile à multidisciplinaire : outre l’examen clinique, elle comporte un
corriger. L’harmonisation de la longueur des segments osseux bilan radiologique conventionnel orienté mais comportant un
peut être réalisée par un allongement extemporané ou progressif cliché systématique du bassin en cas de localisation à ce niveau.
de l’ulna par fixateur externe : ce geste est très documenté dans Une cartographie de l’ensemble des exostoses est ainsi initiale-
la littérature [71-77]. Dans les formes évolutives, ces allongements ment établie. La comparaison au fil du temps de la fixation
peuvent être itératifs. La correction de longueur prévient la isotopique sur le bilan scintigraphique corps entier représente
luxation de tête radiale et corrige la main bote ulnaire [54]. Une une base objective de surveillance simple et efficace. La capta-
épiphysiodèse du radius distal par agrafage, permet d’obtenir tion du technétium sur une exostose n’est significative de
une certaine correction de l’excès d’inclinaison de la surface dégénérescence que lorsqu’elle est intense et évolutive ;
radiale distale [53, 76]. Les résultats fonctionnels et cosmétiques l’absence de fixation est en revanche rassurante.
de ces programmes thérapeutiques restent controversés car les Le chondrosarcome développé sur une exostose dégénérée
résultats publiés divergent considérablement et leur consé- répond à une résection carcinologique chirurgicale, sans
quence objective ne peut être clairement mise en évidence [54, traitement complémentaire pré- ou postopératoire. Dans la
55].
plupart des cas, le contexte clinique et l’imagerie sont tels que
Une coxa valga subluxante associée à une dysplasie acétabu- la biopsie préalable n’est pas nécessaire. La résection doit se faire
laire représente une indication d’ostéotomie de varisation en bloc, à une distance de 10 à 20 mm de la tumeur, en tissus
fémorale et de réorientation périacétabulaire [57-60]. L’indication sains. La détermination du niveau d’exérèse se pose principale-
dépend de l’âge, du caractère évolutif du trouble de croissance ment pour la partie cartilagineuse de l’exostose : l’analyse des
et de la morphologie acétabulaire. Ce geste est l’occasion d’une coupes IRM en étroite collaboration avec le radiologue permet
résection des exostoses périarticulaire et/ou cervicale avec une la planification du geste opératoire : de longues minutes lui sont
grande prudence vis-à-vis de la vascularisation épiphysaire. consacrées en préopératoire grâce à la lecture conjointe,
Un genu valgum important et évolutif relève d’une épiphy- attentive et contradictoire de l’imagerie. En fonction de la
siodèse médiale fémorale isolée ou associée à celle du tibia localisation, le sacrifice d’une structure anatomique peut se
proximal dans la période de poussée pubertaire en fin de discuter pour être certain du caractère carcinologique de l’acte
croissance par une ostéotomie [61]. opératoire. Le pronostic général et la prévention des récidives
Les dysharmonies de croissance à la jambe aboutissent à locales reposent sur le caractère complet et en bloc de la
un raccourcissement de la malléole latérale avec inclinaison en tumeur [19, 67].
valgus de l’interligne tibiotalien. Le geste correcteur est possible Les indications opératoires de correction tardive des déforma-
sur l’un ou l’autre versant articulaire. Si le valgus progressif de tions ostéo-articulaires ne doivent être posées que de manière
l’interligne est précoce et important, une épiphysiodèse tibiale réfléchie et pondérée. La dysmorphie antébrachiale est com-
malléolaire médiale par agrafage avant l’âge de 10 ans est plexe, souvent fonctionnellement bien tolérée et ne relevant pas
indiquée [10, 62, 64]. L’allongement de la malléole latérale associé d’un geste chirurgical, malgré la présence de la déviation du
à une épiphysiodèse interne tibiale distale avec ostéotomie poignet et/ou d’une luxation de la tête radiale. Un genu valgum
tibiale distale de varisation est une autre option. Dans une relève, en fonction du stade de l’arthropathie, de sa tolérance
atteinte sévère, une épiphysiodèse fibulaire percutanée et une clinique et de son importance angulaire, d’une ostéotomie ou
ostéotomie de soustraction tibiale médiale correctrice emportant d’une arthroplastie. Pour l’une et pour l’autre de ces interven-
le cartilage de croissance stoppe toute évolutivité mais au tions se posent plusieurs problèmes techniques liés à la dysmor-
détriment de la croissance globale de la jambe. phie de la maladie, en particulier le siège de l’ostéotomie et le
Basée sur les directives prévisionnelles issues de tables type d’implant prothétique. À la hanche, une chirurgie correc-
spécifiques, l’épiphysiodèse unilatérale, temporaire par agrafage trice par ostéotomie fémorale et/ou acétabulaire n’est envisa-
ou définitive portant sur le fémur distal et parfois le tibia geable que si le capital cartilagineux est conservé. La correction
proximal, est un geste simple pour corriger ou nettement de la déviation de l’arrière-pied doit être intégrée dans l’ensem-
atténuer une inégalité de longueur des membres inférieurs en ble de la dysmorphie du membre pelvien.
fin de croissance. Plus rarement, un allongement progressif isolé Arrivé à l’âge adulte, le patient atteint d’une MEM est invité
ou associé à une correction axiale s’avère nécessaire. à consulter un généticien dans l’optique d’une future procréa-
tion : le risque de transmission d’un parent à un enfant est de
50 % et cela à chaque grossesse. La maladie étant à pénétrance

“ Points importants
variable, en particulier chez la femme, elle peut donner
l’impression de sauter une génération ; mais le gène est trans-
mis. De plus, la variabilité de la pénétrance à l’âge adulte
Aspects thérapeutiques semble en partie liée au sexe : une femme non atteinte ou
présentant une forme latente peut transmettre la maladie ; en
Chez l’enfant, la maladie exostosante :
revanche, un homme indemne issu d’une famille atteinte ne
• comporte des indications opératoires sélectives et transmet pas la maladie, car il est exceptionnel qu’un homme
réfléchies basées sur l’importance et l’évolutivité des soit porteur sain. L’expressivité du gène est elle aussi variable :
déviations ; le nombre et l’importance des exostoses peut éminemment
• repose sur des gestes d’ostéotomie correctrice et varier au sein d’une fratrie ou d’une même descendance.
d’épiphysiodèses sélectives ;
• comporte la résection ponctuelle des exostoses
gênantes fonctionnellement et/ou entraînant une ■ Conclusion
déviation articulaire. L’exostose solitaire et la maladie exostosante ont certes en
commun l’unité tumorale histologique, mais leur présentation
clinique et surtout le pronostic sont diamétralement opposés.
Chez l’adulte L’exostose solitaire est l’archétype de la tumeur osseuse bénigne
À l’âge adulte, le patient porteur d’une maladie exostosante dont la résection est réservée aux formes symptomatiques. Elle
présente un niveau d’adaptation important à ses différentes reste un geste simple ne nécessitant pas de reconstruction dans
dysmorphies. La plupart des déformations ont été surveillées et la grande majorité des cas mais qui comporte parfois des risques
éventuellement corrigées pendant l’enfance ou l’adolescence et anatomiques en raison de possibles contiguïtés avec des élé-
sa prise en charge se situe à trois niveaux. ments vasculonerveux. La dégénérescence sarcomateuse d’une
Le dépistage précoce de la transformation maligne d’une tumeur isolée est faible, essentiellement rencontrée aux dépens
exostose est le souci majeur. Une information non alarmiste des localisations squelettiques proximales. La pathogénie des

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Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples ¶ 14-743

[19] Ahmed AR, Tan TS, Unnik K, Collins MS, Wenger DE, Sim FH.

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• répond à peu d’indications opératoires sauf évolution osteochondromas. A report of three cases. Clin Orthop Relat Res 1991;
arthrogène sévère ; 271:258-64.
• nécessite une surveillance assidue pour dépister [22] Ratliff G, Voorhies R. Osteochondroma of C5 lamina with cord
précocement une transformation sarcomateuse ; compression: case report and review of the literature. Spine 2000;25:
• une résection carcinologique est indiquée pour un 1293-5.
chondrosarcome sur exostose dégénérée. [23] Vasseur M, Fabre O. Vascular complications of osteochondromas.
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scapula and snapping scapula secondary to solitary exostosis: two
déformations de la maladie exostosante est complexe, associant cases. Rev Chir Orthop 2003;89:449-52.
le développement volumétrique des unités tumorales, mais aussi [25] Cardella JM, Dormans JP, Drummond DS. Proximal fibular
de la croissance de l’ensemble des épiphyses fertiles. Sa gravité osteochondroma with associated peroneal nerve palsy: a review of six
est tout autant secondaire aux conséquences articulaires des cases. J Pediatr Orthop 1995;15:574-7.
troubles de croissance, en particulier au poignet, au genou et à [26] Malghem J, Noel H, Vande Berg B, Lecouvet F, Maldague B. Diagnos-
tic d’une exostose et de ses complications. Lésions pseudo-tumorales
la cheville, qu’au risque accru de dégénérescence sarcomateuse
développées à la surface des os. In: Conduite à tenir devant une image
de l’une des multiples tumeurs, principalement celles du bassin
osseuse ou des parties molles d’allure tumorale. Montpellier:
ou du fémur proximal. Les anomalies chromosomiques respon- Sauramps Médical; 2004. p. 151-74.
sables sont actuellement mieux connues, débouchant sur un [27] Kobayashi H, Kotoura Y, Hosono M, Sakahara H, Hosono M, Yao ZS,
conseil génétique. Les indications thérapeutiques de correction et al. Diagnostic value of Tc-99m (V) DMSA for chondrogenic tumors
ou de prévention sont déterminées en fonction du risque with positive Tc-99m HMDP uptake on bone scintigraphy. Clin Nucl
évolutif avec un objectif essentiellement fonctionnel. Med 1995;20:361-4.
.
[28] Drapé JL, Babinet A, Feydy A, Godefroy D, Tomeno B, Chevrot A.
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Appareil locomoteur 11
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14-743 ¶ Exostose solitaire et maladie des exostoses multiples

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Orthop Relat Res 1995;313:194-9. J Pediatr Orthop B 2003;12:183-91.

P. Bonnevialle, Professeur des Universités, praticien hospitalier (bonnevialle.p@chu-toulouse.fr).


Institut de l’appareil locomoteur, CHU Toulouse, Unité d’orthopédie traumatologie de Purpan, 31052 Toulouse cedex, France.
J. Sales De Gauzy, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service d’orthopédie pédiatrique, Hôpital des enfants, CHU Purpan, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex 9, France.
S. Ferriere, Chef de clinique assistant des Hôpitaux.
Institut de l’appareil locomoteur, CHU Toulouse, Unité d’orthopédie traumatologie de Purpan, 31052 Toulouse cedex, France.
A. Gomez-Brouchet, Maître de conférence des Universités, praticien hospitalier.
Service d’anatomopathologie, CHU Toulouse Rangueil, 1, avenue du Professeur-Jean-Poulhès, TSA 50032, 31059 Toulouse cedex, France.
N. Sans, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Service de radiologie centrale, place du Docteur-Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bonnevialle P., De Gauzy J. Sales, Ferriere S., Gomez-Brouchet A., Sans N. Exostose solitaire et maladie des
exostoses multiples. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-743, 2011.

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Exostose solitaire chez un enfant de 10 ans. Aspects dans les trois principales investigations d'imagerie. a. Radiologie : tumeur
osseuse de surface en continuité directe avec la corticale d'implantation. b, c. Incidence de la face axiale. d. Échographie : mesure
de l'épaisseur de la coiffe cartilagineuse.
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Iconographie supplémentaire 10
Exostose phalangienne en radiologie conventionnelle (a à c).
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Iconographie supplémentaire 11
Présence concomitante d'une exostose ostéogénique et d'un chondrome métaphysaire tibial. a, b. Radiologie conventionnelle c, d.
Coupe axiale transverse en scanner et reconstruction 2D.
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Iconographie supplémentaire 12
Myosite ossifiante circonscrite en arrière du petit trochanter : aspect en radiologie conventionnelle (a), tomodensitométrie (b),
imagerie par résonance magnétique (c), et scintigraphie (d). Les éléments de diagnostic différentiel avec l'exostose de cette
localisation paraosseuse sont : absence de continuité avec la corticale, homogénéité constitutionnelle osseuse, survenue soudaine
et croissance rapide.
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Iconographie supplémentaire 13
Sarcome paraostéal du fémur distal : image radiologique (a) et imagerie par résonance magnétique (b, c). Les critères de
diagnostic différentiel avec une exostose ostéogénique solitaire sont : localisation poplitée, croissance perpendiculaire à l'axe
diaphysaire et centrifuge, hétérogénéités de la coiffe cartilagineuse, absence de continuité corticale.
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Radiographie de l'épaule d'un patient atteint d'une maladie exostosante : tumeurs sessile et pédiculée humérale proximale et
costale.
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Iconographie supplémentaire 15
Dysplasie épiphysaire hémimélique : évolution entre la petite enfance (a) et l'âge adulte (c) après épiphysiodèse fémorale distale
médiale et ostéotomie tibiale (b).
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Iconographie supplémentaire 16

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Dégénérescence sarcomateuse d'une exostose du genou chez un patient porteur d'une maladie exostosante : imagerie
radiologique conventionnelle (a), tomodensitométrie (b) et imagerie par résonance magnétique (c, d). Exostose connue en
augmentation récente de volume et algique. Irrégularités de la coiffe cartilagineuse particulièrement épaisse et mal limitée.
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