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FICHE TECHNIQUE 3
GUIDE POUR LA PRODUCTION
D’ALEVINS DE TILAPIA
(OREOCHROMIS NILOTICUS)
2
Cette fiche technique a été préparée avec l’appui financier du FIDA et du Projet de
Promotion de l’Entreprenariat Aquacole (PPEA) / Ministère de l’Élevage des Pêches et des
Industries Animales (MINEPIA) du Cameroun.
Les opinions exprimées dans cette fiche sont celles des auteurs et ne reflètent pas
nécessairement les opinions du FIDA ou de ces services.

Distribution restreinte au PPEA et MINEPIA

Photo de couverture : Atelier PPEA Douala Aout 2017 - Ducarme Christian Guide
pour la réalisation d’un business plan d’une ferme aquacole
DUCARME Christian
Version : finale
Date : 10/08/2017
Nombre de pages : 20 pages

Contacts du PPEA
Cellule Nationale de Coordination : 675 73 01 00
Coordination Régionale du Centre : 675 47 79 73
Coordination Régionale du Sud : 695 00 71 01
Coordination Régionale du Littoral : 675 20 29 03
Site web : www.ppea-cameroun.org
APDRA PISCICULTURE PAYSANNE – 9 avenue de France – 91300 MASSY

Présentation des nouvelles techniques de production aquacole lors du Salon

International du Machinisme Agricole au Cameroun (SIMAC)

3
Sommaire
AVANT PROPOS 5

INTRODUCTION 7

CARACTÉRISTIQUE DU TILAPIA OREOCHROMIS NILOTICUS 8

FACTEURS EXTERNES DE RÉGULATION DE LA REPRODUCTION 9

Environnementaux 9
Physico-chimie 9
Quelques solutions de correction 9
BIOLOGIE DE LA REPRODUCTION 10
Appareil reproducteur 10
Développement embryonnaire 11
PRINCIPALES TECHNIQUES DE PRODUCTION D’ALEVINS MONOSEXE MÂLE 11
A. Sexage manuel 11
B. Hybridation interspécifique 12
C. Production de géniteurs « super-mâle 12
D. Chocs thermiques 13
E. Inversion hormonale 13
MÉTHODE D’OBTENTION D’ALEVINS MONOSEXE MÂLES PAR INVERSION HORMONALE 14
Choix des géniteurs 14
Production des larves 14
Traitement hormonal 16
Pré-grossissement 17

4
 AVANT PROPOS

L ’aquaculture camerounaise constitue l’un des secteurs à fort potentiel de croissance

et de création d’emplois du pays en raison de grandes potentialités et de nombreux
atouts favorables au développement au secteur aquacole tels que la forte demande
intérieure pour les produits halieutiques (environ 400 000 tonnes par an, le poisson
représente la première protéine animale consommée avec 14,7 kg/hab./an), le grand
potentiel d’accroissement de la productivité, des conditions agro-écologiques favorables
et la disponibilité des eaux et des terres agricoles. Malgré cela, le pays continue à importer
d’importantes quantités de produits halieutiques (plus de 212 200 tonnes par an) tandis
que la production nationale des pêches de capture est en stagnation depuis plusieurs
décennies (environ 93 000 tonnes pour la pêche artisanale maritime, 7 000 tonnes pour
la pêche industrielle, 75 000 tonnes pour la pêche continentale).

C’est pourquoi sous l’impulsion du Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, le pays s’est
donné pour objectif d’évoluer vers une agriculture de « seconde génération », au sein de
laquelle l’aquaculture occupe une place à part entière (Comice Agropastoral d’Ebolowa,
2011). Poursuivant cette orientation, le Ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries
Animales, Dr TAÏGA, a solennellement déclaré 2015, « Année de l’aquaculture au
Cameroun ».

Concrètement, ceci traduit la volonté du pays de passer d’une aquaculture de subsistance

à une aquaculture commerciale durable et socialement responsable, capable d’assurer
la sécurité alimentaire des populations, de générer des revenus et des emplois pour les
jeunes, de limiter les importations et la sortie des devises du pays tout en respectant
l’environnement. Il s’agit pour l’aquaculture de devenir un levier de transformation agro
économique du pays.

Les axes de travail définis consolident le “Plan de Développement Durable de l’Aquaculture

au Cameroun” (PDDAC) élaboré avec l’appui de la FAO en 2009 et se déclinent comme
suit : i) la levée des contraintes liées à la disponibilité des alevins (quantité et qualité) et
de l’aliment pour poisson (quantité et qualité) à un prix abordable ; ii) le renforcement
des capacités techniques et managériales des acteurs des secteurs public et privé ;
iii) le développement de la chaine de valeur des produits aquacoles ; la mise en place
d’un système efficace d’accompagnement des aquaculteurs ; iv) le renforcement de la
communication ; v) le renforcement de la coopération avec les partenaires techniques et
financiers et de la collaboration avec les autres ministères.

Le Projet de Promotion de l’Entreprenariat Aquacole (PPEA) s’aligne sur ces axes directeurs
et consacre la mise en œuvre à titre pilote de certains objectifs du PDDAC. Il est le fruit de
la coopération entre le Gouvernement camerounais, à travers le Ministre de l’Élevage, des
Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) et le Fonds International de Développement
Agricole (FIDA). L’accord de financement pour sa mise en œuvre a été signé le 29 janvier
2016.

5
D’une durée de 3 ans, le PPEA est une initiative pilote menée dans les 3 régions du Centre,
du Sud et du Littoral, dont les leçons apprises doivent permettre la mise en œuvre d’un
programme de développement de l’aquaculture à l’échelle nationale. L’objectif global du
PPEA est de contribuer à l’amélioration durable des conditions de vie et des revenus
des aquaculteurs du Cameroun à travers la promotion des entreprises aquacoles
économiquement rentables et créatrices d’emplois. Plus spécifiquement, il vise à améliorer
l’accès des aquaculteurs à des services de formation et d’appui / accompagnement, à
mettre en place un cadre stratégique et organisationnel favorable au développement de
l’aquaculture et créer des entreprises aquacoles économiquement rentables et créatrices
d’emplois.

Le projet cible les petits producteurs aquacoles potentiels ou déjà installés avec une
priorisation des jeunes de 18 à 35 ans, porteurs de microprojets aquacoles. Au total, 300
petites entreprises aquacoles seront ainsi établies dans les différentes chaines de valeurs
dont 30% gérées par des femmes et 50% par les jeunes.

Dans l’optique de vulgariser l’activité, le PPEA a élaboré, avec l’appui de son partenaire
technique, l’Association APDRA Pisciculture Paysanne, des guides et fiches technico
économiques pour la production des alevins, des aliments et des poissons de table ainsi
que la gestion des fermes aquacoles. Ces manuels permettront aux aquaculteurs, aux
porteurs de projet, aux chercheurs et à toute personne intéressée par l’activité aquacole
d’avoir une connaissance sommaire du domaine. Ces documents n’étant pas exhaustifs,
nous conseillons aux personnes désireuses d’investir dans l’aquaculture de se rapprocher
des services compétents du Ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales
(MINEPIA).

Bonne lecture à tous.

Yaoundé, septembre 2017

Divine NGALA TOMBUH,
Coordonnateur National et Chef de Projet PPEA

6
 INTRODUCTION
Le tilapia est une espèce présente dans presque tous les élevages au Cameroun, mais dont
la production reste encore limitée, malgré de forts potentiels, du fait de manque d’alevins.
Cela est dû le plus souvent à des techniques de production en masse non maîtrisée et à
une mauvaise gestion des géniteurs
L’objectif de ce guide est de familiariser les producteurs à la maîtrise de la production des
alevins monosexe de tilapia Oreochromis niloticus.

7
 CARACTÉRISTIQUE DU TILAPIA OREOCHROMIS NILOTICUS

Tête avec narine de chaque côté, présence d’opercules pas de barbillons, Corps
recouvert d’écailles
Nageoire dorsale formée d’une seule pièce comprenant une partie épineuse (+/- 17
épines) et une partie molle (+/- 13 rayons souples)
Microphage et planctonophage (phytoplancton, algues, zooplancton,….)
Accepte l’aliment artificiel ainsi que des vers et asticot, exigence en protéine moyenne
Très prolifique même en milieu contrôlé, confection de nid, incubation buccale par la
femelle, garde parentale. Cette prolificité peut devenir un handicap en élevage.

Tilapia adulte Incubation busccale des oeufs chez la femelle

Nid de reproduction du tilapia au fond d’un étang

8
 FACTEURS EXTERNES DE RÉGULATION DE LA REPRODUCTION

Environnementaux
Variation de la photopériode et intensité de lumière
Élévation de la température de l’eau
Variation du niveau de l’eau
Physico-chimie
Paramètre Moment de la journée Intervalles
Température 28-32°C
O2 dissous Matin : 6h00 > 0,8 mg/l
Après-midi : 15h00 6-15 mg/l
PH 6-9
Chlorophylle a 100 - 200

Quelques solutions de correction

PH :
Un chaulage (2,2t/ha) pour l’élévation en cas de faible pH ou un renouvellement d’eau
important dans le cas contraire.
T°C :
Résistance chauffante pour aquarium, 300W / 400 à 600L.
Effet de serre.

Possibilité de réglage précis et

Toile plastique recouvrant le dispositif de
éventuellement de réajustement de
reproduction
la température de 18°C à 34°C. La
précision courante est de +/- 0,5°C. - Un recouvrement de 30% du toit de
l’écloserie
Maintien de la chaleur constante

9
 BIOLOGIE DE LA REPRODUCTION

Appareil reproducteur
Le mâle possède deux orifices : l’anus, l’urètre et le spermiducte réduit en un point unique
Pour la femelle on distingue trois orifices : l’anus, l’oviducte et l’urètre
L’oviducte se prolonge en un ovipositeur court et conique (période de reproduction)

Cycle de reproduction
Phase présumée du cycle de reproduction Durée (jours)
1) mise en charge des géniteurs et acclimations dans leur nouvel
environnement et occupation par les mâles des nouveaux territoires de 3-4
reproduction
2) Parade nuptiale 1-2
3) Incubation buccale de œufs 4-5
4) Garde parentale, résorption de la vésicule vitelline 3-4
5) Fin de la garde parentale et début d’alimentation 2-3
Total 13-18

10
 Développement embryonnaire

Incubation buccale des oeufs par la femelle Développement embryonnaire

PRINCIPALES TECHNIQUES DE PRODUCTION D’ALEVINS

MONOSEXE MÂLE

A. Sexage manuel
L’identification du sexe du tilapia peut se faire par examen de la papille génitale des
poisons à partir d’une taille de 25 à 30g :
A l’aide d’une fine brindille, on applique un mouvement sur la papille génitale du bas vers
le haut:
-Si la brindille glisse facilement = femelle
- Si la brindille cale légèrement = mâle

11
 B. Hybridation interspécifique
Il existe des possibilités de croisement de différentes espèces de tilapia entre elles.
Oniloticus mâle x Tilapia mosambica femelle
Tilapia hornorum mâle x Tilapia mossambica femelle
Tilapia hornorum mâle x Oreochromis niloticus femelle
Tilapia macrochir mâle x Oreochromis niloticus femelle
Les hybrides issus de ces croisements seront tous mâles mais cela pose le problème de
conservation de lignée pure.

C. Production de géniteurs « super-mâle.

Un processus de féminisation de mâles permet d’obtenir des néo-femelles XY. Ces
néofemelles croisées avec une femelle XX auront un tiers de leur descendance qualifiés
de « super mâles », c’est-à-dire possédant deux chromosomes Y.
A la génération suivante, le croisement d’un géniteur super-mâle avec une femelle conduira
à la production de descendants mâles. C’est une technique onéreuse ne pouvant être
développée que dans les structures spécialisées et nécessite un renouvellement régulier
du cheptel de génieteurs.

12
 D. Chocs thermiques
L’application de températures élevées (à partir de 34 °C) prolongée chez les larves favorise
l’apparition de forts pourcentages de mâles et parfois même, des populations entièrement
mâles. (Usage à l’écloserie S 3 Piscicultura au Brésil qui utilise la souche GIF de Maliga)

Méthode
Les géniteurs sont préparés en cages à la charge maximale de 150kg/m3.
Les géniteurs de 1kg de poids vif sont ensuite répartis dans les happas de 30 m2
suivant un sexe ratio 3F : 1M à la densité de 1,33 ind/m2 (40 ind, 30F et 10 M).
Les œufs sont collectés tous les 4 jours et incubés en salle.
Après éclosion, les larves sont maintenues à la température élevée de 35 à 36°C
pendant 10 jours.
Transfert en pré-grossissement qui se fait en deux étapes aboutissant à la production
des juvéniles de 25 à 30g.
La reconstitution des géniteurs se fait à partir des alevins sélectionnés.

Stockage de géniteurs Happas pour la reproduction Ecloserie

E. Inversion hormonale
L’utilisation d’une hormone de synthèse, la 17α-MethylTestosterone (MT) incorporée
dans l’aliment permet la production en masse de monosexe mâle. C’est une technique
simple et économique n’ayant pas besoin de laboratoire et d’équipements sophistiqués.
Un technicien ou un pisciculteur expérimenté peut pratiquer cette technique.
Cette technique a pour avantage :
Réalisation à 98-100% de production d’alevins mâles
Assure un profit net et une production élevée.
Aucun risque sur le consommateur
Manipulé avec précaution, pas de danger chez le producteur
Biodégradable (pas de risque de demeurer dans l’environnement)

13
 MÉTHODE D’OBTENTION D’ALEVINS MONOSEXE MÂLES PAR
INVERSION HORMONALE

Quatre étapes: sélection des géniteurs, production des larves, inversion hormonale, pré-
grossissement.

Choix des géniteurs

Les géniteurs de grande taille sont préférables car ils permettent d’obtenir un grand
nombre d’œufs:
30g: 340 à 400 œufs
500g: 3500 œufs

Production des larves

Obtention directe des larves
Étangs ou happas nécessaires
Stockage de géniteurs 0,6ind/m² (étang) ou 4 ind/m² (happa) suivant sexe ration de
1mâle pour 3 femelles.
Trois semaines après
Pêche des géniteurs et transfert dans de nouvelles structures pour le démarrage d’un
nouveau cycle et après trois cycles les retourner dans l’étang de sélection.
Pêche et tri des larves dans les cages de 0,6x0,3x0,3m et 2,5mm de côté et 3mm
diagonale (Ce tri permet de sélectionner des larves dont la longueur est comprise
entre 8 et 12 mm)
La formule suivante utilisée par les opérateurs permet de calculer le poids en fonction
de la longueur. Poids (g) = Longueur3 x 0.02 x 10-3
Ainsi une larve de 8 mm pèse 0.0102 g et une de 12 mm pèse 0.034 g)

14
 Cage de tri Vérification taille 5 à 8 000/hapa

Incubation des œufs

Les géniteurs sont stockés dans les bacs ou les happas suivant une densité de charge de
40 ind/m3 ou 4 ind/m² dans le happa, sexe ratio de 1mâle pour 3 femelles et alimentés.
Une semaine après, on capture les femelles et collecte les œufs dans leur bouche

Incubation
Les œufs sont rincés et ensuite calibrés (200 à 400ml) à introduire dans les auges
d’incubations. Les œufs incubés doivent rester en mouvement durant toute la période
d’incubation qui dure 4 à 7 jours en fonction de la température.
Une fois l’éclosion terminée, les larves sont maintenues dans les bacs jusqu’à la résorption
totale de la vésicule vitelline et ensuite réparties dans les happas ou grands bacs pour le
pré-grossissement.

Rinçage et incubation des Maintien des larves Répartition des larves en

œufs jusqu’à la résorption happas ou bacs (60 à 70
vitelline larves/L pour le traitement
hormonal

A noter que le cannibalisme au sein d’une même fratrie à partir de 15mg (17mm) survenant
entre 10-30ej peut être responsable de 10à30% de la mortalité.

15
 Traitement hormonal
Préparation d’une solution mère à 5 g d’hormone / litre d’éthanol.
Préparation de 200 ml d’une solution fille avec 10 ml de solution mère pour 1 kg d’aliment
(0.05 g d’hormone / kg aliment) soit 50 μg/ gr d’aliment.
Ou
Mesurer 50mg de l’hormone et dissoudre dans 100 cc (1 litre d’éthanol) et verser la
solution obtenue sur 1 kg d’aliment. Cette opération est reprise après une semaine (durée
de l’aliment hormoné est de 7jour)

Le traitement dure 3 semaines et durant cette période, aucune manipulation n’est

effectuée hormis le brossage fréquent du filet du happa. Les larves sont nourries 8 fois
par jour. Le taux de rationnement est de 20 % la première semaine puis 18 et 16 % les
semaines suivantes.
On nourrit en utilisant une longue cuillère afin d’éviter tout contact avec la peau.

Alimentation des happas

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 Pré-grossissement
Une semaine après le traitement hormonal, on scinde les larves en deux lots égaux
répartis dans deux happas.
Ces lots formés sont conduits pendant trois à six semaines en fonction du poids d’alevins
souhaité.
Durant cette période, ils sont nourris à 5% de leur ichtyobiomasse en réduisant les
fréquences de nourrissage passant de 4 la première semaine à 2 au terme du pré-
grossissement.
Afin de maintenir une température élevée pour faciliter la croissance un dispositif de serre
peut être aménagé au-dessus des happas ou des étangs.

Pré-grossissement en hapas Serre au-dessus des hapas Serre au-dessus des étangs

Élevage hors sol (bacs en béton)

17
 Tilapia

Incubation busccale des oeufs chez la femelle

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19
 Site web : www.ppea-cameroun.org
Tél : (+237) 675 73 01 00 / 663 33 00 00
E-mail : ppeacmr@gmail.com