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FOOD SECURITY
In cooperation with The Fish Utilization and Marketing Service (FIIU), FAO
Rome
Casablanca, Morocco, 27–30 January 2003
Préparé par
Mohamed NAJI
Janvier 2003
SOMMAIRE
INTRODUCTION 3
5. CONCLUSION 26
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 27
2
L'IMPACT DU COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS DE
LA PECHE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE AU MAROC
Mohamed NAJI1
INTRODUCTION
Avec une croissance économique qui avoisine quatre pourcent par an, le Maroc s’urbanise
de plus en plus. On observe une amélioration particulièrement sensible des transports, de
l’assainissement et de l’éducation dans les grandes villes.
Le Maroc profite d’une croissance économique régulière qui a fait reculer la sous
alimentation jusqu’à un niveau peu élevé. Entre 1980 et 1996, la ration alimentaire
quotidienne est passée de 2 723 à 3 186 calories, quantité comparable à celle observée
dans certains pays industrialisés. Cette augmentation est imputable à l’accroissement de
la production alimentaire et au développement des échanges commerciaux (FAO, 1999a).
Au Maroc, la garantie de la sécurité alimentaire a été toujours hissée parmi les priorités en
matière de développement économique et social. Ainsi, des efforts importants ont été
consentis pour la stabilité de l'approvisionnement des populations en produits alimentaires
et l'amélioration des conditions de vie et du pouvoir d'achat des ménages (Guedira, A.;
Tber, A. et Berrada M. 2000).
Il n'en demeure pas moins que des défis importants restent à relever, notamment en ce
qui concerne la lutte contre la pauvreté et la stabilité de la production agricole nationale
(Guedira, A.; Tber, A. et Berrada M. 2000).
1
Professeur, Département Halieutique, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II. B.P. 6202,
Madinat Al Irfane, 10101 Rabat, Maroc. m.naji@iav.ac.ma - www.iav.ac.ma/agro/fhal/naji.htm
3
1. SECURITE ALIMENTAIRE AU MAROC
La sécurité alimentaire est un concept qui peut être abordé sous des angles différents.
L'amélioration de la production alimentaire en est certes un aspect essentiel mais il existe
des liens beaucoup plus étroits avec des problèmes tels que la pauvreté, la marginalisation
sociale et l'activité économique du pays (Guedira, A.; Tber, A. et Berrada M. 2000).
Selon le Sommet mondial sur l'alimentation tenu en 1996, la sécurité alimentaire est une
situation telle que chacun peut à tout moment avoir matériellement et économiquement
accès à une alimentation sûre, nutritive et suffisante pour satisfaire ses préférences et
besoins alimentaires et ainsi mener une vie active et saine (FAO, 2001a).
Le Maroc figure parmi les 19 pays retenus par le Comité sur l'agriculture de l'OMC dans la
catégorie des pays en voie de développement importateurs nets d'aliments (PVDINA) (Diaz-
Bonilla et al., 2000). Ce groupe de pays possède une population de 380 millions de personnes
et un PIB moyen de 1 127 $EU per capita (1997). Ces pays se sont transformés en
importateurs nets à partir des années 70, sans que cette situation ne subisse de
changement jusqu'à nos jours (Diaz-Bonilla et al., 2000).
4
L'arbitrage entre la garantie de prix rémunérateurs aux producteurs et la sauvegarde du
pouvoir d'achat des consommateurs se sont souvent soldés par une prise en charge par
l'Etat des surcoûts s'y rapportant et ce, à travers la mise en place de subventions directes
des prix à la consommation; tel est le cas de la farine nationale du blé tendre, du sucre et
des huiles des graines oléagineuses (Guedira, A.; Tber, A. et Berrada M. 2000).
Depuis le milieu des années 80, l'avènement d'un nouveau contexte international a rendu la
fonction de l'agriculture, non plus régie par la réalisation de l'autosuffisance en produits
alimentaires de base, mais par la garantie de la sécurité alimentaire, qui prend en compte
les opportunités qu'offre le commerce international. Ainsi, la notion de sécurité alimentaire
correspond à la réalisation de taux stratégiques d'approvisionnement en denrées
alimentaires à partir de la production nationale. Le commerce international en comblant les
écarts entre la production et la consommation, devant permettre d'exploiter d'une manière
plus efficace les potentialités agricoles nationales et tirer un meilleur profit de ses avantages
comparatifs (Guedira, A.; Tber, A. et Berrada M. 2000).
5
Tableau 1: Contribution des groupes de produits de base dans le Disponible Total et
Taux de couverture de la demande alimentaire solvable (moyenne 1990–1999)
Pourcentage du Disponible Taux de couverture des
Produits
Total besoins
Céréales 46 64
Légumineuses 0,94 92
Huiles 2,53 36
Sucres 5,93 46
Viandes rouges 1,97 97
Poissons 1,33 134
Produits maraîchers et
32,03 120
fruits
Produits laitiers 6,79 84
Total 100 -
Le taux de couverture de la demande exprime la capacité d'un pays à satisfaire ses besoins
alimentaires à partir de la production nationale. Il s'agit du rapport de la production au
disponible intérieur: TCB = P/DI x 100. (Thiombiano et Padilla, 1992) in (Rachidi, 2002).
Il est important de souligner que les quantités disponibles à la consommation humaine sont
celles qui atteignent le consommateur et ne sont que des moyennes nationales supposant
une répartition équilibrée des ressources alimentaires entre les différents groupes de la
population. La quantité réellement consommée pour un aliment peut être inférieure ou
supérieure à cette moyenne selon les catégories socioéconomiques, écologiques et
géographiques (Rachidi, 2002).
6
Tableau 2: Indicateurs de la situation alimentaire, nutritionnelle et sanitaire au Proche Orient et en Afrique du Nord
7
Structure énergétique: prédominance des produits végétaux
D'après (Rachidi, 2002), de 1990 à 1999, le disponible journalier en énergie par personne
s'est situé à 3 135 Kcal/p/j. Les principales sources de ces calories sont les céréales
(64,13%), le sucre (11,06 %) et les huiles (11,10 %) ce qui représente pour ces trois
groupes de produits de base 86,78 % de l'apport total en énergie (Tableau 3). Si l'apport est
satisfaisant en terme de valeur, la prédominance de produits végétaux est préoccupante car
les produits d'origine animale ne contribuent que de 6.32 %; la valeur de référence étant
généralement de 10 % (Giacchoti & al., 1992) in (Rachidi, 2002).
Total 100,00
Source: Rachidi, 2002
La FAO utilise une batterie d'indicateurs qui permettent d'évaluer le niveau de sécurité (ou
d'insécurité) alimentaire à l'échelle d'un pays. Ces indicateurs se rapportent à trois aspects
de la sécurité alimentaire nationale: disponibilité, accès et utilisation (Diaz-Bonilla et al., 2000).
- La Production alimentaire per capita est un indicateur de la capacité d'un pays à assurer
sa propre alimentation. Cet indicateur couvre à la fois les aspects de sécurité et
d'autonomie (Diaz-Bonilla et al., 2000).
- Le Rapport Exportations totales sur importations alimentaires est un indicateur sur
l'aptitude d'un pays à financer ses importations alimentaires (Diaz-Bonilla et al., 2000).
- Calories per capita et Proteines per capita sont deux indicateurs séparés qui sont utilisés
pour évaluer le niveau de consommation alimentaire moyen à l'échelle d'un pays (Diaz-
Bonilla et al., 2000).
- La Population non agricole donne une idée sur les limites et l'ampleur dans lesquelles tout
changement dans les politiques commerciales et agricoles risqueraient d'affecter le pays
(Diaz-Bonilla et al., 2000).
L'examen de ces indicateurs, dans le cas du Maroc (Tableau 4), montre que la population
agricole du Maroc représente 40% de la population totale. La production alimentaire atteint
144,5 $EU constants de 1989–1991. Quant à la facture alimentaire, elle absorbe 12,3% des
recettes en devises.
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Tableau 4: Indicateurs de la sécurité alimentaire en Afrique du Nord
Dans la région de l'Afrique du Nord, le taux d'urbanisation du Maroc est relativement bas. Le
poids de la facture alimentaire est médian, en raison notamment de la production
alimentaire per capita qui occupe un rang avancé.
Le secteur des pêches a joué un rôle limité dans la problématique de la sécurité alimentaire
au Maroc. Même si ce secteur a été érigé à l'échelle des priorités nationales depuis les
années 70 et qu'il lui a été assigné les objectifs de promotion de l'emploi, du renforcement
de la balance commerciale et de la contribution à l'autosuffisance alimentaire, la
participation des produits halieutiques dans l'alimentation de la population marocaine
demeure très en deçà du potentiel de production dont dispose le Maroc.
Les ressources halieutiques marocaines sont contenues dans une Zone Economique
Exclusive de plus de un million de km². Le potentiel de production durable est estimé à
environ 1,5 millions de tonnes par an. En 1997, la contribution du secteur des pêches à
l’économie nationale, c'est–à–dire la valeur ajoutée générée par la capture, le
conditionnement, la transformation et la commercialisation des produits de la pêche,
s’élevait à 2,41 % du PIB (Ministère des Pêches Maritimes, 1999)
Au titre de l’année 2001, les statistiques officielles du secteur font état d’une production
halieutique totale de l’ordre de 1 100 000 tonnes, soit l’équivalent de 7,8 millions de dollars
EU. Cette production brute est dominée par les espèces pélagiques qui ont représenté 77%
des débarquements. Quant aux emplois générés, le secteur continue de faire travailler,
directement et indirectement, une population dont l'effectif serait situé entre 300 000 et
400 000 personnes (Ministère des Pêches Maritimes, 2002).
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2.2. Une production élevée mais peu disponible
Au niveau d'un pays, l’on peut dire que les disponibilités alimentaires sont adéquates
lorsqu’il existe en moyenne, grâce à la production nationale et/ou aux importations, des
quantités suffisantes d'aliments pour satisfaire les besoins de consommation de l'ensemble
de la population du pays. De même, comme dans le cas des individus, le pouvoir d'achat au
plan national, c'est–à–dire le montant des devises disponibles pour payer les produits
alimentaires importés, est un élément déterminant de la sécurité alimentaire nationale (FAO,
2001a).
DI= P+I-VS-EXP
Le Maroc importe très peu de poisson. La production de la pêche a connu durant la dernière
décade une croissance soutenue. Mais, le disponible intérieur et le disponible à la
consommation humaine n'ont pas subi une hausse notable en raison de l'augmentation des
quantités destinées à l'exportation (Tableau 5 et Figure 1).
100%
Disponible à
consommation
80%
humaine
Pertes
60%
Transformations
40% non
alimentaires
Transformations
20% alimentation
humaine
Exportations
0%
1996 1997 1998 1999 2000 2001
10
Tableau 5: Evolution de la disponibilités en produits de la pêche (1995-2001)
11
Sur les dix dernières années, la progression annuelle moyenne de la production a été de
5,5% (Ministère des Pêches Maritimes, 1998 et 2002). Selon les campagnes, la production
a dû subir les effets des changements hydro climatiques qui ont entraîné des fluctuations
importantes au niveau des approvisionnements, surtout pour le poisson pélagique. La
variation de la production est surtout influencée par les captures de la pêche côtière. La
contribution de la pêche hauturière et des autres types de pêche sont relativement stables
(Figure 2).
1200
1000
Production X 1000 t
800
600
400
200
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2.2.3. Filière de la Pêche artisanale aux petits métiers: Une autre composante du
secteur, non moins importante, est celle de la pêche artisanale aux petits métiers. Cette
activité joue un rôle social considérable en faisant travailler 40% de la population de
pêcheurs, dont la majorité est située en milieu rural. Par manque de sites aménagés, il est
12
difficile de connaître, avec exactitude, la production de ce sous–secteur qui débarque du
poisson blanc et des céphalopodes le long des côtes marocaines. Avec le développement
de la pêche au poulpe au sud du pays, cette activité a connu un essor spectaculaire lors des
dix dernières années. Certaines estimations évaluent la production annuelle de ce sous
secteur à plus de 60 milles tonnes.
2.2.5. Autres filières: Le littoral est un milieu où se déploient plusieurs formes d’exploitation
des ressources aquatiques. On citera à ce titre les activités de ramassage des coquillages,
la collecte des algues, la pêche au corail et la pêche aux madragues. En dépit de leur faible
contribution économique, les apports de ces activités sont surtout d’ordre social.
En dépit de son niveau de production élevé, le poisson reste relativement peu consommé au
Maroc. En moyenne, la consommation nationale absorbe 24% de la production. Les
quantités consommées sont relativement stables et ne semblent pas suivre la tendance de
la production à la hausse. Ceci nous pousse à nous interroger sur les déterminants réels du
faible niveau de la demande et surtout sur son manque d'élasticité.
Jusqu'en 2001, le Maroc n’a pas réussi à résoudre la contradiction qui a fait de lui, en
même temps, un producteur dont le taux de disponibilité intérieure en poisson est assez
élevé (12,72 Kg per capita) et où, à l’inverse, le niveau de disponibilité pour la
consommation humaine est des plus faibles (7,23 Kg per capita).
La disponibilité n'est pas le seul facteur limitant pour la consommation des produits de la
pêche au Maroc. La raison se trouve également du côté de l'incapacité d'accéder à un
produit dont le prix se trouve hors de portée du consommateur moyen. Même lorsque le
poisson est à bon marché, comme il est le cas de la plus grande partie des captures
marocaines qui sont faites essentiellement de poisson pélagique (860 000 tonnes en 2001),
la défaillance des réseaux et des modes de distribution empêche les consommateurs d'avoir
physiquement accès à ces produits (seulement 31% du disponible intérieur sont
consommés). Les programmes de promotion de la consommation nationale de cette
catégorie de poisson à faible prix n’ont pas été, jusqu’à présent, porteurs de succès.
13
2.3.2.1. Revenus et dépenses des ménages
Entre 1991 et 1999, la pauvreté monétaire s’est accrue au Maroc. La part de la population
pauvre aurait augmenté de 13 à 19% (Tableau 6). Les 10% les plus aisés de la population
s'accaparent 30,1% de la consommation totale. Les zones fortement affectées sont les
agglomérations rurales, notamment celles des régions du Sud où les populations vivraient
avec moins de 270 $EU par an.
Alimentation
13% Habillement
5% Habitation
8% 45%
Equipement
ménager
Soins médicaux
5%
5% Transport et
communications
12% 7% Loisirs et cultures
Autres
La concurrence qui émane du marché étranger à fort pouvoir d’achat, rend le poisson blanc
hors de portée de la majorité des consommateurs nationaux. Tel est le cas pour les produits
de la pêche hauturière qui sont presque entièrement destinés au marché extérieur (Tableau
14
7). Le rôle de cette filière dans l'approvisionnement du marché local en produits de la pêche
est négligeable.
La pêche côtière, quand à elle, joue un rôle social primordial en assurant de l'emploi à
environ 50% de la population de pêcheurs. Mais, sa contribution la plus importante réside
dans l'approvisionnement du marché local en quantités élevées de poisson à prix
raisonnable destiné pour l'alimentation humaine et pour le secteur de l'industrie de
transformation.
Les captures de la pêche artisanale aux petits métiers, quant à elles, sont souvent faites de
poisson noble destiné pour le marché extérieur. Seule une faible proportion bénéficie au
marché local.
15
Ces chiffres sur la consommation per capita et les disponibilités totales ne rendent pas
nécessairement compte de l'importance du poisson comme aliment, ni de son rôle dans la
sécurité alimentaire des diverses régions du Maroc. Globalement le poisson ne représente
que 1,33% du disponible alimentaire intérieur total et 29% des produits carnés consommés
(Figure 4).
La consommation des
produits d'origine animale
reste très modérée; et même
si la viande rouge affiche des
prix supérieurs à ceux du
Poisson poisson, les habitudes
29% alimentaires démontrent une
Volaille préférence soutenue pour les
38% viandes rouges et la volaille.
Viande
rouge
33%
3% 1%1%2% Poisson
bleu
Poisson
27% blanc
Crustacés
Céphalopo
des
Conserves
66%
Poisson
congelé
16
2.3.2.5. Facteurs géographiques affectant la distribution et la consommation
des produits de la pêche
La répartition du poisson et des produits de la pêche varie nettement entre les régions et
groupes de revenu, tout comme le rôle du poisson en tant qu'aliment. En effet, si 46% de la
population vit le long des 3 500 Km de côtes et n'a théoriquement pas trop de difficultés
pour accéder au poisson, il n’en est pas de même pour les 54% de marocains qui habitent à
l'intérieur du pays et qui dépendent pour leurs approvisionnements en poisson des circuits
irréguliers de quelques mareyeurs. La consommation de poisson reste plus faible en milieu
rural, avec une moyenne de 6,02 Kg per capita. En milieu urbain, elle atteint une moyenne
de 13,17 Kg (El Basri, 1998). En outre, cette consommation, qui est généralement moyenne
à forte au niveau des régions côtières, diminue rapidement, voire s’annule, à l’intérieur du
pays.
Le niveau de la demande est conditionné par le type de milieu (urbain ou rural), la proximité
ou l’éloignement d’un port de pêche, la taille du ménage, la catégorie socioprofessionnelle et
le niveau d'instruction du chef de ménage (El Basri, 1998).
Parmi les causes du faible niveau de consommation des produits de la pêche, il y lieu de
citer:
Le marché national est un marché orienté principalement vers les produits frais. La
demande pour le poisson en conserve ne représente que 10% de la production. La
demande du marché national est assez faible (32% de la production nominale, conserves
de poisson comprises). La sardine représente les deux tiers des quantités commercialisées.
Toutefois, compte tenu de la taille de la population et de son rythme d’évolution, des
possibilités de développement de la demande existent si des mesures de promotion sont
entreprises à tous les niveaux du secteur (Naji, 2001).
La filière des produits de la pêche est très influencée par l’activité des intermédiaires de
toute sorte. Entre le pêcheur et le consommateur final, leur nombre est considérable. Ils font
partie essentiellement des collecteurs, des grossistes et des détaillants (Naji, 1996).
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3.1.1. Les agents de la commercialisation
Les agents de la commercialisation des produits de la pêche ont des fonctions qui sont
globalement complémentaires. Chaque type de mareyeur s’est spécialisé dans un segment
de marché précis auquel il a adapté ses moyens de production et sa stratégie commerciale
(Naji, 1996).
Les collecteurs sont sous forme d'entreprises familiales. Leurs moyens techniques et
financiers sont limités, ce qui les oblige à opérer sur des circuits assez courts. Ils jouent un rôle
important dans l’équilibre du marché en assurant la concentration de l’offre des pêcheurs,
dispersée dans quelques 170 points de débarquement, au niveau d’une vingtaine de ports.
Les grossistes font partie des entreprises structurées. Ils sont implantés au niveau des
halles et des marchés de gros. Leurs tailles et leurs moyens leur permettent d’opérer sur des
segments de marchés diversifiés tout en restant dépendants, pour leurs
approvisionnements, de halles aux poissons bien définies.
Les détaillants assurent la vente directe aux consommateurs aussi bien urbains que
ruraux. Les détaillants disposent de moyens rudimentaires et se spécialisent souvent dans
des marchés précis. Les détaillants qui opèrent au niveau des marchés hebdomadaires ruraux
ont un rôle vital dans l’approvisionnement de la population rurale en poisson frais (Naji, 1996).
Au Maroc, le mécanisme de formation des prix des produits de la pêche est assez
complexe, surtout que la dimension du marché concerne quelques 29 millions de
consommateurs, environ 13 milles embarcations et quelques 3 800 intermédiaires, dont
3 000 détaillants (NAJI, 1996).
Le faible niveau de consommation de poisson, est dû, en partie, au prix relativement élevé.
Cette situation est engendrée par la concurrence de la demande du marché européen pour
les produits marocains, d'une part, et par les activités spéculatives d'une succession
d'intermédiaires, d'autre part. Le secteur de mareyage est caractérisé par une certaine
concentration du capital et des parts de marché, notamment au niveau des halles. Les
marges bénéficiaires dégagées sont parfois trop élevées. (Naji, 1996).
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3.2. Commerce international des produits de la pêche
1200
1000
800
600
400
200
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001
Production Exportations
Disponible Intérieur Disponible Consommation Huma
En l'an 2000, les exportations des produits de la pêche ont totalisé 473 000 tonnes en
équivalent poids vif, ce qui représentait 52% de la production nominale. La valeur des
exportations a été de 10,4 millions $EU. Cette performance correspond à 13% des
exportations totales du Maroc et 61% des exportations alimentaires.
Pour la même année, la facture alimentaire se chiffrait à 14,3 Millions $EU. Elle
correspondait à des achats d'environ 6 743 millions de tonnes de denrées alimentaires: blé,
sucre, huile, produits laitiers... Les importations alimentaires ont absorbé 18% des recettes
en devises. Inversement, les exportations des produits de la pêche ont servi à financer 72%
des achats alimentaires.
Le prix moyen du Kg de poisson exporté a été d'environ 2 $EU; celui des aliments importés
a été d'environ 0,5 $EU. Un bilan rapide nous permet de constater que l'exportation d'un Kg
de poisson permet au Maroc d'importer 4 Kg de denrées alimentaires de base.
L’évolution des exportations des produits de la pêche a été marquée par une croissance
soutenue lors des 10 dernières années : 3,6% en volume et 6,62% en valeur.
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Les marchés destinataires sont dominés par l'UE avec 60% de la valeur des exportations
totales, le Japon avec 29%, l’Afrique avec 7% et, enfin, l’Amérique avec 4%. Ces marchés
présentent des potentialités de développement réelles à condition de déployer un effort
important au niveau des techniques de production, d’emballage et de marketing. (Ministère
des pêches maritimes, 2002)
Les produits exportés constituent une gamme très variée. Cette gamme est dominée par les
céphalopodes congelés (essentiellement le poulpe), avec 63% de la valeur des
exportations totales, les conserves avec 14,56% et les poissons frais avec 11,47%.
(Ministère des pêches maritimes, 2001)
Par type de pêche, les espèces exportées proviennent de la pêche hauturière (à hauteur de
45% des débarquements) et de la pêche côtière (36%). Le reste provient aussi bien de la
pêche côtière et artisanale que de l’aquaculture.
Les produits de l’aquaculture sont entièrement exportés, à l’exception des huîtres qui sont
consommées sur le marché local.
Enfin, les importations de poisson sont très faibles et concernent soit des espèces de
destinées à la consommation en frais tel que le saumon, soit des espèces qui alimentent
certaines industries en période de pénurie en matière première. Dans tous les cas, les
volumes mis en cause sont très minimes.
Selon L'Organisation internationale des consommateurs, les expériences des pays les
moins avancés en matière de libéralisation des marchés sont très différentes. Pour ces
pays, la facture alimentaire totale demeure élevée (20 %). L'éradication ou la réduction
des obstacles au commerce ne suffisent pas à réduire la pauvreté et la malnutrition, parce
que la libéralisation du commerce n'a pas toujours apporté un bénéfice net aux
consommateurs, surtout pas aux plus pauvres ou à ceux qui vivent dans les zones
rurales.
- La FAO (FAO, 2001a) estime, qu'en général, le commerce international n'aurait qu'une
contribution limitée dans la solution du problème de la sécurité alimentaire. Toutefois, selon
elle, rien ne permet de confirmer que le commerce des produits de la pêche est
préjudiciable à la sécurité alimentaire des pays exportateurs dans la mesure où les produits
exportés sont souvent de nature différente de ceux consommés localement (FAO, 1999b). En
outre, la FAO met en doute l'hypothèse selon laquelle les recettes qui découlent de
l'exportation des produits de la pêche participeront à alléger la pauvreté, car cet aspect est
plus en rapport avec les modalités de distribution des bénéfices de l'échange que du
commerce international lui–même (FAO, 1999b).
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La problématique de la libéralisation du commerce des produits de la pêche dans les pays
les moins avancés se pose en termes différents de ceux des produits agricoles pour
plusieurs raisons:
Il est clair que l'impact devrait être recherché à trois niveaux différents:
National: Quels sont les gains ou les pertes, directs ou indirects, générés par le libre
échange sur la réserve en devises, le stock alimentaire, la croissance économique,
l'environnement, la durabilité économique des activités liées à la pêche, la redistribution des
richesses, le bien être économique et social et le niveau et la qualité de consommation?
Sectoriel: Quel est l'effet du commerce international sur les différentes filières qui
composent le secteur des pêches. L'analyse doit porter sur l'évolution de l'état des stocks
exploités et sur les indicateurs économiques du secteur: production, prix, revenus des
professionnels, emplois, valeur ajoutée…sans perdre de vue les échanges entre filières.
Consommateurs: Que ce soit pour l'individu ou pour le ménage, quels sont les
changements qui surviennent dans le niveau et la nature de la consommation des produits
de la pêche et des autres aliments, les dépenses des ménages, l'équilibre nutritionnel…
Dans les prochaines années, l'offre des produits à valeur ajoutée se développera et les
innovations se poursuivront tant en matière de produits proprement dits que des techniques
de conditionnement et de présentation. Le poisson est maintenant un produit coûteux et les
pénuries prévues par rapport à la demande mondiale auront pour effet de pousser les prix à
21
la hausse. Les recettes en devises grimperont, ce qui contribuera à réduira le déficit au
niveau de la balance commerciale.
Par ailleurs, l'arrêt de l'accord de pêche avec l'UE a généré un manque à gagner important
en matière première sur le marché européen. La demande pour le poisson marocain est
devenue plus en plus forte. La perspective de meilleurs gains incitera les professionnels à
solliciter davantage de licences de pêche. Les autorités marocaines ne pourront donner
suite à ces requêtes en raison du gel des investissements dans la flotte, décrété depuis
1992. Les professionnels n'ayant d'autre alternative que d'exploiter pleinement leur capacité
de pêche chercheront par tous les moyens à intensifier leur effort de pêche. La menace pour
la durabilité des ressources sera pesante. Les administrations de pêche devraient mettre en
place un système de gestion des pêcheries aussi efficace que rigoureux.
Les différents opérateurs du secteur des pêches ne bénéficieront pas tous de la même
manière de l'amélioration des recettes à l'exportation. Car, selon les filières en question, la
présence d'intermédiaires et de spéculateurs constituera un écran qui absorbera une partie
du surplus provenant de l'amélioration des termes de l'échange.
Pour le poisson blanc, le marché extérieur exerce sur le marché local une concurrence
directe par le prix. Par conséquent, l'essentiel du poisson blanc de valeur marchande
moyenne à élevée continuera de quitter le pays à destination de l'Europe. Seules les
espèces peu coûteuses continueront à être commercialisées dans le marché national.
Le consommateur marocain n'aura pas un accès économique suffisant à cet aliment en
dépit de sa disponibilité physique. Seule une amélioration du pouvoir d'achat pourrait
relever les niveaux de consommation de poisson. L'amélioration des revenus pour cette
catégorie de produits touchera probablement toute la profession quoiqu'elle sera plus
profitable aux unités de mareyage à l'export.
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Le poisson bleu pourrait difficilement constituer un produit à haute valeur ajoutée. Ce
poisson est appelé à jouer un rôle déterminant dans les apports protéiniques surtout que
la ration alimentaire marocaine n'en contient qu'environ les deux tiers des besoins
journaliers et qu'ils sont pour la plupart satisfaits par des aliments d'origine végétale.
Tous les efforts publics doivent œuvrer dans le sens d'une réallocation de la matière
première en faveur du renforcement de la sécurité alimentaire. Ceci pourrait être réalisé
par le biais du renforcement de la consommation du poisson bleu, sous des formes et
des préparations variées.
Pour la pêche artisanale aux petits métiers: Cette filière joue un rôle social important
car elle permet de faire travailler, moyennant un investissement réduit, environ 43% de
la population des gens de mer. Les intervenants de cette filière verraient leurs revenus
augmenter, ce qui leur permettra d'améliorer leur situation nutritionnelle sans être
obligés de puiser sur leurs propres captures. Ces dernières étant faites de poisson
noble sont quasiment écoulées sur le marché de l'exportation.
La politique de hausse des revenus des pêcheurs qui améliore ainsi la productivité
halieutique et la production alimentaire et qui permet au pays d'importer des aliments (en
renforçant ses possibilités de gains à l'exportation) est la clé de la lutte contre l'insécurité
alimentaire. Un soutien international est requis afin d'élaborer des politiques ayant pour
but une amélioration de la productivité, une distribution plus équitable des revenus, un
meilleur accès au crédit et la réforme du secteur afin de soutenir de manière adéquate les
petits producteurs.
L'assistance de transition qui doit accompagner une plus grande ouverture de l'économie
halieutique marocaine doit être couplée au processus de renforcement des capacités du
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marché national axées aussi bien sur les conditions de l'offre que sur le pouvoir d'achat. Il
s’agirait de créer une synergie maximale grâce à la mise en place de filets de protection à
base de produits halieutiques locaux, de façon à développer les débouchés, la production
et l'emploi, tout en fournissant de la nourriture à ceux qui en ont besoin (FAO, 2002a).
Il faudrait pour cela veiller à ce que le commerce du poisson et des produits de la pêche
augmente la sécurité alimentaire, favorise le développement social et économique, ne
conduise pas à la dégradation de l'environnement et des ressources et n'affecte pas
négativement les droits et les besoins nutritionnels des populations pour qui le poisson et les
produits de la pêche sont cruciaux pour leur santé et leur bien–être (Déclaration de la
Conférence de Kyoto).
Il est très pertinent de bien faire la distinction entre les produits de "consommation de luxe"
(selon l'expression de Kurien), lesquels sont généralement destinés à l'exportation, des
produits de "consommation nutritionnelle". Les dynamiques commerciales et le Mix de ces
produits doivent être identifiés en tenant compte de leurs spécificités. Désagréger le
commerce international en terme de ces deux produits permet une meilleure perception des
potentialités et des limites du commerce international dans la solution du problème de la
sécurité alimentaire.
Gagner en productivité sur toute la chaîne de production halieutique est indispensable afin
d'assurer la sécurité alimentaire et l'amélioration de la compétitivité du marché des
produits de la pêche et des produits alimentaires transformés, autant au niveau national
qu'international.
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• L'éducation et la formation, en particulier dans les domaines techniques, comme
la pêche durable, le contrôle de qualité et l'emballage.
Il est possible d'améliorer les revenus engendrés par des produits à valeur ajoutée et de
réduire les pertes quantitatives et qualitatives tout au long de la chaîne alimentaire
(Déclaration de la Conférence de Kyoto). Pour cela, il faut étudier les moyens d'une
utilisation après capture responsable du poisson et des produits de la pêche, compatible
avec les règles de développement durable des pêches et de l'aquaculture (Déclaration de la
Conférence de Kyoto); A condition d'être correctement mises en oeuvre, les techniques
existantes permettraient très aisément de réduire le niveau actuel des pertes et des déchets.
Les mécanismes économiques en présence renforceront la tendance à limiter les déchets
ainsi qu'à mieux employer les espèces sous–exploitées.
Les prises accessoires, surtout celles rejetées à la mer, représentent une précieuse source
potentielle d'approvisionnement en poisson destiné à l'alimentation humaine. Dans le cadre
de l'amélioration de la sécurité alimentaire humaine, il y aurait lieu d'envisager sérieusement
de prévoir des systèmes de manipulation et de manutention adaptés, y compris le transfert
des prises accessoires en mer, et des méthodes de transformation adéquates.
Améliorer les revenus des consommateurs pour renforcer leur pouvoir d'achat est une
condition nécessaire pour stimuler la demande pour les produits de la pêche. La
réglementation et la réorganisation des activités de mareyage et des marchés de gros
permettront de maintenir les prix à des niveaux raisonnables; car les intermédiaires sont
généralement les responsables de la flambée des prix à la consommation.
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Dans un contexte où les produits de la pêche sont généralement moins prisés que la viande
rouge, il est indispensable d'intégrer l'éducation nutritionnelle et sanitaire dans les écoles
ainsi que pour les mères de famille.
5. CONCLUSION
Toutefois, il est primordial à ce que le Maroc mette en place des filets de protection des
populations locales contre la malnutrition. Un tel système pourrait s'appuyer sur l'offre de
produits halieutiques à bon marché.
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