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Industrie des pêches et de l'aquaculture au


Gabon

TECHNICAL REPORT · SEPTEMBER 2013


DOI: 10.13140/RG.2.1.4507.9200

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2 AUTHORS:

Hachim El Ayoubi Pierre Failler


14 PUBLICATIONS 1 CITATION University of Portsmouth
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Retrieved on: 04 February 2016
Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les États
Africains Riverains de l’Océan Atlantique (COMHAFAT)

The Ministerial Conference on Fisheries Cooperation among African


States Bordering the Atlantic Ocean (ATLAFCO)

Industrie des pêches et de l'aquaculture


au Gabon

Hachim El Ayoubi
Pierre Failler

Rapport n°4 de la revue de l'industrie des pêches et de l'aquaculture


dans la zone de la COMHAFAT

Septembre 2013
COMHAFAT et Fond de promotion des Pêches
La Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les Etats Africains
Riverains de l’Océan Atlantique (COMHAFAT) est une organisation
intergouvernementale de coopération en Afrique qui regroupe 22 Etats situés sur la
côte Atlantique s’étendant de la Namibie au Sud au Maroc au Nord. Elle s’inscrit
dans une logique de coopération internationale pour améliorer le cadre de gestion
durable de pêches pour ses Etats membres. Le mandat de la COMHAFAT consiste
principalement à :
 Promouvoir et renforcer la coopération régionale sur l'aménagement des pêches
 Développer, coordonner et harmoniser les efforts et capacités des Etats membres
pour la conservation et l'exploitation des ressources halieutiques.
 Dynamiser l’ensemble des secteurs économiques nationaux sur la base des
effets directs et induits qui peuvent résulter de l’exploitation des ressources
halieutiques
La COMHAFAT a signé en date du 29 octobre 2009 un protocole d’Accord avec la
Fondation Japonaise de Coopération en matière de pêche (OFCF, Japon) qui a
permis la mise en œuvre d’un Fonds de promotion des pêches (FPP). Ce Fonds est
destiné au financement des projets de développement dans le domaine du
renforcement des capacités des Etats membres dans la pêche et l'aquaculture ainsi
que l'appui à la mise en œuvre des réglementations internationales.
Dans le cadre de ce Fonds, la COMHAFAT finance une étude de l’industrie des
pêches et de l’aquaculture dans ses Etats membres. Il s’agit d’analyser l’industrie
des pêches dans la région de la COMHAFAT au regard des changements
commerciaux intervenants aux échelles internationale, régionale et nationale pour la
prise en compte dans l’élaboration des politiques de gestion et de valorisation des
ressources halieutiques.

ii
Remerciements
L'équipe de consultants tient à remercier l’ensemble des personnes et organisations
dont les efforts et la coopération ont facilité et permis le bon déroulement de la
mission au Gabon.
Elle tient, plus particulièrement, à exprimer ses sincères remerciements à Mr Julien
Nkoghe Bekale, Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et du
Développement rural de la République Gabonaise, pour son accueil chaleureux, au
Dr. Nontsé Loïs ALLELA, Directrice générale de la DGPA au moment de la mission
pour avoir coordonné et facilité le travail au Gabon ainsi qu’à Mr Yves Armand
Emane, nouveau Directeur général de la DGPA pour son soutien constant et ses
nombreux apports à la rédaction du rapport.
Elle exprime, en outre, sa gratitude à l'ensemble du personnel de la DGPA, aux
acteurs de la pêche artisanale et industrielle, aux responsables de la SIFRIGAB,
ainsi qu’aux représentants d'autres institutions et agences gouvernementales
(Environnement, Eaux et Forêts et l’ANPN) qui ont rendu les entretiens fructueux et
fournis de précieuses informations. L'équipe tient également à remercier la COREP
ainsi que les coordonnateurs des projets ACP Fish II et du Nepad pour leur
appréciable contribution.
Elle témoigne enfin sa reconnaissance à Mr Masaki Oikawa, en charge du fonds de
promotion des pêches, qui, en sus de financer le présent travail, a assuré un suivi
constant du déroulement du travail ainsi qu'à Mr. Abdelouahed Benabbou, Secrétaire
exécutif de la COMHAFAT et à son équipe qui ont veillé à la bonne marche de
l'étude et facilité la mission au Gabon.

iii
Résumé
Le Gabon présente des aspects singuliers parmi les pays africains de la façade
Atlantique dus à sa richesse pétrolière, à sa faible démographie et à sa tradition
forestière. Cependant, la dépendance de ce pays vis-à-vis des revenus du pétrole l’a
conduit à une succession de crises budgétaires liées à l’évolution erratique des cours
du pétrole et du cours du dollar engendrant un niveau d’endettement important. Le
pays reste fortement importateur de ses produits de consommation ce qui se
répercute sur les coûts notamment des équipements et du matériel de pêche.
Le Gabon ambitionne de devenir un pays émergent à l’horizon 2025 et à ce titre a
lancé le Plan stratégique du Gabon Emergent (PSGE). Ce plan s’appuie sur la
diversification du tissu industriel de l’économie, le développement des infrastructures,
longtemps restées dans un état dégradé, l’amélioration de la gouvernance, le
développement durable. La volonté affichée du Gabon d’être à l’avant-garde dans la
conservation de son patrimoine halieutique est en pleine cohérence avec sa politique
actuelle notamment celle définie dans le Gabon Bleu et d’une manière globale dans
le PSGE. Toutefois, cette position nécessite une ligne coordonnée et orientée aussi
au niveau des instances régionales et internationales.
Le Gabon se présente dans le domaine de la pêche avec des spécificités classiques
d’un pays en développement si l’on se réfère à ses capacités institutionnelles en
matière de recherche, de suivi, de contrôle et de gestion. Le paradoxe est que le
potentiel est important avec des ressources halieutiques variées et de hautes valeurs
commerciales alors que la production est peu performante avec des capacités
limitées.
L’industrie de la pêche au Gabon se trouve dans une situation de crise structurelle
complexe à laquelle il convient d’y remédier à travers un plan global qui intègre le
contexte national, régional et international du secteur des pêches. Les
investissements qui doivent être consenties à la fois par le secteur public et privés
doivent être définis et réparties d’une manière concertée. Les investissements
publics doivent concentrer un appui important au renforcement institutionnel, au
développement de la recherche, à la mise à niveau des infrastructures portuaires, à
la sauvegarde de l’environnement, l’amélioration de la qualité et services publics, aux
mesures d’incitation fiscales et bien évidemment à un meilleur contrôle des eaux
pour éviter la pêche INN.
La baisse des prix des crevettes à l’export et sur le marché international en général
font de cette pêcherie moins attrayante pour les investisseurs et armateurs nationaux
et étrangers. Les opportunités potentielles existantes d’investissement restent celles
de l’industrie thonière qui, actuellement et depuis toujours, est le fait de navires
européens dans le cadre de l’accord de pêche Gabon-UE. L’intérêt pour cette
pêcherie se justifie par l’importance des espèces thonières présentes dans la ZEE
gabonaise, l’état des stocks et la grande valeur commerciale.
Le développement de l’aquaculture nécessite un accompagnement sur le plan
institutionnel. Une structure dédiée à l’aquaculture fonctionnant sous forme de
guichet unique pourrait mieux contribuer à l’essor de l’aquaculture et l’encadrement
des opérateurs. Cette initiative peut encourager les jeunes gabonais à investir dans
des systèmes intégrés associant d’autres types d’élevage. La formation sera un
élément déterminant et peut être appuyé par la COREP qui participe à la promotion
de l’aquaculture au niveau sous régional.

iv
La mise à niveau doit concerner toute la filière de pêche industrielle. Certes, la mise
aux normes internationales constitue le défi majeur pour le Gabon de 2013. Il se
situe à la fois celui de la qualité, de la formation, des infrastructures mais aussi et
surtout celui de la valeur ajoutée. Or, il ne peut être relevé seul et requiert un appui
international conséquent pendant plusieurs années. Le partenariat public privé signé
entre l’Etat et le groupe mauricien pour la reprise de la SIFIRGAB doit permettre un
transfert de technologie et de savoirs faire vers l’installation de d’autres entités de
taille modeste orientées vers le marché local, sous régional et international.
L’expérience de Maurice est à ce titre intéressant car l'industrie du thon dans ce pays
est à la toute pointe de la transformation.
Le bon technologique et la valeur ajoutée devront guider le Gabon dans sa stratégie
d’industrialisation et de réforme de son secteur des pêches. L’engagement et
l’implication du secteur privé restent déterminants pour la réussite de ce processus.

v
Acronymes et Abréviations
ACP Afrique, Caraïbes et Pacifique
AMEP Accord sur les Mesures de l’Etat du Port
ANPN Agence Nationale des Parcs Nationaux
BAD Banque Africaine de Développement
CBD Convention sur la Diversité Biologique
CBI Commission Baleinière Internationale
CCNUCC Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques
CCPR Code de Conduite pour une Pêche Responsable
CPCAA Comité des Pêches Continentales et l’Aquaculture pour l’Afrique
CEBEVHIRA Communauté Economique du Bétail, de la Viande et des
Ressources Halieutiques
CEEAC Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CITES Commerce International des Espèces de Faune et de Flore
Sauvages Menacées d'Extinction
CNUDM Convention des Nations unies sur le droit de la mer
COMHAFAT Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les
Etats Africains Riverains de l’Océan Atlantique
COPACE Comité des pêches de l'Atlantique centre-est
COREP Comité régional des pêches du golfe de Guinée
CSP Centre de surveillance pêche
DCP Dispositif de Concentration de Poissons
DGPA Direction générale de la pêche et de l'aquaculture
DRCS Direction de la réglementation, du contrôle et de la surveillance
DGSEE Direction Générale de la Statistique et des Etudes Economiques
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
FPP Fonds de promotion des pêches (financé par l’OFCF)
IDH Indice de Développement Humain
ICCAT Commission Internationale pour la Conservation des Thons dans
l’Atlantique
IUCN International Union for the Conservation of Nature
JICA Agence Japonaise de Coopération Internationale

vi
MAEPDR Ministère de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et du
développement rural
NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
NO Navire océanographique
OFCF Fondation Japonaise de Coopération en matière de pêche
OMD Objectifs Millénaires pour le Développement
PIB Produit Intérieur Brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PPP Partenariat Public Privé
PSGE Plan Stratégique Gabon Emergent
PSPA Projet d’appui au Secteur des Pêches et de l’Aquaculture
RAMSAR Convention relative aux zones humides d'importance
internationale
RDC République Démocratique du Congo
SCS Suivi, contrôle et surveillance
SIFRIGAB Société Industrielle et Frigorifique Gabonaise
SSN Système de surveillance des navires
UE Union européenne
VMS Vessel Monitoring System
WCS Wildlife Conservation Society
WWF World Wildlife Fund
ZEE Zone économique exclusive

vii
Table des matières
1 Introduction .......................................................................................................... 1
2 Géographie générale et population ...................................................................... 3
2.1 Éléments généraux........................................................................................ 3
2.2 Population ..................................................................................................... 4
3 Contexte politique, économique et social gabonais ............................................. 7
3.1 Éléments politiques ....................................................................................... 7
3.2 Eléments économiques ................................................................................. 7
3.3 Eléments de politiques publiques ................................................................ 10
3.4 Gouvernance économique et politique ........................................................ 10
3.5 Eléments sociaux ........................................................................................ 11
4 Environnement côtier et marin, écosystèmes aquatiques et ressources
halieutiques .............................................................................................................. 13
4.1 Environnement côtier et marin ..................................................................... 13
4.2 État de santé de l’environnement côtier et marin et changement climatique 13
4.3 Principales ressources halieutiques du Gabon ............................................ 15
4.3.1 Espèces pélagiques ........................................................................................15
4.3.2 Espèces démersales .......................................................................................16
4.3.3 Mammifères marins .........................................................................................17
4.4 Avis scientifique relatif aux principales espèces capturées ......................... 18
4.4.1 Capacités en matière de recherche halieutique ...............................................18
4.4.2 Etats des stocks ..............................................................................................19
5 Contexte des pêches au Gabon ......................................................................... 21
5.1 Délimitation de la zone économique exclusive ............................................ 21
5.2 La pêche dans la ZEE du Gabon................................................................. 22
5.2.1 Pêcheries artisanales ......................................................................................23
5.2.2 Pêcherie industrielle ........................................................................................26
5.2.3 Pêche continentale ..........................................................................................29
5.3 Aquaculture ................................................................................................. 29
5.4 Pêche illégale .............................................................................................. 30
5.5 Conflits entre pêcheries ............................................................................... 31
5.6 Contribution du secteur des pêches à l’économie nationale........................ 31
5.7 Coopération ................................................................................................. 32
6 Consommation, approvisionnement, transformation et filières de poisson au
Gabon ....................................................................................................................... 33
6.1 Consommation et approvisionnement en poisson ....................................... 33
6.2 Principales filières de produits halieutiques en Gabon ................................ 34

viii
6.2.1 Filière de poisson frais ....................................................................................34
6.2.2 Filière de poisson transformé de manière artisanale ....................................... 35
6.2.3 Filière de poisson transformé de manière industrielle ...................................... 35
7 Cadre réglementaire de la pêche et du commerce des produits de la mer ........ 37
7.1 Cadre de gestion de la pêche en Gabon ..................................................... 37
7.2 Politiques de pêche ..................................................................................... 37
7.3 Législation gabonaise .................................................................................. 40
7.4 Organismes impliqués ................................................................................. 41
7.5 Cadre de gestion régional ........................................................................... 41
7.6 Principaux accords internationaux ............................................................... 41
7.6.1 Coopération avec les pays d’Europe ...............................................................41
7.6.2 Coopération avec les pays asiatiques .............................................................42
7.6.3 Coopération Sud/Sud ......................................................................................43
7.6.4 Coopération multilatérale et régionale .............................................................43
7.6.5 Coopération avec la Banque Africaine de Développement (BAD) ................... 44
7.6.6 Limites d’efficacité des programmes de coopération ....................................... 44
7.7 Le plan d’action pour éradiquer la pêche INN ............................................. 45
7.8 Réglementation sanitaire relative à l’exportation vers l’UE .......................... 45
7.9 Accords de pêche ........................................................................................ 46
7.9.1 Accord Gabon – UE ........................................................................................46
7.9.2 Accord Gabon - Chine .....................................................................................47
8 Principales contraintes et opportunités au développement de la pêche............. 48
8.1 Contraintes institutionnelles ......................................................................... 48
8.2 Les contraintes au niveau des infrastructures ............................................. 49
8.3 Les contraintes environnementale ............................................................... 49
8.4 Contraintes sanitaires .................................................................................. 50
8.5 Contraintes de suivi ..................................................................................... 50
8.6 Contraintes liées au climat des affaires ....................................................... 50
9 Conclusions et recommendations ...................................................................... 55
9.1 Conclusions ................................................................................................. 55
9.2 Recommandations....................................................................................... 56
9.2.1 Recommandations nationales .........................................................................56
9.2.2 Recommandations régionales .........................................................................58
9.2.3 Recommandations internationales ..................................................................59
Bibliographie ............................................................................................................. 61

ix
Liste des Figures

Figure 2-1: relief du Gabon ......................................................................................... 3


Figure 2-2 : pyramide de la population gabonaise en 2013 ........................................ 5
Figure 2-3: distribution des groupes linguistiques....................................................... 6
Figure 3-1: évolution du taux de croissance du PIB réel 2013.................................... 8
Figure 3-2 : répartition des principales ressources : pétrole, mines et bois ................ 8
Figure 3-3 : contribution au PIB et emploi. 2012......................................................... 9
Figure 3-4 : évolution de la population du Gabon ..................................................... 12
Figure 4-1 : répartition de la production par groupe d’espèces................................. 15
Figure 4-2 :évolution de la production des captures d’espèces démersales............ 16
Figure 5-1 : délimitation de la ZEE du Gabon ........................................................... 21
Figure 5-2 : évolution de la production halieutique au Gabon de 2005 à 2011 ......... 23
Figure 5-4 : évolution de la production de la pêche industrielle ................................ 26
Figure 5-5 : zone de pêche au thon .......................................................................... 27
Figure 5-6 : principales espèces exportées et leurs destinations ............................. 32

Liste des Tableaux

Tableau 3.1: principaux indicateurs sociaux du Gabon pour 2011 ........................... 11


Tableau 4.1 : estimation des ressources par grands groupes d’espèces ................. 15
Tableau 4.2: liste et effectif des groupes d’espèces de cétacés observés dans la ZEE
du Gabon .................................................................................................................. 17
Tableau 4.3 : campagnes océanographiques réalisées dans les eaux du Gabon de
1960 à 2011.............................................................................................................. 19
Tableau 4.4 : fiche sommaire de l’état des principales espèces commerciales du
Gabon ....................................................................................................................... 20
Tableau 5.1 : données de la pêche artisanale gabonaise ........................................ 24
Tableau 5.2 : évolution de la production de la pêche artisanale par catégorie
d’espèces ................................................................................................................. 24
Tableau 5.3 : évolution de la production industrielle par groupe d’espèces.............. 27
Tableau 5.4 : indications financières de l’ancien accord de pêche UE-Gabon portant
sur la pêche au thon (3/12/2005 – 2/12/2011) .......................................................... 29
Tableau 6.1 : comparaison de la consommation en poisson .................................... 33
Tableau 6.2 : prévisions de la demande de produits halieutiques au Gabon............ 33
Tableau 6.3 : demande en produits halieutiques aux pays voisins ........................... 35
Tableau 7.1 : synthèse des instruments de politique de pêche au Gabon ............... 39
Tableau 7.2 : participation du Gabon dans les organisations régionales et
internationales .......................................................................................................... 43
Tableau 8.1 : analyse des forces et faiblesses du secteur des pêches du Gabon ... 52

x
1 Introduction
Avec un littoral d’environ 800 km et un plateau continental étendu de plus de 40 000
km2, le Gabon dispose d'eaux relativement riches en nutriments1, notamment au
large où se trouvent les poissons pélagiques océaniques (thonidés 2 et espèces
associées). Le système fluvial, lacustre et lagunaire, qui couvre 10 750 km2, regorge
également d’importantes ressources halieutiques. La Zone Economique Exclusive
(ZEE), d’une superficie de 213 000 km², est bordée par les eaux de la Guinée
Equatoriale, de Sao Tomé et Principe et du Congo. Les ressources halieutiques sont
ainsi diversifiées : poissons, mollusques et crustacés. Malgré cela les captures ne
sont pas très importantes puisqu'elles avoisinent ces dernières années (2008-2011)
35 000 t. la production halieutique est sur une tendance baissière depuis plusieurs
années, tous segment confondus (artisanale et industrielle). Si plusieurs facteurs
d'explications peuvent être avancés, les trois principaux semblent être le non
renouvellement de l'appareil de production industriel (très vétuste), le manque
d’infrastructure portuaire appropriée et les conditions d’exploitation peu
concurrentiels (prix du fuel, fiscalité et la diminution du soutien de l'État depuis le
début des années 2000 en raison du contexte économique fragilisé par le déclin de
l'industrie pétrolière.
Le secteur de la pêche au Gabon est peu développé et peu « enraciné ». La majorité
des armateurs de la pêche industrielle et des opérateurs de la pêche artisanale
maritime est d’origine étrangère tandis que les pêcheurs gabonais opèrent
davantage dans les estuaires et fleuves.
L’industrie des pêches est sur une tendance d’effondrement conjoncturelle et par
conséquent incapable de contribuer à court terme aux objectifs et ambitions du
Gouvernement en termes d’emploi, de sécurité alimentaire et de diversification de
l’industrialisation de l’économie. Si le segment industriel national est peu développé
avec seulement 3 armements, l’industrie de transformation, est quant à elle, en cours
de restructuration après des années d’arrêts. L’unique usine de transformation et de
valorisation de poissons existante, la SIFIRGAB, vient de faire l’objet d’une reprise
par des investisseurs étrangers dans le cadre d’un PPP. Elle doit répondre à
plusieurs défis qui sont à la fois d’ordre technique et environnemental pour optimiser
ses capacités et gagner en compétitivité régionale. A l’instar de la SIFRIGAB, les
potentialités de l’industrie des pêches du Gabon ne sont pas encore exploitées et ce
malgré l’importance et la situation des ressources halieutiques de grande valeur qui
s’y trouvent comme les thonidés.
C’est dans ce contexte que les Autorités développent actuellement un Programme
global de gestion des activités économiques dans la ZEE gabonaise y compris la
pêche. Le principal objectif de la composante pêche de ce programme, dénommé
Gabon Bleu, vise le développement d’une industrie des pêches en assurant une
protection et conservation des ressources halieutiques et leur habitat. La
conservation des ressources marines demeure une priorité pour les autorités au

1 La productivité des eaux marines gabonaises est assez forte au niveau du Port Gentil qui marque la limite des eaux froides
et riches provenant du système du Benguela, où abondent les petits pélagiques et celles plus chaudes du Golfe de Guinée,
favorables à la pêche des grands pélagiques (thons).
2 Environ 10 000 t de thonidés sont capturées chaque années par les navires européens dans le cadre de l'accord de pêche

conclu entre l’Union européenne et le Gabon.

1
même temps, la diversification de l’industrie nationale est un objectif majeur pour
rééquilibrer une économie longtemps dominée par l’industrie pétrolière.
L'objectif du présent rapport est de passer en revue l'industrie des pêches et de
l'aquaculture au Gabon. Après, une brève présentation des éléments de contexte,
l’industrie des pêches (maritimes et continentales) est exposée. L’approche filière est
utilisée pour présenter les flux de produits depuis la capture jusqu’à la consommation
(dans le pays même et ailleurs). Une analyse fine des tendances et évolutions
probables permet d'esquisser les principaux enjeux actuels et futurs auxquels est
confrontée l'industrie. Les contraintes et les opportunités sont ensuite présentées
dans le détail. Une proposition de recommandations clés aux échelles nationale,
régionale et internationale clôt le rapport.

2
2 Géographie générale et population
2.1 Éléments généraux
Le Gabon est un pays d’Afrique Centrale ayant une superficie de 267 667 km² dont
75% couverte par la forêt équatoriale. Il s’étend de part et d’autre de l’Equateur, il est
limité au Nord-Ouest par la Guinée Equatoriale, au Nord par le Cameroun, à l’Est et
au Sud par le Congo et à l’Ouest par l’Océan Atlantique qui le borde sur 800 km de
côte. Les données climatiques les plus utiles à citer pour le Gabon sont la
température (21-28°C), les précipitations (2000-3800 mm), l’hygrométrie (80-88%) et,
dans une moindre mesure, l’insolation (1400 h/an), les vents (5m/s) et les brouillards
(tels que ceux qui sont nettement marqués dans le Haut Ogoouée). La combinaison
de ces éléments climatiques divise les temps au Gabon en deux saisons sèches
courtes et deux saison de pluies avec un climat principalement équatorial à la fois
chaud et humide

Figure 2-1: relief du Gabon


Le pays présente deux grandes formations écologiques : la forêt et la savane. Sur
les 26,8 millions d’hectares de superficie, 20 millions sont classés en forêts et savane

3
et le reste en terrains agricoles. Les paysages sont assez variés avec un relief
constitué de plaines côtières, de plateaux et de massifs montagneux. Ainsi, trois
régions se distinguent: les plaines côtières (larges de 20 à 300 km) à l'ouest du pays,
les massifs montagneux qui comprennent les monts de Cristal au nord-est de la
capitale Libreville, le massif du Koumounabouali dans le sud du pays, le massif du
Chaillu au centre (culminant à 1 020 mètres au mont Milondo) et le massif de
Mayombe qui s'étend sur 800 km parallèlement à la côte de l'Atlantique et les
plateaux. Le pays possède également d’importants cours d’eau navigables sur 3 000
km environ. Le principal fleuve, l’Ogooué, long de 1 200 km, dont 800 km au Gabon,
draine 75% du territoire du pays et se jette dans l’océan Atlantique à Port-Gentil.
Les courants marins rencontrés dans la partie littorale du pays sont chauds en saison
de pluies et froids en saison sèche, ce qui influence la rencontre d’espèces
aquatique diverses en saison chaude (baleines, dauphins, épaulards, lamantins,
etc.).
Au plan administratif, le pays est divisé en 9 provinces, elles-mêmes subdivisées en
départements dépendant découpé en différentes entités administratives et
territoriales. Au niveau décentralisé, le Gabon est constitué de collectivités locales où
les communes tiennent une place principale.

2.2 Population
Sur le plan démographique, le Gabon demeure un pays sous peuplé. Selon le
dernier recensement de 2010, le Gabon a une population estimée à un peu plus de
1,5 millions de personnes soit une densité de 5,9 habitants/km². Près de 10% sont
des étrangers et 85% de la population gabonaise vit en zone urbaine au niveau des
pôles de croissance économique : Libreville, Port-Gentil et Franceville. Le reste, qui
représente 300 000 habitants environ pour une superficie de plus de 260 000 km2
(soit 1,1 hab. /km2), vit en zone rurale, généralement installé le long des axes routiers
et fluviaux. À l’instar de la plupart des pays de la région, le Gabon demeure un pays
jeune, la moitié de la population a moins de 19 ans.
Les principales conséquences de ce resserrement spatial des activités économiques
et des populations dans quelques pôles urbains se font ressentir sous forme de
concentration du pouvoir d'achat et des risques environnementaux ainsi qu’un niveau
très élevé de la demande en ressources biologiques sur une fraction de plus en plus
étroite du territoire gabonais. Au lieu d'être réparties de façon homogène sur le
territoire, les menaces sur la diversité biologique sont concentrées et localisées.

4
Homme Femmes

Population (en millier) Groupe d’âge Population (en milliers)

Figure 2-2 : pyramide de la population gabonaise en 2013


Source: World FactBook, CIA
Deux aspects majeurs caractérisent la population gabonaise : la part élevée de la
population jeune (35.6% de la population à moins de 15 ans) et un taux
d’urbanisation élevé (près de 85% de la population vit dans des agglomérations dont
la densité frise celle que l'on observe dans les pays les plus peuplés du monde (250
à 300 hab. /km2). Les femmes représentent 52% et la population active de cette
catégorie est de 607 000 habitants.
La population gabonaise est constituée d'une mosaïque des peuples. On peut
dénombrer une quarantaine de groupes ethniques parmi lesquelles: Fang, Kota,
Mbedé, Okandé, Myéné, Ménié, Metié et les pygmées. La présence de ces différents
peuples explique la diversité culturelle observée. C'est par le biais de cette diversité
culturelle que les populations du Gabon ont une perception de la gestion de la
biodiversité.

5
Figure 2-3: distribution des groupes linguistiques
Ainsi, les différentes composantes de l'environnement sont perçues consciemment
ou inconsciemment sous un angle cosmogonique. Considérés comme éléments
divins, l'eau et la terre ne sont pas appropriables par des individus; elles constituent
un patrimoine appartenant aux ancêtres vivant au ciel, qui en ont confié la gestion à
leurs descendants vivant sur terre. La conception autochtone de l'espace est très
différente des conceptions modernes ou occidentales. Chaque société organise les
règles de gestion de son milieu naturel et les rapports qu'elle entretient avec ce
milieu. Ces règles varient selon le type d'activité prédominant : agriculture, chasse,
pêche.

6
3 Contexte politique, économique et social gabonais
3.1 Éléments politiques
Le Gabon est une république à régime présidentiel. Après l’indépendance en 1960, il
a longtemps vécu sous le régime de parti unique et en 1990 se sont tenues les
premières élections législatives multipartites depuis près de 30 ans. Le parti au
pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), domine la vie politique depuis les
années 1960 mais les élections présidentielles de 2009, après le décès de l’ancien
président Omar Bongo Odimba, ont conduit dans un premier temps à des résultats
contestés. La nouvelle ère politique inaugurée par l’élection d’Ali Bongo, fils de
l’ancien président, s’est caractérisée par un certain degré d’incertitudes et de
perturbations politiques et sociales certes, mais la situation politique au Gabon se
caractérise par une relative stabilité de ses institutions.
L’actuel gouvernement formé depuis février 2012 est dirigé par l’ancien Ministre de
l’Agriculture et de la pêche dans le gouvernement précédent. La feuille de route
consiste en l’accélération de la mise en œuvre des actions prévues dans le cadre de
la politique de l’émergence définie dans le Plan stratégique du Gabon Emergent
(PSGE). Il s’agit de la vision du Gabon à l’horizon 2025. Ce plan définie les actions et
projets qui seront menés durant la période 2010-2016. Il est composé de 4 piliers : le
« Gabon vert », le « Gabon industriel », le « Gabon des services » et tout
récemment « le Gabon bleu ».
Sur un plan régional, le Gabon est intégré aux organisations régionales de
coopération économique comme la CEEAC, CEMAC et le Nepad. Au sein de la
CEMAC, les barrières non tarifaires à l’importation sont progressivement levées. Les
taux de droit de douane sur les produits importés en dehors de la CEMAC varient de
5 % à 30 %. Depuis septembre 2010, le Gabon est en cours de négociation pour
parvenir à un accord de partenariat volontaire (APV) avec l’UE. L’ouverture des
discussions a requis la mise en place de trois collèges : administrations, opérateurs
économiques et société civile. Les négociations portent sur la légalité du bois qui
sera exporté vers l’UE. Celle-ci, en effet, a promulgué un nouveau règlement, entré
en vigueur en mars 2013, obligeant les importateurs européens à démontrer l’origine
légale du bois qu’ils souhaitent placer sur le marché européen.

3.2 Eléments économiques


Le Gabon est un pays riche en ressources et le cinquième plus gros producteur de
pétrole d’Afrique subsaharienne. Il dispose de terres arables, de forêts et de
ressources minières en abondance, d’une biodiversité extraordinaire et de riches
gisements de magnésium et de minerai de fer.
Il affiche un PIB par habitant parmi les plus élevés d’Afrique subsaharienne, environ
15 000 USD courants, une performance largement imputable à l’exploitation des
hydrocarbures. Les tendances récentes montrent que l’économie du Gabon a plutôt
bien traversé la crise financière et ses implications comme ce que l’on a constaté
dans certains pays de la région comme le Cameroun, la RDC, le Sénégal ou encore
la Guinée.
La croissance reste au-dessus de la moyenne des pays de la région d’Afrique
subsaharienne. Après une récession de près de 1,5 % en 2009, l’économie a
enregistré un niveau de croissance tournant autour de 6 % ces trois dernières

7
années. En 2010, le Gabon est même devenu le seul pays de la sous-région à
respecter l’ensemble des critères de convergence macroéconomique : solde
budgétaire positif, inflation inférieure à 3 %, dette publique inférieure à 70 % du PIB
et absence d’accumulation d’arriérés de paiement.
12.0

10.0

8.0

6.0 Taux de croissance du PIB réel (%)

4.0
Afrique centrale - Taux de
2.0 croissance du PIB réel (%)
0.0 Afrique - Taux de croissance du
PIB réel (%)
-2.0

-4.0

Figure 3-1: évolution du taux de croissance du PIB réel 2013


Source : Banque mondiale, 2013

Pour 2012, le taux de croissance réel du PIB est estimé à 5,7 %, en baisse par
rapport à 2011 (7 %), mais supérieur aux prévisions qui étaient de 4,4 %. A l’origine
cette croissance, l’augmentation de l'investissement public en particulier lors de la
co-organisation de la coupe d’Afrique en 2012 et le rebond du secteur minier stimulé
par la demande des grands pays émergents.

Figure 3-2 : répartition des principales ressources : pétrole, mines et bois

8
En termes de structure, le PIB de 2012 met en évidence trois éléments : la faible
contribution du secteur primaire (5 %), la prépondérance du secteur secondaire
(64 %), dont la contribution dépend des cours mondiaux du pétrole, et l’importance
du secteur tertiaire qui représente 32 % de l’activité intérieure.
La dépendance de l’économie gabonaise vis-à-vis de la production du pétrole est
très forte et a pour conséquence une exposition aux fluctuations de la conjoncture
internationale et à l’épuisement des réserves. Au cours des cinq dernières années, le
secteur pétrolier a représenté en moyenne 80 % des exportations, 45 % du PIB et 60
% des recettes budgétaires. L'industrie forestière constitue le second secteur
économique du pays et le principal employeur privé. Le secteur minier représente un
autre axe de développement avec des projets dans le fer et l’uranium.
70%

60%

50%

40%
Contribution au PIB
30%
Maion d'œuvre
20%

10%

0%
agriculture, sylvicuture industries services
et pêche

Figure 3-3 : contribution au PIB et emploi. 2012


Source: CIA - The World Factbook

Le secteur industriel demeure peu développé ; il emploie 15,8% de la population


active et représente 61,2% du PIB. Il concerne surtout le raffinage du pétrole, la
transformation du bois et l’agroalimentaire. Le secteur agricole (hors exploitation
forestière) est relativement peu développé au Gabon.
L’agriculture, y compris l’élevage et la pêche, qui occupe 33% de la population active
n’a contribué au PIB qu’à raison de 4,3% en 2012, et les exportations du secteur
n’ont représenté que 0,2% du total des exportations. Avec une agriculture vivrière
tournée essentiellement vers l’autosubsistance, le Gabon ne peut nourrir la totalité
de ses habitants. Pour faire face à une demande alimentaire grandissante au niveau
des centres urbains, le pays a recourt massivement aux importations de vivres (60%
de la consommation alimentaire est importée). Les principales cultures vivrières sont
le manioc et la banane plantain le maïs et un peu de riz (environ 1 000 tonnes). Les
cultures de rente comprennent le cacao, le café et l’hévéa. L’agriculture est presque
exclusivement pluviale.
Pour faire face à la baisse de la production pétrolière, les Gouvernements ont lancé
des politiques de diversification de l’économie cependant avec encore peu de
résultats. Ces dernières années, les autorités tentent d’accélérer les réformes
structurelles, notamment la privatisation, la mise en œuvre de l’Initiative pour la
transparence dans les industries extractives (ITIE), l’amélioration de la capacité

9
budgétaire et la promotion d’un climat attractif pour le secteur privé. La loi de
finances pour 2013 se caractérise par des investissements publics importants dans
les infrastructures de base et en créant des pôles de développement économique.
L’objectif de cette politique économique est de consolider la croissance et d’en
diversifier les sources.

3.3 Eléments de politiques publiques


La gestion durable des écosystèmes forestiers et la valorisation de la biodiversité
constituent un axe fort de la stratégie de développement économique du Gabon. Les
autorités ont ainsi promu l’idée de transformer le Gabon en une économie émergente
fondée sur quatre piliers de développement :
 le « Gabon vert » consiste à positionner le pays comme chef de file mondial dans
la production de bois tropicaux certifiés, le développement de l'agriculture et
l’élevage et la pêche afin d'améliorer la sécurité alimentaire et le développement
durable.
 le « Gabon industriel » avec comme objectif de faire du pays un pôle industriel de
référence.
 et le « Gabon des services » a pour but de transformer le Gabon en un centre
d'excellence en affaires et dans l’offre des services à valeur ajoutée, tels que
l'enseignement supérieur et recherche, santé, médias et information de
technologies.
Ces secteurs d’activité sont censés contribuer à la diversification de l’économie
gabonaise et réduire sa dépendance face à la production pétrolière. Sur un plan
industriel, le pays s’orienter vers la production et la commercialisation de produits à
valeur ajoutée plutôt que la commercialisation des matières premières à l’état brute.
Afin de mettre en œuvre ce vaste programme, le gouvernement a décidé d’accroître
la part des ressources allouées à l’investissement public, qui passera ainsi de 14 % à
40 % du budget de l’État sur la période 2010-2016. De même qu’il s’est engagé sur
l’amélioration de la gouvernance, la relance de l’investissement public et privé, le
développement des infrastructures et du capital humain.
Un quatrième pilier du PGSE est en cours d’élaboration. Il s’agit du « Gabon Bleu »
et dont la cellule de coordination est placée sous l’égide de la présidence de la
République. Ce programme concernera toutes les activités de l’économie maritime et
vise à mettre en cohérence les politiques publiques dans ce domaine ainsi que la
mise en avant de la protection et la conservation de l’environnement marin et côtier,
axe majeur de politique actuelle des pouvoirs publics.

3.4 Gouvernance économique et politique


L’édition 2013 du rapport Doing Business place le Gabon au 170ème rang mondial
sur 185 économies concernant la facilité de faire les affaires dans ce pays. Il occupait
le 165ème rang dans l’édition 2012, en régression ainsi de cinq places. Le secteur
privé gabonais est encore dominé par les grandes entreprises multinationales et
laisse peu de places aux PME. Cette situation n’est pas de nature à favoriser
l’émergence de petites entreprises et l’investissement local. D’autant que le pays n’a
pas de culture ancrée de dialogue entre l’État et le secteur privé ou avec les
organisations de la société civile.

10
L'amélioration de la gouvernance est l'un des grands défis du Gabon. Selon le
rapport de Transparency International de 2012 sur la corruption dans le monde, le
Gabon occupe la 102ème place sur 176 pays et la 24ème sur les 53 pays africains
dans l'indice Mo Ibrahim gouvernance en 2013. Même si ces indices indiquent que
les pratiques de bonne gouvernance sont encore insuffisantes, le Gabon a réalisé
des progrès dans ces classements au cours des cinq dernières années et sa position
se trouve même supérieure à l’ensemble des pays de la région.

3.5 Eléments sociaux


Bien que le Gabon soit un pays à revenu intermédiaire avec un PIB par habitant,
environ de 15 000 $US, parmi les plus élevés de l’Afrique subsaharienne, il a
paradoxalement des indicateurs sociaux atypiques avec un profil de pauvreté
similaire à celui de pays à faible revenu. Le Gabon se heurte à trois défis majeurs : (i)
la pauvreté qui touche encore un Gabonais sur trois, (ii) le niveau de chômage
élevé ; 27 % de la population active, (iii) et l’accès aux infrastructures et services
sociaux de base. Environ 62% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté
et 20% des citadins sont même sous le seuil de pauvreté absolue. Selon l’Indice de
Développement Humain (IDH), le Gabon occupe la 106ème position sur un total de
177 pays classés, au rang des pays pauvres (PNUD, 2013). Par ailleurs, la récente
revue des dépenses publiques de la Banque mondiale met en évidence des
faiblesses sur les besoins prioritaires (en moyenne 5,6% des dépenses du budget
dans le secteur de la santé contre 8,3% en moyenne en Afrique saharienne).
Tableau 3.1: principaux indicateurs sociaux du Gabon pour 2011

Indicateurs Taux (%)


Indicateurs démographiques
Population (milliers), total 1 534
Croissance démographique annuelle, 1990-2011 2
Croissance démographique, 2011-2030 2,5
Espérance de vie 63
Population urbanisée 86
Santé
Mortalité néonatale 25
Mortalité infantile (moins de 1 an) 49
Mortalité des moins de 5 ans 66
VIH/SIDA
Prévalence du VIH chez l'adulte (%) 5
Personnes de tout âge vivant avec le VIH (milliers), total 46
Infrastructures de base
Utilisation d'installations sanitaires améliorées 33
Education
Total d'alphabétisation des adultes 88
Alphabétisation des jeunes (15-24 ans), hommes 99
Alphabétisation des jeunes (15-24 ans), femmes 97
Source : PNUD, OMS, UNICEF, données 2011

11
Globalement, les capacités d’administration, de coordination institutionnelle et de
planification sont faibles et freinent les actions en faveur du développement durable.
Les disparités dans la répartition des richesses demeurent fortes et la probabilité
d’atteindre la cible du taux de pauvreté fixée à 13,5% d’ici 2015, dans le cadre des
OMD, s’avère faible. Par ailleurs, l'accès à l'eau potable demeure une préoccupation
majeure des populations urbaines même à Libreville et les conséquences y
afférentes constituent la principale cause de l'ampleur des pathologies hydriques, en
particulier les maladies diarrhéiques. Le paludisme, la prématurité, les infections, le
VIH et les maladies diarrhéiques sont les principales causes de mortalité chez les
enfants.
La scolarité reste obligatoire au Gabon de la maternelle jusqu’à l’âge de 16 ans où le
taux de scolarisation représente 97% en 2012 parmi les plus élevés du continent.
Toutefois, cette performance apparente doit être relativisée du fait de la faible
efficacité interne du système éducatif gabonais. Les taux de redoublement et de
déperdition sont fort considérables : 25% d’une classe d’âge n’achèvent pas le cycle
primaire. Enfin, le rythme d’accroissement de la production alimentaire (moins de
2%) reste inférieur à la croissance démographique (environ 2,5%).

1 600

1 400

1 200

1 000 Population en milliers

800

600

400

200

Figure 3-4 : évolution de la population du Gabon


Sur le plan égalité homme-femme, le Gabon a ratifié la Convention des Nations
Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il
a aussi adhéré au Programme d’action de Beijing (1995) et au Protocole relatif aux
droits de la femme en Afrique, adopté par la Conférence des chefs d’États de l’Union
africaine à Maputo (2003). Les progrès accomplis dans ce domaine se sont traduits
par l’adoption en 2010 de la politique nationale d’égalité et d’équité en genre.
Sur le plan de l’emploi, le coût du travail est relativement plus élevé au Gabon que
dans la plupart des pays de sous la région avec un minimum interprofessionnel
garanti de 150 000 F FCA (soit plus de 228 Euro) ; un niveau de rémunération qui
pourrait affecter la compétitivité du pays.

12
4 Environnement côtier et marin, écosystèmes aquatiques
et ressources halieutiques
4.1 Environnement côtier et marin
La zone côtière et marine gabonaise est stratégique pour le développement de ce
pays. Les échanges, entre les principaux acteurs intervenants dans l’exploitation ou
la conservation des ressources naturelles, mettent en évidence le rôle majeur de
l’environnement côtier et marin dans le développement économique du pays.
L’environnement côtier gabonais est caractérisé par une longueur de côte de près de
800 km, comprenant des estuaires, delta et lagunes. Cette diversité
environnementale, est à l’origine d’une formidable richesse en biodiversité. Le Gabon
possède un plateau continental d’une superficie de 40 600 km² et une ZEE de 213
000 km².
La productivité des eaux marines gabonaises est assez forte au sud du Cap Lopez
(Port-Gentil) qui marque la limite des eaux froides et riches provenant du système du
Benguela, où abondent les petits pélagiques et celles plus chaudes du Golfe de
Guinée, favorables à la pêche des grands pélagiques (thons).
Les données climatiques montrent un important réchauffement du climat depuis 1979
lié à une réduction progressive de l'importance de l'upwelling. Ce réchauffement
s'accompagne d'une disparition progressive du gradient traditionnel de température
entre le Nord et le Sud du Gabon. Ce changement exceptionnel dans son intensité et
son extension est de nature à modifier sensiblement la composition et la résilience
des ressources halieutiques.

4.2 État de santé de l’environnement côtier et marin et changement climatique


La zone côtière gabonaise regroupe une grande variété d'habitats et d'écosystèmes.
Sa topographie est formée essentiellement d'une prédominance de côtes basses
d'accumulation caractérisées par de vastes étendues de plage de sable, partant de
Mayumba à la pointe Gombé et une alternance de plage rocheuse et sableuse, cette
fois, de la pointe Gombé à la baie de Cocobeach.
On trouve parsemées parmi ces étendues, les lagunes, des estuaires et de vastes
marais maritimes couverts de mangroves. Les écosystèmes marins et aquatiques du
littoral gabonais sont remarquablement diversifiés. Du côté de la terre, la
biogéographie terrestre du littoral est encore plus variée. Cependant, la vague
d'urbanisation et de développement actuel du littoral augmentent la contrainte sur
ces ressources, et nombreuses d'entre elles, à cause de l’absence de contrôle, sont
considérées comme ressources libres.
L'érosion côtière est un problème crucial particulièrement dans les deux grands
centres urbains: Libreville et Port-Gentil. Les taux d'érosion de la façade maritime
sont tels que, la tendance de la physionomie du littoral gabonais est en général au
recul des plages d'une moyenne de plusieurs mètres. Dans la région de Port-Gentil,
un taux de recul du trait de côte d'environ 1 m par an a été observé dans les années
90. Même si la façade maritime est fortement sujette à l'érosion naturelle et au
processus de sédimentation, néanmoins cette érosion a été intensifiée par les
activités humaines notamment l’exploitation de sable sur les plages, destruction du
couvert végétal, industrialisation de la zone côtière et les constructions anarchiques
sur le littoral.

13
Depuis plusieurs années déjà, que le littoral de la région de Libreville connaît, dans
son ensemble, une accentuation de l’érosion. Dans le secteur nord de la ville au
niveau de la «Sablière», l’exploitation non-réglementée des sables a déséquilibré les
protections naturelles avec comme conséquence la destruction du cordon littoral.
Depuis plus de trois ans maintenant, une rivière est née et s’écoule désormais de
manière continue sur ce lieu. L’autre fait aggravant de cette situation est
l’augmentation de la capacité érosive des eaux marines sur ce secteur, puisque les
arbres se déchaussent progressivement. Ce processus d’érosion va évoluer en
s’aggravant d’année en année et risque fort de s’avancer en fonction de
l’accélération de l’élévation du niveau de la mer provoquée par le changement
climatique global.
La construction des routes le long de la côte sont également victimes de l’érosion
côtière accélérée car elles sont situées beaucoup trop près du rivage. En raison de
l’enjeu stratégique que représente cette voie de communication, sa destruction par
l’érosion perturberait considérablement le trafic Nord-Sud et les activités
économiques du pays qui sont concentrées sur la côte.
Outre les effets directs de l’élévation du niveau marin, soit la destruction potentielle
des infrastructures côtières notamment des sites touristiques, les habitations, les
ports et les routes, on relève parmi les impacts du changement climatique
l’appauvrissement en eau potable par un accroissement de la salinité sur les terres
basses. D’autre part, cette intrusion saline concerne les zones d’abri où les eaux
saumâtres sont quasi permanentes telles que les lagunes et les différents chenaux
de marées situés dans la baie du cap Lopez. De fait, en saison des pluies, l’intrusion
saline est limitée à 5 km de part et d’autre de la station de pompage. En saison
sèche par contre, cette intrusion saline déborde et envahit les chenaux de marée
situés autour de la station de pompage.
La vulnérabilité de ces milieux à la salinisation est due à l’accroissement de la lame
d’eau salée et saumâtre sur des sites qui n’en recevaient que de manière temporaire
et épisodique. C’est le cas de la station de pompage de Mandorové, qui fournit l’eau
potable à une large part de la population de Port-Gentil. La conséquence
envisageable est une modification au niveau du paysage, tant certains végétaux et
certaines ressources halieutiques ne supporteront pas les changements de teneurs
en sel. Elles s’éloigneront nécessairement de leurs anciennes zones de reproduction
et par conséquent pourraient perturber l’activité des pêcheurs.
De même, les changements de paramètres climatiques entraîneront la virulence des
précipitations et l’occurrence de plus en plus fréquente des inondations. En effet,
depuis environ deux décennies, les populations de Libreville et Port-Gentil vivent le
spectre de ce phénomène à chaque fois qu’une pluie se déclenche. Le littoral
gabonais est donc soumis aux influences combinées de l’élévation accélérée du
niveau de la mer avec ses effets sur les ressources en eau, des augmentations de
précipitations combinées à une plus grande variabilité saisonnière et par conséquent
du potentiel d’inondations, et à de fortes pressions démographiques. Les
connaissances encore partielles disponibles sur le Gabon en général, et son ruban
littoral en particulier, peuvent indiquer déjà sur les impacts potentiellement
dramatiques des changements climatiques sur l’activité économique, les ressources
en eau et les infrastructures physiques. La faune des milieux marin et côtier est
diversifiée certes mais plusieurs menaces pèsent sur celle-ci.

14
4.3 Principales ressources halieutiques du Gabon
Le potentiel halieutique exploitable est estimé à 300 000 tonnes et les ressources
sont composées de 3 grandes catégories: (1) les petits poissons pélagiques, plus ou
moins côtiers; (2) les ressources démersales (ou poisson de fond); et (3) les grands
poissons pélagiques, le plus souvent hautement migrateurs, tels que les thonidés.
Ces derniers sont l’objet d’une pêche exclusivement étrangère opérant dans le cadre
d’accords de pêche.
Tableau 4.1 : estimation des ressources par grands groupes d’espèces
Ressources Potentiel (tonne/an)
Poissons pélagiques 100 000 à 162 000
Poissons semi-pélagiques 75 000
Poisson démersaux 100 000 à 162 000
Crevettes 1 500 à 2 000
Céphalopodes 5 000 à 12 000
Source: FAO
4.3.1 Espèces pélagiques
Les petits pélagiques présents dans la ZEE du Gabon comprennent principalement
les chinchards (Trachurus trecae), les sardinelles (Sardinella aurita et S.
maderensis), les ethmaloses (Ethmalosa fimbriata) et le maquereau (Trachurus
trecae). Ces espèces sont réputées être des ressources partagées à l'échelle de la
sous-région notamment entre les ZEE de l'Angola, du Gabon et du Congo. Les
informations récentes sur l'état de ces ressources partagées proviennent des
résultats de la sixième session du sous-comité scientifique du COPACE 2011 qui
recommande des précautions compte tenu de la qualité des données souvent
incomplètes. La sardinelle fait l’objet d’un plan d’aménagement régional entre le
Gabon, le Congo et l’Angola. Ce plan a été développé par la COREP avec l’appui du
programme ACP Fish2.

0.71%

6.86%

Espèces pélagiques

Espèces demersales
28.53%
Crustacés

Divers
62.3%

Figure 4-1 : répartition de la production par groupe d’espèces


Source : Données DGPA 2011

15
Les grands poissons pélagiques concernent principalement les thonidés suivants :
Albacore (Thunnus albacores), Listao (Katsuwomis pelamis), Thon obèse (Thunnus
obesus), Thonnine (Scomberomorus spp). Le suivi de ces espèces migratrices est
assuré par l’ICCAT. Il est difficile d’avancer un chiffre sur le potentiel de ces espèces
qui font l’objet d’une pêche exclusivement étrangère. Le tonnage de référence
négocié pour les thoniers dans le cadre de l’ancien accord de pêche avec l’UE se
situait à 10 500 tonnes.
Globalement, le potentiel des poissons pélagiques est quasi-identique à celui des
démersaux, cependant en termes de débarquement, les poissons pélagiques
dominent largement les captures et dont les principales espèces sont l’ethmalose, le
maquereau et le chinchard.
4.3.2 Espèces démersales
Les espèces démersales de la ZEE gabonaise incluent les poissons, les mollusques
dont principalement les céphalopodes et les crustacés Le potentiel de toutes les
espèces démersales dans la zone est loin d'être connu avec précision et le COPACE
préconise une réduction de l’effort de pêche. La faible qualité des données et
informations sur ce groupe d’espèces s’explique par le fait que la plupart des
campagnes réalisées se sont focalisées sur les ressources de petits pélagiques. Il
faut remonter aux années 82-85 pour retrouver des travaux sur ces espèces de fond.
Certains documents de la DGPA considèrent que les ressources démersales du
plateau côtier (Crevette, Bars et Capitaine) devraient être en bon état compte tenu du
fait que seule une petite flotte espagnole les a exploitées pour chercher de la
crevette profonde. Cependant, la baisse des rendements des chalutiers traditionnels
doit être étudiée et expliquée. De même que l’analyse des données de capture de
ces espèces montre une tendance baissière. Les captures du Bars qui
représentaient 4 482 en 2005 sont de 1 727 en 2011.

30000

25000

20000

P. demersaux
15000
Crustacés
Total
10000

5000

0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Figure 4-2 : évolution de la production des captures d’espèces démersales


Source : DGPA.

16
L’estimation de biomasse citée dans le tableau précèdent renferme toutes les
espèces démersales, y compris les non-commerciales. Les ressources démersales
(poisson, mollusque et crustacés) dont le potentiel évalué est de 220 000 tonnes par
an sont deux fois plus abondantes au sud qu’au nord du Cap Lopez. Dans cette
catégorie, on peut distinguer les crevettes pénéides (capture annuelle 180 tonnes en
2011 contre 2 200 t en 2005), les poissons de fonds de mer durs (7 500 t soit la
moitié qu’en 2005) dont les plus importantes concentrations (rougets, dentés et
autres) se trouvent dans le sud du pays. Les langoustes n’ont pas encore fait l’objet
d’études, cependant, leur distribution à travers le pays s’étend sur environ 6 000 km².
Par ailleurs, ces ressources, concentrées dans des milieux vulnérables aux risques
environnementaux, sont les plus exposées aux pressions anthropiques en raison
aussi bien de leur plus forte valeur ajoutée que de leur localisation estuarienne,
lagunaire et littorale, les rendant ainsi accessibles à la pêche artisanale et
industrielle. En outre, une autre pratique comportant un risque sur ces ressources est
le fait des navires asiatiques qui s’approvisionnant des ressources démersales
directement des pirogues qui opèrent pour le compte de ces navires collecteurs.
En termes d'espèces, commerciales, les sparidae (daurades) dominent la biomasse
suivies du Capitaine (Polydactylus q.,Galeoides dec.), le Bars (Pseudotolithus spp),
la Sole et le Calmar (Octopus sp.Sepia sp.Loligo sp).
4.3.3 Mammifères marins
Les eaux du Gabon sont connues pour attirer des espèces de baleine en raison de la
nature de ses eaux tropicales et chaudes propice à la reproduction. On y trouve
principalement les Cétacés (baleines et dauphins). Les informations sur ces groupes
sont basées sur des apparitions locales ainsi que les résultats de la campagne de
recherche visuelle des cétacés menée en 2011 par le navire guinéen GLC sous
financement de la COMHAFAT avec l’appui du Japon. Lors de la campagne visuelle
de 2011, environ 465 individus de cétacés toutes espèces confondues (baleines et
dauphins) ont été observés réparties en plusieurs bancs.
Tableau 4.2: liste et effectif des groupes d’espèces de cétacés observés dans
la ZEE du Gabon
N° Espèces Groupes Nombre individus Nombre de Bancs
1 Baleine à bosse 191 30
2 Baleine de Bryde 2 1
3 Baleine boréal Baleines 6 1
4 Baleine indéterminée 15 8
5 Cachalot 2 2
6 Dauphins tachetés pantropicaux 150 1
7 Dauphin tacheté de l’Atlantique 40 1
Dauphins
8 Grand dauphin 25 1
9 Dauphin indéterminé 25 4
TOTAL 456 49
Source : Centre National de recherche halieutique de Boussoura (CNSHB), Guinée. 2011
Les données sur le nombre et les types exactes d’espèces sont peu connues et les
données de la campagne de recherche visuelle sont ponctuelles. Toutefois, l’ONG
WCS assure la conservation et le suivi de ces espèces dans le cadre de ses
programmes.

17
Parmi les espèces des mammifères recensées, la baleine de Bryde (Balaenoptera
edeni), qui possède une faible population, se trouve parfois dans les eaux
gabonaises pour se reproduire ; de même que le dauphin «à nez en bouteille»
(Tursiops truncatus). Il est aussi à noter que quatre espèces de mammifères sont
considérées comme menacées selon l’UICN. C’est le cas du Dauphin à bosse de
l’Atlantique (Sousa Teuszil), la Baleine de Bryde (Balaenoptera edeni), la Baleine à
nageoire (Balaenoptera physalus) et la baleine à bosse (Magaptera novaeangliae).

4.4 Avis scientifique relatif aux principales espèces capturées


4.4.1 Capacités en matière de recherche halieutique
Le Gabon ne dispose pas de capacités nationales en matière de recherche
halieutique. La recherche est de la responsabilité du Ministère de l'Enseignement
supérieur, de la recherche et de l'innovation technologique, mais aucun département
ou service dédié aux recherches sur les ressources marines exploitées n'existe. En
l'absence de compétences nationales, la recherche halieutique au Gabon est donc
totalement dépendante de l'intervention de scientifiques extérieurs. Il s'agit d'un trait
commun aux pays de la sous-région car aucun, mis à part l'Angola et le Cameroun,
ne dispose de capacités réelles en ce domaine. Ainsi, au Gabon, les tâches
scientifiques de base du suivi de l'exploitation halieutique ne sont pas remplies.
Il n'existe aucune information sur la structure en taille ou en âge des espèces
capturées alors que cette donnée permet de situer le niveau d'exploitation courant
par rapport au potentiel maximal, et aucune information non plus sur les prises
accessoires des différents métiers. La catégorie « divers » dans les statistiques de la
DGPA représente près de 8% des captures totales. On note en particulier que les
débarquements enregistrés des crevettiers n'intègrent que les espèces cibles et pas
les prises d'autres poissons accessoires dont les tonnages peuvent être de 5 à 10
fois supérieurs aux tonnages de crevettes capturées.
Cette absence de données de base réduit l’intégration régulière du Gabon aux
recherches menées au niveau régionales et notamment aux groupes de travail
spécialisés du COPACE. Par ailleurs, les rapports scientifiques de cette organisation
régionale contiennent peu d’information sur l'état des stocks exploités dans cette
région d'Afrique Centrale.
Au Gabon, la collecte des données de la pêche artisanale est relativement récente
avec l'introduction, grâce à l’appui de la FAO, de systèmes de stockage et de
traitement. Ainsi, les informations disponibles sur l'état des ressources exploitées
proviennent pour l'essentiel de rapports de campagnes de recherche réalisées par
des navires océanographiques étrangers. Un historique des 20 dernières années
indique une présence régulière à intervalles de 3 à 4 ans du navire de recherche
norvégien Dr. Fridtjof Nansen qui s'est fait une spécialité de l'estimation des
ressources de petits pélagiques par echo-intégration. S'agissant des ressources
démersales, il faut remonter au début des années 1980 pour retrouver des
informations de campagnes d'évaluation des ressources. Ces campagnes ont été
menées par les navires océanographiques français de l'IRD (A. Nizery, Capricorne)
basés au Congo, et par des navires océanographiques espagnols de l'IEO (Garcia
de Sid, Cornide de Saavedra).

18
Plus récemment, on note la réalisation d'une campagne d'estimation des ressources
pélagiques par le navire Fridtjof Nansen en 2010, et une campagne d'estimation des
ressources démersales par le navire de l'IEO le B/O Vizconde de Eza en 2002. Ce
navire de recherche intervient également dans les eaux de l'Angola. Cependant, les
méthodes utilisées sont le plus souvent des méthodes relativement grossières (écho-
intégration, aires balayées) qui donne des estimations de la biomasse totale, et
parfois de la biomasse d'espèces particulières d'intérêt commercial. Ces campagnes
ne procurent le plus souvent que des indices d'abondance, à défaut de potentiel
exploitable. Le passage de l'un à l'autre se fait suivant des méthodes qualifiées
d'empiriques et les résultats sont généralement entachés de niveaux d'incertitudes
élevés. Ces niveaux d'incertitudes sont liés au caractère ponctuel des campagnes
alors que l'écosystème marin gabonais est soumis à de fortes variations intra-
annuelles, aux engins expérimentaux utilisés (des chaluts dont les configurations
sont souvent éloignées de la géométrie d'un chalut commercial), et aux zones
prospectées (qui peuvent ne pas tenir compte des zones de concentration de l'effort
de pêche commercial). Par ailleurs, en l'absence de capacités nationales, il sera
difficile pour le Gabon de s'approprier les résultats des campagnes et réaliser le suivi
de l’état des stocks.
Tableau 4.3 : campagnes océanographiques réalisées dans les eaux du Gabon
de 1960 à 2011

Nom du Navire (Coopération partenaire) Année Stocks évaluées

NO Ombango (Coopération française) 1960 -


NO Thierry et la Rafale (Guinean trawl
1963-1964 -
survey (GTS)
NO Fiolent (Coopération soviétique à
1976 -
travers la FAO)
NO Dr Fridtjof Nansen (Coopération avec la 1985,89, 90, 94, 95,
Pélagiques
FAO et la Norvège) 2004, 05, 06, 07, 08, 10
NO Visconde de Eza (Coopération
2002 Démersaux
espagnole)
NO Lansana Conté : Campagne
d’observation des cétacés dans les eaux
2011 Cétacés
côtières du Gabon (COMHAFAT sur
financement du Japon)
Source : AU-IBAR, G. Mbaseko ; NO = Navire Océanographique

4.4.2 Etats des stocks


Les ressources halieutiques du pays ont été étudiées 16 fois dans le passé par le
FAO/NORAD, ORSTOM, Nansen etc. Cependant, l’évaluation du potentiel
exploitable en fonction de la pression de pêche n’est pas encore faite. Cette donnée
essentielle pour mieux ajuster l’effort de pêche.
Selon les travaux de la sixième session du sous-comité scientifique du COPACE, les
plupart des stocks de poissons démersaux du Gabon sont surexploités à l’exception
de la crevette rose du Sud qui est juste pleinement exploitée.

19
Tableau 4.4 : fiche sommaire de l’état des principales espèces commerciales
du Gabon
Bcur/B0.1 Fcur/F0.1
Stock Evaluation Observations
% %
Cette espèce est partagée
Sardinella 149 61 Stock modérément entre le Gabon, le Congo, la
Sardinella spp. exploité RDC et l’Angola

Stock pleinement Espèce également partagée


Bonga 104 71
Exploité par les 4 pays : Gabon,
Ethmalosa Fimbriata
Congo, RDC et Angola
D’autres informations
Chinchard Blanc - - Pas de résultats
indiquent que le stock est en
Trachurus trecae fiables
état de surexploitation
Bars 301 53 Angola, Congo, RDC,
Espèce surexploitée
Pseudotolithus spp. Gabon
Capitaine
Galeoides 266 18 Surexploité -
Decadactylus
Daurade rose 431 47 Surexploité -
Dentex spp.
Sole 235 53 Surexploité -
Cynoglossus spp.
Arius spp. - - Surexploité -
Daurade grise
Surexploité -
Pomadasys spp.
Crevette rose 46 107 Pleinement exploité -
Penaeus Notialis
Source: COPACE, 2011
Les stocks de Daurade (Pomadasys spp), Capitaine (Galeoides dedactylus, Bars
(Pseudotolithus spp,), Sole (Cynoglossus spp) et Machoirons de mer (Arius spp.)
sont surexploités. La majorité de ces stocks sont partagés entre le Gabon, le Congo
et la RDC.
Ainsi, seuls les stocks de petits pélagiques sont susceptibles d'être exploités
davantage, encore que les stocks d'ethmalose semblent sous pression de surpêche
localisée. Par ailleurs, les stocks des pélagiques côtiers présentent les signes d'une
exploitation qui se situe au-delà des limites biologiques, bien que celles-ci soient
partiellement étudiées. Les stocks de la sardinelle sont modérément exploités. Cette
espèce est toutefois partagée entre le Gabon, Congo, RDC et Angola et sa gestion
fait l’objet actuellement de discussion entre ces pays sous l’égide de la COREP pour
développer un plan régional concerté. Aussi, le Gabon avec deux autres pays de la
région, le Cameroun et le Nigeria, préparent un cadre d’aménagement pour la pêche
industrielle de la crevette dans les zones côtières.

20
5 Contexte des pêches au Gabon
5.1 Délimitation de la zone économique exclusive
La ZEE du Gabon est de 213 000 km2 et la ligne côtière de Cocobeach à l’extrême
Nord à Ndindi à l’extrême Sud est d’environ 800 km 3. L’extension de cette ZEE vers
l’ouest est limitée par les lignes de séparation avec l’archipel de Sao Tome, et par la
zone autour de l’île d'Annobon qui appartient à la Guinée Equatoriale. La limite nord
est frontalière de la ZEE de la Guinée Equatoriale, la limite sud de celle du Congo.
Le Gabon dispose de la plus grande façade maritime des pays situés entre la
Mauritanie et Congo, Nigeria excepté. Le plateau continental de moins de 200 m de
profondeur est relativement étroit avec une largeur moyenne de 25 miles nautiques
pour atteindre 40 miles nautiques de large au Sud du Cap Lopez avec une surface
d’environ 40 600 km2. La plupart des plans d’eau continentaux traversent la partie
centrale du pays et se situent dans le bassin fluvial du fleuve Ogooué qui représente
72% du territoire national. Ce fleuve, d’une longueur totale de 1 200 km, a un bassin
fluvial de 215 000 km2 (dont 193 000 km2 au Gabon), Le bassin fluvial du fleuve
compte un grand nombre de lacs et marais qui constituent des zones essentielles
pour la pêche continentale.

Figure 5-1 : délimitation de la ZEE du Gabon

3 Selon les documents on note que la longueur de la côte gabonaise varie entre 750 et 800 km. La Direction générale des
statistiques du Gabon avance même le chiffre de 885 km.

21
Les limites nationales de la juridiction gabonaise sont définies par la loi N°9/84 du
12/07/1984 instituant une ZEE de 200 milles marins, et par le Décret
N°002066/PR/MEFCR du 4/12/1992 définissant les lignes de base à partir
desquelles sont mesurées la largeur de la mer territoriale, de la zone contiguë et de
la ZEE.
La délimitation de la ZEE soulève toutefois des contestations. Au Sud, c'est à dire à
la frontière avec le Congo, la situation est plus simple. Le décret de 1982 cité ci-
dessus fixe les limites et il n'y a pas de conflit avec le Congo, et l'axe à considérer est
la perpendiculaire à la ligne de base qui est la laisse des basses mers indiquées sur
les cartes marines de plus grande échelle et reconnue en tant que telle par le Congo.
C'est en pratique le prolongement de la frontière terrestre. Au nord, la situation est
beaucoup plus complexe. Chaque partie voit le tracé de ses frontières à sa façon.
Une convention datant de 1900 sur laquelle la Guinée Equatoriale s'appuie stipule
que les îles de Corisco, Grand Elobé et Petit Elobé appartiennent à la Guinée
Equatoriale. Mais le Gabon considère que les îles Banié, Kong et Cocotier lui
appartiennent. Il y a contestation sur ce point. Les enjeux concernent bien plus les
ressources géologiques potentielles. Les populations de pêcheurs artisans basées
au Gabon exploitant ces eaux sont l'objet de tracasseries régulières de la part de la
Guinée Equatoriale.
Une des particularités de la ZEE gabonaise est l’importance des activités
économiques maritime qui s’y exercent. Outre l'industrie de la pêche, les activités
maritimes dans la ZEE sont liées aux deux principaux piliers de l'économie nationale,
le pétrole et le bois. Environ 8% de cette ZEE est réservée aux activités d’extraction
pétrolière offshore. La fermeture de la zone pétrolière aux activités de pêche peut
avoir les mêmes effets qu'un sanctuaire marin et est une possible source de
protection d'espèces exploitées. Cependant, cette zone fait l’objet d’intrusion de
navires industriels et le contrôle n’est pas toujours assuré.

5.2 La pêche dans la ZEE du Gabon


Les ressources halieutiques sont exploitées par une flotte artisanale et industrielle à
la fois nationale et étrangère. La production moyenne se situe entre 30 000 et 25 000
tonnes par an et la pêche artisanale apparait comme le principal segment de la
pêche gabonaise.

22
50 000

45 000

40 000

35 000

30 000 Production totale


25 000 P. Industrielle
P. Artisanale
20 000
P. Continentale
15 000

10 000

5 000

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Figure 5-2 : évolution de la production halieutique au Gabon de 2005 à 2011


Source : DGPA
5.2.1 Pêcheries artisanales
Le segment artisanal domine le secteur de la pêche au Gabon en termes de capture
et nombre de pêcheurs actifs. Il reste le principal générateur d’emploi avec 6 020
pêcheurs recensés. Cette pêche cible principalement les pélagiques côtiers. C'est
sur ce groupe d’espèce que se déploie l'essentiel de l'effort de pêche et l'espèce
visée toute l'année est l'ethmalose (Ethmalosa Fimbriata). Les sardinelles, qu'on
trouve en mer ouverte ne sont encore recherchées que dans certaines zones où on
en capture quelques centaines de tonnes à la saison de l'upwelling. Les autres
pélagiques côtiers débarqués sont représentés par le chinchard, maquereau et
mulet. Trois types d'engins sont utilisés :
 Le filet maillant de surface dérivant. Le monofilament continue d’être utilisé
malgré son interdiction. L'unité de pêche fonctionne avec 3 hommes.
 Une variante du filet dérivant est le filet encerclant, dont la chute atteint 13 à 18
m. C'est ce qui est utilisé pour la pêche des sardinelles avec une maille de 40 mm
(équipage de 6 hommes).
 La senne tournante (tiré-tiré). Il s'agit d'une senne non coulissante de maille 10 à
15 mm manipulée par 12 à 15 hommes. C'est l'engin le plus puissant. Presque
toutes les unités sont localisées à Libreville-Pont Nomba
La pêche artisanale se pratique dans deux grands types d’écosystèmes : en milieu
maritime et en milieu continental qui comprend pour ce dernier les rivières, lagunes,
estuaires et embouchures. En tenant compte de la législation des pêches en vigueur
qui interdit toutes activité de pêche continentale aux communautés étrangères, le
nombre des acteurs du secteur maritime est estimé à 1 800 individus, ce qui
représente 29% de l’ensemble des acteurs du secteur artisanal. La pêche artisanale
continentale constitue ainsi la majorité des acteurs de ce segment avec 71% de

23
l’ensemble des effectifs. Elle est pratiquée par des pêcheurs essentiellement
gabonais.
Tableau 5.1 : données de la pêche artisanale gabonaise
Valeur
Nbre Prix moyen au Production
Nbre Pêcheurs (Milliards
Pirogues kilo (Fcfa) (T)
de Fcfa)
Pêche artisanale
1 772 763 568 20 058 11,4
maritime
Pêche
4 257 2 161 1 700 199,6 0,3
continentale
Source: DGPA, 2011
La pêche artisanale maritime est pratiquée majoritairement par des étrangers (près
de 80%), dont les Nigérians, Togolais, Sao-Toméens et les Équato-Guinéens. Les
statistiques de la pêche artisanale sont sujettes à caution en particulier pour la
composition en espèces. Les captures représentent 20 058 t dans les lagunes,
estuaires et la mer et 200 t dans le complexe fluvio-lacustre. Cela représente une
hausse de 20% par rapport à 2010 mais une baisse par rapport à la production des
années 2005, 2006 et 2007 en raison d’une décroissance des captures dans la zone
de l’Estuaire. La production n’est pas assez diversifiée car cette pêche reste très
souvent cantonnée dans les estuaires et les lagunes. Cela s’explique par la faible
motorisation des pirogues qui ne sont ni suffisamment autonomes ni équipées pour
des pêches autres que de proximité. Elle reste limitée à une étroite bande côtière.
Tableau 5.2 : évolution de la production de la pêche artisanale par catégorie
d’espèces

Années Catégorie d'espèces Pêche artisanale maritime Pêche continentale

Poissons 22 422 9 684


2005 Crustacés 121,2 16
Total 22 543,2 9 700
Poissons 22 102,1 9 647,1
2006 Crustacés 121,7 12,4
Total 22 223,8 9 511,7
Poissons 21 172,4 9653
2007 Crustacés 126,3 0
Total 21 298,7 9 653
Poissons 15 641,8 5 911,4
2008 Crustacés 23,9 0
Total 15 665,7 5 911,4
Poissons 15 769,3 10 480,8
2009 Crustacés 23,9 0
Total 15 793,2 10 480,8
Poissons 15 915,2 10660,9
2010 Crustacés 36,4 0,1
Total 15 951,6 10 661
Poissons 20 023,6 199,6
2011 Crustacés 34,9 0
Total 20 058,5 199,6
Source: DGPA

24
Malgré les tentatives d’organisation par la création des centres d’appui à la pêche
artisanale qui visent à améliorer les conditions de travail et de vie des communautés
de pêche et aussi à valoriser les captures de ce segment, les activités restent
toujours plus ou moins dans l’informel, du fait de la difficulté d’accès de certains
sites.
L’augmentation récente enregistrée des captures est due essentiellement aux efforts
d’investissement public, notamment la création des centres communautaires de
pêche artisanale. Cet investissement réalisé dans le cadre du Projet d’appui au
Secteur des Pêches et de l’Aquaculture (PSPA) avec le financement de la BAD a
considérablement contribué à cet accroissement et par conséquent à la disponibilité
des produits de la pêche pour les populations. La production de la pêche
continentale a subi aussi une hausse significative de 2008 à 2009, due à
l’augmentation des déclarations de capture, consécutive à plusieurs campagnes de
sensibilisation.
Sur le plan règlementaire, la senne tournante et les filets maillants monofilament ont
été interdits d’utilisation au Gabon en raison de la diminution de la taille moyenne
des ethmaloses capturées dans l'estuaire. Cependant, cette mesure ne semble pas
encore être appliquée et encore moins respectée. La DGPA est engagée dans des
négociations avec des pêcheurs artisans dont certains sont étrangers, notamment
nigérians, afin qu’ils se conforment à la mesure d’abandon de ces engins. Cette
hésitation à faire appliquer cette mesure et donc à la faire respecter se justifierait par
la crainte d’une réduction des prises des poissons sur les marchés et par conséquent
une augmentation des prix.
La combinaison du faible niveau d’application de la réglementation, l’état des stocks
et particularités (chevauchants) des ressources exploitées risquent de nuire à la
durabilité de cette pêche. Il faut noter que:
 Les ressources accessibles à la pêche artisanale (dont l’ethmalose) sont
fortement exploitées (l’établissement d’un repos biologique pourrait bien être un
signal significatif à ce sujet et confirme ainsi les résultats du COPACE) ;
 Les ressources sont partagées avec le Congo au Sud (pour le groupe des
sardinelles rondes et des chinchards) et avec le Cameroun au Nord (pour le
groupe de la sardinelle plate).
Malgré l’instauration d’une zone de 3 milles au-delà de la ligne de base, réservée à
la pêche artisanale, ce segment est en compétition avec la flotte industrielle dans la
mesure où les stocks du plateau côtier et du plateau profond sont souvent exploités
par les deux flottilles et où l’état des stocks dépend donc de leur action conjointe.
La pêche artisanale n’est pas orientée vers l’exportation sauf lorsqu’elle est
organisée autour des bateaux collecteurs, coréens et chinois exclusivement. Les
captures débarquées sont vendues en frais et salé-séché sur le marché local. Les
femmes qui assurent le mareyage et la transformation artisanale représentent 23%
des acteurs opérant dans ce segment.
Malgré l’importance de ses captures débarquées, la pêche artisanale reste limitée à
une étroite bande côtière. En revanche, sa contribution à la sécurité alimentaire est
fondamentale. Ainsi, la pêche artisanale au Gabon présente des caractéristiques
exceptionnelles pour un pays en développement, en comparaison notamment avec
certains pays de la COMHAFAT tel que le Sénégal, la Guinée, le Ghana ou encore le
Nigéria. C’est un segment peu développé et non pléthorique, ce qui réduit

25
considérablement les risques de crise socio-économique en cas de restructuration du
secteur.
5.2.2 Pêcherie industrielle
La pêche industrielle dans les eaux du Gabon concerne à la fois la flotte dite locale
avec des navires gabonais ou étrangers travaillant sous le couvert de sociétés
d’armements mixte (4 en 2013) de droit gabonais, et des flottes étrangères (40
navires) travaillant sous accords de pêche bilatéraux.
Production en Tonnes

14 000

12 000

10 000

8 000

6 000

4 000

2 000

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Figure 5-3 : évolution de la production de la pêche industrielle


Actuellement, la pêche industrielle locale comprend quatre armements pour 26
navires chalutiers dont 3 crevettiers : 20 sont en provenance d’Asie dont quatre
battent pavillon chinois et tous les autres battent pavillon gabonais. Ces navires
débarquent à Libreville ou Port Gentil. D’une longueur variant entre 20 m et 50 m, ils
pratiquent pour la plupart la pêche au chalut de fond et ciblent l’exploitation des
crevettes ou poissons démersaux. Ce segment intègre également quelques navires
caseyeurs, ligneurs ou thoniers dont certains sont en arrêt technique actuellement.
La production de la pêche industrielle est sur une tendance baissière et les captures
en 2011 n’ont guère dépassé 6 000 tonnes. Cette production reste modeste, oscillant
entre 18 et 29% du total, et atteignant entre 23 et 51% des tonnages débarqués par
la pêche artisanale. Les débarquements sont dominés par les poissons démersaux
essentiellement: Bars, Capitaine, Daurade, Sole, Mérou rouge, Pagre, Chinchard et
Carangidés (faux thon).
Cependant, et au même titre que la pêche artisanale, les données sur la pêche
industrielles restent sujettes à caution non pas en l’absence de système de collecte
mais plus en raison des sous déclarations, d’espèces non comptabilisées et de la
difficulté de suivi des débarquements quand ils se font en dehors du Gabon. C’est
principalement le cas des navires industriels étrangers en raison de l’absence
d’infrastructures portuaires adaptées.

26
Tableau 5.3 : évolution de la production industrielle par groupe d’espèces
Années 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Poissons 8 546,7 7 204,9 6 052,1 5 300,4 3 420,6 5 665,5 5 068,3
Crustacés 2 185,2 1 832 514,6 168,6 52,4 248,8 152,1
Mollusques 888,1 748,7 449 391,2 223,2 426 542,5
Total 11 620 9 785,60 7 015,70 5 860,20 3 696,20 6 340,30 5 762,90
Source: DGPA
Les navires étrangers présents dans la ZEE battent plusieurs types de pavillons : de
Madagascar, de Chine, de Corée, du Japon, du Nigeria, de Belize, des Antilles
néerlandaises et d’Espagne. Ces derniers spécialisés dans la crevette profonde
opèrent dans les eaux gabonaises en dehors du cadre du protocole d'accord de
pêche. Les chalutiers espagnols viennent dans la ZEE gabonaise environ deux mois
par an et travailleraient le reste de l'année en Angola.
La pêche industrielle fait intervenir deux accords de pêche, l’un avec le Japon, l’autre
avec l’Union européenne pour la pêche au thon et la pêche démersale de crustacés
et de céphalopodes. Les navires européens travaillant sous accord de pêche
exploitent principalement les thonidés. La conclusion de l’accord de pêche avec le
Gabon fait partie du réseau des accords thoniers en Afrique de l'Ouest. Il s’inscrit
dans la logique de continuité des accords thoniers qui permettent aux navires
européens de passer d’une ZEE à une autre (Côte d’Ivoire, Sao Tomé, Cap Vert,
Mauritanie par exemple). La Sierra Leone et le Liberia ont des accords privés
thoniers avec des armateurs européens. Toutefois, les eaux gabonaises constituent
une zone privilégiée parmi ces accords étant donné qu’entre 25 et 30% des captures
des thonidés sur la façade atlantique africaine se font dans la ZEE gabonaise.

Figure 5-4 : zone de pêche au thon

27
En termes de valeur, la production de la pêche industrielle a représenté 10,3 milliard
de F cfa soit 15,70 millions d’euros en 2011. Cette valeur reste inférieure à celle
réalisée par les débarquements de la pêche artisanale. La performance de la pêche
industrielle a connu une forte chute ces dernières années et cette situation ne
semble guère changer de tendances en raison de la faiblesse de l’état des
infrastructures portuaires, le manque de compétitivité notamment à cause d’une
fiscalité pénalisante et des coûts d’exploitation élevés à l’image du fuel dont le prix
est le plus élevé dans les pays de la région, paradoxe d’un pays producteur de
pétrole, le prix du carburant pour les armements de pêche au Sénégal (pays non
producteur de pétrole) ou au Congo ou au Cameroun, est bien inférieur à celui
pratiqué au Gabon. Par conséquent, le prix jugé excessif du gasoil rend l’exploitation
de la zone sud au départ des ports de Libreville et Port-Gentil très coûteuse.
Par ailleurs, le renforcement de contrôle par satellite des activités de pêche depuis
2012 dans les eaux gabonaises a entrainé l’arraisonnement de plusieurs bateaux
pour raison de pêche illégale. Ces bateaux effectuaient des incursions dans la bande
de 3 miles et dans la zone pétrolifère.
Même si certains avancent la réduction massive des subventions de l’Etat pour
expliquer cette contre-performance, plusieurs indicateurs montrent que la pêche
industrielle gabonaise se trouve dans une situation de crise structurelle plus
complexe à laquelle il convient d’y remédier à travers un plan global qui intègre le
contexte régional et international d’industrie de la pêche. Les investissements qui
doivent être consenties à la fois par le secteur public et privés doivent être définis et
réparties d’une manière concertée. Les investissements publics doivent concentrer
un appui important au renforcement institutionnel, à la mise à niveau des
infrastructures portuaires, à la sauvegarde de l’environnement, l’amélioration de la
qualité et services publics, aux mesures d’incitation fiscales et bien évidemment à un
meilleur contrôle des eaux pour éviter la pêche INN et par conséquent une
concurrence déloyale.
Cet investissement se justifierait largement par la nécessité de diversification de
l’industrie gabonaise mais également compte tenu de la contribution de la pêche
industrielle. Celle-ci apporte directement une contribution aux finances publiques par
le biais des licences de pêche ainsi que par les compensations financières
négociées dans le cadre des accords de pêche ou avec les sociétés étrangères
privées. Les licences seules ont représenté 1,2 milliard de F cfa en 2009 soit 2,89
millions d’Euro. La licence de pêche industrielle reste la caractéristique la plus
déterminante de la pêche industrielle gabonaise; ce secteur pourrait même être défini
comme regroupant l'ensemble des activités menées dans le cadre d'une licence de
pêche industrielle délivrée par le Gabon.

28
Tableau 5.4 : indications financières de l’ancien accord de pêche UE-Gabon
portant sur la pêche au thon (3/12/2005 – 2/12/2011)
860 000 €, dont 60 % sont destinés à appuyer la
Contribution financière:
politique nationale de la pêche du Gabon.
Redevance à la charge des armateurs: 35 € par tonne capturée
- Thoniers senneurs: 4 550 € par an (captures de
référence: 130 tonnes)
Avance:
- Palangriers de surface: 2030 euros par an
(captures de référence: 58 t)
Tonnage de référence: 11 000 t/an
Source: Commission européenne, 2013
La pêche industrielle gabonaise est appelée à jouer un rôle central dans la
restructuration de cette industrie alors qu’il y a peu de participation gabonaise dans
les investissements en pêche industrielle jusqu’à maintenant, et qu’il y a surtout
beaucoup de mouvement des flottes étrangères au fil des années. Six armements 4
ont fermé leurs portes au cours des dix dernières années. La pêche industrielle doit
répondre à des impératifs de qualité et approvisionner le marché local et de l’export.
Dans le cadre de son PPP, la SIFRIGAB a d’ailleurs fait la demande de licences de
pêche industrielle pour assurer l’approvisionnement de l’usine de transformation.
Le défi pour les autorités gabonaises réside davantage à assurer une exploitation
durable dans ses eaux qui respecte la préservation de l’environnement marin, tandis
que les professionnels cherchent une sortie de la crise actuelle pour ce secteur avec
une reprise des activités de pêche traditionnelles sur le plateau continental de façon
rentable.
5.2.3 Pêche continentale
La pêche continentale au Gabon mérite d’être également évoquée en raison de
l’importance du réseau hydrographique qui est extrêmement vaste et diversifié qui
regroupe: les cours d’eau, les grands lacs du bassin de l’Ogooué, les lagunes
côtières, les estuaires, les barrages et retenues artificielles.
Les nombreux cours d’eau qui parcourent le Gabon constituent un réseau
extrêmement riche favorisé par l’Ogooué. Pendant la grande saison sèche, la pêche
est particulièrement intensive, qu’il s’agisse de la pêche traditionnelle ou de la pêche
artisanale. La pêche continentale représente en 22 et 30% de la production totale.
En 2010, environ 10 600 t 5 de poisson ont été produit par cette pêche.

5.3 Aquaculture
Le secteur de l’aquaculture reste relativement modeste, de l’ordre de 276 tonnes en
2011 et ne concerne que des espèces de poissons d’eau douce quasi exclusivement
le tilapia qui représente 98% de la production. L’élevage de silure et de l’huitre reste
relativement faible. Les exploitations d’élevage de tilapia sont de type artisanal avec
70 unités seulement fonctionnelles.
Les autorités encouragent le développement de la pisciculture et des projets de
démonstrations d’élevage de poissons en cage flottante ont été organisés dans des
sites. L’élevage de poisson est perçu comme secteur d’avenir qui peut compenser le

4 OCEANE, SEPE, SGPI, SOGEMER, PECHKO et EQUAPEC


5 Le chiffre de la production de cette pêche de 199 tonnes en 2011 ne pouvait être considéré car la forte baisse ne pouvait être expliquée.

29
déficit des captures de pêche, réduire l’importation et limiter l’augmentation du prix
du poisson. Cependant, la pisciculture est plus actuellement une activité de
subsistance qui tarde à s’imposer comme un secteur de développement. Sa
contribution dans le secteur des pêches demeure marginale.
Le Gabon dispose pourtant d’importants atouts naturels : cours d’eau, affluents, de
forêt de mangrove et de de plateau continental. Ces plans d’eau sont riches en
espèces aquatiques endémiques et bénéficient d’un climat favorable au
développement de plusieurs espèces halieutiques. Les facteurs limitant se situent au
niveau des capacités, de la technologie et surtout à la disponibilité des aliments de
poissons dans les marchés et à leurs coûts. Par ailleurs, les systèmes de
conservation n’existant pas, les circuits de distribution et de vente du poisson
d’élevage ne sont pas organisés.
Des initiatives sont en cours pour la promotion de la crevetticulture en eau douce sur
la base de l’expérience camerounaise et en eau saumâtre et de la Conchyliculture en
milieu marin et celle du Nigeria pour le tilapia et clarias.

5.4 Pêche illégale


La pêche illégale reste un fléau pour la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest et du
Centre. Le Gabon est fortement concerné par cette pêche qui menace la durabilité
de l’activité mais également l’investissement dans l’industrie de la pêche. Des
navires industriels étrangers s'introduisent illégalement dans sa ZEE au niveau des
frontières Sud et Nord principalement. Les incursions en provenance du Congo sont
fréquentes pendant la nuit et les navires viennent jusqu'à la côte et dans la zone
pétrolière. Bien qu'il s'agisse d'une zone traditionnelle de pêche pour les navires
battant pavillon congolais, cette pêche est illégale à deux titres, l'absence de licence
et l'exploitation en zone interdite. Ceci constitue un préjudice pour le Gabon.
L'intrusion se fait aussi par la frontière Nord ou même par le large. Les armements
nationaux se plaignent de ces incursions de navires étrangers non autorisés ainsi
que de gros navires porteurs de pirogues de pêche jouant le rôle de collecteurs. Tout
cela est bien sur très difficile à évaluer mais constitue bien une réalité confirmée par
tous les intervenants du secteur.
Selon des résultats d’opérations de survols réalisés par la WCS dans le cadre de
missions scientifiques 6, il est constaté des violations fréquentes et importantes de la
zone côtière par les navires de pêche industrielle. Ainsi, la pêche artisanale et
industrielle se trouvent souvent en conflit « territoriaux ». Ces violations qui se
produisent, en général la nuit, ne sont pas sans conséquence aussi bien sur l’activité
artisanale que sur les ressources et leur environnement.
L'introduction du VMS est un atout mais n'apporte pas encore la solution à tous les
problèmes. Par ailleurs, le contrôle de ces navires par les services de la DGPA ne
semble pas encore opérationnel. Apres une longue période de fermeture, le Centre
de Surveillance Pêche (CSP) par satellite qui se voulait le cœur du programme de
surveillance, vient de redémarrer ses activités. Cet exemple est certes révélateur de
la faiblesse du suivi du dispositif et des capacités de surveillance tant sur le plan
technique que matériel.

6 Les images correspondantes à ces intrusions ont été discutées avec l’ANPN lors de notre mission à Libreville.

30
Par ailleurs, l’efficacité de l’utilisation du VMS reste partielle puisque les navires
localisés en zone interdite par le VMS ne seront inquiétés de fraude que s'ils sont
observés en train de pêcher, ce qui requiert des moyens d'intervention rapide sur
zone. S'agissant des intrusions des navires étrangers dans les eaux sous juridiction,
ils ne donneront bien évidemment pas leurs positions via VMS et de la même
manière, seules des patrouilles aériennes ou nautiques permettront de les détecter
et de les arraisonner. Enfin, le contrôle des engins de pêche dont on peut dire qu'il
est inexistant aujourd'hui, pourra se faire à moindre coût par des contrôles lors de
l'arrivée des navires au port.

5.5 Conflits entre pêcheries


Au niveau du segment de la pêche artisanale, le risque de conflit concerne pour
l'essentiel les immigrés pêchant illégalement et utilisant des engins de pêche
prohibés, comme les filets maillants dans le milieu lagunaire, ce qui a été à l'origine
de conflits ethniques ou entre pêcheurs locaux et pêcheurs immigrés.
Actuellement, le refus d’application de la réglementation notamment en ce qui
concerne l’abandon le filet maillant dérivant entraine davantage de conflit entre
pêcheurs étrangers notamment nigérians et pêcheurs locaux. Cette pratique illustre
la tension qui existe dans ce segment et la difficulté pour l’administration de mettre
en œuvre et faire respecter les mesures de préservation des ressources côtières et
lagunaires. Cette interaction entre l’administration et pêcheurs artisanaux étrangers
est relativisée compte tenu du rôle que jouent ces derniers. Ce groupe qui comprend
des pêcheurs ghanéens, béninois et nigérians, soit 92% des pêcheurs artisanaux en
milieu marin au Gabon, contribue fortement à la production globale.
Par ailleurs, la zone de protection de la nature (PCN) comporte une interaction forte
avec la pêche artisanale en termes de ressources et de conflits d’espace ce qui
engendre des conflits d’engins de pêcheurs artisans. En outre, il est à noter que le
faible niveau du respect de la réglementation par la pêche industrielle entraîne des
conflits avec le segment artisan. C’est surtout le cas de navires industriels opérant
sous pavillons de complaisance et régime de licences libres.

5.6 Contribution du secteur des pêches à l’économie nationale


Le secteur des pêches gabonais ne contribuent qu’à hauteur de 1,5% au PIB,
Cependant, ce secteur joue aujourd’hui un rôle significatif sur les plans économique
et social du Gabon.
La pêche et l’aquaculture sont est une source importante de protéines animales et
contribuent de ce fait à la sécurité alimentaire. La population active est de 21 700
personnes (dont environ 3 000 pêcheurs côtiers artisanaux et environ 5 000
pêcheurs continentaux), ce qui demeure faible pour ce secteur vivier de nombreux
emplois. La pêche continentale où sont présent les gabonais compte 4 257 pêcheurs
dont 17% sont des femmes.
Sur la base des résultats des débarquements et des recettes correspondantes, il
ressort que la valeur totale a représenté 22 milliard de FCFA; soit 33,5 millions
d’Euro. Dix espèces représentent à elles seules près de 80% des volumes
débarqués en 2010 et près de 66% en valeur de ces débarquements. Du fait du
volume des débarquements liés à l’ethmalose (Ethmalosa Fimbriata), cette espèce
apporte la plus forte contribution au chiffre d’affaires des pêches au Gabon.

31
A l’inverse, des espèces démersales et des crustacés qui apparaissent dans les dix
premières espèces contributrices au chiffre d’affaires ont un prix à la tonne beaucoup
plus élevé. Ainsi en 2010, le prix de la tonne de crevettes grises débarquées s’affiche
autour de 3,7 millions de FCFA, ce qui fait environ 5 600 euros la tonne. Les
quantités de poisson exportées représentent une source de devise pour l’Etat
gabonais. Les exportations ont représenté 447,3 T en 2011 avec une prédominance
quasi exclusive sur le marché asiatique.

Les espèces exportées

Les destinations des produits exportés


Mollusques
6%
Crustacés
0% 500
400
300
200
100
Poisson 0
94%
Europe Asie Afrique
Destinations

.
Figure 5-5 : principales espèces exportées et leurs destinations
La richesse halieutique potentielle liée aux ressources présentes dans la ZEE
gabonaise constitue un objectif cible pour la stratégie sectorielle. L’estimation de
cette richesse, la rente halieutique, a été réalisée par la COREP dans le cadre du
Programme PAF/NEPAD. Sur la base des débarquements enregistrés au cours des
dix dernières années et des prix des espèces au débarquement, il ressort que la
rente potentielle associée à l’activité de pêche industrielle avoisinerait 11,6 milliards
de F cfa; soit 17,68 millions d’Euros par an.

5.7 Coopération
L’Union européenne est le principal partenaire du Gabon en matière de pêche
maritime. Cependant, d’autres acteurs en particulier asiatiques renforcent leur
présence depuis une vingtaine d’années. La Chine et le Japon en font partie et se
distinguent par des approches dissemblables. Si la première s’illustre dans la capture
au sein du secteur industriel, le second se singularise par des actions d’appui au
développement de la pêche artisanale et accessoirement son implication dans la
pêche au thon. Toutefois, les projets développés par le Japon dans le domaine de
l’aquaculture n’ont pas atteint les résultats escomptés. En revanche, l’Amérique du
Nord et l’Afrique, quoique présentes, occupent une position marginale. Le Gabon a
également une coopération étroite avec la COREP qui est le principal acteur de
coordination régionale de toutes les initiatives de coopération en Golfe de Guinée
(CEEAC, FAO, NEPAD, UE). Cette organisation est devenue une institution
spécialisée de la CEEAC en 2007. Le Gabon a bénéficié également d’un appui
substantiel de la BAD pour l’appui à la pêche artisanale.

32
6 Consommation, approvisionnement, transformation et
filières de poisson au Gabon
6.1 Consommation et approvisionnement en poisson
Au Gabon, la consommation de poisson moyenne par personne et par an au cours
des huit dernières années reste très importante. Elle estimée entre 27,7 et 33,9 kg.
Cependant, malgré un réseau hydrographique dense et riche en ressources
halieutiques, l’offre en produits des pêches ne couvre pas la demande nationale. Le
Gabon produit en moyenne 34 000 t, importe entre 6 900 et 11 000 t et exporte
aujourd’hui 447 t en 2011 (contre 6 800 t en 2005 dont 2 580 t de crustacés).
Tableau 6.1 : comparaison de la consommation en poisson
Sao tomé
Pays Congo Gabon Ghana Sénégal
et Principe
Consommation
de poisson : 35,1 33,4 27,7 27,1 25,1
kg/hab./an
Source: FAO
En examinant la consommation per capita des produits de la pêche, le Gabon se
situe au 3è rang des grands pays riverains de l’Océan Atlantique consommateur de
poissons, précédée par Sao tomé et Principe, Congo et suivi par le Ghana, le
Sénégal.
La tendance à long terme est que le volume des captures fourni au Gabon diminue
au fil des années (Cf. figure 5-2, page 29). La production totale débarquée de
produits halieutiques a connu une hausse entre 2002 et 2004 avant de se situer sur
une tendance baissière (43 495 en 2005 contre 26 150 t en 2011). L’industrie de la
pêche est la plus concernée par cette baisse alors que la demande aujourd’hui pour
les produits de la mer est évaluée entre 50 000 – 55 000 t par an.
Tableau 6.2 : prévisions de la demande de produits halieutiques au Gabon

Population Consommation Demande Demande Demande


Année prévue par habitant nationale d’exportation totale
(milliers) (kg/an) (t/an) (t/an) (t/an)
20 36 088 46 088
1.804 25 45 111 10 000 55 111
2010
30 54 133 64 133
20 39 845 52 345
1.992 25 49 806 12 500 62 306
2015
30 59 767 72 267
20 42 924 57 924
2.146 25 53 655 15 000 68 655
2020
30 64 386 79 386
Source: BAD

33
Le Gabon demeure tributaire des importations, 20 000 t environ de produits
halieutiques, pour combler le déficit et qui proviennent essentiellement des pays
africains (Sénégal, Maroc, Mauritanie, Afrique du sud) et des pays européens (pays
scandinaves). En se basant sur le niveau de consommation par personne, situé
actuellement entre 27 et 33 kg, la demande de la consommation nationale sera
d’environ 43 000 – 64 000 t en 2020 7. Par ailleurs, le volume des exportations de
produits halieutiques s’est considérablement réduit pour atteindre 447 t après avoir
enregistré des pics de 7 000 à 10 000 t par an les années précédentes.
A titre de comparaison avec des pays Africains de la façade Atlantique, et sur un
plan sous régional, le cas du Gabon est semblable à des pays comme le Cameroun,
le Congo et le Nigeria qui sont importateurs de produits halieutiques. Vu cette
situation, si la production halieutique augmente au Gabon, pays géographiquement
proche, les possibilités d’exportation vers ces pays voisins augmenteront, et la
demande d’ethmaloses fumés et de poissons congelés (produits de la pêche
industrielle) bon marché peuvent aussi augmenter. Ainsi, une augmentation de la
production halieutique actuelle de plus de 300 000 t par an devrait être nécessaire en
2020 pour répondre aux besoins de ce pays.

6.2 Principales filières de produits halieutiques en Gabon


La commercialisation du poisson congelé est le fait de la pêche industrielle et de
l’importation tandis que le poisson frais ou transformé provient de la pêche
artisanale. Les poissons commercialisés à l’état congelé sont principalement les
espèces démersales. Elles ne subissent aucune transformation en dehors d’une
découpe sommaire. Les petits poissons pélagiques subissent, par contre, une
transformation artisanale sous forme de fumage artisanale (sardinelle et ethmalose)
et sont distribuées dans le pays.
Il est difficile d’appréhender correctement les importations, les débarquements et les
exportations des produits halieutiques au Gabon. Malgré les améliorations apportées
ces dernières années, les administrations concernées par ce suivi (Douane, DGPA,
DGSEE) ne sont pas encore en mesure de fournir des statistiques concordantes tant
sur les quantités que sur leurs valeurs. Ainsi, les statistiques relatives aux
importations regroupent sous le même chapitre, Produits des industries
alimentaires, les sections et nomenclatures suivantes: Préparations de viandes, de
poissons, de crustacés sans aucune distinction.
Les populations intérieures sont portées sur la consommation d'espèces d'eau
continentale notamment le tilapia. Relativement peu de crustacés sont consommés
dans le pays car c'est un produit qui est destiné à l'exportation vers les marchés des
pays développés. Les principales filières sont l’éthmalose fumée et le poisson
congelé
6.2.1 Filière de poisson frais
La filière de poisson frais concerne l’exportation de produits halieutiques de haute
valeur commerciale en particulier les coquillages les poissons démersaux vers les
marchés européens et asiatiques. Les potentialités de ces filières restent largement
sous exploitées rn raison de l’absence de structure et facilités portuaires ou de
débarquements au niveau des sites de pêche artisanale.

7Estimation sur la base de la population de 1 555 950 habitants pour 2003-2010, de 2,0% pour 2010-2015, et de 1,5% pour
2015-2020.

34
6.2.2 Filière de poisson transformé de manière artisanale
La transformation artisanale des produits de la pêche reste informelle, elle n’a pas
fait l’objet d’études spécifiques, ce qui rend difficile toute évaluation des
investissements réalisés par les opérateurs privés qui sont en majorité des femmes.
Cependant, on peut relever les conditions de travail des femmes en particulier dans
ces fumoirs caractérisées par l’absence de mesures d’hygiène et de santé. Les
principales espèces traitées dans ces unités sont l’ethmalose et la sardinelle.
L’éthmalose transformée est destinée en grande partie à l’exportation dans les pays
de la sous-région principalement au Cameroun.
Tableau 6.3 : demande en produits halieutiques aux pays voisins
Gabon Cameroun Congo Nigeria
Production (t/an) 34 000 108 000 43 456 465 251

Exportations (t/an) 712 72 2.004 4 350

Importations (t/an) 20 000 121 132 19 984 570 441


Consommation
42 048 229 060 61 436 1 031 342
intérieure (t/an)
Population
1 555 18 200 3 700 140 000
(milliers)
Consommation
par personne 27,7 12.6 16.6 7.4
(kg/an)
Demande prévue
40 000 286 703 76 789 1 295 240
(t/an)
Augmentation de
- 57 643 15 353 263 898
la demande (t/an)
Source: FAO
6.2.3 Filière de poisson transformé de manière industrielle
En dehors de pratiques de fumage artisanal adaptées aux petits pélagiques, le
secteur de la transformation industriel au Gabon est inexistant actuellement. La seule
entreprise existante la SIFRIGAB est en cours de restructuration. Cette usine, qui a
été initialement conçue pour le traitement du thon a été longtemps en difficulté avec
une activité faible et épisodique de salage et fumage avec du poisson parfois importé
de pays européens. Le cas de la SIFRIGAB est symptomatique du paradoxe du
secteur de la pêche, avec d’un côté un espace marin riche et d’un autre une industrie
à l’arrêt ne pouvant assurer son approvisionnement en thon pour fonctionner.
Les derniers accords de pêche signés par le Gabon avec l’Union européenne (dont
le dernier a expiré le 02 Décembre 2011 avant d’être reconduit en juillet 2013) ont
autorisé la pêche au thon dans les eaux gabonaises à 24 bateaux senneurs, en
contrepartie de 864 000 euros destinés à 60% au financement de la politique de
pêche du Gabon. Selon cet accord, les 24 bateaux étrangers sont autorisés à pêcher
le thon dans les eaux gabonaises, traitent leurs captures à bord et ne les débarquent
donc pas sur place pour approvisionner la SIFRIGAB. L’alternative pour
l’approvisionnement d’une SIFRIGAB restructurée, outre d’autres industries qui
pourraient s’installer au Gabon, est de mettre en place des infrastructures de
débarquement, de traitement des produits débarqués et de fourniture de services, un

35
armement de pêche (pour la SIFRIGAB une flotte de thoniers canneurs permettrait
son approvisionnement en thon).
D’une manière plus générale, l’aménagement d’infrastructures de débarquement des
produits de pêche (hall de marché, chambres froides de stockage, aires aménagées
de transformation industrielles et artisanales …) avec tous les services requis par un
armement de pêche, s’avère essentiel pour la mise en place d’une industrie
domestique de transformation des produits de pêche.
Les coûts des facteurs au Gabon sont élevés par rapport à celui d'autres pays
d'Afrique (coût du travail et des services) et pèseront sur le prix de revient. Les
opérations de manutention nécessaires à l'acheminement des produits de la pêche
du navire à l'usine, puis de l'usine aux points de vente renchériront également le coût
de la matière première rendue usine. Au total, les produits fabriqués par cette usine
risquent de ne pas être compétitifs
Les crevettes congelées constituent l'essentiel des exportations gabonaises à
destination des pays européens. Les exportations de céphalopodes ou de poissons
sont pratiquement inexistantes. Les produits exportés sont des produits bruts n'ayant
subi aucune transformation. Ils sont exportés, à partir des bases à terre des
armements nationaux, vers l’Espagne.

36
7 Cadre réglementaire de la pêche et du commerce des
produits de la mer
7.1 Cadre de gestion de la pêche en Gabon
Longtemps rattachée au Eaux et Forêts comme un Service des Pêches et des
Cultures Marines, la gestion des ressources halieutiques et de la pêche maritime
dépend aujourd’hui de la Direction Générale des Pêches et de l'Aquaculture (DGPA).
Cette structure a été établie en 1995 au sein du Ministère des Transports de la
Marine Marchande, de la Pêche, du Tourisme et des Parcs Nationaux, avant
d’opérer au sein du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et du
Développement Rural qui est chargé de la politique gouvernementale en matière des
pêches et de l’aquaculture. La législation concernant le mode actuel de gestion de la
ressource est basée sur la Loi N°015/2005 du 8 août 2005, adopté en 2006, portant
code des pêches et de l’aquaculture en République gabonaise. Cette Loi abroge la
loi 1/82 dite Loi d’orientation en matière de développement et de gestion des eaux et
forêts, adoptée quand la pêche était sous la responsabilité de la Direction Générale
des Eaux et Forêts. Le Code reflète les nombreuses conventions internationales que
le Gabon a ratifié en matière de protection des ressources et notamment la
Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) de 1982 et l’Accord
d’Application de cette Convention de la FAO de 1993
La DGPA comprend cinq directions: (i) la Direction des Pêches Industrielles (DPI), (ii)
la Direction de l’Aquaculture (DA), (iii) la Direction des Pêches Artisanales (DPA), (iv)
la Direction des Affaires Juridiques et de la Surveillance (DAJS) et (v) la Direction de
la Qualité et de l’Inspection Sanitaire (DQIS).
Avec environ 368 agents, dont 196 fonctionnaires et 172 agents d’appui temporaires,
la DGPA est faiblement représentée au niveau des services provinciaux et sur le
terrain, environ ¾ des effectifs sont concentrés au niveau central. Le nouveau plan
stratégique de développement du secteur des pêches et de l’aquaculture pour la
période 2011-2016 met l’accent sur le besoin de renforcer les capacités
managériales du secteur et évoque la réforme en cours de l’organigramme du
ministère de tutelle. Les services d’appui opérationnels comprennent essentiellement
le système de suivi statistique, le service de contrôle sanitaire agrée UE et un
système de surveillance des pêches par satellite des navires disposant d’une balise
Argos à bord ou VMS.
La réforme du cadre juridique et réglementaire en cours va permettre la révision de
l’organigramme du Ministère. Les aspects majeurs de cette révision seraient la
création d’entités dédiées à l’aquaculture et à la surveillance et la lutte contre la
pêche illégale. L’Agence nationale des Parcs nationaux, qui a des prérogatives
larges certes, est aujourd’hui seule à jouer un rôle effectif de surveillance des
territoires interdits à la pêche dans les parcs nationaux côtiers par exemple.

7.2 Politiques de pêche


L’activité halieutique a longtemps été considérée comme marginale et placée sous la
tutelle du Ministère des Eaux et Forêts. Le siège de la DGPA se trouve d’ailleurs
toujours dans le bâtiment du Ministère des Eaux et Forêts.

37
Le plan quinquennal (1975-1979) reconnaît le rôle de la pêche dans l’apport de
protéines animales et la fourniture de revenus mais l’étude qui doit permettre d’en
préciser les perspectives de développement n’a été réalisée qu’en 1987. Elle
débouche sur un schéma directeur auquel le gouvernement ne donne pas suite. Il
est réactualisé en 1994 dans le cadre du plan d’ajustement structurel qui se met
alors en place. L’accent est mis sur le développement de la pêche artisanale qui doit
participer aux objectifs d’autosuffisance alimentaire et de réduction de la dépendance
extérieure, à l’entreprise de diversification de l’économie, et à la réduction de la
pauvreté en fournissant des emplois et en atténuant les disparités sociales entre les
provinces du pays. La crise qui secoue l’économie gabonaise en 1998 et 1999, avec
l’effondrement des prix du pétrole et le contrecoup de la crise asiatique sur le marché
du bois, conduisent les opérateurs économiques et la communauté financière
internationale à dénoncer les insuffisances de la gestion budgétaire de l’Etat et à
demander une révision drastique de la politique suivie. Elle amène le gouvernement
à revoir la gestion des finances publiques et à faire preuve de plus d’orthodoxie
monétaire dans le cadre d’un programme de stabilisation appuyé par le FMI. Une
stratégie de sortie de crise est élaborée à partir d’une réflexion prospective intitulée
‘Gabon 2025’ et met l’accent sur la nécessité de passer d’une économie de rente, à
assujettie à l’Etat, à une économie plus libérale capable de mieux mettre en valeur le
potentiel productif du pays. C’est l’objet de la Loi de développement et
d’aménagement du Territoire (LDAT).
En 2004, le Gouvernement gabonais adopte une nouvelle lettre de politique
sectorielle dans laquelle il est fixé des objectifs prioritaires « promouvoir le secteur
des pêches afin qu’il contribue efficacement au développement économique et
social, ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté, tout en assurant la durabilité des
écosystèmes exploités par un appui à la mise en œuvre d’une bonne gouvernance».
Les objectifs spécifiques prioritaires définis en cette occasion visent à améliorer la
gestion des ressources, repositionner le Gabon au niveau régional et international et
appuyer l’industrialisation. Neuf axes sont définis dans cette lettre de politique
sectorielle :
 planifier la gestion durable des ressources halieutiques;
 améliorer le système de protection des ressources halieutiques ;
 satisfaire la demande du marché local par les productions nationales ;
 faire passer le Gabon de la situation d’importateur net à exportateur net des
produits de la pêche ;
 créer de la valeur ajoutée aux produits de la pêche par l’industrialisation de la
filière ;
 domicilier la rente halieutique ;
 Impliquer fortement les nationaux dans les activités des filières pêche et
aquaculture ;
 favoriser l’organisation des professionnels du secteur et assurer leur formation ;
 renforcer la coopération régionale et internationale en matière de pêche ;
 renforcer les capacités managériales du secteur par la redynamisation de la
formation et de la recherche/développement.

38
Pour induire une dynamique, les autorités gabonaises ont engagé des actions dans
deux directions: la Coopération internationale et le Programme Sectoriel Forêt,
Pêche et Environnement (PSFE). Dans la mise en œuvre de sa politique sectorielle,
le Gouvernement s’est appuyé sur deux phases : une phase des reformes et une
phase d’investissements.
Enfin, le plan projet de société développé avec l’avènement du nouveau Président
gabonais le PSGE définit la vision du pays pour l’horizon 2025. En ce qui concerne,
le secteur de la pêche, le PSGE ambitionne la maitrise de l’espace maritime
notamment à travers un inventaire des espèces halieutiques et de leur cartographie,
et la définition d’une politique ambitieuse de la mer. Il vise également le renforcement
de la sécurité globale (sécurité de navigation pour contrer le développement de la
piraterie, sécurité environnementale et prévention des risques associés à
l’exploitation pétrolière, gazière, voire minière, la protection des écosystèmes
humides en zones lagunaires et des aires marines protégées…) et de leurs
ressources (lutte contre la pêche illégale). La politique de la mer englobe également
la sécurité au sens géopolitique et géostratégique au regard de la place qu’occupera
de plus en plus le golfe de Guinée dans le monde. Le MAPDR a également élaboré
un plan stratégique pour le développement durable de la pêche et de l’aquaculture
qui définit les programmes prioritaires pour la période 2011-2016.
Tableau 7.1 : synthèse des instruments de politique de pêche au Gabon
Instruments
Statut Observations
de politique
- Reflète les nombreuses conventions
internationales CNUDM, Accord d’Application de
Loi N°015/2005 la FAO de 1993, etc.
portant code des Adoptée en août - Introduit les principes de développement
pêches et de 2005 durable, de gestion participative et de protection
l’aquaculture de ressources à travers la création d’aires marines
protégées, et la nécessité d’élaborer des plans
d’aménagement pour les différentes pêcheries
repos biologiques; réglementation des engins et
Textes Adoptés, d’autres techniques de pêche; suivi des navires de pêche
règlementaires en cours par satellite; mesures sanitaires. Réforme en
cours du code des pêches
Politique de Le Programme Gabon Bleu en cours d’élaboration
pêche : Adoptée va intégrer tous les aspects de la vision de gestion
Lettre de politique du secteur de la pêche dans un cadre global et
sectorielle de 2004 cohérent
Plan stratégique de
développement de Adoptée 2011-
la pêche et de 1016
l’aquaculture
Absence de plans Deux plans d’aménagement au niveau régional
Plans
d’aménagement sont développés : la sardinelle avec l’appui de la
d’aménagement
nationaux COREP et la crevette avec l’appui du COPACE
Instruments CNUDM, CBD, CCNUCC, RAMSAR, CITES, CCPR, AMEP,
internationaux Convention sur la conservation des espèces migratrices, etc.
protection de l’environnement. Le code vise la
Code de préservation et l’utilisation durable des ressources
Adopté en 1003
l’environnement naturelles et la lutte contre les pollutions et les
nuisances.

39
Toutes ces orientations relatives à la stratégie de gestion du secteur des pêches et
de l’aquaculture sont dorénavant définies dans le Programme Gabon Bleu. Ce
programme encore en gestation consisterait à un aménagement global de la zone
économique exclusive du Gabon concernée à la fois par l’exploration et
d’exploitation, de conservation et de gestion des ressources naturelles des fonds
marins, mais aussi la production d’énergie à partir de l’eau, des courants et des vents
marins. Il vise à mettre en cohérence l’exploitation de l’ensemble des activités
maritimes. Sa supervision est assurée directement par la Présidence de la
République et coordonnée par l’ANPN. Le Gabon Bleu s’appuie sur cinq leviers :
 la connaissance pour garantir la gestion durable
 la gouvernance pour assurer la maîtrise du secteur
 des infrastructures de débarquement et de transformation aux normes
internationales
 une grappe pêche et aquaculture dynamique et diversifiée.
 une formation aux métiers de la pêche et de l’aquaculture renforcée
La volonté de préserver les ressources halieutiques a été confirmée au mois de
janvier dernier par un fait inédit face au problème de pêche illégale sur les côtes
gabonaises. Les autorités ont procédé la suspension temporaire de la délivrance des
licences et des autorisations de pêche.
L’industrialisation de la pêche gabonaise est considérée comme une priorité pour
répondre à la nécessité de diversification de l’économie gabonaise. La mise à niveau
et la restructuration de l’unique unité industrielle du pays, la SIFRIGAB, figure
comme une priorité et a fait l’objet récemment d’un PPP entre l’Etat Gabonais avec
une société Mauricienne. Ainsi, la mise à niveau de cette industrie devrait permettre
la fois de répondre à l’augmentation de la valeur ajoutée et éviter l’export des
produits à l’état brut, de même qu’elle devra permettre de répondre à une demande
de plus en plus élevée de poissons transformés.

7.3 Législation gabonaise


La gestion et l’exploitation des ressources halieutiques sont réglementées par la loi
n°15/2005 portant code des pêches et de l’aquaculture adoptée en 2005. Cette loi
introduit des dispositions importantes en matière de gestion des pêches à savoir les
principes de développement durable, de gestion participative et de protection de
ressources à travers la création d’aires marines protégées, et la nécessité d’élaborer
des plans d’aménagement pour les différentes pêcheries. En application de ces
dispositions en matière d’aménagement, des textes réglementaires ont été pris: les
repos biologiques; la réglementation des engins et techniques de pêche; le suivi des
navires de pêche par satellite; les mesures sanitaires applicables aux produits de la
pêche.
Il existe aussi un arrêté portant interdiction de la pêche à l’ethmalose dans les
lagunes et estuaires du 1er septembre au 31 octobre de chaque année, un arrêté
portant interdiction de pêcher la crevette du 1er janvier au 30 avril de chaque année,
enfin un arrêté interdisant l’utilisation de certains engins de pêche notamment le filet
monofilament. Depuis 2005, le Gabon s’est doté d’un système de surveillance par
satellite grâce au programme de type Argos et au moyen de balises placées à bord
des navires de pêche.

40
L’application des règlementations pour le secteur de la pêche au Gabon semble être
difficile. Les navires industriels peuvent ainsi pêcher jusqu’à 3 miles des côtes, il y a
encore quelques mois et les pavillons étrangers jusqu’à 6 miles. Ces derniers
n’hésitent pas à faire des incursions dans les zones réservées aux navires gabonais,
lesquels viennent, eux, ratisser les estuaires. Les pêcheurs artisans s’introduisent
dans des mangroves qui constituent les nurseries des côtes gabonaises ; un cycle
menaçant directement la durabilité des ressources.
La réforme en cours du cadre juridique du secteur de la pêche gabonais porte sur
l’actualisation du code de la pêche et notamment de ses textes d’application.
Spécifiquement, cette réforme s’articule autour de la mise en place d’un cadre
réglementaire sur les conditions de mise en œuvre de la gestion durable de la
ressource, ainsi que l’optimisation des recettes de l’Etat. Elle met également un
accent particulier sur le renforcement de la surveillance maritime et la lutte contre la
pêche illégale. De même qu’elle renforce la préservation et les ressources et leur
aménagement dans les aires protégées marines. Autre élément de cette réforme
consiste à encourager le développement d’une industrie nationale de pêche
gabonaise, à travers la mise en place d’infrastructures pour permettre le
débarquement, la transformation et la fourniture de services à l’armement.
Le Gabon entreprend aussi la révision des conventions en cours et le renforcement
des partenariats, notamment avec les pays ayant déjà marqué une avance
significative dans le domaine de la pêche comme le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la
France, le Japon et l’Espagne.

7.4 Organismes impliqués


En dehors du Ministère qui en a la charge, plusieurs ministères sont appelés à
intervenir dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture comme le Ministère des
Eaux et Forêts de l’Environnement, le Ministère de la Planification et de la
Programmation du Développement, le ministère de l’Economie, des Finances, du
Budget et de la Privatisation, le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation et le
Ministère du Commerce et du Développement industriel.

7.5 Cadre de gestion régional


Le cadre de gestion régional sur lequel s’appuie le Gabon reste celui de la COREP
qui développe des plans d’aménagement pour les espèces transfrontalières comme
la sardinelle et la crevette. Le plan de gestion de la sardinelle a été développé par la
COREP avec l’appui du NEPAD. Le Cadre de gestion international est celui de
l’ICCAT pour la gestion et le suivi des thonidés.

7.6 Principaux accords internationaux


Les accords passés par le Gabon avec ses différents partenaires sont orientés pour
l’essentiel vers la capture, l’évaluation des stocks et l’appui structurel au
développement de la pêche.
7.6.1 Coopération avec les pays d’Europe
Le Gabon a une coopération ancienne et plurielle dans le domaine de la pêche avec
principalement l’Europe Occidentale. Cette coopération s’articule autour de trois
domaines majeurs : le renforcement des capacités, l’évaluation des stocks et la
valorisation des ressources. Or à ce jour, le Gabon n’est pas encore parvenu à se
doter des instruments techniques nécessaires à une évaluation de son potentiel

41
biologique, encore moins d’une expertise conséquente; d’où le recours à l’assistance
européenne pour des missions d’évaluation confiées à la Norvège, à travers le navire
océanographique « Dr. Fridtjof Nansen ».
La coopération française intervient également dans le cadre de l’appui à l’industrie
de la pêche. Elle a financé par le projet Appui institutionnel au secteur des pêches et
de l’aquaculture à hauteur de 300 millions de F CFA. Le financement était réparti
entre les trois composantes : (i) Appui à la modernisation de la pêche artisanale ; (ii)
Appui au Service de la Qualité et de l’Inspection Sanitaire (SQIS) et (iii) Actions
sectorielles. L’Espagne a mobilisé une somme d’un montant total de 379 millions de
F cfa pour le financement de la réhabilitation des structures de la station piscicole de
la Peyrie et de la construction d’un centre de formation.
La concession de pêche à l’UE se fonde sur le fait que les pêcheurs nationaux ne
disposent d’aucune capacité de capture des stocks thoniers de sa ZEE. Par ailleurs,
les céphalopodes ne font pas l’objet d’une pêche spécifique, si ce n’est comme
prises accessoires au même titre que les crevettes profondes, qui restent également
inaccessibles aux pêcheurs locaux.
7.6.2 Coopération avec les pays asiatiques
Les pays asiatiques interviennent également dans la coopération halieutique
internationale au Gabon. Depuis plus de vingt ans, principalement le Japon et la
Chine font une percée remarquable dans l’accès aux ressources. La Chine s’inscrit
dans un cadre global de renforcement du cadre institutionnel, y compris à l’extérieur
du secteur maritime, celui du Japon supporte davantage des actions d’appui au
développement de la pêche artisanale et d’aquaculture continentale.
Ainsi, les constructions par la Chine du Palais de l’Assemblée nationale, fonctionnel
depuis 2003, et celui du Sénat, ont permis à ce pays d’obtenir des concessions de
pêche, qui se traduisent par la création d’entreprises de pêche montées seules ou en
joint-venture avec des opérateurs gabonais. Avec le Japon, le Gabon est lié par deux
accords. Le premier, qui date d’avril 2002, est un contrat noué entre le
Gouvernement Gabonais et la Fédération Japonaise des Associations des
Coopératives de pêche au thon sur la base d’une flottille de 30 palangriers. Le
deuxième, signé en juillet 2002, lie le Ministère gabonais en charge de la pêche à
l’OFCF en vue de la «réhabilitation des installations pour le développement de la
pêche maritime».
Cet accord a donné lieu à la construction de centres communautaires de pêche à
Owendo, Port-Gentil et Lambaréné, en attendant que soient réalisés ceux de
Cocobeach, Mayumba et Omboué. L’accord avec l’OFCF a permis également la
mise à disposition d’un expert et l’appui au développement d’une station
expérimentale d’élevage de clarias en 2011. La JICA soutient également la DGPA à
travers la mise à disposition, depuis plus de dix ans, d’experts japonais intervenant
comme conseillers.
Cette coopération à travers l’assistance technique d’experts semble être remise en
cause due notamment aux résultats jugés peu satisfaisants. Par ailleurs, il est à noter
la révision récemment du soutien du Gabon au principe de l’utilisation durable des
ressources marines y compris des cétacés ; et qui consistait à appuyer la position du
Japon au niveau de la CBI pour permettre à ce pays de continuer ses programmes
de recherche et de pêche de la baleine. Ce changement de position semble plus être

42
en cohérence avec la politique de gestion et de conversation des ressources marines
prônée par les autorités.
7.6.3 Coopération Sud/Sud
Dans le cadre de la coopération sud/sud, le Gabon a signé des accords de
coopération avec le Sénégal, Sao Tomé & Principe, la Côte-d’Ivoire et le Maroc dont
l’essentiel des ententes porte sur un échange d’expériences en matière de
renforcement des capacités humaines et de valorisation des produits. De l’ensemble
de ces accords, le plus significatif reste de loin celui entre le Gabon et le Maroc pour
l’exploitation des ressources halieutiques, un domaine dans lequel le Maroc occupe
un rang important en Afrique et jouit d’une expérience et d’une expertise largement
supérieures à celles du Gabon.
L’accord conclu entre les deux pays concerne de multiples aspects : assistance
technique, notamment pour la gestion de l’usine de traitement du poisson ; formation
professionnelle des cadres de l’administration et même des pêcheurs ; appui
technique pour la recherche et l’évaluation des ressources, etc. Il est aussi question
d’une mise aux normes de l’ensemble de la filière pêche, car le Gabon ambitionne de
faire de l’activité halieutique un secteur d’exportation. La forte collaboration entre les
deux pays a conduit à la signature en 2013 d’un contrat avec un groupe marocain
pour appuyer la DGPA à élaborer sa nouvelle stratégie pour le secteur halieutique à
l’image de celle du Plan Halieutis du Maroc.
7.6.4 Coopération multilatérale et régionale
Le Gabon entretient et développe des relations très étroites avec la FAO et qui se
concrétise par de nombreuses actions et programmes. De même qu’il coopère avec
le COPACE, le Comité des Pêches Continentales pour l’Afrique (CPCA), la
COMHFAT, la CEBVIRHA, Infopêche, l’ICCAT et la CBI.
Tableau 7.2 : participation du Gabon dans les organisations régionales et
internationales

Convention Statut Observations


CPCAA x
CITES x
ICCAT x Membre depuis 1977
COPACE x
CBI x
COREP x Membre fondateur
CEBEVIRHA x Membre fondateur
COMHAFAT x
INFOPECHE x

Le COPACE a appuyé le Gabon à travers une assistance technique dans le cadre de


la révision de ses textes réglementaires. L’appui du COPACE concerne également
l’aménagement des pêcheries et une antenne de cet organisme pour la zone Sud de
l’Atlantique Est a été installée à Libreville.

43
L’UE et le Gabon entretiennent une coopération étroite dans le domaine de la pêche.
Elle finance actuellement un grand programme régional visant à améliorer la gestion
de la pêche dans les pays ACP. Ce programme dénommé ACP Fish II est exécuté
par la COREP. Il profite notamment au Gabon et a l’avantage de répondre à des
demandes spécifiques des pays bénéficiaires.
La coopération la plus étroite reste celle qu’entretient le Gabon avec la COREP. Le
Gabon abrite le siège de cette organisation intergouvernementale qui regroupe sept
pays : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RDC et Sao Tomé. A l’instar
des autres organisations de coopération dans le domaine de la pêche, la COREP a
pour objectif d’aboutir à une harmonisation des législations nationales et la nécessité
de mettre en place un système de contrôle et de surveillance des zones de pêche, et
aussi en matière de gestion durable des ressources. Cette organisation apporte un
appui direct à ses Etats membres en l’occurrence au Gabon pour notamment
développer des plans de gestion de la sardinelle, de plan de lutte contre la pêche
illicite, réalisation de programmes de formation ou encore de projets sur
l’aquaculture.
L’intérêt de la COREP réside également dans son ancrage en tant qu’organisme
spécialisé de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) qui
dispose d’un Conseil des chefs d’Etat.
7.6.5 Coopération avec la Banque Africaine de Développement (BAD)
Le Projet d’appui au Secteur des Pêches Artisanales et de l’Aquaculture (PSPA),
d’un montant de 12 milliards 835 millions de FCFA. arrivé à terme, clôt bientôt ses
activités. La BAD qui a financé ce projet à plus de 11 milliards de F CFA, la
contribution de l’Etat gabonais s’élève à 1 milliard 447 millions de FCFA et celle des
bénéficiaires à 32 millions 560 mille F CFA. Les activités du projet sont regroupées
dans les trois principales composantes suivantes :
 renforcement institutionnel (infrastructures, équipements, formation, études et
assistance technique) ;
 développement de la pêche artisanale et la promotion de l’aquaculture
(infrastructures, encadrement des groupements, études et assistance technique) ;
 gestion du projet.
7.6.6 Limites d’efficacité des programmes de coopération
En dépit de l’importance de ses programmes de coopération, le Gabon peine encore
à développer son secteur des pêches. Par ailleurs, les capacités de surveillance et
de contrôle ne permettent pas de s’assurer que le volume des captures prélevées
par les pays tiers correspond bien à celui accordé s’il ne dispose pas de moyens
matériels et humains suffisants lui permettant de suivre le déroulement des activités
développées dans ses eaux.
Les accords passés avec l’UE prévoient l’embarquement d’observateurs à bord des
navires de pêche, sur simple demande des autorités gabonaises, sachant que les
observateurs sont appelés à remplir des tâches importantes qui portent sur
l’observation et le contrôle des activités des navires de pêche, l’échantillonnage
biologique, le relevé des engins de pêche utilisés et la vérification des données de
captures relatives à la zone gabonaise telle qu’indiquées dans le journal de bord.
C’est pourquoi, le fait de ne pas en disposer prive le Gabon d’un outil supplémentaire
de suivi et de contrôle des activités de pêche se déroulant dans sa ZEE.

44
En dehors des accords de coopération permettant l’évaluation des ressources et
l’appui à la pêche artisanale, la majorité des accords passés à ce jour sont des
accords dits « d’accès », qui appartiennent à la première génération, alors même que
l’UE a évolué vers les accords de « partenariat », ce qui, au regard de ce qui est
observé actuellement sur le terrain, n’est pas le cas au Gabon. En outre, il sera
toujours difficile pour le Gabon de tirer un maximum de profit tant qu’il ne disposera
pas des outils d’un véritable contrôle et d’une maîtrise de son domaine maritime. Le
Gabon devra encore, pour longtemps, compter sur la coopération internationale qui,
au-delà des opportunités financières qu’elle permet, doit être conçue davantage
comme un cadre de transfert de technologies, qui aiderait le pays à se doter des
instruments d’une appropriation de son espace maritime et des ressources qu’il
recèle.

7.7 Le plan d’action pour éradiquer la pêche INN


La DGPA établit un Plan annuel de surveillance. Celui de 2010 paraît
surdimensionné pour la taille du secteur pêche et des besoins en surveillance. Le
Plan proposé suppose un budget de 1,470 Milliard de CFA alors que les recettes
fiscales du secteur sont de 1,6 Milliard. Le nombre de navire de pêche, la superficie
du plateau apte au chalutage, le nombre de navire en activité, ne justifient pas cette
enveloppe qui est presque égale aux recettes de tout le secteur.
La stratégie privilégiée par les autorités d’affréter un navire de type palangrier ne
s’explique pas alors qu’il existe des dizaines de vedettes de toute taille. Un navire
«étranger » affrété n’aurait aucune légitimité pour appliquer les règlements surtout en
cas de résistance ou de poursuite. Cette stratégie apparaît non acceptable pour la
Marine Nationale /Gendarmerie qui disposent de tous les moyens nécessaires.

7.8 Réglementation sanitaire relative à l’exportation vers l’UE


La mise en place du Service de la Qualité et de l’Inspection Sanitaire en 1999, avec
l’appui de la Coopération Française, a permis au Gabon de mettre aux normes
sanitaires internationales les armements de pêche exportant vers l’UE. En 2001, le
Gabon a pu être inscrit sur la liste unique des pays autorisés à exporter leurs
produits de la pêche vers l’UE. C’est le seul pays de la sous-région à avoir cet
agrément. Cependant, le maintien de cet agrément passe par d’énormes efforts, une
mise à niveau régulière des inspecteurs de l’Autorité compétente gabonaise et des
armements de pêche industrielle. Ceci a été rendu possible jusqu’à présent par les
différentes formations et assistances techniques dont a bénéficié le Gabon, sur
financement du budget de l’Etat, du Programme SFP de l’UE et du PSPA.
Le Gabon est sur la liste 1 des pays à partir desquels les importations de produits de
la pêche à des fins de consommation humaine sont autorisés compte-tenu des
dispositions de la Directive 91/493/CEE. Le Gabon a rejoint cette liste en 2002 après
la publication de la Décision 2002/26/CE du 11 janvier 2002. La DGPA, à travers sa
direction de la Qualité et de l'Inspection Sanitaire (DQIS) est l'autorité compétente.
La DQIS est dirigé par un vétérinaire.
Depuis son inscription sur la liste 1, aucune alerte sanitaire rapide (Rapid Alert
System) n'a été déclenchée concernant des produits originaires du Gabon. Il existe
au Gabon 23 établissements agréés pour l'exportation, dont 20 navires crevettiers
congélateurs et 3 usines à terre. Ces usines sont des entrepôts frigorifiques ne
servant qu'à maintenir les produits congelés avant leur distribution. Cependant,
certaines filières ne répondent pas encore aux normes sanitaires internationales. Il

45
s’agit de la pêche industrielle pour le marché local, de la pêche artisanale et de la
transformation artisanale des produits de la pêche.
Par ailleurs, la SIFRIGAB, unique établissement gabonais pratiquant de la
transformation et exportant vers l'UE, présentait encore il y a deux ans des
déficiences graves en plus des problèmes financiers majeurs qui freinaient la mise
en œuvre de certaines recommandations. Ceci explique la restructuration et la mise
aux normes sanitaires engagées par les autorités avec leurs partenaires pour la
reprise de la SIFRIGAB.

7.9 Accords de pêche


7.9.1 Accord Gabon – UE
Le premier accord de pêche, de 1998 à 2005 a donné lieu à deux protocoles
d’accords. Le premier, pour une période de 3 ans (1998-2001), a autorisé l’accès
dans les eaux gabonaises à 42 thoniers senneurs et 33 palangriers et en
contrepartie, la Communauté Européenne paie un montant annuel de 675 000 Euros
dont 60% de ce montant, soit 442,125 millions de F cfa est destiné au financement
d’actions ciblées : le financement de programmes scientifiques et techniques, la
protection et la surveillance des zones de pêche, l’appui institutionnel à
l’administration chargée des pêches, des bourses d’études et des stages de
formation, la contribution aux organisations internationales de pêche, la participation
de délégués gabonais aux réunions internationales concernant la pêche.
Le deuxième protocole d’accord, pour une période de 4 ans (2001-2005) a autorisé
l'exercice de la pêche dans les eaux gabonaises à 38 thoniers senneurs,
26 palangriers et à des chalutiers pêchant les crustacés et les céphalopodes. En
contrepartie, la Communauté a versé au Gabon une compensation financière
annuelle et a participé, pour un montant de 883 750 euros par an soit 579,6 millions
de F cfa, au financement d’actions ciblées dont un programme de protection et de
surveillance des zones de pêches.
Le troisième accord de pêche qui vient s’est achevé en 2011 avait une durée de 6
ans (2005-2011). Il accordait des possibilités de pêche à 40 navires, dont 24 thoniers
senneurs congélateurs et 16 palangriers. En retour, l’UE verse une compensation
financière dont un montant spécifique de 145 000 euros par an soit 95,1 millions de F
cfa, affecté à l’appui et à la mise en œuvre d’initiatives prises dans le cadre de la
politique sectorielle des pêches gabonaises.
Après plus d’un an d’interruption, l'UE et le Gabon ont signé le 24 juillet 2013 un
nouveau protocole d’accord de pêche d’une durée de 3 ans. Il prévoit des possibilités
pour l'UE de pêcher le thon et d'autres espèces hautement migratoires pour 27
thoniers senneurs et 8 canneurs, basés sur un tonnage de référence de 20 000
tonnes.
En contrepartie, l'UE accorde au Gabon une rémunération annuelle de 1 350 000 €,
dont 450 000 € sont affectés pour soutenir la politique de la pêche du Gabon. La
conclusion de l’actuel accord a été obtenue après des plusieurs négociations ou la
partie européenne a introduit une clause sur le respect des droits de l’homme
rejetées dans un premier par la partie gabonaise. Cette dernière a de son côté
demandé l’augmentation des frais des armateurs européens.

46
L'appui sectoriel a été augmenté aussi de façon significative par rapport au protocole
précédent, dans le but notamment de soutenir le nouveau plan stratégique du Gabon
pour une améliorer la gouvernance des pêches, la protection des ressources et le
contrôle dans ses eaux dans le cadre du " Gabon Bleu". Ce protocole prévoit des
mesures pour renforcer la coopération entre les deux parties, en particulier dans la
lutte contre la pêche illégale. Il devra répondre ainsi aux préoccupations des
autorités gabonaises pour améliorer le contrôle des activités de pêche et la
déclaration des prises grâce à l'utilisation du système de communication électronique
(ERS - journaux de bord électroniques), en plus du système de surveillance des
navires par satellite.
7.9.2 Accord Gabon - Chine
Un protocole d’accord en matière de pêche a été signé le 12 mai 1986. Dans ce
protocole, il est fait mention de la création d’une société mixte de pêche appuyée par
un programme d’investissements en faveur du secteur dont notamment la
construction d’un port de pêche à Libreville.
En application de la mise en œuvre de ce protocole, un accord portant création de la
société mixte de pêche sino-gabonaise à responsabilité limitée dénommée Société
Sino-Gabonaise de Pêche (SIGAPECHE) dont le siège est à Libreville, a été signé le
25 mai 1988 à Libreville. Le capital est de 10 millions de FCFA et la durée de
coopération pour la société mixte a été fixée à 20 ans.

47
8 Principales contraintes et opportunités au
développement de la pêche

Le Document Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté


(DSCRP) reconnaît à la pêche une capacité de développement élevée lui permettant
de viser une contribution significative au nouveau schéma de développement. En
outre, les différents documents de stratégie sectorielle rappellent la détermination
des autorités à participer de manière significative le secteur de la pêche dans
l’économie avec comme objectif de rompre progressivement avec sa dépendance
des ressources pétrolières par la diversification économique.
Le secteur de la pêche offre pour le Gabon un potentiel important pour la substitution
à l’importation et la promotion des exportations de produits transformés. La pêche
industrielle offre également des possibilités d’emplois pour un potentiel halieutique
estimé à 300 000 tonnes par an.
Cependant, les contraintes importantes, auxquels est confronté le secteur de la
pêche ne lui permettent pas de répondre aux objectifs fixées par les politiques
sectorielles. Ces contraintes sont à la fois d’ordre institutionnel, économique,
techniques, sanitaires et environnementales,

8.1 Contraintes institutionnelles


Les contraintes intentionnelles du Gabon sont d’abord liées à la particularité de son
économie, sensible et fortement dépendante du pétrole qui représente 42 % du PIB
et près de 80 % des recettes d'exportation. En parallèle, l'endettement extérieur reste
important alors que le besoin de financement est élevé. Le pays dépend fortement
des importations pour son approvisionnement alimentaire, du fait d'un potentiel
agricole insuffisamment exploité et d’un secteur des pêches faiblement enraciné et
peu performant (contribution au PIB inférieur à 1,2%, emploie moins de ).
Spécifiquement, les contraintes sur le plan institutionnel du secteur de la pêche sont
liées: (i) aux difficultés financières des structures d’encadrement et l’insuffisance des
moyens matériels et humains; ce qui justifie la révision de l’organigramme de la
DGPA ainsi que la réforme en cours du code de pêche, (ii) à la faible participation
des communautés de pêcheurs dans la gestion et le contrôle de l’exploitation des
ressources; et (iii) à une fiscalité peu incitative pour un secteur privé compétitif.
La DGPA est pourtant dotée d’importantes prérogatives et a une autonomie
financière. Cependant, et comme cité précédemment, le manque de moyens
humains qualifiés limite considérablement les possibilités de réalisation des objectifs.
La structure est encore logée dans le bâtiment du ministère des Eaux et Forêts se
situant ainsi éloignée du centre de décision qui se trouve au Ministère de
l’Agriculture, de la pêche et du développement rural. La DGPA semble également
plus gérer des conflits et contraintes du secteur que s’inscrire sur une stratégie de
développement et d’aménagement des ressources. En outre, la stratégie pour le
secteur de la pêche en cours d’élaboration par un cabinet étranger ne semble pas
tout à fait assimilable par la DGPA qui manque de moyens pour la mettre en œuvre.
L’aquaculture échappe à cette situation dans la mesure ou le développement de ce
secteur reste un objectif permanent. Cependant, le développement de l’aquaculture
n’a pas encore atteint les objectifs fixés en termes de création de fermes aquacoles

48
ou de production dont les limites se situent au niveau de l’accès à l’aliment des
alevins, le faible niveau de technicité et de gestion.
La contrainte majeure d’ordre institutionnelle demeure la faiblesse du système
d’information et l’insuffisance des connaissances sur l’état de la ressource, aussi
bien au niveau des stocks que de l’effort de pêche. Les connaissances des filières et
de leurs performances n’échappent à ce constat et doivent faire l’objet d’études
approfondies pour définir les mesures appropriées.

8.2 Les contraintes au niveau des infrastructures


Les infrastructures au Gabon sont en général dans un piètre état. Les installations
portuaires et infrastructures dans le domaine de la pêche sont insuffisantes. Cette
situation peut s’expliquer par une tradition halieutique industrielle assez faible et une
compétence nationale en matière de pêche et de gestion des armements
apparemment assez limitée. Par ailleurs, l’industrie des pêches reste peu intégrée et
une grande partie de la flotte industrielle notamment étrangère ne débarque pas au
Gabon.
Actuellement, les seules installations utilisées pour le débarquement des captures de
navires industriels se font au niveau du port mole sur un quai réservé en principe au
commerce. Il n’y a pas de port de pêche. Les installations à terre existantes (quai,
chambre froide) ne sont pas à la hauteur des ambitions et des potentiels halieutiques
du pays; Ces contraintes se traduisent par un enclavement des zones de production
et un manque d’installations et équipements appropriés au niveau des débarcadères,
ce qui accroît les pertes post-captures et favorise des opérations off-shore de
bateaux industriels.

8.3 Les contraintes environnementale


Les contraintes à ce niveau concernent le niveau croissant des pollutions dues aux
hydrocarbures et surtout celle d’origine urbaine près des côtes ainsi que la surpêche
dans certaines zones ou pour certaines espèces notamment les démersaux (Cf.
Tableau sur l’état des ressources de la ZEE gabonaise). Par ailleurs, l’étroitesse du
plateau continental (<40 milles) limitent l’habitat disponible pour les ressources
démersales de grande valeur commerciale. En outre, avec les capacités, les
technologies et les puissances disponibles, il est difficile pour la flotte locale
d’accéder aux ressources des fonds rocheux du plateau profond et de la pente au
Sud du Cap Lopez
Actuellement, il n'y a pas de suivi de l’impact des plateformes pétrolières et des
impacts de surpêche ou de pillage des ressources sur l'environnement, ni de
dispositions réglementaires visant à augmenter la sélectivité des chaluts. Par ailleurs,
le faible niveau du respect de la réglementation entraîne des conflits avec le secteur
artisan avec des impacts néfastes sur les habitats de poissons. Certains pêcheurs
artisans opèrent même dans des mangroves ou se reproduisent les poissons.
La nouvelle politique environnementale, dans une perspective post-pétrole, définie
dans le PSGE imposant à la pêche des contraintes non négligeables (engins et zone
de pêche, AMP, etc.), est perçue par plusieurs acteurs comme étant fortement
conservatrice et contraignante. D’une manière objective, la politique
environnementale ne serait contraignante pour les acteurs opérant au Gabon qu’en
l’absence d’une approche régionale harmonisée qui sera adoptée et respectée aussi
dans les pays de la sous-région.

49
8.4 Contraintes sanitaires
Le Gabon est sur la liste 1 des pays à partir desquels les importations de produits de
la pêche à des fins de consommation humaine sont autorisés compte-tenu des
dispositions de la Directive 91/493/CEE. Cependant, l’émergence de contraintes
environnementales (éco-certification, traçabilité) et sanitaires (normes HACCP)
pourraient fortement limiter les exportations et donc la valeur marchande des
ressources dans un contexte de plus en plus concurrentiel. La SIFRIGAB construite
selon des normes d’hygiène et de qualité comparables à celles qui existent en
Europe devrait logiquement retrouver la qualité requise avec son reprise. Au niveau
artisanal, la transformation se fait dans des conditions ou les normes de qualité et
d’hygiène ne sont pas définies. D’une manière générale, l’insuffisance d’eau
courante et de qualité à tous les niveaux de l’économie gabonaise pourrait aussi
altérer la qualité du poisson.

8.5 Contraintes de suivi


Au niveau du système de surveillance et contrôle des pêches, les moyens dont
dispose le Gabon sont inadaptés et insuffisants face au risque de pillage des
ressources et de pêche illicite par des acteurs nationaux et étrangers. Le système
Argos utilisé n’est pas opérationnel faute de paiement d’abonnement. La surveillance
est sous équipée en moyens et en budget, l’acquisition de vedettes de contrôle est
en cours et les données sur les incursions de navires industriels ou de pêche illicite
sont souvent fournies par le WCS à l’occasion de missions de survols qui concerne
autre que la pêche, jouant ainsi le rôle de surveillance de pêche.
La contrainte se situe également au niveau de la coordination entre les différents
acteurs de la surveillance du territoire maritime (marine marchande, marine
nationale, DGPA). Cette coordination peut être améliorée à l’image de que l’on peut
observer dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Le cas de la Sierra Leone, pays
fortement confronté à une pêche illicite intense, est intéressant à examiner. Ainsi, les
autorités sierra léonaises ont mis en place une entité dédiée au contrôle et
surveillance maritime. Cette structure dénommée Comité Mixte Maritime dispose
d’un siège et de moyens humains et techniques pour mener des opérations de
surveillance de l’espace maritime. Elle est composée de toutes les structures
concernées civile et militaire et placée sous la coordination du Ministère de la pêche
et des ressources marines.
Actuellement, les conséquences de cette faiblesse de suivi et de surveillance des
opérations de pêche, se font sentir sur la qualité des statistiques; sur la confiance
exprimée par les acteurs vis-à-vis de la capacité de l’État à faire respecter les règles;
et finalement sur les performances de la gestion.

8.6 Contraintes liées au climat des affaires


Globalement, le Gabon reste un pays ou l’environnement économique et celui des
affaires en particulier est confronté à diverses contraintes notamment en raison d’une
fiscalité élevée, des services et facilités de faible qualité et des coûts de production
élevés, que dans la plupart des pays d'Afrique, à l’image du coût de la main d’œuvre
et de l’énergie (carburant, électricité, etc.). Les opportunités d'attraction en matière
de pêche des investissements étrangers sont ainsi faibles, en partie à cause de la
faiblesse des facilités portuaires et d’une fiscalité pénalisante. La fiscalité locale pour
le pavillon gabonais est élevée en comparaison de ce qui se passe au Cameroun par
exemple.

50
En effet, pour un investisseur local de pêche industriel, la fiscalité peut constituer un
frein si l’on considère la taxation des navires de pêche et des pièces intrants qui sont
toutes importées. Les taxes appliquées comprennent le tarif douanier commun de la
CEMAC dont les taux varient selon le produit (5% à 30% ou exonération) et la TVA
gabonaise dont le taux est de 18%. A titre d’exemple de taux de droits de douane: le
matériel de pêche est taxé à 10%, les moteurs hors-bords à 20%, les peintures de
coque à 30%. Cumulées, ces taxations conduisent à une imposition allant de 23% à
48% de la valeur CAF du produit acheté. Cette fiscalité excessive singularise le
Gabon au sein des pays en voie de développement possédant un fort potentiel
halieutique. Des pays de la région en l’occurrence la Guinée Equatoriale et l’Angola
tentent de mettre en place un régime attractif des investissements basés notamment
sur une fiscalité et des taux d’intérêt bancaires moins élevés (le taux d’intérêt
bancaire pour les opérateurs avoisine 18%). Par ailleurs, le pouvoir d’achat des
consommateurs locaux ne permet pas de répercuter sur les prix les surcoûts
rencontrés.
L’industrie des pêches est confrontée à la faiblesse des infrastructures et facilités
portuaires (Cf. point 8.2). Le faible niveau de repli de la flotte industrielle dont une
grande partie opère sous pavillons de complaisance et régime de licences libres
pourrait ne pas encourager les autorités à investir dans les équipements et
infrastructures.
Les possibilités d’investissement dans les industries de pêche sont relativement
étroites et ne permettent pas une diversification importante dans différentes filières.
La baisse des prix de la crevette sur les marchés de l’export et la forte disponibilité
actuelle de cette ressource dans des pays voisins comme le Cameroun ne peuvent
orienter l’investissement que sur les filières de thon et de certains poissons
démersaux notamment la Sole et le Bars.

51
Tableau 8.1 : analyse des forces et faiblesses du secteur des pêches du Gabon
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces

Le cadre institutionnel du secteur des pêches


Le Gabon dispose de richesses L'économie reste fortement Mouvement international Sensibilité vis à vis du cours
importantes en ressources dépendante du pétrole (qui d'annulation, au moins partielle, mondial des matières premières
Contexte minières (2ème producteur représente 42 % du PIB et 80 % de la dette des pays en voie de (pétrole et manganèse
macroéconomique mondial de manganèse) et de des recettes d'exportation) et de développement réservée en notamment).
pétrole (5eme producteur en l'évolution des cours du marché principe aux pays
Afrique saharienne), ainsi que international. pauvres très endettés (PPTE) Forte dégradation
d'une importante industrie de
bois. L'endettement extérieur est Les stratégies sectorielles ont été
important et le besoin de développées et un plan sociétal
Important chantier de financement est élevé. (PSGE) a été validé et en cours
diversification de l’économie est de mise en œuvre.
en cours vers une industrialisation
et des productions à plus forte Le secteur productif est Ferme volonté politique de
valeur ajoutée. globalement peu compétitif en renforcer la gouvernance et de
raison de sa faible compétitivité et réduire les inégalités.
son peu d’intégration à l’échelle
La stabilité des institutions régionale.
politiques attire est un gage pour
rassurer les investissements Le pays dépend de l'extérieur
étrangers pour son approvisionnement
alimentaire du fait d'un potentiel
Rationalisation de la gestion des agricole insuffisamment exploité.
finances publiques sous la
pression des institutions Les pays est classé 106 sur 177
internationales au rang des pays pauvres selon
l’IDH, et ce malgré un PIB par
habitant d’environ 5 990 $US.

52
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
Un programme Gabon Bleu qui Décalage important entre les Le Programme bénéficie politique Investissements non réalisés et
met en cohérence la gestion de périodes d’élaboration des plans des plus hautes autorités. Soutien moyens limités
l’ensemble des activités sectorielles. des partenaires à la mise en
économiques dans la ZEE œuvre en l’occurrence de l’UE
Instruments de gabonaise. Manque de capacités et de dans le cadre de son accord de
politique moyens des institutions pour pêche.
Un plan stratégique pour le assimiler la stratégie et assurer la
développement du secteur de la mise en œuvre.
pêche et de l’aquaculture pour la
période 2011-2016
Un code des pêches promulgué Des textes d’application doivent Le Code reflète les nombreuses Faible application
en 2005 encore être promulgués conventions internationales que le Difficultés financières des
Gabon a ratifié en matière de structures d’encadrement et
Une réforme en cours protection des ressources et l’insuffisance des moyens
notamment la CNUDM de 1982 et matériels et humains
Cadre législatif
l’Accord d’Application de cette
et réglementaire
Convention de la FAO de 1993. Faible consultation
relatif à la pêche
Des mesures de gestion

renforcement de la surveillance
maritime et la lutte contre la
pêche illégale
Mise en place récente d'un Suivi essentiellement déclaratif Acquisition de vedette de Pêche INN se développe
système de suivi statistique des surveillance fortement notamment dans les
pêcheries Pas de suivi des prises pays voisins qui risque d'attirer
accessoires des crevettiers par La convention sur les mesures de des pavillons non-contrôlés
Obligation de licence de pêche exemple l’Etat du port qui définissent dans la ZEE du Gabon
obligations des Etats du pavillon
Suivi des Les activités de la pêche en termes de suivi et de contrôle Absence d’harmonisation des
pêcheries industrielle étrangère qui ne est entrée en vigueur moyens de suivi et de contrôle
débarque pas encore les captures
au Gabon Déclaration de Libreville de la Faible coopération sous régionale
COREP de 2004 confirmant la
volonté politique d’une
coordination sous régionale de
lutte contre la pêche INN.

53
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
Déploiement d'un réseau de Reprise des activités du Centre
Manque de moyens de
Contrôle et surveillance sur le terrain de Surveillance Pêche (CSP) par
fonctionnement
surveillance Conclusions d'accords avec les satellite
des Pêches forces armées du pays pour
faible suivi des opérations de
coopérer Appui de la communauté
surveillance
internationale. Programme
Introduction du VMS régionaux
Faiblesse en termes d’application Développement de capacités
Gestion des Code des pêches Manque de volonté politique
L'appui scientifique à la gestion nationales et à l’échelle de la
pêches Institutions stables Manque de moyens
des pêcheries est inexistant. sous-région (COREP).
Le Gabon entend être à la pointe
de la gestion de l'environnement
Institution structurée et équipée : Pollutions accidentelles des Faible participation des pays
en Afrique et a enregistré de
Environnement ANPN plateformes voisins aux efforts de protection
nombreuses avancées en termes
Axe du PSGE pétrolières, et de la pêche. de l’environnement
de parcs nationaux, dont certains
ont une emprise maritime
Peu pléthorique
Fiable rayon d’action pour pouvoir Risques de conflits entre
Pêche Procure l'essentiel de Peut supporter des mesures de
accéder à certaines pêcheurs locaux et pêcheurs
artisanale l'approvisionnement gestion
ressources/zones de pêche immigrés.
du marché domestique
Peu performante
Couts de production élevés pour
les nationaux (fuel, engins, Possibilité de reconversion
Surfaces d'eaux continentales Pollutions
Pêche crédits) Ressources disponibles
pouvant abriter un développement Fiscalité encore contraignante
industrielle Peu de capacités notamment démersales et
de la pisciculture
entrepreneuriales d’investisseurs thonières
gabonais
.
Localisation de l'usine loin du port
Compétitivités d’unités dans la
Reprise des activités Problème d’approvisionnement. Volonté politique et soutien des
Transformation sous-région
prochainement de la SIFRIGAB Actuellement, as d’apport de autorités
industrielle des Baisse de la production et donc
dans le cadre du PPP matière première Investissements étrangers
produits de l’approvisionnement en
Coût élevé des facteurs de Ressources disponibles
matière première.
production

54
9 Conclusions et recommendations
9.1 Conclusions
Le Gabon se présente dans le domaine de la pêche avec des spécificités classiques
d’un pays en développement si l’on se réfère à ses capacités institutionnelles en
matière de recherche, de suivi, de contrôle et de gestion. Cependant, il présente des
particularités exceptionnelles qui le différencient des autres pays en développement
ou le secteur de la pêche artisanale est pléthorique avec des ressources fortement
surexploitées comme ce que l’on peut trouver au Sénégal, en Mauritanie ou encore
au Ghana.
Par ailleurs, le pays présente des aspects singuliers dus à sa richesse pétrolière, à
sa faible démographie, et à sa tradition forestière. Son secteur de la pêche national
reste peu développé et peu « enraciné » du fait que la majorité des armateurs de la
pêche industrielle et des opérateurs de la pêche artisanale maritime est d’origine
étrangère (Ghana, Nigéria, Cameroun). A l’évidence, cette situation peut être
considérée comme une opportunité pour mener et prendre des décisions pouvant
être considères impopulaires étant donné qu’elles ne risquent pas trop de générer de
gros problèmes de politique intérieure. Les contraintes sociales qui, ailleurs, gênent
l’action de l’État sont ici relativement faibles. La pêche artisanale est active et
responsable d’une part majoritaire de la production du secteur mais elle ne semble
pas pléthorique et ne semble donc pas exiger de réductions importante ou nécessiter
la création d’emplois alternatifs. La pisciculture constitue un secteur prometteur en
raison de nombreux atouts naturels dont dispose le Gabon. Cependant, les résultats
encore très modestes (faible production, élevage concentrée sur une seule espèce ;
le tilapia) nécessite un appui institutionnel et un cadre d’investissement attractif.
Le Gabon reste un pays fortement importateur de ses produits de consommation ce
qui se répercute sur les coûts notamment des équipements et du matériel de pêche.
La baisse des prix des crevettes à l’export et sur le marché international en général
font de cette pêcherie moins attrayante pour les investisseurs et armateurs
étrangers. Le faible niveau du pouvoir d’achat des consommateurs nationaux qui ne
permet pas de répercuter sur les prix les surcoûts rencontrés, comme le fuel, et par
cons conséquent réduit les opportunités d’investissement national dans le segment
industriel.
La pêche industrielle reste confrontée à une tendance d’effondrement apparent en
raison d’une baisse constante de ses captures et de la réduction du nombre
d’armements et de navires de pêche. L’absence d’infrastructures telles que des ports
adéquats et de lourdeurs fiscales sont à l’origine des mauvaises performances de la
pêche industrielle et ont conduit certains armements à la faillite. Le paradoxe est que
le potentiel est important avec des ressources halieutiques variées et de hautes
valeurs commerciales alors que la production est peu performante avec des
capacités limitées. Les eaux gabonaises ont été encore dans un passé récent
fréquentées par des navires industriels opérant sous pavillons de complaisance et
régime de licences libres.
L’industrie de valorisation est très faible. Les autorités misent sur une seule unité,
certes de grande capacités et disposant d’infrastructure de transformation aux
normes, mais qui se trouve être en pleine restructuration après une période de
fermeture et due à des défaillances financières et techniques d’approvisionnement.

55
Actuellement, l’enjeu pour les autorités se situe à plusieurs niveaux. Le premier et
primordial vise à assurer une conservation et gestion optimale de ses ressources en
renforçant le système de contrôle et de surveillance. Le pays est confronté à un
pillage de ressources en raison de faibles capacités de surveillance. La politique en
matière de préservation et de protection des ressources biologiques ambitionne de
placer le pays en avant-garde en Afrique pour la protection de ses côtés et donc de
ses ressources halieutiques en assurant une zone majeure de reproduction (AMP,
parcs) d’une grande diversité de ressources (pélagiques, démersaux, baleines, …)
Le second enjeu concerne l’approvisionnement des marchés locaux et sous
régionaux en poisson et réduire ainsi le volume des importations. Le troisième est la
relance de son industrie de transformation et de valorisation des poissons. La
SIFIRGAB, unique usine de transformation de poisson, a été reprise par un groupe
Mauricien dans le cadre de PPP. Elle devra permettre d’approvisionner le marché
local et européen mais devra bénéficier de licences de pêche industrielle. Cette
situation laisse penser à une reprise de la pêcherie industrielle gabonaise. Les
conditions de réussite pour la relance devront néanmoins tenir compte des échecs
passés et surtout tenir compte du contexte économique et environnemental du
secteur de la pêche sur le plan régional et international.
Cependant, la collecte des bénéfices potentiels de la situation actuelle du secteur
des pêches de ce pays appelle à des efforts substantiels aux niveaux structurel et
institutionnel. Nous n’avons pas pu à ce stade analyser le programme du Gabon bleu
étant donné qu’il est en cours d’élaboration.

9.2 Recommandations
9.2.1 Recommandations nationales
Vraisemblablement, l’approche précautionneuse et la particularité du secteur
artisanal de la pêche au Gabon ont permis de préserver l’état des ressources
halieutiques notamment les espèces démersales. Pour accompagner la volonté de
modernisation du système de gestion des pêches et relancer l’industrie des pêches
qui se trouve être à l’arrêt, des recommandations sont présentées ci-dessous et
concernent globalement le renforcement du dispositif institutionnel et la
modernisation de l’appareil productif.
 Recherche : le MADRP doit en premier lieu établir et renforcer la recherche
halieutique. Actuellement, la recherche semble très limitée sur le plan des
capacités de suivi et des programmes opérationnels. Il n’existe pas de centre ou
laboratoire de recherche halieutique national et les structures régionales sont
également déficientes sur ce point. Le recours à des programmes extérieurs dans
le cadre de la FAO (COPACE, F. Nansen) ou des accords bilatéraux (recherche
espagnole) fournissent des informations utiles mais ne peuvent remplacer l’action
systématique d’une recherche nationale. Cependant, la COREP peut constituer
un cadre régional pour développer des programmes de recherches et de
formation des chercheurs de la sous-région. Le Gabon peut, sous l’égide de la
COREP, élaborer avec les pays voisins un programme d’identification des
besoins en matière de recherche. Cette démarche se justifie par la similitude des
capacités en matière de recherche au niveau de la zone caractérisée par
l’absence de centre de recherche hormis celui du Cameroun mais reste défaillant
en termes de programmes de recherche de gestion des pêches. Par la suite, un
système de collecte de données et de suivi de l’état des principaux stocks

56
notamment transfrontaliers doit être également développé. En parallèle, la
formation de ses cadres doit être renforcée à tous les niveaux de la recherche
halieutique.
 Infrastructure : cette composante est déterminante pour encourager
l’investissement national et étranger dans l’industrie de la pêche et surtout
encourager le repli de la flotte industrielle sur les ports de pêche du Gabon. Les
services portuaires doivent être améliorées et généralisées. Cet invertissent
d’ordre public représente la partie à remplir par l’Etat dans son effort de
modernisation de son économie.
 Industrie : Le secteur de la pêche industrielle au Gabon est investi par des
opérateurs étrangers principalement dans le cadre de société mixte ou d’accord
de pêche public ou privé. La pêche reste hors du contrôle et n’est liée avec les
autorités que par le versement de licences et par diverses prestations négociées.
Les équipages et des capitaux largement étrangers. L’industrie de pêche locale
est peu également confrontée à une en grande difficulté financière en raison de
faible performance et des filières peu rentables.
La filière des crevettes reste limitée et les cours à l’export sont actuellement bas
en raison de l’abondance de cette espèce sur les marchés. Au Cameroun, pays
voisin, les autorités peinent à attirer des investisseurs étrangers pour cette
pêcherie. Les armements gabonais qui exploitent cette ressources peinent à
couvrir les dépenses courantes et incapable de d’effectuer des dépenses
d'investissement substantielles. Les chalutiers restent faiblement équiper pour
exploiter des zones riches en poissons. Leur modernisation et mise à niveau est
obligatoire et nécessite un programme de modernisation qui comprend à la fois
l’amélioration des équipements et les installations de stockage à bord.
L’investissement dans la pêche industrielle reste confronté à plusieurs facteurs
limitant dont la fiscalité et les coûts de production. Il convient d’entreprendre une
révision de cette fiscalité avec une comparaison avec des pays voisins
notamment.
Les opportunités potentielles existantes d’investissement restent celles de
l’industrie thonière qui, actuellement et depuis toujours, est le fait de navires
européens dans le cadre de l’accord de pêche Gabon-UE. L’intérêt pour cette
pêcherie se justifie par l’importance des espèces thonières présentes dans la
ZEE gabonaise, l’état des stocks et la grande valeur commerciale. Dans un
premier temps, la DGPA doit établir une structure dédiée à la pêcherie thonière
pour suivre de près son évolution et les travaux de l’ICCAT qui décide des
quotas de pêche des espèces de thonidés. La participation du Gabon aux
travaux de cette organisation reste timide et peu étoffée en comparaison avec
d’autres délégations de pays ayant des intérêts dans cette pêcherie comme le
Sénégal, le Ghana, la Namibie et le Maroc. Elle doit désormais être mieux
préparée et composée de représentants de différentes directions notamment
celle de la pêche industrielle, de la pêche artisanale, du Bureau des statistiques
et des services de contrôle et de surveillance et évidemment de la recherche. La
DGPA peut établir un plan de développement pour cette pêcherie et demander
des quotas de pêche à la commission de l’ICCAT pour les navires locaux.
L’implication du secteur privé à ce processus est nécessaire et justifie à nouveau
l’émergence d’une fédération nationale de la pêche industrielle.

57
L’engagement du secteur privé reste le déterminant pour la réussite de
processus et il convient d’inviter certains opérateurs concernés aux travaux de
l’ICCAT et d’engager des concertations pour le développement d’une pêcherie
locale thonière. Le marché du thon en conserve reste prometteur notamment
dans les pays africains mais surtout européens puisque le Gaon ne paie aucun
droit de douane sur ses exportations vers l’UE, aussi longtemps que les navires
respectent les règles d’origine.
Par contre le désengagement de l’Etat est nécessaire de la gestion ou la
participation directe dans des entreprises de pêche. Le cas de la société de
conserverie du thon du Sénégal, la conserverie Société nouvelle des conserves
du Sénégal (SNCDS), est intéressant à examiner et semble à des détails près de
rapprocher de la SIFRIGAB. Détenue et gérée par l’Etat, cette société a été
confrontée à d’énormes difficultés financières et techniques avant d’être cédée à
un groupe coréen qui a négocié la reprise à condition que les autorités épongent
les dettes et arriérées. La SNCDS qui emploie près de 1 500 personnes est l’une
des plus grandes conserveries du Sénégal. Bien qu’elle ait une capacité de
25 000 tonnes de thon par an, elle n’a atteint que 30 % de cette capacité au
cours de ces dernières années. Le principal problème a pratiquement toujours
été un déficit d’approvisionnement en matière première ; le thon.
L’industrie de valorisation gabonaise en cours de restructuration est concentrée
sur une seule unité, la SIFIRGAB. Le PPP établi entre les investisseurs
mauriciens et l’Etat devrait permettre à ce complexe de redémarrer ses activités.
Il peut impulser une dynamique pour l’installation de d’autres unités de
transformation de taille plus modestes pour traiter le thon et les poissons
démersaux (Sole, Bars, Capitaine).
 Gouvernance : le partenariat entre l’Etat et le privé dans l’industrie de la pêche
gabonaise peut être envisagée à travers une définition du rôle et investissements
à réaliser pour chacun. L’Etat peut donc mieux orienter ses efforts sur le
renforcement des investissements en infrastructures portuaires, de capacités de
recherche, de gestion et de surveillance tout en mettant en place un système
fiscal incitatif et un cadre de gouvernance transparent.
 Développement de l’aquaculture : le développement de cette acticité nécessite
un accompagnement sur le plan institutionnel qui nécessitera une réforme de
l’organigramme actuel de la DGPA. Une structure dédiée à l’aquaculture
fonctionnant sous forme de guichet unique pourrait mieux contribuer à l’essor de
l’aquaculture et l’encadrement des opérateurs. La structure peut renseigner sur
les possibilités d’investissement dans le secteur aquacole, développer des plans
d’aménagement et informer sur les sites potentiels et le processus d’installation
de promoteurs. Orientée actuellement sur l’élevage en eau douce ou saumâtre,
cette initiative peut encourager les jeunes gabonais à investir qui dans des
systèmes intégrés associant d’autres types d’élevage (volaille, porcs et autres
bétails) à l’image de qui est largement pratiqué au Bénin et Nigéria. La formation
sera un élément déterminant et peut être appuyé par la COREP qui participe à la
promotion de l’aquaculture au niveau sous régional.
9.2.2 Recommandations régionales
Les principales recommandations à l’échelle régionale reposent sur la combinaison
des efforts à déployer au niveau de :

58
 la recherche ;
 la gestion en particulier des stocks transfrontaliers dont l’ethmalose, la crevette et
autres poissons démersaux partagés avec le Congo et l’Angola ;
 le commerce des produits de la pêche ; et
 la surveillance.
Les stratégies à développer doivent converger à une meilleure gestion commune des
ressources transfrontalières et un accroissement des échanges commerciaux. Les
efforts et initiatives de la COREP à ce niveau doivent être renforcées et consolidées.
Ainsi, les plans de d’aménagement de l’éthmalose et de la crevette doivent être mise
en œuvre et étendues à d’autres espèces transfrontalières. La COREP, s’appuyant
sur son mandat, peut initier une harmonisation des réglementations pour la gestion
de ces espèces afin de faciliter leur gestion sous régionale. La COREP étant le
principal acteur de la coordination régionale de coopération (FAO, UE, NEPAD, ect)
peut être également utilisé pour la mise en place d’un système d’information des
projets et programmes mis en place au niveau régional et qui peut servir aussi pour
les partenaires au développement.
Tenant compte de la mobilité des navires entre les ZEE des pays de la
région notamment le Congo, le Sao Tomé, l’Angola et la forte migration des pêcheurs
artisans, le développement d’un système de surveillance sous-régionale est le
meilleur moyen de réaliser des économies d'échelle. L'expérience réalisée par les
pays de la CSRP dans le cadre du Projet « PRAO » financé par la Banque mondiale
peut être étendue aux pays de la COREP. Par ailleurs, la mise en place d’un registre
commun des navires répertoriant les bateaux pratiquant la pêche INN permettrait de
suivre les mouvements de ces navires et d'éviter de leur octroyer des licences.
L’appui de la CEEAC dans le cadre de l’organisation des opérations de contrôle et
de surveillance dans les eaux de la sous-région doit être encouragé et soutenu
compte tenu des menaces de la pêche illicite.
Le commerce entre les pays de la CEMAC reste confronté à de nombreux
tracasserie douanières et taxes. L’harmonisation dans le cadre de la CEEAC doit
être également envisagée pour le développement du marché régional de l’ethmalose
et de la sardinelle.
Au regard des mandats des différentes organisations, des problèmes de
chevauchement de compétences peuvent réduire les synergies et engendrer une
pression sur les administrations des pêches pour contribuer, suivre et participer aux
activités de ces organisations. C’est le cas entre la CEEAC et CEMAC et également
entre leurs institutions spécialisées respectives : la COREP et la CEBEVIRHA. Au
niveau supérieur, les pays de la sous-région ont entrepris d’harmoniser les mandats
de la CEEAC et de la CEMAC et un comité de pilotage conjoint a été mis en place à
cet effet. D’autres synergies sont également à formaliser. C’est le cas entre la
COREP et la CICOS qui intervient maintenant sur les questions de pêche, entre la
CEBEVIRHA et la CICOS pour les questions liées au commerce du poisson le long
des chenaux de navigations fluviales, et entre la COREP et la COMHFAT qui est en
pleine restructuration.
9.2.3 Recommandations internationales
La volonté affichée du Gabon de prendre des mesures de conservation de son
patrimoine est en pleine cohérence avec sa politique actuelle notamment celle

59
définie dans le Gabon Bleu et d’une manière globale dans le PSGE. Toutefois, cette
position nécessite une ligne coordonnée et orientée aussi au niveau des instances
régionales et internationales.
L’industrialisation de la pêche axe majeur de la nouvelle politique de pêche doit être
également traitée sur un plan global. La mise à niveau doit concerner toute la filière
de pêche industrielle. Cependant, la mise aux normes internationales constitue le
défi majeur pour le Gabon de 2013. Ce défi est à la fois celui de la qualité, de la
formation, des infrastructures mais aussi et surtout celui de la valeur ajoutée. Or, il ne
peut être relevé seul et requiert un appui international conséquent pendant plusieurs
années. Le partenariat public privé signé entre l’Etat et le groupe mauricien pour la
reprise de la SIFIRGAB doit permettre un transfert de technologie et de savoirs faire
vers l’installation de d’autres entités de taille modeste orientées vers le marché local,
sous régional et international. L’expérience de Maurice est à ce titre intéressant car
l'industrie du thon dans ce pays est à la toute pointe de la transformation. Plusieurs
années de travail ont été nécessaires pour passer de la mise en conserve à ce type
d'industrie de pointe. Le recours à l'expertise internationale, européenne notamment
peut être envisagé dans le cadre de l’appui à la politique de pêche que comprend
l’accord de pêche. Le bon technologique et la valeur ajoutée devront guider le Gabon
dans sa stratégie d’industrialisation.

60
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d'Ivoire) du 4 au 6 juin 2012.

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