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Hachim El Ayoubi
Pierre Failler
Novembre 2013
ii
COMHAFAT et Fond de promotion des Pêches
La Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les Etats Africains
Riverains de l’Océan Atlantique (COMHAFAT) est une organisation
intergouvernementale de coopération en Afrique qui regroupe 22 Etats situés sur la
côte Atlantique s’étendant de la Namibie au Sud au Maroc au Nord. Elle s’inscrit
dans une logique de coopération internationale pour améliorer le cadre de gestion
durable de pêches pour ses Etats membres. Le mandat de la COMHAFAT consiste
principalement à :
Promouvoir et renforcer la coopération régionale sur l'aménagement des pêches
Développer, coordonner et harmoniser les efforts et capacités des Etats membres
pour la conservation et l'exploitation des ressources halieutiques.
Dynamiser l’ensemble des secteurs économiques nationaux sur la base des
effets directs et induits qui peuvent résulter de l’exploitation des ressources
La COMHAFAT a signé en date du 29 octobre 2009 un protocole d’Accord avec
la Fondation Japonaise de Coopération en matière de pêche (OFCF, Japon) qui a
permis la mise en œuvre d’un Fonds de promotion des pêches (FPP). Ce Fonds
est destiné au financement des projets de développement dans le domaine du
renforcement des capacités des Etats membres dans la pêche et l'aquaculture
ainsi que l'appui à la mise en œuvre des réglementations internationales.
Dans le cadre de ce Fonds, la COMHAFAT finance une étude de l’industrie des
pêches et de l’aquaculture dans ses Etats membres. Il s’agit d’analyser l’industrie
des pêches dans la région de la COMHAFAT au regard des changements
commerciaux intervenants aux échelles internationale, régionale et nationale pour la
prise en compte dans l’élaboration des politiques de gestion et de valorisation des
ressources halieutiques.
iii
Remerciements
L'équipe de consultants tient à remercier l’ensemble des personnes et organisations
dont les efforts et la coopération ont facilité et permis le bon déroulement de la
mission au Bénin.
Elle tient, plus particulièrement, à exprimer ses sincères remerciements à Mr. Jean
Baptiste DEGBEY, Directeur des pêches qui a coordonné et facilité la mission du
consultant au Bénin.
Elle exprime, en outre, sa gratitude à l'ensemble du personnel de la Direction des
pêches, aux organisations et acteurs de la pêche artisanale, aux responsables de la
Fondation Tonon du Centre de rechercher et d’incubation aquacole du Bénin, ainsi
qu’aux représentants d'autres institutions et agences gouvernementales (Institut de
Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin, la Direction de
l’Environnement, Port de Cotonou) qui ont rendu les entretiens fructueux et fournis
de précieuses informations. L'équipe tient également à remercier les points focaux
du projet ACP Fish II et EAF Nansen pour leur appréciable contribution.
Elle témoigne enfin sa reconnaissance à Mr. Masaki Oikawa, en charge du fonds de
promotion des pêches, qui, en sus de financer le présent travail, a assuré un suivi
constant du déroulement du travail ainsi qu'à Mr. Abdelouahed Benabbou, Secrétaire
exécutif de la COMHAFAT et à son équipe qui ont veillé à la bonne marche de
l'étude et facilité la mission au Bénin.
iv
Résumé
Le Bénin est un paradoxe économique. Il dispose d’une position géographique
avantageuse (proximité du Nigeria, appartenance à l’UEMOA, trait d’union entre
l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale francophone) et de ressources importantes
pour développer une économie diversifiée et prospère, mais évolue depuis 1960
avec une croissance faible et insuffisante pour relever de façon significative le niveau
de vie de sa population. Au-delà des facteurs conjoncturels, la faiblesse de la
croissance de l’économie béninoise est le reflet de ses contraintes structurelles liées
notamment à la faible diversification des sources de croissance. L’économie est en
effet dominée par l'agriculture et les services, l'industrie demeurant un secteur peu
développé. De même qu’elle est fortement dépendante de son voisin nigérian.
C’est ainsi que pour accélérer sa croissance économique et relever le défi du
développement du capital humain, le gouvernement a fait de l’émergence du pays un
impératif dont la stratégie est développée dans l’« Agenda vers une économie
émergente à l’horizon 2025 ». Le Bénin a également initié une série de mesures et
de réforme de politiques libérales avec le désengagement de l’Etat des activités de
production et de commercialisation des produits.
Pour le secteur des pêches, les réformes engagées concernent le renforcement du
système institutionnel et juridique de gestion des pêches, le projet de la loi cadre
ainsi que l’élaboration d’un plan stratégique de relance agricole qui comprend le
programme de développement des pêches et de l’aquaculture (PADPA). Ces
réformes devenus nécessaires, pour prendre en charge un secteur menacé par
l’effondrement de sa principale filière exportatrice (crevette) ainsi que par la
surexploitation des principales ressources, peinent encore à se concrétiser, faute de
moyens et de lourdeurs administratives et procédurales.
Les contraintes du système de gestion des pêches portent sur les faibles capacités
de la recherche halieutique, un cadre juridique inadapté, un système d’information,
de suivi, contrôle et de surveillance inexistant en particulier dans la pêche
industrielle. La pêche continentale, principale source de la production nationale
halieutique (80%), fait l’objet d’utilisation d’engins et pratique de pêche destructrice
des ressources. A cela, s’ajoute des contraintes environnementales (ensablement du
chenal, pollution, changement climatiques). Autant de facteurs, qui combinés à la
surpêche et le changement climatique, accélèrent la surexploitation des stocks
halieutiques. Cela risque à terme d’engendrer une situation de dégradation
irréversible de l’écosystème béninois si des mesures appropriées ne sont prises en
compte rapidement.
Des potentialités de développement du secteur des pêches et de l’aquaculture
existent pourtant au Bénin et concernent à la fois l’aquaculture et les filières de
crevette et de poisson.
La pisciculture constitue un secteur d’avenir dans ce pays. Elle dispose d’atouts
considérables liés aux facteurs naturels (réseau hydrographique) et à l’existence de
marchés pour sa production de clarias et de tilapia. Le développement reste
toutefois, contraint à un modèle artisanal et peu productif, ce qui nécessite une
réadaptation des projets en cours (Provac notamment) pour tenir compte des
objectifs du PADPA et de l’évolution enregistrée auprès de certains pays voisins (ex,
Nigéria, Ghana). Des réussites existent pourtant bien dans la pisciculture au Bénin, à
v
un niveau industriel et sont l’œuvre d’initiatives de privés à l’instar du CRIAB. Leurs
expertises et expériences pourront faciliter l’installation de nouveaux promoteurs.
La diversification des espèces élevées est également nécessaire pour contribuer à
l’essor de l’aquaculture et l’élevage de la crevette peut constituer une possibilité de
cette diversification et une matière première pour les industries de transformation qui
sont actuellement à l’arrêt.
L’industrie à terre n’est pas en reste de la faiblesse du secteur secondaire béninois.
La mise à niveau de l’industrie crevettière est pourtant un impératif compte tenu des
enjeux que représentent cette filière en termes d’emploi, et de recettes pour le pays.
Elle nécessite inévitablement une mise aux normes internationales, ce qui constitue
défi majeur à la fois celui de la qualité, de la formation, des infrastructures mais aussi
et surtout celui de la valeur ajoutée. Un partenariat public-privé peut être développé
pour la restauration des ressources crevettières, développement d’une politique
marketing, amélioration de la gouvernance et l’adaptation de l’industrie pour tenir
compte de la forte compétitivité sur le marché international.
La pêcherie thonière, qui échappe actuellement à tout contrôle, doit faire l’objet d’une
intégration en termes de suivi régulier, obligation des débarquements,
embarquement des observateurs scientifiques et un encouragement pour la
participation de privés béninois auprès d’opérateurs étrangers notamment les
ghanéens qui opèrent actuellement.
La relance de ces filières et du secteur des pêches et de l’aquaculture du Bénin en
général doit relever de multiples enjeux (sécuritaires, économiques,
environnementaux et même sociaux). Le pays doit assurer une meilleure application
de sa souveraineté sur son espace maritime, dans les eaux territoriales et sur sa
zone économique exclusive. Cela ne peut se faire qu’à travers la protection de ses
ressources halieutiques et de la biodiversité. Une coordination régionale et
internationale sont nécessaire et doivent être renforcées au niveau de la CEDEAO et
de la CICG.
vi
Acronymes et Abréviations
ACP Afrique, Caraïbes et Pacifique
AMEP Accord sur les Mesures de l’Etat du Port
BAD Banque Africaine de Développement
CBI Commission Baleinière Internationale
CBRST Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique
CeRPA Centre Régional pour la Promotion Agricole
CCNUCC Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
CEDEAO Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
CICG Commission intérimaire du courant de guinée
CITES Commerce International des Espèces de Faune et de Flore Sauvages
Menacées d'Extinction
CNUDM Convention des Nations unies sur le droit de la mer
COMHAFAT Conférence Ministérielle sur la Coopération Halieutique entre les Etats
Africains Riverains de l’Océan Atlantique
COPACE Comité des pêches de l'Atlantique centre-est
CPCO Comité des pêches du centre ouest du golfe de Guinée
CRHOB Centre de Recherche Halieutique et Océanologique du Bénin
CRIAB Centre de rechercher et d’incubation aquacole du Bénin
DP Direction des pêches
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
FIDA Fonds International de Développement Agricole
FPP Fonds de promotion des pêches (financé par l’OFCF)
HACCP Hazard Analysis critical control Points
ICCAT Commission Internationale pour la Conservation des Thons dans
l’Atlantique
IDH Indice de Développement Humain
INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique
INRAB Institut National de la Recherche Agricole du Bénin
IRHOB Institut de Recherche Halieutique et Océanologique du Bénin
JICA Agence Japonaise de Coopération Internationale
MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
MCA Millenium Challenge Account
NEPAD Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
vii
OAV Office Alimentaire et vétérinaire / UE
OFCF Fondation Japonaise de Coopération en matière de pêche
OMC Organisation Mondiale du Commerce
OMD Objectifs Millénaires pour le Développement
ONG Organisation Non Gouvernementale
PACODER Projet de Promotion de l’Aquaculture Continentale pour le
Développement Rural
PADFA Programme d’Appui au Développement des Filières Agricoles
PADPA Programme d’Appui au Développement de la Pêche et de l’Aquaculture
PADPPA Programme d’Appui au Développement Participatif de la Pêche
Artisanale
PANA Plan d’action national d’adaptation aux changements climatiques
PDP Projet de Développement de la Pisciculture
PIB Produit Intérieur Brut
PMA Pays moins avancés
PMEDP Programme pour des Moyens d'Existence Durables dans la Pêche
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PPP Partenariat Public Privé
PPTE Point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres
très endettés
RAMSAR Convention relative aux zones humides d'importance internationale
SCS Suivi Contrôle et Surveillance
UE Union européenne
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNAPECAB Union Nationale des Pêcheurs Continentaux et Assimilés du Bénin
UNAPEMAB Union Nationale des Pêcheurs Marins Artisans et Assimilés du Bénin
VMS Vessel Monitoring System
WWF World Wildlife Fund
ZEE Zone économique exclusive
viii
Table des matières
1 Introduction .......................................................................................................... 1
2 Géographie générale et population ...................................................................... 3
2.1 Éléments généraux........................................................................................ 3
2.2 Population ..................................................................................................... 6
3 Contexte politique, économique et social du Bénin .............................................. 9
3.1 Éléments politiques ....................................................................................... 9
3.1.1 Stabilité et sécurité ............................................................................................9
3.1.2 Politique interne ................................................................................................9
3.1.3 Politique extérieure et statut régional ..............................................................10
3.2 Eléments économiques ............................................................................... 11
3.2.1 Vue d’ensemble ..............................................................................................11
3.2.2 Performances économiques ............................................................................13
3.2.3 Principaux secteurs économiques ...................................................................15
3.2.4 Commerce ......................................................................................................17
3.2.5 Perspectives ...................................................................................................18
3.3 Eléments de politiques publiques ................................................................ 19
3.3.1 Stratégies nationales .......................................................................................19
3.4 Gouvernance économique et politique ........................................................ 21
3.4.1 Gouvernance économique ..............................................................................21
3.4.2 Gouvernance politique ....................................................................................22
3.5 Eléments sociaux ........................................................................................ 23
3.5.1 Croissance démographique et pauvreté ..........................................................23
3.5.2 Education ........................................................................................................24
3.5.3 Santé ..............................................................................................................24
3.5.4 Genre ..............................................................................................................25
3.5.5 Emploi des jeunes ...........................................................................................25
4 Environnement côtier et marin, écosystèmes aquatiques et ressources
halieutiques .............................................................................................................. 27
4.1 Environnement côtier et marin ..................................................................... 27
4.1.1 Ecosystème aquatique ....................................................................................27
4.1.2 Production biologique ......................................................................................27
4.2 État de santé de l’environnement côtier et marin et changement climatique 29
4.2.1 Erosion côtière et pollution ..............................................................................29
4.2.2 Changement climatique...................................................................................30
4.3 Principales ressources halieutiques du Bénin ............................................. 33
ix
4.3.1 Espèces pélagiques ........................................................................................33
4.3.2 Espèces démersales .......................................................................................35
4.3.3 Crustacés ........................................................................................................36
4.3.4 Les ressources halieutiques continentales ......................................................37
4.4 Avis scientifique relatif aux principales espèces capturées ......................... 37
4.4.1 Capacités en matière de recherche halieutique ...............................................37
4.4.2 Etats des stocks ..............................................................................................40
5 Contexte des pêches au Bénin .......................................................................... 43
5.1 Délimitation de la zone économique exclusive ............................................ 43
5.2 La pêche dans la ZEE du Bénin .................................................................. 44
5.2.1 Pêches artisanales maritimes..........................................................................45
5.2.2 Pêches continentales ......................................................................................47
5.2.3 Pêches industrielles ........................................................................................49
5.3 Aquaculture ................................................................................................. 50
5.3.1 Vue d’ensemble ..............................................................................................50
5.3.2 Principaux élevage ..........................................................................................51
5.3.3 Principaux projets............................................................................................51
5.3.4 Potentiel et développement .............................................................................52
5.4 Pêche illégale .............................................................................................. 53
5.4.1 Piraterie maritime ............................................................................................54
5.4.2 Pêche et trafic de drogue ................................................................................55
5.4.3 Incursions et pêche étrangère sans autorisation ............................................. 55
5.4.4 Pêche IUU artisanale ......................................................................................55
5.4.5 Pêche IUU industrielle .....................................................................................55
5.5 Conflits entre pêcheries ............................................................................... 56
5.6 Contribution du secteur des pêches à l’économie nationale........................ 56
5.6.1 Vue d’ensemble ..............................................................................................56
5.6.2 Balance commerciale ......................................................................................56
5.6.3 Tendances ......................................................................................................57
5.7 Coopération ................................................................................................. 58
5.7.1 Coopération bilatérale .....................................................................................58
5.7.2 Coopération multilatérale ................................................................................60
6 Consommation, approvisionnement, transformation et filières de poisson au
Bénin ........................................................................................................................ 64
6.1 Consommation et approvisionnement en poisson ....................................... 64
Source : DP, FAO, BAD, estimations .................................................................... 65
x
6.2 Principales filières de produits halieutiques ................................................. 65
6.2.1 Filière artisanale ..............................................................................................65
6.2.2 Filière de crevette............................................................................................66
6.2.3 Filière des importations ...................................................................................67
6.2.4 Exportation ......................................................................................................68
7 Cadre réglementaire de la pêche et du commerce des produits de la mer ........ 69
7.1 Cadre de gestion de la pêche au Bénin....................................................... 69
7.1.1 Direction des pêches .......................................................................................69
7.1.2 Les Collectivités décentralisées ......................................................................69
7.1.3 Les Comités de pêche.....................................................................................70
7.2 Politiques de pêche ..................................................................................... 70
7.2.1 Stratégies ........................................................................................................70
7.2.2 Portée et limites des politiques développées ...................................................72
7.3 Législation béninoise en matière de pêche ................................................. 73
7.3.1 Cadre juridique ................................................................................................74
7.3.2 Plans de gestion des pêches...........................................................................76
7.4 Conventions internationales ........................................................................ 77
7.5 Réforme ....................................................................................................... 77
7.6 Organismes impliqués ................................................................................. 78
7.6.1 Ministères........................................................................................................78
7.6.2 Les notables et chefs religieux traditionnels ....................................................78
7.6.3 Les Organisations professionnelles .................................................................79
7.6.4 Les ONG .........................................................................................................80
7.7 Cadre de gestion régional ........................................................................... 80
7.8 Principaux accords internationaux ............................................................... 80
7.8.1 Limites d’efficacité des programmes de coopération ....................................... 81
7.9 Le plan d’action pour éradiquer la pêche INN ............................................. 81
7.9.1 Limites du PAN-INDR......................................................................................82
7.10 Réglementation sanitaire relative à l’exportation vers l’UE....................... 82
7.10.1 Agrément et autorité compétente ....................................................................82
7.10.2 Mesures correctives ........................................................................................83
7.10.3 Alertes rapides (Rapid Alert System) ...............................................................83
8 Principales contraintes et opportunités au développement de la pêche............. 84
8.1 Contraintes institutionnelles ......................................................................... 84
8.2 Les contraintes au niveau des infrastructures ............................................. 87
8.3 Limites de productivité halieutique............................................................... 88
xi
8.4 Les contraintes environnementale ............................................................... 88
8.5 Contraintes sanitaires .................................................................................. 89
8.6 Contraintes de suivi ..................................................................................... 89
8.7 Contraintes liées au climat des affaires ....................................................... 90
9 Conclusions et recommandations ...................................................................... 96
9.1 Conclusions ................................................................................................. 96
9.2 Recommandations....................................................................................... 98
9.2.1 Recommandations nationales .........................................................................98
9.2.2 Recommandations régionales ....................................................................... 104
9.2.3 Recommandations internationales ................................................................ 104
Bibliographie ........................................................................................................... 107
Annexes.................................................................................................................. 110
Liste des Figures
xii
Figure 9-1 : capture de YFT (albacore) sur les côtes africaines de l’atlantique ...... 101
Figure 9-2 : capture du BET (patudo) sur les côtes africaines de l’atlantique ......... 102
xiii
1 Introduction
Avec une façade maritime quasi rectiligne d’une longueur de 125 km et un vaste
réseau hydrographique composé de 4 principaux fleuves, le secteur de la pêche et
de l’aquaculture joue un rôle important dans l’économie du Bénin avec une
contribution de 3% au PIB. Toutefois, les ressources sont fortement dégradées et le
pays est très touché par la piraterie maritime qui sévit dans la zone du Golfe de
Guinée, environ 60 attaques en 2011 dont vingt au Bénin.
La Zone Economique Exclusive (ZEE), d’une superficie de 27 750 km2, est bordée
par les eaux du Togo et du Nigéria. Le plateau continental où se produisent de rares
et faibles upwellings, possède un fond sablonneux et couvre une superficie d'environ
2 800 km2. Malgré l’étroitesse du plateau continental, dont la largeur moyenne atteint
27 km depuis la côte, les eaux du Bénin possèdent une diversité de poissons de plus
de 257 espèces dont 43 sélaciens et 214 téléostéens.
En raison d'un accès difficile à la mer, dû à de fortes vagues de bord de mer, et de
fonds marins qui ne sont chalutables qu’au-delà de 14 miles, le développement de la
pêche est surtout conséquent dans les zones lagunaires notamment dans les
étendues d'eaux situées derrière le cordon dunaire.
La production moyenne annuelle est d'environ 41 000 tonnes dont 90% proviennent
des eaux saumâtres des lagunes. Elle est stagnante et couvre de moins en moins les
besoins internes de la population; près de ¾ de la quantité de poissons consommés
est importée. Par ailleurs, la participation du secteur de la pêche à l’équilibre de la
balance commerciale du pays, grâce aux exportations de crustacés ; la crevette en
particulier et de quelques poissons, Bars essentiellement, s’est fortement amoindrie.
La contribution économique de la pêche connaît, ainsi, depuis une dizaine d’années
une régression préoccupante liée, d’une part à la diminution du potentiel des stocks
halieutiques du fait de la surexploitation, d’autre part à la croissance démographique
du pays qui augmente la demande interne de poisson face à une production qui a
des limites naturelles. La détérioration des indicateurs économiques et sociaux
habituellement associés au secteur des pêches et de l’aquaculture nécessite une
restructuration de son industrie de pêche ainsi qu’une amélioration de sa
gouvernance afin de lui permettre de répondre aux attentes inscrites dans les
stratégies nationales de développement pour ce secteur. La pêche industrielle
naguère confrontée au problème de la vétusté de la flotte est aujourd’hui inexistante
avec l’absence de navires industriels battant pavillon béninois. Elle nécessite
également une analyse de l’industrie des pêches et de l’Aquaculture en particulier
celle de la crevette qui a connu une forte détérioration ces dernières années. Depuis
la levée de l’auto-suspension, qui avait engendré l’arrêt des exportations de crevette
sur le marché européen entre 2004 et 2007, la reprise de cette filière n’a pas encore
pu se réaliser véritablement et le nombre d’unités opérationnelles de traitement et de
conditionnement à terre se limite aujourd'hui à une seule société qui a exporté en
2012 environ 30 tonnes de produits halieutiques.
La pisciculture de type classique a peu évolué et les tentatives de relance de
l'élevage intensif du tilapia en enclos et en étangs menées par le Centre de
Développement de la Pisciculture de Godomey, ont échoué. Plus récemment, le
gouvernement a entrepris des actions de soutien au développement de l’aquaculture
en fournissant à quelques 500 pisciculteurs identifiés, des intrants de qualité (alevin,
provende) et ce à un coût promotionnel. Pourtant, ce secteur présente des atouts
1
naturels et dispose de fortes potentialités liées à l’existence d’un modèle d’unité
aquacole de capacité industrielle et disposant d’une expertise pouvant être bien
reproduite et valorisée. Ce potentiel tient également de l’existence d’un marché à la
fois national et régional ainsi que d’un cadre d’investissement, projet de loi de
finances de 2014, relativement attractif et compétitif sur le plan sous régional.
L'objectif du présent rapport est de passer en revue l'industrie des pêches et de
l'aquaculture au Bénin. Après, une brève présentation des éléments de contexte,
l’industrie des pêches, maritimes et continentales, est exposée. L’approche filière est
utilisée pour présenter les flux de produits depuis la capture jusqu’à la consommation
dans le pays même et ailleurs. Une analyse fine des tendances et évolutions
probables permet d'esquisser les principaux enjeux actuels et futurs auxquels est
confrontée l'industrie. Les contraintes et les opportunités sont ensuite présentées
dans le détail. Une proposition de recommandations clés aux échelles nationale,
régionale et internationale clôt le rapport.
2
2 Géographie générale et population
2.1 Éléments généraux
Le Bénin est un pays d’Afrique Occidentale situé sur le golfe de Guinée, entre le
tropique du Cancer et l’Equateur. Le pays est d’une taille relativement petite avec
superficie de 112 622Km², il est limité au Nord par le fleuve Niger, qui le traverse sur
une longueur de 670 km, et constitue, par ailleurs, une frontière naturelle avec le
Niger, au Nord-Ouest par le Burkina-Faso, à l’Ouest par le Togo, à l’Est par le
Nigeria et au Sud il borde, sur une longueur de 125 1 km, le golfe de Guinée face à
l’Océan Atlantique.
Le climat du Bénin est globalement chaud et humide. La chaleur n'est pas excessive
mais constante; la moyenne est de 26,2°C; le maximum constaté en général au mois
de novembre est de 35,2°C et le minimum est de 20,5°C au mois de mai.
Cependant, en raison de changements climatiques constatés dans la zone
sahélienne en générale, ces données ne sont plus stables et la pluviométrie varie
fortement d’une année à une autre. Vu sa forme étirée, le pays reste marqué par
deux principaux types de climat :
- Le Sud a un climat subéquatorial avec une forte humidité. Cette partie connaît
deux saisons pluvieuses, la principale saison allant de mars à juillet et la
deuxième de septembre à mi-novembre. La pluviosité moyenne est de 1200 à
1500 mm par an.
- Au Centre et au Nord, le climat est semi-aride avec une pluviosité de 800-1200
mm par an et une seule saison pluvieuse s’étalant entre avril-mai et mi-octobre.
Autre caractéristique du climat au Bénin est la prédominance de l’harmattan qui
souffle sur tout le territoire pendant la saison sèche.
Le Bénin a un relief peu accidenté, essentiellement composé de plaines et de
plateaux hauts de 250 mètres environ qui s’inclinent progressivement vers le sud, en
direction de la côte. Le nord du pays est principalement constitué de savanes et de
montagnes semi-arides. Le point culminant est le mont Sagboroa avec 658 m de la
chaîne de l’Atacora, située au nord-ouest. Le Sud du pays est constitué d’une plaine
côtière basse, parsemée de marécages, lacs et lagunes comme le lac Nokoué ou la
lagune de Porto Novo.
1 Selon les documents on note que la longueur de la côte du Bénin varie entre 121, 125 et 145 km. Cette variation résulte
de l’absence d’une délimitation précise des frontières maritimes dans le Golfe de Guinée en particulier entre le Bénin et le
Nigéria. Le chiffre de 125 km a été retenu dans cette étude, étant donné qu’il a été communiqué tout récemment par les
forces navales.
3
Figure 2-1 : relief du Bénin
Le Bénin est assez plat et présente cinq régions naturelles :
- Une plaine côtière, basse et sablonneuse, caractérisée par la présence de
nombreux marécages, lacs et lagunes (lac de Nokoué et lagune de Porto-Novo);
- Une plaine centrale vallonnée qui va jusqu’à la vallée du Niger et au bassin de
Kandi ;
- La chaîne de l’Atacora au nord-ouest, où se situe le point culminant du pays, le
mont Aledjo (658m);
- La vaste plaine du Gourma à l’extrême nord-ouest, entre l’Atacora et la frontière
avec le Burkina Faso et le Togo. Cette zone est réputée fertile ;
La savane humide occupe la majeure partie du pays. Quelques îlots de forêt primaire
subsistent dans le sud et le centre. Des cultures, des zones marécageuses et
l’immense palmeraie du Bas-Bénin occupent le reste du territoire. Le pays possède
4
deux parcs nationaux situés au Nord avec une faune assez riche : éléphants, buffles,
hippopotames, lions, guépards, caïmans, antilopes, oiseaux, singes, reptiles,
léopards, etc.
Une autre caractéristique du Bénin est l’importance du réseau hydrographique qui
est assez dense. Trois principaux fleuves parallèles traversent le pays du Nord au
Sud et forment une embouchure à la côte avant de déverser dans l’Océan. Ils sont
importants pour les activités économiques et notamment pour la navigation :
- Le fleuve Ouémé et ses affluents d’une longueur de 400 km dont 200 km
navigables
- Le Mono d’une longueur de 350 km dont 100 km navigables. Ce fleuve
marque partiellement la frontière avec le Togo
- Le Couffo d’une longueur de 125 km
Au nord, le fleuve Niger constitue la frontière, avec l'Etat du Niger.
5
km²) ainsi que les lagunes de Porto, Novo (35 km²), Ouidah (40 km²) et de Grand
Popo (15 km²). Les eaux maritimes sont influencées par l’écosystème du golfe de
guinée qui s’étend de la Guinée jusqu’au Congo et qui reste bien moins productif que
le courant des canaries.
Au plan administratif, le pays est divisé en 12 départements (l’Alibori, le Borgou, la
Donga, le Plateau, l’Atacora, les Collines, le Littoral, l’Atlantique, le Couffo, le Mono
et le Zou), eux-mêmes subdivisées en communes découpées en arrondissements.
Au nombre de 77, dont 3 à statut particulier (Porto-Novo, Cotonou et Parakou) les
communes disposent d’une autonomie administrative et financière.
2.2 Population
La population du Bénin est de 9 983 884 selon les estimations du récent
recensement de 2013 avec un taux de croissance annuel moyen de 3,6%. La densité
moyenne globale est de 87,7 habitants au km2, elle est cependant trois fois
supérieure au sud, où sont concentrés les trois quarts de la population
essentiellement au niveau de la bande côtière et des centres économiques ; Cotonou
et Porto-Novo. Cotonou, capitale politique abritant le centre d’affaires et le principal
port, est la première ville du pays et compte davantage d’habitants (828 000) que
Porto-Novo, capitale administrative officielle (238 000 habitants). Parakou (144 627
habitants), Abomey (55 000 habitants) et Natitingou (50 800 habitants) sont les
autres villes importantes du Bénin. La population est encore à majorité rurale et
seulement 46% des habitants résident dans les villes. Cette tendance est appeler à
s’inverser dans l’horizon de 2030 en raison d’un taux d’urbanisation en forte
croissance.
Classe d'âge 500 1 000 1 500
100 ans…
95 - 100…
Population en milliers
90 - 95…
85 - 90…
80 - 85…
75 - 80…
70 - 75… Hommes
65 - 70… Femmes
60 - 65…
55 - 60…
50 - 55…
45 - 50…
40 - 45…
35 - 40…
30 - 35…
25 - 30…
20 - 25…
15 - 20…
10 - 15…
5 - 10 ans
6
Comme dans la plupart des pays d’Afrique, la population du Bénin est jeune avec
une proportion de plus de 50% pour les moins de 20 ans. Les femmes sont plus
nombreuses et représentent près de 52%. L’espérance de vie est de 60,6 ans.
Les principales conséquences de cette répartition inégalée de la population, où la
concentration au Sud du pays dépasse 500 hab. /km2, et la proportion des jeunes
est forte, se font sentir à travers une forte demande de services dans les domaines
de la santé, de l’éducation, de l’économie et une pression sur l’environnement en
général. Ainsi, cette pression démographique et économique sur une frange limitée
du territoire et particulièrement sur l’espace littoral et lagunaire engendre des
problèmes critiques de salubrité, de forte dégradation de la végétation et des risques
localisées et concentrées sur la diversité biologique.
En outre, la migration s’est intensifiée ces dernières années au Bénin en particulier
l'immigration liée à la situation politico-sociale instable dans certains pays de la sous-
région (Niger, Nigéria, Côte d’Ivoire) accentuant la saturation en termes de densité
de la bande côtière notamment à Cotonou et les communes limitrophes. Le secteur
informel est prépondérant occupant plus de 80% de la population. En termes
d’emploi, l’agriculture attire beaucoup de béninois et fait vivre 70% de la population
active principalement dans les cultures du maïs, sorgho, arachide et coton.
Le Bénin abrite une mosaïque d'ethnies, environ une soixantaine. Les Fons et les
Adjas, deux communautés très apparentées, constituent les groupes les plus
importants au sud du pays, et les Baribas et les Sombas sont les plus nombreux au
nord. Les Yorubas, qui regroupent environ 10 % de la population, prédominent au
sud-est. En minorité, des petits groupes côtiers comme les Mina, les Pla, et les
«Brésiliens» qui, portant des noms portugais, sont des anciens esclaves revenus du
Brésil à la fin du XIXe siècle. En ce qui concerne les langues, le Bénin en compte
près d'une cinquantaine dont la plus parlée est le fon (24% de la population), le
français est toutefois la langue officielle.
La religion reste importante et le culte du vaudou est fortement présent. Il influence la
conception et la protection de l’environnement notamment pour la gestion de l’eau,
l’espace et la biodiversité. Toutefois, la place des chefs religieux traditionnels dans la
vie quotidienne y compris dans la gestion des affaires publiques, autrefois très
présente, se trouve aujourd’hui défiée et son pouvoir réduit en raison de la
propagation des religions monothéistes introduites en l’occurrence le christianisme et
l’islam ainsi que d’une migration en provenance de pays de la sous-région.
7
Figure 2-4 : distribution des groupes ethniques au Bénin
Source : INSAE
La conception des populations animistes faisait que chaque plan d’eau est géré par
une divinité représentée par une chefferie et cela permettait une conservation des
ressources et de la biodiversité, considérées sacrées auprès de ces populations.
Cette pratique qui tenait plus au respect de la tradition concerne les forêts dans les
zones humides de mangroves; mares et plans d'eau sacrés; et espèces de faune
considérées comme tabous donc protégées par les croyances (lamantin, le silure,
etc.). Cela a permis vraisemblablement de protéger des ressources aquatiques dans
les plans d’eau avant que la forte migration de pêcheurs essentiellement ghanéens
et l’arrivée sur le marché de l’emploi de jeunes pêcheurs béninois, ne remettent en
cause cet ordre.
8
3 Contexte politique, économique et social du Bénin
3.1 Éléments politiques
Le Bénin est une république à régime présidentiel. Il jouit d’une situation politique
stable et démocratique depuis la fin du régime marxiste-léniniste en 1989.
L’instauration du multipartisme depuis cette date s’est accompagnée de l’émergence
d’une centaine de partis politiques, qui n’ont toutefois pas pour la plupart de réelle
implantation. Quatre élections présidentielles et législatives se sont succédé depuis
cette époque. En mars 2011, le président Boni Yayi a été réélu pour cinq ans et son
alliance a obtenu la majorité des sièges au parlement.
Indice Mo Ibrahim
100 Bénin
90 Afrique
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
9
à savoir le coton et le secteur portuaire. L’affaire Talon, du nom de cet opérateur
exilé depuis 2012 en France, s’est transformée en une véritable crise politique et
économique aux dimensions considérables. Cet épisode a provoqué des
divergences ayant entraîné la rupture des accords de gestion du Programme de
vérifications des importations et de la filière coton par le secteur privé, ce qui a
temporairement assombri les relations entre le gouvernement et les opérateurs
privés. Les échanges ont toutefois repris à la suite d’une table ronde en octobre 2012
sur le dialogue entre les secteurs public et privé pour relancer l’économie du pays.
Sur le plan politique, cette crise a été à l’origine d’un remaniement du gouvernement
intervenu le 8 août 2013. Par ailleurs, la tension politique interne, consécutive à
l’affaire Talon et aux résultats de l’élection présidentielle de 2011, ne semble pas
encore atténuée. Tout récemment, le parlement béninois a rejeté au mois de
septembre un projet de réforme constitutionnelle engagé par le président Yayi
suspecté de vouloir solliciter un troisième mandat.
La vie politique au Bénin est aussi marquée par les préoccupations de bonne
gouvernance et des tensions au niveau social, notamment suite à la longue grève
des enseignants en 2012 pour réclamer une revalorisation de leur salaire. Parmi, les
priorités actuelles du pouvoir se trouve la lutte contre la pauvreté et la corruption,
avec notamment l’adoption d’une loi sur la corruption en 2011. En 2010, le
gouvernement avait été affaibli par diverses affaires de corruption dans lesquelles
certains de ses membres auraient été impliqué (scandale ICC Services, du nom de
l’organisme de crédit ayant trompé des milliers d’épargnants, équivalent à une
escroquerie à la Madoff) qui a touché plusieurs personnalités publiques dont le
Ministre de l’Intérieur et indirectement le Président de la république.
3.1.3 Politique extérieure et statut régional
Sur un plan régional, le Bénin participe activement aux efforts d’intégration régionale
et de coopération notamment auprès de l’UEMOA, la CEDEAO, l’Union Africaine, la
CEN-SAD ainsi que du Conseil de l’Entente, aux côtés du Burkina Faso, de la Côte
d’Ivoire, du Niger et du Togo. Le Bénin est associé à l'UE par les Accords de
Cotonou, signés en juin 2000, et qui consacre aux pays ACP les bases de la
coopération pour les 20 prochaines années. Il assure actuellement la Présidence du
Bureau mondial de coordination des PMA et par le passé, il a co-présidé l'Assemblée
Paritaire des pays ACP-UE entre 2001 et 2003. Il a également assuré la présidence
de l’Union africaine en janvier 2012 pour une durée d’un an.
Malgré un poids économique modeste au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, ce
pays jouit d’une bonne image en Afrique de l’Ouest et son statut de pays stable et
démocrate lui permet de peser dans les relations internationales. Ainsi, dans une
zone secouée par de graves crises politiques, la stabilité du Bénin en fait un
médiateur recherché en Afrique de l’Ouest. Il exerce une diplomatie dont la
compétence est reconnue et très active dans les organisations internationales. Par
ailleurs, ce pays est salué pour ses relations de bon voisinage et son respect du droit
international, il s’est ainsi conformé à la décision de la Cour internationale de justice
attribuant l’île de Lété au Niger (arrêt de la Cour Internationale de Justice du 12 juillet
2005). Il participe à plusieurs opérations de maintien de la paix et occupe la 22ème
position dans le classement mondial, de par sa contribution en troupes dans les
Nations unies.
Sur le plan économique, le Bénin s’est fait le porte-parole et le fer de lance des pays
ouest-africains producteurs de coton avec le Burkina Faso, le Mali et le Tchad
10
(appelés C4) pour défendre les intérêts de ses paysans et agriculteurs. Après l’échec
de la conférence de l’OMC à Cancun, il continue d’être, à Genève, un pays moteur
pour la reprise de négociations, dont l’un des objectifs est la disparition des
subventions aux agriculteurs européens et américains. Lors de la Conférence
ministérielle de Hong Kong de 2005, l'UE et les Etats-Unis ont promis de mettre un
terme au soutien interne et externe à leurs producteurs de coton afin de réduire les
répercussions sur les producteurs ouest africains.
11
Figure 3-2 : carte des activités économiques
Cependant, la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée et en particulier les
attaques sur des navires dans les eaux du Bénin, environ 20 attaques en 2011,
constituent un véritable risque pour les activités économiques liées au port de
Cotonou. Les pertes financières avoisineraient près de 25 milliards Fcfa chaque
année au niveau du Golfe de Guinée et la piraterie, en dissuadant des navires de
mouiller ou de faire escale à Cotonou, fait peser une menace considérable sur
l’économie et sur l’équilibre socio-économique de ce pays (les activités portuaires et
du commerce représentent 3/4 des ressources budgétaires de l’Etat). La crainte d’un
risque très élevé a eu un impact sur le trafic maritime et c’est ainsi que le nombre de
bateaux accostant au Port de Cotonou est tombé de 150 cargos à 50 au début du
mois d’août 2011
12
Figure 3-3 : carte des attaques de piraterie maritime dans le Golfe du Bénin
En outre, la trop faible diversification de l’économie béninoise, la rend vulnérable aux
évolutions de la politique commerciale de son voisin le Nigéria, principal partenaire
économique. Le commerce transfrontalier avec ce pays est d’ailleurs essentiellement
informel et constitue un grand manque à gagner pour le Bénin. L’essence frelatée
«kpayo», provenant frauduleusement du Nigeria, représente près de 85% de la
consommation des produits pétroliers. Toutefois, la récente décision en 2012 de
suppression puis de réduction des subventions sur les produits pétroliers au Nigéria
a eu pour effet une augmentation immédiate de plus de 100% du prix de l’essence
au Bénin, avant qu’elle ne soit ramenée à 30% actuellement. L’impact de cette
mesure a été évalué à 3,3 points d’inflation et une perte de 0,4 point de croissance
de l’économie du Bénin.
3.2.2 Performances économiques
En 2012, l’économie du Bénin a réalisé un PIB courant de 7,557 milliard $US et sa
croissance a enregistré un taux de 3,6% grâce à l’augmentation significative de la
production cotonnière, dans le cadre de la relance de son agriculture, et à
l’accroissement des activités du port de Cotonou. Cette croissance semble être
consolidée en 2013 confirmant ainsi une reprise de l'activité économique depuis
2011, après avoir été lourdement éprouvée en 2009 et 2010 sous l'effet conjugué de
la crise économique mondiale et des inondations qui ont affecté ce pays. Au cours
de 2010, le Bénin avait déclaré l'état d'urgence et lancé un appel à l'aide
internationale.
13
8
PIB en milliard $US
7
5
Bénin
4
Afrique
3 subsaharienne
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Togo
Niger
Bénin
Mali
Burkina Faso
0 5 10 15 20 25 30
Figure 3-5 : PIB courant du Bénin en comparaison avec certains pays de l’UEMOA
Source : Banque mondiale, FMI, 2013
Des progrès ont, certes, été réalisés et concernent l’amélioration de la production
agricole et la compétitivité du port autonome de Cotonou. Ainsi, le coton, premier
produit d’exportation du pays, a vu sa production plus que doubler ces deux
dernières années pour dépasser pour la première fois en huit ans le seuil des 400
000 tonnes, grâce à une bonne pluviométrie et à un accroissement des surfaces
emblavées. Cette forte augmentation s'est produite en dépit des perturbations
survenues pendant la campagne agricole, avec l’abrogation de l’accord-cadre entre
l’État et l’Association interprofessionnelle du coton encadrant la gestion de la filière.
14
Par ailleurs, et pour améliorer sa compétitivité au niveau sous régional, le port
autonome de Cotonou a réduit, à la fin de 2012, les délais d'importation de vingt
jours à six ou sept jours grâce au guichet unique des douanes et à d'autres
améliorations au niveau des procédures d'importation.
Tableau 3.2 : PIB par secteur (en % du PIB)
Secteur Taux
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 36
Mines et extraction 0,3
Industries manufacturières 8,4
Electricité, gaz et eau 1,2
Construction 4,9
Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 18,5
Transports, entreposages et communications 9,4
Finance, immobilier et services aux entreprises 2
Administration publique, éducation, santé 11
Autres services 8,4
Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100
Commerce
28%
Autres services
21%
Agriculture, élévage,
sylviculture, pêche
36%
15
En termes de structure, le PIB de 2012 met en évidence trois éléments :
- Un secteur tertiaire important représentant 49,1% du PIB. Ce secteur a
progressé en 2012 grâce à la reprise du trafic portuaire. Le gouvernement a
pris plusieurs mesures après une baisse de plus de 2 % de la fréquentation du
port de Cotonou en 2011, sur fond de perturbations générées par des
réformes. Ces mesures ont permis de désengorger le port et de rétablir sa
compétitivité. Toutefois, et en dehors des activités du port, le commerce est
faiblement structuré avec une prédominance du secteur informel. Employant
40% de la population active, il ne génère pas assez de valeur ajoutée, étant
dominé par le commerce et les activités de réexportations vers le Nigeria et
les pays voisins.
- Un secteur primaire qui représente 36,4% et dont la contribution devrait
demeurer un moteur de la croissance du Bénin grâce à la reprise de l’activité
agricole et la poursuite d’une stratégie sectorielle qui vise la modernisation et
la diversification de l’agriculture ainsi que la promotion de transformation des
produits agricoles. En dépit de son potentiel agricole, la superficie des terres
cultivées est encore faible et représente seulement 20%. Pour relancer ce
secteur stratégique, mais encore faiblement mécanisé, les autorités
béninoises s’appuient sur deux axes de développement : le Plan stratégique
pour la relance du secteur agricole (PSRSA) 2011-2015 et le Programme
national d’investissement agricole du Bénin (PNIA-Bénin). Le gouvernement
continue également à soutenir la filière cotonnière à travers une politique
d’encadrement des producteurs de coton combinée à des incitations pour sa
culture. Le secteur des pêches et de l’aquaculture, qui contribue avec 3% au
PIB, fait également l’objet d’un plan de développement dans le cadre du
PSRA. Toutefois, sa contribution à l’économie du pays connaît une sérieuse
régression due à l’état critique des ressources halieutiques, aux systèmes de
leur exploitation quasi non autorisés par la législation béninoise ainsi qu’à la
faible régulation des activités de pêche axée encore sur le principe de gratuité
et de libre accès aux pêcheries.
- Le secteur secondaire est peu développé et ne représente que 10% de la
population active de ce pays. Il est essentiellement composé d’entreprises
dans l’agro-industrie notamment l’égrenage du coton qui représente 60 % du
tissu industriel. Encore en 2013, l’industrie de coton reste bien en deçà des
capacités des usines d’engrenages en raison d’une production de coton
graine inférieure aux prévisions estimées à 600 000 tonnes. Dans le secteur
du BTP, la production du ciment bénéficie d’une activité soutenue bien que les
prix de vente soient toujours fixés par le gouvernement. Les autorités misent
actuellement sur un effet d’entrainement dans le secteur agricole avec la mise
en œuvre des réformes dans le cadre du PSRA à travers l’entrée en
production de six nouvelles usines de transformation de produits agricoles
(tomate, ananas, anacarde, agrumes, mangue).
L’industrie de la pêche n’échappe pas au constat du secteur secondaire du
Bénin, avec l’existence d’une seule unité de transformation et de
conditionnement, encore opérationnelle, qui traite les crustacés ainsi qu’une
faible quantité de poissons blanc destinés au marché européen. La décision
d’auto-suspendre, en 2002, les exportations des crevettes vers l’UE,
officiellement afin de permettre aux entreprises de conditionnement agréées
de se mettre aux normes d’hygiène et de qualité, a entraîné une perte du
16
marché européen et une déstructuration de la filière de crevette qui n’arrive
toujours pas aujourd’hui à reprendre ses activités après la levée de
suspension en 2007. Le manque à gagner annuel consécutif à cette mesure
est évalué à 2,1 milliards Fcfa en plus de conséquences sociales
considérables (perte d’emploi et de revenus).
Contrairement aux autres pays du Golfe de Guinée, riche en réserves
d’hydrocarbures, le Bénin n’est plus producteur de pétrole depuis 2004. Le
gouvernement a, toutefois, annoncé en octobre 2013, la découverte récente
de réserves de 87 millions de barils de pétrole off-shore dans ses eaux
territoriales, il pourrait à nouveau faire sa rentrée parmi les pays producteurs.
3.2.4 Commerce
Le commerce extérieur du Bénin souffre d'un déficit structurel et d'une faible
diversification des exportations, reflétant ainsi le faible niveau de développement
agricole et industriel. La situation des échanges extérieurs s'est, toutefois, améliorée
en 2012, avec une réduction du déficit du compte courant. Ce déficit est financé par
des entrées nettes de capitaux publics et privés, à hauteur respectivement d’environ
40 et 60 % entre 2010 et 2012.
balance commerciale (% PIB) Importation de biens et services (%PIB)
0 35
-2
30
-4
25
-6
-8 20
-10 15
-12
10
-14
5
-16
-18 0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
17
ressources parallèles proviennent de la formidable expansion des trafics illicites avec
le Nigeria. La proximité avec ce pays et les trafics transfrontaliers en tout genre tirent
l'économie béninoise vers l'informel. Fait marquant, les grandes compagnies
pétrolières se sont retirées du Bénin en raison des importations frauduleuses, et
dans des récipients improbables de sa consommation d'essence (1,04 euros/L au
Bénin contre 0,44 euros au Nigéria) et ce malgré les mesures prises par contrecarrer
ce commerce.
Les flux d’investissements directs étrangers (IDE), provenant essentiellement
d'Europe, demeurent encore relativement faibles, représentant moins de 3 % du PIB
contre une moyenne de 4 % à l’échelle du continent. Ils sont concentrés dans les
infrastructures portuaires, le commerce et le secteur des télécommunications.
Mali
Guinée-…
Bénin
Sénégal
Togo
Burkina Faso
Niger
3.2.5 Perspectives
Pour faire face à ses nombreux défis et réaliser les objectifs de croissance de 4,5%
au moins durant la période 2012-2015, ce qui est prévu dans sa stratégie de
l’émergence, le Bénin mise sur la promotion de nouvelles filières agricoles pour les
exportations et le développement des infrastructures de qualité, en forte manque
dans ce pays. Cependant, la performance du secteur primaire et sa dépendance à la
culture du coton fait aujourd’hui face à un risque de baisse éventuelle du cours en
raison de la poursuite des subventions et autres types de soutien pratiqués par de
nombreux pays (Etats-Unis en tête). Par ailleurs, la libéralisation commerciale au
Nigeria et la création d’une union douanière dans la zone de la Cedeao pourraient
modifier les prévisions de croissance en 2014. Tout récemment, en octobre 2013, les
pays de la CEDEAO ont approuvé la structure du tarif extérieur commun de leur zone
commune. Quant aux mesures prises par les autorités du Bénin pour lutter contre
l’essence de contrebande, si elles sont favorables à un accroissement des recettes
fiscales, elles pourraient aussi avoir des effets négatifs à court terme sur l’inflation et
la consommation, et par conséquent sur la croissance.
18
3.3 Eléments de politiques publiques
Le Bénin, qui s'est converti en 1993 à l'économie de marché, avait subi la crise
économique structurelle qui a affecté l'ensemble du continent. Toutefois, la
dévaluation du franc CFA en 1994 lui avait permis de résister en particulier à la
contrebande menée à grande échelle par le Nigeria. En 2003, le pays a atteint le
point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE),
ce qui lui a permis de bénéficier d’une annulation de sa dette multilatérale accordée
en septembre 2005.
Les politiques macroéconomiques, structurelles et sociales menées par le Bénin pour
appuyer la croissance et la réduction de la pauvreté visent à engager le pays sur la
voie de l’émergence économique et relever les défis encore multiple. A l’instar des
autres pays du Golfe de Guinée, le Bénin veut moderniser son infrastructure
économique de base, améliorer le climat et l’environnement des affaires, améliorer
l’aménagement du territoire et procéder à la réforme et la modernisation des
structures étatiques (fonction publique, transparence dans l’administration,
assainissement du système juridique et judiciaire).
3.3.1 Stratégies nationales
Le Bénin s’est doté d’une stratégie de développement pour cinq ans visant à faire de
ce pays une économie émergente à l’horizon 2025. Il inscrit également ses politiques
dans le cadre de sa stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (SCRP
2011-2015) et des orientations stratégiques de développement (OSD) que le
gouvernement a définies en 2006. Ces stratégies reposent sur les axes prioritaires
suivants :
l’accélération durable de la croissance et de la transformation de l’économie
le développement des infrastructures
le renforcement du capital humain
la promotion de la bonne gouvernance
le développement équilibré et durable entre les régions
développement local en vue d’améliorer les conditions de vie des populations
(santé, éducation, formation, emploi...) en vue d’atteindre les OMD;
Le Bénin a ainsi élaboré divers plans et politiques sectorielles axés sur les piliers
cités plus haut, notamment le plan triennal de relance de la croissance, le
programme de développement des infrastructures de transport et énergétiques et le
PSRSA. Plus particulièrement, le gouvernement entend mettre en place un cadre
institutionnel et juridique favorable au développement du partenariat public-privé,
pour faciliter la mobilisation de ressources nécessaires au financement des
stratégies de développement.
Agenda vers une économie émergente
Ce document de stratégie, produit en 2008 avec l’appui du PNUD, définit l’agenda du
Bénin vers une économie émergente à l’horizon 2025. Il s’agit essentiellement d’une
stratégie visant à renforcer et diversifier son économie sur la base de cinq piliers de
croissance : Coton-Textile ; Agro-alimentaire ; commerce, transport et services ; BTP
et matériaux de construction ; culture, tourisme et artisanat. L’agenda vers une
19
économie émergente du Bénin qui représente la feuille de route du gouvernement en
matière de politique publique s’appuie sur cinq objectifs stratégiques :
Des infrastructures de transport modernes et intégrées :
Cela concerne essentiellement le Port de Cotonou afin de le doter des
standards internationaux ; aéroport, chemin de fer moderne, routes et
autoroutes intégrées devant permettre la création d’un corridor de transit.
Une infrastructure économique de base
Le développement de l’électricité et des télécoms, formation, capitalisation sur
la diaspora, amélioration du cadre réglementaire et fiscal, bonne gouvernance
et lutte contre la corruption
Des services de soutien à valeur ajoutée
Mise à niveau et exploitation des NTIC, valorisation et d’exportation de
produits agroalimentaires, services financiers, services de santé,
développement d’une médecine douce.
Accélération de la croissance et réduction de la pauvreté
Amélioration de l’environnement des affaires, développement du secteur privé,
retrait de l’état de l’activité marchande, aménagement du territoire, émergence
de pôles de développement régionaux.
Développement de pôles de compétitivité à forte valeur ajoutée
Agriculture diversifiée, productive, à valeur ajoutée (ananas, avocat, fleurs,
produits vivriers, produits forestiers), pôle régional du commerce du coton,
BTP, développement du tourisme.
Programme de développement des pêches et de l’aquaculture
Quant à l’ambition des autorités pour le secteur des pêches et de l’aquaculture, elle
est définie dans le plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) qui
contient le programme de développement des pêches et de l’aquaculture (PDPA). La
pêche et l’aquaculture, considérées comme sous-secteurs, leur cadre
développement restent encore dépendants de la stratégie sectorielle de l’agriculture
et bénéficient de ce fait d’un soutien politique moindre. Le PDPA est l’un des quatre
programmes cadres sectoriels consacrés par le pacte signé par les différentes
catégories d’acteurs du secteur agricole à l’issue de la table ronde sur le Programme
National d’Investissement Agricole du Bénin (PNIA-Bénin) tenue en 2009.
Défis énergétiques
Le Bénin souffre d’un déficit structurel de ressources énergétiques. L’électricité est
importée par un monopole commun au Bénin et au Togo, par la Communauté
Électrique du Bénin, une société qui connaît d’ailleurs des difficultés structurelles à
faire face aux besoins du pays (environ 200 MW) et dépend de ses fournisseurs, le
Ghana et la Côte d’Ivoire, à hauteur de 70 % de ses ressources.
20
100 Indice Mo Ibrahim - Elecricité
80
60
40 Bénin
Afrique
20
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Figure 3-9 : indice du niveau des infrastructures (Electricité, route, couverture numérique, IT)
Guinée…
Côte d'Ivoire
Bénin
Sénégal
Togo
Mali
21
est de 4 étapes, mais dans ce domaine, le Bénin a amélioré sa position en passant
de la 133e à la 129e place dans le classement Doing Business 2013. Le taux
d’investissement privé s’est situé à 11 % du PIB entre 2005 et 2010, contre 15 %
dans la région ouest-africaine et en Afrique globalement. La levée des entraves à
l’investissement privé constitue d’ailleurs un défi de taille dans la stratégie de relance
de la croissance et de création d’emplois.
En raison de la faible compétitivité de son économie, le Bénin occupe la 119e place
sur 142 pays au cours de 2012-2013, en recul de 15 positions par rapport au
classement 2011-2012, des réformes ont été engagées par le gouvernement
concernant les secteurs vitaux de l’économie comme les filières agricoles, les régies
financières, les structures portuaires, l’énergie et les technologies de l’information et
de la communication. Concernant les régies financières que sont les Impôts et les
Douanes, leurs réformes, couplées avec les réformes portuaires, devraient induire
une augmentation substantielle des recettes publiques et accroître la compétitivité du
Corridor béninois.
Les facteurs qui compromettent le plus la compétitivité de l’économie béninoise sont
le taux élevé de corruption, l’accès difficile au crédit, l’insuffisance des infrastructures
et les lourdeurs administratives.
en % du PIB
Guinée-Bissau
Côte d'Ivoire
Burkina-Faso
Bénin
Togo
Sénégal
0 5 10 15 20 25 30 35
22
3.5 Eléments sociaux
En 2013, le Bénin reste un des pays les moins développés au monde : 165e pays
sur 179 en termes de richesse par habitant, 162e sur 177 sur l’échelle de l’Indice du
Développement Humain, avec près d’un tiers de sa population vivant en dessous du
seuil de pauvreté. Son contexte social est ainsi marqué par un niveau de
développement humain très faible.
Niger 187
Burkina-Faso 183
Mali 182
Guinée-Bissau 176
Côte d'Ivoire 168
Bénin 166
Togo 159
Sénégal 154
23
10 Population PIB par habitant (PPA) ($ international constant 2000 ) 1600
1400
8
1200
6 1000
en millions
800
4 600
400
2
200
0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
24
3.5.4 Genre
En matière de promotion de l’égalité hommes-femmes, le Bénin adopté, depuis 2009,
une nouvelle politique nationale de promotion du genre qui s’inscrit dans la vision
prospective de réaliser d’ici à 2025 l’égalité et l’équité entre les hommes et les
femmes. Toutefois, le pays reste confronté à de nombreux défis dans ce domaine
dont le plus important est la faiblesse du rapport femme/homme pour la population
ayant au moins une éducation secondaire (43,6 % en 2010 selon le rapport sur l’IDH
2011). Les emplois dans la fonction publique restent largement dominés par les
hommes, la proportion des femmes ne représentant que près de 25 %. L’indice Mo
Ibrahim 2011 montre que, sur la question du genre, le Bénin a un score inférieur à la
moyenne de l’Afrique et se classe 28e sur 53 pays.
L’activité des femmes est menée essentiellement dans le secteur informel et
confinée au commerce et à la restauration où elles occupent respectivement environ
80 % et 90 % des emplois. Elles sont cependant confrontées aux difficultés d’accès
aux crédits bancaires en raison des questions de garantie. C’est ce qui explique
pourquoi elles constituent la majorité de la clientèle des institutions de microcrédit.
Tableau 3.3 : Principaux indicateurs sociaux du Bénin pour 2011
25
des jeunes est à lier au déséquilibre du marché de l’emploi au Bénin qui fait face
chaque année à l’entrée de nombreux demandeurs d’emploi devant une offre limitée.
Ces deux indicateurs restent préoccupants, touchant plus de 70 % de la population
en âge de travailler. Les statistiques les plus récentes sur l’emploi des jeunes issues
du recensement général de la population de 2002 révèlent que seuls 33 % des
jeunes ont un emploi rémunéré, contre 72,5 % pour les adultes. A cela, il convient
d’ajouter que 17% des jeunes sont des travailleurs familiaux non rémunérés, contre
5,9 % pour les adultes.
Les programmes mis en place pour soutenir l’emploi, notamment la mise en place du
Fonds national de promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes (FNPEEJ) et la
création d’un fonds national de microfinance, n’ont pas encore produit des résultats
satisfaisants en raison de l’insuffisance des ressources, provenant essentiellement
du budget national.
26
4 Environnement côtier et marin, écosystèmes aquatiques
et ressources halieutiques
4.1 Environnement côtier et marin
La zone côtière et marine béninoise est stratégique pour le développement du pays.
Elle s’étend sur environ 125 km entre le Togo et le Nigéria sur la façade de l’océan
atlantique et couvre une superficie de l’ordre de 8 692km2 représentant 7,7% de la
superficie totale. Elle concentre ainsi plus de 50% de la population béninoise et la
majeure partie des activités économiques, ce qui a pour conséquence une forte
pression sur la zone et une pollution intense.
Cette zone qui couvre 30 circonscriptions administratives, constitue la partie la plus
productive et la plus vivante du pays, mais aussi la plus vulnérable de par les
influences climatiques que par les activités humaines qui la fragilisent extrêmement.
La zone côtière du Bénin possède d’importants écosystèmes localisés dans des
zones humides d’importance internationale avec trois éco-régions types prioritaires
identifiées par le WWF :
- Forêts de type congolais – côtier ;
- Mangroves de type congolo – guinéen côtier ;
- Ecosystèmes marins côtiers du Golfe de Guinée.
4.1.1 Ecosystème aquatique
Le plateau continental du Bénin est peu avantagé du fait de la faiblesse et la rareté
de l’upwelling, ce qui ne crée pas les conditions favorables au développement d’une
production primaire. Il possède un fond sablonneux et couvre une superficie
d'environ 3 100 km2 dont 300 seulement sont productifs. La nature des fonds sur une
partie importante du plateau continental n’est pas favorable au chalut. Ainsi, sur
environ 2 800 km2, ces fonds sont composés de gorgones et d’une barrière
corallienne, ralentissant ou détruisant les chaluts. Cette donnée pourrait expliquer
d’ailleurs en partie la difficulté de développement d’une flotte industrielle au Bénin. Le
plateau reste étroit et sa largeur varie entre 22 et 24 km à l’ouest et atteint environ 32
km à la frontière bénino-nigériane à l’Est.
Le plateau continental dispose de 4 types de fonds dessinés en bandes parallèles
suivant les isobathes de 10 à 100 m :
- Fonds durs (coralliens et gorgones) baignés par des eaux chaudes
- Fonds sablo-vaseux baignés par des eaux chaudes (0 à 15 – 17 m de
profondeur)
- Fonds sableux baignés par des eaux chaudes (jusqu’à 35m)
- Fonds vaso-sableux et vaseux baignés par des eaux froides (35 à 55 m de
profondeur)
4.1.2 Production biologique
Le contexte physique et environnemental qui sert de substrat aux activités de pêche
et d’aquaculture au Bénin présente un net contraste si l’on compare la situation des
eaux maritimes avec celle des plans d’eau intérieurs. Alors que les conditions
physiques et environnementales du milieu marin sont généralement considérées
27
comme relativement peu favorables, le milieu continental, par la densité du réseau
hydrographique, est potentiellement riche en ressources halieutiques (fournit 80% de
la production globale) et constitue un terrain favorable au développement d’activités
aquacoles. Globalement le réseau hydrographique des écosystèmes humides du
Sud-Bénin fournit annuellement environ 33.000 tonnes de poissons, crevettes et
crabes dont 3 000 tonnes pour la pêche fluviale et 30.000 tonnes pour la pêche
lagunaire, tandis que la pêche maritime ne fournit que 7 000 tonnes de produits
halieutique.
Le réseau hydrographique est principalement composé d’une série de lagunes qui
suivent de près la côte depuis la ville de Grand-Popo jusqu’à l’Ouest du fleuve Mono,
et communiquent avec le lac Ahémé, le tout formant le bassin côtier du sud-ouest. Le
lac Nokoué, le plus vaste des plans d’eau de l’intérieur s’étend sur 150 km² et
communique avec la lagune de Porto-Novo, formant avec ce dernier le bassin côtier
du sud-est. Quelques rivières de moindre importance existent et ne sont pas
navigables en raison de leur débit très rapide et de leur encombrement par des
rochers. Au total, les deux bassins côtiers du sud et les autres petits lacs
comprennent environ 333 km² d’eaux saumâtres.
Les populations de poissons les plus importantes sont dans l’ordre décroissant,
celles des familles des Cichlidae (Sarotherodon melanotheron et Tilapia guineensis),
des Clupeidae, des mugilidae, des Clarotidae.
D’après les inventaires les plus récents, la faune ichthyologique d’origine marine
comprend plus de 257 espèces de poissons regroupées en 101 familles en plus des
espèces de crustacés et de céphalopodes et d’autres espèces d’eaux saumâtres
dont le nombre est estimé à plus de 200 espèces. Au nombre de ces espèces, les
Cichidaes (7 espèces) sont les plus importants. Il s’agit principalement des tilapias
dont les plus importants sont Sarotherodon melanotheron et Tilapia guineensis. Le
lac Ahémé concentre la richesse de l’ichtyofaune avec un potentiel de 71 espèces
recensées soit 67% de la faune ichtyologique des zones humides du Sud-Bénin.
A côté des poissons qui constituent les principales protéines au Sud- Bénin, la zone
côtière est également riche en crustacés (crevettes, les crabes et les écrevisses) et
mollusques (huîtres).
28
Figure 4-1 : zone littorale du Bénin
29
Les carrières de sable ouvertes le long du littoral, en particulier à l’Est du Port
de Cotonou, provoquaient une « saignée » annuelle de plus de trois millions
cinq cents milles (3 500 000) m3 de sable au niveau de Sèmè suite à la
fermeture des carrières de Jacquot à l’Ouest du Port ;
L’arrêt du transit littoral par la digue de protection du Port de Cotonou et par les
ouvrages de protection mis en place en même temps que le Port explique
l’accélération de l’érosion à l’Est de Cotonou ;
Dans ce processus d’érosion côtière au Bénin, le cas de la ville de Grand-Popo
apparaît bien spécifique et constitue encore une énigme. Le littoral à cet endroit
subit périodiquement d’importantes fluctuations qui ont presque entièrement
détruit cette ville.
La violence de la barre et l'intensité alarmante de l'érosion côtière sont des facteurs
naturels qui entravent sérieusement le développement des activités des pêcheurs
artisans. La pollution chimique pouvant résulter des rejets de goudron par les
pétroliers au port de Cotonou et les résidus de phosphate bien perceptibles surtout à
l'ouest de la façade maritime, pourraient à long terme porter préjudice à la vie de
différentes espèces biologiques, notamment celles qui sont exploitées en particulier
pourraient occasionner des contaminations à l'échelle des consommateurs.
Par ailleurs, une autre menace inquiétante observée de tous les acteurs au Bénin
mais non encore évalué, concerne un risque transfrontalier de la pollution due au
déversement dans le milieu marin des effluents de l’usine de phosphate de Kpémè
au Togo. Ces effluents donnent une couleur jaunâtre aux eaux alentours sans que
les conséquences réelles de cette pollution sur ce milieu puissent encore être
évaluées.
4.2.2 Changement climatique
Le Golfe de Guinée est en général très vulnérable aux changements climatiques et le
Bénin, en particulier, fait face à une dégradation de son environnement naturel, dont
les effets s’observent déjà dans la déforestation galopante, la dégradation des sols
ainsi que l’avancée de l’océan.
i. Perceptions du changement climatique
Le Bénin subit des modifications climatiques à grande échelle qui restent amplifiées
par les facteurs naturels et anthropiques tant régionaux, que locaux.
Température et eau : Les perturbations se manifestent, depuis plusieurs
années déjà, par une réduction d’amplitude annuelle moyenne des quantités
totales de pluies de 180 mm, une intensification des sécheresses, dans les
années 1970 et 1980 ainsi que des pluies violentes, du début de saison
pluvieuse, atteignant fréquemment une intensité supérieure à 100mm/h ce qui
favorise l’inondation et l’érosion sur les sols mal protégés. Par ailleurs, et après
chaque saison pluvieuse ou sèche, le niveau de l’eau varie considérablement.
Cette variabilité est caractérisée par le raccourcissement de la saison
pluvieuse, la baisse de la pluviométrie à l’intérieur des terres, l’accroissement
de la pluviosité et des risques d’inondation dans la zone côtière, l’excès de
chaleur et la violence des vents. Ainsi, la petite saison pluvieuse de septembre
à octobre qui pourrait disparaître sous des conditions climatiques extrêmes,
notamment l’élévation de température de 2,5°C, constitue déjà un risque
30
déséquilibrant particulièrement dans le Nord compte tenu que les ressources en
eau et en énergie dans cette zone sont moins pourvues que le Sud.
Inondations et chaleur : Ces changements climatiques s’accompagnent
également d’importantes inondations notamment dans les zones côtières. En
outre, un phénomène inquiétant devenu quasi récurant, concerne l’inondation
qui alterne désormais avec des fortes chaleurs. En 2009 et 2010, plusieurs
hectares ont été engloutis par l’érosion côtière et ont causé des dommages qui
s’élèvent à environ 200 millions d’euro.
D’ici 2050, les prévisions estiment que 49 hectares de terre vont se retrouver en
mer, avec plusieurs quartiers de la ville de Cotonou. Le risque des inondations
va de pair avec un autre grand risque, qui est celui des maladies, favorisées par
de mauvaises conditions d’hygiène.
Zones côtières : l'avancée de l'océan Atlantique est visible au Bénin. La montée
des eaux et les flux et reflux des vagues ont déjà emporté plusieurs maisons
dans le passé, plusieurs villages comme Docloboé dans le Département du
Mono ont totalement disparu ; des milliers de personnes vivant dans la zone
côtière ont été forcées de se déplacer (réfugiés climatiques), et les estimations
indiquent qu'une catastrophe serait inévitable si des mesures préventives ne
sont pas prises dans l'immédiat.
Les communautés de pêcheurs fortement exposées au risque climatique sont situées
dans la bande côtière au niveau des sites de pêche suivants : Athiémé, de Grand-
Popo, de Bopa, Comé, Lokossa, Ouidah, So-Ava, Sèmè-Podji, Aguégués, Dangbo,
Adjohoun, Bonou, Ouinhi et Cotonou. Le risque climatique qu’encourent ces zones
est présenté dans la matrice de sensibilité du tableau suivant.
Tableau 4.1 : sensibilité des zones de pêche aux risques climatiques
Risques
Pluies
Vents Chaleur Elévations Indicateur
Sécheresse tardives et Inondations
violents excessive de la mer d’exposition
violentes
Communes
Grand
4 4 3 3 4 4 73,33%
Popo
Adjohoun 4 4 3 3 4 - 72%
Malanville 5 4 3 3 4 - 76%
Aguégués - 4 3 3 4 - 70%
31
et menace d’engloutir une bonne partie de Cotonou. Les estimations font
craindre une élévation du niveau de la mer d’au moins de 59 mètres, d’ici à l’an
2100. L’érosion du littoral qui s’en suit pourrait rayer de la carte les zones de
Donaten, Tokplegbe, Finagnon, Akpakpa-Dodomey et JAK, dans l’est du Bénin,
si rien n’est fait pour freiner l’avancée des eaux. L’avancée de la mer sur les
côtes béninoises peut aller jusqu’à 10 ou 15 mètres certaines années, par le jeu
de l’effondrement des infrastructures. A Cotonou, plus de 400 mètres de terre,
par endroits, ont déjà été avalées par la mer qui a ainsi englouti des maisons, et
emporté des infrastructures hôtelières comme l’Hôtel Palm Beach.
Erosion côtière : la Commune de Grand-Popo qui, autrefois jouait le rôle de
pôle d’attraction des activités commerciales du centre du Bénin, parce qu’elle
abritait les grands centres commerciaux du Dahomey d’alors, a perdu tous ces
privilèges à cause de l’érosion côtière qui a englouti tous ces centres. Cette
érosion se traduit notamment par la régression des plages dans le golfe du
Bénin, même si les vitesses de recul sont variables d’un secteur à l’autre, ce qui
donne une impression d’engraissement partiel en certains points
Les conditions de vie des populations béninoises déjà victimes de la pauvreté
et notamment de l’insécurité alimentaire sont menacées directement ; les
inondations réduisent les acteurs de la pêche continentale à l’inaction et au
chômage, le déplacement ou encore la reconversion
Ces perturbations climatiques menacent par ailleurs, les écosystèmes et les
ressources aquatiques. En outre, le manque de renseignements
météorologiques sur l'état de la mer afin de prévenir les éventuels dangers
constitue une lacune qui peut engendrer des désagréments pendant la pêche.
iii. Plan d’action national d’adaptation aux changements climatiques (PANA)
Le Bénin a élaboré en 2008 un Plan d’action national d’adaptation (PANA) et a initié
diverses politiques, notamment l’amélioration de l’efficacité énergétique et la gestion
durable des ressources forestières, concourant à l’atténuation des émissions de gaz
à effets de serre. La prise en charge de la question du changement climatique est
coordonnée par le Comité national sur le changement climatique. Néanmoins, ce
cadre pâtit de diverses faiblesses d’ordre institutionnel, technique et financier qui
limitent considérablement l’efficacité des programmes mis en œuvre.
Tableau 4.2 : axes prioritaires du PANA (2008)
Axes Actions
La mise en place d’un système de prévention de risques climatiques et d’alerte rapide pour la
1
sécurité alimentaire dans quatre zones agro-écologiques vulnérables
L’adaptation des ménages au CC par la promotion des énergies renouvelables et des foyers
2
économiques face à la pénurie du bois de chauffe
La mobilisation des eaux de surface aux fins d’adaptation au CC dans les communes les plus
3
vulnérables des départements du Centre et du Nord.
La protection des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes contre le paludisme
4
dans les zones les plus vulnérables aux changements climatiques
5 La protection de la zone côtière face à l’élévation du niveau de la mer
Il n’y a pas d’études spécifiques quant aux conséquences directes des changements
climatiques sur les ressources aquatiques au Bénin. Cependant, la surpêche et le
32
changement climatique accélèrent la dégradation des stocks halieutiques qui
caractérisent les côtes béninoises et fragilisent la situation de milliers de pêcheurs.
33
i. Inventaire des espèces pélagiques des eaux du Bénin
Tableau 4.4 : petits pélagiques côtiers dans les eaux du Bénin
Groupe Famille Espèce Nom commercial Biomasse en T
Sardinella maderensis Allache
Thonine Thonine
34
Les Carangidés, qui occupent la plus grande partie du groupe des pélagiques
II, sont représentés par les carangues (Caranx spp), des comètes (Decapterus
spp), du musso africain (Selene dorsalis) et du sériole (Seriola dumerilii).
Comme les Clupeidés, ils effectuent des migrations saisonnières avec une
abondance tout autant variable. La plupart de ces petits pélagiques se
rencontrent dans les eaux saumâtres et tiennent une part non négligeable
dans la production en pêche lagunaire.
Les grands pélagiques regroupent essentiellement les maquereaux (Scomber
japonicus et Scomber tritor), les bonites et les thons (Katsuwonus pelanus,
Euthynnus alleteratus, Thunnus obesus) et les espadons voiliers des genres
Istiophorus et Makaira. De taille généralement imposante, ces poissons
effectuent d’importants mouvements migratoires saisonniers régionaux
souvent à plus de 40 km de la côte. Ces requins sont de la famille des
Triakidae tel que Mustelus mustelus. On y trouve aussi des raies : Dasyatis
marguarita.
Ces espèces pélagiques représentent 75% des captures totales du Bénin dont 60%
sont composées de petits pélagiques côtiers. L’alose rasoir (ilisha africana) contribue
à elle seule avec 9,7% des captures totales.
P. pélagiques
P. démersaux
Crustacés
35
cette taille était rejetée. La baisse de la disponibilité de ce poisson sur le marché a
fait grimper considérablement son prix, devenu hors de portée des ménages. Son
prix est ainsi passé de 1 000 à 3 ou 4 000 Fcfa/kilo
Tableau 4.5 : principaux poissons démersaux de la zone côtière
4.3.3 Crustacés
Les Crustacés sont représentés par les crevettes sur des fonds en général sableux à
sablo-vaseux, et ont une migration cata drome, vers l’océan pour se reproduire, et se
retrouvent par conséquent dans la région des embouchures des lagunes. Les
crevettes sont destinées à l’exportation. Les langoustes sont observées aussi, mais
en plus faibles quantités.
Tableau 4.6 : espèces de crevettes des eaux du Bénin
36
crevetticulture de la sous-région. Les autres espèces sont plus petites. Leur âge
limite est de 12 à 18 mois.
La distribution de P. notialis est abondante sur les fonds vaseux et sablo-vaseux
jusqu’à 45 mètres de profondeur, surtout à l’embouchure des lagunes et des
estuaires. Cependant, cette espèce est présente jusqu’à 100 mètres de profondeur.
La contrainte au Bénin réside dans la faible disponibilité de ces fonds, au-delà de 5
milles marins, qui sont accessibles à la pêche industrielle.
Par contre, P. kerathus est peu abondant. Elle a une taille maximum de 23,5 cm
(adultes mâles) et 18 cm (adultes femelles). Elle se trouve en région côtière, surtout
près des embouchures de lagunes, sur les fonds sableux à vaso-sableux.
L ‘espèce P. longirostris a une taille maximum de 19 cm pour les adultes. Elle est
certes peu abondante, mais sur des fonds plus rocailleux et de grande profondeur
(de 150 à 600 m de profondeur). Elle migrerait le long des côtes.
P. atlantica a une taille maximum de 17 cm pour les adultes mâles, 12 cm pour les
adultes femelles. Elle fréquente les estuaires, les lagunes et les zones côtières peu
profondes de 10 et 40 m de profondeur. Sa distribution est partagée avec le Nigéria.
Sur la dernière décennie, le volume des débarquements et des exportations de
crevettes a fortement baissé.
4.3.4 Les ressources halieutiques continentales
Le Bénin dispose d’un réseau hydrographique assez dense composé de fleuves,
complexes lagunaires, et lacs. Il s'agit de :
- le fleuve Ouémé (510 km),
- le fleuve Couffo (170 km),
- le fleuve Mono (120 km),
- le complexe delta de l’Ouémé-lagune de Porto-Novo-lac Noukoué-rivière Sô,
- le complexe Couffo-Lac Ahémé-canal Aho-Lagune Côtière,
- lacs (lac Toho, lac Todougba, Lac Ahouangan et lac Dati),
- les retenues d’eau et des barrages.
La faune ichtyologique du système continental est constituée d’espèces d’eau douce
et eau saumâtre appartenant à dix-neuf familles de poisson et crustacés :
Carangidae, Channidae, Cichlidae, Clupeidae, Bagridae, Clariidae, Gerridae,
Gobiidae, Elopidae, Osteoglossidae, Palemonidae, Penaeidae, Mormyridae,
Mugilidae, Ophiocephalidae, Osteoglossidae Portunidae, Protopteridae,
Synodontidae, Schilbeidae. De nombreux poissons sont anadromes c’est à dire
rejoignent l’océan en période de reproduction.
37
budget total avoisine, encore en 2013, à peine 1% du budget total pays. Son action
est par conséquent dépendante de ce Ministère et la relation avec la Direction des
pêches se matérialise à travers des programmes irréguliers. Certes, un protocole
d’accord ainsi qu’une collaboration existent entre la recherche et la direction DP et
concernent la collecte des données, cependant, il n’y a pas de lien formalisé à
travers un contrat-programme ou accord cadre faisant de cet institut un instrument
pour la réalisation des recherches dans le cadre du PDPA ou de production de
données nécessaires à la prise de décision. La direction des pêches ne dispose pas
non plus de service faisant la coordination et le suivi permanent avec l’IRHOB.
Evaluation des stocks
Les programmes de recherche réalisés sont essentiellement d’ordre régional en
raison de manque de moyens et de capacités. Un navire de recherche de taille
modeste, issu d’un don japonais, n’est plus opérationnel depuis 1997 et les capacités
actuellement sont presque inexistantes en raison de manque de personnel qualifié,
et de peu de recrutements.
Ainsi, depuis 1997, fin des travaux réalisés dans le cadre de la coopération
canadienne, permettant des évaluations spécifiques des ressources au Bénin,
l’évaluation des stocks sont exclusivement le fait de programmes régionaux. Par
ailleurs, les travaux de recherches sur les ressources halieutiques exploitées
n'existent pas hormis celles liées à des enquêtes cadres dont la plus récente date de
2009. En l'absence de compétences nationales suffisantes et de moyens, la
recherche halieutique est donc totalement dépendante de l'intervention de
scientifiques extérieurs. La recherche océanographique pour le suivi de l’état de
l’environnement marin côtier est assurée depuis 2005 et d’une manière régulière par
l’Institut français de recherche et de développement (IRD).
38
campagnes étaient le seul moyen d’évaluer ces stocks même si elles sont limitées
par le fait que le bateau n’a pas accès à la zone côtière (de 0 à 16 mètres de
profondeur) à cause de son tirant d’eau trop important. Toutefois, la présence du
Fridjof Nansen n’est plus d’actualité dans la zone du Golfe de Guinée depuis 2006.
En 2012, l’UEMOA a financé une campagne d’évaluation des petits pélagiques dans
sa zone de compétence avec l’appui du navire sénégalais Itaf-Déme avec toutefois
de très courtes durées (3 à 4 jours) dans les eaux béninoises. Cette année, la
campagne devant être financée à nouveau par l’UEMOA n’a pu avoir lieu faute de
financement.
La dernière évaluation des stocks des démersaux a été réalisée en 2012 dans un
cadre également sous régional avec l’appui du navire guinéen GLS sous
financement de l’UEMOA.
Les stocks de crevettes n’ont jamais fait l’objet d’évaluations scientifiques et l’état de
la biomasse est inconnu. Le Projet ACP Fish II appui actuellement, sur un plan
institutionnel, les actions devant permettre de faciliter cette évaluation à travers la
formation du personnel pour manipuler le système de suivi de cette pêcherie.
Données et statistiques
Les méthodes utilisées par ces programmes d’évaluation sont le plus souvent des
méthodes relativement grossières (écho-intégration, aires balayées) qui donnent des
estimations de la biomasse totale, et parfois de la biomasse d'espèces particulières
d'intérêt commercial. Ces campagnes ne procurent le plus souvent que des indices
d'abondance, à défaut de potentiel exploitable. Le passage de l'un à l'autre se fait
suivant des méthodes qualifiées d'empiriques et les résultats sont généralement
entachés de niveaux d'incertitudes élevés. Ces niveaux d'incertitudes sont liés au
caractère ponctuel des campagnes alors que l'écosystème marin Bénin est soumis à
de fortes variations intra-annuelles, aux engins expérimentaux utilisés (des chaluts
dont les configurations sont souvent éloignées de la géométrie d'un chalut
commercial), et aux zones prospectées qui peuvent ne pas tenir compte des zones
de concentration de l'effort de pêche commercial.
Le traitement des données statistiques est également défaillant et lui aussi s’appuie
sur les programmes régionaux notamment du Réseau d’échange de données et
d’information océanographique en Afrique, programme de l’UNESCO impliquant 25
pays. Il s'agit vraisemblablement d'un trait commun aux pays de la sous-région.
L’information sur la structure en taille ou en âge des espèces capturées (taille/poids)
existe pour quelques espèces seulement et pas de façon systématique alors que
cette donnée permet de situer le niveau d'exploitation courant par rapport au
potentiel maximal. Il n’y a aucune information non plus sur les prises accessoires des
différents métiers. Les rapports scientifiques sur l’état des stocks de poisson sont
ceux du COPACE et de l’UEMOA dont les résultats sont validés au niveau régional.
La couverture statistique spatiale et temporelle dans le milieu continental au Bénin
est actuellement incomplète. Tous les systèmes existants actuels méritent d’ailleurs
être remplacés par des enquêtes d’échantillonnage. Il n’existe pas non plus un
protocole méthodologique ou opérationnel pour la collecte régulière des données.
Cette situation semble paradoxale avec l’existence d’un potentiel important
d’institutions (Universités, Centre béninois de recherche scientifique et technique,
Institut national de recherche appliqué du Bénin, Direction de l’Environnement etc.).
Ce système de collecte n’est toutefois pas structuré de façon à centraliser toutes les
39
données et à en faciliter l’exploitation pour l’aménagement des pêcheries et la
diffusion de l’information sur l’état du stock.
Le système de suivi de la pêche artisanale maritime est basé sur l’échantillonnage
stratifié (ARTFISH) qui a été introduit par la FAO lors d’un projet TCP. Depuis
l’installation de ce système, la Direction des pêches procède au suivi et à
l’échantillonnage de l’effort de pêche au niveau du Port de Cotonou. Les nombres de
sorties de pirogues sont comptés quotidiennement. Par manque de moyens
financiers, les strates n’ont pas été couvertes complètement depuis 2003 malgré que
les acteurs aient été associés à la collecte de données de l’effort de pêche. En 2007,
ce programme a été complètement arrêté, à l’exception de l’échantillonnage au port
de pêche de Cotonou, en raison de manque de financement.
Les données sur la pêche industrielle sont peu fiables et incomplets. Il n’existe pas
de programmes d’observateurs à bord des bateaux étrangers (des chalutiers et
thoniers) qui fréquentent les eaux du Bénin d’une manière irrégulière. Les bateaux
thoniers ghanéens qui pêchent dans ces eaux ne communiquent pas d’information
non plus et il n’y a aucun contrôle sur l’utilisation des tailles de mailles dans les culs
de sac des chaluts, ni sur les fonds de pêche. C'est un constat réel et un défi, si l'on
sait que dans la sous-région, des pays voisins font déjà des efforts remarquables en
la matière.
Un observatoire nationale de pêche (ONP) a été institué en 2012 avec comme
objectif la collecte et la centralisation des données statistiques des captures, l’effort
de pêche et les données biologiques des espèces halieutiques. Cependant, son
fonctionnement n’a pas encore démarré dans l’attente de finalisation des statuts et la
fixation de son ancrage.
Tableau 4.7 : campagnes océanographiques réalisées dans les eaux du Bénin
2005-06-07-08-09-10-
NO IRD/Coopération française Environnement marin
11-12-13
Coopération Canadienne (avec l’appui du
1997 démersaux
navire don japonais)
NO Fridjof Nansen 2006 Pélagiques
40
débarquées. Les captures par unité d’effort ont baissé d’une manière significative et
la production globale est sur une tendance baissière. Déjà, les différentes études
menées dans le cadre régional à bord du Navire de Recherches F. NANSEN, ont
montré que les ressources du Bénin ont atteint le niveau de surexploitation, avec
pour conséquence une baisse des rendements par unité d'effort et une diminution de
la taille des poissons pêchés.
Les travaux de la sixième session du sous-comité scientifique du COPACE de 2011,
indiquent que les plupart des stocks des petits pélagiques du Bénin notamment les
sardinelles (Sardinella spp.) et l’ethmalose (Ethmalosa Fimbriata) sont surexploités
pour les premières et pleinement exploitées pour la seconde. Les principales
espèces démersales, Bars (Pseudotolithus spp.), le Capitaine (Galeoides
decadactylus), Daurade (Dentex spp.), n’échappent pas non plus à ce constat de
surexploitation.
Tableau 4.8 : fiche sommaire de l’état des principales espèces du Bénin
Bcur/B0.1 Fcur/F0.1
Stock Evaluation Observations
% %
Sardinella ronde Stock pleinement tenant compte des autres
124 56
Sardinella aurita exploité. indications de la pêcherie
Pas de résultats fiables
Bonga 104 71 Les captures fluctuent chaque
obtenus
Ethmalosa Fimbriata année.
41
Seuls les stocks de certains pélagiques sont susceptibles d'être exploités davantage,
encore que les stocks d'ethmalose semblent sous pression de surpêche localisée.
Par ailleurs, les stocks des thonidés et dont le suivi est assuré par l’ICCAT, sont
partiellement étudiés. Leur exploitation actuelle par des navires industriels ghanéens
ne permet pas d’apprécier le niveau de rendement ainsi que la taille ou quantités des
espèces capturées. Ces navires qui ont obtenu cette année des licences
d’exploitation ne communiquent pas d’information à la Direction des pêches et ne
débarquent pas à Cotonou.
42
5 Contexte des pêches au Bénin
5.1 Délimitation de la zone économique exclusive
La ZEE su Bénin est de 33 221 km2 et la ligne côtière est de 125 km. Elle s’étend de
l’Ouest Hilla-Condji où se situe le point le plus au Sud de la ligne suivant laquelle il
est adjacent avec le Togo (Frontière Bénino-Togolaise), jusqu’à Kraké à l’Est
(Frontière Bénino-Nigériane), d’où commence la frontière maritime Bénin-Nigeria
dont la section non contestable par le Bénin s’arrête à son intersection avec la ligne
béninoise des 200 milles marins. De ce fait, la ZEE béninoise est enclavée entre ses
pays voisins les plus proches, le Togo à l’ouest et le Nigéria à l’est.
La configuration géographique des côtes respectives fait que les limites de la ZEE
nigériane et togolaise convergent et se rencontrent avant d’arriver aux 200 milles
marins. Cette configuration rend d’ailleurs difficile le contrôle et la surveillance dans
la partie extrême. La limite des eaux territoriales, à partir de la laisse de basse mer
est de 12 milles marin, soit en moyenne de 22 km contre par exemple 100 km en
Guinée et 200 km en Mauritanie.
43
économique exclusive (ZEE) à 200 milles marins à partir de la ligne de base. Ces
limites devront être fixées par la future loi cadre sur les pêches actuellement en
discussion au parlement.
Le Bénin a ratifié la CNUDM en 1997. La délimitation de cette ZEE soulève toutefois
des contestations avec le Nigéria. A l’ouest, c’est-à-dire la frontière avec le Togo, il
n’y a pas de conflit ni de contestation même s’il n’y a pas de Traité signé entre les
deux pays. En ce qui concerne le Nigeria, un Traité portant délimitation de la frontière
maritime a été signé le 04 août 2006 déterminant les principaux points de la frontière
maritime commune.
Cependant, en 2011 le parlement béninois a rejeté le Traité sur la délimitation de la
frontière maritime avec le Nigeria, considérant que les intérêts du pays ne sont pas
préservés. Le grief est l'application de la méthode de délimitation qui ne tiendrait pas
compte des intérêts du Bénin, en empêchant ainsi l’accès à la haute mer dont le
potentiel en ressources pétrolières, minières et halieutiques pourrait être important. Il
s’agit d’un trait commun de la plupart des pays du golfe de Guinée, producteurs de
pétrole, qui veulent agrandir leur ZEE, ce qui entraîne un chevauchement des
revendications. Ainsi, le Ghana, le Bénin, le Togo, Sao Tomé-et-Principe et le Nigeria
revendiquent la même zone de plateau continental. Le Bénin pense d’ailleurs saisir
des instances continentales pour le règlement du différend. De même qu’une
Commission mixte paritaire de délimitation de la frontière entre le Bénin et le Nigéria
a été ratifiée en décembre 2011 par le parlement béninois.
Ces contentieux frontaliers autour de la délimitation des ZEE peuvent déstabiliser la
sous-région déjà confrontée au risque de la piraterie maritime qui sévit dans le Golfe
de Guinée et qui aurait même déclassé le Golfe d'Aden en termes de dangerosité.
Plusieurs initiatives ont été développées cette année pour renforcer la coopération
pour la sécurité maritime et la lutte contre la piraterie mais également la protection
des écosystèmes marins et des ressources halieutiques. Il s’agit principalement du
sommet sur la sureté et la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée en juin 2013
avec la participation des chefs d’Etats des pays concernés, du Sommet de la
CEDEAO et de la CEEAC en octobre 2013, de la résolution 2018, du Conseil de
sécurité qui établit un cadre de lutte contre les actes de piraterie commis au large
des côtes du golfe de guinée. Les pertes financières conséquentes à la piraterie
maritime dans le Golfe de Guinée avoisinent près de 25 milliards Fcfa chaque année.
44
45 000
40 000
35 000
30 000
P. maritime artisanale
25 000
P. Industrielle
20 000 P. Continentale
10 000
5 000
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
données 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
années
Nbre de 825 825 825 825 825 825 825 742 742 742 742
pirogues
Nbre de 4 345 4 345 4 345 4 345 4 345 4 345 4 345 5 080 5 080 5 080 nc*
Pêcheurs
Production 10 486 11 009 10 943 8 699 9 000 5 648 6 685 8 851 9 800 7 531 9 185
(T)
CPUE 12,7 13,34 13,26 10,54 10,91 6,85 8,10 11,93 13,21 10,15 12,38
Source : Direction des pêches. * : non communiqué
45
Six types de pêches sont utilisés :
- La senne de plage, manifestement la plus importante et à la base de 50% des
débarquements. Elle est décriée pour son impact sur l’écosystème et son
manque de sélectivité à cause des petites mailles utilisées. Les prises sont
dominées par les juvéniles de sardinelles, ethmaloses et Bars.
- Les filets maillants de fond
- Les filets de surface
- La ligne à hameçon
- La senne tournante
- Le filet à sardine
En attendant l’adoption de la loi cadre qui va permettre d’assoir le cadre législatif de
l’accès aux ressources halieutiques au Bénin, la pêche artisanale reste libre et
gratuite. Même les débarquements au niveau du port de Cotonou ne sont assujettis
qu’à des taxes à objectif sanitaire d’un montant forfaitaire symbolique de 2 000 Fcfa
par débarquement et donc indépendamment de la quantité des prises.
L’organisation de la pêche artisanale est principalement assurée par les
organisations professionnelles en termes d’accès aux ressources, de suivi de la
pêcherie et contribution à la collecte de données. En 1989, les acteurs se sont
organisés pour gérer l’activité et assurer la traçabilité avec le lancement de
l’immatriculation des pirogues, action qui se poursuit encore essentiellement dans le
milieu lagunaire et évolue selon les moyens disponibles. Plusieurs regroupement des
pêcheurs et des mareyeuses disposent à présent de structures bien organisées et
réclament leur participation dans la gestion du secteur de la pêche. Il s’agit de l’Union
Nationale des Pêcheurs Marins Artisans et Assimilés du Bénin (UNAPEMAB) et de
l’Association Nationale des Mareyeurs et Mareyeuses du Bénin (ANM). Ces
structures sont mêmes à l’avant-garde auprès des parlementaires pour réclamer
l’adoption du projet de la loi Cadre sur les pêches et encadrer leurs activités
caractérisée par un nombre pléthorique de pêcheurs en raison de l’accès libre.
L’effort de pêche artisanale au Bénin n’est pas encore maitrisé et la surveillance des
côtes est encore inexistante pour cette activité. Certaines mesures à l’initiative des
organisations professionnelles pour la mise en place d’une surveillance participative
n’ont pu être poursuivies en raison de l’absence de cadre juridique en vigueur
permettant d’arraisonner les pirogues pratiquant une pêche considérée dévastatrice
(petites mailles, mono filament, pêche de juvéniles, etc.). Pour cette surveillance
participative, les autorités du Bénin ont remis à ces organisations professionnelles en
2009 une chaloupe avec moteur hors-bord, talkie-walkie et radio VHF. La force
navale béninoise a aussi contribué à cette surveillance participative en formant les
opérateurs du comité de suivi. Toutefois, les appareils n’ont même pas fonctionné
par manque de personnel qualifié et cette surveillance s’est arrêtée en janvier 2013.
De l’avis général (données, enquêtes auprès des acteurs et rapports du COPACE),
les stocks d’espèces débarquées par la pêche artisanale du Bénin sont fortement
exploités et la production est sur une tendance baissière. A Cotonou, principal port
de débarquement de pêche artisanale, la fréquence des débarquements est passée
à 3 voire une fois par semaine selon certaines saisons. Cette activité reste menacée
par l’utilisation du mono filament pratiquée en grande partie par les pêcheurs
ghanéens. En outre, les mangroves de la zone Ouidha, servant de frayère à certains
46
poissons, sont également détruites par les communautés des pêcheurs qui utilisent
le bois pour fumer le poisson ou préparer le sel. Par ailleurs et malgré l’interdiction de
la pêche de la crevette rose de mer, arrêté 518 du 30 décembre 2008 portant
interdiction aux mysidacés dites crevettes roses de mer, cette pratique est encore
répandue. Elle est utilisée comme aliment d’appât pour d’autres espèces de poisson
ou vendue localement et au Togo comme additifs alimentaires pour la fabrication de
cube alimentaire.
5.2.2 Pêches continentales
La pêche continentale produit annuellement environ 30 000 tonnes dont 90%
proviennent du milieu lagunaire. Elle constitue le premier segment en termes de
production totale avec une part de 75%. Elle est principalement développée dans les
lacs du sud, comme le lac Nokoué, la Lagune Porto-Novo et le lac Ahémé, l'un des
plans d'eau majeurs du Bénin qui abrite une biodiversité importante.
La pêche continentale reste une activité très importante pour les communautés
rurales du Bénin en offrant un support social à nombreux de jeunes à la quête
d’emploi, dont la majorité ne possèdent pas de terre et n’ont d’autre moyen
d’existence que la pêche, et une source de protéines pour l’ensemble de la
population. Elle est ainsi le principal générateur d’emploi du sous-secteur avec plus
de 52 000 pêcheurs en majorité des béninois. Par ailleurs, environ 40 000 femmes
sont impliquées dans la filière pêche et jouent un rôle primordiale dans le traitement
et la commercialisation du poisson agissant à titre individuel ou en groupement.
Ainsi, cette pêche fait vivre en amont et en aval plus de 300 000 personnes
représentées par les vendeurs de matériel de pêche, les fabricants de pirogues, les
transformatrices et vendeuses de poissons, les écailleuses de poissons, etc.
Production en T Nbre de pirogue
35 000 60 000
30 000
50 000
25 000
40 000 Production
20 000 Nbre de
30 000 pirogue
15 000
20 000
10 000
10 000
5 000
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
47
La pêche continentale est toutefois caractérisée également par un accès un libre et
gratuit ainsi que par une capacité incontrôlé de l’effort de pêche. Le parc piroguier
est évalué à 45 000 unités monoxyles, de taille petite et en bois tendre, ce qui
conduit à un renouvellement régulier. Toutefois, il n’y a pas de recensement
exhaustif des pirogues, étant donné que l’opération d’immatriculation supervisée par
les organisations professionnelles est toujours en cours. Les types de pêche les plus
répandus sont les filets fixes, les flets lancés, l’épervier, les filets maillants, les
nasses et les palangres.
Différentes contraintes continuent de menacent la durabilité de cette activité dont les
plus importantes sont : (1) la baisse constatée de biomasse, en effet la migration de
certaines espèces pour la reproduction se trouve empêchée par les barrages « xha »
sur lac Ahémé (2) population de pêcheurs pléthorique, (3) raréfaction des ressources
(4) la dégradation des mangroves de la frange côtière avec des conséquences sur
les frayères (5) la prolifération des végétaux aquatiques (jacinthe d’eau, laitue d’eau)
qui engendre une diminution sensible de la productivité des eaux, et de là la richesse
des eaux en nutriments pour les poissons, (6) enfin, et surtout, la pollution organique
et l’envasement des lagunes communiquant avec la mer.
La pêche continentale reste organisée autour des communautés de pêcheurs, des
chefferies et du préfet qui en général préside les comités de gestion. Le système de
gestion est actuellement faible, ce qui a exposé cette activité à l’accroissement
rapide de la population des pêcheurs voire un surpeuplement dans les zones de
pêche depuis plus d’une décennie engendrant une surexploitation de la plupart des
ressources. Actuellement, la densité est estimée entre 100 à 125 pêcheurs/km2 au
Sud du Bénin, ce qui est largement supérieur à la moyenne de 9 pêcheurs/Km²
établie pour l’ensemble des milieux de type lagunaire et/ou estuariens de l’Afrique de
l’Ouest et du Golfe de Guinée, ainsi que des 12–13 pêcheurs/Km² généralement
admis dans ce type de milieu.
Cette pêche est également marquée par une baisse importante des rendements
ainsi que de la diminution de la taille des poissons pêchés. La difficulté de contrôle et
de suivi font que l’effort de pêche a augmenté fortement et la pratique d’engins et
méthodes dévastateurs est largement répandue pour augmenter les captures dont le
volume tend à stagner depuis 2007. Le catalogue des engins et techniques de pêche
utilisés dans les plans d’eau du Bénin montre que plus de 54% d’entre eux sont
prohibés et causent des préjudices à la ressource et aux écosystèmes. Il s’agit
notamment des filets épervier sans poche « Djètowlé », des filets barrage
« Mèdokpokonou », des filets fixes. Il n’y a pas de mesures de gestion particulière
dans ces plans d’eau étant donné que la législation en vigueur ne prévoit pas de
limitation d’accès ou de production, ni même la taille et la nature des filets devant
être utilisés. En dehors de certaines mesures prises à l’initiative des pêcheurs, la
pratique de cette pêche est une représentation schématique d’une course au poisson
qui caractérise les pêcheries non régulées.
A ce diagnostic, vient s’ajouter la nature du milieu continental ou se pratique cette
pêche, menacée par une pollution organique et chimique, les poussées de végétaux
aquatiques, l’érosion et l’envasement qui sont autant de facteurs supplémentaires
contribuant à la dégradation de la base de ressources naturelles.
Par ailleurs, la pêche continentale du Bénin reste peu connue. Les biomasses ne
sont pas évaluées régulièrement et l’absence d’un cadre législatif approprié ne
permet pas un suivi rapproché. Cette réalité traduit toute la difficulté à mesurer la
48
pression réelle qui s’exerce sur les ressources des plans d’eau actuellement. Un
recensement partiel a été effectué en 2006 pour couvrir les trois districts au sud du
pays et une enquête cadre a été réalisée par le Programme d’appui au
développement participatif de la pêche artisanale (PADPPA). Les produits de cette
pêche, crevettes, tilapia et silure sont généralement vendus frais au marché, ou
transformés, séchés, fumés pour être transférés dans les zones éloignées. Pour ce
qui concerne la crevette, de nouveaux marchés se sont développés pour compenser
le marché européen depuis les problèmes engendrés par l’auto suspension
d’exportation. Elle est vendue sur le marché local mais également exportée au Togo
et au Ghana sous forme fumée.
5.2.3 Pêches industrielles
La pêche industrielle est peu développée au Bénin et il n’existe actuellement aucun
navire industriel battant pavillon béninois. La flottille qui pêche est totalement
étrangère et opère d’une manière irrégulière en fréquentant les eaux du Bénin selon
la saison de pêche d’espèces recherchées. Cette flottille est composée de huit
chalutiers nigérians et un camerounais qui ciblent différents type de poissons et
crustacés. En plus de huit thonidés battant pavillon ghanéens ayant obtenu une
licence pour une durée de six mois au cours de cette année. Tous ces navires,
opérant sous licences libres, ont un représentant local béninois, condition nécessaire
pour obtenir une licence de pêche industrielle au Bénin. Les statistiques indiquent
qu’environ 11 navires en moyenne de pêche industrielle opèrent sous licences libres
dans les eaux béninoises chaque année.
La principale caractéristique du segment industriel est son effondrement depuis l’auto
suspension de l’exportation de la crevette pour permettre aux unités de
transformation de se mettre aux normes d’hygiène et de qualité. Jusqu’en 2006, la
pêche industrielle était encore pratiquée par 12 chalutiers et chalutiers-crevettiers.
Certains armateurs étaient des béninois et la majorité des étrangers (Nigéria, Togo,
Grèce). En mars 2006, aucun bateau de pêche ne possédait le numéro d’agrément
pour pêcher et exporter des produits de la pêche vers l’UE. En 2009, un armement
de deux crevettiers seulement était en activité et exportait vers les pays de la sous –
région. Ces bateaux industriels utilisent deux types d’engins : le chalut de fonds pour
les chalutiers poissonniers et le chalut à tangon pour les crevettiers.
49
Captures en T Nbre de Navires
1600 30
1400
25
1200
20
1000 Captures
Nombre de
800 15 navires
600
10
400
5
200
0 0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
5.3 Aquaculture
5.3.1 Vue d’ensemble
Le sous-secteur de l’aquaculture reste relativement modeste et encore dans un état
embryonnaire. Il ne concerne que des espèces de poissons d’eau douce quasi
50
exclusivement le tilapia et le silure. Ainsi, l’aquaculture est très peu présente à l’état
semi-intensif ou intensif contrairement aux modèles d’exploitation d’élevage au
Ghana et au Nigéria voisin. Les exploitations sont principalement de type artisanal et
de nombreux aquaculteurs dits « de subsistance » exploitent les acadjas, et les trous
à poissons qui sont autant de systèmes d’aquaculture extensive. Les acadjas
peuvent couvrir 1ha pour l’élevage du Clarias et le Tilapia. D’autres modèles dits
intégrés sont également répandus et regroupent sur une même ferme, l’élevage de
volailles, de porcins et de tilapia.
Le nombre d’exploitations aquacoles a triplé en 6 ans (19,7% par an en moyenne),
passant de 403 exploitations en 2004 à 1 188 en 2010. Cette croissance concerne
essentiellement les exploitations situées dans le Sud du Bénin, dans les
départements de l’Atlantique et de l’Ouémé. Les systèmes de conservation n’existent
pas et les circuits de distribution et de vente du poisson d’élevage ne sont pas
organisés. La production totale de l’aquaculture reste difficile à estimer en raison de
manque de moyens pour le suivi de cette activité. Les données relatives à la
pisciculture sont également peu disponibles et restent confondues avec la pêche
continentale confirmant ainsi le faible niveau d’investissement dans cette sous-filière,
encore dans un niveau artisanal.
5.3.2 Principaux élevage
Tilapia et silure noir
Ils sont destinés au marché national et seule une faible quantité est exportée vers le
Nigéria. Ces espèces de poisson qui sont facile à élever, que ce soit en exploitation
industrielle intensive ou artisanale, ne sont pas encore suffisamment maitrisées en
dehors de quelque élevages industriels notamment celui du Centre de rechercher et
d’incubation aquacole du Bénin (CRIAB) situé à Calavi, l’unique d’ailleurs au Bénin.
Le développement de la production, tant pour assurer la sécurité alimentaire locale
que pour exporter, constitue pourtant un enjeu pour la sous filière aquacole et une
occasion à ne pas manquer pour le Bénin.
L’ostréiculture
L’ostréiculture est pratiquée par les femmes au lac Nokoué et dans la lagune côtière
de Ouidah et de Grand-Popo. Cet élevage, encore au stade artisanal, n’a jamais fait
l’objet d’un suivi particulier quoique la plupart des programmes et projets qui
interviennent dans cette filière accordent leur appui aux femmes collectrices, souvent
sous forme de crédit et de formation. Ce fût le cas du Programme d’Appui aux Zones
Humides (PAZH). Le programme PADPPA a prévu des actions dans ce cadre, mais
actuellement rien n’est encore fait. Actuellement, l’élevage des huitres est en cours
de développement au niveau de la zone côtière.
5.3.3 Principaux projets
La direction des pêches a amorcé plusieurs projets pour le développement de la
pisciculture avec comme objectif de relancer la filière pêche et diminuer l’importation
du poisson. Cependant, les réelles avancées enregistrées dans ce secteur restent le
fait d’initiatives de promoteurs privés (CRIAB et Royal Fish malgré que ce dernier est
en difficulté actuellement). Les projets développés avec l’appui des partenaires visent
principalement des objectifs sociaux (emploi, consommation, facilitation d’accès au
financement) qu’une véritable stratégie de développement d’une activité économique
avec une professionnalisation du métier.
51
- le Projet d’Etude de la Promotion de l’Aquaculture Continentale pour le
Développement Rural en République du Bénin (PACODER)
- Le programme cadre d’appui au développement de l’agriculture (PADA) de la
banque mondiale à travers le projet de productivité agricole en Afrique de
l’Ouest. Ce projet prévoit l’appui à l’aquaculture sous forme d’appui à la
formation et à l’investissement y compris l’équipement pour agrandir les
infrastructures d’élevage
- Le PSRA qui prévoit la création d’un fonds de développement de l’agriculture
avec des guichets pour l’aquaculture. Il fournit également des aliments et
alevins pour les aquaculteurs déjà installés.
- le Projet de vulgarisation de l’aquaculture continentale (PROVAC) financé et
mis en œuvre avec la JICA. Ce vise à promouvoir et vulgariser la pisciculture
en privilégiant un type de formation d’éleveur à éleveur. Contrairement aux
autres projets, le Provac n’a pas de volet investissement et la formation est
dispensée autour de petites infrastructures en général des étangs de moins de
200 m2. Cette formation vise en théorie à renforcer les capacités de
pisciculteurs clés sélectionnés en vue de les rendre aptes à transférer les
connaissances acquises aux autres pisciculteurs et à leur fournir des produits
pour la conduite de leur élevage (alevins et des aliments).
Cependant, ce modèle promeut davantage une pisciculture de subsistance
avec peu de moyens d’investissement. Le nombre d’éleveurs formés grâce au
PROVAC est estimé à 1 390 certes mais beaucoup d’éleveurs ayant bénéficié
du PROVAC considèrent la pisciculture comme une activité secondaire, ce qui
ne permet pas encore de professionnaliser cette sous filière. Le PROVAC ne
dispense pas d’expertise suffisante, la formation se déroule sur une durée de
trois jours seulement, ce qui est trop court, pour former à la conduite d’un
élevage rentable. Par ailleurs, l’ambition de ce projet reste limitée en adoptant
des modèles de formation sur des unités de faible capacité en général de 200
m2. Cela ressemble étrangement au modèle d’une agriculture de subsistance,
faiblement mécanisée et peu rentable. Si la volonté des autorités est de
développer la pisciculture et en faire aussi un levier de réduction de la
pauvreté et du volume des importations, il sera nécessaire de restructurer la
vulgarisation dispensée par ce projet pour tenir compte des ambitions
nationales en la matière et assurer plus de cohérence avec les programmes
de développement de l’aquaculture au niveau sous régional (Ghana, Nigéria,
Cameroun).
5.3.4 Potentiel et développement
Un fort potentiel pour le développement de l’aquaculture existe pourtant au Bénin qui
dispose d’importants atouts naturels : réseau hydrographique dense et de marchés
porteurs à la fois au niveau national et régional avec le Nigéria.
L’élevage de poisson est pourtant perçu comme secteur d’avenir au Bénin qui peut
compenser le déficit des captures de pêche, réduire l’importation et limiter
l’augmentation du prix du poisson. Sa contribution dans le secteur des pêches
demeure toutefois marginale et a représenté en 2011 une production de 500 T pour
valeur de 900 millions de FCA contre 10 200 T au Ghana ou 200 580 T au Nigéria.
Le développement de l’aquaculture du tilapia par exemple pourrait réduire et
compenser les besoins en consommation pour cette espèce qui est importée de
52
Chine actuellement. Le projet de la loi de finances du Bénin pour 2014 prévoit un fort
soutien à l’investissement de la pisciculture à travers une subvention des intrants et
dont les taxes à l’importation seront ramenées à 1% ad valorem. Par ailleurs,
l’estimation du coût de production actuellement de l’élevage de silure et du tilapia au
Bénin indique qu’il est compétitif à celui du Nigéria par exemple.
Un modèle d’élevage moderne en eau douce existe pourtant au Bénin. Actuellement,
la station du CRIAB à Calavi dispose d’une expertise et capacité pouvant contribuer
à la fourniture de souches de qualité. Cette unité créée en 2012 avec un
investissement de 4,5 millions $US. Sa production, de 150 tonnes de tilapia et 300
tonne de silure, est destinée aux éleveurs potentiels pour les alevins et des poissons
destinés à la commercialisation. Cette société a entrepris dans sa stratégie une
composante pour la formation et l’encadrement de futurs pisciculteurs. Ce modèle
d’unité industrielle même s’il parait difficile à reproduire à large spectre compte tenu
de la taille des investissements consentis, peut contribuer à la transmission de
l’expertise nécessaire pour l’installation de nouveaux pisciculteurs (réalisation de la
reproduction, écloserie industrielles, type d’aliments adaptés, qualité, etc.) et
promouvoir des élevages de taille proche des modèles existants au Ghana et au
Nigéria. Il est évident que la taille et les types d’élevage seront déterminants pour
impulser un investissement important et contribuer enfin au décollage de la
pisciculture au Bénin.
La stratégie pour le développement de l’aquaculture adoptée en 2010 nécessitera
certainement un accompagnement institutionnel pour mieux prendre en charge les
contraintes rencontrées principalement au niveau de :
• l’insuffisance de recherche et de formation en aquaculture ;
• sauvegarde de l’environnement et la préservation des écosystèmes ;
• faible connaissance des règles de gestion d’une ferme piscicole ;
• faible maîtrise de la conduite des élevages ;
• absence d’études de faisabilité sur l’élevage de certaines espèces comme la
crevette ;
• manque d’information des investissements potentiels pour des données des
espèces pouvant faire l’objet d’élevage, aliments, coût et marchés.
De même que la vulgarisation, en cours, devra être mieux orientée pour tenir compte
de l’évolution de l’élevage au niveau de la sous-région et des potentialités existantes
en termes de produits (crevette par exemple) et de marchés. Les travaux réalisés
dans ce sens par la COMHAFAT peuvent fournir des informations sur les différentes
expériences dans la région et les potentialités de développement pour cette sous
filière au Bénin.
53
5.4.1 Piraterie maritime
La piraterie dans le Golfe de Guinée s'est rapidement développée en deux ans, et
menace de nombreuses économies locales. Elle sévit d’une manière inquiétante en
raison des conséquences économiques et sécuritaires qui préoccupent les autorités
de toute la zone. Elle est devenue désormais le problème numéro deux du continent
africain dans ce domaine et représente une perte annuelle de deux milliards $US
dans les secteurs de la production pétrolière, de la pêche et des transports
maritimes. Le Bénin a été singulièrement l’objet de plusieurs attaques en 2011. Ces
attaques peuvent être très violentes et concernent aussi des bateaux de pêche sur
lesquels des groupes lourdement armés montent à bord et fouillent les occupants, et
parfois, les navires sont aussi détournés.
Plusieurs mesures ont été prises au niveau régional dont les plus récentes sont la
tenue, au cours de mois d’octobre 2013, d’un nouveau sommet qui s’ajoute à bien
d’autres pour discuter et lancer un plan d’action de lutte contre la piraterie maritime.
Ainsi, les chefs d’Etats de la CEDEAO et de la CEEAC se sont réunis et donné
mandat à la Commission du Golfe de Guinée (CGG) pour assurer la mise en œuvre
des mesures nécessaires à lutte contre la piraterie et la protection des ressources
halieutiques. Des patrouilles maritimes conjointes sont également organisées entre le
Nigéria et le Bénin pour surveiller les côtes et les zones maritimes. Ces actions
restent toutefois limitées face au risque existant dans le Golfe de Guinée.
54
5.4.2 Pêche et trafic de drogue
Autre fléau qui sévit dans cette zone est le nombre important de navires industriels
qui, sous couvert de pêche, pratiquent le trafic de drogue. Ainsi, il arrive parfois que
des patrouilles navales interceptent des navires de pêche avec une cale dont la
surface est couverte de poisson et le reste est rempli de drogue. Ces navires
n’hésitent pas à opérer dans des zones réservées à la pêche artisanale.
5.4.3 Incursions et pêche étrangère sans autorisation
Le troisième fléau est représenté par les intrusions illégales des navires industriels
étrangers dans la ZEE du Bénin au niveau des frontières Ouest et Est principalement
venant du Nigéria. La forme et la particularité de cette ZEE font que ces navires
quittent bien avant que la patrouille ou la force navale béninoise vienne les inquiéter.
Les incursions en provenance du Ghana sont également fréquentes et ont
certainement pesé pour la délivrance de huit licences de bateaux thoniers ghanéens
afin de mieux contrôler leur activité dans ces eaux et assurer des entrées fiscales au
trésor béninois à travers le paiement de redevances. Environ une centaine de
navires industriels étrangers y pêchent illégalement sans autorisation et sans être
inquiétés. Tout cela est bien sur très difficile à évaluer mais constitue bien une réalité
confirmée par tous les intervenants du secteur y compris les autorités concernées.
5.4.4 Pêche IUU artisanale
La pêche illégale au Bénin concerne aussi tous les segments. D’abord la pêche
artisanale aussi bien continentale que maritime en raison de la forte utilisation du
mono filament, de filets avec des mailles de petites tailles, de non-respect de l’arrêté
d’interdiction de la pêche aux mysidacés (crevette rose de petites tailles) et qui
servent d’appât, des débarquements de juvéniles, etc. Les dégâts causés par la
senne de plage qui capture en quantité importante de juvéniles sont reconnus par
tous, y compris les pêcheurs eux même.
La faiblesse du dispositif réglementaire actuel et le niveau jugé dérisoire des
amendes en vigueur, expliquent en grande partie le contexte de gestion actuelle et le
développement de ces pratiques illégales. La gestion et le suivi de la pêche
artisanale constituent d’ailleurs un réel défi pour les autorités en raison de la
faiblesse de ce dispositif réglementaire et le nombre pléthorique de pêcheurs qui y
évoluent. Ce rôle de contrôle est, actuellement, pris en charge en partie par les
organisations professionnelles (UNAPEMAB et FENAPECHE) qui ont instauré un
système, certes encore incomplet, mais qui permet de suivre l’accès des pirogues
aux ressources à travers une opération d’immatriculation toujours en cours ainsi qu’à
travers une surveillance participative.
5.4.5 Pêche IUU industrielle
Les textes règlementaires régissant les activités de la pêche industrielle, prévoient
très peu de dispositions sur la surveillance. La pêche industrielle étrangère fait
régulièrement des incursions dans la bande des 5 miles et se trouve en conflit avec
la pêche artisanale qui se plaint de ces pratiques qui ne sont pas sans conséquence
aussi bien sur leur activité que sur les ressources et leur environnement. Ces
incursions dans cette zone constituent, par conséquent, une infraction flagrante à la
loi 65-10 du 23 juin 1965 interdisant le chalutage et en général la pratique de toute
pêche utilisant les engins traînant à l’intérieur des eaux territoriales du Bénin.
55
Ainsi, la flotte étrangère, pêchant sous licence béninoise, ne débarque pas ou peu sa
production en infraction avec les accords conclus qui prévoient le débarquement des
captures au niveau du port de Cotonou. La législation nationale stipule en effet que
les armateurs autorisés à exploiter les eaux territoriales béninoises sont soumis aux
lois et à la réglementation en vigueur en matière de déclaration, d’inspection, de
conditionnement et de commercialisation des produits de la pêche. De même que la
vente dans un port béninois de la totalité des poissons pêchés est obligatoire (Arrêté
nº 399 MDR/DC/CC/CP du 16 septembre 1996, portant définition de l'effort de pêche
et les conditions de son exploitation dans les eaux maritimes béninoises, Articles 8 et
10). La difficulté de faire respecter cette disposition fait que même la flotte thonière
ghanéenne ne communique pas, à la direction des pêches, des données sur les
prises de ses thonidés, pêchées dans la ZEE béninoise, se mettant ainsi en
infraction également des dispositions de l’ICCAT.
56
d’environ 126 milliards de Fcfa soit 225 millions $US. Ce poisson est commercialisé
sur le marché local et distribué par un large réseau de revendeurs (mareyeurs).
Importations en T
90 000
80 000
70 000
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Figure 5-6 : évolution des importations des produits halieutiques au Bénin
Source : DP
5.6.3 Tendances
La contribution économique et sociale des pêches a fortement baissé au cours de
cette dernière décennie, principalement en raison de la diminution notable du
potentiel halieutique du pays. Cette tendance résulte de plusieurs facteurs
notamment l’accroissement incontrôlé de la capacité et de l’effort de pêche,
l’utilisation généralisée de méthodes et engins de pêche préjudiciables aux stocks
halieutiques et aux écosystèmes aquatiques, la pollution des plans d’eau par les
déchets ménagers et industriels, les faiblesses du système de gestion des pêches.
Ainsi, la crevette qui joue un rôle stratégique dans la pêche au Bénin car elle assure
l’essentiel des exportations de produits halieutiques destinées au marché européen
avec une valeur estimée à plus de 2,15 milliards de Fcfa en 2001, ne représente
plus, dix ans après, que 120 millions Fcfa. Les exportations totales des produits
halieutiques ont représenté 30 T en 2012 contre 733 T en 2001.
57
Poisson: 9%
Langouste: 20% Cigale: 2%
Crevette: 69%
5.7 Coopération
Le Bénin a une coopération multiforme avec les partenaires au développement dans
le domaine halieutique. Elle porte essentiellement sur la recherche scientifique, le
renforcement des capacités et l’appui à l’amélioration de gestion des ressources. Le
Bénin n’a pas d’accord de pêche en cours, avec des pays tiers, qui porte sur l’accès
aux ressources halieutiques. Les principaux accords qui régissent le commerce des
produits de la pêche avec ses partenaires sont définis dans le cadre des accords de
Cotonou (UE-ACP) et de la CEDEAO pour ce qui concerne la zone d’Afrique de
l’Ouest.
5.7.1 Coopération bilatérale
i. Coopération Bénin - Europe
L’Union européenne et ses membres sont les principaux partenaires du Bénin dans
le domaine halieutique. Au niveau de la recherche, l’IRHOB bénéficie des
programmes de coopération menés par la France, la Norvège et l’Espagne
notamment pour l’évaluation des stocks et les campagnes océanographiques avec
l’appui de l’IRD/France.
Coopération Belgique – Bénin
La Belgique à travers sa coopération technique (CTB) a soutenu activement la
valorisation des filières halieutiques et la formation des différents intervenants dans
le secteur des pêches au Bénin. Son appui a été déterminant dans la formation des
pêcheurs ainsi que celle des réseaux de qualité. Elle a également contribué à la mise
en place de l'Autorité compétente en matière de contrôle sanitaire des produits de la
pêche.
Le programme de cette coopération est défini dans le projet d’appui au
développement des filières halieutiques du Bénin (ADEFIH). D’un montant de 3,4
millions €, ce projet a été exécuté, durant la période 2007-2011, dans le but
d’appuyer la reprise de l’exportation des produits halieutiques essentiellement la
crevette après la fin de l’auto suspension en 2007. Les actions engagées ont
58
contribué à l’amélioration des conditions d'exploitation des produits de pêche au plan
de la sécurité sanitaire essentiellement au niveau du Lac Ahémé, où les productions
de crevettes sont désormais mieux valorisées par des modalités de manutention et
de conditionnement adéquates. Le projet a également conduit à la protection de
l'environnement du lac Ahémé, notamment la restauration de mangrove et a
contribué au reboisement de plus de 107 ha de bassins versants avec plus de 200
000 plants d’acacia.
Coopération France – Bénin
La France a lancé un fonds de solidarité prioritaire dénommé Appui à la réforme du
secteur de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée (ASECMAR) lors d'un
séminaire régional sur la sûreté maritime tenu en novembre 2011 à Cotonou. D’une
valeur de 800 000 €, ce Fonds servira à financer un projet sur trois ans (2011-2014)
en fédérant les efforts du Bénin, Togo et Ghana pour garantir la sécurité maritime
dans le golfe de Guinée nécessaire pour la préservation des conditions de leur
développement économique et social.
ii. Coopération UE – Bénin
La coopération UE-Bénin est très importante pour ce pays et lui apporte aide
extérieure et soutien à ses réformes économiques. Lors des inondations de 2010,
l’UE a apporté au Bénin, au titre de l'aide humanitaire d'urgence, 1 milliard FCFA (1
550 000 €). Les relations politiques, commerciales et de coopération entre l’UE et le
Bénin reposent sur l’accord de partenariat ACP-UE, signé en 2000 et révisé en 2005
et 2010. En 2013, l’UE a lancé le programme CRIMGO (routes maritimes critiques du
Golfe de Guinée) d’un montant de 4,5 millions € pour renforcer la sûreté et la sécurité
des routes maritimes entre sept pays africains dans le Golfe de Guinée : Bénin,
Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, Nigéria, Sâo Tomé-et Principe et le Togo.
ACP Fish II
L’UE finance un grand programme régional d’ordre institutionnel, ACP Fish II, visant
à améliorer la gestion de la pêche dans les pays ACP. Au plan national, ce projet
apporte un appui à l'évaluation du stock de crevettes avec un concours financier de
59 330 €. Il s’agit spécifiquement de mettre en place un système de suivi de cette
pêcherie avec un logiciel informatisé contenant des fiches de collecte de données
élémentaires (effort de pêche, capture, tailles) puis dans un deuxième temps évaluer
les stocks de crevette à travers un système amélioré Afish.net. L’évaluation concerne
trois communes pilotes et sera étendue à un plus grand nombre de communes du
Bénin. Toutefois, ce système n’englobe pas toutes les informations pour suivre cette
pêcherie multi-spécifique (espèces associées capturées) notamment l’environnement
et la qualité de l’eau. Le projet ACP fish II intervient également dans l’appui à la
formulation des textes d’application du projet de la loi cadre du Bénin. Il s’agit d’un
appui à l’actualisation des projets de textes réglementaires pour tenir compte des
Accords et Conventions, notamment l’approche éco-systémique, les mesures de
l’Etat du Port, les mesures de lutte contre la pêche IUU, etc., et que le projet de loi ne
prenait pas en compte dans sa version initiale de 2002.
Au plan sous régional, ce projet soutient principalement la mise en place de registres
nationaux des navires de pêche industrielle sous l’égide du CPCO.
Projet d’Appui au Secteur Privé (PASP)
59
Ce projet financé par l’UE durant la période 2006-2009 vise l’harmonisation et une
meilleure coordination des actions en faveur de la filière halieutique au Bénin pour
soutenir la reprise des exportations des produits de pêche conformément aux
recommandations des inspecteurs de l'Office alimentaire et vétérinaire de l’UE.
iii. Coopération Bénin – Japon
Le Japon intervient depuis une vingtaine d’années dans le domaine de la pêche au
Bénin essentiellement à travers la JICA. Le Japon a financé l’aménagement du Port
de pêche artisanale de Cotonou dans le cadre du projet APOPAC, une assistance
non remboursable durant la période 2004-2005. Le projet a permis la mise en place
des infrastructures de base (équipement d’une chambre froide et de fabrique de
glace) devant permettre l’amélioration des conditions de vie et de travail des
pêcheurs marins artisans au niveau du port de Cotonou.
Sur un plan scientifique, la coopération du Japon concerne essentiellement la
recherche visuelle des cétacés, à travers l’identification des espèces croisées dans
les eaux du Bénin, menée dans un cadre régional avec le concours de la
COMHAFAT. L’appui au développement de l’aquaculture dans le milieu continentale
fait l’objet d’un projet en cours (Cf. partie 523. Aquaculture). Toutefois, force de
constater que les griefs portés sur les projets développés par le Japon dans le
domaine de l’aquaculture au Gabon sont semblables à ceux au Bénin même si
l’objectif des projets est quelque peu différent. Le modèle de pisciculture vulgarisé
est plutôt artisanale, avec peu d’investissement et peu rentable.
iv. Coopération USA-Bénin
Le Bénin bénéficie de l’aide américaine dans le cadre du MCA, une initiative de
l’administration américaine de soutien aux pays en développement qui ont réalisé
une certaine performance dans les trois domaines de bonne gouvernance dans la
gestion des affaires publiques ; création d’un environnement favorable à l’initiative
privée et engagement de l’Etat à faire des investissements conséquents dans le
secteur Social. Le secteur des pêches béninois bénéficie du financement du MCA à
travers le Projet 5-PFP (Budget National/M.C.A) qui vise à améliorer les conditions
sanitaires des produits de pêche. Il intervient dans la construction de la base
obligatoire de contrôle du Port de Cotonou et l’aménagement de la marée.
v. Coopération chine-Bénin
La Chine a accordé au Bénin l'équivalent de 25 millions d'euros de dons, prêts et
remise de dette, une enveloppe qui prévoit notamment l'achat d'un patrouilleur pour
sécuriser les côtes béninoises face à la piraterie en hausse.
5.7.2 Coopération multilatérale
Celle-ci est le fait d’organisations régionales et internationales et vise essentiellement
l’amélioration des conditions des vies des populations des pêcheurs et la réduction
de la pauvreté. A noter que l’UEMOA joue depuis deux ans un rôle important dans
l’appui à l’évaluation des ressources halieutiques des pays d’Afrique de l’Ouest et
dont le Bénin est bénéficiaire également.
i. Coopération avec le FIDA
Avec le concours du FIDA et le FAD, le programme d’appui au développement
participatif de la pêche artisanale (PADPPA), d’un montant de 10 millions $US, a été
réalisé au cours de la période 2003-2011 avec comme objectif de lutter contre la
60
pauvreté des familles de pêcheurs qui vivent de la capture, de la transformation et de
la commercialisation des produits halieutiques. Les femmes ont fait l’objet d’une
attention particulière étant donné le rôle important qu’elles jouent dans ce sous-
secteur.
Le programme a été conçu comme réponse à la forte dégradation des ressources
halieutiques et dont dépendent les populations les plus favorisées du Bénin. D’une
manière spécifique les objectifs du programme portent sur la restauration et
l’accroissement des potentialités des plans d’eau, le renforcement des capacités des
communautés cibles et la diversification de leurs moyens d’existence afin de réduire
la pression sur les plans d’eau. Ces objectifs semblent toutefois compromis en
l’absence d’une réglementation permettant un meilleur contrôle des ressources et
une gestion adaptée.
ii. Coopération avec la BAD
Programme d'appui à la pêche artisanale (PDPPA)
Ce programme qui concerne la gestion des pêches intervient en co-financement au
PADPPA à travers le FAD. Il vise l'amélioration du niveau de vie des populations
grâce au bénéfice pouvant être tirées du changement ou de l'intensification d'activité
ou de la diversification de leurs sources de revenus. Le programme comprend
également la réalisation des infrastructures sociales et éducatives et des actions de
sensibilisation et de formation.
Lutte intégrée contre les plantes aquatiques proliférantes en Afrique de l’Ouest
Il s’agit d’un projet, qui a démarré en 2007, avec pour objectif de contribuer à la lutte
contre la prolifération des plantes aquatiques sur quatre réseaux fluviaux communs
aux États de l’Afrique de l’Ouest. Le champ d’application du projet couvre huit pays :
Benin, Niger, Mali, Sénégal Mauritanie, Gambie, Ghana et Nigeria. Il est à rappeler
que ces plantes constituent un véritable fléau qui entrave sérieusement l’activité de
pêche continentale au Bénin.
iii. Coopération avec la Banque mondiale
La coopération avec la Banque mondiale dans le domaine des pêches a permis de
soutenir les efforts du gouvernement béninois dans le cadre de sa lutte contre le
VIH/SIDA à travers le cofinancement du Programme plurisectoriel de lutte contre le
VIH / SIDA (PACLS) qui a bénéficié aux communautés de pêcheurs.
iv. Coopération avec la FAO
Le Bénin entretient des relations très étroites avec la FAO à travers de nombreuses
actions et programmes principalement le projet de Renforcement des capacités pour
l'amélioration du rendement du commerce du poisson de certains pays d'Afrique
(STDF), le Projet Pêche et HIV/sida en Afrique, Projet FishCode-STF et le
Programme pour des moyens d’existence durables dans la pêche (PMEDP) sous
financement du DFID durant la période 1999-2007.
Actuellement, le Projet EAF de la FAO appuie l’amélioration de la gestion de la
pêche à la senne de plage au niveau de quatre pays : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana et
Togo. Ce projet d’un montant de 100 000 $US vise à renforcer les systèmes de
gestion et de suivi de la pêche à la senne de plage dans une perspective de
coopération entre les quatre pays, qui pourrait être étendue par la suite aux pays
membres du CPCO. Le plan de gestion de cette pêche a été validé au niveau
61
national au Bénin et se trouve actuellement dans le circuit d’approbation par le
conseil des ministres.
Le Bénin participe aussi activement aux travaux du COPACE et a organisé en 2008
à Cotonou la 19ème session du comité des pêches.
v. Coopération avec l’UEMOA
L’intervention de l’UEMOA, comprenant les huit pays d’Afrique de l’Ouest suivants
(Sénégal, Guinée Bissau, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Burkina, Mali et Niger), dans le
secteur des pêches et d’aquaculture devient très importante et comprend des
activités d’aménagement des ressources, recherche, renforcement des capacités,
système d’information, aquaculture et SCS. Le programme spécifique élaboré et
adopté en 2003 comprend 5 composantes :
- La mise en place d’un « Comité consultatif sur l’harmonisation des politiques et
des législations des Etats membres de l’UEMOA en matière de pêche et
d’aquaculture » ;
- L’élaboration et la mise en œuvre d’un « Plan d’aménagement concerté des
pêches et de l’aquaculture au sein de l’UEMOA » ;
- L’élaboration et la mise en œuvre d’une « Stratégie régionale de négociation des
accords de pêche et réglementation des conditions d’octroi des licences aux pays
tiers » ;
- La définition et la mise en œuvre d’un « Programme d’appui aux services de suivi,
de contrôle et de surveillance » ;
- l’élaboration d’un « Code régional de la pêche ».
La mise en œuvre de la 1ère composante de ce programme a abouti à la mise en
place d’un Comité consultatif sur l’harmonisation des politiques et des législations
des Etats membres de l’UEMOA en matière de pêche et d’aquaculture (CCPA), par
le Règlement n°04/2007/CM/UEMOA.
Dans le cadre de la seconde composante, un plan d’aménagement concerté des
pêches et de l’aquaculture au sein de l’UEMOA a été adopté en avril 2007
(Règlement n°05/2007/CM/UEMOA). La mise en œuvre de plan d’aménagement
concerté, d’un montant total d’environ 14 milliards Fcfa, a démarré en 2008, avec les
deux premiers programmes, à savoir les programmes n°1 “Harmonisation des
législations en matière de pêche maritime“ et n°2“ Harmonisation des législations en
matière de pêche continentale et d’aquaculture“.
Outre l’harmonisation des législations en matière de pêche, la Commission de
l’UEMOA poursuit la mise en œuvre de deux autres composantes du programme
triennal, à savoir a) la définition d’une stratégie régionale de négociation des accords
de pêche et la réglementation des conditions d’octroi des licences aux pays
membres de l’Union et aux tiers, et b) l’élaboration d’un programme d’appui aux
services de suivi, de contrôle et de surveillance (SCS). Elle a obtenu l’appui financier
de l’Union européenne (PIR 9ème FED) pour réaliser deux études, une sur la
stratégie de négociation des accords de pêche et l’autre sur l’évaluation des
capacités opérationnelles des structures de SCS des pêches des Etats membres de
l’UEMOA. En 2011, elle a organisé au profit des pays d’Afrique de l’Ouest, le premier
atelier régional de formation et d’harmonisation des méthodes de collecte des
données statistiques des pêches qui a permis de lancer un programme de
renforcement sur la collecte des données statistiques de pêche et de la création
d’une base de données régionale qui couvre la pêche continentale et
62
océanographique. Enfin, le Bénin a bénéficié de programmes de recherches sous
régionaux réalisés en 2012 dans les pays d’Afrique de l’Ouest et portant sur
l’évaluation des stocks pélagiques et démersaux.
63
6 Consommation, approvisionnement, transformation et
filières de poisson au Bénin
6.1 Consommation et approvisionnement en poisson
Au Bénin, la consommation moyenne de poisson par personne et par an a atteint
15,93 kg en 2012. Ce niveau a certes augmenté en moyenne de 5% au cours de ces
cinq dernières années, mais reste fortement imputable à l’augmentation des
importations des produits halieutiques étant donné que la production par tête a
connu une baisse moyenne de 4,6% sur la période 2002 – 2012.
Tableau 6.1 : comparaison de la consommation en poisson
Moyenne
Pays Bénin Côte d’Ivoire Ghana Sénégal Nigéria 2
mondiale
Consommation
de poisson : 15,93 15,3 27,1 25,1 9 17,3 kg
kg/hab./an
Source : FAO
1 % production intérieure/importations
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Figure 6-1 : évolution de la part de la production intérieure par rapport aux importations
Source : DP
La demande de produits halieutiques au Bénin est en effet supérieure à sa
production (40 362 T), de sorte que le pays importe près de 81% de plus que sa
production pour combler ce manque. Près de 67% de la quantité de poisson mise sur
le marché est importée et distribuée par un large réseau de revendeurs. En 2012, les
sociétés de négoce en poisson du Bénin ont importé 74 413 T (contre 45 000 en
2006) de produits congelés à dominance de Chinchards, Sardinelles et de
Maquereaux, représentant une valeur de 126 milliard Fcfa. Ces produits proviennent
essentiellement d’Europe (France, Norvège, Allemagne, Pays-Bas), d’Afrique
(Mauritanie, Sénégal, Maroc, Ghana, Angola et Namibie) et même d’Asie (Chine)
pour ce qui concerne le tilapia.
2 Le Nigéria consomme plus de 1 400 903 T par an, soit 1,1% de la consommation mondiale.
64
L’analyse de la tendance des importations du poisson au Bénin indique que celle-ci
est à la hausse. En raison, la nature et le prix du poisson importé, essentiellement
congelé, à faible prix : les petits pélagiques. Ces facteurs ont favorisé l’augmentation
de la consommation du poisson et ce malgré la stagnation de la production
nationale. Les importations nettes par tête ont été multipliées par 4 entre 2000 et
2011. Par ailleurs, la hausse continue du prix de la viande et du poisson produit
localement (en raison de sa rareté) a entrainé certainement un report de la demande
des ménages vers les poissons congelés importés dont les prix sont à la portée des
ménages.
Le Bénin fait face ainsi à une situation semblable à d’autres pays de la sous-région,
notamment la Côte d’Ivoire et la Sierra Léone, avec une baisse du volume des
captures alors que la quantité importée par tête d’habitant est en hausse.
Tableau 6.2 : prévisions de la demande de produits halieutiques au Bénin
65
transfert (PFT) autour des lagunes et des Bases obligatoires de contrôle (BOC) ou
doit s’effectuer l’inspection sanitaire par l’AC. Ces sites constituent les deux types de
débarquement utilisés au Bénin. La BOC du port de Cotonou, ou transite la grande
partie des débarquements de la pêche artisanale, fonctionne correctement.
6.2.2 Filière de crevette
Traditionnellement, la crevette et autres crustacés sont peu consommés dans le pays
car destinés à l'exportation vers les marchés européens. Toute une industrie basée
sur l’achat des crevettes, leur conditionnement puis exportation vers l’UE,
représentait un important moteur de croissance pour le secteur des pêches et une
source de devises pour le Bénin. Cette industrie qui a connu son apogée se trouve
actuellement en déclin dans l’incapacité à reprendre ses exportations vers le marché
européen. Les quatre unités qui évoluaient dans cette filière, avant la mesure d’auto
suspension, procédaient à la transformation industrielle des crevettes et langoustes
vivante et congelées. L’année 2001 a été celle où les exportations ont atteint environ
733 tonnes pour une valeur de 2,15 milliards Fcfa, soit environ 3,8 millions d’euros.
Les emplois générés par la filière crevettes étaient évalués à près de 65 000
personnes actives, à temps pleins ou partiels, soit 45 000 pêcheurs, 19 000
mareyeurs et collecteurs et environ 1 200 salariés d’usines.
Tonnage exporté
800
700
600
500
400
300
200
100
0
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
66
Tableau 6.3 : indicateurs de la filière crevettière avant et après l’auto-suspension
Niveau réel Niveau comparable Manque à gagner
Indicateurs (en KCFA)
des 4 années à celui de 2002 depuis 2003
Valeur ajoutée filière
1 050 000 4 480 000 3 430 000
export
Pourtant, depuis 2007, le Bénin est autorisé à exporter des produits de la pêche vers
l'UE et des mesures correctives proposées par l’Office alimentaire vétérinaire (OAV)
suite à la crise de 2002 ont été entreprises. La filière crevette a, de fait, été le
principal bénéficiaire des importants investissements de mise aux normes sanitaires
réalisées dans le secteur de la pêche au cours des dix dernières années. C’est ainsi
que le Bénin, appuyé par les partenaires au développement (Union Européenne,
USA/Millenium challenge account, FAO) a réalisé de nombreux efforts en termes
d’investissements et de renforcement des capacités pour assurer la mise aux normes
sanitaires de la filière halieutique. Les actions entreprises ont notamment porté sur la
réalisation des bases obligatoires de contrôle dans certains sites, la réalisation de
plateformes de transfert servant de relais d’approvisionnement aux bases
obligatoires de contrôle, la surveillance continue des contaminants du milieu
aquatique, la mise en place de laboratoires d’analyses accrédités, la formation et
l’équipement des acteurs à la base et des inspecteurs des produits. Ces efforts ont
permis en particulier la mise aux normes de l’amont de la filière et des entreprises de
pêche et au final la reprise partielle des exportations de crevettes sur les marchés de
l’UE (la crevette du Bénin est concurrencée par la petite espèce d’élevage vannamei
sur les marchés internationaux).
Toutefois, ces efforts se sont avérés insuffisants pour assurer la relance de la filière
crevettière et doper les exportations vers l’UE. D’autres facteurs se sont dressés face
à cette relance. Le manque d’encadrement est souvent pointé du doigt par les
opérateurs concernés mais la principale raison se trouve dans la défaillance de
compétitivité de cette filière et l’évolution du marché de la crevette au niveau
international; les importateurs européens se sont tournés vers des provenances
moins chères, durant l’arrêt des exportations du Bénin.
C’est ainsi qu’actuellement, une autre filière se développe, celle des crevettes
fumées et tend à remplacer un marché européen, par le marché local et régional
(Togo et Burkina Faso).
Au regard des enjeux économiques importants associés à la pêcherie de crevettes,
la Politique Nationale des Pêches et de l’Aquaculture adoptée en 2010 a reconnu
comme priorité, l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’aménagement pour
cette espèce.
6.2.3 Filière des importations
Les filières d’importation du poisson congelé au Bénin, semblent être les plus
structurées. L’importance de ce marché d’environ 126 milliards Fcfa en fait une filière
assez fermée et fortement concentrée entre 5 sociétés importatrice spécialisées
dans ce négoce. Le volume des importations est sur une tendance à la hausse et se
trouve confortée par des prix compétitifs et une production halieutique nationale
67
stagnante voire en baisse. Le poisson importé est dominé par les produits à faible
prix (sardine, sardinelle, et chinchard et maquereau) à portée des ménages.
Le tilapia connaît, particulièrement, une forte demande sur le marché béninois
comme dans les autres pays voisins (Nigeria, Togo, Burkina, Ghana). Plus de la
moitié du tilapia consommé est importée et la Chine est l’un des principaux
fournisseurs de ce poisson, qui est pourtant endémique dans de nombreuses régions
de ce continent notamment celle des lagunes du golfe du Guinée où il fait partie des
mets de choix avec un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des populations. Le
volume d’importation du tilapia et silure est en hausse continue au Bénin en raison
d’une production nationale, essentiellement issus de l’élevage, qui ne peut satisfaire
le marché intérieur.
6.2.4 Exportation
Après l’effondrement de la filière de la crevette destinée au marché européen, la
filière de l’export concerne essentiellement une faible quantité de crustacés
conditionnée dans l’unique industrie encore opérationnelle, DIAX, qui traite par
ailleurs une quantité réduite de poisson blanc destinée aussi au même marché.
Tableau 6.4 : exportation des produits de la pêche 2001-2012
Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Crabe - - - - - - - - - - 2,76 0
Cigale - - - - - - - - - - 0,81 0,59
Langouste - - - - - - - - - - 6,3335 2,99
Crevette 733,12 680,44 366,91 0 125,01 95,85 12 0 1,64 0 21,84 26,427
Poissons - - - - 3,24 4,92 0 0 0,564 0 2,87 0,096
Autres
- - - - - 109,49 12,223 6,35 32,06 1,674 - -
crustacées
Total export 733,12 680,44 366,91 0 136,47 114,41 12,223 6,35 32,624 1,674 34,613 30,103
Valeur
- - - - - 457,6 48,89 25,4 130,49 6,696 138,4 120,4
million Fcfa
Source : DP
Au niveau sous régional, les crevettes fumées et crabes sont destinés au Togo alors
que le silure noir est exporté en faible quantité et à travers des flux peu organisés au
Nigéria, en raison notamment de sa production limitée issu de l’élevage.
68
7 Cadre réglementaire de la pêche et du commerce des
produits de la mer
7.1 Cadre de gestion de la pêche au Bénin
La gestion des pêches relève du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la
Pêche (MAEP) dont l’une des missions est de suivre et d’évaluer l’exécution des
politiques et des actions de développement et la réalisation des objectifs fixés dans
le cadre du développement rural.
7.1.1 Direction des pêches
La Direction des Pêches (DP) occupe une place importante sur le plan institutionnel.
Elle est sous la tutelle du MAEP et a pour mandat, de définir la politique de l’Etat en
matière de production halieutique et de veiller à son application. A ce titre, elle est
notamment chargée de :
élaborer les textes législatifs et réglementaires en matière de pêche et d’en
suivre l’application ;
proposer la politique de développement des pêches ;
déterminer les conditions technico-économiques d’un développement durable de
la production halieutique ;
promouvoir l’aquaculture ;
assurer le contrôle de la qualité des produits d’origine halieutique sur le territoire
national.
La DP fonctionne avec six services comprenant celui de la pêche maritime, le service
de pêche continentale et aquaculture, le service de suivi et évaluation chargé des
statistiques, le service du contrôle et suivi des produits et des filières halieutiques et
le service administratif et financier.
La DP s’appuie au niveau déconcentré sur les CeRPA pour appliquer sur le terrain,
la politique des pêches. Les CeRPA sont au cœur du dispositif d’encadrement des
acteurs du sous-secteur et chaque Centre couvre une région, deux départements et
plus d’une dizaine de communes. L’encadrement de proximité est exercé par les
Centres Communaux pour la Promotion Agricole (CeCPA) qui sont les premiers
interlocuteurs des communautés de pêcheurs. Au plan territorial, les CeCPA
constituent les véritables centres de vulgarisation ou de conseil agricole. Ils sont
dirigés par des responsables communaux pour la promotion agricole et animés par
des équipes pluridisciplinaires.
7.1.2 Les Collectivités décentralisées
Avec l’avènement de la décentralisation et la mise en place des Conseils
Communaux depuis 2003, la problématique de la gestion des ressources
halieutiques ne relève plus exclusivement de l’administration des pêches. Les
collectivités locales jouent désormais un rôle déterminant dans ce secteur, que leur
confèrent les compétences dont elles sont attributaires au travers de la loi 97 -029 du
15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin et de
ses décrets d’application. Les collectivités décentralisées gagneraient à être plus
impliquées dans la gestion des ressources halieutiques marines et continentales,
d’autant plus qu’elles ont manifesté déjà leur volonté de partenariat.
69
7.1.3 Les Comités de pêche
Ces comités ont été créés dans le cadre du Projet Pêche Lagunaire (PPL) qui vise
en particulier la mise en place d’une gestion rationnelle des ressources halieutiques.
Avec ce projet, il a été élaboré en 1996 un plan de gestion des plans d’eau
continentaux du Sud-Bénin. En outre, il a été créé des Comités de Pêche dans les
villages et par Commune, puis des Conseils Départementaux de Pêche pour aider
l’Administration des Pêches, aux côtés des notables et chefs religieux, à gérer et
aménager les plans d’eau. La plupart des acteurs s’accordent sur le constat que
l’efficacité, la fonctionnalité et la crédibilité des comités de pêche ne sont pas
aujourd’hui assurées. Cependant, ces comités n’existent pas encore.
70
agricole auquel est adossé le secteur des pêches, énoncé comme suit : « Le Bénin,
une puissance agricole dynamique à l’horizon 2015, compétitive, respectueuse de
l’environnement, créatrice de richesse répondant aux besoins de développement
économique et social de la population ». Il fixe pour le secteur des pêches et de
l’aquaculture un certain nombre d’objectifs et de résultats à atteindre dont les
principaux sont :
- Assurer la sécurité alimentaire nationale en inversant la tendance d’une trop
forte dépendance alimentaire vis-à-vis de « l’extérieur » ; la filière du poisson a
été ciblée pour contribuer à cet objectif de sécurité alimentaire.
- Augmenter la production nationale à 56 000 tonnes à l’horizon 2015
- Réduire le volume des importations du poisson congelé d’au moins 20%
- Conquérir une part du marché extérieur, par rapport aux filières retenues pour
lesquelles le Bénin a des avantages comparatifs ou des potentialités
avérées». Pour les pêches de capture, c’est la filière crevette qui a été retenue
pour l’atteinte de cet objectif.
- Augmenter la production aquacole de 20 000 tonnes à l’horizon 2015 afin de
réduire de 9 000 tonnes les importations de poissons congelés.
Les axes stratégiques d’intervention du PNDPA reflètent bien les objectifs assignés
au sous-secteur et s’articulent autour des points suivants :
l’amélioration du dispositif de gestion et d’aménagement des pêcheries
la réhabilitation et la protection des espèces, des habitats et des écosystèmes
en milieu marin et continental ;
le développement de l’aquaculture ;
l’appui et la promotion du secteur privé.
Tableau 7.1 : synthèse des instruments de politiques de pêche au Bénin
71
instrument Statut/référence Observations
SCRP 2011-2015,
PSRSA 2010-2015
PNIA-Bénin 2007-2015 c’est le document national de mise en œuvre
Politique générale Loi- cadre sur l’environnement de la convention sur la diversité biologique en
Stratégie nationale et le plan d’action application des principes de la convention.
pour la gestion de la diversité
biologique
72
développement de l’ichtyo faune et la diminution de la pression exercée sur
les ressources halieutiques ;
- administratives et de gestion destinées à améliorer le contrôle et l’usage des
plans d’eau par la mise en œuvre de textes adaptés, l’installation de structures
de gestion participatives (comités de pêche).
Des efforts ont été faits pour la mise en œuvre de ce plan à travers l’installation de
comités de pêche et la formation de leurs membres, la prise d’arrêtés pour
réglementer les pêches dans les différents complexes fluvio-lagunaires. Mais le bilan
global du plan de gestion des plans d’eau du Sud-Bénin est assez mitigé car son
exécution a été handicapée par un manque de moyens pour la réalisation des
actions prévues et l’arrivée à terme du Projet Pêche Lagunaire qui a stoppé de fait
les quelques initiatives entamées.
A l’heure actuelle, la gestion des pêcheries béninoises se caractérise encore par
l'absence d'une politique appropriée, actualisée, définie de façon participative et
consensuelle. La Direction des Pêches affiche pourtant une véritable volonté
d’organisation du secteur à travers un suivi des activités et un encadrement du
secteur. Toutefois, l’absence d’une politique permettant à la fois une évaluation
objective de la dynamique du secteur et une mobilisation de l'assistance extérieure
au développement durable réduit sensiblement les efforts consentis et l’efficacité les
programmes mis en place.
73
7.3.1 Cadre juridique
Le cadre juridique existant couvre essentiellement le domaine de la gestion et de
l’exploitation des ressources halieutiques et celui du contrôle sanitaire alors que celui
relatif au SCS est quasi-inexistant. La description qui suit permet d’apprécier les
mesures de gestion en vigueur et leur degré d’efficacité.
i. Gestion des pêches
Le cadre juridique de gestion des pêches comprend deux types de mesures qu’il
convient de distinguer par leur nature :
a) les mesures techniques relatives à contrôler l’effort de pêche
S’agissant des pêcheries maritimes, ces mesures, inscrites pour l’essentiel dans le
Code de la Marine Marchande comprennent principalement le zonage des activités
de pêche en fonction des catégories de flottes. Ce texte attribue, en outre, à l’autorité
maritime de larges pouvoirs réglementaires en matière de pêche. L’autorité peut,
après consultation avec l’organisme scientifique compétent, prendre des arrêtés
visant, entre autres, à établir les zones et les périodes d’interdiction totale ou partielle
de la pêche; réglementer les caractéristiques des filets et engins de pêche et la
pratique de certaines méthodes de pêche (cas de l’interdiction des engins trainants
en deçà de la limite des 5 miles marins) ; fixer la taille réglementaire marchande de
diverses espèces de poisson et autres animaux marins pêchées dans les eaux
béninoises ; prescrire les mesures d’ordre et de police propres à assurer la
conservation des ressources halieutiques ; établir les conditions d’établissement et
d’exploitation des pêcheries, viviers, parcs à huîtres, moules ou autres animaux
situés en mer ou sur le domaine public.
Dans les pêcheries continentales, les mesures techniques ont été essentiellement
édictées dans des arrêtés ministériels ou interministériels (exemples : réglementation
de la pêche sur le complexe Delta de l’Ouémé-Lagune de Porto-Novo-Lac Nokoué;
réglementation de la pêche sur le lac Toho; réglementation de la pêche sur les
lagunes anciennes (Toho-Todougba-Ahouangan-Dati); réglementation générale de la
pêche et de la commercialisation des crevettes des lacs et lagunes du Dahomey;
enlèvement des Akaja du Lac Ahémé, des Lagunes de Ouidah et de Grand-Popo.
Tableau 7.2 : mesures d’aménagement couramment utilisés
74
Type d’outil utilisé dans la gestion Statut Observations
artisanale durant l’année d’après les interdits prescrits
par les chefs religieux traditionnels.
Limitation d’engins
Les navires de plus de 350 cv sont interdits d’accès dans
Restriction de la taille du moteur x
les eaux béninoises.
Restriction de la taille de l’engin
-L’Arrêté n° 518 interdit l’utilisation des chaluts artisanaux
dans les eaux marines sous juridiction béninoise.
Restriction du type d’engin x
-Interdiction de l’utilisation du chalut bœuf dans les eaux
béninoise par Arrêté N°1903/MAEP du 12 juin 2006.
Restrictions d’accès
La licence est interdite aux navires de plus de 25 m LHT
Licences x
et d’une puissance supérieure à 350 CV.
Entrée limitée aux navires de 25 m LHT (mètre hors tout)
Entrée limitée x
et de 350 CV.
- : inexistante. x : existe
b) les mesures de régulation de l’accès à la pêche
En pêche maritime, l’Ordonnance n° 73-40 du 5 mai 1973 portant organisation de la
pêche industrielle au Bénin assujettit tout bateau admis à pratiquer la pêche
industrielle à partir du port de Cotonou à un régime de licence. La licence est valable
pour une durée d’un an et son obtention est soumise au paiement d’une taxe qui
varie en fonction du type de pêche pratiqué et du TJB. Il y a lieu de noter que
l’activité des navires industriels n’est pas subordonnée à la détention du pavillon
national. En l’état actuel de la législation, il n’y a pas dans les faits une restriction
légale qui couvre les embarcations de pêche artisanale ; ceci en dépit de l’existence
de la loi N° 60-24 du 13/07/1960, fixant la liste des taxes régionales applicables aux
pirogues utilisées en mer, sur les lagunes ou sur les fleuves pour la pêche ou le
transport. Dans la réalité les pêcheurs artisans opèrent sous le régime de l’accès
libre et gratuit.
En ce qui concerne la pêche continentale, il convient de noter l’existence de
l’Ordonnance N° 20/PR/MDRC/SP du 25 /04/1966 portant réglementation générale
de la pêche dans les eaux continentales du Dahomey : ce texte indique clairement
que les eaux font partie du domaine privé ou public de l’Etat qui peut en concéder le
droit d’exploitation aux riverains détenteurs d’une permission administrative à titre
onéreux ou non en fonction des types de pêche. Cette disposition ouvre de fait la
porte à la mise en place d’un système de régulation de l’accès.
ii. Engins de pêche
Concernant les règlementations des engins de pêche industrielle, il n’y a aucun texte
qui régit les activités de la pêche industrielle dans les eaux béninoises, qui prévoit la
détermination des caractéristiques des engins de pêche autorisés, du moins plus
clairement en ce qui a trait au maillage et au mécanisme d’obstruction des mailles de
la poche de chalut. Par contre, certaines dispositions sont mentionnées dans les
«contrats de pêche » entre la DP et l’armement, notamment les mailles minimum de
40 mm pour les chaluts à crevette et 70 mm pour les chaluts à poisson.
75
iii. En matière de contrôle et surveillance des pêches
Les textes règlementaires régissant les activités de la pêche maritime industrielle,
prévoient très peu de dispositions sur la surveillance. Et il n’existe pratiquement pas
de textes règlementaires sur la pêche artisanale maritimes. Les dégâts causés par la
senne de plage qui capture en quantité importante de juvéniles sont reconnus par
tous, y compris les pêcheurs eux même. Par ailleurs, le plan d’aménagement a été
adopté en conseil des ministres
iv. Contrôle sanitaire
Depuis 2003, le Bénin s’est doté d’un arsenal de textes réglementaires (Décret
n°2003-114 du 09 avril 2003, portant assurance qualité des produits de la pêche)
visant à mettre aux normes sanitaires la filière de la pêche. C’est ainsi que plusieurs
textes ont été pris portant notamment sur :
- l’assurance qualité des produits de la pêche ;
- la vérification des bonnes pratiques de laboratoire d’analyse des produits de la
pêche
- la définition des conditions d’hygiène à bord des navires de pêche et des navires
usines;
- la fixation des règles d’organisation, les procédures de contrôle de la qualité, de
la salubrité et de la traçabilité des produits halieutiques ;
- les conditions d’exportation, d’importation et de distribution des produits
halieutiques en République du Bénin.
7.3.2 Plans de gestion des pêches
La plupart des plans d’aménagement ont été élaborés avec l’appui de la coopération
canadienne et datent d’avant 1997. Ils concernent essentiellement les stocks
démersaux pour lesquels les données étaient disponibles grâce aux campagnes
d’évaluations réalisées par le navire océanographique, issu de don japonais, mais
qui n’est plus opérationnel depuis cette date.
• Plan d’aménagement pour Gestion la Pêche Maritime en République du
Bénin (1996)
Le Plan d’Aménagement pour la Gestion de la Pêche Maritime a été conçu pour
répondre à une préoccupation qui déjà existait à l’époque, c’est-à-dire l’élaboration et
la mise en œuvre d’une politique globale de gestion durable des ressources. Le
constat à l‘époque était qu’il existait une lacune importante en termes de données
scientifiques.
Ce plan d’aménagement a proposé par conséquent d’encourager une politique de
gestion de la pêche plus rationnelle en se basant sur des données scientifiques.
Cependant, faute de moyens financiers et humains, ce plan n’a pas été mis en
œuvre à l’époque par la DP et le CBRST.
• Plan Directeur des Pêches pour la République du Bénin (1998)
Sous l’égide du Programme Développement Intégré des Pêches Artisanales (DIPA),
un Plan Directeur des Pêches a vu le jour en 1998. Il s’est inspiré du Code de
Conduite pour une Pêche Responsable et de la Politique Nationale de la Pêche.
Comme pour la plupart des plans, presque tous les programmes d’action n’ont pas
été mis en œuvre.
76
7.4 Conventions internationales
Les Conventions internationales constituent des instruments auxquels se réfère
souvent l’Administration des Pêches devant les obstacles à la mise en œuvre des
différents textes régissant la pêche maritime au Bénin. Une fois ratifiés, et tout
comme les Conventions internationales, ces instruments servent également de
référence pour convaincre en cas de difficultés dans la mise en œuvre des textes
nationaux notamment auprès des autorités politiques au haut niveau. L’exemple des
articles 63 et 65 de la Convention Internationale sur le droit de la mer brandis par le
MAEP en 2007 et 2010 lui a permis de convaincre la Présidence de la République
qui a reçu la plainte de l’Association des pêcheurs de crevettes dites roses de mer
qui tente de remettre en cause l’Arrêté 518 du 31 décembre 2008.
Tableau 7.3 : conventions, accords et traités, relatifs au secteur de la pêche, ratifiés par le Bénin
Date de
Convention, accord ou traité
ratification
1958 Convention de l’Organisation Maritime Internationale (OMI)
Convention sur la pollution marine de l’Organisation Maritime
1972
Internationale
Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées
1973
(CITES)
1975 Traité de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest
Convention pour la Sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS) de
1980
l’OMI
Convention relative à la coopération en matière de protection et de
mise en
1984
Valeur du milieu marin et des zones côtières de la région de l’Afrique
de l’Ouest et du Centre (Convention d’Abidjan)
1996 Instruments d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (Montego
Bay
1997
Convention) et de l'Accord relatif à l’application de la partie XI de la
Convention
Convention du Comité des pêches du Centre Ouest du Golfe de
2006
Guinée (CPCO)
Cependant, il reste les accords et conventions que le Bénin n’a pas encore ratifiés, à
savoir : l’accord de la FAO relatif au respect des conditions de conservation en haute
mer (1993) et l’Accord des Nations Unies sur les stocks chevauchants et grands
migrateurs (1995), la Convention Internationale pour la Conservation des Thons
d’Atlantique (1969) bien qu’il soit membre de l’ICCAT de 1978 à 1994. Le Bénin n’a
pas encore ratifié la convention de la COMHAFAT de 1991.
Ces conventions sont importantes du moment où le Bénin envisage de contrôler
l’exploitation de ses ressources hauturières dont les stocks de grands pélagiques
(thons et autres).
7.5 Réforme
Le cadre juridique des pêches du Bénin est en voie d’être réformé avec le projet de
Loi-cadre sur les pêches. Cette réforme initiée depuis 2002, soit de plus de dix ans,
77
se trouve aujourd’hui au parlement pour discussion et adoption. Cependant, ce long
processus encore inachevé continue l’inadaptation et l’inefficacité du cadre juridique
antérieur.
La réforme porte sur l’actualisation du code de la pêche et notamment de ses textes
d’application. Spécifiquement, cette réforme s’articule autour de la mise en place
d’un cadre réglementaire sur les conditions de mise en œuvre de la gestion durable
de la ressource, ainsi que l’optimisation des recettes de l’Etat. Elle met également un
accent particulier sur le renforcement de la surveillance maritime et la lutte contre la
pêche illégale. Le projet de loi cadre va pouvoir renforcer, une fois adopté, le Plan
d’action national visant à prévenir, à contrecarrer et à éliminer la pêche illicite, non
déclarée et non réglementée, élaboré en 2007 et adopté par le gouvernement
béninois. Le plan contient des propositions destinées à l’amélioration de la
réglementation des pêches, du SCS.
Par ailleurs, la réforme du cadre juridique et réglementaire en cours devra permettre
la révision de l’organigramme de la DP. Les aspects majeurs de cette révision
seraient la création d’entités dédiées à l’aquaculture et à la surveillance et la lutte
contre la pêche illégale. L’Observatoire nationale des pêches appelé à jouer un rôle
effectif pour centraliser et collecter les données et dont la mise en œuvre ne s’est
pas encore faite, doit être placée sous la coordination de la direction des pêches
mais fonctionner d’une manière autonome.
78
étrangers notamment ghanéens dont le seul objectif est la maximisation des captures
en faisant fi du respect des interdits sur les plans d’eau.
7.6.3 Les Organisations professionnelles
Les organisations professionnelles s’activent dans les plans d’eau et des zones
côtières en se positionnant comme en véritable partenaire de la DP pour assurer un
certain encadrement et suivi des activités de pêche. La surveillance participative et
l’immatriculation des pirogues sont des programmes qui ont été gérées par ces
organisations dont la crainte aujourd’hui est l’incapacité de contrôler cette activité
menacée par un accès libre et des pratiques illégales fortement répandues.
L’Union Nationale des Pêcheurs Marins Artisans et Assimilés du Bénin
(UNAPEMAB)
L’UNAPEMAB est née de la volonté des pêcheurs marins de se regrouper et
d’associer aussi les mareyeuses pour mieux défendre leurs intérêts (implantation
dans l’enceinte portuaire du débarcadère, vente de matériels de pêche du don
japonais par les pêcheurs eux-mêmes, interdiction aux bateaux de pêche industrielle
de pêcher dans la zone réservée à la pêche artisanale, etc.) et s’attacher à résoudre
les problèmes du sous-secteur (baisse des ressources halieutiques,
approvisionnement difficile en matériels appropriés de pêche, difficulté à rentabiliser
les opérations de pêche, etc.). Cette organisation joue également un rôle important
dans la gestion du parc piroguier maritime. Elle détient un registre des embarcations
immatriculées et des pêcheurs (2/3 du parc total de la pêche artisanale).
L’Union Nationale des Pêcheurs Continentaux et Assimilés du Bénin
(UNAPECAB)
L’objectif de cette organisation est de faire mieux participer les professionnels de la
pêche continentale à la gestion des ressources des plans d’eau. Dans ce cadre,
l’Union participe à l’identification, la formulation, la mise en œuvre, le suivi et
l’évaluation des actions de développement des pêches. Elle est impliquée dans deux
domaines cruciaux de la gestion des pêcheries continentales : i) l’élaboration des
plans de gestion et ii) la surveillance des plans d’eau. Cette implication paraît
insuffisante et n’a pas produit tous les effets escomptés auprès des pêcheurs. En
effet, malgré les actions d’information, de sensibilisation et de formation, les
pêcheurs, sans doute pour des raisons de survie, transgressent toujours les mesures
réglementaires édictées avec leur consentement.
L’Association Nationale des Mareyeurs et Mareyeuses du Bénin (ANM)
Elle est de création récente. Les femmes du sous-secteur initialement membres des
deux organisations de pêcheurs, se sont regroupées à part pour constituer
l’Association Nationale des Mareyeurs et Mareyeuses du Bénin ; elles participent
également à la vie du sous-secteur. La présidente de cette association est membre
du réseau africain des femmes de la pêche (Rafep) de la COMHAFAT.
Le Groupement des Armateurs de la Pêche Industrielle du Bénin (GAPIB)
Les armateurs se sont organisés en un Groupement des Armateurs de Pêche
Industrielle du Bénin (GAPIB) pour défendre leurs intérêts et œuvrer à la promotion
et au développement de la pêche industrielle. Son effectif est faible car lié au nombre
de bateaux de pêche. Actuellement, et en absence de bateaux industriels battant
pavillon béninois, cette organisation ne semble plus active.
79
La Fédération Nationale des Pêcheurs (FéNaPêche)
Cette fédération est une association faîtière regroupant les pêcheurs continentaux et
marins, les mareyeurs et mareyeuses. Elle a été constituée en vue de l’unité d’action
pour la défense des intérêts des acteurs à la base et du développement du secteur
de la pêche. Elle regroupe les trois associations de pêche artisanale que sont
UNAPEMAB, l’UNAPECAB l’ANM.
7.6.4 Les ONG
Quelques ONG interviennent plus ou moins dans le secteur des pêches dont les plus
actives sont :
- I.D.PECHE (Initiatives Développement Pêches)
- AQUACULTURE PROMO
- OXFAM QUEBEC
- GRAPAD (Groupe de Recherche et d’Action pour la Promotion de l’Agriculture et du
Développement)
- AquaDeD-ONG (Aquaculture et Développement durable) qui intervient dans la
promotion de l’aquaculture et la conservation de la biodiversité dans la vallée de
l’Ouémé, en collaboration avec UICN et des partenaires belges ;
Ces ONG contribuent à la formation, à la vulgarisation et à l’appui conseil. Au-delà
de ce rôle, certaines ONG facilitent aussi l’accès au crédit, contribuent à la
restauration de l’écosystème aquatique par l’initiation et la mise en œuvre des
actions de de reboisement et de plantation de palétuviers, participent à l’étude des
milieux aquatiques.
80
• l’accord de pêche avec l’Union Soviétique en 1977. Il prévoyait une phase de
recherche pélagique et une pêche pélagique au-delà du plateau continental. Cet
accord n’a pas été appliqué en totalité ;
• l’accord de pêche avec le Nigeria en 1979. Cet accord annonçait la possibilité pour
le Bénin de pêcher dans les eaux territoriales du Nigeria; il ne fut jamais mis en
pratique.
Au plan régional, le Bénin est membre du COPACE, CICG, COMHAFAT, CPCO et
de la CBI au niveau international. Toutefois, le Bénin n’a pas encore ratifié deux
accords et une convention portant respectivement sur le respect des conditions de
conservation en haut mer, les stocks chevauchants et grands migrateurs. Quant à
l’ICCAT, le non-paiement de ses contributions a entrainé la suspension de sa
participation aux travaux de cette organisation depuis 1994 3. La reprise de
participation à l’ICCAT donnera l’avantage au Bénin de bénéficier des informations et
des recommandations scientifiques sur l’exploitation de ces stocks de grands
pélagiques et participer pleinement aux travaux d’évaluation des ressources et de
suivi des activités de pêche dans ces zones, en collaboration avec tous les autres
Parties contractantes.
Tableau 7.4 : participation du Bénin dans les organisations régionales et internationales de
gestion des pêches
81
illégales dans les eaux sous juridiction du Bénin et pour renforcer les systèmes de
gestion, de suivi et de surveillance de l’exploitation des ressources. Le Plan
s’articule principalement autour des mesures suivantes :
- la finalisation de la loi des pêches et de ses textes d’application
- le renforcement du système du Suivi, Contrôle et Surveillance
- la régulation de l’accès aux pêcheries
- le développement des registres des navires
- l’adoption du présent plan d’action.
La partie au large de la ZEE Béninoise qui est exploitée par la pêche hauturière
étrangère, échappe à tout contrôle de l’État, ce qui représente un manque à gagner
dont l’importance reste encore à évaluer.
7.9.1 Limites du PAN-INDR
Le Bénin fait face à différentes formes de pêche illicite pratiquées, aussi bien dans
ses eaux territoriales qu’en haute mer. Le Bénin souffre de moyens limités de suivi,
de contrôle et de surveillance, de l’absence d’une législation adaptée et fortement
dissuasive à l’égard de cette pêche.
Contrairement aux pays voisins (Nigeria, Ghana et Côte d’Ivoire), le Bénin ne
dispose pas encore de système de VMS, ce qui est révélateur de la faiblesse du suivi
du dispositif et des capacités de surveillance tant sur le plan technique que matériel.
Par ailleurs, et même dans le cas d’acquisition de VMS, l’efficacité de l’utilisation de
cet outil sera partielle puisque les navires localisés en zone interdite par le VMS ne
seront inquiétés de fraude que s'ils sont observés en train de pêcher illégalement.
S'agissant des intrusions des navires étrangers dans les eaux sous juridiction, ils ne
donneront bien évidemment pas leurs positions via VMS et de la même manière,
seules des patrouilles aériennes ou nautiques permettront de les détecter et de les
arraisonner. Ceci qui requiert des moyens d'intervention rapide sur zone et surtout
une coopération sous régionale très active en particulier avec le Nigéria, le Togo et le
Ghana. Enfin, le contrôle des engins de pêche dont on peut dire qu'il est inexistant
aujourd'hui, pourra se faire à moindre coût par des contrôles lors de l'arrivée des
navires au port et des débarquements de la pêche artisanale.
82
lacunes de la législation béninoise en matière d’hygiène et de contrôle des produits
de la pêche, le manque de ressources humaines (en quantité et en qualité),
l’absence d’autorité compétente, le manque de laboratoires accrédités par l’UE pour
contrôler les normes de sécurité appliquées aux crevettes. Des pratiques
inacceptables telles que l’utilisation du chlore et d’additifs comme le sulfite « sans
que leur dosage, la fréquence de bains et les méthodes de contrôle ne soient
maîtrisés », la non-application de HACCP avaient été également relevées.
7.10.2 Mesures correctives
C’est ainsi que le gouvernement béninois a décidé en mars 2004 d’une auto
suspension de commercialisation des crevettes vers l’UE et engager en parallèle une
série d’actions correctives pour que les produits de la pêche soient conformes aux
normes internationales, donc exportables vers l’UE. Cette décision, a permis au
Bénin d’éviter le risque d’être frappé d’embargo par le système européen.
En 2003, la législation béninoise a adopté des textes réglementaires portant
assurance qualité des produits de la pêche et visant à mettre aux normes sanitaires
la filière de la pêche en particulier celle de la crevette. Actuellement, la législation
béninoise sur les produits de la pêche destinés à l’exportation vers l’UE peut être
considérée comme étant équivalente aux exigences communautaires.
Hormis les programmes de soutien et de formation, financés par les partenaires
(Coopération Belge 4), sur les normes d’hygiène et de la réglementation européenne
qui a bénéficié aux acteurs mais également aux inspecteurs chargés du contrôle, les
autorités ont procédé à l’installation de deux Bases Obligatoires de Contrôle (Boc)
sur le lac Ahémé (2007-2009) et un autre au Port de pêche artisanale de Cotonou
ainsi qu’au démarrage du projet de construction d’un laboratoire national chargé de
contrôler les produits agroalimentaires dont ceux halieutiques en vue de leur
exportation favorable vers l’Europe. C’est ainsi que le Laboratoire Central de la
Sécurité Sanitaire des Aliments (Lcssa) en a découlé. Lors d’une seconde mission
d’évaluation au Bénin en 2009, l’Oav, tout en soulignant qu’il restait des efforts de
mise à conformité à fournir par les autorités béninoises, avait néanmoins constaté et
apprécié les prodiges faits pour garantir les qualités internationalement exigées aux
crevettes béninoises.
7.10.3 Alertes rapides (Rapid Alert System)
Les dernières notifications datent de 2005 (trois notifications) et 2006 (une
notification) et portent sur des taux trop élevés de sulfites dans des crevettes entières
crues surgelées. Trois unités industrielles de conditionnement des produits de la
pêches sont agrées pour exporter sur le marché européen dont une seule unité
(DIAX) fonctionne actuellement et exporte du poisson blanc et des langoustes sur le
marché européen. Cependant, le maintien de cet agrément passe par d’énormes
efforts de mise à niveau régulière des inspecteurs de l’Autorité compétente
béninoise, des unités de pêche et des industries de conditionnement. Le soutien et
l’assistance technique des partenaires5 ont contribué largement à relever le défi
auquel est confronté le Bénin à ce niveau.
4 Projet d’Appui au développement de la filière halieutique d’un montant de 2 910 606 euros, cofinancé par
83
8 Principales contraintes et opportunités au
développement de la pêche
Le Document Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
(DSCRP) reconnaît aux secteurs de l’agriculture-élevage et de la pêche la hausse la
plus importante du nombre de pauvres entre 2006 et 2009 alors que la pêche
dispose de capacités de développement élevée lui permettant de contribuer
davantage à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté en améliorant les
revenus des acteurs.
Le PSRA envisage de porter la production halieutique à au moins 56 000 tonnes
pour la satisfaction des besoins de la population en produits de pêche en assurant
une plus grande disponibilité sur les marchés. Ce document d’orientation vise
également l’amélioration de la gestion durable des ressources halieutiques et la
réhabilitation des plans d’eau qui devraient permettre d’atteindre le niveau de
production sus cité, d’accroitre le niveau d’exportation de crevettes de qualité et
réduire de 20% les importations de poissons congelés.
Le secteur de la pisciculture offre pour le Bénin un potentiel important pour la
substitution à l’importation et la promotion des exportations de produits transformés.
L’aquaculture offre également des possibilités d’emplois.
En outre, les différents documents de stratégie sectorielle rappellent la détermination
des autorités à participer de manière significative le sous-secteur de la pêche et de
l’aquaculture dans l’économie avec comme objectif la diversification économique et
la contribution au développement de l’agro-alimentaire.
Cependant, les contraintes importantes, auxquels est confronté le secteur de la
pêche ne lui permettent pas de répondre aux objectifs fixées par les politiques
sectorielles. Ces contraintes sont à la fois d’ordre institutionnel, économique,
techniques, sanitaires et environnementales,
84
en œuvre et le soutien de bailleurs de fonds pour son développement. En
effet, le PIB halieutique est de 3%, alors que celui de l’agriculture représente
32% du PIB national. Par ailleurs, la pêche maritime industrielle présente
encore moins d’importance, par son volume de débarquement annuel par
rapport à celui de la pêche artisanale dans son ensemble (à peine 4%) et la
longueur du quai de débarquement au port de pêche de Cotonou se réduit à
peine à 50 mètre. L’absence d’accord de pêche avec l’UE par exemple
pourrait expliquer aussi bien l’intérêt accordé.
(ii) Recherche halieutique limitée
La recherche halieutique, rattachée au Ministère de l’Enseignement, bénéficie
aussi de peu de soutien financier. Le budget de la recherche du Bénin de
2013 représente encore moins de 1% du total pays. Le manque de moyens de
recherche n’a pas permis à ce centre de fournir les données scientifiques
fiables aux gestionnaires de la pêche afin d’asseoir une politique de
développement durable sur la base des potentiels soutenables des stocks
exploités. Les données disponibles ne sont obtenus que dans le cadre de
campagnes de recherche sous régionales financés dans le cadre de l’UEMOA
et auparavant du navire Fridjof Nansen.
(iii) aux difficultés financières des structures d’encadrement et l’insuffisance des
moyens matériels et humains
La DP affiche une réelle volonté d’amélioration de la gestion et d’encadrement
des activités halieutiques. Elle a procédé à de nouveaux recrutements pour
renforcer le suivi des pêcheries et encadrer la mise en œuvre de la stratégie
de développement de la politique nationale en matière de pêche et
d’aquaculture, élaborée en 2010. Cependant, son budget et les moyens dont
elle dispose rendent l’atteinte des objectifs difficile et la réalisation des
activités devient limitée à la durée de la période des projets.
(iv) Système d’information
La contrainte majeure d’ordre institutionnelle demeure la faiblesse du système
d’information et l’insuffisance des connaissances sur l’état de la ressource,
aussi bien au niveau des stocks que de l’effort de pêche. Les connaissances
des filières et de leurs performances n’échappent à ce constat et doivent faire
l’objet d’études approfondies pour définir les mesures appropriées.
A ce titre, le système de suivi de la pêche artisanale maritime, basé sur
l’échantillonnage stratifié (ARTFISH) qui a été introduit par la FAO lors d’un
projet TCP, a été complétement arrêté en 2007, à l’exception de
l’échantillonnage au port de pêche de Cotonou, en raison de manque de
financement.
(v) à une législation insuffisante et dont la réforme n’est pas encore adoptée
faisant de ce processus un facteur supplémentaire d’affaiblissement du
secteur des pêches
La plupart des textes législatifs datent des années 60 et 70 en particulier pour
ce qui concerne la pêche maritime industrielle, à part les textes relatifs au
contrôle d’hygiène et de qualité des produits. Le projet loi-cadre portant sur le
«Code des pêches», soumis à l’adoption par l’Assemblée Nationale depuis
2005 est resté lettre morte, ce qui fait qu’à cette date, les activités de la pêche
85
se trouvent toujours régies par la loi-cadre de la Marine Marchande datant
depuis 1968 modifié en 1969. De même, ce projet de loi-cadre qui est resté
encore dans le circuit d’approbation a suscité déjà de nombreuses
recommandations pour son adaptation à la situation actuelle de la pêche dans
le monde et la gestion conformément aux conditions réglementaires
internationales.
Par ailleurs, il n’existe aucun texte qui encadre et régit les activités de
surveillance d’une façon générale et en particulier les opérations de contrôle
en mer effectuées par la Force navale, sur demande directe de la Direction
des Pêches. Le nombre impressionnant des textes qui représentent plutôt des
mesures prises ponctuellement par le département technique (MAEP) sous
forme d’arrêtés, ne constituent pas, en grande partie des textes d’application
de loi ou d’ordonnance. Ce qui rend très difficile, même pour le service chargé
de faire respecter les règlements de s’y trouver. C’est le manque de loi cadre
spécifique au secteur qui définit les grandes lignes de règlementation et des
principes de base constants sur lesquels doivent venir s’appliquer les autres
textes, par domaine, facilitant ainsi la compréhension et l’accès par le grand
public dont les professionnels.
(vi) à l’absence d’un cadre de concertation formel impliquant la profession, la
recherche et l’administration
(vii) encadrement peu adapté pour le développement de l’aquaculture
L’aquaculture n’a pas encore atteint les objectifs fixés en termes de création
de fermes aquacoles ou de production dont les limites se situent au niveau de
l’accès à l’aliment des alevins, le faible niveau de technicité et de gestion.
86
Tableau 8.1 : contraintes institutionnelles et législatives
instrument Contrainte
Législation - Pas textes législatifs qui fixent la nature et le maillage des engins de pêche qui restent
insuffisants mais ces dispositions ne figurent pas dans le Contrat de Pêche entre
l’armateur et la DP : la maille étirée est fixée à 50 mm pour la pêche à la crevette, 70 mm
pour le poisson,
- Il n’est pas prévu dans les textes réglementaires la déclaration des captures, ni dans les
relevés statistiques, des autres espèces marines permettant la protection des espèces
menacées,
- La tenue à jour du livre de pêche n’est pas prévue par un texte réglementaire le rendant
obligatoire,
- La taille des bateaux est limitée ce qui ne permet pas la diversification souhaitée dans
l’exploitation durable des ressources. En effet, elle est limitée à 23 mètres rendant difficile
l’exploitation en haute mer,
- Il n’existe pas un Protocole d’Entente officiel entre la DP et l’IRHOB, mais un accord tacite
- De même, il n’existe pas un Protocole d’Entente officiel entre la DP et les Forces Navales,
mais un accord tacite
- L’effort de pêche n’est décrit que par rapport à la puissance du bateau (TJB) et non
prenant en compte la capacité des engins de pêche. Or, cette réglementation se prête à
un contournement de la loi en utilisant le chalut bœuf, caractérisé par une forte diminution
de puissance motrice mais à pression de pêche équivalente,
- L’interdiction du chalut bœuf est flexible : s’il est interdit d’acheter un nouveau chalut bœuf
depuis l’Arrêté pris en 2006, il est permis l’amortissement du chalut bœuf acheté juste
avant la parution de l’Arrêté, ce qui devrait être revu. En effet, l’utilisation d’un chalut bœuf
provoque la destruction du biotope par labourage intense du fond et sur une grande
surface, due à son chalut à très grande ouverture recueillant un haut pourcentage de rejets
- -L’utilisation des Dispositifs d’Exclusion des Tortues (TED) n’est pas obligatoire. Or
plusieurs espèces protégées de tortues viennent pondre sur les plages du Bénin (tortue
verte, tortue luth),
- Les engins sélectifs ne sont obligatoires. En particulier, les engins de pêche hautement
sélectifs comme grilles Nordmore sont pas obligatoires sur le chalut à crevette,
- le service Police de Pêche n’a aucun moyen sur le terrain pour assurer le contrôle et le
suivi de la pêche industrielle
- Dans le nouveau certificat de capture élaboré par la DP, un volet autorisant le
débarquement en mer est prévu.
87
A l’intérieur du pays, le manque de chambres froides pour le stockage et la
conservation du poisson constitue également une contrainte qui se traduit par un
enclavement des zones éloignées et une limitation de la valorisation aux produits
séchés et fumés.
88
palpable dans l’attente de la mise en place d’un plan d’aménagement sous régional.
Les principaux stocks sont ainsi surexploités (Cf. Tableau sur l’état des ressources
de la ZEE du Bénin).
89
Actuellement, les conséquences de cette faiblesse de suivi et de surveillance des
opérations de pêche, se font sentir sur la qualité des statistiques; sur la confiance
exprimée par les acteurs vis-à-vis de la capacité de l’État à faire respecter les règles;
et finalement sur les performances de la gestion.
90
Tableau 8.2 : analyse des forces et faiblesses du secteur des pêches et de l’aquaculture du Bénin
91
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
Projet de loi cadre dans le Des textes d’application doivent encore être Le projet de la loi cadre reflète Faible application
circuit d’approbation promulgués les nombreuses conventions
Difficultés financières des
internationales que le Bénin a
Une réforme institutionnelle Mauvaise compréhension liées aux règlementations structures d’encadrement
ratifiées en matière de
Cadre législatif également en cours de la pêche et l’insuffisance des
protection des ressources et
moyens matériels
et réglementaire Réglementation en cours de la besoin d’interdiction de l’utilisation de certains notamment la CNUDM de 1982
relatif à la pêche pêche et gestion des aires engins de pêche (textes obsolètes) et l’Accord d’Application de cette Processus de validation
marines protégées ; Convention de la FAO de 1993. assez long qui risque de
fragiliser davantage le
secteur des pêches et de
l’aquaculture
Suivi essentiellement déclaratif
Obligation de licence de pêche Pas de suivi des prises accessoires des crevettiers Coordination régionale dans le Piraterie maritime
par exemple cadre de la CEDEAO et de la développée
CGG
Manque de moyens de fonctionnement Faible implication des
Surveillance participative
Appui des forces navales acteurs
(arrêtée toutefois depuis La pêche industrielle étrangère échappe à tout
SCS janvier 2013) contrôle Coordinations sous régionale
(Programmes multiples)
Non-respect des zones interdites de pêche et de
l’utilisation des engins de pêches recommandés Volonté politique
L’insuffisance de moyens pour la surveillance et la
protection des eaux maritimes
absence de VMS
92
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
pollution
Menaces sur la qualité
Surcapacité de pêche des eaux.
93
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
La destruction des
mangroves
envahissement de certains plans d’eau par la
jacinthe d’eau ; conflits liés à l’occupation
Plans d’eau : lagune et lacs Principale source de production anarchique des plans
Pêche comblement et l’ensablement des plans et cours d’eau et des plaines
potentiellement riche en Fournit la matière première pour
continentale d’eau d’inondation
ressources les unités de conditionnement
Le manque d’infrastructures adéquates Surpeuplement des zones
d’embarquement et de débarquement de pêche
94
Composante Forces Faiblesse Opportunités Menaces
95
9 Conclusions et recommandations
9.1 Conclusions
Le Bénin se présente dans le domaine de la pêche avec des spécificités classiques
d’un pays en développement si l’on se réfère à ses capacités institutionnelles
limitées en matière de recherche, de suivi, de contrôle et de gestion. Ses ressources
halieutiques sont fortement surexploitées et la pêche continentale, principale source
de mise sur le marché des produits de la pêche (75%) et pourvoyeur d’emploi, est
pléthorique. La pêche maritime est, quant à elle, moins productive en raison de la
faiblesse du système de l’upwelling et de l’étroitesse du plateau continental.
Par ailleurs, la filière crevettière, auparavant source importante de devises pour le
pays et à la base d’une dynamique importante sur le milieu lagunaire, est confrontée
depuis au moins 6 ans à une tendance d’effondrement apparent en raison d’une
baisse constante de ses captures et le déclin des exportations destinées au marché
européen. Les problèmes de qualité à la base de l’auto suspension en 2004 de
l’exportation des crevettes sur le marché européen, ont provoqué des dégâts qui se
font ressentir encore à l’heure actuelle. La filière de crevette semble avoir perdu son
marché traditionnel européen qui s’est tourné vers d’autres marchés compétitifs au
moment où les unités industrielles béninoises ont repris leur activité. Cette filière
s’est adaptée partiellement en exportant la crevette fumée vers la sous-région, Togo
et Nigéria, certes des marchés moins rémunérateurs que celui de l’UE.
L’industrie de la pêche au Bénin est peu développée. Le segment industriel est
inexistant ; les armateurs de la pêche industrielle sont d’origine étrangère (Ghana,
Nigéria, Cameroun). A l’évidence, cette situation peut être considérée comme une
opportunité pour mener et prendre des décisions pouvant être considères
impopulaires étant donné qu’elles ne risquent pas trop de générer de gros problèmes
de politique intérieure. Cependant, la piraterie et la pêche illégale généralisée
réduisent la marge de manœuvre et orientent le choix des autorités résiliées parfois
à délivrer des licences de pêche et faire des entrées de recettes à l’Etat, plutôt que
de laisser ces navires faire des intrusions et pêcher illégalement dans ses eaux faute
de moyens efficace de contrôle.
Le Bénin reste un pays fortement importateur de ses produits de consommation et la
filière du poisson congelé est en croissance continue. Les produits importées,
pélagiques côtiers congelés à faible prix, occupent une place importante dans les
habitudes alimentaires et correspondent au pouvoir d’achat des ménages.
Le faible niveau du pouvoir d’achat des consommateurs béninois et la forte
croissance démographique du pays, font que le volume des importations est sur une
tendance à la hausse encore pour longtemps.
Le développement de l’activité de pêche au Bénin fait ainsi face encore à de
nombreuses contraintes liées essentiellement au cadre juridique qui n’est pas adapté
pour la préservation et la gestion rationnelle des ressources ainsi qu’à la capacité de
mise en œuvre de la réglementation existante, même soit elle limitée. L’accès aux
ressources par le segment artisanal est libre et gratuit. De même que la diminution
des stocks de poisson, entraine l’utilisation à large échelle d’engins interdits ou
destructifs (filets à petite maille, chalutage de la bande côtière, etc.) au point que plus
de la moitié des poissons capturés sont immatures, accentuant le cycle de
raréfaction.
96
La piraterie et la pêche illégale, comprenant également des intrusions dans les eaux
du Bénin, restent un fléau dans ce pays qui ne peut combattre à lui seul cette
menace. Cela nécessite une coopération régionale efficace et des moyens de
contrôle renforcés.
Par ailleurs, l’absence d’infrastructures telles que des ports (débarcadère) adéquats,
en dehors de Cotonou, et des points de débarquements aménagés en nombre
suffisants sur les milieux lagunaires, continuent de constituer une contrainte pour la
qualité des produits de la pêche et leur valorisation. Des efforts à ce niveau ont été
consentis avec l’appui des partenaires au développement (coopération belge, MCA,
BAD, UEMOA) et la mobilisation d’organisations professionnelles.
Pourtant, le secteur des pêches et de l’aquaculture béninois présente des
particularités intéressantes qui le différencient des autres pays de la sous-région.
D’abord, la pisciculture constitue un secteur prometteur en raison de nombreux
atouts naturels dont dispose ce pays. En outre, les coûts de production aquacole
sont compétitifs par rapport aux pays voisons notamment le Nigéria et les mesures
récemment prises (abattement fiscal sur les produits importés destinés à
l’aquaculture) devraient permettre l’essor de la pisciculture qui se trouve encore à un
stade artisanal. Les résultats encore très modestes (faible production, élevage
concentrée sur deux espèces ; le tilapia et silure) nécessitent un appui institutionnel
adapté et un partenariat public-privé ambitieux. Les programmes de vulgarisation
méritent également d’être revus et adaptés aux objectifs définis sur le plan national
et des évolutions au niveau régional notamment au niveau du Ghana, Nigéria ou
encore le Cameroun.
L’industrie de valorisation est très faible et comprend actuellement une seule unité
qui a exporté 26 tonnes en 2012 et seulement une tonne cette année, selon les
statistiques jusqu’au mois de juillet. D’autres contraintes d’ordre environnementales
viennent encore fragiliser ce contexte. Cela concerne la pollution, l’érosion côtière,
ensablement du chenal, le réchauffement climatique, l’augmentation de la population
de pêcheurs, l’utilisation des engins prohibés malgré l’existence d’une multitude de
décrets et arrêtés interministériels,
Les autorités misent sur le développement de l’industrie agroalimentaire pour
diversifier son économie. Pour le secteur de la pêche, il est évident que
l’investissement du gouvernement passe par un renforcement des dispositifs de
gestion et une amélioration continue afin d’assurer la matière première nécessaire
pour développer les unités à terre.
Actuellement, l’enjeu pour les autorités se situe à plusieurs niveaux. Le premier et
primordial vise à assurer une conservation et gestion optimale de ses ressources en
renforçant le système de contrôle et de surveillance. Le pays est confronté à un
pillage de ressources en raison de faibles capacités de surveillance. Ce constat
concerne aussi et surtout le milieu lagunaire ou les pratiques de pêche sont
dévastatrices pour la durabilité des ressources.
Le pays a engagé une réforme qui concerne la promulgation d’une loi cadre, des
textes d’application, la création des AMP et une restructuration du dispositif
institutionnel pour mieux accompagner les différentes stratégies développées pour le
secteur des pêches (PSRSA, PNIA-Bénin, PDPA).
97
Le second enjeu concerne l’approvisionnement des marchés locaux et sous
régionaux en poisson et réduire ainsi le volume des importations. Le troisième est la
relance des filières crevette, poisson et aquaculture.
Les conditions de réussite pour la relance devront néanmoins tenir compte des
échecs passés et surtout tenir compte du contexte économique et environnemental
du secteur de la pêche sur le plan régional et international.
Cependant, la collecte des bénéfices potentiels de la situation actuelle du secteur
des pêches de ce pays appelle à des efforts substantiels aux niveaux structurel et
institutionnel : le projet de la loi cadre est toujours dans le circuit pour son adoption et
ce depuis 2001, les plans d’aménagement et les programmes de recherche
dépendent de l’intervention des partenaires, cependant, leur capitalisation est
souvent contrainte à l’arrêt faute de moyens après la fin des projets.
9.2 Recommandations
9.2.1 Recommandations nationales
Visiblement, les faibles capacités nationales en matière de gestion, de recherche et
de surveillance ainsi que le dispositif institutionnel actuel, n’ont pas pu empêcher une
dégradation des ressources encore moins un effondrement de la contribution du
secteur des pêches aux objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté. Pour
accompagner la volonté de modernisation du système de gestion des pêches et
relancer l’industrie des pêches qui se trouve à l’arrêt, des recommandations sont
présentées ci-dessous et concernent globalement le renforcement du dispositif
institutionnel et l’amélioration des systèmes de gestion.
Recherche : cette composante a des limites à tous les niveaux du secteur
halieutique (capacité de suivi, moyens, évaluation des stocks, aquaculture,
qualité, etc.) qui doivent être prises en charge à la fois au niveau national,
régional et international. La récente mutation du CRHOB en un institut peut
constituer un atout dans la mesure où il va pouvoir bénéficier d’une autonomie de
gestion financière. Si tel est le cas, la Direction des pêches et l’IRHOB doivent
établir d’une manière conjointe un contrat programme pluriannuel qui définit les
attentes en termes de données et programmes de recherche à mener par cet
institut. Ce contrat programme tiendra compte du PDPA et des plans de gestion
en cours de lancement.
La Direction des pêches va en effet initier des plans de gestion de ressources
dans le milieu maritime et continental et le besoin en données actualisées sera
nécessaire pour ajuster les mesures de gestion en fonction de l’évolution de l’état
des stocks. Son financement qui peut néanmoins constituer une contrainte dans
un premier temps, peut être pris en charge dans le cadre d’un partenariat public-
privé. Les professionnels devant assumer leur responsabilité sociale et
environnementale de même qu’ils peuvent contribuer à la collecte de données et
s’assurer du respect de mesures de gestion.
Par ailleurs, la collecte de données doit faire l’objet d’un protocole harmonisé et
adopté au niveau national par toutes les entités concernées (IRHOB, Direction
98
des pêches, ONP qui peut centraliser cette tâche une fois mis en œuvre) et ce en
accord avec les programmes développés dans ce sens par l’UEMOA 6.
A ce stade, le recours à des programmes extérieurs dans le cadre de la FAO
(EAF Nansen), UEMOA, des programmes (ACP Fish II) ou des accords bilatéraux
restent le seul moyen pour fournir des informations utiles sur l’état des stocks à
travers des campagnes de recherche. L’exploitation des données doit toutefois
être assurée par l’IRHOB et faire l’objet d’un suivi régulier avec la Direction des
pêches. Pour cette raison, il est nécessaire de mettre un place un service ou
division au sein de la DP qui aura fonction d’assurer un lien permanent et régulier
avec l’IRHOB. Ce service dédié à la protection des ressources halieutiques
jouera un rôle central également lors de participation de la DP aux réunions
internationales étant donné qu’il disposera de données scientifiques régulières.
Par ailleurs, ce service pourra faire le suivi des recommandations scientifiques
formulées par l’IRHOB ou bien les programmes régionaux ou organisations
concernées (FAO/COPACE) notamment sur l’approche de précaution, le zonage,
limite des captures, taille des espèces, etc.
Sur le plan international, la recherche au Bénin pourra toujours continuer sa
collaboration avec le COPACE et la CICG ainsi qu’avec le Réseau d’échange de
données et d’information océanographique en Afrique, programme de l’UNESCO.
Infrastructure : le Gouvernement du Bénin a fait du développement des
infrastructures un axe opérationnel essentiel de sa stratégie, à travers la mise en
œuvre de grands travaux prévus dans le Programme d’Actions Prioritaires (PAP).
Cependant, les infrastructures économiques pour le secteur des pêches sont
encore limitées même si le PDPA prévoit la réalisation des infrastructures de
débarquement et la construction de marchés de vente. De même que des
installations d’infrastructures de débarquement (BOC et PFT) le long du fleuve
Niger (Malanville et Karimama) et du lac Nokoué (Abomey calavi, Cotonou) sont
prévues dans le PDPA.
Cette composante est déterminante pour encourager l’investissement national et
étranger dans l’industrie de la pêche et surtout encourager le repli de la flotte
industrielle sur le port de pêche de Cotonou. Cet invertissent d’ordre public
représente la partie à remplir par l’Etat dans son effort de modernisation de son
économie. La gestion de ces infrastructures en particulier celles dédiées au
débarquement doivent, par contre, faire l’objet de contrats impliquant les
organisations professionnelles afin de s’assurer d’une utilisation efficiente et
optimale de ces espaces.
Industrie : Le secteur de la pêche industrielle au Bénin est inexistant ou du
moins investi par la flotte étrangère qui fréquente les eaux du Bénin d’une
manière irrégulière. Ce mode ne permet pas de suivre cette pêcherie ou tirer le
maximum en terme de retombées (emploi, captures valorisées à terre, paiement
conséquent de licences). Les captures prélevées (méconnaissance des espèces
et leur tonnage) échappement à tout contrôle.
6 L’UEMOA a organisé, en 2011, au profit des pays d’Afrique de l’Ouest, le premier atelier régional de formation et
d’harmonisation des méthodes de collecte des données statistiques des pêches qui a permis de lancer un programme de
renforcement sur la collecte des données statistiques de pêche et de la création d’une base de données régionale qui
couvre la pêche continentale et océanographique.
99
Ainsi, les différents armements nigérians, camerounais et ghanéens, restent hors
du contrôle et ne sont liés aux autorités (Direction des pêches notamment) que
par le versement de redevances des licences et quelques prestations négociées.
Les équipages et les capitaux sont aussi exclusivement étrangers ; seule
obligation consiste à avoir un représentant béninois.
1. Suivi
La première action doit concerner le suivi et l’intégration de la pêcherie
industrielle du moins en termes de données et débarquement des captures. La
direction des pêches peut ainsi négocier et exiger l’embarquement d’observateurs
à bord des navires de pêche sur simple demande à présenter à l’armateur. Les
frais d’embarquement devront être supportés évidemment par l’armateur. Ces
observateurs doivent néanmoins être formés à la réglementation et remplir des
tâches importantes qui portent sur l’observation et le contrôle des activités des
navires de pêche, l’échantillonnage biologique, le relevé des engins de pêche
utilisés et la vérification des données de captures relatives à la zone béninoise.
C’est pourquoi, le fait de ne pas en disposer actuellement prive le Bénin d’un outil
supplémentaire de suivi et de contrôle des activités de pêche se déroulant dans
sa ZEE. L’obligation des débarquements des captures par la flotte industrielle,
prévue par la réglementation, doit être reprise dans les contrats d’accès à la
ressource et la Direction des Pêches peut exiger le respect de cette application
au risque de ne pas renouveler la licence de pêche octroyée. Le non
débarquement prive le Bénin de recettes et retombées importantes au niveau du
port de pêche (déchargement, transport, valorisation, etc.).
2. Développement des pêcheries
a. La filière des crevettes a fait l’objet de plusieurs projets de relance et a
concentré l’essentiel des appuis des partenaires et projets (Cf. chapitre 5.4).
Cependant, son effondrement tient à des raisons plus complexes que contraintes
au niveau de l’hygiène et de qualité dont certaines ont été surmontés grâce aux
efforts consentis dans le cadre du projet CTB. Elles tiennent actuellement
davantage à des contraintes d’ordre environnementales (ensablement du chenal,
effondrement des stocks) mais surtout à un problème de compétitivité de la filière
crevettière béninoise au niveau international.
Néanmoins, il est à noter que d’autres pays du Golfe de Guinée connaissent
aussi un effondrement ou difficulté à relancer la filière de crevette ; c’est le cas
notamment du Gabon et du Cameroun. Dans ce dernier, les autorités peinent à
attirer des investisseurs étrangers pour la pêcherie de crevette (Penaeus
duorarum). En cause, les cours mondiaux pour certaines espèces et une
production abondante sur le marché international approvisionné aussi de la
crevette de l’élevage provenant d’Asie.
b. pêcherie thonière : à l’instar des autres pays de la façade africaine de
l’atlantique, et hormis le Maroc, le Ghana, le Sénégal, la Namibie, l’Afrique du
Sud et accessoirement le Cap Vert, la pêcherie thonière au Bénin est l’œuvre de
la flotte étrangère, essentiellement européenne. Ces pays réalisent d’ailleurs
moins de 20% des prises totales effectuées sur les côtes africaines de
l’atlantique et seules une pêcherie artisanale limitée, pour les autres pays de la
COMHAFAT, cible les thonidés d’une manière saisonnière.
100
Le golfe du Bénin est pourtant une zone de pêche des thonidés majeurs ;
l’albacore (Thunnus albacares) et le thon obèse (Thunnus obesus). Cette pêche
est pratiquée par des senneurs et canneurs.
Thon albacore :
Plusieurs pêcheries de canneurs opèrent le long de la côte africaine : la plus
importante se trouve au Ghana à Tema (poids moyen du thon : 2,5 kg environ) et
à Dakar (poids moyen : 7 kg environ) ainsi que dans divers archipels de
l’Atlantique (Açores, Iles Canaries et Cap Vert) avec un poids moyen de thon
d’environ 30 kg. L’état du stock est toutefois en pleine exploitation voire
surexploitation.
Ce thon est capturé par des senneurs et canneurs. Dans la région équatoriale,
les senneurs capturent de grands albacores durant la période de janvier à avril,
coïncidant avec la saison de frai. Il est utilisé essentiellement pour la
transformation en conserves. Il est à noter que les tarifs appliqués au thon frais
et congelé destiné à l’exportation vers l’UE ou de la transformation industrielle
sont généralement réduits à zéro. Le marché du thon en conserve reste
prometteur dans les pays africains mais surtout européens puisque les pays
ACP ne paient aucun droit de douane sur leurs exportations vers l’UE, aussi
longtemps que les navires respectent les règles d’origine.
Figure 9-1 : capture de YFT (albacore) sur les côtes africaines de l’atlantique
Source : ICCAT
Thon obèse
Ce thon fait l’objet d’une pêche pratiquée par des senneurs actifs dans le golfe
de guinée et au large du Sénégal. Les pêcheries de canneurs sont établies
essentiellement au Ghana, au Sénégal et aux îles Canaries. Ces flottilles
101
comprennent essentiellement des bateaux de la communauté européenne
(actuellement actifs en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, Libéria et au Gabon), du
Ghana et de pavillon divers. Le thon obèse reste la principale cible de la plupart
des palangriers et de certains canneurs. La taille du poisson capturé varie selon
les pêcheries : moyens à grands pour les palangriers, petits à grands pour la
pêche dirigée par des canneurs, et petits pour les autres senneurs. Les poids
correspondant à ces trois types de pêcherie sont respectivement de 45-50 kg,
20-30 kg et 3-4kg. L’état de stock du thon obèse est toutefois inquiétant.
Figure 9-2 : capture du BET (patudo) sur les côtes africaines de l’atlantique
Source : ICCAT
Etapes préconisées
Dans un premier temps, il serait plus utile de mieux cerner cette pêcherie et
mieux l’intégrer à travers : un suivi régulier, obligation des débarquements
(totales ou partielles au niveau du port de Cotonou), obligation
d’embarquement d’observateurs béninois sur les thoniers étrangers pêchant
dans ses eaux, et enfin, une participation de privés béninois auprès
d’opérateurs étrangers notamment les ghanéens qui opèrent actuellement.
Bien évidemment, il est difficile de penser actuellement à créer et développer
la pêche thonière au Bénin, pour exploiter cette portion de ressources de
grands pélagiques passant périodiquement au large de ses eaux, sans un
investissement public conséquent et un appui à terre important en
infrastructures de traitement et de production des produits à base de ces
poissons (conserveries). Par ailleurs, l’l’étroitesse de la ZEE et le caractère
102
saisonnier de cette pêcherie ne sont pas des facteurs à encourager les
investisseurs nationaux ou étrangers à s’installer.
Mais il s’agit d’associer les privés béninois à travers un autre type de
partenariat auprès des opérateurs étrangers qui se limitent actuellement à
avoir juste un représentant local qui ne peut même pas communiquer des
informations relatives à cette activité. Les sociétés mixtes peuvent être le type
de ce partenariat à encourager à ce stade. Ce modèle permettra un meilleur
suivi et une connaissance plus importante de cette pêcherie, qui se déroule
actuellement d’une obscurité totale pour l’administration, étant donné que la
société béninoise partenaire sera tenue par des obligations de déclaration et
de débarquement (même partielle des captures). Une fois, cette pêcherie
maitrisée et son potentiel réel de développement est évalué, la direction des
pêches peut envisager d’autres scénarios dans l’avenir.
Cet exemple courant, de sociétés mixtes dans certains pays au début des
années 2000, a permis par exemple à des armateurs marocains associés aux
opérateurs espagnols de mieux développer des pêcheries et assurer un
marché à l’export.
L’implication du secteur privé à ce processus est nécessaire. Son engagement
reste ainsi le déterminant pour la réussite du processus d’une meilleure
intégration de la pêcherie thonière et de ses retombées potentielles. A cet
effet, il convient d’inviter certains opérateurs concernés aux travaux de
l’ICCAT et en vue de leur permettre de rencontrer ainsi des opérateurs de
d’autres pays de la zone (Ghana, Nigéria, Côte d’Ivoire, etc.) et envisager les
possibilités de partenariat.
Toutefois, le développement de cette pêcherie requiert un meilleur
encadrement de la direction des pêches et une participation régulière aux
travaux de l’ICCAT. Des licences spécifiques « thonidés » doivent également
figurer dans les filières poissons (le PDPA a prévu un arrêté sur la pêcherie
thonière) afin de distinguer cette pêcherie et prévoir ainsi des plans de
développement adaptés qui pourraient à terme constituer d’autres valeurs
ajoutées de l’économie maritime béninoise.
Gouvernance : En absence d’un cadre juridique approprié, la gestion des pêches
est fragilisée. L’adoption du projet de loi cadre et de ses textes d’application, est
nécessaire pour éviter un effondrement du secteur des pêches.
Par ailleurs, la mise en place de mécanismes de gestion décentralisés et les
comités des pêches (qui ne sont pas encore opérationnels) doit être
accompagnée par un instrument de concertation et d’orientation au niveau
national. Cet instrument qui peut être composé de représentants de différentes
entités concernées (politiques, décideurs, recherche, gestion, OP, force navale,
ONG et représentants communaux) est pourtant nécessaire pour la prise en
charge des différentes problématiques du secteur des pêches et de l’aquaculture.
Développement de l’aquaculture :
L’aquaculture constitue un secteur d’avenir au Bénin compte tenu du potentiel
naturel (plans d’eau) et l’existence de marchés à la fois au niveau national et
sous régional (Nigéria essentiellement). Le développement de cette activité
nécessite un accompagnement sur le plan institutionnel qui passe par une
réforme de l’organigramme actuel de la DP. Une structure dédiée à l’aquaculture
103
fonctionnant sous forme de guichet unique pourrait mieux contribuer à l’essor de
l’aquaculture et l’encadrement des opérateurs. La structure peut renseigner sur
les possibilités d’investissement dans le secteur aquacole, développer des plans
d’aménagement et informer sur les sites potentiels et le processus d’installation
de promoteurs. Elle pourra également suivre la qualité des eaux pour la
pisciculture en collaboration avec les laboratoires agrées.
Orientée actuellement sur l’élevage du Tilapia et de clarias, l’aquaculture peut
développer l’élevage de d’autres espèces notamment la crevette. Des
expériences réussies à ce niveau ont été réalisées au Cameroun.
La formation et vulgarisation, deux éléments déterminants peuvent continuer à
être soutenus par le Provac à condition que le programme et la méthode soient
adaptés aux objectifs du PADA et des évolutions réalisées au niveau sous
régional (Ghana, Nigéria).
La Direction des pêches peut aussi s’appuyer sur l’expérience et l’expertise
développées par le CRIAB basé à Calavi. Ce centre de niveau industriel peut
servir de modèle pour développer l’aquaculture au Bénin : conseil, appui à
l’installation de nouveaux aquaculteurs.
9.2.2 Recommandations régionales
Les principales recommandations à l’échelle régionale reposent sur la combinaison
des efforts à déployer au niveau de :
la recherche ;
le plan de gestion de la senne tournante;
le commerce des produits de la pêche ; et
le suivi, contrôle et surveillance.
Les efforts et initiatives du CPCO doivent être encore renforcés à l’image de la
CSRP et de la COREP. A ce stade, ce comité et compte tenu des moyens
disponibles ne peut encore assurer une coordination efficace pour l’harmonisation
des réglementations ou la mise en place d’un système d’information des projets et
programmes. Néanmoins, le Bénin peut en parallèle développer des protocoles
d’accord directs avec le Nigeria, le Togo et le Ghana pour le suivi de la migration des
pêcheurs artisans et le développement d’un système de surveillance sous régional.
Cette coordination est le meilleur moyen de réaliser des économies d'échelle compte
tenu des capacités limitées dont dispose le Bénin. L'expérience réalisée par les pays
de la CSRP dans le cadre du Projet « PRAO » financé par la Banque mondiale peut
être étendue à certains pays du CPCO. Par ailleurs, la mise en place d’un registre
commun des navires répertoriant les bateaux pratiquant la pêche INN permettrait de
suivre les mouvements de ces navires et d'éviter de leur octroyer des licences.
9.2.3 Recommandations internationales
La volonté des autorités béninoises pour améliorer et renforcer la gestion de ses
ressources halieutiques est clairement inscrite dans le projet de la loi cadre.
Toutefois, l’importance accordée au sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture est
encore modeste et se manifeste à travers le dispositif institutionnel actuel qui fait de
cette activité une branche ou sous-secteur de l’agriculture.
L’enjeu est pourtant capital pour ce pays qui fait face à une pauvreté persistante et
une menace inquiétante de la pêche illégale et de la piraterie maritime qui sévit dans
104
le Golfe de guinée. Le besoin d’affirmer sa souveraineté sur son espace maritime,
dans ses eaux territoriales mais aussi sur sa zone économique exclusive, ne peut
être assuré qu’à travers une coordination régionale et internationale pour relever les
défis sécuritaires, économiques, environnementaux, et sociaux, et cela passe
nécessairement par la protection des ressources halieutiques et de la biodiversité.
Retour du Bénin à l’ICCAT :
Le Bénin a fait partie de la Commission de l’ICCAT du 9-I-1978 au 31-12-1994.
Sa participation à cette organisation a cependant été suspendue pour non-
paiement des cotisations et depuis le Bénin ne prend plus part aux travaux de
l’ICCAT. La reprise de participation est donc nécessaire pour d’une part, mieux
suivre les recommandations et résolutions de l’ICCAT et d’autre part, mieux
négocier des quotas qui peuvent faire l’objet d’accords privés pour l’exploitation
des thonidés.
Le retour du Bénin à l’ICCAT nécessitera juste une reprise des cotisations. Le
niveau de participation aux travaux de l’ICCAT est également un autre point à
considérer. A l’instar des délégations participantes à la commission de l’ICCAT,
la délégation du Ghana est composée en général d’au moins une vingtaine de
participants issus de l’administration, de la recherche et des armateurs, le Bénin
peut dans un premier temps composer sa délégation, outre de représentants de
l’administration et de la recherche, d’un ou deux opérateurs économiques
susceptibles de s’associer à cette pêcherie. En termes de frais de participation,
le Bénin peut solliciter la COMHAFAT, qui grâce au FPP, appuie financièrement
la participation de ses membres.
En reprenant ses activités à la Commission de l’ICCAT, le Bénin va améliorer
ses capacités en matière de SCS, grâce à une collaboration avec les autres
pays voisins concernés et parties contractantes de l’ICCAT (Côte d’Ivoire,
Ghana et Nigéria). Ces pays peuvent ainsi se concerter pour la mise en œuvre
du SCS au niveau sous régional à travers le recensement des navires, les
programmes d’observateurs scientifiques, le VMS et le contrôle des flottilles.
Cette concertation peut être facilitée par la COMHAFAT qui dispose, dans le
cadre du FPP, d’une composante d’appui au respect des réglementations
internationales et spécifiquement celles relatives à l’ICCAT.
Pour mieux renforcer la gestion des espèces migratrices, le Bénin doit
également ratifier l’accord de la FAO relatif au respect des conditions de
conservation en haute mer (1993) et l’Accord des Nations Unies sur les stocks
chevauchants et grands migrateurs (1995)
L’industrialisation de la pêche notamment celle de la crevette constitue un axe
majeur du PDPA mais également un objectif du pilier de l’agro-industrie, de l’Agenda
vers une économie émergente. Le gouvernement ambitionne de faire de ce pilier le
principal métier mondial du Bénin, exportant une gamme diversifiée de produits à
valeur ajoutée sur les marchés internationaux et régionaux.
Cependant, la redynamisation des chaines de valeur ajoutée poisson et crevette,
filières prioritaires du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole, nécessite
inévitablement une mise aux normes internationales. Celle-ci constitue le défi majeur
pour le Bénin. Ce défi est à la fois celui de la qualité, de la formation, des
infrastructures mais aussi et surtout celui de la valeur ajoutée. Or, il ne peut être
relevé seul et requiert un appui international conséquent pendant plusieurs années.
105
L’expérience de Madagascar en la matière est intéressante à considérer, car il a
effectué le bond le plus spectaculaire de la filière crevettière 7 en Afrique. On y
exploite des installations aquacoles à grande échelle et on ne recense pas moins de
1 700 bassins. Une dizaine de fermes industrielles existent actuellement à
Madagascar.
Ainsi, le Bénin qui a enregistré des limites dans le développement de sa production
de crevette et surtout de sa valorisation peut examiner de près l’expérience de la
politique de la filière crevette côtière à Madagascar. Cette filière a subi également
une crise profonde avant d’être redressée en 2011. La production avait ainsi baissé
de 63% entre 2002 et 2010. Et sur le marché international, le prix moyen du kilo des
crevettes a diminué de 28%.
Grâce aux stratégies et efforts déployés par le gouvernement malgache et le secteur
privé (restauration des ressources crevettières, politique marketing, incitation de la
part de l’Etat, gouvernance, adaptation de l’industrie), la pêche crevettière a retrouvé
sa dynamique. Elle produit actuellement près de 3 954 tonnes de crevettes sauvages
par an et l’élevage de crevettes plus de 5 500 tonnes de crevettes par an sur 1.120
hectares. Les rendements moyens des installations dans ce pays sont de 4 tonnes
par hectare et placent même ce pays parmi les producteurs les plus performants du
monde. L’aquaculture crevettière a rapporté 67 millions d’euros.
Le succès de cette expansion réside dans le partenariat public-privé bien élaboré.
Les moyens industriels mis en place permettent désormais de traiter sur place les
récoltes dans des conditions d’hygiène et de qualité qui satisfont les marchés
internationaux, européens notamment. L’intervention de l’Etat, consiste à faciliter les
aménagements de bassin. Les autorités ont déjà identifié plus de 15 000 hectares
aménageables en bassins crevettiers, de quoi augmenter la production nationale
d’au moins 54 000 tonnes. Un exploit, quand on sait qu’en 1994 encore le pays
produisait à peine 500 tonnes de crevette rose.
Le marché de la crevette est porteur et celle d’Afrique est réputée de bonne qualité,
à la différence des petites crevettes d’Asie. On n’est donc qu’au début de la ruée
vers l’or rose d’Afrique.
7 La pêche des crevettes côtières s’effectue à Magascar sur les populations de : (i) Fenneropenaeus indicus, (ii)
Metapenaeus monoceros (iii) Penaeus semisulcatus, (iv) Penaeus monodon et (v) Marsupenaeus japonicus, occupant les
fonds vaseux ou sablo- vaseux jusqu’ à - 30 m de profondeur
106
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109
Annexes
EN REPUBLIQUE DU BENIN
Article 3 : Les ressources halieutiques des eaux sous juridiction béninoise constituent un
patrimoine national que l’Etat a l’obligation de protéger et de gérer dans l’intérêt de la
collectivité nationale, dans le cadre défini par les dispositions de la présente loi-cadre.
Article 4 : Les ressources halieutiques doivent être gérées de façon rationnelle, équilibrée et
durable, de manière à permettre, à la fois :
a) d’assurer la protection des écosystèmes aquatiques et la conservation de la diversité
biologique ;
b) de satisfaire les besoins socio-économiques actuels et futurs du pays, dans l’intérêt
et avec la participation de la population.
Article 5 : Lorsqu’ils exercent les pouvoirs qui leur sont conférés par les dispositions de la
présente loi-cadre ou de ses textes d’application, le Ministre chargé des pêches,
l’administration chargée des pêches, la commission technique nationale des pêches, la
commission d’attribution des licences, les organes de gestion et les collectivités territoriales
doivent tenir compte des principes généraux de gestion suivants :
a) conserver les ressources halieutiques pour les générations présentes et futures ;
b) appliquer des mesures de précaution dans la gestion et le développement des
ressources halieutiques ;
110
c) protéger les écosystèmes aquatiques dans leur ensemble, y compris les espèces qui
ne font pas l’objet d’une exploitation commerciale ;
d) préserver la diversité biologique aquatique ;
e) utiliser les ressources halieutiques de manière optimale tout en veillant à leur
développement durable ;
f) tenir compte lors de l’élaboration des mesures de gestion de la pêche de leur impact
sur les biens et services que peuvent rendre les écosystèmes aquatiques pour un
bénéfice sociétal et environnemental optimal ;
g) inscrire la gestion des pêches en milieu lagunaire et dans les plans d’eau intérieurs
dans le cadre de la gestion intégrée des ressources en eau ;
h) utiliser les ressources halieutiques de manière optimale tout en veillant à leur
développement durable ;
i) renforcer les mécanismes de gestion participative visant à associer les populations
au processus de décision en matière de pêche ;
j) encourager et promouvoir le développement de l’aquaculture ;
k) favoriser l’émergence d’associations professionnelles de pêcheurs et d’aquaculteurs ;
l) promouvoir l’émergence de filières porteuses ;
m) assurer le contrôle de l’exploitation des ressources halieutiques ;
n) renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles du secteur ;
o) susciter et promouvoir la valorisation des produits de la pêche.
111
(i) embarcation de collecte : toute embarcation impliquée dans le transport et le
commerce de produits de la pêche transbordés à partir de navires et d’embarcations
de pêche ;
(j) établissement de traitement et de transformation des produits de pêche : tout
bâtiment ou installation dans lequel des produits de pêche sont transformés,
préparés, conditionnés ou stockés. Au sens de la présente Loi, les méthodes
traditionnelles de traitement ou de transformation, telles que les petits fumoirs, ne
constituent pas des établissements de traitement et de transformation des produits de
pêche ;
(k) gbagbaloulou : engin de pêche à plusieurs poches, ayant une forme tronconique, fait
à partir d’un filet aux mailles très fines et supporté par des cerceaux, utilisé pour la
capture de crevettes, crabes et alevins de poissons ;
(l) médokpokonou ou tokpokonou ou tokplékonou : engin de pêche fait à partir de
nappes de filets aux maillages très étroits et constitué d’un long bras rectangulaire et
de poches à chaque extrémité dans lesquelles sont disposées des nasses
collectives. Le bras porte des flotteurs à la ralingue supérieure et de lests à la
ralingue inférieure et sert de guide aux poissons et aux crustacés vers une des
entrées des poches ;
(m) navire de pêche : tout moyen naval utilisé et équipé pour la pêche maritime semi
industrielle et industrielle ;
(n) navire de pêche béninois : tout navire de pêche immatriculé au Bénin et battant
pavillon béninois conformément à la législation en vigueur ;
(o) navire de pêche étranger : tout navire de pêche qui n’est pas un navire de pêche
béninois ;
(p) organisme aquatique : toute faune ou flore aquatique, à l’exception des reptiles et
des mammifères ;
(q) pêche : toute activité visant la capture, la cueillette ou la récole de toute espèce
d’organismes aquatiques dans les eaux maritimes ou continentales sous juridiction
béninoise. Elle comprend également la capture des ressources halieutiques effectuée
par tout navire de pêche béninois au-delà des eaux maritimes définies au paragraphe
(e) du présent article ;
(r) pêche continentale : toute pêche pratiquée dans les eaux continentales telles que
définies au paragraphe (f) du présent article ;
(s) pêche en haute mer : toute pêche effectuée par un navire de pêche béninois au-delà
de la zone économique exclusive béninoise ;
(t) pêche maritime : toute pêche pratiquée dans les eaux maritimes telles que définies
au paragraphe (e) du présent article ;
(u) pêche de recherche scientifique : pêche ayant pour objet l’étude des ressources
halieutiques et de leur environnement ou l’expérimentation de nouveau type de
navire, matériel, engin ou technique de pêche ;
(v) pêche sportive : pêche pratiquée à des fins récréatives et à but non lucratif, à
l’exclusion de la pêche à la ligne munie d’un hameçon ;
(w) pêche de subsistance : activité de pêche essentiellement tournée vers
l’autoconsommation, mais n’excluant pas la commercialisation. Les prises de la
pêche de subsistance sont essentiellement autoconsommées par les pêcheurs eux-
mêmes ;
(x) pêcherie : un ou plusieurs stocks d’espèces biologiques marines, d’eau saumâtre ou
d’eau douce et les opérations fondées sur ces stocks qui, sur la base de leurs
112
caractéristiques géographiques, scientifiques, techniques, économiques, sociales
et/ou récréatives, peuvent être considérées comme constituant une unité à des fins
de conservation et d’aménagement ;
(y) unité de production aquacole : toute installation effectuée dans les eaux continentales
ou maritimes ou sur leurs rivages, destinée à la pratique de l’aquaculture ;
(z) wan ou xha ou adjakpa : barrage à nasses construit à l’aide de branchages, de bois,
de perches, de bambous et/ou autres matériaux végétaux placé à travers le passage
des faunes aquatiques, constituant ainsi un piège droit aux poissons et crustacés.
Article 7 : Selon les moyens utilisés, la pêche maritime peut être soit artisanale ou
industrielle. Les critères de distinction entre ces deux types de pêche sont définis par voie
règlementaire.
Article 8 : L’administration chargée des pêches veille à la mise en œuvre des dispositions
de la présente Loi et de ses textes d’application, compte tenu des orientations de la politique
nationale des pêches et des principes généraux de gestion des ressources halieutiques
énumérés à l’article 5 de la présente Loi.
Article 11 : Il est institué une commission technique nationale des pêches chargée
notamment de :
(a) donner des avis sur le choix des orientations et stratégies de développement des
pêcheries ;
(b) donner des avis sur les plans d’aménagement des pêcheries et sur leur exécution ;
(c) donner au Ministère chargé des pêches des avis sur toute question d’ordre général
concernant l’exercice de la pêche ainsi que la commercialisation et la qualité des
produits de pêche.
Article 12 bis. Il est créé auprès du Ministre chargé des pêches, une Commission
d’attribution des licences dont les attributions, la composition et le fonctionnement sont
précisés par voie réglementaire. La commission d’attribution des licences est un organe
consultatif impliqué notamment dans le processus d’examen des demandes de licences de
pêche.
113
Section 4 : Des organes de gestion
Article 14 : Les conditions de leur création, leur composition, leurs attributions et leur mode
de fonctionnement sont définies par voie règlementaire.
Article 15 : Le Ministre chargé des pêches ou les organes de gestion, selon le cas,
établit/établissent des plans d’aménagement des pêcheries afin de compléter et de
renforcer le cadre réglementaire général visant à assurer un développement durable des
ressources halieutiques, faisant l’objet d’un plan d’aménagement des pêcheries.
Ces plans sont fondés sur les données scientifiques disponibles ainsi que les connaissances
et les pratiques traditionnelles de la pêche. Ils tiennent compte de facteurs biologiques,
économiques, environnementaux et sociaux.
Article 16 : Les plans d’aménagement doivent notamment, pour chacune des pêcheries
faisant l’objet d’un plan :
(a) dresser un bilan biologique, socio-économique, technologique et environnemental
de la pêcherie ;
(b) définir, pour chacune d’entre elles, les objectifs à atteindre au cours de leur période
de mise en œuvre ;
(c) fixer le volume admissible de capture ou le niveau d’effort de pêche optimal ;
(d) spécifier les mesures de gestion, d’aménagement et de conservation à adopter en
vue de garantir le développement durable des ressources halieutiques concernées
et d’atteindre les objectifs définies pour la pêcherie ;
(e) définir les conditions générales d’exploitation des ressources halieutiques ;
(f) préciser les modalités de mise en œuvre, de coordination et de suivi-évaluation du
plan d’aménagement.
Article 18 : Les plans d’aménagement des pêcheries font l’objet de révision périodique et
peuvent être modifiés en cours d’exécution, lorsque l’évolution des données biologiques,
socio-économiques ou technologiques l’exige.
Article 19 : Les plans d’aménagement des pêcheries ainsi que les révisions ou modifications
dont ils font l’objet sont adoptés par arrêté ministériel et publiés au journal Officiel de la
République du Bénin et dans un ou plusieurs quotidiens nationaux. Ils sont également
diffusés en langues locales sur les radios rurales.
114
Article 20 : Lors de l’établissement des plans d’aménagement des pêcheries concernant
des stocks partagés avec d’autres Etats de la sous-région, le Ministre chargé des pêches
consulte les autorités chargées des pêches de ces Etats en vue d’harmoniser les mesures
de conservation et de gestion relatives à ces stocks.
Article 26 : Les navires de pêche béninois qui pratiquent la pêche en haute mer doivent être
munis d’une autorisation spéciale à cet effet délivrée par l’administration chargée des
pêches. Les conditions de demande et d’octroi de cette autorisation sont définies par voie
réglementaire.
Article 27 : L’autorisation de pêche est émise pour un navire de pêche ou une embarcation
de pêche maritime particulier exerçant un type de pêche précis à l’aide d’engins de pêche
donnés, dans une zone déterminée et pour une durée maximale d’un an. Un navire de pêche
115
ou une embarcation de pêche maritime ne peut bénéficier que d’une seule autorisation pour
une même période, sauf dispositions réglementaires spéciales.
Article 28 : Les différentes catégories d’autorisation de pêche ainsi que les procédures de
demande et d’attribution sont définies par voie réglementaire.
Article 31 : L’administration chargée des pêches peut, à tout moment, suspendre ou retirer
une autorisation de pêche pour des motifs liés à l’exécution des plans d’aménagement des
pêcheries ou en cas d’une évolution imprévisible de l’état des stocks exploités. Cette
suspension ou ce retrait donne droit à une compensation d’une valeur équivalente à la
redevance versée au titre de la période de validité non utilisée.
Article 34 : Les capitaines des navires de pêche et les chefs d’équipages des embarcations
de pêche maritime autorisées à opérer dans les eaux maritimes béninoises sont tenus de
conserver en permanence à bord du navire de pêche l’autorisation de pêche
correspondante et doivent la présenter, en cas de contrôle, aux agents habilités à cet effet.
Article 35 : Les autorisations de pêche sont établies dans les formes fixées par voie
réglementaire et sont soumises aux conditions générales prévues par la présente Loi ainsi
qu’à celles qui pourraient être formulées dans ses textes d’application.
Article 36 : L’administration chargée des pêches peut faire inscrire dans une autorisation de
pêche les conditions spéciales dont elle juge le respect nécessaire, conformément aux plans
d’aménagement des pêcheries lorsqu’ils existent et pouvant porter notamment sur :
(a) la zone dans laquelle ou les périodes pendant lesquelles le navire de pêche ou
l’embarcation de pêche maritime est autorisé à pêcher ;
116
(b) le type et le nombre des engins de pêche pouvant être embarqués ainsi que le mode
d’utilisation de ces engins ;
(c) la puissance motrice des navires de pêche et embarcation de pêche maritime ;
(d) les espèces et les quantités de ressources halieutiques dont la capture est autorisée,
y compris, le cas échéant, des restrictions concernant les rejets et les prises
accessoires.
Article 38 : Les capitaines des navires de pêche et des embarcations de pêche maritime
autorisés à opérer dans les eaux maritimes sous juridiction béninoise doivent transmettre à
l’administration chargée des pêches, les données statistiques et les informations sur les
captures réalisées et sur le positionnement des navires, dans les formes et les délais
prescrits par voie réglementaire.
Article 41 : Sans préjudice des normes relatives aux autres dispositifs d’identification des
navires, les navires de pêche autorisés à opérer dans les eaux maritimes sous juridiction
béninoise sont astreints à un marquage et doivent exhiber en permanence les noms, lettres
et numéros permettant leur identification conformément aux règles prescrites par voie
règlementaire.
Article 42 : L’administration chargée des pêches tient à jour un registre des navires de
pêche autorisés à pratiquer la pêche industrielle dans les eaux maritimes sous juridiction
béninoise.
Article 43 : L’inscription des navires de pêche sur le registre des navires de pêche est une
condition nécessaire à l’obtention de la licence de pêche pour pratiquer la pêche industrielle
dans les eaux sous juridiction béninoise.
Article 44 : Les capitaines des navires de pêche autorisés à opérer dans les eaux maritimes
sous juridiction béninoise doivent tenir un journal de pêche dans les conditions prescrites par
voie réglementaire.
117
Article 45 : L’administration chargée des pêches peut exiger, dans les conditions définies
par voie règlementaire, qu’un ou plusieurs observateurs scientifiques ou chargés du contrôle,
soient embarqués sur tout navire de pêche, national ou étranger, autorisé à pratiquer la
pêche industrielle dans les eaux maritimes sous juridiction béninoise.
Article 46 : Les engins de pêche des navires étrangers, non autorisés à pêcher dans les
eaux maritimes sous juridiction béninoise qui se trouvent dans ces eaux, doivent être arrimés
à bord de manière à ne pas pouvoir être facilement utilisés pour pêcher.
Article 47 : Les capitaines des navires de pêche étrangers non autorisés à pêcher dans les
eaux maritimes sous juridiction béninoises mais qui se trouvent dans ces eaux doivent
déclarer les mouvements de leurs navires et les captures transportées.
Article 48 : Les navires de pêche étrangers autorisés à pêcher dans les eaux maritimes
sous juridiction béninoise sont tenus de communiquer à l’administration des pêches, par tous
moyens appropriés, la date, l’heure et le lieu de leurs entrées et sorties des eaux maritimes
sous juridiction béninoise ainsi que toute autre information jugée nécessaire par
l’administration chargée des pêches.
Article 51 : L’administration chargée des pêches tient à jour un registre des embarcations de
pêche autorisés à pratiquer la pêche artisanale maritime dans les eaux maritimes sous
juridiction béninoise.
Article 52 : Tout pêcheur à bord d’une embarcation de pêche maritime doit être en
possession d’une carte de pêcheur professionnel établie par l’administration chargée des
pêches conformément aux règles prescrites par voie règlementaire.
Article 53 : L’administration chargée des pêches tient une liste des navires de pêche
béninois autorisés à pratiquer la pêche en haute mer.
Article 54 : Les capitaines des navires de pêche béninois autorisés à pratiquer la pêche en
haute mer doivent tenir un journal de pêche et communiquer systématiquement à
l’administration chargée des pêches, les données sur les captures effectuées, tous les faits
constatés au cours des activités de pêche, ainsi que toute autre information relative aux
activités de pêche qui pourrait être prescrites par voie réglementaire.
Article 55 : L’obtention d’un permis est obligatoire pour toute embarcation exerçant la pêche
continentale dans les eaux sous juridiction béninoise.
118
Article 56 : L’inscription des embarcations de pêche continentale sur un fichier géré par
l’administration des pêches est une condition nécessaire à l’obtention d’un permis de pêche
pour pratiquer la pêche artisanale sur les plans d’eau sous juridiction béninoise.
Article 57 : L’administration chargée des pêches tient à jour un registre des embarcations de
pêche autorisés à pratiquer la pêche continentale sur les plans d’eau sous juridiction
béninoise.
Article 59 : Des plans de gestion spécifiques par plan d’eau peuvent être approuvés par
voie réglementaire, en conformité avec les plans d’aménagement des pêcheries et en étroite
concertation avec les organes de gestion participative du plan d’eau concerné.
Article 61 : La réalisation d’opération de pêche à des fins de recherche scientifique dans les
eaux maritimes ou continentales sous juridiction béninoise est soumise à l’autorisation
préalable de l’administration chargée des pêches, sur présentation par les entités
intéressées, du plan des opérations de pêche à réaliser.
Article 62 : L’autorisation est délivrée sur avis de l’institut national de recherche compétent.
Article 63 : Par dérogation aux dispositions de la présente Loi et de ses textes d’application,
les navires de recherche scientifique utilisés dans le cadre des opérations de pêche visées à
l’article 55 de la présente Loi peuvent être autorisés par l’administration chargée des pêches
à capturer :
(a) des espèces n’ayant pas atteint la taille règlementaire minimale ;
(b) des espèces dont la capture est interdite ou soumise à des restrictions ;
(c) dans les zones interdites ;
(d) pendant des périodes de fermeture de la pêche ;
(e) avec des engins prohibés.
119
Article 67 : Nul ne peut pratiquer la pêche sportive dans les eaux maritimes ou continentales
béninoises s’il n’est titulaire d’un permis de pêche sportive obtenu, soit par l’intermédiaire
d’un organisateur de pêche sportive public ou privé, soit directement auprès du représentant
local de l’administration chargée des pêches.
Article 70 : Dans les aires protégées, les activités de pêche maritime ou continentale
s’exercent conformément aux dispositions particulières qui sont fixées par voie
règlementaire.
TITRE 4 : DE L’AQUACULTURE
Article 74 : L’administration chargée des pêches peut, sur la base de critères qui sont
établis par voie règlementaire, exempter certaines catégories de création et d’exploitation de
toute unité de production aquacole de l’obligation d’autorisation prévue à l’article 65 de la
présente loi-cadre.
120
Article 76 : Sans préjudice des dispositions contenues dans les plans d’aménagement des
pêcheries, l’administration chargée des pêches déterminera par voie règlementaire, les types
de filets, d’instruments, d’engins et méthodes de pêche prohibés selon les plans et cours
d’eau.
Tout filet, instruments ou engin de pêche utilisé autrement que dans les conditions
fixées conformément aux dispositions du présent article devient un filet, un instrument ou un
engin de pêche prohibé ou non réglementaire.
Article 79 : Nul ne peut introduire, dans les eaux maritimes ou continentales sous juridiction
béninoise, un nouveau filet, instrument ou engin de pêche ou une nouvelle méthode de
pêche sans y avoir été préalablement autorisé par l’administration chargée des pêches.
Article 81 : Le Ministre chargé des pêches peut interdire ou soumettre à une réglementation
particulière toute espèce d’organisme aquatique protégé.
Article 84 : Sans préjudice des dispositions contenues dans les plans d’aménagement des
pêcheries, le Ministre chargé des pêches peut fixer pour l’ensemble des eaux maritimes ou
continentales sous juridiction béninoise ou pour une partie de celles-ci seulement, des
périodes, saisons et heures pendant lesquelles la pêche de toutes ou certaines espèces est
interdite ainsi que les zones dans lesquelles la pêche est interdite à titre temporaire ou de
manière permanente.
Article 85 : Le Ministre chargé des pêches, sur avis de l’institut scientifique national
compétent et après consultation de la commission technique nationale des pêches et des
organes de gestion concernés pourra établir dans les eaux continentales ou maritimes sous
juridiction béninoise des zones de pêche protégées destinées à :
(a) protéger certains écosystèmes aquatiques ou une espèce d’organisme aquatique
particulière ;
(b) protéger les frayères.
121
Les conditions d’accès et d’exploitation de ces zones de pêche protégées sont
définies par voie règlementaire.
Article 86 : Les règles relatives au signalement des filets, lignes et autres engins de pêche
posés ou utilisés sont définies par voie règlementaire.
Article 87 : Les normes de qualité, d’hygiène et de salubrité des produits de pêche ainsi que
les procédures de leur contrôle sont fixées par voie règlementaire.
Article 88 : Sans préjudice des attributions des autres ministères compétents, la localisation
géographique et le plan de construction et d’équipement des établissements de traitement et
de transformation des produits de pêche sont soumis à l’autorisation préalable de
l’administration chargée des pêches.
122
(a) les agents assermentés de l’administration chargée des pêches, des douanes et de
la marine marchande ;
(b) les officiers mariniers des forces navales du Bénin en mission commandée de
surveillance des eaux sous juridiction béninoise ;
(c) tout agent de pêche habilité et mandaté à cet effet.
Article 94 : Dans l’exercice de leurs fonctions de contrôle et de police de pêche, les agents
habilités de l’administration chargée des pêches sont toujours revêtus de leur uniforme et
des signes distinctifs de leur garde.
Il est défendu à toute personne de les injurier, de les maltraités et de les menacer
dans l’exerce de leurs fonctions et de s’opposer à cet exercice.
Article 96 : Les infractions à la présente loi-cadre sont constatées par des procès - verbaux,
qui font foi jusqu’à preuve contraire des faits qu’ils constatent.
Les procès-verbaux doivent être rédigés dans les vingt-quatre (24) heures suivant la
constatation de l’infraction et mentionner la date et l’heure de celle-ci. Ils doivent être
transmis le plus tôt possible à l’administration chargée des pêches et au Procureur de la
République compétent.
123
Les objets et produits saisis sont confiés à la garde de l’administration chargée des
pêches ou à toute autre structure nommément désigné au procès-verbal.
Article 100 : Les produits de pêche saisis et confisqués sont vendus sans délai, par
l’administration des pêches, aux conditions du marché ou donnés à des institutions d’intérêt
public tels que les hôpitaux, prisons ou maisons d’indigence. En cas de transaction ou de
condamnation, le produit de leur vente est définitivement acquis au Trésor public.
Article 101 : Les filets, engins ou instruments de pêche prohibés ainsi que les produits de
pêche impropres à la consommation humaine, qui sont saisis conformément à l’article 91 de
la présente Loi, sont détruits par les agents compétents de l’administration chargée des
pêches.
Article 102 : Afin de sauvegarder les preuves d’une infraction ou de garantir les
condamnations qui pourraient être prononcées, tout navire de pêche arraisonné
conformément à l’article 91 de la présente Loi sera conduit dans un port béninois et y être
retenu jusqu’à la fin des procédures prévues par la présente Loi ou jusqu’au versement du
cautionnement prévu à l’article 97 de la présente Loi.
Article 103 : L’administration chargée des pêches ou le tribunal compétent, selon le cas, fait
procéder à la mainlevée du navire et de l’équipage sur demande de l’armateur, du capitaine
ou de son représentant local, dès constitution d’un cautionnement suffisant.
Article 105 : L’administration chargée des pêches peut transiger pour les infractions à la
présente Loi, avant et pendant jugement, lorsque le délinquant en fait la demande.
Le montant des transactions doit être acquitté dans les délais fixés dans l’acte de
transaction, faute de quoi l’action en justice est engagée ou poursuivie.
Article 106 : Les modalités d’octroi de la transaction ainsi que celles relatives au calcul du
montant de la transaction sont précisées par voie règlementaire.
Article 107 : Les actions et poursuites concernant les infractions à la présente Loi sont
exercées par les agents assermentés de l’administration chargée des pêches, sans
préjudice du droit qui appartient au Ministère public.
124
Article 108 : Les agents assermentés de l’administration chargée des pêches dûment
mandatés ont le droit d’exposer l’affaire devant les tribunaux compétents et sont entendus à
l’appui de leurs conclusions.
Article 109 : Les jugements en matière de pêche sont notifiés à l’administration chargée des
pêches qui peut, concurremment avec le Ministère public, interjeter appel des jugements
rendus en premier ressort et se pourvoir en cassation contre les jugements et arrêts rendus
en dernier ressort.
Article 110 : Les infractions à la présente loi constituent des délits. En conséquence, le délai
de prescription de l’action publique est de trois (3) ans à compter du jour de la constatation
de l’infraction.
Article 111 : Les complices des infractions à la présente loi sont poursuivis et jugés comme
les auteurs principaux et condamnés solidairement aux amendes, frais et dommages et
intérêts.
Article 112 : Le capitaine d’un navire de pêche étranger ou béninois qui aura entrepris des
opérations de pêche dans les eaux maritimes sous juridiction béninoise ou en haute mer
sans y avoir été dûment autorisé conformément à l’article 25 de la présente loi sera puni
d’une amende de dix millions (10 000 000) F CFA à vingt-cinq millions (25 000 000) F CFA
et d’un emprisonnement de six (6) à douze (12) mois, sans préjudice de la saisie des
captures.
Article 113 : Quiconque aura injurié, maltraité ou menacé dans l’exercice de ses fonctions
un agent compétent pour rechercher et constater les infractions aux dispositions de la
présente Loi et à ses textes d’application sera puni d’une amende de cinq cent mille
(500 000) F CFA à cinq millions (5 000 000) F CFA et d’un emprisonnement de trois (3) à
douze (12) mois.
Article 114 : Constituent des infractions très graves aux règles prescrites par la présente loi
et ses textes d’application :
(a) le non-respect des dispositions des plans d’aménagement des pêcheries ;
(b) la contravention aux conditions spéciales inscrites dans la licence de pêche ;
(c) la pratique de la pêche maritime ou continentale dans une zone prohibée ou pendant
une période interdite ;
(d) la pêche dans une aire protégée ou dans une zone de pêche protégée sans y avoir
été autorisé ;
(e) la pêche, la détention ou la commercialisation de toute espèce de mammifère
maritime ou de tortues marines ;
(f) la pratique de la pêche maritime ou continentale à l’aide de filets, d’engins ou
d’instruments de pêche interdits ou non-conformes aux normes prescrites ;
(g) l’utilisation d’un procédé ou d’une méthode de pêche interdite ou non autorisée ;
(h) l’usage à des fins de pêche de matières ou de substances prohibées ;
(i) le transbordement de captures dans les eaux maritimes sous juridiction béninoise ;
125
(j) l’introduction d’espèces aquatiques exogènes ou d’organismes aquatiques
génétiquement modifiés dans les eaux maritimes ou continentales sous juridiction
béninoise sans y avoir été autorisé ;
(k) la pêche, le transport, l’achat ou la mise en vente d’espèces d’organismes aquatiques
n’ayant pas atteint la taille ou le poids règlementaire minimum ou dont la pêche est
interdite ;
(l) la fabrication, l’importation, la détention, l’achat ou la mise en vente de filets,
d’instruments et d’engins de pêche dont l’usage est prohibé ou qui ne sont pas
conformes aux normes prescrites ;
(m) la création sans autorisation d’un établissement d’aquaculture ou d’un établissement
de traitement des produits de la pêche.
Ces infractions sont punies d’une amende de cinq cent mille (500 000) F CFA à trois
millions (3 000 000) F CFA et d’un emprisonnement de 6 à 12 mois.
Article 115 : Constituent également des infractions aux règles prescrites par la présente loi
et ses textes d’application :
(a) la pratique de la pêche sportive ou de recherche scientifique dans les eaux maritimes
ou continentales sous juridiction béninoise sans autorisation ;
(b) le non-respect de la réglementation relative au signalement des filets, lignes et autres
engins de pêche ;
(c) la dissimulation par un moyen quelconque de marques extérieures des navires de
pêche ou embarcations de pêche maritime ou continentale ;
(d) la cession ou la transmission d’une licence ou d’un permis de pêche ;
(e) le non-respect de l’obligation de fournir des données statistiques et des informations
sur les captures réalisées ;
(f) le non-respect de la réglementation relative à l’aquaculture et aux établissements
d’aquaculture.
Ces infractions (graves) sont punies d’une amende de deux cent mille (200 000) F
CFA à deux millions (2 000 000) F CFA et d’un emprisonnement de trois (3) à neuf (9) mois.
Article 116 : En cas de pluralité d’infractions aux dispositions de la présente loi et de ses
textes d’application, la peine la plus sévère est appliquée.
126
Article 118 : Il y a récidive lorsque, dans les deux ans qui ont précédé la commission de
l’infraction, le délinquant a commis une infraction à la présente loi pour laquelle il a obtenu
une transaction ou fait l’objet d’une condamnation définitive.
Article 119 : En cas de récidive, le juge peut ordonner le retrait de toute licence ou
autorisation délivrée en application de la présente Loi et priver le condamné du droit de
l’obtenir à nouveau pendant une période de deux (2) ans au maximum.
Article 120 : Les licences de pêche ayant cours à la date d’entrée en vigueur de la présente
loi resteront valables jusqu’à leur expiration. Elles pourront ensuite être renouvelées
conformément aux dispositions de la présente Loi.
Article 121 : Afin de résoudre de manière équitable et paisible les conflits opposants les
pêcheurs artisanaux utilisateurs de différents engins de pêche ou les pêcheurs pratiquant la
pêche artisanale aux pêcheurs pratiquant la pêche industrielle dans les eaux maritimes sous
juridiction béninoise, l’administration chargée des pêches déterminera les mécanismes et
procédures appropriées à la résolution de ces conflits.
Fait à Porto-Novo, le
Mathurin C. NAGO
127