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9.

REPRODUCTION DES POISSONS


9.0 Introduction
1. Il existe plusieurs méthodes de reproduction des poissons d'élevage. Leur
choix est fonction de la biologie de la reproduction des espèces considérées,
des conditions ambiantes locales et des installations disponibles. Ces
méthodes peuvent être classées en trois catégories : reproduction naturelle ;
reproduction semi-naturelle ; reproduction artificielle.

2. Dans le cas de la reproduction naturelle, les poissons mâles et les poissons


femelles sont placées ensemble dans une zone de ponte, par exemple un petit
étang ou un enclos où ils pondent naturellement. Cette méthode est utilisée
d'ordinaire pour assurer par exemple une production de bon marché de
tilapias.

3. La reproduction efficace de certaines espèces exige parfois


des modifications du milieu ambiant, tel qu'un nouvel approvisionnement en
eau et un net relèvement du niveau d'eau de l'étang dans le cas du poisson-
chat africain Clarias, la présence d'une végétation herbeuse utilisée comme
collecteur d'œufs dans le cas de la carpe commune, ou encore la présence
de nids artificiels dans le cas des poissons-chats américain et
européens, Ictalurus et Silurus.

4. En ce qui concerne la reproduction semi-naturelle, les poissons (en général


seulement les femelles) reçoivent initialement une injection de produits
chimiques, par exemple d'extrait de glande pituitaire*, qui déclenche le
processus de reproduction. Mâles et femelles sont ensuite rassemblés dans
une zone de ponte spécialement préparée, par exemple un petit étang
herbeux ou un enclos où la ponte a lieu. Les œufs fertilisés sont généralement
recueillis puis élevés dans des conditions privilégiées, naturelles ou
artificielles.

5. Dans le cas de la reproduction artificielle, les femelles reçoivent une ou


plusieurs injections de substances chimiques, destinées à contrôler la
maturation finale des œufs au repos dans les ovaires. Dès que ces œufs sont
parvenus à maturité, ils sont extraits du corps des femelles. Les mâles
reçoivent aussi habituellement une injection. Les œufs sont fertilisés
artificiellement avec le sperme des mâles et élevés dans des conditions
contrôlées.

1
REPRODUCTION NATURELLE

REPRODUTION SEMI-NATURELLE

2
REPRODUCTION ARTIFICIELLE

3
6. Chacune de ces méthodes de reproduction est principalement
conditionnée par un ensemble de facteurs environnementaux, comme indiqué
dans le tableau ci-dessous pour la carpe commune, par exemple.

7. La description détaillée des techniques de reproduction des poissons


figure dans les manuels mentionnés ci-dessous :

• Woynarovich, E. et Horvàth, L. 1981. La reproduction artificielle des poissons en


eau chaude - Manuel de vulgarisation. FAO Document technique sur les pêches
no 201. 191 pages. Rome, FAO.
• Horvath, L., Tàmàs G. et Coche, A.G. 1986. La carpe commune. Vol. 1 :
Production massive d’œufs et de post-larves. Collection FAO : Formation n° 8, 87

4
pages. Vol. 2 : Production massive de carpillons en étangs. Collection FAO :
Formation no 9. 85 pages (accompagné de films fixes en couleurs). Rome, FAO.
• Jhingran, V.G. et Pullin, R.S.V. 1985. A hatchery manual for the common,
Chinese and Indian major carps. ICLARM Studies and Reviews, no 11. 191 pages.

8. La lecture des sections suivantes vous permettra d'en savoir davantage


sur certains des principaux aspects pratiques de la reproduction des poissons
par les méthodes naturelles et semi-naturelles :

• Préparation des géniteurs* en vue de la ponte (section 9.1) ;


• Ponte et collecte des œufs (section 9.2) ;
• Incubation des œufs sous conditions contrôlées (section 9.3) ;
• Élevage initial des larves (section 9.4).

9.1 Préparation des géniteurs en vue de la ponte

Obtention de géniteurs
1. Le succès de la propagation de vos poissons exige pour les deux sexes
des individus sains et parvenus à maturité sexuelle. Il s'agit de votre stock de
géniteurs.

2. Il existe deux méthodes pour obtenir de tels géniteurs.

(a) Capture de poissons en milieu naturel à l'aide d'engins de pêche (voir


sections 8.2 et 8.3) et transport des poissons vivants jusqu'à la ferme piscicole
(voir chapitre 13). Ils peuvent alors y être stockés soit dans des étangs de
géniteurs jusqu'à ce qu'ils aient atteint la maturité sexuelle, soit dans
des étangs de stabulation s'ils ont été capturés pendant la saison de ponte et
s'ils sont déjà parvenus maturité.

(b) Elevage � la ferme proprement dite de géniteurs, ce qui facilite


l'amélioration progressive du stock grâce à une gestion soigneuse.

Gestion des étangs de géniteurs


3. Les étangs de la ferme où vous pensez élever vos géniteurs doivent être
bien adaptés à l'espèce considéré. Le maintien de températures
soigneusement contrôlées et d'une eau bien oxygène (voir sections
2.4 et 2.5) contribuera à la réussite de votre élevage. En outre, les poissons
doivent disposer d'un abondant approvisionnement en nourriture naturelle (voir
section 10.1), bien adapté au régime alimentaire particulier des géniteurs. Au
cours de la période de maturation, il y a lieu de fournir, si nécessaire,
un complément alimentaire constitué� d'ingrédients riches en protéines (voir
5
section 10.2). La densité d'empoissonnement des géniteurs doit être adapté
aux disponibilités alimentaires, mais doit toujours rester relativement faible.
Sélectionnez les étangs réservés aux géniteurs de façon à en faciliter l'accès,
tout en les protégeant du braconnage.

4. Il est préférable de conserver un stock de géniteurs relativement jeunes,


constitué de poissons de tailles petite et moyenne en fonction de l'espèce
considéré. Les poissons de ce type produisent davantage d'œufs de
meilleure qualité, avec un meilleur rendement d'utilisation de la nourriture.

Choix de géniteurs appropriés


5. Lorsque la saison de reproduction arrive, les géniteurs doivent être
soigneusement choisis. Seuls les poissons prêts à la ponte doivent être
utilisés. Il convient de choisir les poissons présentant les caractéristiques ci-
après.

(a) L'abdomen des mâles doit libérer quelques gouttes de laitance lorsqu'il est
légèrement comprimé.

(b) L'orifice génital des femelles doit être gonflé et protubérant, de couleur
rose/rougeâtre ; leur abdomen doit être arrondi et mou, dénotant ainsi la
présence de gonades arrivés au stade dormant.

6. Lorsqu'il y a risque d'agressivité chez les mâles (par exemple, dans le cas
des poissons chats ou de ponte incontrôlée (tilapias et carpe commune), les
poissons des deux sexes doivent être placés dans des étangs distincts après
avoir été sélectionnés.

6
Utilisation d'extraits de glande hypophyse
7. Si vous souhaitez utiliser des méthodes de reproduction semi-artificielles
ou artificielles, vous devez vous procurer des substances chimiques
(ou hormones*) qui jouent un rôle décisif dans l'ovulation, c'est-à-dire la
maturité finale des œufs dormants, Ces substances chimiques,
les gonadotrophines, sont produites, accumulées et emmagasinées dans
la glande pituitaire du poisson, appelée hypophyse*, pendant leur passage au
stade de la maturité sexuelle.

8. Cette petite glande pituitaire se trouve dans la partie supérieure de la tête


du poisson, sur le côté ventral du cerveau. La collecte de ces glandes
prélevées sur des poissons parvenus à maturité ne pose aucune difficulté,
de même que leur stockage en vue d'une utilisation ultérieure, si nécessaire,
et l'extraction des hormones gonadotropes qu'elles contiennent, comme il
sera expliqué ci-après.

9. Il est particulièrement important de recueillir les glandes pituitaires sur des


poissons convenablement choisis, pour être sûr que ces glandes contiennent

7
suffisamment de gonadotrophines pour être efficaces. Il y a lieu de choisir les
poissons présentant les caractéristiques suivantes :

• Maturité sexuelle ;
• Poisson de préférence vivant ou tué récemment ;
• Taille appropriée.

Note : La plupart des glandes pituitaires récoltées commercialement ont été


prélevées sur des poissons de taille importante, par exemple des carpes
communes et des saumons. Elles peuvent aussi servir à la propagation
d'autres espèces.

10. La glande pituitaire peut être prélevé sur un poisson récemment tué de
deux façons : en coupant et ouvrant la tête, ou en prélevant la glande
pituitaire au moyen d'une foreuse. L'utilisation d'un cadre en bois facilitera
les opérations effectuées sur la tête du poisson pour la couper ou y percer
un trou.

8
Récolte des glandes pituitaires par sectionnement de la tête
11 Pour ouvrir la tête, procédez comme suit.

(a) Enlevez la partie supérieure de la (b) Repérez l'emplacement de la


boite crânienne au moyen d'une scie glande pituitaire dans la masse
ou d'un couteau bien aiguisé. cérébrale.
(c) Extrayez-la soigneusement au
moyen de pinces.

9
Prélèvement de glandes pituitaires par perforation du crâne

12. It est souvent plus facile d'utiliser une foreuse, de préférence électrique,
équipée d'une mèche spéciale, éventuellement fabriquée dans un atelier
local. Procédez comme suit.

(a) Choisissez ou fabriquez une (c) A cet endroit, appliquez une


mèche de forage d'un diamètre plaquette de guidage en bois (percée
adapté à l'utilisation prévue (voir ci- d'un trou) contre le crâne
dessus).

(b) Repérez l'emplacement à percer


sur la partie supérieure du crâne,
comme indiqué.

10
(d) Percez le sommet du crâne, la
masse cérébrale et la base du crâne,
jusqu'à la cavité buccale.

(e) Extrayez la mèche de forage ainsi que le petit bouchon de matière


osseuse et de tissu qu'elle contient.

(f) Extrayez ce bouchon de la mèche.

(g) Découpez la moitié supérieure de ce bouchon et séparez soigneusement


le tissu cérébral de la base du crâne de la moitié inférieure,

(h) Extrayez l'hypophyse au moyen de pinces.

11
13. Vous pouvez ensuite soit utiliser cette glande immédiatement, soit la
stocker en vue d'un usage ultérieur (voir paragraphes 14 et suivants).

Note : Pour être sûr que la carotte prélevée contient effectivement la glande,
choisissez un diamètre de mèche de forage adapté, Les diamètres appropriés
sont de 2,5 cm pour des poissons d'un poids inférieur ou égal à 1 kg, de 4
cm pour ceux dont le poids est compris entre 3 et 4 kg, et de 5 à 6 cm pour
les poissons de poids plus important.

Stockage d'hypophyses fraîchement prélevées


14. Si vous prévoyez de conserver les hypophyses pendant un certain temps,
une façon simple de les traiter est la suivante.

(a) Après avoir recueilli l'hypophyse, placez-la dans un petit flacon contenant
de l'acétone. En extrayant l'eau et les matières grasses, ce produit aura pour
effet de durcir et de protéger l'hypophyse, ainsi que les hormones qu'elle
contient.

12
(b) Rassemblez dans le même flacon toutes les hypophyses prélevées le
même jour.

(c) A peu près toutes les 8 heures, renouvelez le bain d'acétone au cours
d'une période d'une durée totale de 24 heures. Ensuite, videz entièrement
l'acétone.

13
(d) Séchez les hypophyses durcies sur du papier buvard.

14
(e) Placez les glandes sèches au fond de petits récipients en verre et pressez-
les sous une boulette de coton hydrophile. Obturez les récipients par des
bouchons en liège hermétiquement et scellez-les à la cire ou avec un produit
analogue comme de la paraffine. Etiquetez-les de façon à indiquer l'origine
des glandes et la date des prélèvements effectués.

(f) Placez les récipients scellés dans un sac en plastique, ou dans un


dessiccateur, ou encore dans un récipient étanche à l'air, en présence d'un
produit dessiccant, par exemple des cristaux de gel de silice ou de chlorure
de calcium.

15
15. Les hypophyses sèches à l'acétone peuvent être stockés de cette façon
en toute sécurité pendant plusieurs années, sans qu'il soit nécessaire de les
réfrigérer, dans la mesure où elles sont protégées contre l'humidité. Vous pouvez
également conserver au congélateur des hypophyses fraîchement
prélevées.

Extraction des hormones gonadotropes contenues dans les


hypophyses
16. Les hormones gonadotropes injectés pour provoquer l'ovulation et/ou la
ponte sont extraites des hypophyses, soit immédiatement après avoir été
prélevées, soit après un certain temps de stockage. Procédez comme suit.

16
(a) Prenez le nombre de glandes nécessaires en fonction de la dose d'hormones
à utiliser, selon les indications des ouvrages spécialisés mentionnés à la
section 9.0 (paragraphe 7).

Exemple

Vous prévoyez d'injecter des extraits séchés d'hypophyse à 34 femelles (poids moyen 2
kg ; deux injections chacune) et à 17 mâles (poids moyen 1,5 kg ; une injection chacun),
Il vous faudra les quantités suivantes d'hypophyses sèches :

• Femelles, première injection : 34 poissons x


2 kg x 0,3 mg/kg = 20,4 mg
• Femelles, seconde injection : 34 poissons x
2 kg x 3,5 mg/kg = 238,0 mg
• Mâles, une injection : 17 poissons x
1,5 kg x 2,0 mg/kg = 51,0 mg
• Quantité totale à injecter
: 309,4
mg
• Prévoir une marge de sécurité de 10 pour
cent 31,0 mg
• Poids total d'hypophyses sèches nécessaires
: 340,0 mg

Si le poids moyen d'une glande est de 2,5 mg, il vous


faudra 340 mg à 2,5 mg = 136 hypophyses.

(b) Préparez une solution de sel à 0,65 pour cent (solution saline) : dissolvez
6,5 g de sel de cuisine ordinaire dans 1 l d'eau pure, Utilisez soit de l'eau
bouillie filtre, soit de l'eau distillée, Prenez un récipient en verre propre et
mélangez soigneusement, Conservez cette solution dans une bouteille
obturée au moyen d'un bouchon de liège.

(c) Calculez la quantité nécessaire de solution saline d'après les indications


des ouvrages cités ci-dessus.

17
Exemple

Dans le cas de l'exemple ci-dessus, Il vous faudra probablement :

• Femelles, première injection 1 ml/poisson : 34 x 1,0 ml = 34 ml


• Femelles, seconde injection 1.5 ml/poisson : 34 x 1,5 ml = 51 ml
• Mâles, une injection 1.5 ml/poisson : 17 x 1,5 ml = 26 ml

Majorez de 10 pour cent les volumes calculés ci-dessus de solution saline pour tenir
compte vos pertes.

(d) Broyez dans un mortier le nombre voulu d'hypophyses jusqu'à obtention


d'une bouillie ou d'une poudre fine.

Exemple

La première série d'injections nécessitera 20,4 mg + 10 pour cent = 20,4 mg + 2,1 mg =


22,5 mg de glandes soit quelque 22,5 mg / 2,5 mg = 9 glandes finement broyées.

18
(e) Mesurez le volume prescrit de la solution saline à 0,65 pour cent et versez-
la dans le mortier sur la bouillie ou la poudre obtenue. Il est préférable
d'utiliser une seringue pour doser convenablement ces petites quantités.

Exemple

Pour réaliser la première série d'injections, mesurez 34 ml + 10 pour cent = 34 ml + 3,4


ml = 37,4 ml de la solution saline préparée au préalable

(f) Mélangez soigneusement la solution saline et les hypophyses pilés de


façon que les hormones gonadotropes contenues dans le tissu
glandulaire passent dans le liquide.

(g) Laissez décanter, ou mieux encore, séparez le liquide supérieur


(surnageant) des fragments de matières glandulaires au moyen d'une petite
centrifugeuse manuelle.

19
20
Mode d'injection de la solution hormonale aux poissons
17. Les géniteurs choisis doivent être préparés en vue de l'injection hormonale.
Procédez comme suit.

(a) Tôt le matin, choisissez dans les étangs de stabulation les géniteurs mâles
et femelles qui devront recevoir une injection le jour même. Vérifiez
soigneusement que les individus choisis sont prêts à la ponte, comme
indiquée au paragraphe 5.

(b) Transportez-les près de la zone de ponte ou dans l'écloserie. Stockez-les


dans un filet ou dans un bassin avec un bon approvisionnement en eau, en
maintenant mâles et femelles séparés.

(c) Préparez tout le matériel nécessaire : quantités adéquates d'extrait


hypophysaire ; emplacement de travail propre ; bassin, étang ou filet de
récupération pour les géniteurs. Une fois les préparatifs terminés, préparez
les poissons.

(d) SI possible, anesthésiez les poissons devant recevoir une injection en les
plaçant dans une solution chimique convenablement choisie de 50 à 100 l
(voir section 8.7) ; si la taille des poissons varie trop d'un individu à l'autre,
traitez-les successivement par lot de taille identique.

(e) Surveillez attentivement en permanence les poissons sous sédatif et, si


nécessaire, replacez-les rapidement dans une eau convenablement aérée.

18. Procédez ensuite à l'injection de la solution hormonale.

(a) En fonction du poids vif de chaque géniteur, remplissez une seringue de la


dose exacte requise de solution hormonale.

(b) Sortez le géniteur de l'eau avec une épuisette (voir section 8.4). Posez
doucement le poisson sur une surface souple et douce, par exemple un
morceau de mousse de caoutchouc, et immobilisez-le à l'intérieur du filet.

(c) Injectez lentement l'extrait suivant un angle de 45° :

• Si le poisson n'a pas d'écailles sur tout le corps, comme les carpes miroir ou les
carpes cuir, faites une injection intramusculaire, soit au-dessous de l'extrémité de
la nageoire dorsale, soit dans le pédoncule caudal, en exerçant ensuite une
pression du doigt pour éviter que l'extrait hormonal se perde ;

21
• S’il s'agit d'un poisson à écailles, par exemple de carpes chinoises ou indiennes,
l'injection se fait dans la cavité viscérale, soit à l'arrière de la base de la nageoire
abdominale, soit sous la base de la nageoire pectorale, en veillant à introduire
l'aiguille sous les écailles et non à travers.

19. Immédiatement après l'injection, replacez le poisson dans une eau


convenablement aérée. Suivant la méthode de propagation utilisée, il est
possible de le replacer :

• Soit dans le filet ou le bassin de stockage où intervient le développement initial des


œufs dormants ; une seconde dose d'hormones lui est alors injectée pendant
la période d'ovulation de façon que les œufs atteignent leur phase finale de
maturation ;
• Soit dans le secteur préparé pour recevoir un certain nombre de mâles et de
femelles ; la ponte a lieu généralement quelques heures après (voir ci-dessous).

Exemple

• Carpe commune à une température de 24°C : Injection préparatoire : (uniquement


sur les femelles) ;
22
+ 12 heures : effectuez l'injection décisive (femelles et mâles) ;
+10 heures = ponte induite ou reproduction artificielle
• Carpes Indiennes à une température de 30°C : Injection préparatoire (femelles
uniquement) ;
+ 6 heures : effectuez l'Injection décisive (femelles et mâles) ;
+ 3 heures à 6 heures = ponte induite ;
• Carpes chinoises à une température de 24°C : Injection préparatoire (femelles
uniquement) ;
+ 18 à 24 heures : effectuez l'injection décisive (femelles et mâles) ;
+ 9 heures = ponte induite ou reproduction artificielle

Maturation des œufs


20. Le temps nécessaire à la maturation complète des œufs initialement
formes (appelé également période d'ovulation) s'exprime d'ordinaire en
nombre d'heures nécessaires à la température ambiante de l'eau. Cette
indication est mesurée en degrés-heures (dh).

21. Pendant la période d'ovulation, vous devez mesurer la température de


l'eau (en °C) à la fin de chaque heure et ajouter les valeurs obtenues
successivement. Lorsque vous êtes sur le point d'atteindre le nombre de
degrés-heures prescrit (voir exemple ci-dessous), vos poissons sont prêts à
pondre.

Exemple

Des géniteurs de carpes communes reçoivent l'injection décisive d'hypophyse à 20 h.


Mesurez toutes les heures la température de l'eau du bassin où ils sont stockés.

23
Le lendemain matin à 6 h, le nombre total de degrés-heures devrait atteindre 239,6°, ce
qui est très proche du nombre nécessaire dans ce cas particulier, soit 240 à 260°. Il faut
alors commencer à surveiller attentivement les poissons.

22. Le nombre de degrés-heures prescrit dépend :

• De l’espèce ;
• Du type de traitement hormonal dispensé ;
• De la taille des femelles.

23. L'expérience devrait vous apprendre à mieux estimer le nombre de


degrés-heures nécessaire dans chaque cas particulier.

Exemple

Le nombre de degrés-heures nécessaires dans différentes circonstances si l'on veut


atteindre la pleine maturité des œufs dans l'intervalle de température optimale
(voir tableau 24) est indiqué ci-dessous :

• Carpe commune : 240 à 260 dh ; carpes chinoises : 200 à 220 dh ;


• Carpe commune : une seule injection, 340 à 360 dh ; deux injections, 240 à 260
dh après la seconde injection ;
• Carpe commune femelle de 1 à 2 kg : 130 à 250 dh ; carpe de 5 à 7 kg : 240 à
260 dh.

24
9.2 Ponte induite et récolte des œufs

Choix de l'emplacement de la ponte induite


1. La ponte induite peut avoir lieu dans différents types d'enclos de ponte (ou
frayères), par exemple :

• Petits étangs de ponte en terre, d'une superficie de 25 à 30 m2 ;


• Cages (d'environ 2,50 x 1,25 x 1 m) en nappe de filet à mailles fines, par exemple
en toile moustiquaire synthétique ou en mousseline (en Asie, ces cages sont
appelées happas) ;
• Bassins en fibre de verre, en brique, en parpaings ou en béton.

Empoissonnement de la frayère
2. Il est toujours préférable d'introduire un plus grand nombre de mâles (M) que
de femelles (F) dans la frayère, par exemple (1 F / 2 ou 3 M) ou (2 F / 3 M) ou
(3 F / 4 M), afin d'assurer une reproduction efficace

3. Le nombre total de géniteurs à placer dans la frayère dépend des


dimensions de celle-ci et de la taille des géniteurs.

Exemple

Une frayère de 2 m2 de surface peut recevoir une population de géniteurs de carpes


communes constituée comme suit :

• 2 F + 3 M, si chaque géniteur pèse de 2 à 3 kg ;


• 1 F + 2 M plus petits, si les femelles pèsent chacune de 4 à 5 kg ;
• 3 à 5 F + 6 M, si chaque géniteur pèse seulement de 0,1 à 1 kg.

4. Dès que la ponte a eu lieu, les géniteurs sont habituellement retirés de la


frayère et stockés dans un étang en vue d'une utilisation ultérieure.

25
Divers types d'enclos de ponte

Récolte des œufs fécondés


5. Le choix de la méthode à utiliser pour récolter les œufs fécondés après la
ponte dépend du type d'œufs obtenus.

26
(a) Les œufs non adhésifs, tels que les œufs flottants de carpes chinoises et
le œufs semi-flottants de carpes indiennes, sont faciles à recueillir soit à
l'intérieur de la frayère si celle-ci n'est pas trop grande, au moyen d'une
épuisette à mailles fines, soit à l'extérieur en filtrant l'eau reçue à travers une
nappe de filet à mailles fines.

(b) Les œufs adhésifs, tels que ceux de la carpe commune et des poissons-
chats, doivent être recueillis au moyen de dispositifs de collecte des œufs
décrits aux paragraphes 6 à 8 et illustrés ci-contre. Après la ponte, ces
collecteurs garnis d'œufs adhésifs sont généralement transférés dans un
autre enclos où ont lieu l'incubation et l'éclosion (voir section 9.3).

Fabrication de dispositifs simples pour la collecte d'œufs


adhésifs
6. Pour récolter des œufs adhésifs, il peut suffire d'utiliser des plantes
aquatiques immergées récemment cueillies et propres, telles que Elodée,
Hydrilla ou Najas ou encore les racines de végétaux flottants tels que la
jacinthe d'eau (Eichornia crassipes). Placez dans la frayère une quantité de
végétaux sensiblement égale au double du poids des femelles qui s'y
trouvent, ou encore une quantité suffisante pour recouvrir à peu près la
surface de la frayère.

27
Collecte d'œufs adhésifs fixés aux racines de végétaux flottants

7. Avec les matériaux disponibles sur place, on peut également confectionner


soi-même, à moindre frais, un type de collecteur particulier (appelé kakaban en
Indonésie). Procédez comme suit.

(a) Prenez des matières végétales fibreuses (environ 40 cm de long), telles


que des feuilles de palmier, des petites branches de pin ou de longues
herbes sèches.

(b) Prenez des perches de bambou de 4 à 5 cm de diamètre et d'environ 1,20


m de long. Fendez-les en deux dans le sens de la longueur ; faute de
bambou, vous pouvez utiliser des piquets en bois.

(c) Introduisez le matériel végétal dans les perches de bambou fendues.


Fixez-le soigneusement en assemblant solidement les deux moitiés de tiges
de bambou.

8. Ces collecteurs sont montés ensemble de façon à former une sorte de


radeau que l'on peut installer légèrement au-dessus du fond de l'étang, au
moyen de deux longues perches fixées à l'aide de piquets et de cordages.
Les collecteurs d'œufs peuvent aussi être posés sur un bâti léger constitué
de piquets, à 20 ou 30 cm au-dessus du fond de l'étang. Il faut prévoir environ
5 m de kakaban par kilogramme de géniteurs femelles.

28
B Perches de bambou de 1,20 à 1,50 m de long et de 4 à 5 cm de diamètre,
fendues dans le sens de la longueur

C Disposez le matériel végétal entre deux perches de bambou


fendues et attachez-les ensemble

29
9.3 Incubation et éclosion des œufs

Développement des œufs de poisson


1. Le développement des œufs commence dès qu'ils ont été fécondés et
qu'ils se trouvent au contact de l'eau. Il se déroule par étape jusqu'à éclosion
des larves de poissons. Il s'agit de la période d'incubation.

Note : Le caractère adhésif de certains œufs, comme ceux de la carpe


commune, du poisson-chat africain et des tilapias qui pondent sur substrat,
apparait également dès que ce type d'œufs se trouve au contact de l'eau. Il
devient particulièrement marqué de 30 à 60 secondes après.

2. L'incubation comporte trois phases principales de développement des œufs.

(a) La phase de gonflement de l'œuf (voir stades 1, 2 et 3 ci-dessous) : les œufs


secs fécondés absorbent de l'eau pour s'hydrater et l'espace périvitellin se
développe. Dans le noyau de l'œuf, le pôle animal apparait à la partie
supérieure du vitellus. Les œufs se développent en volume (œufs gonflés
humides) et deviennent plus gros que les œufs secs (voir tableau 22).

(b) La phase de division cellulaire et de développement du germe (voir 4, 5, 6 et


7) : le pôle animal monocellulaire se subdivise en 2, 4, 8, 16 et 32 cellules
successivement, toutes disposées en une seule couche. Des divisions
cellulaires ultérieures produisent un blastoderme en plusieurs couches (voir

30
5) au terme de la phase morula*. Cette étape est suivie des étapes ci-dessous
:

• Les étapes blastula : une cavité segmentaire apparaît entre le pôle animal et le
vitellus ;
• Les étapes gastrula : le pôle animal envahit la surface du vitellus jusqu'à la
fermeture du blastopore (voir 7).

(c) La phase de développement de l'embryon (voir 8) : l'embryon du poisson se


forme autour du vitellus. La tête et la queue sont formées, et on peut
distinguer les yeux. Les mouvements s'intensifient jusqu'à ce que la coquille
de l'œufs soit rompue et que l'éclosion se produise.

Note : Les œufs sont dits "embryonnés" dès qu'on peut distinguer les yeux de
la larve, sous la forme de deux points noirs

Note : Lorsqu'un œuf fécondé à sec est placé dans l'eau, il prend une forme
arrondie (1) et peu de temps après il commence à gonfler (2). L'eau s'infiltre
entre la coquille et le noyau de la cellule (pôle animal et masse vitelline),
créant ainsi l'espace périvitellin. Lorsque la phase de gonflement est terminée
(3), le pôle animal du noyau forme une petite protubérance sur la masse
vitelline. Il se divise (4), puis se divise à nouveau pour atteindre les phases
morula (5), blastula (6) et gastrula (7). L'embryon apparait finalement et on
31
peut distinguer la queue, la tête et les yeux (8). Il se transforme alors en larve,
brise la coquille et éclot (voir les différentes phases du développement des
larves à la section 9.4).

3. Le bon développement de l'œuf exige un environnement favorable, propre à


l'espèce considérée :

• Une température adéquate de l'eau, proche des valeurs optimales (voir tableau
23)
• Une bonne qualité de l'eau, riche en oxygène dissous et exempte de produits
chimiques toxiques ;
• Un renouvellement adéquat de l'eau pour assurer un bon approvisionnement en
oxygène et l'évacuation des déchets ;
• Des perturbations réduites au minimum telles que chocs, bruits, secousses
brusques ou courants d'eau violents ;
• Une intensité lumineuse réduite et une protection contre la lumière du soleil

4. Vous devez pouvoir distinguer les œufs en mauvais état des œufs sains (voir
tableau ci-dessous). Si possible, triez et enlevez les œufs morts puisqu'ils
risquent de devenir une source d'infection fongique et bactérienne des œufs
vivants (voir section 15.2).

Caractéristiques des œufs en bon état et des œufs défectueux


Œufs sains Œufs défectueux
Transparents Opaques
Brillants Blanchâtres
Contenu clair Contenu trouble

Note : Les œufs de poisson sont particulièrement sensibles aux


perturbations pendant la phase de division cellulaire du pôle animal et jusqu'à
la fin du stade morula. Aussi convient-il particulièrement de commencer
l'incubation des œufs aussitôt que possible après leur fécondation, et de ne pas
les transporter tant qu'ils sont vulnérables.

TABLEAU 22
Caractéristiques particulières des œufs de poisson

32
Durée de la période d'incubation
5. Le temps nécessaire pour que l'œuf fécondé se transforme en larve dépend
principalement de l'espèce considérée, ainsi que de la température et de la
teneur en oxygène dissous de l'eau. On l'exprime communément en degrés-
jours, indication égale à la somme des températures quotidiennes moyennes
de l'eau pendant la période d'incubation, suivant un mode de calcul analogue
à celui utilisé pour déterminer la maturation des œufs chez les géniteurs
femelles (voir section 9.1).

6. Il est possible d'estimer la durée de la période d'incubation aux


températures de l'eau voisines des valeurs optimales, d'après les indications
du tableau 23. Il ne faut pas oublier que la période est d'autant plus courte
que la température de l'eau est plus élevée à l'intérieur de cet intervalle de
variation.

Note : Evitez les températures trop élevées, susceptibles de provoquer des


déformations et un faible taux de survie des œufs ; il est généralement

33
préférable d'incuber les œufs plus lentement pour obtenir une meilleure
qualité des larves.

TABLEAU 23
Temps nécessaire à l'incubation des œufs de poisson

34
Choix d'un dispositif d'incubation des œufs
7. Il existe différents types d'incubateurs. Choisissez le type le mieux adapté à
vos besoins en fonction des facteurs suivants :

• Matériaux disponibles sur place ;


• Type d'œufs à incuber (adhésifs ou non) ;
• Taille des œufs et importance des lots par saison de ponte ;
• Échelle globale de l'exploitation ;
• Conditions locales, telles que qualité et importance des ressources en eau
disponibles.

Note : Le caractère adhésif des œufs peut être supprimé grâce à un


traitement utilisant certains produits chimiques (voir ouvrages spécialisés).

8. La consultation du tableau 24 devrait faciliter le choix du type d'incubateur le


plus approprié. La lecture des paragraphes suivants vous fournira des
indications supplémentaires concernant chacun de ces incubateurs.

35
TABLEAU 24
Critères de sélection des incubateurs d'œufs

36
Enclos simples comme incubateurs
9. Les enclos simples tels que les hapas et les caisses grillagées peuvent
servir à incuber les œufs adhésifs recueillis sur des kakabans (voir section
9.2).

(a) Les hapas sont de préférence en tissu synthétique et ont des dimensions
hors tout d'environ 2 m x 1 m x 1 m de hauteur. L'ouverture des mailles doit
être suffisamment fine (environ 0,5 mm) pour empêcher les larves qui
éclosent de s'échapper. La partie supérieure de la poche de tissu est montée
sur de minces cordelettes. Les angles du haut et du bas sont fixés à des
bambous ou à des piquets en bois solidement enfoncés dans le fond d'un
plan d'eau peu profond.

(b) Les caisses grillagées sont constituées d'un solide bâti en bois auquel du
treillis métallique ou de la toile moustiquaire en matière plastique est fixée de
façon à former un enclos cubique ou rectangulaire. Des supports sont placés
sur les deux côtés de manière qu'on puisse disposer horizontalement un ou
plusieurs kakabans ; ces caisses sont placées dans un plan d'eau statique
peu profond pendant la période d'incubation.

10. Il convient de couvrir l'enclos d'incubation, afin d'éviter l'action prédatrice


des oiseaux et des grenouilles.

11. Il est préférable de transférer les kakabans garnis d'œufs adhésifs pour les
placer dans ces enclos d'incubation au cours de la première soirée après la
ponte. Si la ponte a lieu de nuit, ce transfert peut s'effectuer de 8 à 10 heures
après, à l'aube. Les distances de transport doivent être courtes et
les kakabans doivent être recouverts d'un tissu humide.

12. Après l'éclosion des larves, retirez les kakabans des enclos d'incubation,
nettoyez-les soigneusement et sachez-les. Il est possible de les réutiliser à
plusieurs reprises.

Note : L'incubateur représente ci-contre est facilement transportable d'un


endroit à l'autre puisque le cadre en bois et les piquets forment un ensemble.
Ce cadre en bois n'est cependant pas toujours nécessaire, et il est possible
de n'enfoncer dans le fond de l'étang que la série de piquets pour supporter
l'enclos en filet (voir illustration ci-après).

37
38
Enclos doubles comme incubateurs
13. Vous pouvez facilement fabriquer vous-même un hapa à double parol en
ajoutant un hapa intérieur destiné à contenir les œufs.

(a) Pour le hapa extérieur, utilisez une maille très fine (0,5 mm), en coton ou
en tissu synthétique, afin de retenir les larves écloses ; 2 m x 1 m x 1 m de
haut sont de bonnes dimensions. Fixez ce hapa aux quatre piquets d'angle
plantés au fond d'un plan d'eau statique.

(b) Pour le hapa intérieur, utilisez une maille plus grande (2 à 2,5 mm), par
exemple de la toile moustiquaire en nylon à mailles rondes ; 1,50 m x 0,80 m
x 0,50 m de haut sont de bonnes dimensions.

39
14. Installez cet incubateur en eau peu profonde. Etalez les œufs fécondés de
façon uniforme sur le fond du hapa intérieur. Au moment de l'éclosion, les larves
tombent dans le hapa extérieur, laissant derrière elles les coquilles d'œufs et
les œufs morts dans le hapa intérieur. Retirez celui-ci dès que l'éclosion est
terminée. Il convient de limiter l'action prédatrice des oiseaux et des
grenouilles en couvrant le dessus de l'incubateur.

Note : Cet incubateur est semblable à celui de la page 76. Il peut également
être réalisé à partir d'une série de piquets enfoncés dans le fond d'un étang,
comme indiqué ci-dessous.

40
Hapa à double parol

41
Bacs ou auges d'incubation
15. Une simple auge de 1 à 3 m de long, de 0,30 à 0,50 m de large et
d'environ 0,30 m de profondeur, en bois, en fibre de verre ou en métal permet
d'incuber différents types d'œufs. L'eau pénètre à une extrémité et s'écoule
par I ‘autre. Il faut prévoir un débit suffisant pour fournir J’oxygène nécessaire
et emporter les déchets tout en évitant un débit trop fort. Placez les œufs de
la façon suivante.

(a) Les œufs adhésifs peuvent être étalés en une couche sur la moitié aval du
fond de I ‘auge.

(b) Les œufs adhésifs peuvent également être incubés sur leur collecteur
placé dans I ‘auge.

(c) Les œufs non adhésifs, tels que les œufs de truite, doivent
être suffisamment lourds pour ne pas être emportés par le courant d'eau.
Veillez à ce que celui-ci se répartisse uniformément à travers I ‘auge et ne

42
soit pas trop fort. Disposez les œufs en les écartant du point d'arrivée d'eau,
en une seule couche.

16. Il est possible d'améliorer nettement cette auge simple en y plaçant


une claie d'incubation destinée à recevoir les œufs fécondés. Pour réaliser une
telle claie, procédez comme suit :

• Le fond de la claie est percé de trous ou réalisé dans un matériau maille


(métallique, plastique, tissu) ;
• Suspendez la claie d'incubation à environ 10 cm au-dessus du fond de l’auge ;
• Construisez-la avec environ 20 cm de moins en longueur que l'auge pour éviter de
recevoir directement le débit d'eau d’arrivée ;
• Organisez la circulation de l'eau du bas vers le haut, de façon que les œufs
baignent dans un courant d'eau ascendant ;
• L’eau sort de l'auge par une encoche découpée à la partie supérieure de l'extrémité
opposée à l'arrivée d'eau.

43
Seaux d'incubation
17. Vous pouvez facilement réaliser ce type d'incubateur avec un récipients
largement ouvert, par exemple une jarre en terre ou un seau en plastique.

(a) Environ 5 cm au-dessus du fond, placez un tamis destiné à retenir les


œufs non-adhésifs à l'intérieur du récipient.

(b) Fixez à l'intérieur du couvercle du récipients une grille à mailles fines


empêchant les larves écloses de s'échapper.

(c) Dans l'axe du récipient, fixez un tube vertical (d'environ 1 cm de diamètre


intérieur). Il doit dépasser légèrement le tamis du fond. Raccordez-le à sa
partie supérieure à l'arrivée d'eau.

18. Les œufs fécondés sont introduits dans le récipient. Le débit d'eau est
réglé de façon que les œufs restent en suspension et se déplacent très

44
lentement pendant les deux premières phases de développement. Le débit
d'eau est légèrement augmenté lorsque les œufs atteignent le stade
embryonné (apparition des yeux).

Transformer une bouteille en incubateur


19. Il existe de nombreux endroits où l'on peut se procurer des bouteilles en
plastique de 1 à 2 l, souvent utilisés comme contenant de boissons gazeuses.
Elles peuvent facilement être transformées en incubateurs.

20. Nettoyez soigneusement la bouteille et sectionnez la base. Taillez une


encoche dans le bord supérieur pour assurer l'évacuation de l'eau, si
nécessaire.

21. Utilisez la bouteille comme suit :

• Enlevez le bouchon fileté et introduisez un bouchon de liège ou de caoutchouc de


dimensions adéquates, un tube d'arrivée d'eau puis un robinet de réglage ;
• Installez, avec de la colle ou un produit d'étanchéité pour aquarium (silicone), un
écran filtrant à mailles fines au-dessus de l'arrivée d'eau, à la partie inférieure de la
bouteille retournée, destinée à recevoir les œufs et permettant une répartition
uniforme du débit d’eau ;

45
• Placez la bouteille retournée sur un support approprié, muni d'un trop-plein et d'un
dispositif de vidange de l'eau, etc.

22. Il est également possible d'utiliser la bouteille sans tuyau d'arrivée d'eau
inférieur.

(a) Maintenez le bouchon fileté en place et faites passer l'eau par un petit
tube de la partie supérieure de la bouteille jusqu'à proximité du fond. La partie
inférieure du tube se trouve près de la base de la bouteille. En règle générale,
il n'est pas nécessaire d'installer un écran filtrant.

(b) Installez la bouteille sur un support approprié comme dans le cas


précédent. En l'occurrence, le fond de la bouteille peut reposer directement
sur la base du support, puisqu'il n'y a aucun tuyau en dessous.

Incubateurs verticaux à entonnoir

46
23. Ces incubateurs sont disposés de façon que l'eau pénètre par le fond,
circule verticalement de bas en haut et sorte par la partie supérieure. Le
courant d'eau maintient la masse des œufs en suspension en lui imprimant
un léger mouvement continu, sur une partie de la hauteur de la colonne
d'eau.

24. Il existe deux principaux types d'incubateurs verticaux, selon la forme de


l’entonnoir :

• Entonnoir conique, utilisé pour les œufs relativement résistants, par exemple
ceux de la carpe commune ;
• Entonnoir cylindro-conique, indispensable pour les œufs particulièrement
sensibles comme ceux des carpes indiennes et des carpes chinoises.

25. Les incubateurs verticaux à entonnoir sont les dispositifs le plus souvent
utilisés pour les œufs non adhésifs et lorsque la couche adhésive des œufs
a été enlevée. Il est possible d'utiliser divers matériaux pour les fabriquer :

• Tissu, de préférence synthétique ;


• Matière plastique transparente et dure, de différentes épaisseurs ;
• Métal peint ;
• Fibre de verre moulée ;
• Verre transparent.

Leur contenance en eau varie entre 6 et 10 l jusqu'à plus de 100 l.

26. Ces incubateurs doivent toujours être placés verticalement :

• S’ils sont fabriqués dans un matériau non rigide, il faut les suspendre par leur
partie supérieure ;
• S’ils sont suffisamment rigides (jarres d'incubation), ils sont maintenus soit par-
dessous, soit de côté.

Note : Dans certains cas, il convient de prévoir un dispositif de drainage pour


l'eau évacuée des incubateurs. Il est possible d'installer à cet effet une
gouttière constituée par exemple d'un tuyau de matière plastique ou d'un
segment de tige de bambou coupé en deux dans le sens de la longueur.

47
27. Il est possible de se procurer auprès de fournisseurs spécialisés en
matériel piscicole des jarres d'incubation de fabrication industrielle, munies
de dispositifs d'arrivée d'eau et de drainage. Leur cout risque toutefois d'être
élevé Pour faire des économies, vous pouvez les réaliser vous-même en
utilisant les matériaux disponibles sur place, comme indiqué ci-dessous.

48
Jarres d'incubation cylindro-coniques de fabrication industrielle

Fabrication d'un incubateur vertical à entonnoir simple, en


plastique
(Adapté de E. Woynarovich, 1975. Elementary guide Io fish culture ln Nepal,
p. 80-81. Rome, FAO.)

28. Vous pouvez réaliser un incubateur vertical à entonnoir simple avec une
feuille ou une gaine de matière plastique résistante. Ci-dessous figure une
liste de matériaux permettant de réaliser un incubateur d'une capacité de 8 à
10 l (15 à 16 cm de diamètre).

49
29. Procédez de la façon suivante.

(a) Découpez le gainage en plastique comme indiqué, de manière obtenir


deux cônes.

(b) Si vous n'avez pas de gainage en plastique, utilisez des feuilles de


plastique planes et découpez-les comme indiqué.

(c) Assemblez par de petits points de couture (par exemple de 3 mm) les
lignes indiquées, de façon à obtenir des surfaces coniques, en les faisant
chevaucher de 1 cm. Il est également possible d'utiliser des agrafes, mais
elles dureront moins longtemps.

(d) Emboîtez les deux entonnoirs l'un dans l'autre, de manière que les bords
d'assemblage soient diamétralement opposés.

(e) Maintenez fermement le cercle de fil de fer entre les deux feuilles de
plastique à la partie supérieure de l'entonnoir. Cousez-le en place à la main,
avec du fil solide.

(f) Repliez la double couture réalisée à la partie supérieure de l'entonnoir sur


le fil de fer et vers l'extérieur, puis percez quatre trous à travers le plastique
sous l'anneau, par exemple au moyen d'un clou porté à une température
suffisante. Fixez-y deux boucles de ficelle.

50
(g) Placez la pomme d'arrosage à l'intérieur de l'entonnoir, au fond. Fixez-la
avec une pince. Sinon, placez un morceau de tissu grossier sur l'extrémité
du tuyau d'arrivée d'eau.

(h) Enfoncez l'extrémité du tuyau d'arrivée d'eau dans la tige de la pomme


d'arrosage.

(i) Fixez solidement avec de la ficelle le fond de l'entonnoir autour du tuyau.

(j) Suspendez l'entonnoir avec de la ficelle ou des cordes à un support, au


moyen des deux boucles. L'incubateur est maintenant prêt à l'usage.

51
Fabrication d'un incubateur vertical à entonnoir de qualité, en
plastique et en tissu
(Adapté de E. Woynarovich, 1975. Elementary guide to fish culture in Nepal,
p. 82-83. Rome FAO.)

30. Vous pouvez réaliser un incubateur vertical à entonnoir de meilleure


qualité avec de la matière plastique et du tissu. Notez que ce type d'incubateur
est suspendu verticalement dans l'eau. La liste des matériaux nécessaires est
donnée ci-dessous pour deux grandeurs d’incubateur : 35 l (diamètre de 31
cm et partie conique de 14 l) et 81 l (diamètre de 47 cm et partie conique de
30 l).

52
31. Procédez comme suit.

(a) Préparez la partie conique inférieure de l'incubateur découpez une pièce


plus ou moins grande dans la feuille plastique de suivant un tracé circulaire
de 45 cm de rayon comme indiqué. Assemblez par points de 3 mm les deux
côtés rectilignes de la pièce de matière de façon à laisser un bord de 1 cm.

(b) Préparez la partie cylindrique de l’incubateur :

• Repliez deux fois sur 8 à 10 cm la toile le long de sa largeur et cousez ensemble


avec du fil de nylon solide ;
• Avec une ficelle de nylon solide, cousez le tissu filtrant en nylon au bord inférieur
de ce morceau de toile, en veillant à ce que la couture soit vers l’extérieur ;

53
• Refermez la partie cylindrique par une couture verticale le long de la toile et du
tissu filtrant (la couture doit être à l'extérieur également).

(c) Fixez la partie cylindrique supérieure à la partie conique inférieure : cousez-


les ensemble par plusieurs rangées de points de 3 mm. Veillez à ce que la
couture soit à l'extérieur.

(d) Fixez l'anneau supérieur à la toile : retournez vers l'extérieur le bord


supérieur du cylindre en l'enroulant autour de l'un des anneaux de fil de fer.
Cousez-le solidement à la main.

(e) Fixez deux paires de boucles (ficelle, cordelette) autour de l'anneau pour
pouvoir suspendre l'entonnoir verticalement.

(f) Cousez des morceaux de ruban de 15 cm de long autour de la partie


médiane de l'incubateur au point de jonction de la partie conique et de la
partie cylindrique. Fixez le deuxième anneau de fil de fer autour de l'incubateur
au moyen de ces rubans

(g) Fabrication du régulateur de débit d'eau :

• Prenez un des deux entonnoirs de cuisine et, avec une aiguille chauffée (de 0,9 à
1 mm de diamètre), percez trois ou quatre rangées de petits trous espacés de 2 à
2,5 mm, autour du rebord de l'entonnoir (en tout, percez de 400 à 600 trous) ;
• Percez aussi quelques trous dans le tube du même entonnoir et obturez son
extrémité par un bouchon en bois ;
• Prenez le deuxième entonnoir et placez-le sous le premier, puis cousez les deux
entonnoirs ensemble avec du fil de nylon résistant ;
• Introduisez ce double entonnoir, c'est-à-dire le régulateur de débit d'eau, dans la
partie inférieure de l'incubateur en plaçant au-dessus l'entonnoir muni de trous ;
• Coupez un segment de tube en plastique (de 1 à 1,5 cm de diamètre), d'une
longueur égale à la circonférence d'ouverture supérieure de l'entonnoir majorée de
10 cm ;
• Ouvrez le tuyau dans le sens de la longueur ;
• Percez à la chaleur deux petits trous à chaque extrémité de ce tuyau pour pouvoir
y installer deux petits boulons munis d’écrous ;
• Fixez-le solidement autour des rebords des entonnoirs assemblés, de façon à les
maintenir à la verticale à l'intérieur de l’incubateur ;
• Introduisez le tuyau coudé à l'extrémité inférieure du régulateur de débit d’eau ;
• Attachez l'extrémité inférieure de l'incubateur autour de ce tuyau coudé avec de la
ficelle ;
• Fixez le tuyau d'arrivée d'eau à l'autre extrémité du tuyau coudé.

54
Note : Au lieu d'un régulateur d'eau à double entonnoir, vous pouvez
également utiliser une pomme d'arrosoir suivant les indications relatives au
type d'incubateur précédent

(h) Ajoutez l'orifice de collecte des larves (particulièrement important dans le


cas d'œufs flottants) :

• Vers le haut de la bande de tissu filtrant, découpez un petit trou ;


• Cousez un petit morceau de caoutchouc muni d'un orifice central par-dessus ce
trou ;
• Introduisez un petit morceau de tuyau en plastique dans le trou.

(i) L'incubateur est maintenant prêt à l'usage. Accrochez-le verticalement par


les deux boucles en ficelle à un support surélevé, à l'intérieur d'un bac
contenant de l'eau. Fixez un poids à la partie inférieure. Reliez le tuyau
d'arrivée d'eau à l'alimentation en eau, par l'intermédiaire d'un robinet
régulateur de débit. Réglez le niveau d'eau du bac de manière qu'il reste en
permanence légèrement au-dessous de l'anneau supérieur de l'incubateur.

55
56
H Utilisation de l'entonnoir d'incubation
suspendu verticalement � l'intérieur d'un bac rempli d'eau

Elimination des œufs défectueux et des détritus présents


dans l'incubateur
32. Vous avez appris plus haut à distinguer les œufs fécondés de bonne
qualité des œufs défectueux. Dès que le développement de l'œuf parvient au
stade de la fermeture du blastopore (voir paragraphe 2 ci-dessus), vous
devez si possible sortir de l'incubateur les œufs défectueux. Aux stades
suivants, vous souhaiterez aussi sans doute enlever les détritus tels que les
coques d'œufs au fur et à mesure de l'éclosion.

33. Cette tâche est relativement aisée dans le cas d'œufs non adhérents
Incubés dans une auge ou dans un incubateur vertical transparent, au moyen
d'un tube de siphonnage. Procédez comme suit :

57
(a) Prenez un segment de tube (de 1 à 1,5 cm de diamètre) d'une longueur
au moins double de la hauteur de l'incubateur.

(b) Introduisez l'extrémité de ce tube dans la couche d'eau supérieure de


l'incubateur.

(c) Tout en maintenant l'autre extrémité du tube nettement au-dessous du


niveau de la première extrémité, aspirez l'eau du tube pour amorcer le siphon
et déversez l'eau dans un seau.

(d) Siphonnez les œufs défectueux un par un en déplaçant lentement


l'extrémité supérieure du tube de siphonnage dans l'incubateur.

Capacité des différents dispositifs d'incubation


34. Le nombre d'œufs qu'on peut incuber dans un incubateur dépend de la
taille individuelle des œufs gonflés (voir tableau 22). Il dépend en outre de la
surface disponible pour étaler les œufs en une seule couche, ainsi que du
volume d'eau utilisable dans l'incubateur.

(a) Dans la poche intérieure d'un incubateur à double paroi en tissu (hapa de
1,5 x 0,8 = 1,2 m), il est possible d'étaler de 50 000 à 100 000 œufs
de carpes indiennes de manière uniforme.

(b) Dans les claies d'une auge d'incubation, il est possible d'étaler de 400 à
600 œufs de truite (de 4 à 5 mm de diamètre) par 100 cm de surface, soit
quelque 50 000 œufs par m2 de surface d'eau.

58
(c) Dans un seau d'incubation de 10 l, il est possible d'incuber environ 100 000
œufs de truite.

(d) Dans un incubateur vertical à entonnoir, il est préférable de ne remplir la


partie conique qu'à 30 à 50 pour cent de sa capacité, surtout pour l'élevage
d'œufs flottants plus délicats.

• Un incubateur conique de 8 à 10 l peut contenir de 2 à 3 l d'œufs gonflés*, soit


200 000 à 300 000 œufs de carpes communes ou 30 000 à 45 000 œufs de carpes
chinoises (voir tableau 23) ;
• Un Incubateur cylindro-conique en plastique et tissu de 35 l de capacité totale
(partie conique de 14 l) peut contenir de 5 à 7 l d'œufs gonflés ;
• Le même modèle d'incubateur mais de 81 l (partie conique de 30 l) peut contenir
de 10 à 15 l d'œufs gonflés.

Réglage du débit d'eau pendant la période d'incubation


35. Pendant la période d'incubation, il convient de régler le débit d'eau
suivant le stade de développement des œufs (voir paragraphe 2).

(a) Pendant le gonflement des œufs, le débit d'eau doit être au minimum. Dans
les incubateurs à entonnoir, il doit être juste suffisant pour permettre à la
masse d'œufs de se déplacer très lentement dans la partie inférieure de
l'incubateur.

(b) Depuis le stade de division cellulaire initiale jusqu'à la fin du stade morula, le
débit d'eau doit être légèrement augmenté. En cas d'utilisation d'un
incubateur à entonnoir, il faut veiller à ce que la masse d'œufs continue de
se déplacer lentement dans la partie inférieure de l'incubateur.

(c) Depuis le stade blastula jusqu'au moment où les œufs sont embryonnés (yeux
visibles), il faut à nouveau augmenter légèrement le débit d'eau. Dans un
incubateur à entonnoir, veillez à ce que la masse d'œufs continue de se
déplacer un peu plus vite et dans un volume légèrement plus important de
l'incubateur.

(d) Depuis le stade de l'œuf embryonné jusqu'à l'éclosion, le débit d'eau doit
être à nouveau augmenté afin de répondre aux besoins en oxygène des
embryons qui se développent. Dans un incubateur à entonnoir, la masse
d'œufs doit se déplacer plus vite et dans environ la moitié du volume total de
l'incubateur.

Exemple

59
De quels débits d'eau aurez-vous besoin ?

(a) Incubation d'œufs de truites dans une auge :

• Il faudra environ 1 l/min pour 1 000 œufs.

(b) Pour des œufs de carpes chinoises dans un incubateur cylindro-conique en plastique
et tissu, il faudra :

• 0,5 à 3 I/min pour le modèle de petite capacité de 35 l ;


• De 0,8 à 5 l/min pour le modèle de capacité moyenne de 81 l.

(c) Pour des œufs de carpe commune incubés en jarres de verre de 7 l, il faudra environ
:

• 0,2 à 0,4 I/min pendant le gonflement des œufs ;


• De 0,6 à 0,8 I/min de la division cellulaire au stade morula ;
• De 1 à 1,2 l /min des phases blastula au début de la formation des yeux ;
• De 1,5 à 2 l /min pendant la formation des yeux jusqu'à l'éclosion.

Débit d'eau dans des jarres cylindro-coniques de 7 l pour œufs de carpe à


différents stades de développement

Notes : Pendant les 10 premières heures, le débit d'eau doit être réglé
successivement à des valeurs allant de 0,2 à 0,4 l/min pendant la phase de
gonflement des œufs (1) et de 0,6 à 0,8 I/min pendant les phases de division
cellulaire/morula (2). Lorsque la phase blastula a commencé, Il faut
augmenter le débit d'eau pour le porter à 1-1,2 l/min (3). Enfin, lorsque la

60
queue, les yeux et la pigmentation des embryons sont visibles, le débit doit
être augmenté à une valeur comprise entre 1,5 et 2 l/min (4).

9.4 Elevage des larves


1. L'élevage des larves intervient
depuis l'éclosion des œufs jusqu'au
moment où les larves :

• Remplissent d'air leur vessie


natatoire ;
• Commencent à nager comme les
poissons adultes, et
• Commencent à manger de la
nourriture exogène.

Les larves deviennent alors ce


qu'on appelle généralement
de jeunes alevins.

Développement des larves


de poissons
2. Cette période larvaire est
marquée essentiellement par le
développement des organes
alimentaires et respiratoires. Le sac
vitellin fournit les substances
nécessaires à la croissance et au
développement. Sa taille diminue
progressivement jusqu'à disparition
complète, un peu après que les
larves ont commencé à absorber de
la nourriture extérieure. La durée de
cette période dépend donc
généralement dans une large
mesure de la taille initiale du sac
vitellin, qui varie d'une espèce à
l'autre, et de la vitesse de
développement des larves, laquelle
dépend avant tout de la température
de l'eau. Pour chaque espèce, il
existe un intervalle optimal de
température, analogue à celui qui a

61
été défini pour l'incubation des œufs
(voir tableau 23). De même, la
durée de la période d'élevage des
larves est définie en degrés-jours
(dj), comme la période d'incubation
(voir section 9.3). Cette durée est
généralement de trois à quatre jours
pour la plupart des poissons d'eau
chaude, mais elle est plus
importante pour les poissons d'eaux
plus froides.

Exemple

Durée de la période d'élevage des


larves à la température optimale.

(a) Eau froide :

• Truite arc-en-ciel : 180 degrés-


jours (dj)

(b) Eau chaude :

Conditions de réussite de l'élevage des larves


3. L'élevage des larves exige que les conditions suivantes soient réunies :

• Température de l'eau appropriée, avec aussi peu de fluctuations que possible ;


• Milieu riche en oxygène (de préférence saturé), en particulier pour les larves
passives (le débit d'eau ne doit cependant pas être trop important) ;
• Milieu propre (les coques d'œufs et les œufs défectueux doivent être éliminés) ;
• Disponibilité d'une nourriture adéquate, soigneusement dispersée parmi les
larves.

4. Il faut en outre prévoir un dispositif d'élevage adapté au comportement


spécifique des larves :

62
• Certaines larves nagent verticalement vers la surface de l'eau, puis retombent vers
le fond, par exemple celles des carpes chinoises, des carpes indiennes et des
poissons se reproduisant dans les rivières d'Amérique du Sud ;
• Certaines larves commencent tout de suite à nager, puis se fixent par la tête à des
objets, par exemple celles de la carpe commune et du poisson-chat européens ;
• Certaines larves reposent sur le fond, tandis que d'autres bougent
occasionnellement ou continuellement, comme celles des truites et des tilapias ;
par la suite, toutes montent vers la surface de l’eau ;
• Certaines larves réagissent fortement à la lumière, à la profondeur d'eau ou au
débit à certains stades de leur développement.

Note : Le comportement des larves peut varier au cours de leur


développement. Il vous faudra modifier les conditions d'élevage en
conséquence.

Comportement des larves

Choix d'un dispositif d'élevage des larves


5. Il existe plusieurs types de dispositifs d'élevage des larves correspondant
à différentes conditions ambiantes.

63
(a) Des enclos en eau statique doivent être utilisés de préférence pour des
larves particulièrement mobiles. Choisissez leur emplacement dans le plan
d'eau de façon à bénéficier des courants créés par le vent (voir section 2.5),
ce qui favorise une bonne oxygénation de l'eau dans les enclos. Il convient
de nettoyer régulièrement les mailles des parois afin de maintenir un bon
renouvellement de l'eau. Ces enclos ont été décrits plus haut (voir section
9.3), par exemple :

• Hapas simples dont les collecteurs d'œufs ont été retirés après éclosion ;
• Hapas doubles dont la poche intérieure a été retirée après éclosion ;
• Caisses grillagées dont les collecteurs d'œufs ont été retirés après éclosion.

(b) Des enclos en eau courante sont également à préférer pour des larves très
mobiles en raison du danger lié au manque d'oxygène dissous dans
certaines parties des enclos. Il est facile d'en confectionner un en procédant
comme suit :

• Construisez un bâti en bois de 60 x 40 x 30 cm ;


• À l'intérieur de ce bâti, fixez du tissu filtrant en nylon, dont les mailles ont de
0,3 à 0,6 mm suivant la taille des larves ;
• Immergez cette caisse dans de l'eau courante de 20 à 25 cm de profondeur ou
faites-la flotter avec des morceaux de mousse de polystyrène en eau plus
profonde. Il faudra un débit d'eau de 5 à 8 I/min pour obtenir de bons résultats.

(c) Des auges alimentées par de l'eau courante, qui conviennent aussi aux larves
actives, sont semblables à celles décrites ci-dessus (voir section 9.3). En cas
d'utilisation pour l'incubation, les claies intérieures sont retirées une fois
l'éclosion terminée et les larves sont élevées dans les auges ; le débit d'eau
doit alors être maintenu à environ 3 à 5 I/min.

(d) Des petits bassins sont également utilisables pour les larves actives ; ils
sont généralement de forme circulaire ou carrée à angles arrondis, construits
en plastique renforcé de fibres de verre, en tôle ondulée, ou encore formés
d'un châssis de bois ou de métal couvert à l'intérieur de PVC renforcé ou de
butyle. Ces bassins ont généralement de 1 à 4 m de diamètre et 80 cm de
profondeur. La profondeur d'eau varie de 10 à 50 cm. Le débit est d'environ
1 à 2 I/min par kilogramme de larves. Chaque mètre cube peut contenir
jusqu'à 5 kg de larves.

(e) Des dispositifs d'élevage en entonnoir conviennent particulièrement bien


pour les larves passives qui restent au fond ou se déplacent peu. Ils peuvent
être obtenus auprès d'entreprises spécialisées (jarres d'alevinage) ou être
fabriqués sur place à partir de divers types de matériaux, par exemple de

64
tissu, de matière plastique ou de fibre de verre (voir paragraphes 7 à 9).
Faites bien attention à deux points particulièrement importants pour l'élevage
des larves :

• La grandeur des mailles du tissu filtrant de la sortie d'eau, placé à la partie


supérieure de l'entonnoir, doit être aussi importante que possible suivant la taille
des larves, généralement de 0,2 à 0,4 mm ;
• Le débit d'eau doit être soigneusement réglé pour éviter la création d'un courant
ascendant trop fort et le blocage des larves contre le tissu filtrant. Il faut un débit
d'eau constant de 0,5 à 1 l /min par tranche de 10l de volume d'élevage.

6. Ces entonnoirs fonctionnent comme indiqué plus haut pour l'incubation


des œufs (voir section 9.3), mais leur taille est généralement plus importante.

Fabrication d'un dispositif simple pour l'élevage des larves


7. Pour élever des larves, vous pouvez réaliser un dispositif semblable à celui
décrit à la section 9.3, mais plus grand. Une fois terminé, ce dispositif est
également suspendu verticalement dans l'eau. Vous trouverez ci-dessous
une liste de matériaux à utiliser pour fabriquer un dispositif d'élevage d'une
capacité de 200 l (60 cm de diamètre).

65
Note : Il faudra un débit d'eau
d'environ 12 à 15 I/min dans ce
type d'entonnoir d'élevage.

66
Conception et utilisation d'un dispositif d'élevage des larves
en fibre de verre
8. Une jarre autonome d'élevage des larves pouvant contenir jusqu'à 500 000
larves peut être fabriquée facilement en fibre de verre, au moyen d'un moule.
Utilisez les dimensions indiquées pour réaliser un modèle de 200 l. A la partie
supérieure de la jarre. Installez un cadre léger soutenant un anneau de
filtrage constitué d'un tissu filtrant synthétique dont les mailles ont de 0,2 à
0,4 mm. Collez la partie inférieure de ce filtre à la paroi de la jarre, au moyen
d'une colle résistante à l'eau, à environ 10 cm au-dessous du rebord. Faites
reposer la jarre verticalement sur un trépied solide constitué de barres de fer
soudées, protégées de la rouille par plusieurs couches de peinture. Veillez à
ce que la partie supérieure de la jarre soit parfaitement horizontale pour que l'eau
puisse s'écouler sur tout le pourtour.

Jarre d'élevage des larves en fibre de verre

9. En cas d'utilisation de cette jarre de grande dimension, il est indispensable


d'avoir un débit constant d'alimentation en eau de 12 à 15 l/min et de nettoyer
régulièrement l'anneau filtrant comme suit :

• Premièrement, nettoyez l'extérieur du tissu, en dégageant simultanément les


larves qui y sont retenues le cas échéant ;
• Nettoyez ensuite l'intérieur du filet, en chassant à travers les mailles tous
fragments de coques d'œufs qui s'y trouvent encore.

67
Dimensions suggérées pour la fabrication d'une
jarre en fibre de verre de 200 l de capacité

Nettoyez régulièrement l'anneau de filtration

Transfert des larves et des jeunes alevins


10. Dans le cas de certains poissons, par exemple les carpes chinoises, il
est possible de transférer automatiquement les larves récemment écloses
directement dans un dispositif d'élevage, par la technique dite du "swimming
out », A cet effet, Il est possible d'utiliser trois dispositifs à entonnoir
en plastique et en tissu (voir section 9.3 et ci-dessus), placés dans un
récipient rempli d'eau. Si tôt l'éclosion commencée, procédez comme suit :

(a) Abaissez le niveau d'eau immédiatement en dessous de l'anneau-support


du tissu filtrant des incubateurs à entonnoir, de façon que les orifices de sortie
des larves se trouvent juste au-dessous de la surface de l'eau du récipient.

68
(b) Installez un dispositif d'élevage des larves de plus grande dimension à un
niveau inférieur, entre les deux incubateurs à entonnoir.

(c) Reliez l'orifice d'évacuation des larves de chacun de ces incubateurs à un


orifice d'entrée ménagé dans le dispositif central d'élevage des larves, au-
dessus de l'anneau-support du tissu filtrant.

11. Si vous n'utilisez pas cette méthode, il vous faudra sortir les larves de
l'incubateur d'une autre façon.

(a) Une fois l'éclosion terminée, siphonnez doucement les larves hors de
l'incubateur. Veillez à placer l'extrémité inférieure du tube de siphonnage
sous le niveau de l'eau dans le récipient de transfert.

(b) A la fin de la période d'élevage des larves, siphonnez de manière


analogue les jeunes alevins hors du dispositif d'élevage ou utilisez une
épuisette à mailles fines.

69
9.5 Conception et organisation d'une petite écloserie

Introduction
1. Maintenant que vous connaissez les principaux éléments dont l'écloserie
est constituée, à savoir les jarres, les auges, les bassins, etc., vous pouvez
envisager de concevoir une petite écloserie proprement dite pour assurer la
production nécessaire. La réalisation de cette écloserie exigera les moyens
suivants

• Une zone abritée, un petit hangar ou un petit bâtiment, comportant un espace


suffisant pour installer les unités d'éclosion et d'élevage des larves ;

70
• Un espace suffisant, généralement à l'extérieur, pour installer des bassins, des
étangs et/ou des cages ou des enclos destinés aux géniteurs et aux géniteurs
potentiels ;
• Si nécessaire, des installations extérieures telles que des bassins, des hapas,
de petits étangs, etc., pour élever les petits et les grands alevins ;
• Un bon approvisionnement en eau, suffisant pour les besoins courants de
l'écloserie et des installations extérieures, ainsi que pour les besoins
supplémentaires liés aux opérations de nettoyage, au renouvellement de l'eau des
bassins, etc. ;
• Un agencement, des voies d'accès et un matériel favorisant un déroulement
rapide et rationnel des manipulations et des transferts de géniteurs, d'œufs, de
larves, d'alevins, etc. ;
• Des conditions de sécurité adéquates et une capacité
d'entreposage suffisante pour les équipements, les matériaux, les aliments, etc.

2. Avant de décider des détails de conception et d'agencement de votre


écloserie, il convient de bien réfléchir à différents aspects.

(a) Examinez le ou les sites éventuels disponibles. Vérifiez la superficie


disponible et son relief (voir Pisciculture continentale., la topographie) et les
possibilités d'approvisionnement en eau (voir Pisciculture continentale., l'eau).
Réfléchissez aux ouvrages dont vous pourriez avoir besoin (voir Pisciculture
continentale : les étangs et leurs ouvrages).

(b) Déterminez les besoins généraux de votre écloserie, afin de définir son type,
son importance et son agencement, en tenant compte des facteurs suivants
:

• Production axée sur une ou plusieurs espèces ;


• Choix d'espèces à cycle de ponte unique ou multiple ;
• Production à un moment particulier de l'année ou tout au long d'une saison, ou
encore pendant toute l’année ;
• Production tributaire de géniteurs extérieurs ou de poissons élevés, stockés et/ou
conditionnés à l'écloserie même ;
• Production nécessaire de jeunes alevins (post-larves), d'alevins avancés ou de
grands alevins ;
• Production adaptée à vos propres besoins et/ou à ceux d'autres pisciculteurs, et
quantités correspondantes ; définissez vos objectifs de production ;
• Travail qui sera effectué par vos soins ou qui demandera de l'aide pendant les
périodes de pointe.

(c) Elaborez un programme d'empoissonnement et de production fondé sur le


type d'informations mentionnées au cours de ce chapitre : nombre et taille
des géniteurs, œufs et alevins, types et dimensions des équipement et
capacité de production, besoins en eau correspondants, etc. Consultez par

71
exemple le tableau 25a et, compte tenu de l'espèce produite et du type
d'équipement à utiliser, estimez :

• Les effectifs des différents stocks ;


• Le type, la taille et le nombre des équipements nécessaires ;
• Le type et l'importance de l'approvisionnement en eau nécessaire.
• Des programmes d'empoissonnement et de production sont indiqués au tableau
25b pour trois espèces différentes et pour des objectifs déterminés de production
de jeunes alevins.

TABLEAU 25a
Paramètres de conception d'une écloserie de reproduction artificielle de
certains cyprinidés

72
TABLEAU 25b
Programmes de production de jeunes alevins de trois espèces de cyprinidés

(d) Poursuivez l'étude de ce programme d'empoissonnement et de


production, compte tenu des données concernant la disponibilité de
géniteurs, le moment, de la ponte, le moment de l'éclosion et les périodes de
première alimentation exogène et d'élevage initial, de façon à établir une
ébauche de programme d'exploitation (voir deux exemples ci-dessous).
Chaque séquence (ponte, éclosion, élevage des larves, etc.) peut être définie
comme un lot ou un cycle.

(e) Examinez le calendrier d'un tel lot ou cycle et demandez-vous si vous


allez opérer avec un seul lot par saison ou par année, ou avec plusieurs (le
cas échéant pour des espèces différentes). Ainsi, lorsqu'un lot est terminé
dans un bassin ou un incubateur, ce bassin ou cet incubateur peut être
nettoyé et utilisé pour le lot suivant. De cette façon, les équipements que
vous aurez installés vous permettront de produire davantage. Préparez enfin
la version définitive de votre programme d'exploitation.

(f) Assurez-vous que l'espace et l'approvisionnement en eau disponibles


suffiront en première approximation aux besoins de la production prévue. Le
tableau ci-dessous pourra fournir des indications utiles. Le cas échéant,
modifiez en conséquence les programmes établis en changeant soit les

73
objectifs de votre production, soit le nombre de cycles, La production prévue
pourrait être réalisée par exemple avec des installations moins importantes,
mais à raison d'un nombre accru de cycles.

PLAN D’EXECUTION

74
PLAN D'EXECUTION

Agencement de l'écloserie
3. Après avoir estimé le nombre et la taille de chacun des éléments
nécessaires à l'écloserie, il est possible d'en définir l'emplacement et la
disposition relative. A cet effet, il convient d'examiner les points suivants.

(a) Le tableau ci-contre peut aussi vous servir à évaluer les superficies
intérieures totales nécessaires pour les bassins de stabulation et les bassins
de ponte, l'équipement d'écloserie, les systèmes d'approvisionnement en
eau, l'espace réservé aux voies d'accès, les zones de stockage et de travail
et, le cas échéant, I ‘espace réservée à un petit bureau/laboratoire,
l'ensemble constituera l'écloserie principale, Dans la plupart des cas, celle-ci
est installée dans un seul et unique bâtiment, bien que les systèmes plus
importants et plus complexes puissent comporter plusieurs bâtiments, par
exemple une unité réservée aux géniteurs, une unité d'éclosion et une unité
d'entretien/stockage.

75
Note : L'espace nécessaire tient compte des canalisations, des supports, etc.
N'oubliez pas de prévoir l'espace nécessaire aux accès - personnel de
l'écloserie, filets, bacs, etc. -, ainsi que l'espace de stockage et les
dégagements nécessaires pour l'entretien de la robinetterie.

(b) Estimez les superficies extérieures nécessaires pour les étangs de


géniteurs, les installations de conditionnement ou de reproduction, les
installations d'élevage des larves et jeunes alevins et les voies d'accès.
Identifiez les zones qu'il convient d'implanter à proximité de l'écloserie
principale et qui, le cas échéant, doivent être partiellement abrités et/ou
clôturés.

(c) Examinez le ou les sites disponibles et définissez un emplacement adapté


et pratique, suffisamment étendu pour qu'on puisse y installer les différentes
zones prévues, mais offrant une configuration raisonnablement concentrée,
facilitant l'agencement du système d'alimentation en eau et des voies
d'accès, et conforme aux exigences de sécurité. Déterminez l'emplacement
du bâtiment de l'écloserie proprement dite.

76
(d) Faites un croquis des implantations réelles prévues sur le site choisi
; dessinez en particulier l'implantation interne de l'écloserie, en vous rappelant
que :

• Le système d'alimentation en eau et de drainage doit être simple et facile à


gérer ;
• L’espace réservé aux accès et aux opérations d'entretien (surtout en ce qui
concerne le circuit d'eau, la manipulation des stocks de poissons et leurs transferts)
doit être suffisant ;
• L’implantation choisie doit être claire et suffisamment aérée pour faciliter les tâches
de nettoyage et d'entretien et pour favoriser l'observation des stocks de poissons
sans les perturber inutilement ;
• Il faut que l'espace de stockage soit bien adapté et suffisant ;
• Il convient de prévoir un espace adéquat pour les opérations de l'écloserie, par
exemple pour examiner les œufs ou les larves, et pour disséquer les géniteurs ;
• Les ouvrages doivent être simples et offrir des possibilités adéquates
de modification et/ou d'extension ultérieure.

Exemple

Les dimensions types d'une écloserie destinée à la production de jeunes alevins de carpes
communes (voir exemple précédent à la page 105) ou d'alevins de tilapias sont résumés
dans le tableau ci-contre.

77
78
Ecloserie simple de 30 m2 pour carpes communes

COUPE AA

Alimentation en eau de l'écloserie


4. L'organisation de l'alimentation en eau de l'écloserie présente une
importance particulière pour son bon fonctionnement. Certains des aspects
à prendre en considération sont les suivants :

79
(a) Il est possible d'utiliser une alimentation en eau par gravité provenant
d'une rivière ou d'un cours d'eau, de l'eau pompée de rivières, d'étangs ou
de lacs, ou encore de l'eau de la nappe phréatique.

(b) Veillez à disposer d'une quantité suffisante d'eau de la qualité voulue


pendant les périodes de fonctionnement de l'écloserie. Contrôlez la qualité de
l'eau (voir chapitre 2).

(c) Il peut s'avérer nécessaire de filtrer l'arrivée d'eau au moyen de grilles


et/ou de filtres (voir section 2.9). S'il s'agit d'eau provenant d'un puits ou de la
nappe phréatique, Il vous faudra parfois aérer l'eau pour être sûr qu'elle
contient suffisamment d'oxygène (voir section 2.7).

(d) Si l'eau n'est disponible qu'à certains moments, Il vous faudra sans doute
prévoir son stockage. Déterminez la consommation quotidienne de l'écloserie
et prévoyez le nombre d'heures ou de jours de stockage nécessaires. Il est
possible d'utiliser à cet effet des bassins en béton ou des étangs de terre
(voir L'eau, chapitre 4). Si le réservoir d'eau est placé à une altitude
supérieure à celle de l'écloserie, l'alimentation en eau peut se faire par
gravité. Sinon, Il faudra utiliser une pompe.

Exemple

Une écloserie consomme 10 l/min d'eau pour l'éclosion, 10 m3/jour pour remplacer l'eau
des bassins de géniteurs et 5 m3/jour pour les opérations de lavage, de nettoyage, etc. La
consommation quotidienne totale est donc égale à :

(10 l/min x 60 min x 24 h/1 000) + 10 m 3/j + 5 m3/j = 14.4 m3/j + 10 m3/j + 5 m3/j = 29.4
m3/j.

Une capacité de stockage équivalente à la consommation de 10 journées d'exploitation


équivaudra par conséquent à 29,4 m3/j x 10 = 294 m3 ; ce volume pourrait par exemple
être fourni grâce à un étang d'une superficie d'environ 300 m3 et d'une profondeur
moyenne de 1 m.

(e) Les besoins en matière de qualité de l'eau sont habituellement différents


pour les géniteurs, pour la ponte et l'éclosion et pour l'alevinage. Il convient
en général de fournir l'eau de meilleure qualité aux zones affectées aux
bassins de ponte et à l'éclosion. Toutefois, vous aurez peut-être la possibilité
de limiter les opérations de traitement de l'eau ou d'utiliser une autre
alimentation en eau pour d'autres parties du système. Si nécessaire, vous
pouvez par ailleurs réutiliser l'eau de l'écloserie dans les étangs d’alevinage
et les étangs de géniteurs.

80
(f) Les tâches de lavage, de nettoyage, etc., exigeront probablement une
petite arrivée supplémentaire d'eau domestique. Les eaux résiduaires ainsi
obtenues ne doivent pas être déversés dans les étangs car elles risquent de
contenir des détergents, des produits chimiques, etc.

5. L'alimentation en eau et le drainage des étangs extérieurs peuvent être


organisés comme pour les étangs piscicoles normaux au moyen de canaux,
de tuyaux et de vannes (voir Les étangs et leurs ouvrages, chapitre 8). On
utilise habituellement un système d'alimentation en eau par canalisation pour les
bassins extérieurs et pour les zones internes de l'écloserie. Ses principales
caractéristiques sont les suivantes.

(a) L'alimentation en eau s'effectue par gravité ou par pompage, soit


directement dans la conduite d'alimentation principale, ou plus généralement
vers un réservoir de tête qui fournit une capacité de stockage de courte durée
et permet de régler le débit alimentant les autres bassins, Il est en général
assez volumineux pour assurer au moins 10 min de débit. Il faut un réservoir de
1 m pour un débit de 100 l/min Dans certains cas, un bassin de stockage
peut servir de réservoir de tête (voir pages 110 et 111).

(b) La base du réservoir de tête est généralement installée à au moins 1 m au-


dessus des bassins de l'écloserie. Le réservoir a habituellement une profondeur
de 0,5 à 1 m et peut être installé contre un mur, sur un bâti en bois ou sur le
toit de l'écloserie. Il peut être en béton, en bois (avec un revêtement de
polyéthylène ou de butyle), en fibre de verre ou en matière plastique. Dans
certains cas, des réservoirs d'alimentation en eau domestique peuvent
convenir.

(c) Le tuyau d'alimentation principal relie normalement le réservoir de tête aux


réservoirs de l'écloserie. Ensuite, des tuyaux d'alimentation secondaires
desservent de petits groupes de bassins, et des tuyaux d'alimentation
Individuels desservent les bassins proprement dits. Ces tuyaux sont
habituellement en PVC ou en ABS. Leur diamètre est fonction du débit à
acheminer et de la hauteur (charge hydraulique) disponible à partir du
réservoir de tête (voir Les étangs et leurs ouvrages, section 3.8). A titre
indicatif, le tableau 26 présente des valeurs types susceptibles d'être utilisés.

81
TABLEAU 26
Diamètres types de canalisations pour écloseries

Installation de l'écloserie
6. Après avoir étudié en détail les questions d'implantation et d'alimentation
en eau, vous pouvez procéder à la construction et à l'équipement de
l'écloserie.

Certains des points à prendre en considération sont énumérés ci-après.

(a) Choisissez un type de bâtiment approprié pour l'écloserie proprement dite.


Il peut s'agir d'un simple abri, d'un bâtiment préfabriqué ou d'une construction
locale traditionnelle, ou encore d'un bâtiment en maçonnerie ou en béton plus
important. Assurez-vous que les fondations conviennent

(b) Vérifiez les couts totaux de mise en exploitation du site (consultez par
exemple Les étangs et leurs ouvrages, section 12.8),des zones externes du
bâtiment de l'écloserie, des installations d'incubation et du système
d'alimentation en eau. Modifiez les quantités et/ou les spécifications, si les
couts ne correspondent pas au budget fixé. Vérifiez que les couts par alevin
produit ne sont pas excessifs par rapport aux normes locales.

82
(c) Une fois la décision prise d'aller de l'avant, faites les préparatifs
nécessaires à la construction des ouvrages. Procédez conformément aux
indications fournies au chapitre 12 du manuel Les étangs et leurs ouvrages.

(d) N'oubliez pas de fixer le calendrier d'exécution du chantier en tenant


compte de facteurs tels que la disponibilité de main-d’œuvre locale,
l'incidence de la saison des pluies ou de la saison sèche, l'approvisionnement
en reproducteurs et le calendrier de la saison de reproduction.

(e) Terminez la réalisation du secteur de l'écloserie en prévoyant les


aménagements appropriés en matière de voies d'accès, de clôtures de
sécurité, d'installations de drainage, et d'autres services si nécessaire.

(f) Les eaux de drainage des différentes unités et des incubateurs s'évacuent
normalement soit par des canaux, généralement en maçonnerie ou en béton,
soit par des tuyaux encastrés dans le sol ou apparents (voir Les étangs et
leurs ouvrages section 3.8, et section 8.2), où figurent des indications
détaillées quant au choix des dimensions nécessaires). Prévoyez la
possibilité de vidanger régulièrement les bassins et les incubateurs. Veillez à
ce que les unités drainées puissent être facilement nettoyées et désinfectées.

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