Vous êtes sur la page 1sur 10

PLAN

INTRODUCTION

I. DESCRIPTION DU TILAPIA

II. MISE EN CHARGE

A. PRODUCTION D'ALEVINS

B. PRODUCTION DE FINGERLINGS

C. PRODUCTION DE POISSONS MARCHANDS

III. NOURRISSAGE

IV. SEXAGE

V. EXPLOITATION

VI. RECOLTE

CONCLUSION
INTRODUCTION

Depuis quelques années, la pisciculture du Tilapia prend de plus en plus d'importance en


Afrique Centrale et l’Afrique de l’Ouest ; c'est que les responsables de ces immenses
territoires cherchent les moyens les plus efficaces et les plus rapides pour pallier la sous-
alimentation des populations africaines, l'une des causes importantes de la lenteur du
développement économique de ces régions par suite du mauvais rendement de la main
d'œuvre. Les hygiénistes et les médecins ont remarqué que si ces populations étaient sous-
alimentées, leur ration journalière présentait surtout un déficit important en protéines d'origine
animale. Ce sont les Belges qui, les premiers, vers la fin de la dernière guerre, ont pensé à la
pisciculture comme source de poisson pour l'alimentation des populations qui avaient
considérablement augmenté dans les régions minières de Katanga autour d'Élisabethville.
I. DESCRIPTION DU TILAPIA
Les Tilapias sont originaires d'Afrique, mais ils ont été introduits dans de nombreux
pays a travers le monde. Ils sont résistants aux maladies, se reproduisent facilement,
consomment une nourriture variée et tolèrent une eau de qualité médiocre avec un faible
taux d'oxygène dissous. La plupart se développeront dans une eau saumatre, certains
s'adapteront a l'eau de mer. Ces caractéristiques rendent les tilapias aptes a l'élevage dans
la plupart des pays en voie de développement. Le plus souvent, ils sont élevés en étangs,
en cages ou dans les rivieres.
Le tilapia possède, comme tous les Cichlidae, une nageoire dorsale très développée, continue,
dont la partie antérieure épineuse n'est pas séparée de la partie molle ; ils ont des dents sur les
mâchoires et sur les os pharingiens. Le genre Tilapia est caractérisé par des dents disposées en
plusieurs rangées (celles de la rangée externe bicuspides, celles de la rangée interne
tricuspides) et par l'absence de canines sur le devant.
Caractères sexuels : La différentiation des sexes est assez aisée chez les individus matures,
grâce à la fente transversale de l'orifice génital femelle. Celle-ci n'apparaît qu'au moment de la
première ponte ; une détermination trop précoce risque de ne diagnostiquer que des mâles.
Cette fente perpendiculaire à l'axe du corps de la femelle est portée par un très court
pédoncule tronconique. L'orifice uréno-génital du mâle se présente sous la forme d'un
minuscule point porté par un court pédoncule conique. Au moment de la période de fraie, ce
pédoncule se prolonge souvent par des filaments plus ou moins longs. Lorsqu’on prend des
mâle et femelle de même âge, la femelle est plus musclée, épaisse avec des nageoires bien
plus larges tandis que le mâle est fin, moins épais avec des nageoires fines, brillantes et moins
développées que celles de la femelle.

Tilapia marchand Différence morphologique entre


tilapia mâle et femelle

II. MISE EN CHARGE

La mise en charge consiste à mettre une certaine quantité de poissons dans un bassin ou dans
un étang. Dans les étangs d'alevinage on va charger avec des tilapias reproducteurs qui vont
pondre et donner naissance à des jeunes. Dans les étangs de grossissement on chargera avec
des jeunes poissons, des alevins que l'on nourrira jusqu'à la taille commerciale. Dans les
cages, on chargera avec des jeunes un peu plus grands, de la longueur d'un doigt, que l'on
appelle communément « fingerlings ».
A. PRODUCTION D'ALEVINS

Selon la méthode traditionnelle on produit des alevins de Tilapia nilotica en une seule fois à
partir de 70 mâles pesant de 190 à 250 g et de 200 femelles pesant de 90 à 120 g dans un
étang de 400 m2. La production, en 5 mois lors de la vidange de l'étang est de 20 000 à 35
000 alevins pesant entre 0,2 et 30 g. Selon la méthode améliorée on charge de la même façon
mais on effectue des pêches intermédiaires à l'aide d'une senne en filet de mailles tricotées de
6 mm de côté. La senne comprend une poche centrale de 7 m, haute de 2 m encadrée de deux
ailes de 8 m de long et de 1,7 m de haut. Cette senne permet de capturer tous les alevins ayant
un poids moyen supérieur à 0,5 g. La première pêche a lieu 30 jours après la mise en charge
des reproducteurs et les suivantes à intervalle de 15 jours. La production cumulée sur 4 mois
d'élevage est de 85 000 alevins et le QN (*) est de 2. On alimente avec un mélange en quantité
égale de son de riz et de tourteau d'arachide ou de graines de coton à raison de 4k
g/jour/étang. L'aliment est distribué deux fois par jour sous forme pulvérulente dans deux
cadres flottant à la surface de l'étang.

Tableau 1 : PRODUCTION D'ALEVINS

- Surface de l'étang: 400 m2


- Mise en charge: 70 mâles - 200 femelles
- 1ere pêche au bout de 1 mois, les suivantes tous les 15 jours
- Aliment: mélange son de riz (50 %) + tourteau d’arachide ou graines de coton (50 %)
- Ration: 15 g/j par reproducteur (4 kg/j) en deux fois - Durée d'élevage: 3 à 4 mois
- Production probable: 60 000 à 80 000 alevins de 0,5 g

B. PRODUCTION DE FINGERLINGS

L'élevage doit conduire à produire des fingerlings de 30 g dans le minimum de temps et en


grande densité: la qualité de l'alimentation est donc importante. Plus l'aliment utilisé est bien
dosé dans ses composants, plus les densités de mise en charge peuvent être élevées et les
rendements obtenus importants. On a le choix entre les aliments simples (un seul sous-
produit) et les aliments composés.

Avec un aliment simple tel que le son de riz, le rendement est de 7 tonnes/ha/an et les
poissons pèsent entre 5 et 30 g au bout de 35 jours d'élevage. Le son est distribué en une seule
fois dans deux cadres flottants à raison de 2 kg/jour pour la même surface (400 m2).

Avec un aliment composé le rendement est de 30 tonnes/ha/an avec une densité de mise en
charge de 25 alevins/m2. La durée de l'élevage est de 2 mois. L'aliment doit comporter 40 %
de protéines dont 1/3 de protéines animales, par exemple: 25 % de son de riz + 55 % de
tourteau de graines de coton + 20 % de farine de poisson (ou 20 % de farine de sang séché
d'abattoir).

La ration journalière doit être ajustée en fonction du poids moyen des poissons. Pour des
individus de moins de 5 g. on donne 10 % du poids total, entre 5 et 10 g. 7,5 %, au-dessus de
10 g on donne 5 % du poids total. Le QN est inférieur à 2.
Le poids moyen des poissons est calculé en pesant un échantillon pêché tous les 8 jours à
l'épuisette ou à l'épervier.

Tableau 2 : PRODUCTION DE FINGERLINGS

- Surface de l'étang: 400 m2


- Mise en charge: 50 à 60 alevins/m2
- Durée d'élevage: 60 jours
- Pêche au bout des 60 jours
- Aliment: 25 % de son de riz + 55 % de tourteau de graines de coton + 20 % de farine de
- Ration: de 5 à 10 % du poids des poissons en élevage
- Production probable: 30 tonnes/ha/an

C. Production de poissons marchands

La production de poissons consommables demande que l'on introduise dans l'étang de


production un poisson prédateur pour réguler la taille des tilapias. Le prédateur le plus
intéressant est un Cichlidé voisin des Tilapias: Hemichromis fasciatus. Le poisson-chat,
Clarias gariepinus, est un autre des prédateurs utilisés. Elle dépend en outre de deux facteurs
principaux:

- la densité de la mise en charge;

- l'aliment ou la fertilisation.

III. NOURRISSAGE

Le nourrissage consiste à préparer la nourriture et à la distribuer. La nourriture peut être


naturelle ou artificielle.

a) Aliments

-La nourriture naturelle comprend des aliments de base: manioc, fruits avariés (banane-
plantain, par exemple). Elle comprend aussi des produits et sous-produits locaux: déchets de
cuisine et de repas, remoulage de maïs, de sorgho, farine basse de riz, son de riz brut, des
déchets industriels: tourteaux d'arachide, tourteaux de graines de coton. On utilise aussi des
sous-produits parfois plus lointains, tel la farine de poisson.

-La nourriture artificielle concerne des produits qui sont achetés tout préparés, étudiés et
fabriqués en usine pour des bovidés, des porcs, de la volaille, des poissons. Ils se présentent
sous la forme de poudres, de granulettes, de granulés dont le conditionnement donne
généralement la formule et la ration à distribuer suivant le nombre et la taille des poissons à
nourrir. Ce sont des produits généralement coûteux s'ils sont importés et que l'on emploie
plutôt dans les élevages en cages.
b) Stockage

La manière dont on entrepose les aliments est importante. Il s'agit en effet de denrées
périssables et consommables. Il est donc nécessaire d'aménager un endroit de stockage aéré
pour éviter la moisissure voire la pourriture des aliments. Il faut concevoir le rayonnage de
façon à les mettre à l'abri des prédateurs: insectes et rongeurs. On n'a pas intérêt à stocker trop
à l'avance: une réserve portant sur quinze jours est suffisante à condition de prévoir le
réapprovisionnement.

c) Distribution

Les aliments doivent être convenablement dosés, pesés ou mesurés avant chaque distribution.
Les distributions doivent être régulières. On doit éviter le gaspillage lors du transport et de la
distribution: verser les farines dans des cadres évitant la dispersion, distribuer dans le sens du
vent.

IV. SEXAGE

Le sexage consiste à déterminer le sexe des poissons et à les trier en fonction du sexe. Cette
opération est indispensable dans un élevage commercial parce que le tilapia est un
reproducteur précoce qui se reproduit souvent (Ch. 3D). Dans un étang où on introduit des
fingerlings non triés sexuellement, non « sexés », on a toutes les chances de trouver au bout
de quatre mois des quantités importantes d'alevins, des petites femelles qui ne grossissent pas
parce qu'elles pondent et incubent sans cesse et des gros mâles commercialisables pour la
consommation de bouche, mais relativement peu nombreux.

Si on empoissonne avec des fingerlings sexés, on élimine le risque d'accouplement et de


reproduction. Le peuplement grossit de façon assez uniforme, exploite seul la nourriture qu'on
lui donne, sans la compétition de nouveaux venus que sont les alevins: on peut ainsi prévoir la
production et les revenus qui en découleront.

S'il s'agit de femelles sexées, on sait qu'elles grossiront moins vite que les mâles parce qu'elles
transforment une partie de la nourriture en gonades (*) et non en muscles. A l'issue du sexage
on choisira les mâles si on souhaite avoir une production rapidement commercialisable.

On peut toutefois élever les deux sexes simultanément et séparément pour mieux exploiter la
production initiale d'alevins: les mâles donneront une production rapide, les femelles une
production un peu plus tardive, ce qui conduit à un cycle de production étalé dans le temps,
intéressant pour la trésorerie de l'éleveur.

L'opération de sexage est pratiquée en faisant passer sur la table de tri les alevins lors de leur
pêche. L'opérateur examine rapidement les orifices génitaux, fait glisser les mâles dans un
trou de la table, les femelles dans un autre trou. Chaque trou correspond à un vivier situé en
dessous ou à une glissière en plastique conduisant aux viviers, les femelles et les mâles ayant
chacun le leur.
Le sexage manuel est généralement pratiqué sur des tilapias d'une taille suffisante pour qu'il
n'y ait pas d'erreur (30 g). Il va de soi que l'on compte les alevins au fur et à mesure qu'on les
sexe.

V. EXPLOITATION

L'exploitation consiste à établir un calendrier des interventions nécessaires à la production que


l'on s'est fixée. Le calendrier est matérialisé par un cahier sur lequel on porte les échéances
des interventions: une sorte de cahier de bord dans lequel figure: « tel jour j'effectue une
pêche de contrôle », « tel autre j'approvisionne en son de riz »...

L'exploitation varie suivant l'importance et la nature de l'élevage: élevage de poisson de


consommation, production d'alevins, élevage autonome produisant alevins et poisson de
consommation, élevages intégrés associant production de volaille et de poisson... La
répartition des étangs, leur taille et leur organisation doivent être étudiées en conséquence. On
va considérer schématiquement deux types d'exploitation.

a) Exploitation intensive
 Production de poisson marchand

- durée de l'élevage: 150 j;

- densité de mise en charge: 3,2 tilapias mâles/m 2;

- poids moyen à l'introduction: 30 g; aliments (voir ci-avant);

- rendement escompté: 16 tonnes/ha/an.

La quantité de fingerlings de 30 g nécessaire pour l'obtention de ce rendement sur un hectare


d'étangs sera de: 3,2 x 2 x 10 000 x (365/150) = 160 000 fingerlings.

 Production de fingerlings

- durée d'élevage: 90 j;

- densité de la mise en charge: 50 alevins/m 2:

- taux de survie: 90 %.

La production de 45 fingerlings/m 2 est réalisée en 90 jours; la production de 160 000


fingerlings exige donc: (160 000/45) x (90/360) = 890 m2, soit environ 9 ares.

Si on admet une perte de 10 % lors du transfert des fingerlings dans les étangs de production,
c'est une superficie de 10 ares qu'il faudra consacrer à la production de fingerlings.

b) Exploitation extensive
 Production de poisson marchand

- durée d'élevage:145 j;
- densité de mise en charge: 1,2 mâle et femelle par m2;

- poids moyen à l'introduction: 30 g;

- aliments: son de riz;

- rendement escompté: 5,2 tonnes/ha/an.

La quantité annuelle de fingerlings nécessaire pour l'obtention de ce rendement sur un hectare


d'étangs sera de: 1,2 x 10 000 x (365/145) = 30 000 fingerlings de 30 g

 Production de fingerlings

- densité: 3,25 alevins/m 2:

- taux de survie de 90 %;

- alimentation au son de riz.

La production extensive de 30 000 fingerlings exige une superficie d'étangs de: (30 000/2,9) x
(35/360) = 1 000 m2

d) Exploitation mixte
 Production de poisson marchand

Ce sont les données de (a) concernant un élevage intensif:

 Production de fingerlings

Ce sont les données de (b) concernant un élevage extensif:

- densité: 3,25 alevins/m 2;

- taux de survie de 90 %;

- alimentation au son de riz.

La production extensive de 160 000 fingerlings exige une superficie d'étangs de:(160 000/2,9)
x (35/360) = 5 300 m2

e) Production en cages

La mise en charge des cages de production est généralement de l'ordre de 120 Tilapias de 20 à
30 g par mètre cube de cage immergée. Le cycle de production est de 5 mois, donnant un
rendement de 25 à 30 kg/m 3 de poissons de 250 g. Le QN est de 2,5.

VI. RECOLTE

La récolte du poisson doit toujours être effectuée à la fraîcheur, tôt le matin avant que le soleil
soit haut dans le ciel. On procède différemment suivant que l'on vide l'étang ou non.
a) Récolte Intermédiaire

Si on ne vide pas l'étang, on pêche à l'épuisette ou au filet senne ou épervier généralement


pour assurer la vente d'une quantité de poisson bien déterminée que l'on n'a pas besoin de
stocker en attente. Les poissons sont immédiatement triés; ceux qui ne répondent pas à la
commande sont remis à l'eau.

b) Récolte totale

La récolte totale est opérée lors de la vidange totale du bassin ou de l'étang. S'il s'agit de
surfaces en eau inférieures à un hectare, on commence à baisser le niveau d'eau la veille pour
mettre à sec et pêcher le lendemain matin. Si la superficie est supérieure, pour ne pas affoler
le poisson, on abaisse progressivement par paliers d'une demi-journée par hectare jusqu'à 5
hectares. Lors de la vidange du bassin ou de l'étang, le poisson se concentre au pied du moine
ou de la vanne ou bien en aval dans la pêcherie si on en a construit une. Il ne faut donc pas
attendre qu'il y ait une forte concentration pour commencer à récolter sinon le poisson en
souffrirait.

Tout doit donc être préparé à l'avance sur la digue ou sur les abords de l'étang pour entreposer
le poisson, le trier, le peser, le mettre en attente ou l'expédier. Chaque opérateur doit avoir une
tâche bien déterminée et ses outils appropriés. Le pêcheur au bas du moine ou dans la
pêcherie doit avoir son épuisette, le transporteur son seau ou sa bassine, le trieur sa table de tri
et ses bacs de stockage sous la table, le poseur sa bascule ou son peson.

Le propriétaire doit noter tous les apports pesés et tous les enlèvements pesés. L'acheteur doit
être là avec son matériel de transport sinon le propriétaire de l'étang doit disposer d'un bassin
d'attente où seront entreposés les poissons.
CONCLUSION

En somme, on peut déduire que la tilapiaculture est d’une grande portée dans la pisciculture
Africaine en ce sens que les tilapias sont des espèces rustiques tolérantes qui se reproduisent
très facilement, avec une très bonne adaptation au climat tropical. Elle est souvent pratiquée
de façon naturelle dans les espaces aquatiques naturels, mais la majorité des grands
pisciculteurs effectuent un élevage en milieux contrôlé. Les pisciculteurs, malgré leurs efforts
à produire plus de poissons, n’arrivent pas encore à couvrir les besoins de la population
africaine en matière de poisson.

Vous aimerez peut-être aussi