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N° ISBN 978-9954-9289-3-6 N°DL 2015MO0040

PREAMBULE la vulgarisation des résultats auprès


des investisseurs et professionnels
Les premières activités aquacoles potentiels.
au Maroc ont débuté il y a une Ce dernier point correspond
cinquantaine d’années et ont consisté justement à l’une des principales
en élevages ostréicoles dans la lagune missions de l’Institut National de la
de Oualidia, devenue grâce à la Recherche Halieutique. A cet égard,
conjugaison de conditions l’INRH est chargé d’entreprendre tous
hydroclimatiques favorables, la capitale types de recherche et
de l’huître du Royaume, dont la d’expérimentation, à même d’assurer la
renommée dépasse aujourd’hui les promotion et le développement du
frontières nationales. secteur aquacole de notre pays.

Les essais d’élevage intensifs de Dans ce cadre, un centre spécialisé


poissons marins, n’ont été initiés qu’à en aquaculture a pu être réalisé au
partir des années 1990, au niveau de niveau de M’Diq sur la côte
certains sites méditerranéens propices à méditerranéenne et ce, grâce à la
ce type d’aquaculture. A l’heure coopération maroco-japonaise. Le
actuelle, seuls trois projets de genre ont choix de ce site se justifie par le fait
pu être implantés. Toutefois, ces que notre côte méditerranéenne est tout
derniers connaissent de sérieuses à fait propice à l’élevage intensif en
difficultés aux plans technique, cages flottantes.
économique et commercial, mais
Dans une première phase, les
également à cause des pertes générées
activités du centre étaient consacrées
par les intempéries.
exclusivement à l’aquaculture d’une
Ainsi donc, l’aquaculture espèce de grande valeur ajoutée, en
marocaine n’arrive pas à atteindre sa l’occurrence, le thon rouge. Par la suite,
vitesse de croisière, en dépit des le centre a entrepris un programme de
potentialités qui laissent entrevoir tout à diversification des espèces en élevage,
la fois l’étendue et la qualité du littoral. dont les résultats obtenus à ce jour, ont
L’assise d’un développement véritable été concluants et permettent le
de cette branche d’activité dépendra de lancement de l’élevage de nouvelles
deux conditions qui nous paraissent espèces.
essentielles : Parallèlement à ce programme axé
 Une volonté politique confirmant la sur la pisciculture marine, des essais
vocation aquacole du Maroc et conchylicoles ont été entrepris en
intégrant l’aquaculture dans la plusieurs sites du littoral atlantique,
stratégie de la sécurité alimentaire notamment au niveau de la baie de
 L’adaptation des techniques Dakhla et de la région d’Agadir. Les
aquacoles aux conditions locales, premiers résultats obtenus par ces
leur diversification, la essais récents, se sont avérés
démonstration de leur faisabilité et particulièrement prometteurs.
certaines communautés de petits
En effet, le littoral atlantique de pécheurs dont une partie de leur
part la qualité de ses eaux baignées par activité est basée sur le ramassage
des courants froids appelés upwellings, des algues et des coquillages, en
apparaît comme propice aux activités favorisant la productivité des
conchylicoles, grâce à sa productivité espèces exploitées.
primaire élevée, et à son
hydrodynamisme intense. Ainsi donc, si Il va sans dire, que tout
la Méditerranée recèle de réelles développement aquacole devrait
potentialités en matière d’élevages s’intégrer dans une vision globale
intensifs de poissons, le littoral d’aménagement du littoral, basée sur le
atlantique quant à lui, pourrait dans un concept de planification écologique et
futur proche, permettre le qui tient compte des secteurs autres que
développement de plusieurs pôles celui lié aux activités halieutiques.
d’industrie conchylicole.
Le document technique ci-après, a
Il convient de souligner que pour objectif de présenter les résultats
l’aquaculture se caractérise par de obtenus sur les essais d’élevage
nombreux atouts : entrepris par l’INRH au cours de cette
dernière décennie (1992-2002).
 l’aquaculture peut permettre
d’augmenter la production de Ainsi, cet ouvrage s’articule en
certaines espèces non débarquées cinq chapitres consacrés aux espèces
par la pêche ou produites en principales qui ont fait l’objet des ces
quantité insuffisante ; essais, à savoir : Le thon rouge, le
 l’aquaculture peut contribuer à la pagre, l’huître japonaise, la coquille
reconstitution et à la régénération de Saint-Jacques du Pacifique et les deux
certains stocks surexploités ou en espèces de moules indigènes. Chacun
voie d’extinction, grâce à des de ces chapitres est précédé d’une fiche
opérations de repeuplement. Celles- synthétique présentant les résultats les
ci sont réalisées au moyen de la plus saillants
production en milieu artificiel
(écloseries), d’alevins de poissons,
de naissains de coquillages et de
post-larves de crustacés.
 Par leur aptitude à s’intégrer
parfaitement dans les milieux où
elles s’implantent, les activités
aquacoles contribuent à valoriser les
sites naturels, sans bouleverser leur
équilibre écologique. De plus, elles
contribuent également au
renforcement de la biodiversité,
grâce à la production massive des
espèces en élevage.
 L’aquaculture pourrait enfin
contribuer à la promotion et à
l’élévation du niveau de vie de
PLAN GENERAL
DU DOCUMENT

Ce rapport est composé de cinq parties distinctes :

 Projet de recherche et de développement d'aquaculture 7


du thon rouge

 Elevage larvaire et prégrossissement du pagre 42


commun

 Elevage de moules dans la baie d'Agadir 79

 Elevage des huîtres dans la baie de Dakhla 105

 Elevage de la coquille Saint Jacques du Pacifique dans 125


la baie d'Agadir

Chacune de ces parties comprend deux volets :

 une fiche synthétique qui résume les principaux résultats


de l'essai et qui est placée au début ;
 un chapitre qui décrit en détail les aspects biologique et
technique de l'élevage. Celui-ci s'adresse aux personnes
souhaitant s'investir dans des projets aquacoles.
CONTEXTE ET OBJECTIFS

La production aquacole marine mondiale est passée de 12,1 millions de


tonnes en 1998 à 13,1 millions de tonnes en 1999. La production aquacole
mondiale, y compris l’aquaculture continentale, est dominée par les pays
asiatiques, en particulier la chine qui a signalé des accroissements de
production de 0,7 million de tonnes par an jusqu’à 1992, et de 2,6 millions
de tonnes par an par la suite. Ce développement massif est dû à
l’encouragement de ces pays à l’aquaculture en tant qu’activité de
subsistance. Alors que l’Asie, les Amériques et l’Europe ont connu une
expansion de la production aquacole, l’Afrique a été lente à développer ses
possibilités. Contrairement à l’Asie, l’Afrique n’a pas une tradition bien
établie en matière d’aquaculture et a rencontré un certain nombre de
difficultés extérieures qui ont fait obstacle à une gestion et à un
développement adéquat de ce secteur, en dépit des investissements engagés
(source : FAO).

L'apparition de l’aquaculture marine au Maroc remonte aux années 50 avec


la création des parcs ostréicoles à Oualidia. Ce n'est que durant le début de
l'année 1990 que l'aquaculture marine a pris une forme moderne
d'exploitation avec la création de deux fermes aquacoles qui ont fait passer
la production de 591 tonnes en 1992 à 1100 tonnes en 1997. Cette évolution
a surtout concerné les poissons, en particulier le loup et la daurade qui sont
les principales espèces élevées. Par contre, la production d’huîtres, stagne
depuis plusieurs années.

Actuellement, l’aquaculture marine nationale représente une production de


l’ordre de 1500 tonnes et un chiffre d'affaires d'environ 100 millions de
dirhams. Les poissons représentent 88% de la production et les coquillages
12%. En comparaison avec la production halieutique, la production aquacole
ne représente que moins de 0.2% de la production totale de la pêche
nationale.

Aujourd'hui, le secteur aquacole est dans une situation très critique :


 Sur plus d’une vingtaine de projets autorisés par le Ministère des
Pêches Maritimes entre 1990 et 2002, seulement quelques-uns uns
ont été concrétisés ;
 L’ensemble des sociétés piscicoles marines connaissent une crise
financière grave due à la chute des prix de vente de loups et
daurades sur le marché européen. Confrontées en plus à des
problèmes de gestion, certaines de ces sociétés ont déjà fait faillite
et d’autres risquent d’arrêter leur activité si la situation du marché
ne s’améliore pas dans les prochains mois.

Cette situation interpelle l’ensemble des intervenants dans le secteur et


nécessite l'élaboration d’une nouvelle stratégie avec l'engagement de l'Etat à
doter le secteur des moyens nécessaires à son développement, lequel aurait
7

un impact indéniable sur l'économie, l'emploi, la préservation de la


biodiversité, ainsi que sur la reconstitution des stocks.

En effet, l’aquaculture peut s’adresser à des espèces non produites par la


pêche ou produites en quantité insuffisante. En augmentant la production
de ces espèces, l'aquaculture serait en mesure de générer des ressources et
de l’emploi.

L'aquaculture peut également contribuer à la préservation et à la


valorisation de certaines zones du littoral en les réservant à des projets
aquacoles respectant les conditions écologiques et naturelles du site, à
l’exemple des lagunes de Nador et Oualidia et dans un proche avenir celui de
la baie de Dakhla.

L'aquaculture présente aussi l'intérêt de contribuer à la reconstitution et à


la régénération de certains stocks surexploités. L’on sait que certaines
espèces sont menacées d’effondrement voire même de disparition, tel le cas
de l’alose et probablement celui du mérou et de la palourde. L’aquaculture
peut contribuer à sauver et régénérer ces stocks car il est possible de
produire des alevins, des naissains ou des post-larves de manière artificielle,
dans des installations aquacoles (écloseries) et de les remettre par la suite
dans le milieu naturel.

En outre, le développement de l'aquaculture va dépendre du nombre de sites


propices et de l’adéquation espèce - site - technologie qui restera la condition
première de viabilité. C'est pourquoi, l’effort de la recherche a été axé, d’une
part, sur l’identification, la classification des sites potentiels en aquaculture
ainsi que l’étude de leur fonctionnement écologique et, d’autre part, sur la
maîtrise de la technologie de reproduction des poissons marins en milieu
contrôlé.

C’est dans ce cadre que des essais aquacoles ont été entrepris par l’INRH.

Ces essais ont porté sur trois espèces de coquillage, la moule, la coquille
saint jacques et l’huître. L'objectif était d’inciter au développent de la
conchyliculture nationale, qui s’est limitée, depuis les années cinquante, à
l’ostréiculture, avec cinq parcs à huîtres basés à Oualidia, dont la production
est destinée principalement au marché local.

Concernant la pisciculture marine, surtout celle visant le marché extérieur,


l’objectif de l’INRH était d’inciter à la diversification des espèces en élevage
car la production méditerranéenne en loup et dorade est passée de 47.500
tonnes (en 1996) à 85.000 tonnes (en 2000), alors qu’elle n’était que de 9900
tonnes en 1991. Ce développement rapide a provoqué, dans la plupart des
pays producteurs, une situation de crise suite aux difficultés générées par
l’effondrement persistant des prix. C’est dans ce cadre que l’INRH a renforcé
ses capacités de recherche en matière de reproduction artificielle de poissons
marins (reproduction de pagres et de thons rouges) et a entamé des essais
d’élevage de thons rouges et de pagres en offshore.
8

JUSTIFICATIFS ET CHRONOLOGIES DES ESSAIS

 PROJET D’AQUACULTURE DU THON ROUGE

Inscrit dans le cadre de la coopération maroco-japonaise, le Projet de


recherche et développement de l'aquaculture du thon rouge a démarré en
1993. Basé à M'diq, ce projet visait essentiellement à contribuer au
développement de la recherche et de la technologie de reproduction contrôlée
du thon rouge à des fins de repeuplement.
Il consiste à élever des thons rouges géniteurs dans une grande cage flottante
amarrée au large de M'diq, en mer ouverte afin d'en étudier leur aptitude à
l'élevage en captivité à longueur de l'année et, notamment, leur hivernage et
leur aptitude à se reproduire en captivité.
 Chronologie
1ère étape : Essais d’élevage en offshore
De 1993 à 1996, les travaux entrepris ont permis de maîtriser les
techniques d'élevage en captivité des géniteurs de thon rouge et
d'étudier le déroulement de leur processus de maturation gonadique
dans les conditions locales du site d'élevage.
2ème étape : Construction de l’écloserie
Parallèlement à cette phase de recherche, les travaux de construction
d’un complexe aquacole composé d'une écloserie équipée en unités de
production des proies vivantes et d'élevage larvaire, d'un laboratoire,
des moyens en mer et des aires de stockage d'aliments ont été achevés
en 1996.
3ème étape : Essais de reproduction du thon rouge
En 1997, le Projet a acquis ses propres structures d'élevage en mer et
du transport des poissons à l'état vivant.
4ème étape : Fin du projet thon rouge
En mars 2001, le projet de coopération avec l’OFCF (Overseas Fishery
Cooperation Foundation) en matière d’élevage de thons rouges a pris
fin.

 DIVERSIFICATION DES ESPECES DE POISSONS EN AQUACULTURE

Après mars 2001, la gestion globale du complexe a été confiée à l’INRH.


Ainsi, ce projet a été restructuré en CENTRE DE RECHERCHE AQUACOLE
spécialisé qui a pour mission d'entreprendre des recherches approfondies
dans les domaines suivants :
- L’élevage larvaire
- La nutrition de poissons
- La pathologie de poissons
- La technologie aquacole
9

Dans ce cadre, un projet de diversification de poissons d’intérêt aquacole a


été initié en août 2000 et s’est fixé comme objectifs, l’étude de faisabilité et la
définition de protocoles d’élevage larvaire et de prégrossissement des espèces
suivantes, Pagrus pagrus (pagre), Dentex dentex (denté) ; Epinephelus
alexandrinus (mérou commun), et Epinephelus marginatus (mérou
d’alexandrie). Toutes ces espèces ont été choisies sur la base de leur valeur
commerciale élevée mais les techniques de leur reproduction restent encore
au stade expérimental.
Au cours de l’année 2000/2001, l’effort de recherche a été axé principalement
sur la reproduction et l’élevage du pagre, (Pagrus pagrus) en tant qu’espèce
potentielle pour la pisciculture marine au Maroc. Les objectifs fixés dans ce
travail sont la définition de protocoles d’élevage larvaire, de prégrossissement
et d’évaluation des performances de croissance de cette espèce à haute valeur
marchande.
 Chronologie
1ère étape : Constitution du stock géniteurs
Entre septembre 2000 et février 2001, les géniteurs étaient pêchés
dans la baie de M’diq.
2ème étape : Pontes et incubation des œufs :
Cette opération a été réalisée entre mars et mai 2001.
ème
3 étape :Elevage larvaire
Entre avril et juillet 2001, les larves écloses étaient transférées et
mise en bassins larvaires jusqu’au sevrage. Il s’agit de la phase la
plus critique
4ème étape : Prégrossissement
Entre juillet et septembre 2001, les alevins sevrés sont comptés puis
transférés dans des bassins où ils subissent la phase de
prégrossissement.
5ème étape : Cages en mer
En septembre 2001, les juvéniles ont été transférés en cages placées
dans la baie de M'diq .

 LES MOULES

Les moules, récoltées sur les rochers dans la zone de balancement des
marées, ont un appareil byssogène extrêmement développé pour résister à
l'hydrodynamisme très fort dans la zone littorale. Leur mise en culture
permet à la fois d'améliorer considérablement la qualité de ce bivalve (gain de
masse, diminution du byssus, qualité de chair différente...) et de rendre son
contrôle sanitaire facile et très efficace et ce, compte tenu de l'apparition très
fréquente de bloom phytoplanctonique toxique le long du littoral national.
Le choix de la région d’Agadir pour abriter cet essai, a été fait sur la base de
considérations océanographiques, de l’existence d’une forte tradition de
consommation de moules et d’un marché potentiel que pourrait offrir une
grande ville touristique.
10

 Chronologie
1ère Etape : Identification du site
Cette étape a été réalisée entre 1998 et 1999. Elle a porté sur
l’identification d’un site potentiel pour l’implantation du projet. Cette
partie à fait l’objet de plusieurs études en collaboration avec la Faculté
des Sciences d’Agadir et de plusieurs missions de prospection
d’experts de la FAO dans le cadre du programme UTF/MOR/017/MOR
de la FAO.
2ème Etape : Choix de la zone d’élevage
Après l’identification du site potentiel dans la région d’Agadir, le choix
de la zone propice pour l’installation des structures d’élevage a
nécessité la réalisation d’une étude océanographique (sédimentologie,
hydrologie et courantologie). Cette étude a été réalisée en avril-mai
2000.
3ème Etape : Installation des structures d’élevage
Cette étape a été réalisée en juillet 2000. Une fois la technique
d’élevage a été retenue, validée et les données d’étude océanographique
(profondeur, intensité et direction du courant…) acquises, quatre
structures d’élevage ont été installées en offshore.
4ème Etape : Mise en élevage des naissains
Deux mois après l’installation des structures d’élevage, période
correspondant nécessairement à la stabilisation des structures et à
défaut de l’existence d’une écloserie, deux lots de naissains de moules,
de taille comprise entre 5 à 15 mm ont été récoltés dans les sites
avoisinants et mis en élevage au mois de décembre 2000 et février
2001.

 LES HUITRES

Si les premiers parcs ostréicoles ont été crées depuis 1953 dans la lagune
de Oualidia, la production marocaine en huître creuse n'a pas encore atteint
son niveau optimum et ce, malgré la présence de plusieurs sites adéquats à
ce type d'élevage. Le développement de cette culture est peut être freiné par
la sursaturation du marché européen en ce produit.

Cependant, la production industrielle constitue un nouveau créneau à


développer notamment par des cultures à grande échelle dont la production
serait destinée à une transformation de l’huître en un produit à haute valeur
ajoutée (produit para-médical). C'est dans cette optique que la baie de
Dakhla a été choisie. Les essais d’élevage ont été réalisés en octobre 1996. Et
ce, grâce à la collaboration de la Société Marost.
11

 Chronologie
1ère étape : Prospection du site
Cette étape a été réalisée entre 1991 et 1996 par l’étude
océanographique pluridisciplinaire de la baie. Cette étude détaillée
était nécessaire compte tenu de notre méconnaissance totale du
fonctionnement de ce site.
2ème étape : Choix de la zone d’élevage
Le choix a été fait en juin 1996.
ème
3 étape : Installation des structures d’élevage
L’installation des structures d’élevage a eu lieu en septembre 1996.
ème
4 étape : Mise en élevage des naissains
Sur les filières ont été amarrées des corbeilles, caisses, brochettes,
dans lesquelles ont été placés les naissains en octobre 1996. Une
partie des naissains a été fournie par la Société Marost.

 COQUILLE SAINT JACQUES DU PACIFIQUE

La réalisation de l’essai expérimental d’élevage de la coquille saint jacques a


été faite dans le cadre de l’étude de la faisabilité du projet "Sea ranching" dans
la baie d’Imessouane. Ce projet vise le peuplement de cette baie par la coquille
saint jacques, espèce, non autochtone, introduite dans la lagune de Khnifiss
en 1996 par une société privée.
Le choix de cette zone s’est fait sur la base des caractéristiques
océanographiques et de la présence d’un village de pêche où l’existence d’une
coopérative de marins - pêcheurs locaux est la condition première de viabilité
et pérennité d’un tel projet.
Le choix de l’espèce est fait sur la base de la demande du marché étranger et
de sa haute valeur commerciale.
 Chronologie
1ère étape : Prospection du site
Cette étape a été réalisée en 1997
ème
2 étape : Choix de la zone d’élevage
Une fois le site potentiel déterminé, une étude océanographique
(hydrologie et courantologie) a été réalisée en juillet –août 1998 et ce,
afin d’identifier l’aire adéquate pour l’installation des structures
d’élevage.
3ème étape : Installation des structures d’élevage
L’installation des structures d’élevage a eu lieu en septembre 1998.
ème
4 étape : Mise en élevage des naissains
Après une période de stabilisation des structures d’élevage (2 à 3
mois), les naissains de coquille saint Jacques, importés du Canada par
la Société AQUASUR, sont mis en prégrossissement en décembre
1998.
12

PROJET DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT


D’AQUACULTURE DU THON ROUGE
INRH- Fiche synthétique 7
Projet d’élevage du Thon Rouge d’Atlantique à M’diq

THON ROUGE D’ATLANTIQUE Il se reproduit de mi-avril à juin


dans le golfe du Mexique et détroit
de Floride et de fin mai à juillet en
Méditerranée, autour des îles
Baléares et la partie comprise entre
la Sicile, la Sardaigne et le sud de
l’Italie.

La température optimale du frai est


supposée de 24°C. Cependant, il
semble qu’il existe une relation
inversement proportionnelle entre
la température optimale de
 Informations générales reproduction et l’âge. les thons
rouges géants semblent se
reproduire à des températures
Nom Scientifique : situées entre 19 à 22°C alors que
Thynnus thynnus thynnus les thons rouges plus jeunes entre
23 à 25°C.

L
e Thon rouge un poisson
téléostéen pélagique et grand A la naissance, il possède une
migrateur. Il appartient à la faible régulation thermique qui
famille des scombridés et est s'améliore au fur et à mesure avec
rencontré en Océan Atlantique et l'âge. L'optimum physiologique de
en Méditerranée. température est d'environ 24°C ; la
gamme thermique s'étend par la
Il peut atteindre des tailles de plus suite avec l'âge.
de 300 cm et des poids individuels
qui dépassent les 650 kg. Sa Plusieurs aspects de son cycle
longévité est de plus de 20 ans, biologique sont encore méconnus à
voire même plus de 30 ans. ce jour.

Son aire de répartition  Pêche


géographique s’étend avec l’âge. Sa
capacité d’adaptation thermique lui La pêche au thon rouge est l'une
permet de migrer, au stade adulte, des plus anciennes activités
vers des eaux froides . organisées au niveau mondial.

Il se nourrit généralement de Les techniques de pêche employées


poissons, de calamars et de sont variées dont les madragues et
crustacés. les sennes tournantes.

Sexe séparé ; sa première maturité La production totale du thon rouge


sexuelle est obtenue à un âge de 4 de l’Atlantique était de 34.258
à 5 ans en Méditerranée et de 8 tonnes en 1999. La part marocaine
ans en golfe du Mexique. était de 2.227 tonnes.
INRH- Fiche synthétique 8
Projet d’élevage du Thon Rouge d’Atlantique à M’diq

 Elevage

L’élevage du thon rouge qui est une


activité récente en Méditerranée se
base sur la capture de thons sauvages
qui sont par la suite engraissés dans
des cages flottantes en mer avant
d’être exportés principalement vers
le marché japonais.

En 2001, 12 fermes d’élevage du


thon rouge existent en
Méditerranée. Leur production est
de 11.000 tonnes représentant  Techniques d’élevage
plus de la moitié de la production
mondiale de thons d’élevage. Au total, 181 thons géniteurs ont
été mis en élevage dans des cages
Projet de recherche à M’diq
flottantes de 120x40x30 m de
dimension amarrées dans une zone
Réalisé depuis décembre 1992
ou la profondeur est de 45m.
jusqu’à mars 2001, ce projet a été
entrepris dans le cadre de la
coopération, entre le Royaume du
Maroc et le Japon.
Deux lots de géniteurs de thon
Sa finalité principale est de
contribuer aux efforts de
préservation de cette ressource
naturelle. Il visait à développer une
technologie d’élevage en mer
ouverte et de reproduction en
captivité du thon rouge.

 Site d’élevage

La baie de M’diq, située au nord-


ouest du Maroc, a été choisie en
tant que site d’implantation de ce
projet. Cette zone est connue par
son activité de pêche de thon rouge rouge ont été constitués :
par madrague et aussi par ses
élevages d’engraissement entrepris  Le premier lot se composait de
dans les années 80 et début des 75 thons géants, acquis auprès
années 90. de la madrague locale de M’diq,
en décembre 1992 et en
septembre 1993.
INRH- Fiche synthétique 9
Projet d’élevage du Thon Rouge d’Atlantique à M’diq

 Le second lot comprenait 106


300
thons jeunes, transportés
depuis Cartagène en Espagne 250

Taille (cm)
jusqu’à M’diq, dans une cage de
transport remorquée par bateau 200

à une vitesse de 1 à 1,5 nœuds. 150


La durée du trajet était de 11
jours durant lesquels aucune 100
mortalité de thons n'a été 17.12.96 05.05.97
Date
15.08.99

observée. Croisssance en taille des géniteurs de thon rouge


jeune élevés à M'diq

Les géniteurs de thon rouge en


élevage ont été nourris A l'acquisition, le lot de thon jeune
quotidiennement avec deux rations avait un poids moyen individuel de
alimentaires. Ces dernières se 55 kg. Il a atteint environ 350 kg
composaient de maquereaux, de après quatre années d’élevage. Le
chinchard et de faux calamars. taux annuel d’accroissement
pondéral était de l’ordre de 75 kg
 Aspects biologiques
par an.
Croissance pondérale
4,50

4,00

3,50

650
Poids (kg)

3,00

2,50

550 2,00
Poids (kg)

1,50

450 1,00

0,50

02.10.95 31.10.95 20.12.95 20.01.96 06.02.96


350
Date
Croissance en poids des juvéniles de thon
250
1 5.1 2.92 1 6.06.93 1 5.09.93 1 9.04.94 20.06.94 1 6.05.95 02.02.96
rouge élevés à M'diq
Date
Croissance en poids des géniteurs de Une tentative d’élevage de juvéniles
thon rouge géant élevés à M'diq de thon rouge, capturés par
madrague en octobre 1995, a été
A l'acquisition, le lot de thon géant effectuée en cages flottantes en
avait un poids moyen individuel de mer ouverte. Ces juvéniles avaient
256 kg. Il a atteint environ 400 kg un poids moyen individuel initial
après trois ans d'élevage. La valeur de l’ordre de 900gr et ont atteint
maximale obtenue en élevage était environ 3 kg après quatre mois
de 612,4 kg. Le taux annuel d’élevage avec un taux de mortalité
d’accroissement pondéral était de de 3,%. La totalité de ces juvéniles
l’ordre de 50 kg. a été perdu suite à une tempête
survenue durant le mois de février
1996.
INRH- Fiche synthétique 10
Projet d’élevage du Thon Rouge d’Atlantique à M’diq

effectuent leur maturation


gonadique de janvier à juillet avec
Alimentation un frai observé une seule fois au
mois de mai. Les valeurs
Les variations saisonnières des maximales, obtenues au mois de
quantités consommées en aliment mai, ont été de l’ordre de 4,5 %
sont plus marquées chez les thons pour les femelles et 3,0 % pour les
jeunes. Les valeurs élevées sont mâles.
enregistrées entre octobre et
novembre, les plus basses entre Le comportement de poursuite a
juin et juillet. été observé pour le lot de thon
géant durant les années de 1993,
Les quantités moyennes consommées par 1994 et 1995. Celui du frai a été
jour et par individu sont comprises entre
4,0 et 12,0 kg pour les thons géants. Leur observé seulement une fois en mai
taux journalier de nourriture consommée 1994.
varie entre 2,0 et 2,9% (kilo d'aliment
consommé par jour par cent kilos de Mortalités
thons).
Au total, dix échantillonnages (de 5
Quant aux thons jeunes, les à 6 thons chacun) ont été effectués
quantités moyennes consommées totalisant un effectif de 53 thons.
par jour et par individu sont
comprises entre 1,5 et 4,1 kg. Leur Comme mentionné précédemment,
taux journalier de nourriture les grandes mortalités hivernales
consommée est variable entre 1,5 (survenues suite à de fortes
et 3,0 %. tempêtes accompagnées par des
précipitations abondantes) ont
Les performances en matière de totalisé une perte de 112 thons
conversion alimentaire sont de géniteurs. Ces tempêtes ont eu lieu
l’ordre de 10,7 (quantité en kg en février et décembre 1996,
d’aliments consommée pour janvier 1997 et janvier-février
produire un kg de chair de poisson) 1998.
pour les thons géants en 1993 et
1994 et de 8,6 pour les thons Le taux de mortalité (hors mis les
jeunes en 1997. pertes par échantillonnage et par
tempêtes hivernales) est de l’ordre
Les tests de sélectivité ont montré de 9 %.
une préférence vis-à-vis des
 Aspects techniques
maquereaux pour les thons géants
et des faux calamars pour les
Les structures d’élevage ont été
thons jeunes.
conçues selon le même modèle des
Reproduction en captivité cages d’élevage utilisé en
engraissement. Son système
Le suivi de l’évolution de l’Indice d’amarrage a été renforcé au fur et
Gonado-Somatique (IGS) des à mesure.
géniteurs a révélé que les thons
rouges en élevage à M’diq La stabilité et la résistance des
structures d’élevage en mer ouverte
INRH- Fiche synthétique 11
Projet d’élevage du Thon Rouge d’Atlantique à M’diq

étaient très satisfaisantes.


Néanmoins, les opérations
d’entretien et de maintenance
constituent une charge de travail
très lourde aussi bien sur le plan
logistique que financier.

 Conclusion

Le bilan des acquis des huit


années de travaux de recherche
est très encourageant, notamment
en matière de maîtrise des
techniques de grossissement de
thons rouges. Ce pendant les
essais de reproduction n'ont pas
abouti à des résultats tangibles.

Les problèmes rencontrés sont : le


choix du site, le
réapprovisionnement en géniteurs,
les mortalités hivernales
engendrées par des tempêtes vu
l’exposition du site d’élevage.

Compte tenu de ces contraintes


majeures pour la poursuite de ce
type de projet, il est recommandé
de reconsidérer ce genre de travaux
à une échelle de coopération
internationale ou régionale
(méditerranéen) de manière à créer
une synergie entre ces pays en
matière de recherche en
aquaculture du thon rouge.
I- INTRODUCTION

Le thon rouge est un poisson mondialement très demandé par les pêches
commerciale et sportive. Sa popularité historique et sa grande valeur
marchande, principalement sur le marché japonais des produits de la mer,
ont largement contribué à son surexploitation.

En vue de tenter de remédier à son surexploitation observée depuis les


années 60 et de répondre à la nécessité de la gestion de cette ressource
partagée, la communauté internationale a pris, dans le cadre de l’ICCAT
(International Committee of Conservation of Atlantic Tuna), des mesures
visant la préservation des stocks naturels et la durabilité des pêcheries du
thon rouge. Parmi ces meures, on peut citer la fixation de quotas de pêche
par pays, la délimitation de la taille minimale des thons pêchés et
l’interdiction de pêche durant les mois de juin-juillet pour les bateaux
senneurs dont la longueur dépassant les 24 m.

Des moyens de préservation, accompagnant les mesures réglementaires de la


pêche thonière, ont été recherchés, notamment par le Japon, en faisant
appel aux technologies aquacoles.

Les scientifiques japonais ont été les premiers à se lancer, depuis les années
70, dans de grands programmes de recherche en matière d’aquaculture du
thon rouge.

De même, différentes activités d’engraissement de thons rouges, capturés


par madrague, ont été réalisées dans différentes parties du monde. D’autres
activités similaires, tributaires des captures de madragues et de sennes
tournantes, ont vu récemment le jour et sont en plein essor, notamment au
Japon, en Australie et certains Pays Méditerranéens. Il est considéré
actuellement que le thon rouge représente l’espèce d’avenir la plus
importante pour l’aquaculture industrielle. Parmi toutes les espèces
nouvelles d’intérêt aquacole, il est la seule espèce à pouvoir offrir des
performances de croissance annuelle très importantes.

La grande importance accordée, par le Ministère des Pêches Maritimes, à


l’aménagement de la pêcherie des thonidés en général et à celle du thon
rouge en particulier, et à la préservation de cette espèce, constituait en fait
l’une des bases qui avait conduit le Japon à choisir le Maroc pour abriter le
projet d’aquaculture du thon rouge. C’est dans ce contexte que le projet thon
rouge de M’diq a été initié. En dehors du Japon, il était le premier en son
genre au monde.
42

II- PRESENTATION DU PROJET

Le projet d’aquaculture de thon rouge de M’diq est un projet expérimental à


caractère technique et scientifique. Il a été conclu en décembre 1992 par un
accord bilatéral de coopération scientifique et technique entre le Royaume du
Maroc, (représenté par le Ministère des Pêches Maritimes et l’Institut
National de Recherche Halieutique (INRH), et le Japon, représenté par
l’Overseas Fishery Cooperation Foundation (OFCF).

La finalité de ce projet était de développer une technologie de production


contrôlée de juvéniles à partir d'œufs de thon rouge maintenu en captivité
dans des cages en mer. Cette production était destinée à être relâchée en
mer.
A cet effet, les tâches assignées au projet étaient :

1. Le choix du site et des structures d’élevage.


2. La constitution d’un stock suffisant de reproducteurs de thon rouge.
3. Le développement d’une technique d’élevage adaptée aux conditions
environnementales du site d’élevage.
4. Le suivi de leur maturation gonadique et leur comportement de frai en
captivité.
5. La collecte de données relatives à la maturation gonadique des thons
rouges en milieu naturel.
6. La mise au point d’une méthode adéquate de collecte des œufs
fécondés des thons rouges en tenant compte des conditions
hydrodynamiques du site d'élevage en mer ouverte.
7. La réalisation d’essais expérimentaux d’élevage larvaire à partir d’œufs
fécondés de thon rouge collectés en captivité.

Par ailleurs, le projet thon rouge de M’diq présentait certaines particularités


par rapport aux autres projets réalisés au Japon. La caractéristique
principale du projet de M’diq réside dans le fait qu’il constitue le premier en
son genre à porter sur le thon rouge de l’Atlantique. En outre, Il se
différencie aussi par l’emplacement de son site d’élevage en mer ouverte,
totalement exposé, et par la taille géante de ses géniteurs élevés. Au Japon,
du moins avant le démarrage du projet de M’diq, les élevages de cette espèce
s’effectuaient dans des sites abrités en utilisant des juvéniles naturels ou
des thons jeunes.

III- PRESENTATION DE L'ESPECE

Le thon rouge fait partie des grands poissons téléostéens marins, connu
pour ses grandes migrations transocéaniques. Son aire de répartition
géographique couvre la mer Méditerranée et la zone tempérée des océans
Atlantique et Pacifique. Il se rencontre en bancs plus ou moins importants
dans les couches superficielles d'eau de mer jusqu'à des profondeurs allant
de 200 à 500 m.
43

Il représente l’espèce la plus grande des thonidés au monde qui peut


atteindre des tailles de plus de 300 cm et des poids individuels de plus de
650 kg. Le poids individuel maximal rapporté est de l’ordre de 900 kg. Sa
longévité est considéré de plus de 20 ans, voire même plus de 30 ans.

Le thon rouge est un prédateur opportuniste, se nourrissant généralement


de poissons et céphalopodes. Il est unique parmi les thoniers à fréquenter
des eaux froides pour se nourrir et croître et des eaux chaudes pour se
reproduire.

Il possède une tolérance thermique variable de 10 à 30°C et une tolérance


haline allant de 18 à 38 gr./ litre. Au point de vue physiologique, il possède
une faible régulation thermique à ses premières stades de développement qui
s'améliore au fur et à mesure avec l'âge. L'optimum physiologique de
température est d'environ 24°C à la naissance. Par la suite, la gamme de
température s'étend avec l'âge.

La première maturité sexuelle est obtenue chez des thons rouges âgés de 4 à
5 ans en Méditerranée et de 8 ans en golfe du Mexique. Les thons mûrs sont
supposés frayer à des températures d’eau de mer de l’ordre de 24°C.
Cependant, certains auteurs soulignent l’existence d’une relation
inversement proportionnelle entre la température optimale de reproduction
et l’âge ; ainsi il semble que des thons rouges géants se reproduisent à des
températures de 19 à 22°C et des thons rouges plus jeunes de 23 à 25°C.

La saison de reproduction naturelle semble se situer entre mi-avril et mi-juin


dans le golfe du Mexique et entre juin et juillet dans la zone centrale de la
moitié ouest de la Méditerranée, autour des îles Baléares et la partie
comprise entre la Sicile, la Sardaigne et le sud de l’Italie.

Plusieurs aspects de frai sont encore méconnus à ce jour. On ne connaît pas


si un même individu de thon rouge peut frayer une seule fois ou plusieurs
dans la même saison de reproduction et s’il peut se reproduire chaque année
de suite. D’ailleurs, une grande partie du cycle de vie du thon rouge, en
particulier son cycle de reproduction, n’est pas encore bien maîtrisée.

De grandes questions d’ordre biologiques et environnementales sont encore


posées particulièrement quant à la variabilité des saisons de reproduction
naturelle et à la diversité des zones de frai ; ils requièrent par conséquent
davantage d’efforts de recherche soutenue, coordonnée et réalisée à l’échelle
internationale.

IV- CHOIX ET PRESENTATION DU SITE D’ELEVAGE

Le choix du site au Maroc pour abriter ce projet a été le résultat d’une série
de missions de prospection en 1991. La région de M’diq a été retenu en tant
que site d’implantation du projet pour plusieurs raisons. De part sa
situation jouxtant le détroit de Gibraltar qui constitue un passage obligé des
44

thons rouges lors de leur migration entre l’Atlantique et la Méditerranée ;


cette région est le siège d’activités de pêche de thon rouge par madrague et
d’engraissement des adultes captifs de cette espèce. Cette dernière raison a
été déterminante pour le choix de cette baie pour abriter ce projet.

En effet, les professionnels marocains de la région de M’diq ont pratiqué


l’activité d’engraissement du thon rouge géant durant les années quatre-
vingts et le début des années 90. Elle leur permettait de réaliser des gains de
poids de l’ordre de 15 à 20 % et ce, pour une durée d’élevage allant
généralement de trois à quatre mois avec l'apport de nourriture composée
exclusivement de maquereau. Cette valorisation des thons rouges maigres,
capturés lors de leur migration de retour vers l’Atlantique (après avoir frayé
en Méditerranée), se justifiait par l’accès au marché japonais hautement
rémunérateur.

Situé en pleine mer, à environ 4 Km de la côte et à 16 Km du port de M’diq


(Fig.1), et caractérisé par une profondeur d’environ 45 m, le premier site
d’implantation de la cage flottante, d’élevage des géniteurs de thon rouge a
été auparavant utilisé pour l’engraissement de thons maigres. Un deuxième
site potentiel pour l’élevage a été aussi exploité au large de la ville de M’diq, à
environ 5 Km de la côte. Il a une profondeur de l’ordre de 50m.

Figure 1 : Localisation des sites des géniteurs des géniteurs de thon rouge à
M'diq.
45

V- PRESENTATION DES TECHNIQUES EMPLOYEES

Comme il n’existait pas de modèle général de technologie applicable à tous les sites et à
toutes les conditions hydrodynamiques, la démarche suivie a été conçue de manière à
combiner celle déjà mise en œuvre au Japon et celle utilisée par les professionnels
marocains pour l’engraissement des thons dans la région de M’diq.

La cage flottante d’élevage utilisée consistait en une grande enceinte en filet


de 120 m de longueur, 50 m de largeur et 30 m de profondeur avec un
maillage étirée de 12 cm et un volume global de 144.000 m3 en mer calme.
Elle a été lestée au fond par de grosses chaînes galvanisées, supportée en
surface par une structure de cordage avec flotteurs sans armature rigide et
amarrée par un système de quelques centaines de cordage, de câblage et
d’ancrage de 400 kg par unité. Son emplacement initial jouxtant la chambre
terminale de la madrague de M’diq offrait un avantage pratique de faciliter
les opérations de transfert des thons capturés à travers un tunnel en filet
reliant les deux structures.

En s’appuyant sur le savoir-faire technique local à M’diq, la conception générale du système


d’amarrage des structures d’élevage (Fig.2) a été faite de façon à assurer la stabilité et le
maintien des structures, notamment en cas tempêtes.

Figure 2 : Description schématique du système d’amarrage des structure


d’élevage des géniteurs de thon rouge.

Les charges maximales en géniteurs en élevage étaient de l’ordre de 0,1


kg/m3. Durant les premières mois de démarrage du projet, étaient nourris
avec une alimentation composée uniquement de maquereaux ; la seule
46

espèce d’utilisation courante dans le secteur commercial pour


l’engraissement de thon. Etant donné que l’objectif de cet élevage était
l’obtention de la reproduction en captivité et sachant que les besoins
énergétiques nécessaires au développement gonadique sont obligatoirement
fournis par l’alimentation, cette dernière fournie aux géniteurs de thon rouge
a été diversifiée et se composait, à partir de fin avril 1993, du maquereau
d’atlantique (Scomber scombrus), du chinchard (Trachurus trachurus) et du
faux calamar (Illex coindetii) et (Loligo sp) enrichis avec des carapaces de
crevettes et des complexes vitaminiques.

Les géniteurs ont été nourris, manuellement et à satiété, à raison de deux


rations par jour, matin et après-midi. Les taux journaliers de rationnement
alimentaire ont été de l’ordre de 2,5 à 5,0 % de la biomasse totale du stock
géniteurs. Ce pendant, ces taux ont été régulièrement réajustés en fonction
des résultats du suivi quotidien, de manière à ce que les quantités fournies
soient légèrement supérieures à celles consommées. Les restes d’aliments
non consommés ont été collectés et quantifiés afin de déterminer les
quantités quotidiennes consommées. Les stocks de nourriture, maintenus
constamment en quantités suffisantes, ont été régulièrement acquis à l’état
congelé et gardés en chambre froide négative (-40°C) d’une capacité de 100
tonnes. Les rations journalières sont préparées la veille du jour de
distribution et maintenues en chambre froide positive (+2°C) jusqu’à leur
utilisation.

L’un des principaux facteurs conditionnant l’accoutumance des géniteurs


aux conditions locales du site d’élevage et leur aptitude à être élevés en
captivité est caractérisé par le régime thermique du milieu. Le suivi
quotidien des conditions météorologiques et océanographiques ont été
effectuées sur le site d’élevage avant chaque distribution de nourriture aux
géniteurs.

La connaissance de l’évolution de ces différents paramètres


hydrodynamiques et climatiques devrait renseigner sur l’impact du milieu
sur le comportement des géniteurs et des structures d’élevage.

TECHNIQUES DE COLLECTE DES ŒUFS

Au total, 181 géniteurs de thon rouge ont été mis en élevage durant les huit
années d’activité du projet dont 50 thons géants acquis en décembre 1992,
25 thons géants en septembre 1993 et 106 thons moyens en novembre
1996. En effet, les prévisions de réapprovisionnement en géniteurs ont été
initialement établies, en fonction des captures réalisées par la madrague
locale, de manière à disposer au début de chaque compagne d’un stock
composé d’une cinquantaine de géniteurs au minimum.

Les études du processus de maturation gonadique et du comportement de


frai constituaient un préalable indispensable pour la compréhension de la
stratégie à adopter et le moment propice à choisir pour procéder à la collecte
des œufs. L’approche retenue consistait à assurer, par échantillonnage étalé
47

sur leur saison de reproduction naturelle, un suivi régulier de l’évolution de


la maturation gonadique des géniteurs incluant des observations
macroscopiques et des analyses histologiques des organes de reproduction.
L’exécution de ce programme d’échantillonnage dépendait essentiellement de
l’effectif des géniteurs en élevage. En outre, des observations quotidiennes
du comportement des géniteurs ont été effectuées durant mai-juin,
considérée comme période de frai. Faute de technique efficace pour collecter
les œufs de thons rouges dans le site d’élevage en mer, le projet a dû
expérimenter différentes méthodes de collecte en fonction des
caractéristiques hydrodynamiques locales.

Selon les années, les essais de collecte des œufs ont débuté depuis mi-mai et
se sont poursuivis jusqu’à fin juin à début juillet. La première technique de
collecte, mise en œuvre, consistait en l’emploi de deux grands filets à
plancton de 315 microns de maillage avec une ouverture de 2,0 x 0,5 m et
1,2 x 0,5 m. La collecte s’effectuait par des traits de filet réalisés suivant une
trajectoire triangulaire couvrant la superficie des eaux de la cage flottante.
La deuxième technique a fait appel à l’utilisation de bâches en plastique
attachés contre la partie interne du filet d’élevage. la troisième technique
consistait en la mise en place de filets de collecte à l’extérieur de la cage
d’élevage et dans le sens opposé des courants. La quatrième technique a fait
appel à l’utilisation d’une cage hexagonale, de type Bridgestone, dont deux
côtés opposés de 32 m et les quatre autres côtés de 16 m. Les géniteurs y
ont été transférés un mois environ avant la période de frai. Cette cage a été
amarrée uniquement d’un seul côté de manière à s’orienter en permanence
dans la même direction des courants marins. Quatre filets à plancton de
même caractéristiques que celle utilisée auparavant ont été mis en place du
côté opposé à celui utilisé pour son amarrage. Ils ont été disposés à
différents niveaux allant de la couche superficielle jusqu’à 10 m de
profondeur. En outre, une couronne de filet de même maillage et d’un mètre
d’épaisseur a été mise en place à l’intérieur de la cage et contre le filet
d’élevage. Cette méthode devrait par conséquent permettre de collecter les
œufs de façon significative en cas de frai et les conserver contre les risques
éventuels de déperdition.

Les prélèvements des œufs s’effectuaient à raison de 2 à 3 fois par jour (le
matin, l’après midi et, des fois, le soir). Les œufs de thon rouge ont un
diamètre de l’ordre de 1 mm. Les lots d’œufs collectés ont été assujettis à des
opérations systématiques de comptage et de mesure avec mise en incubation
de certains d’entre eux, à l’échelle du laboratoire, en vue de déterminer les
caractéristiques biométriques et morphologiques de leur larve à l’éclosion.

Les tentatives d’identification spécifique de ces larves ont été basés sur les
critères relatifs au nombre de myomères, de l’emplacement du globule
lipidique dans le sac vitellin et du nombre, de l’emplacement et de la forme
des mélanophores.

Il est généralement admis que la qualité des œufs obtenus constitue l'un des
paramètres permettant d’apprécier la méthode d’élevage adoptée et
48

l’influence des conditions du milieu environnant. Dans cette optique, des


essais d’évaluation des œufs de thon rouge d’élevage ont été prévus afin de
renseigner sur les possibilités de leur amélioration qualitative au niveau des
géniteurs et sur les conditions optimales de leur gestion future en écloserie.

TECHNIQUES D'ELEVAGE LARVAIRE

Une écloserie expérimentale a été construite en 1996 sur une superficie


totale de l’ordre de 2.400 m2, au sein même du port maritime de M’diq. Il
s’agit d’une structure de recherche destinée en principe aux
expérimentations de production d’alevins de thon rouge à partir d’œufs
collectés dans le site d’élevage en mer. En effet, elle a été conçue selon des
critères propres au thon rouge. Cette écloserie se composait d' :

 un hall destiné en même temps à l’élevage des larves de thon


rouge, aux géniteurs des espèces de poissons marins susceptibles
de fournir en permanence des œufs et des larves à l’éclosion à
utiliser en tant qu’aliments pour les larves de thon rouge et au
prégrossissement des alevins produits des thons rouges.
 une serre pour la production en masse de phytoplancton.
 un hall pour la production en masse des proies animales (rotifères
et artémia).
 un laboratoire équipé en appareillage scientifique nécessaire à la
réalisation des suivis requis.
 un local technique réunissant les accessoires d’approvisionnement,
de traitement, de stockage et de distribution de l’eau de mer et de
fourniture d’air pour aération et oxygénation des cultures et des
élevages.
 un groupe électrogène destiné à être utilisé en cas de besoin.
 un local frigorifique pour stockage d’aliments des géniteurs.

L’année 1997 représentait sa première mise en service portant sur des essais
expérimentaux à petite échelle de mise en élevage des larves issues des lots
d’œufs collectés dans le site d’élevage des géniteurs de thon rouge et ayant
des diamètres moyens comprise 0,9 et 1,1 mm. L’oblade, Oblada melanura,
et la bogue, Boops boops, deux espèces identifiées en tant qu’espèces
pouvant fournir des œufs et des larves à l’éclosion à utiliser comme aliments
pour les larves de thon rouge, ont été reproduits avec succès au sein de cette
écloserie et y ont fait l’objet d’essais d’élevage larvaire.

VI- RESULTATS

Durant les huit années d’exécution du projet, les activités du projet ont porté
essentiellement sur la constitution du stock géniteur de thon rouge, la tenue des
infrastructures d’élevage en mer ouverte, notamment, lors des fortes tempêtes hivernales, la
49

connaissance des conditions environnantes du site exploité, l’hivernage des géniteurs, la


maîtrise de leur alimentation, le déroulement de leur processus de maturation gonadique et
la mise au point de méthodes adéquates de collecte de leurs œufs.

CONSTITUTION DE STOCKS GENITEURS DE THON ROUGE

L’effectif total acquis par le projet durant les huit années de son exécution
était de 181 géniteurs de thon rouge dont 75 thons ont été acquis localement
en 1992 et 1993 et 106 importés d’Espagne en 1996. L’évolution de l’effectif
des géniteurs de thon rouge en élevage à M’diq est illustrée par la figure 3.

Figure 3 : Evolution de l'effectif du stock des géniteurs de thon rouge.

Le stock initial a été constitué à partir des captures de la madrague de M’diq. Les premiers
thons rouges géants acquis par le projet étaient au nombre de 50 en décembre 1992 et
caractérisés par un poids moyen individuel à l’acquisition de l’ordre 256 Kg (191~419) et
une taille moyenne de l’ordre 231 cm (200~265). Ce stock a fait l’objet de trois
échantillonnages de six individus chacun, et a connu une perte de trois individus par
mortalité. L’effectif en élevage s’est trouvé réduit à 29 thons en fin août 1993.

Les prises de la madrague locale en 1993 ont été seulement de 26 thons


dont 25 ont été acquis par le projet pour réapprovisionner son stock de
géniteurs, ramenant ainsi l’effectif total en élevage à 54 individus au 18
septembre 1993. Ces nouveaux thons ont été considérés de mêmes tailles
que ceux de l’ancien stock en élevage conformément aux multiples
observations effectuées par plongée sous-marine.
50

L’année 1994 a été marquée par une intensification des échantillonnages


dont le nombre s’élevait à cinq échantillonnages de cinq individus chacun.
Par contre, les pertes par mortalité se sont limitées à un seul géniteur. Le
stock de géniteurs s’est trouvé de nouveau réduit à 28 individus en fin
d’année 1994. Ce stock n’a pas pu être rétabli, comme il avait été prévu,
faute de captures de la madrague locale. Les disponibilités en géniteurs
étant très limitées, le planning d’échantillonnage de l’année 1995 a été
volontairement réduit à un seul échantillonnage de cinq individus durant le
mois de mai, juste avant la période de frai.

Les premières grandes mortalités hivernales ont été enregistrées en février


1996, suite à une grande tempête affectant considérablement la qualité du
milieu d’élevage. Elles ont constitué un sérieux problème aggravant l’état du
stock géniteurs du projet dont l’effectif avait subitement chuté à trois
individus. En effet, 20 géniteurs ont été perdus suite à une augmentation
élevée de turbidité engendrée par une grande tempête orageuse. Les trois
thons restant étaient dans un état critique, affaibli notamment par des
blessures au niveau des flancs provoquées vraisemblablement par des
frottements contre le filet et des heurts des uns contre les autres. Les soins
apportés notamment à travers l’alimentation ont permis de sauver ces trois
géniteurs qui avaient constitué le stock en 1996.

Les captures de la madrague locale sont devenues quasiment nulles depuis


la compagne de pêche de 1994. Ainsi, le réapprovisionnement local en
géniteurs géants n’était plus possible et a constitué un frein à la bonne
poursuite du projet. Devant cette situation très critique, il a été décidé de
recourir à l’acquisition de géniteurs potentiels en Espagne.

Ainsi, 106 thons rouges jeunes, capturés par des bateaux senneurs
espagnols et maintenus en captivité pendant quelques mois en Espagne, ont
été acquis par le projet et transférés de Carthagène à M’diq, en fin novembre
1996. Leur poids moyen individuel à l’acquisition était de 55 Kg environ avec
une taille moyenne de l’ordre de 130 cm. Ils étaient transportés dans une
cage flottante de type bridgestone, remorquée par bateau à une vitesse de
déplacement d’environ 2 nœuds. L’opération du transfert avait duré 11 jours
sans aucune mortalité. La réussite de cette opération, qui constituait une
première mondiale en son genre, était d’un grand soutien à la bonne
continuation du projet.

Le nouveau lot de géniteurs a subi également une forte mortalité durant son
premier hiver d’élevage à M’diq (celui de 1996/1997). En effet, des
intempéries pluvieuses enregistrées durant les mois de décembre 1996 et
janvier 1997 ont été à l’origine d’une perte totale de 24 géniteurs dont un
appartenant à l’ancien stock de thons géants. Il y avait eu une augmentation
excessive de turbidité engendrée par les grandes affluences des eaux
pluviales chargées des apports terrigènes notamment dans la zone
d’implantation des structures d’élevage. Le stock de géniteurs s’est trouvé
réduit à 85 individus en fin janvier 1997. Le programme d’échantillonnage de
1997 a été limité à une seule opération au mois de mai avec cinq individus
51

échantillonnés. En outre, un géniteur présentant un comportement natatoire


anormal a été éliminé durant le même mois et un autre thon géant a été
perdu au mois de novembre 1997. L’effectif des thons rouges maintenus en
élevage en fin décembre 1997 était réduit à 78 individus.

La reproduction de ce phénomène de mortalité hivernale liée à certaines


conditions météorologiques particulières avait remis en question le choix du
site. Devant cette situation alarmante, une commission d’experts japonais et
marocains a été désignée pour identifier un autre site plus adéquat. En
outre, une étude hydrodynamique et hydrologique de la baie de M’diq a été
réalisée par l’INRH. Sur la base des recommandations de la commission
d’experts, un autre site a été choisi au niveau de la baie de M’diq (Fig.1?). les
structures d’élevage y ont été installées en décembre 1997. Cependant,
malgré ce changement, une forte mortalité hivernale s’est encore une fois
produit dans le nouveau site d’élevage, durant les mois de janvier et février
1998, totalisant une perte de 66 géniteurs dont un thon géant (le dernier de
l’ancien stock). Le reliquat d’effectif des géniteurs en élevage (12 thons
rouges) a demeuré ensuite presque constant durant les compagnes de 1998,
1999 et 2000.

ELEVAGE DES GENITEURS DE THON ROUGE

Les résultats d’élevage des géniteurs de thon rouge, dans les deux sites de
F’nideq et de M’diq, sont très intéressants pour les deux lots de thons géants
et de thons jeunes, notamment en matière de croissance.

Paramètres du milieu
Les résultats thermiques obtenus durant les années 1993, 1994, 1995, 1996
et 1997 dans le site d’élevage de F’nideq et durant l’année 1998 dans le site
d’élevage de M’diq sont présentés dans la figure 4. Ces résultats sont
exprimés en moyenne par décade pour les températures de surface et celles
correspondantes à des profondeurs de 10, 20, 30 et 40 m. Les graphiques
thermiques annuels obtenus présentent une allure générale presque
similaire entre les différentes années avec une variation saisonnière bien
marquée. Les valeurs moyennes minimales et maximales enregistrées en
couches superficielles sont de l’ordre de 14°C en hiver et de 22°C en été.
L’écart thermique entre la surface de la mer et les différents niveaux de
profondeur est relativement élevé en période estivale et plus ou moins
atténué durant le reste de l’année. La strate se trouvant au-dessus de 20m
présente une amplitude de variation saisonnière beaucoup plus marquée
que celle du dessous.

Les résultats relatifs à la transparence des deux sites d’élevage, F’nideq et de


M’diq, sont présentés dans la figure 5. D’une manière générale, la
transparence de ces deux sites semblent se situer entre des valeurs de 10 et
20 m. Les faibles valeurs de moins 1 m de visibilité ont été enregistrées
pendant la période hivernale, en l’occurrence durant les périodes de mauvais
52

temps des années 1996 (février et décembre), 1997 (janvier) et 1998 (janvier
et février). Les géniteurs de thon rouge ne se nourrissent pas à des valeurs
de transparence inférieures à 5 m. La matière en suspension est constituée
d’éléments vaseux et argileux. Ces derniers engendrent des problèmes de
colmatage des branchies des thons en élevage et causent leur mortalité par
asphyxie.
53

Figure 4 : Variation des températures moyennes journalières à des


profondeurs de 0, 10, 20, 30, 40m dans le site d’élevage
de thon rouge.
54

Figure 5 : Variation journalière de la transparence dans les sites


d'élevage des géniteurs de thon rouge à M'diq.
55

Alimentation des géniteurs


Le suivi du comportement trophique des thons élevés a été suivi de façon
régulière, excepté durant les périodes de tempêtes (sorties en mer très
dangereuses), en cas de courants très forts (réduction de volume et de
profondeur du filet d’élevage, entraînement rapide des aliments par les
courants limitant ainsi leur disponibilité pour les géniteurs) et en cas de
transparence inférieure à 5 m (faible visibilité) où la distribution d’aliments a
été dispensée.

Les poissons utilisés comme aliments des géniteurs ont fait l’objet d’un suivi
régulier de mensurations de taille et de poids. Leur gammes de tailles et de
poids moyens étaient de l’ordre de (288 à 328 mm et 259 à 365 gr) pour le
maquereau, de (247 à 313 mm et 177 à 345 gr) pour le chinchard et de (177
à 240 mm et 139 à 356 gr) pour le faux calamar.

Les variations quotidiennes de la consommation moyenne par géniteur et


par décade, relatives aux années 1993, 1994 et 1995 pour le lot des thons
géants et aux années 1997 et 1998 pour le lot des thons jeunes, sont
récapitulées dans la figure 6 ; celles de 1996 n’étant pas prise en
considération à cause de la faiblesse de l’effectif du stock de géniteurs en
élevage (3 thons). En général, la consommation alimentaire des géniteurs a
fluctué de saisonnière et annuelle aussi bien au niveau des quantités
journalières totales que partielles traduisant une variabilité du
comportement alimentaire des thons en élevage en fonction de l’âge, des
conditions environnementales et de leur état physiologique. Les valeurs
moyennes obtenues sont comprises généralement entre 4,0 et 12,0 kg et
entre 1,5 et 4,1 kg d’aliments consommés par jour et par individu
respectivement des thons géants et jeunes. Le taux journalier de nourriture
consommée est variable entre 2,0 et 2,9 % pour les thons géants et de 1,5 à
3,0 pour les thons moyens avec les faibles valeurs correspondant à la
période mi – printemps à début été. Les performances en matière de
conversion alimentaire sont de l’ordre de 10,7 (quantité en kg d’aliments
consommée pour produire un kg de chair de poisson) pour les thons géants
en 1993 et 1994 et de 8,6 pour les thons jeunes en 1997.

Les tests de préférence alimentaire des géniteurs, relatifs aux trois types
aliments utilisés, ont permis de mettre en évidence une tendance générale
différente entre les deux lots de géniteurs de thon rouge. Les thons géants
ont montré une préférence très marquée pour le faux calamar, suivi par le
maquereau puis en dernier lieu le chinchard. Compte tenu des restes trop
élevés récupérés après chaque distribution, l’utilisation du chinchard a été
arrêtée depuis le début 1996. Les thons jeunes ont montré une préférence
plutôt très nette pour le maquereau.
56

Figure 6 : Quantité Moyenne Journalière d'Aliments Consommée par


Individu (QMJACI) et par décade des géniteurs de thon
rouge élevés à M'diq.
57

Croissance des géniteurs


La croissance des géniteurs dépend de plusieurs facteurs dont la température, la nourriture,
l’état physiologique et l’âge. Elle représente l'un des paramètres significatifs pouvant
apporter d’utiles informations en matière d’appréciation de la technique d’élevage adoptée.

Les mensurations de tailles et de poids, collectées par le biais des échantillonnages effectués
notamment en 1993, 1994, 1995 et 1997 et à partir des géniteurs morts sont présentées
dans les figures 7 et 8. Les résultats de croissance en Longueur à la fourche (Lf) et en Poids
total (Pt) des thons rouges élevés démontrent un caractère saisonnier de croissance des
thons rouges en élevage dans les conditions locales des sites de F’nideq et M’diq, avec une
période de croissance active limitée entre avril et juillet.

Le lot de thons géants est passé d’un poids moyen individuel de 256,4 kg et d’une taille
moyenne de l’ordre de 230.6 cm en décembre 1992 à 321.0 Kg (283,4~334,4) et 238,1 cm
(224,0~250,0) en juillet 1993 pour atteindre 414,2 Kg (318,6~506,2) et 255,0 cm
(239,0~272,0) en juillet 1994. Les valeurs maximales, de taille et de poids, enregistrées ont
été de 288,0 cm et 612,4 Kg correspondant à celles d’un géniteur mort en novembre 1994.

Les deux premières années d’élevage ont été caractérisées par accroissement important,
aussi bien en taille qu’en poids individuel des thons géants, suivi par un ralentissement
notable durant l’année 1995. En effet, les poids moyens individuels et les tailles moyennes
atteints en mai 1995 et février 1996 étaient respectivement de 396,5 kg (359~453) et 252
cm (248~265) et 394,6 kg (295~476,5) et de 257 cm (236~277,5). Il semble, par conséquent,
que la croissance du thon rouge ralentisse de façon significative quand il dépasse les 400 kg
en poids (Fig. 8).

Le lot de thons moyens a passé d’un poids moyen individuel de 55,3 kg (40,2~75,2) et d’une
taille moyenne de 138.6 cm (125~157) en décembre 1996 à 66,5 kg (45,6~75,2) et 144 cm
(124~157) en mai 1997 (Fig. 15 et 16). Faute d’échantillonnage, les poids moyens
individuels et les tailles moyennes ont été estimés à partir des mortalités enregistrées en
janvier 1998 et à partir des approximations relevées par des observations d’évaluation
effectuées en février 1999 et en décembre 2000. Ils ont atteints par conséquent un poids
moyen individuel de 130 kg et une taille moyenne de 180,3 cm en janvier 1998. Alors que
leur poids moyen individuel en février 1999 et en décembre 2000 était estimé
respectivement à environ 200 kg et 350 kg.

Sur le plan général, le taux annuel d’accroissement pondéral était très


important pour les deux lots, enregistrant des valeurs de l’ordre de 50 kg par
an pour les thons géants et éventuellement 75 kg par an pour les thons
jeunes. Les taux moyens de croissance journalière, déterminés à partir des
données d’échantillonnages et de mortalités, sont comprises entre 0,10 et
0,31 % pour le lot de thon géant et entre 0,16 et 0,25 % pour le lot de thon
jeune.
58

300

275
Taille (cm)

250

225

200
15.12.92 16.06.93 15.09.93 19.04.94 20.06.94 16.05.95 02.02.96

Date

Figure 7 : Croissance en taille des géniteurs de thon rouge géant élevés à M'diq

650

550
Poids (kg)

450

350

250
1 5 .1 2 .9 2 1 6 .0 6 .9 3 1 5 .0 9 .9 3 1 9 .0 4 .9 4 2 0 .0 6 .9 4 1 6 .0 5 .9 5 0 2 .0 2 .9 6

D ate

Figure 8 : Croissance en poids des géniteurs de thon rouge géant élevés à M'diq
59

REPRODUCTION ET COLLECTE DES ŒUFS DE THON ROUGE EN


CAPTIVITE

Le suivi de la maturation gonadique en captivité, étudié par le biais de


l’Indice Gonado-Somatique (IGS), a révélé que le processus de maturité des
géniteurs de thon rouge se déroule de façon normale et progressive depuis
janvier jusqu’à mai - juin. Les résultats des coupes histologiques, pratiquées
sur des gonades de différents degré de maturité des thons géants
échantillonnés en captivité, ont montré une différenciation gamétogénétique
normale. Alors que le comportement de poursuite ait été observé durant la
saison de reproduction des années 1993, 1994 et 1995, le comportement de
frai n’a pu être observé qu’une seule fois, en mai 1994.

Une série d’échantillonnages des géniteurs de thon rouge en élevage a été


effectuée durant la période de maturation gonadique et de ponte durant les
années 1993, 1994, 1995 et 1997. Les mesures et observations effectuées
ont porté principalement sur les paramètres biométriques et biologiques, à
savoir la taille, le poids, la gonade avec diagnostic macroscopique et
microscopique de son état de développement, le foie et le tissu conjonctif
associé aux gonades. Des prélèvement d’échantillons de gonades, de foie, du
sang et l’hypophyse ont été envoyés à l’Institut National de Recherche en
Aquaculture au Japon pour analyse.

Maturation gonadique

Les échantillonnages effectués sur les thons rouges en élevage ont permis de
collecter des gonades à différents niveaux de développement, notamment en
cours et en fin de maturation. Les observations et les résultats obtenus
montrent que l’ensemble du processus se déroulent entre janvier-février et
juin-juillet dans les conditions environnementales locales du site d’élevage
avec une période présomptive de frai située en fin mai-début juin.

Les résultats obtenus de l’Indice Gonado-Somatique [IGS = poids des


gonades x 100 / (poids totale-poids des gonades)], sont présentés dans les
fig. 9 et 10. Ils démontrent que les thons rouges en élevage effectuent leur
maturité gonadique à partir du mois de janvier et deviennent mâtures et
prêts à frayer au mois de mai. Leurs gonades sont ensuite résorbées au mois
de juillet. En effet, partant des valeurs de l’ordre de 0,5 à 1,0 en janvier-
février, leur IGS atteint son maximum au mois de mai, de 4,5 pour les
femelles et 2,8 pour les mâles avant de chuter au mois de juillet à des
valeurs du même ordre que celles des mois de janvier et février. Faute de
résultats des analyses histologiques effectuées au japon, l’interprétation de
ces résultats restent encore très limitée. Cependant, leur comparaison avec
des données, collectées en milieu naturel, concernant les thons rouges
entrant en Méditerranée (captures de Larache et Ksar Sghir et captures des
bateaux senneurs en Espagne) montrent que les valeurs obtenus en élevage
sont nettement inférieurs (fig. 11 et fig. 12).
60

Les IGS des thons rouges pêchés à Larache et Ksar Sghir ont des valeurs
maximales de l’ordre de 5,5 pour les mâles et les femelles alors que ceux des
thons rouges capturés par senne tournante en Espagne sont de l’ordre de
8,0 environ pour les mâles et les femelles. La faiblesse des valeurs moyennes
de l’IGS des géniteurs de thon rouge en élevage par rapport à ceux du milieu
naturel semble être liée à l’importance des valeurs de leur facteur de
condition. Pour une même taille donnée, le poids individuel des géniteurs
d’élevage est plus élevé à celui des thons sauvages.
61
62

Collecte des œufs de thon rouge en captivité

Le comportement de frai en captivité des thons rouges géants élevés par le


projet a été observé, pour la première fois en dehors du Japon, durant le
mois du mai de l’année 1994. La ponte s’est produite tôt le matin du 26 mai
1994 et s’est poursuivie presque toute la matinée. Les observations
permanentes du comportement des géniteurs, réalisées jour et nuit depuis
mi-mai par l’équipe des chercheurs maroco-japonais du projet, ont permis
de constater le comportement de chasse et de poursuite des femelles par les
mâles. Il s’est accentué par une augmentation de la vitesse de déplacement
des géniteurs et par la réduction de la circonférence natatoire avec des
remontée en surface. Il semble que l’émission des produits génitaux avait
lieu dans la couche superficielle du site d’élevage. Un total de 9.000 œufs
ont pu être collectés durant ce jour. Les premières tentatives de leur
identification semblaient les avoir reliés dans un premier temps au thon
rouge. D’ailleurs, les experts japonais du projet semblaient être relativement
convaincus que ces œufs appartenaient au thon rouge compte tenu de leurs
diamètres et des caractéristiques morphologiques de leurs larves à l’éclosion
apparemment similaires avec celles des larves de thon rouge.

Dans l’éventualité de pouvoir collecter un nombre important d’œufs de ces


géniteurs thon rouge en captivité, de grandes pièces de bâche plastique
solide ont été mises en place en mi-mai 1995 le long du pourtour de la cage
flottante des géniteurs. Elles étaient toutes perdues à cause des fortes
courants caractérisant la région. Le comportement de poursuite a été
observé en 1995 mais la ponte semblait ne pas avoir eu lieu. Le
comportement de frai n’a pas été observé en 1995, probablement à cause du
mauvais temps.

Les résultats d’analyses effectuées au Japon, des échantillons d’œufs et de


leurs larves à l’éclosion, prélevées lors de la compagne de 1994 et supposés
appartenir au thon rouge, n’ont pas pu confirmer leur appartenance au thon
rouge.

La remise en question de cet acquis, qui avait été considéré auparavant


comme un facteur encourageant la poursuite des activités de recherche du
projet de M’diq, a ouvert le champ pour une série d’expertise et d’essai à la
recherche des éléments scientifiques statuant sur les possibilités et les
probabilités d’avoir des pontes en captivité dans les conditions locales. De
plus aucun résultat significatif n’a été obtenu pour le lot des thons jeunes,
malgré l’amélioration de la technique de collecte.

En effet, les thons rouges maintenus en élevage dans les conditions locales
de la baie de M’diq atteignent normalement leur maturité gonadique en fin
mai mais les conditions thermiques semblent être un facteur limitant
compromettant la réussite de frai en captivité. Les valeurs moyennes
enregistrées de température à 10 m de profondeur sont de l’ordre de 18 à
63

19°C en fin mai et début juin. Comparées avec les données des expériences
réalisées au Japon (24 à 29°C) et les données collectées dans les zones de
reproduction naturelle en Méditerranée (21 à 24°C), ces valeurs thermiques
semblent être nettement en deçà de celles requises pour pouvoir déclencher
la ponte, du moins pour les thons rouges jeunes.

ELEVAGE DES JUVENILES DE THON ROUGE

En parallèle avec l’exécution du programme de base du projet, un essai


d’élevage des juvéniles naturels, capturés par la madrague de M’diq, a été
effectué à partir d’octobre 1995. L’entreprise de cette opération visait
essentiellement deux objectifs : d’abord, initier le développement
technologique de l’éventuelle possibilité de valorisation par aquaculture des
juvéniles pêchés par la madrague locale et, ensuite, tenter de développer une
technologie d’appoint potentiel du stock géniteurs à travers l’entreprise des
élevages à partir des juvéniles naturels.

Des structures similaires à celles utilisées pour les thons rouges adultes ont
été mises en place à 3 Km de la côte à proximité du site d’implantation de la
madrague de M’diq. La cage flottante utilisée avait pour dimensions 160 x 50
x 30 m. L’effectif total des juvéniles de thon rouge mis en élevage est estimé
(suivant les observations par plongée et suivant l’importance des quantités
alimentaires consommées) à 2000 à 2500 individus. Ils étaient transférés de
la madrague à l’enceinte d’élevage au moyen d’un tunnel en filet, le 2 et le 10
octobre 1995. La madrague en avait, en effet, réalisé deux captures
distinctes. La longueur à la fourche moyenne et le poids moyen individuel à
l’acquisition étaient respectivement de 350 mm (315~395) et de 770 gr
(540~1.016) pour le lot du 2 octobre et de 357 mm (314~388) et de 915 gr
(578~1.218) pour celui du 10 octobre. L’alimentation fournie était composée
de la sardine (Sardina pilchardus), de l’allache (Sardinella aurita), du
maquereau (Scomber scombrus) et du faux calamar (Illex coindetii), sous
forme découpée ou en entier suivant leurs tailles. Les juvéniles se sont très
vite adaptés à cette nourriture depuis le premier de distribution.

Les juvéniles de thon rouge ont montré une très bonne aptitude à l’élevage
dans les conditions locales de M’diq. En effet, la grande tempête survenue en
février 1996, a été l’origine de la perte totale de l’élevage. Cependant et
hormis les conséquences de cet événement naturel particulier, les résultats
enregistrés démontrent de grandes possibilités de réussite d’une telle
opération. Les taux de croissance et de survie obtenus sont très
encourageants (Fig. 13 et Fig. 14). Les juvéniles élevés ont atteint des tailles
et poids moyens respectivement de 467 mm (435~494) et 2.324 gr
(1.697~2.723) à mi-décembre 1995 et de 519 mm (457~571) et 2.873 gr
(1.719~3.914) au début février 1996. Le taux de mortalité générale était de
l’ordre de 3,0 % avant la perte totale de ces juvéniles en mois de février
1996.
64
65
66

DISCUSSION

A l’encontre de ce qui se passe en général pour les différentes espèces


marines dont les opérations de maturation des géniteurs sont basées
essentiellement sur des techniques intensives dans des installations
spécialisées à terre (écloserie) dotées d’équipements plus ou moins
sophistiqués et permettant le contrôle des principaux facteurs de
l’environnement d’élevage, les opérations d’élevage à des fins de reproduction
en captivité du thon rouge, atteignant des tailles largement supérieure à
toute autre espèce d’intérêt aquacole, s’effectuent en milieu naturel dans des
zones plus ou moins abritées.

Il est évident qu’il n’existe pas de modèle général pratique du processus


d’élevage des poissons marins adultes applicable en tous lieux et à toute
espèce. Le choix de la méthode à employer dépend, en premier lieu, des
caractéristiques de l’endroit considéré. Les principes d’élevage sont
théoriquement simples mais leur mise en application se heurte à fortiori à
des contraintes de maîtrise des connaissances biologiques, écologiques et
lithologiques de l’espèce à élever et des moyens techniques appropriés en
fonction des caractéristiques spécifiques du site d’élevage. Malgré ces
contraintes, le projet a pu tirer profit du savoir-faire acquis au Japon et des
acquis des professionnels de la région de M’diq. Il a réussi à élaborer une
méthodologie de développement pratique assistée par un suivi scientifique, à
collecter des données techniques et biologiques sur l’élevage des géniteurs de
thon rouge dans les conditions locales et à en évaluer les possibilités de
faisabilité et les éventuellement points de blocage.

La finalité principale de l’élevage des géniteurs de thon rouge devrait en


principe s’exprimer, selon les attentes du projet aboutit à l’obtention des
œufs viables en quantité suffisante. Malgré les progrès réalisés dans le
domaine de la mise en place des infrastructures de base, de la constitution
substantielle du stock de géniteurs et le développement d’une technique
adéquate de collecte des œufs au sein même de l’enceinte d’élevage en plein
mer, la contrainte majeure d’obtention de frai en captivité représentait le
principal facteur de blocage. Le suivi de la maturité gonadique des géniteurs
de thon rouge, maintenus en élevage dans des conditions naturelles où seul
le facteur nourriture est contrôlé, semble indiquer que le processus de
développement des gonades se déroule de façon normale, depuis janvier-
février à mai-juin. D’ailleurs, les géniteurs de thon rouge en élevage semble
arriver à maturité bien avant ceux du milieu naturel. La faiblesse relative de
leurs valeurs d’IGS, en comparaison avec les données des thons pêchés à
l’entrée en Méditerranée, peuvent être reliée à leur état d’engraissement plus
important en captivité.

Dans l’état actuel des connaissances acquises, les thons rouges en élevage
arrivent à maturité au mois de mai – juin sans pour autant frayer, avec
atrésie et résorption de leurs gonades au mois de juillet. Il semble aussi que
plus les géniteurs de thons rouges sont de taille importante et plus
67

l’obtention de frai en captivité est probable. En effet, le comportement de


poursuite des géniteurs femelles par les mâles, notamment du lot de thon
géant, a été observé durant les périodes de reproduction naturelle des
années 1993, 1994 et 1995. Aussi, le comportement de frai a pu être observé
en 1994. De ce fait, il semble que la problématique majeure à prendre en
ligne de compte, réside plutôt au niveau des conditions environnementales
du site d’élevage, en l’occurrence son profil thermique. Ce dernier est à la
limite inférieure des conditions requises pour la reproduction du thon rouge
géant. En outre, l’augmentation thermique depuis début mai à juillet
présente des amplitudes de fluctuations intra-journalières trop élevées. Ce
phénomène d’oscillation thermique journalière semble être à l’origine d’une
sorte de perturbation et de stress affectant le déclenchement normal de frai.
Ceci peut être expliqué par l’approximité de la baie de M’diq au détroit de
Gibraltar. Par conséquent, elle est soumise en permanence, notamment en
période printanière et estivale, à une influence de masses d’eaux froides et
chaudes, affectant la stabilité de l’évolution et le rythme d’élévation
thermique aussi bien en surface qu’en profondeur.

Il aurait été souhaitable de pouvoir travailler en même temps sur deux ou


trois lots de géniteurs en élevage séparé. L’un d’eux pouvait être réservé
uniquement au suivi de l’étude de maturation gonadique en captivité tandis
que l’autre ou les autres lots faisaient l’objet d’essais de reproduction en
captivité, sans aucune manipulation quelconque pour réduire les risques de
stress, notamment ceux résultant des opérations d’échantillonnage. Cette
possibilité avait été prévue mais l’effectif acquis en géniteurs et l’irrégularité
de leur réapprovisionnement ne l’ont pas permise. Les mortalités hivernales
survenues durant l’année 1996, 1997 et 1998 ont crée des difficultés
supplémentaires remettant en question le choix de site. Il semble que le site
d’élevage était une problématique préalable à résoudre avant celui de l’étude
des possibilités de reproduction en captivité. Une des exigences
fondamentales pour assurer les conditions requises à cette étude réside dans
le fait de disposer constamment d’un effectif suffisant en géniteurs potentiels
élevés dans un site sans risques de perte de géniteurs, ni de perturbation
quelconque de leur processus de maturation gonadique et de frai. Des
tentatives de solutions relativement adéquates ont été adoptées, après
diagnostic de l’environnement général de l’élevage et sur la base des
résultats obtenus, et avaient permis de procéder à certains réajustements
nécessaires afin de poursuivre le programme des travaux du projet.

Ainsi, le recours à la possibilité effective d’approvisionnement en


reproducteurs par pêche à la seine tournante a été une action rigoureuse qui
avait permis au projet de reconstituer son stock de géniteurs en fin
novembre 1996. En outre, les efforts d’étude et de recherche des causes
potentielles des mortalités hivernales ainsi que l’étude hydrodynamique et
hydrologique conduite par l’INRH dans l’ensemble de la baie de M’diq avaient
permis de caractériser le caractère localisé des conséquences des tempêtes
pluviales notamment la détérioration des conditions environnantes du site
d’élevage suite à une augmentation excessive de la turbidité. Le nouveau site
potentiel, identifié au large de la ville M’diq, semblait être apparemment situé
68

en dehors de la zone affectée. Son exploitation pour l’élevage du thon rouge


avait été opérée en décembre 1997. Il a été constaté que, mis à part les
performances très importantes obtenues en matière de croissance, les
risques de pertes hivernales n’ont pas été résolues. Le problème était, en fait,
lié à la dégradation de la transparence du milieu d’élevage suite à la remise
en suspension des sédiments vaseux durant les périodes de mauvais temps.

VII- CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

De l’avis général de tous les scientifiques impliqués dans la recherche


aquacole des espèces des thonidés, le thon rouge de l’Atlantique est une
espèce qui se présente très bien pour l’élevage mais reste encore relativement
très difficile à maîtriser en matière de reproduction en captivité et de
production contrôlée de juvéniles. Les expérimentations conduites dans le
cadre du projet d’aquaculture de thon rouge à M’diq ont permis de
démontrer pour la première fois dans l’histoire la faisabilité technique de
l’élevage en mer ouverte des thons rouges d’atlantique et de l’obtention de
leur reproduction en captivité dans des conditions naturelles.

La poursuite des activités de recherche aquacole sur le thon rouge au Maroc


a nécessité, à fortiori, la recherche d’un autre site, autre que celui de M’diq,
présentant les exigences requises notamment en matière de régime
thermique et de qualité d’eau de mer (faible turbidité en période de grandes
pluies intempestives). Le choix du site d’élevage constitue, par conséquent,
un facteur primordial pour la poursuite éventuelle et la réussite du projet. Le
site potentiel à retenir semble devoir remplir impérativement les exigences
d’être caractérisé par un régime thermique annuel permettant d’atteindre
des valeurs estivales de l’ordre de 22 à 24°C au moment où les géniteurs
sont mâtures et de ne pas être affecté par des affluences d’eau douce et/ou
d'apports terrigènes altérant, en particulier, sa transparence.

Les récentes réussites des expériences portant sur le thon rouge du Pacifique
au Japon et celles sur l’albacore au Panama en coopération avec le Japon
semblent indiquer que les possibilités potentielles pour la reproduction en
captivité du thon rouge sont fortement conditionnées par des facteurs
environnants critiques tel que la température de l’eau de mer et sa turbidité
notamment en période des grandes pluies.

Le maintien éventuel du site de M’diq pour la poursuite de la recherche


aquacole en terme de reproduction en captivité du thon rouge semble peu
probant. Sur la base des données disponibles, il présente un cycle thermique
annuel variable de 14°C en hiver et 22°C en été ainsi que des risques
d’altération de la transparence du milieu d’élevage lors des fortes tempêtes.
Le recours éventuel aux techniques de reproduction induite ne semble pas
présenter, du moins en se référant aux résultats des expériences japonaises,
de possibilités rigoureuses à prendre en compte. Il est important de déployer
encore davantage d’efforts pour collecter des informations scientifiques et
établir un état actuel des connaissances sur la biologie de reproduction de
thon rouge.
69

La technologie est actuellement disponible pour réitérer davantage les


tentatives d’évaluation des potentialités aquacoles du thon rouge de
l’Atlantique, éventuellement dans un cadre de coopération plus élargi et
réunissant des compétences de différentes nationalités. En effet, la
possibilité d’élargir la recherche réalisée en coopération entre le Maroc et le
Japon à d’autres pays méditerranéens bordant les frayères naturelles de
thon rouge pour tenter de s’y approvisionner en œufs fécondés semble
présenter une alternative très intéressante à étudier.
70

ELEVAGE LARVAIRE
ET PREGROSSISSEMENT
DU PAGRE COMMUN
INRH- Fiche synthétique 42
Essai d’élevage larvaire et de prégrossissement du Pagre commun

 Reproduction et ponte
PAGRE COMMUN
 Constitution du stock de géniteurs

Ce stock a été constitué entre septembre 2000 et


février 2001, à partir d’individus pêchés dans la
baie de M’diq ; mis en bassins de 10 m3 de volume
chacun , nourris exclusivement de frais (bogues,
calamars et crevettes) et soumis aux conditions
naturelles de température (14.4-17.7°C), oxygène
dissous (5.57-7.64 mg/l), salinité (36.2-36.9 %0) et
photopériode.
 Informations générales
Nom scientifique :
Pagrus pagrus
(Linnaeus, 1758)

E
spèce de la famille des
sparidés.
C’est un poisson à large
Unité de conditionnement des géniteurs
distribution géographique
et à large marché surtout pour les  Maturation et ponte
plus gros spécimens qui sont de
moins en moins pêchés. Pontes obtenues entre le 23 mars et le 12
Il vit dans les eaux claires et non mai 2001, dans des conditions
naturelles :
polluées, à des profondeurs allant
 Température : 15.8 à 17.8°C
de 18 à 280 m. On le trouve
et
souvent aux alentours de 100 m.
 photopériode : 12 h 14 min à
Son régime alimentaire se compose 13 h 58 min.
essentiellement de mollusques,
crustacés et de poissons.  Collecte et incubation des œufs :

Sa taille peut atteindre un Nombre d'œufs produits

maximum de 82 cm. Sa taille 90 200

commune varie de 20 à 60 cm. 80 200


Nombre d'œufs pondus

70 200

La période de reproduction chez les 60 200

50 200
adultes, s’étend de février en mai. 40 200

30 200
Le sexe ratio chez les populations naturelles en
20 200
Méditerranée indique une prévalence des femelles 10 200
de l’ordre de 75 à 93 %. L’espèce est 200
hermaphrodite protérogyne. 23/3 28/3 2/4 7/4 12/4 17/4 22/4 27/4 2/5 7/5
Date de ponte

Œufs flottants Œufs morts


Maturité sexuelle : 3 à 4 ans chez
les femelles et 3 ans chez les
mâles.
Tous les protocoles d’élevage
larvaire réalisés en Méditerranée,
sont encore au stade expérimental.
INRH- Fiche synthétique 43
Essai d’élevage larvaire et de prégrossissement du Pagre commun

Evolution du diamètre moyen des oeufs de P. pagrus au cours


de la saison de ponte
1,04
Diamètre moyen des oeufs

1,02
(mm)

1,00

0,98

0,96
23/3 2/4 12/4 21/4 1/5 11/5
Date de ponte
Evolution du taux d'éclosion au cours de la période de
 Technique d’élevage
ponte
100% Le protocole suivi se base sur la
90%
80%
technique d’élevage semi-
Taux d'éclosion (%)

70% intensive en « eau verte semi-


60% stagnante ».
50%
40%
30%  Nourriture des larves
20%
Trois types de proies vivantes ont été utilisés :
10%
0%
27/3 1/4 6/4 11/4 16/4 20/4 25/4 30/4 5/5 10/5
 Algues (Nannochloropsis sp) : 2
Date de ponte fois par jour à partir de l’âge de
 Le nombre total d’œufs collectés 2 jours, 20 l/m3/j ;
est de 820 000, avec :  Rotifères (Brachionus plicatilis) ;
2 fois par jour à partir de l’âge
- 700 000 œufs viables (86%) et de 3-4 jours jusqu’à l’âge de 25 à
- 120 000 œufs morts (14%) 30 jours ;
 Le nombre total de larves éclores  - Artémia AF :distribuée entre le
est estimé à 411 800 soit un 15ème -19ème jour et le 25ème-33ème
taux d’éclosion moyen de 59%. jour d’âge ; 3à 4 repas par jour.
- Artémia EG : distribuée à
Les œufs fertilisés sont sphériques partir du 20ème jour jusqu’à l’âge
avec un diamètre moyen de 966- de 52-59ème jour ; 3 à 4 rations
1020 µm et un globule lipidique de par jour.
190-228 µm. Les valeurs élevées Le régime alimentaire appliqué aux
(>1mm) sont observées en avril. larves est comme suit :
Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-Rotifères et Artémia) distribuée
A 17°C , l’éclosion des œufs commence au bout de quotidiennement aux larves d'un bac de 500 l
9 35
74 heures d’incubation
Nannochloropsis (litres)

8
ZOOPLANCTONS (millions)

30
7
25
6
 Elevage larvaire 5 20
4 15
3
 Infrastructures 2
10

1 5

0 0

Une série de 14 bassins en 1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56

Age des larves (en jours après éclosion)


polyester, de forme et de volume Rot. millions Artémia AF millions Atrémia EG millions Nanno (litres)

différents, a été utilisée.


Trois types d’aliments composés
ont été utilisés. Leurs calibres
Unité d’élevage larvaire
INRH- Fiche synthétique 44
Essai d’élevage larvaire et de prégrossissement du Pagre commun

sont : 80-200 µm, 150-300 µm et  Croissance :


300-500 µm.
Croissance linéaire chez les larves de Pagrus
pagrus
 Conditions d’élevage
30,0
 Température : 14.5-21.3 °C ;
 Oxygène dissous : 3.93- 25,0

Taille moyenne (mm)


6.50mg/l ;
20,0
 Salinité : 35.3-36.8 %o ;
 Renouvellement d’eau : 0- 15,0
750%/j
10,0
 Photopériode : 12h
d’éclairement/j ; 5,0
 Les écrémeurs de surface ont
0,0
été mis en place à partir du
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56
5ème jour d’âge pour favoriser Age des larves (en jours)
l’inflation de la vessie
natatoire.
 Siphonnage : à j2 puis à partir  Croissance plus performante
de j12 tous les deux jours que celle de la dorade (Sparus
jusqu’à j30 puis quotidien à aurata) et moins que chez le
partir de j30. denté (Dentex dentex).
 A l’éclosion, les larves mesurent
Performance des élevages larvaires: en moyenne 3.19 mm.
 A l’ouverture de la bouche, les
 Survie : larves âgées de 3 jours,
Sur les 350 000 œufs prêts à éclore et larves mis en atteignent une taille moyenne
élevage, la production totale a été de l’ordre 60 300 de 3.83 mm.
alevins sevrés âgés entre 56 et 68 jours, soit une
survie globale de 17 % . Le maximum de survie
 La première inflation de la
obtenu est de 46.4%. vessie natatoire a été observée
chez 20% des larves âgées de 6
jours (4.14 mm de taille
La productivité moyenne obtenue moyenne). A l’âge de 12 jours
par m3 de volume d'élevage est (4.60 mm), 90% des larves
2079 alevins à 56-68j/m3. possédaient une vessie natatoire
fonctionnelle.
Les mortalités observées sont en
grande partie dues:  Le sevrage :
 au manque de rotifères suite à  Les métanauplii d’artémia EG
une chute aiguë des cultures en sont progressivement remplacés
cours ; par de l’aliment sec composé.
 à une protozoose aiguë due à  Initialisé à l’âge de 45 jours (16
Porpostoma notatum ; mm) . Durée : 7 à 14 jours ;
 à l’hyperinflation de la vessie sevrage tardif.
natatoire ;
 à l’ingestion de cystes
d’artémia et  Prégrossissement des alevins de pagre
 au cannibalisme survenue en
phase de sevrage. Il s’est déroulé dans les mêmes bassins où s’est
réalisé l’élevage larvaire.
INRH- Fiche synthétique 45
Essai d’élevage larvaire et de prégrossissement du Pagre commun

 Conclusion

Les résultats de la ponte (820 000 œufs dont 700


000 œufs viables) montrent que le pagre est capable
de se reproduire au cours de la même année de sa
capture.
Alevins en phase de prégrossissement

Avec une survie moyenne de 32% à


l’âge 60 jours, une productivité
 Conditions d’élevage: moyenne de 4220 alevins/m3, une
croissance rapide et soutenue, les
 Température : 18.9-22.4 °C ; résultats de production obtenus au
 Oxygène dissous : 2.87-6.15mg/l; niveau des 6 premiers élevages de
 Salinité : 35.4-36.8 %o ;
pagre (44 067 alevins), montrent
 Siphonnage : quotidien.
que Pagrus pagrus est une espèce
à grand potentiel de production
L’aliment est distribué en 4 à 6 rations par jour. Les aquacole. Ces résultats confirment
calibres des aliments employés sont : 300-500 µm,
500-800 µm et 800-1200 µm.
la position du pagre commun en
tant qu’espèce candidate pour la
diversification de l’aquaculture au
 Survie : Maroc.
Le taux de survie moyen obtenu est C r o is s a n c e lin é a ir e d e s a le v in s d e P a g r u s p a g r u s au

de 84.1%. Sur 52600 alevins de c o u r s d u p r é g r o s s is s e m e n t

pagres produits en fin de 120

prégrossissement, 49900 ont été


Taille moyenne (mm)

100

transférés en cages flottantes en 80

mer et 2700 gardés en écloserie. 60

40

Les mortalités observés sont dues 20


57 67 77 87 97 107 117 127 137 147 157

en grande partie à une A g e d e s a le v in s (e n jo u r s )

myxobactériose aigue. Les facteurs Cro issance pondérale des alevins de Pag rus
ayant déclenché cette affection 30
pag rus au cours du prégrossissem ent

sont : le faible apport en eau 25

(capacité limitée de pompage) et la


Poids moyen (g)

20
forte densité des alevins 15
(insuffisance des volumes
10
disponibles pour le dédoublement).
5

0
57 67 77 87 97 107 117 127 137 147 157
 Croissance Age des alevins (en jours)
46

SOMMAIRE

I- INTRODUCTION _____________________________________________________________ 47

II- REPRODUCTION ET PONTE __________________________________________________ 47


1- CONSTITUTION DU STOCK GENITEURS _____________________________________ 47
2- MATURATION ET PONTE ___________________________________________________ 48
3- COLLECTE ET INCUBATION DES ŒUFS _____________________________________________ 49
III- ELEVAGE LARVAIRE ________________________________________________________ 56
1- INFRASTRUCTURES D’ELEVAGE____________________________________________ 56
2- NOURRITURE DES LARVES _________________________________________________ 57
a) Proies vivantes__________________________________________________________ 57
b) Aliments composés_______________________________________________________ 58
3- CONDITIONS D’ELEVAGE __________________________________________________ 60
a) Paramètres physico-chimiques _____________________________________________ 60
b) Renouvellement d’eau ____________________________________________________ 60
c) Photopériode ___________________________________________________________ 60
d) Siphonnage _____________________________________________________________ 60
4- PERFORMANCES DES ELEVAGES LARVAIRES ________________________________ 61
a) Survie _________________________________________________________________ 61
b) Croissance larvaire ______________________________________________________ 66
c) Le sevrage _____________________________________________________________ 71
IV- PREGROSSISSEMENT DES ALEVINS DE PAGRE _______________________________ 71

V- CONCLUSION _______________________________________________________________ 78
47

INTRODUCTION

Le pagre Pagrus pagrus est un poisson à large distribution géographique et à


large marché surtout pour les plus gros spécimens qui sont de moins en
moins pêchés. Il vit dans les eaux claires et non polluées, à des profondeurs
allant de 18 à 280 m, mais on le trouve souvent aux alentours de 100 m Les
adultes préfèrent les fond durs, les jeunes les herbiers surtout de
posidonies. Le pagre est un poisson carnivore. Son régime alimentaire se
compose essentiellement de mollusques, crustacés et de poissons. Sa taille
peut atteindre un maximum de 82 cm. Sa taille commune varie de 20 à
60cm.

La période de reproduction chez les adultes, s’étend de février en mai. Le


sexe ratio chez les populations naturelles en Méditerranée indique une
prévalence des femelles de l’ordre de 75 à 93 % ce qui appuie la théorie d’un
hermaphrodisme protérogyne ( Panos Kolios et al. , 1997) .

Les travaux expérimentaux, réalisés dans les conditions d’élevage à l’Institut


de Biologie Marine de Crète (IMBC), montre que la première maturité
sexuelle chez le pagre est atteinte à l’âge de 3 à 4 ans chez les femelles et à
l’âge de 3 ans chez les mâles. Ce travail confirme aussi la théorie selon
laquelle l’espèce serait hermaphrodite protérogyne.

Les premiers essais d’élevage de pagres ont été entrepris en 1989, à partir
d’individus pêchés dans le milieu naturel sur des aires de nurseries en
Grèce, à un âge de 6 mois environ, puis élevés pendant 6 ans dans les
installations de l’IMBC (Fostier et al. ; 1999). En général, le pagre montre
d’excellentes performances de croissance et une grande adaptabilité aux
fortes densités et aux conditions d’élevage (Divanach et al., 1993 ; Kentouri
et al., 1994). Le premier stock de reproducteurs de Pagrus pagrus a été
constitué à l’IMBC en 1990, à partir d’individus capturés le long des côtes
crêtoises (Kentouri et al.,1995b). Les premières pontes d’œufs viables et les
premiers essais d’élevage larvaire datent de 1993. Tous les protocoles
d’élevage larvaire réalisés à l’IMBC, aussi bien en intensif qu’en extensif,
sont encore au stade expérimental.

REPRODUCTION ET PONTE

CONSTITUTION DU STOCK GENITEURS

Les larves que nous avons utilisées dans le présent travail, proviennent de
géniteurs de pagre dont le stock a été constitué entre septembre 2000 et
février 2001, à partir d’individus capturés dans la baie de M’diq au moyen de
petits palangriers.
48

A terre, les individus pêchés sont immédiatement placés en bassins de 500 à


1000 litres de volume. La plupart d’entre-eux présente à la réception, le
problème de décompression étant donné qu’ils étaient pêchés à des
profondeurs de 40 à 100 mètres et ramenés assez rapidement en surface.
Pour y remédier, nous avons réalisé, au moyen d’aiguilles stériles, des
ponctions abdominales afin de dégager le surplus de gaz accumulé dans la
vessie natatoire. Cependant, seulement 5% des individus capturés et amenés
à terres ont pu survivre. Ce faible taux est dû essentiellement aux
traumatismes et aux stress subis par les poissons au moment de la capture
et au cours de leur transfert en écloserie.

Après un séjour de deux à trois jours dans ces conditions, les individus nouvellement recrutés sont réceptionnés
dans deux bacs rectangulaires en polyester (FRP) de 10 m3 de volume chacun (5*2*1m). Compte tenu du
manque des installations, il aurait été préférable de stocker les géniteurs dans des bassins en dur afin de
minimiser les stress liés à la transmission de bruit ou éventuellement de chocs.

Ces animaux sont nourris exclusivement de frais distribué à volonté, une


fois par jour, 6 jours sur 7. Pendant la période de ponte, ils reçoivent une
alimentation composée de 70% de calamar, 20% de bogues et environ 10 %
de crevettes. En dehors de cette période, 70% de bogues, 20% de calmar et
environ 10% de crevettes. Ces proportions sont données à titre indicatif car
elles ont été souvent réajustées selon l’acceptabilité par les géniteurs vis à
vis des différents composants. Avant chaque distribution, ces aliments sont
préparés et enrichis avec un complexe vitaminique à raison de 2%.

Tous les poissons en stock étaient soumis aux conditions naturelles de température, salinité et de photopériode.
Les paramètres physico-chimiques, mesurés pendant cette période montrent des valeurs de température fluctuant
entre 14.4 et 17.7 °C, d’oxygène dissous entre 5.57 et 7.64 mg/l et de salinité entre 36.2 et 36.9.

MATURATION ET PONTE

En général, chez les poissons marins, l’éclairement et la température sont les


deux principaux facteurs de régulation de la maturation et la ponte. La
photopériode agirait surtout sur le développement des premiers stades
ovocytaires et la température sur les derniers stades et, plus
particulièrement, sur la ponte.

La maturation gonadique chez les pagres pour l’obtention des œufs, a été
effectuée en grande partie dans le milieu naturel car la majorité des
individus adultes a été capturé dans un état de maturité avancée.
49

Figure 1 : Période d'obtention des oeufs de P. pagrus capturés entre


septembre 2000 et février 2001 et soumis aux conditions
naturelles de température et de photopériode

24 15
14
Température (°C)

22

Photopériode (h)
13
20 12
11
18
10
16 9
8
14 PONTES
7
12 6
31/10 25/11 20/12 15/1 10/2 5/3 1/4 25/4 20/5 15/6 10/7 5/8 31/8 25/9 20/10
Date
Température Photopériode

Les pontes ont été spontanées et réalisées en plusieurs ovipositions


successives. Elles ont été obtenues à partir du 23 mars et se sont
prolongées jusqu’au 12 mai 2001. Les cycles photo et thermo-périodiques,
représentés sur la figure 1, montrent que la ponte chez le pagre se produit à
température et photopériode ascendantes : 15.8 à 17.8°C pour la
température et 12 h 14 min à13 h 58 min pour la photopériode (durée de
l'éclairement par jour).

Collecte et incubation des œufs

Les œufs sont collectés à la surverse des bassins géniteurs dans des bacs
FRP de 1m3 de volume, conçus avec une poche en toile Nylon de 500 µm de
maille où les œufs sont acheminés à travers un tube PVC de 90 mm de
diamètre. La chute d’eau entre le niveau de la surverse et la surface d’eau du
collecteur ne dépasse pas 10 cm.

Les œufs sont collectés quotidiennement vers 9h00 du matin et à partir de


17h00. Les œufs sont récupérés du collecteur au moyen d’épuisette à toile
fine et mis dans un bac en polycarbonate de 100 l de volume. Les œufs
morts, benthiques, sont dénombrés et éliminés. Les œufs flottants (viables)
sont dénombrés, mesurés puis transférés dans des incubateurs de 100
litres, en polycarbonate et de forme cylindro-conique. Ces bacs, au nombre
de trois, sont placés à l’abri, dans un lieu sombre où l’intensité lumineuse ne
dépassait pas 80 lux.
50

Une vingtaine d’œufs est prélevée quotidiennement pour observations et


mesures des diamètres moyens (œufs et globule lipidique).

Chaque incubateur est équipé de deux arrivées d’air et une arrivée d’eau de
mer tangentielle à la paroi permettant de maintenir délicatement les œufs en
suspension dans le milieu. La crépine centrale est munie d’une série de 4
fenêtres et d’une toile à plancton de 350 µm de maille. La surverse externe
permet de maintenir le niveau d’eau dans chaque incubateur. Les conditions
de température et de salinité sont maintenues identiques à celles de la ponte
et le taux de renouvellement aux environs de 100% du volume total par
heure. Les densités utilisées variaient entre 10 et 540 œufs par litre selon
le nombre d’œufs collectés par jour. Périodiquement, l’aération et l’arrivée
d’eau sont stoppées afin de permettre la décantation des œufs morts qui
sont, par la suite, siphonnés et éliminés. Juste avant éclosion, l’aération est
légèrement augmentée afin de permettre aux œufs embryonnés, tendant à la
sédimentation, de se remettre en suspension.

En fin d’incubation, les larves écloses ou les œufs embryonnés sont


échantillonnés par carottage au moyen d’un tube PVC de 16 mm de
diamètre. Les carottages sont opérés à différents lieux du bac d’incubation.
Le dénombrement s’effectue dans un volume récupéré de 0.250 l environ.

Les résultats obtenus par lot de géniteurs sont résumés dans le tableau suivant :

Tableau 1 : Récapitulatif des pontes chez Pagrus pagrus - saison 2001

Date de début de ponte Date de fin de ponte Nombre d'w pondus Nombre d'w flottants Taux de
flottabilité
30/3/01 11/5/01 729 070 678 433 93%
23/3/01 23/3/01 89 400 23 400 26%
Total 818 470 701 833 86%
Taux de fertilité Diam. moyen Diam. Moy. Nombre de Taux
des W (µm) des GL (µm) larves eclores d'éclosion
84% 997 201 411 777 61%
- 985 - 0%
Total 411 777 59%
Légende : W = œufs ; GL = Globules Lipidiques

Le nombre total d’œufs collectés est estimé à 820 000, avec 700 000 œufs flottants (86%) et 120 000 œufs morts
(14%). Les variations du total d’œufs collectés par jour de ponte sont représentées sur la figure 2. Les pics de
ponte sont observés vers la mi-avril 2001.
51

F igu re 2 : N o m bre d'œ u fs p rod uits et fréquence des p ontes

90 200
Nombre d'œufs pondus

80 200

70 200

60 200

50 200

40 200

30 200

20 200

10 200

2 00
23 /3 28 /3 2 /4 7/4 1 2/4 17 /4 2 2 /4 2 7/4 2 /5 7 /5
D ate de po nte
Πufs flottan ts Πufs m orts

Le pourcentage des œufs fertilisés flottants se situait en général entre 70% et


100%. Les fluctuations du taux de flottabilité des œufs au cours de la
période de ponte sont représentées sur la figure 3. Entre le 23 mars et le
11avril 2001, ce taux variait entre 26 et 80% puis, s’est stabilisé aux
alentours de 100% jusqu’à début mai. Les œufs fertilisés sont sphériques
avec un diamètre moyen de 966-1020 µm et un globule lipidique de 190-
228 µm de taille moyenne. La figure 4 montre une tendance à la diminution
du diamètre moyen des œufs en fin de saison. Les valeurs élevées ( >1 mm)
sont généralement observées au mois d’avril. Les paramètres physico-
chimiques enregistrés pendant cette saison de ponte variaient entre 15.8 °C
et 17.8°C pour la température, 5.2 et 6.7 mg/l pour la teneur en oxygène
dissous et 36.3 et 36.9 pour la salinité.

F igure 3 : E volution du taux d e flottab ilité des œ ufs au


cours de la période de ponte
120%

100%
Taux de flottabilité des oeufs (%)

80%

60%

40%

20%

0%
27/3 1/4 6/4 11/4 16/4 20/4 25/4 30/4 5/5 10/5
D ate de ponte
52

Figure 4 : Evolution du diamètre moyen des œufs de P. pagrus


au cours de la saison de ponte

1,03
Diamètre moyen des œufs

1,02

1,01

1,00
(mm)

0,99

0,98

0,97

0,96
23/3 28/3 2/4 7/4 12/4 16/4 21/4 26/4 1/5 6/5 11/5

Période de ponte (jours)

A la température de 17 °C, l’éclosion des œufs commence au bout de 74 heures d’incubation. Les différents
stades de développement embryonnaire ont fait l’objet de nombreux travaux de recherche. Dans nos conditions,
ces stades sont présentés sur les planches ci-jointes :
53
54
55
56

ELEVAGE LARVAIRE

1- INFRASTRUCTURES D’ELEVAGE

Le bâtiment abritant les structures d’élevage est équipé d’une toiture opaque
et des fenêtres donnant vers l’extérieur; celles-ci sont couvertes par un filet
d’ombrage empêchant le rayonnement solaire d’atteindre directement les
bacs larvaires.

Trois séries de bassins ont été utilisées :

 2 Bacs de forme circulaire, de fond plat, en polyéthylène, de paroi


et fond noires, de 500 l de volume chacun (diam. 1.05m * h = 0.74
cm); nommés B1 et B6 ;
 5 bacs de forme carrée, de fond plat, en polyester de type FRP, de
paroi et fond bleus, de 2 m3 de volume chacun (1.55 * 1.55*
0.80m); nommés B2, B3, B4 et B5
 4 bacs de forme circulaire, de fond plat, en polyester de type FRP,
de paroi et fond bleus, de 4 m3 de volume chacun (diam. 2.30m * h
= 1.10 m); nommés A1,A2,A3 et A4 ;
 3 bacs de forme carrée, de fond plat, en polyester de type FRP, de
paroi et fond bleus, de 1 m3 de volume chacun (1.30 * 1.30 *
0.80m); nommés C1, C2 et C3 .

Tous ces bassins sont utilisés en circuit ouvert. Leur alimentation en eau de
mer se fait par gravité grâce au bassin réservoir dont l’eau est préalablement
filtrée par une série de deux filtres à sable et stérilisée à l’UV. Dans tous les
bassins, l’arrivée d’eau se fait par le fond duquel elle est distante d’environ
50 cm, excepté pour le bac B1 où l’eau arrive par la surface. La sortie d’eau
des bacs larvaires est protégée par une crépine équipée d’une maille de 260
µm en début d’élevage puis d’une maille de 500 µm en fin d’élevage. Les
dimensions des crépines d’évacuation sont comme suit :
B1, 2, 3, 4, 5 et 6 : 60*20*20 cm
A1, 2, 3 et 4 : diam. = 40 cm, h = 96 cm
C1, 2 et 3 : diam. = 90 mm, h = 70 cm

Durant les quatre premiers jours d’âge, quatre diffuseurs d’air sont placés
dans le bac à environ 15 cm du fond. Ils permettent de créer un mouvement
régulier de la masse d’eau et conserver le reflex de bascule chez les larves. A
partir du 4ème jour d’âge, l’aération est fortement diminuée et au 5ème jour,
seulement un ou deux diffuseurs d’air, selon les bacs, sont gardés au centre
jusqu’à la fin de la phase larvaire. Des écrémeurs de surface, au nombre de
1 à 4, sont mis en place à partir du 5ème jour d’âge. Ces écrémeurs sont
utilisés pour éliminer le film huileux accumulé en surface et permettre aux
larves de gonfler leur vessie natatoire.
57

L’éclairage artificiel est assuré par des tubes à néon (40 w) fixés à environ
0.8 m de la surface d’eau de manière à ce que l’intensité lumineuse au
centre soit de l'ordre de 600 à 800 lux.

Le maintien de la température et du chauffage de l’eau sont assurés par


l’utilisation d’une résistance avec thermostat (0.5°C). Cette opération a été
appliquée seulement pour le bac B6 à partir du 15ème jour d’âge. Les autres
bassins ont été tous soumis aux conditions ambiantes de température.

2- NOURRITURE DES LARVES

Le régime alimentaire appliqué aux larves est résumé sur les figures 5a, 5 b, 5c, 5d, 5 et 5f .

a) Proies vivantes
Trois types de proies vivantes ont été utilisés en élevage larvaire du pagre :
algue monocellulaire (Nannochloropsis sp), rotifère (Brachionus plicatilis) et
artémia (Artémia salina) :

 Algues

Plusieurs travaux de recherche ont montré que l’utilisation d’algues


monocellulaires en milieu larvaire a un effet positif sur la survie et la
croissance des larves de poissons marins en général. Les raisons avancées
peuvent être résumées comme suit:
 meilleure utilisation par les algues de l’ammoniaque produit par les
larves et les proies vivantes ;
 contrôle anti-bactérien du milieu larvaire;
 maintien par les algues de la qualité et du contenu des proies ;
 création d'une pénombre en favorisant, stimulant le comportement
alimentaire des larves et réduisant la réflexion de la lumière sur les
parois.
 Augmentation de la teneur en oxygène dissous dans l’eau des bacs
larvaires.

La souche d’algue utilisée en milieu larvaire est Nannochloropsis sp. Le choix


a porté sur cette espèce en raison de sa taille, sa qualité nutritive et sa
facilité de culture.

Les algues sont distribuées, aux larves, deux fois par jour dès l’âge de 2
jours et ce, à raison de 20 litres environ/m3/jour. La concentration des
cultures, à l’utilisation, varie entre 25 et 30 millions de cellules/ml. Les
quantités distribuées ont été souvent ajustées de manière à maintenir une
concentration en algues dans le milieu larvaire, entre 0.4 et 1 million de
cellules/ml. La distribution d’algues a été interrompue à l'âge de 25-33 jours
selon les bacs.
58

 Rotifères

Les rotifères sont distribués dès l’ouverture de la bouche des larves (3-4ème
Jour) jusqu’à l’âge de 25 à 30 jours. La quantité de rotifères introduite dans
le milieu est ajustée quotidiennement en fonction du volume d’élevage et du
différentiel de concentration entre les deux dernières rations. Les rotifères
sont distribués en deux fois, une première ration, le matin vers 9h et une
seconde ration, l’après midi vers 15h. La densité des rotifères dans le milieu
est contrôlée avant chaque distribution et réajustée de manière à ce qu’elle
ne descende pas au-dessous de 2 à 3 rotifères/ml avant la distribution de la
ration suivante. Cependant, la chute des cultures de rotifères survenue en
pleine saison larvaire nous a obligé à rationaliser les distributions en
fonction des quantités disponibles.

 Artémia

Les deux souches d’artémia employées sont d'origine commerciale. Elles sont
vendues sous les noms de AF cysts et EG cysts. L’éclosion s’effectue dans
des bacs cylindro-coniques de 50 à 500 litres à une température de 27-28°C
et une salinité de 36-37%0. Les nauplii d’artémia sont obtenus après 19 à
24 heures d’incubation. Les AF sont utilisées sous forme de nauplii, les EG
sous forme de métanaulii enrichis avec un produit artificiel appelé DC-DHA
selco.

Les nauplii d’artémia AF sont distribués aux larves entre le 15-19ème jour
et le 25ème-33ème jour d’âge à raison de 3 à 4 repas par jour, les
métanauplii EG à partir du 20ème jour jusqu’à l’âge de 52-59ème jour. Les
rations journalières sont déterminées en fonction de la quantité consommée
la veille. La densité des nauplii et métanauplii est contrôlée régulièrement et
ajustée de manière à assurer une disponibilité permanente en proies dans le
bac larvaire.

b) Aliments composés
Les trois types d’aliments composés qui ont été employés au cours de la phase larvaire, ont les caractéristiques
suivantes :

Tableau 2 : Récapitulatif des aliments composés utilisés en élevage larvaire

Aliment Taille (µm) Composition Age


Protéine Lipide (%) EPA (mg/g) DHA (mg/g) Vit. C (ppm) d'utilisation (jours)
(%)

LANSY R1 80-200 50 15 8 17 2000 18-45


LANSY A2 150-300 50 15,5 10 20 2000 40-55
LANSY W3 300-500 50 15,5 10 20 2000 50-60
Légende : EPA = Eicosapentaenoic Acid; DHA = Docosahexaenoic Acid
59

Figure 5a :Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-Rotifères Figure 5b Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-rotifères
et Artémia) distribuée quotidiennement aux larves de B1 et Artémia) distribuée quotidiennement aux larves de B2.

9 35 16 60

8 14
30 50
7
ZOOPLANCTONS (millions)

Nannochloropsis (litres)

Nannochloropsis (litres)
ZOOPLANCTONS (millions)
12
25 40
6
10
5 20 30
8
4 15 20
3 6
10
10
2 4
5
1 2 0

0 0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 0 -10
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66
Age des larves (en jours après éclosion)
Rot. millions Artémia AF millions Atrémia EG millions Nanno (litres)
Age des larves (en jours après éclosion)
Rot. millions Artémia AF millions Atrémia EG millions Nanno (litres)

Figure 5c : Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis- Figure 5d : Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-Rotifères
Rotifères et Artémia) distribuée aux larves de B3 et Artémia) distribuée quotidiennement aux larves de B4
14 90 12 90
80 80
12
10
ZOOPLANCTONS (millions)
ZOOPLANCTONS (millions)

70 70

Nannochloropsis (litres)
10
Nannochloropsis (litres)

60 8 60
8 50 50
6
6 40 40
30 4 30
4
20 20
2 2
10 10
0 0 0 0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66 71
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61 66
Age des larves (en jours après éclosion)
Age des larves (en jours après éclosion)
Rot. millions Artémia AF millions At rémia EG millions Nanno (lit res)
Rot. millions Artémia AF millions Atrémia EG millions Nanno (litres)

Figure 5e : Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-Rotifères et Figure 5f : Quantité de proies vivantes (Nannochloropsis-Rotifères et
Artémia) distribuée quotidiennement aux larves de B5 Artémia) distribuée quotidiennement aux larves de B6
14 90 12 90

80
80
12 10
70
70
Nannochloropsis (litres)
ZOOPLANCTONS (millions)

ZOOPLANCTONS (millions)

10
8 60
60
Nannochloropsis(l)

8 50
50
6
40
6 40

4 30
30
4
20
20
2
2 10
10

0 0
0 0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61
Age des larves (en jours après éclosion) Age des larves (en jours après éclosion)
Rot. millions Artémia AF millions Atrémia EG millions Nanno (litres) Rot . million s Artémia AF millions At rémia EG millions Nanno (lit res)
60

3- CONDITIONS D’ELEVAGE

a) Paramètres physico-chimiques
La température de l’eau a été au départ identique à celle de l’incubation
(15.2-17.8°C), puis a subi des variations en fonction des conditions
environnantes et du renouvellement d’eau. Au niveau du bac B6, la
température de l’eau a connu une augmentation à partir du jour 15 et ce,
grâce à l’utilisation d’une résistance avec thermostat.

La teneur en oxygène dissous variait entre 3.93 et 6.50 mg/l et la salinité


entre 35.3 et 36.4 % o. Les valeurs moyennes, maximales et minimales sont
illustrées dans le tableau suivant :

Tableau 3 : Valeurs moyennes, minimales et maximales de la température, oxygène dissous et de la salinité au


cours de la période d’élevage larvaire du pagre.
Bac N° Température °C Oxygène dissous mg/l Salinité g/l
Moy. Min. Max. Moy. Min. Max. Moy. Min. Max.
B1 17,6 14,8 20,0 5,97 5,17 6,24 36,3 35,3 36,7
B2 17,8 14,5 20,7 5,80 4,35 6,29 36,4 36,1 36,8
B3 17,9 14,7 20,8 5,86 4,55 6,50 36,4 36,0 36,8
B4 18,0 14,6 20,7 5,83 4,34 6,42 36,4 36,0 36,7
B5 18,1 14,7 20,7 5,77 4,04 6,41 36,4 36,1 36,8
B6 19,2 14,6 21,3 5,51 3,93 6,43 36,4 36,1 36,7

b) Renouvellement d’eau
Au début et juste avant la mise en élevage larvaire, les bacs sont remplis à
raison de 50% du volume utile en eau de mer filtrée et stérilisée à l’UV. Les
jours suivants, une quantité d’eau de mer correspondante à environ 10% du
volume utile est additionnée quotidiennement aux bacs jusqu’à leur
remplissage à 100%. Ces bacs sont ensuite gardés en conditions de
stagnation jusqu’à l’âge de 9-11 jours.

c) Photopériode
La photopériode a été au départ réglée à 24 heures de lumière, puis réduites
à 12 heures dès les premiers jours d’âge car les quantités produites en
rotifères n’arrivaient pas à satisfaire les besoins croissants des larves.

d) Siphonnage
Un premier siphonnage léger du fond des bacs est réalisé le jour suivant la
mise en élevage larvaire, juste avant la distribution des algues. Il porte
essentiellement sur les amas de larves mortes et les restes d’œufs accumulés
au fond après éclosion. A partir de 12ème jour et jusqu’à l’âge de 30 jours,
les bacs sont siphonnés régulièrement tous les deux jours puis
61

quotidiennement jusqu’à la fin de la phase larvaire. Entre j2 et j12, les bacs


ne sont pas siphonnés afin de minimiser au maximum les stress pendant
cette période de grande sensibilité des larves (ouverture de la bouche,
apprentissage de la chasse, résorption de la vésicule vitelline et inflation de
la vessie natatoire). D’ailleurs, pendant cette phase, les débris accumulés au
fond sont minimes et ne justifient pas de siphonnage fréquent.

PERFORMANCES DES ELEVAGES LARVAIRES


Le bilan global de production ainsi que les caractéristiques des élevages
figurent sur les tableaux 4a et 4b.

a) Survie
Le taux de survie des 14 élevages est évalué pour chaque bassin en fin de la
phase larvaire après la pêche et le comptage manuel de tous les alevins
survivants. Ce taux, comme le montrent les tableaux 4a et 4b, varie selon
les bacs, entre 1.5% (C1) et 46,4% (B2), (figure 6a).

Figure 6a : Taux de survie chez les larves de Pagrus pagrus


50
45 46,4%
40
Taux de survie (%)

35
30
25
20
15
10
5 1,5%
0
B1 B2 B3 B4 B5 B6 A1 A2 A3 A4 C1 C2 C3 b
Bacs larvaires

Globalement, et sur les 350 000 œufs prêts à éclore et larves mis en élevage,
la production totale a été de l’ordre 60 300 alevins sevrés âgés entre 56 et 68
jours, soit une survie globale de 17 %. Cette performance reste inférieure à
celle obtenue en mésocosme par l'IMBC. Par contre, la productivité moyenne
obtenue par m3 de volume d'élevage dépasse largement ce résultat (2079
alevins à 56-68j/m3 contre 1325 alevins seulement à 37 j/m3).

Au cours des élevages larvaires, nous avons observé trois périodes de


mortalité :
62

Tableau 4a : Récapitulatif de la production et des caractéristiques des élevages larvaires de Pagrus pagrus

Nombre de L. ou WE '/

d'alevins
au
Nombre de L. ou WE

Période d'élevage (jours)

Nombre calculé à 60 j

Nombre calculé à 60 j

Taux de survie 60 j
Date de début d'élevage

Nombre d'œufs (*1000)

ensemencés (*1000)

Taux d'éclosion (%)

Taux de survie (%)


Age des larves

d'âge'/m3 (*1000)

Taille moy. (mm)


comptés (*1000)
sevrage (jours)
Date de ponte

Date de pêche

d'âge (*1000)
Observations

m3 (*1000)

Max. (mm)
Min. (mm)

d'âge (%)
Poids (g)
Nombre
Bac N°

jour 0
Infection des larves par
un protozoaire
B1
9/4/01 11/04/01 7,3 5,7 78% 6/6/01 56 45 1,681 1,679 3,358 22,5 20 25 0,17 30% 30% Porpostoma notatum
(500l)
Traitement: formaline
30%
11/4/01 13/04/01 5,0 1,1 68
Chute des cultures de
B2
rotifères dès J14-J15.
(2m3) 12/4/01 14/04/01 22,0 17,8 9,5 70% 20/6/01 67 41 8,781 8,862 4,431 26,9 23 32 0,42 46% 46%

27,0 18,9

14/4/01 16/04/01 18,0 6,4 69


Chute des cultures de
B3
rotifères dès J12-J13.
(2m3) 15/4/01 17/04/01 9,8 9,4 7,9 57% 25/6/01 68 44 6,615 6,728 3,364 31,0 26 35 0,58 42% 43%

27,8 15,7

16/4/01 18/04/01 16,0 14,3 67


Chute des cultures de
B4
rotifères dès J9.
(2m3) 16/4/01 19/04/01 15,4 13,9 14,1 90% 25/6/01 66 41 6,719 6,798 3,399 29,5 25 33 0,59 24% 24%

31,4 28,2
Chute des cultures de
17/4/01 20/04/01 8,0 7,5 63
rotifères dès J6-J7
B5
(utilisation d'artémia
(2m3) 18/4/01 21/04/01 46,1 32,2 19,9 73% 22/6/01 62 39 10,606 10,649 5,3245 27,0 24 36 0,42 27% 27% broyée).
54,1 39,7
Chute des cultures de
B6 rotifères dès J5
(2m3) 19/4/01 22/04/01 35,5 30,9 15,4 87% 22/6/01 60 45 9,665 9,665 4,8325 24,1 19 30 0,29 31% 31% (utilisation d'artémia
broyée).

TOTAL 183,1 139,1 76% 44,067 44,381 32% 32%


63

Tableau 4b: Récapitulatif de la production et des caractéristiques des élevages larvaires de Pagrus pagrus

Date de début
jour

Nombre d'œufs

WE ensemencés

période d'élevage

Nombre d'alevins

Taux de survie
Nombre de L. ou

Nombre de L. ou

Taux d'éclosion

moy.
m3

comptés (*1000)
Observations
Date de ponte

date de pêche

Max. (mm)
Min. (mm)
'/

Poids (g)
d'élevage

(*1000)

(*1000)

(*1000)
Bac N°

(jours)

(mm)
Taille
(%)

(%)
WE
0
20/04/01 23/04/01 48,200 45,880 95 Chute des cultures de rotifères
A1 (4 m3) 21/04/01 24/04/01 35,200 19,400 16,3 78% 27/07/01 94 3,727 45,75 35 54 2,37 5,7% dès J6-7 (utilisation d'artémia
broyée).
83,400 65,280
22/04/01 25/04/01 22,160 12,000 93 Chute des cultures de rotifères
A2 (4 m3) 23/04/01 26/04/01 18,300 17,600 7,4 73% 27/07/01 92 2,954 44,90 30 58 2,23 10,0% dès J4-5 (utilisation d'artémia
broyée).
40,460 29,600
30/04/01 03/05/01 18,990 10,000 85 Chute des cultures de
A3 (4 m3) 02/05/01 05/05/01 17,200 17,200 6,8 75% 27/07/01 83 2,428 39,15 27 48 1,7 8,9% rotifères; (utilisation d'artémia
broyée).
36,190 27,200
03/05/01 06/05/01 25,300 12,500 82 Chute des cultures de
A4 (4 m3) 04/05/01 06/05/01 20,580 12,500 6,3 54% 27/07/01 81 1,626 39,15 27 48 1,7 6,5% rotifères; (utilisation d'artémia
broyée).
45,880 25,000
Chute des cultures de
45,18 35 52 2,19 1,5%
rotifères; (utilisation d'artémia
C1 (1 m3) 24/04/01 27/04/01 33,300 23,300 23,3 70% 18/07/01 82 0,349 broyée). forte mortalité au
(29/07/01) (29/07/01) (29/07/01) (29/07/01)
cours du sevrage
Chute des cultures de
45,18 35 52 2,19 1,9%
rotifères; (utilisation d'artémia
C2 (1 m3) 25/04/01 28/04/01 31,500 19,200 19,2 61% 18/07/01 81 0,372 broyée). forte mortalité au
(29/07/01) (29/07/01) (29/07/01) (29/07/01)
cours du sevrage
Chute des cultures de
35,95 25 44 1,08 23,4%
rotifères; (utilisation d'artémia
C3 (1 m3) 26/04/01 29/04/01 10,750 8,750 8,8 81% 27/07/01 87 2,049 broyée). forte mortalité au
(30/07/01) (30/07/01) (30/07/01) (30/07/01)
cours du sevrage

Chute des cultures de


27,85 21 35 0,49 21,9%
rotifères; (utilisation d'artémia
b (500 l) 09/05/01 12/05/01 14,950 12,500 25,0 84% 18/07/01 67 2,737 broyée). Hyperinflation de la
(30/07/01) (30/07/01) (30/07/01) (30/07/01)
vessie natatoire
TOTAL 296,430 210,830 71% 16,242 7,7%
TOTAL
GENERAL 479,510 349,880 73% 60,309 17,2%
65

La première période de mortalité a concerné pratiquement tous les élevages


en cours avec des degrés différents selon les âges. Elle correspond à la
période où les quantités produites en rotifères n’étaient pas suffisantes pour
satisfaire les besoins des larves, c’est à dire à partir du 28/04/2001. La
chute brutale des cultures de rotifères en était à l’origine et les raisons de
cette chute n’ont pas encore été élucidées. A l’examen microscopique, la
majorité des larves mortes ou moribondes présentait un estomac vide ou
contenant quelquefois des cystes d’artémia. Nous avons également relevé
des cas de larves présentant une hyper-inflation de la vessie natatoire. Au
niveau des bassins larvaires, nous avons observé une surexcitation des
larves suite au manque aigu de rotifères dans le milieu. Les mesures prises
pour faire face à cette situation critique ont été comme suit :
 réduction de la photopériode de 24h à 12h de lumière par jour ;
 introduction des nauplii artémia AF dans le régime alimentaire des larves
(15ème jour environ après éclosion);
 utilisation de broyât d’artémia AF et EG à partir du 8ème jour d’âge.

Une seconde période de mortalité a été observée alors que les larves sont
âgées de 24 jours. Les observations réalisées dans les bassins ont révélé les
manifestations suivantes :
 un assombrissement prononcé des larves ;
 des mouvements de surexcitation des larves, entrecoupés de phases prolongées
de repos ;
 dans certains bacs, une proportion non négligeable de larves nage en surface.

A l’examen microscopique des larves moribondes, nous avons pu mettre en


évidence, au niveau cutané, la présence en nombre abondant, d’un
protozoaire cilié de 80 µm de taille, apparenté à l’espèce : Porpostoma
notatum. Ce protozoaire vit en général sur les débris organiques déposés au
fond des bassins (algues agglutinées, larves mortes, rotifères morts…) où il
peut se multiplier rapidement pour donner de véritable bloom en milieu
larvaire avant de s’attaquer aux larves. Les actions menées pour remédier à
ce problème ont été comme suit :
 augmentation du renouvellement d’eau et de la fréquence de nettoyage du
fond ;
 Traitement systématique des élevages dont l’âge des larves est supérieur à 15
j. Ce traitement à base de formaline 30% est appliqué par bain d’une heure à
une dose de 80 à 125 ppm. Ce même traitement a été également appliqué à
titre préventif pour les élevages ne présentant pas apparemment le problème.
La dose, dans ce cas a été réduite à 50 ppm et l’avions appliquée de façon
systématique dès l’âge de 15 j.

Ces interventions, combinées avec une surveillance sanitaire vigilante des


élevages, ont été efficaces dans la mesure où les mortalités liées à cette
protozoose se sont estompées dans les jours qui suivent.
66

Les larves nageant en surface présentent une hyperinflation de la vessie


natatoire les empêchant de se nourrir entraînant leur mort par inanition et
compression de la masse viscérale. Ce phénomène apparaît aux alentours du
20ème jour d’âge et correspond à l’introduction des métanauplii d’artémia
dans le régime alimentaire des larves. Plusieurs auteurs lient l’hyperinflation
observée chez les larves au stress (variations brusques des conditions
d’élevage, densité élevée, manipulations…) et au niveau de sensibilité des
larves (qualité, état nutritionnel, état sanitaire…). Afin de minimiser les
pertes liées à ce phénomène, les précautions suivantes ont été prises :
 Eviter tout type de stress ;
 Améliorer à l’amont et l’aval la qualité nutritionnelle des proies distribuées en
augmentant la dose et la durée de l’enrichissement ;
 Augmentation de l’aération de manière à permettre aux larves de se mettre en
suspension dans le milieu et se nourrir ;
 Augmentation des quantités distribuées en algues dans le but de réduire le
stress lié à la lumière et favoriser le comportement alimentaire des larves.

En cours de sevrage, entre les âges de 45 et 55 jours, une troisième période


de mortalité est survenue chez les larves. Cette mortalité est liée à un
comportement de cannibalisme qui est apparu de manière intense dans les
élevages où la survie larvaire était plus élevée. Afin d’atténuer les effets de ce
comportement, nous avons dans un premier temps introduit dans la ration
alimentaire un mélange de bogues et de crevettes décortiquées broyées.
Cette mesure a permis de réduire la mortalité liée au cannibalisme mais
sans pour autant la faire stopper complètement. Par ailleurs et faute de
volumes disponibles, nous avons procédé par ordre de priorité, à des
dédoublements afin d’alléger les bacs surchargés en alevins. (Ceci n’a été
possible qu’après un aménagement de l’écloserie). Cette action semble
efficace, puisque la mortalité liée au cannibalisme a nettement diminué les
jours suivants.

b) Croissance larvaire
Pour évaluer les performances de croissance, la longueur totale des larves a
été mesurée de l’extrémité antérieure de la bouche à l’extrémité postérieure
de la nageoire primordiale ou de la nageoire caudale selon le stade de
développement. L’appréciation de la croissance a porté sur 2 élevages : B1
et B6. Dans chacun d’eux, 15 à 20 larves sont capturées au hasard. Jusqu’à
l’âge de 30j l’échantillonnage était presque quotidien puis tous les 5 jours
jusqu’à l’âge de 40j et enfin tous les 10 jours jusqu’à la fin de la phase
larvaire.

Les courbes de croissances obtenues chez les larves des bacs B1 et B6 sont
représentées dans la figure 6b. Ces courbes montrent une croissance plus
lente chez les larves de B6 par rapport à celles de B1 malgré l’élévation de la
température qu’elles aient subit à partir du 11ème jour (figure 6c). Il semble
que ce retard est dû au manque de rotifères dont l’effet a concerné plus les
larves de B6 que celles de B1, encore aggravé par l’effet de la densité initiale
67

de larves, qui était relativement plus élevée dans B6 (15500 Larves/m3) que
B1 (11400 larves/m3).

Figure 6b: Croissance linéaire des larves dePagrus pagrus

30

25
Taille moyenne (mm)

20

15

10

0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61
Age des larves (en jours)
B6 B1

Figure 6c : Evolution de la température de l'eau (°C)


22

20
Température (°C)

18

16

14

12

10
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56 61

Age des larves (en jours après éclosion)


T°C B6 T°C B1
68

A partir du 25ème jour, les larves de B6 ont repris en croissance pour


atteindre celle de B1 vers l’âge de 33 jours. Cette reprise serait une sorte de
compensation en croissance des larves de B6 au moment où leur aptitude
leur a permis de se nourrir uniquement sur artémia et aliment composé
sans avoir besoin de rotifères.

Comparées à d’autres espèces, les larves de pagre élevées dans nos


conditions, ont montré une croissance plus performante que celle de la
dorade (Sparus aurata) et moins que celle observée chez le denté (Dentex
dentex) (figure 7).

Figure 7: Croissance linéaire comparative des larves de


pagre, de dorade et de denté.
25,0
Taille moyenne (mm)

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56
Age des larves (en jours)
Pagre Denté Dorade

A l’éclosion, les larves mesurent en moyenne 3.19 mm. A l’ouverture de la


bouche, les larves âgées de 3 jours, atteignent une taille moyenne de 3.83
mm. La première inflation de la vessie natatoire a été observée chez 20% des
larves âgées de 6 jours (4.14 mm de taille moyenne). A l’âge de 12 jours (4.60
mm), 90% des larves possédaient une vessie natatoire fonctionnelle. Le
schéma de développement morphologique observé chez les larves de pagre
est représenté sur les planches ci-jointes.

La première distribution des nauplii d’artémia AF a été effectuée à l’âge de


15 jours, lorsque les larves ont atteint une taille moyenne de 5.9 mm. Les
métanaupplii d’EG enrichis ont été introduits à l’âge de 25 jours alors que la
taille moyenne des larves était de 6.8 mm.
69
70
71

c) Le sevrage
Le sevrage a été réalisé dans les bacs larvaires pour être moins stressant et
aussi parce que les disponibilités en volumes étaient très réduites. Dans nos
conditions d’élevage, le sevrage a été initialisé tardivement à l’âge de 45 jours
alors que les larves avaient atteint 16.0 mm de taille moyenne. Les
métanauplii d’artémia EG ont été progressivement remplacés par de
l’aliment sec composé. Ce sevrage a duré jusqu’à l’âge de 52 à 59 jours
selon les élevages. Dans la mesure où il n’y aurait pas de problèmes dans la
culture des rotifères, pour les élevages à venir, il est à recommander
d’effectuer précocement l’opération de sevrage. Les alevins sevrés ont été par
la suite comptés et dédoublés selon les disponibilités en bacs. La priorité a
été donnée aux bacs les plus chargés.

PREGROSSISSEMENT DES ALEVINS DE PAGRE

Les alevins, comptés à des âges différents, ont été transférés et répartis
dans les mêmes bassins où s’est déroulé leur élevage larvaire. Deux bassins
de type Race-way (E et F) de 5 m3 de volume chacun ainsi que 2 bacs (B1 et
B7) de 2m3 chacun dont un circulaire et un carré ont été également utilisés.
Tous ces bacs ont été équipés d’une surverse dont la sorti a été protégée par
un filet de type NORLAC.
Le prégrossissement a duré selon les bacs entre 38 et 65 jours pour la série
B1 à B6 et de 20 à 49 jours pour les autres bacs. Les résultats obtenus sont
récapitulés dans les tableaux 5a et 5b. Les évolutions de la mortalité et des
effectifs d’alevins des bacs B1, E (5 m3 provenant de B2), B6 (2m3 provenant
de B3), B4 (2m3 provenant de B3), F (5m3 provenant de B5) et B5
(provenant de B6) sont représentés dans les figures 9a, 9b, 9c, 9d, 9e, 9f, 9g,
9h, 9i, 9j, 9k, 9l, Les courbes de croissance linéaires et pondérales des
alevins de B1 (alevins issus de B1) et B5 (alevins issus de B6) sont
illustrées dans les figures 8a, 8b, 8c, 8d.
Pour la série des bacs B1 à B6, les valeurs moyennes, minimales et
maximales de la température, oxygène dissous et salinité sont représentées
dans le tableau 6.

Tableau 6 : Valeurs de la température, oxygène dissous et de la salinité au


cours du prégrossissement du pagre.
Bac N° Température °C Oxygène dissous mg/l Salinité g/l
Moy. Min. Max. Moy. Min. Max. Moy. Min. Max.
B1 20,8 18,9 22,4 5,40 4,45 6,15 36,40 36,1 36,7
B2 (E) 21,2 19,7 22,3 5,10 3,64 5,93 36,40 35,9 36,7
B3 (B6) 21,1 19,7 22,2 4,60 2,87 5,80 36,50 36,3 36,8
B4 (B3') 21,1 19,6 22,2 5,00 3,91 5,90 36,50 36,1 36,8
B5 (F) 21,3 19,7 22,3 4,70 3,23 5,80 36,40 35,4 36,7
B6 (B5) 21,1 19,6 22,2 4,90 3,42 5,69 36,50 36,1 36,7

L’aliment a été distribué manuellement et à volonté en 4 à 6 rations/jour.


Les aliments utilisés au cours du prégrossissement sont NRD3/5 (300-500
µm), NRD5/8 (500-800 µm) et ALPHA3 (800-1200 µm). Les caractéristiques
de ces aliments sont comme suit :
70

Tableau 5a : Récapitulatif des résultats obtenus chez Pagrus pagrus en prégrossissement


N° du bac de

Date de fin de

Densité initiale

Taux de survie

durée d'élevage
Nombre initial
bac

Nombre d'alevins

Nombre d'alevins
date de début du
prégrossissement
larvaire d'origine

d'alevins (*1000)

collecté (*1000)

Poids Max. (g)


Poids Min. (g)
Observations

morts (*1000)

Poids moy.(g)
Min. (mm)
Taille moy.
(alevins/l)
du

prégross.

prégross.

(jours)

Max
(%)

B1 (2m3) Myxobactériose
B1 (500l) (circular) 06/06/2001 10/08/2001 1,681 0,8 1,198 0,483 71,3% 65 70 60 82 7,6 4,5 10,5 cannibalisme
Alevins gardés en bassin

Myxobactériose
B2 (2 m3) E (Race-way) 20/06/2001 08/08/2001 8,781 1,8 7,790 0,991 88,7% 49 61 48 68 4,8 2,9 6,4 cannibalisme
Alevins transférés en cage
en mer
B3 (2 m3) B6 (2m3) Alevins transférés en cage
44 40 47 3,9 2,8 4,9 en mer
B7 (2m3) 25/06/2001 02/08/2001 6,615 1,7 6,434 0,181 97,3% 38
B4 (2 m3) B3 (2m3) 56 49 63 4,4 2,7 6,2 Myxobactériose
cannibalisme
B4 (2m3) 25/06/2001 08/08/2001 6,719 1,7 4,737 1,982 70,5% 44
Alevins transférés en cage
en mer
Myxobactériose
B5 (2 m3) F (Race-way) 22/06/2001 10/08/2001 10,606 2,1 9,878 0,728 93,1% 49 58 48 67 3,9 2,0 5,5 cannibalisme
Alevins transférés en cage
en mer
B6 (2 m3) B2 (2m3) Myxobactériose
50 43 56 3,2 2,1 4,4 cannibalisme
B5 (2m3) 22/06/2001 08/08/2001 9,665 2,4 7,043 2,622 72,9% 47
Alevins transférés en cage
en mer
Insuffisance dans les
apports en eau et air
TOTAL 44,067 37,080 6,987 84,1% Insuffisance des volumes
pour le prégrossissement
Myxobactériose –
Cannibalisme
71

Tableau 5b : Récapitulatif des résultats obtenus chez Pagrus pagrus en prégrossissement

N° du bac larvaire N° du bac de date de début du Date de fin de prégross. Nombre initial Densité initiale Nombre d'alevins Nombre d'alevins Taux de survie durée d'élevage
d'origine prégrossissement prégross. d'alevins (*1000) (alevins/l) collecté (*1000) morts (*1000) (%) (jours) Observations

Alevins transférés en cage


A1 (4 m3) A2 (4m3) 27/07/2001 16/08/2001 3,727 0,9 3,698 0,029 99,2% 20
en mer
0,7
A2 (4 m3) Alevins transférés en cage
A3 (4m3) 27/07/2001 16/08/2001 2,954 0,9 2,914 0,040 98,6% 20 en mer
0,6
A3 (4 m3) A4 (4m3) 27/07/2001 05/09/2001 2,428 1,0 2,409 0,019 99,2% 40
0,4
A4 (4 m3) A4 (4m3) 27/07/2001 05/09/2001 1,626 1,0 1,613 0,013 99,2% 40
C2 (1 m3) 0,3
C1 (1 m3) A3 (4m3) 18/07/2001 16/08/2001 0,349 0,7 0,331 0,018 94,8% 29
0,8
C2 (1 m3) C2 (1 m3) 0,4
A3 (4m3) 18/07/2001 16/08/2001 0,372 0,7 0,335 0,037 90,1% 29
0,8
C3 (1 m3) C3 (1 m3) 2,0
A1 (4 m3) 27/07/2001 05/09/2001 2,049 1,2 2,011 0,038 98,1% 40
0,8
b (500 l) C1 (1m3) 2,7
A1 (4 m3) 18/07/2001 05/09/2001 2,737 1,2 2,252 0,485 82,3% 49
0,8
TOTAL 16,242 15,563 0,679 95,8%
72

Tableau 7 : Récapitulatif des aliments composés utilisés en prégrossissement


Aliment Taille (µm) Composition Age (B1)

Protéine (%) Lipide (%) DHA/EPA ratio W3HUFA (mg/g) Vit. C (mg/kg) d'utilisation (jours)

NRD 3/5 300-500 60 14,5 2 28 2000 57-59


NRD 4/6 400-600 60 14,5 2 28 2000 60-67
NRD 5/8 500-800 60 14,5 2 28 2000 68-84
ALPHA 3 800-1200 56 15 1,5 30 1000 85-138

La croissance des alevins de B1 entre le 57ème jour et le 161ème jour d’âge et


de B5 (issus de B6) entre le 62ème jour et le 108ème jour a été suivie. Les
courbes de croissance linéaire et pondérale ont été établies à partir des
moyennes de taille et de poids de 20 individus capturés au hasard. Les
résultats obtenus sont illustrés dans les figures 8a, 8b, 8c, 8d.
Figure 8a : Croissance linéaire des alevins de Pagrus pagrus au cours de
de la phase de prégrossissement (B1)

0,0142x
120 y = 26,948e
Taille moyenne (mm)

100

80

60

40

20
57 62 67 72 77 82 87 92 97 102 107 112 117 122 127 132 137 142 147 152 157
Age des alevins (en jours)

F igu re 8b: C roissance pondérale P agrus pagrus des alevins de au


cours de la de la phase de prégrossissem ent (B 1)

30

25 y = e 0 ,0 32 1 x
Poids moyen (g)

20

15

10

0
57 62 67 72 77 82 87 92 97 1 02 1 07 11 11 12 2 12 7 13 2 13 7 1 42 1 47 1 52 1 57
A ge des alevins2 (en7 jours)
73

Figure 8c: Croissance linéaire des alevins dePagrus pagrus


au cours de la phase de prégrossissement (B5 de B6)

0,0153x
y = 25,596e
50
Taille moyenne (mm)

40

30

20
62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100 102 104 106 108
Age des alevins (en jours)

Figure 8d : Croissance pondérale des alevins Pagrus pagrus


de au cours de la phase de prégrossissement (B5 de B6)
4,0
0,0505x
3,5 y = 0,3367e

3,0
Poids moyen (g)

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

0,0
62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 100102 104 106108

Age des alevins (en jours)


74

D’après ces courbes, les alevins de B1 montrent une croissance plus rapide
que celle des alevins de B6. Ceci est lié probablement aux faibles teneurs de
l’eau en oxygène dissous enregistrées dans B6 par rapport à B1 (4.9 contre
5.9 mg/l en moyenne), à la densité en alevins plus élevée dans B6 (2518
contre 840 individus/m3) et à l’insuffisance générale dans les apports en
eau. Nous avons pu également constater qu’au fur et à mesure que les
alevins grandissaient, les variations de poids étaient relativement plus
importantes que les variations en taille.

Le taux de survie moyen obtenu en phase de prégrossissement chez les


alevins issus de la série B1 à B6 est de 84.1%. Ce taux est de l’ordre de
95.8% pour les autres lots. Sur un total de 52600 alevins de pagres
prégrossis, 49900 alevins ont été transférés en cages flottantes en mer et
2700 gardés en bassins en écloserie.

Plusieurs pics de mortalités ont été observés au cours de la phase de


prégrossissement (figures 9). Ces pics sont dus à une myxobactériose,
maladie qui s’est manifestée chez les alevins de pagre élevés dans des
conditions critiques (densité élevée, faible teneur en oxygène de l’eau, faible
renouvellement d’eau et forte teneur en matière organique). Les alevins
atteints montrent une nage déséquilibrée et des lésions nécrotiques
blanchâtres au niveau des flancs avec érosion des nageoires et du
pédoncule caudale. Au niveau branchial, nous avons également relevé des
lésions de nécrose blanchâtres. Ces lésions ont évolué chez certains
individus vers des ulcérations nécro-hémorragiques sur-infectées par des
bactéries opportunistes notamment par des vibrios. L’observation de frottis
cutanés ou branchiaux a révélé la présence en abondance de longs filaments
bactériens enchevêtrés, caractéristiques des myxobactéries. Les mesures
curatives prises pour faire face à cette maladie sont :

 Traitement à base d’oxytetracycline utilisée par bain d’une heure à la dose de


10 ppm.
 Traitement à base d’oxytetracycline (150 mg/Kg de poissons) et d’oxolinate de
soude (24 mg/Kg de poissons). Ce traitement a été utilisé par voie orale
pendant 7 à 10 jours.

Des rechutes ont été fréquemment observées. Il semble que les traitements
appliqués n’ont eu d’effet que temporairement puisque les causes primitives
de la maladie n’ont pas été éliminées. Il s’agit essentiellement du problème
d’alimentation en eau et des faibles disponibilités en volume pour le
prégrossissement. Les mortalités ne se sont estompées définitivement
qu’après avoir transféré les premiers lots d’alevins en cage en mer, ce qui a
permis de libérer des bacs qui ont servi, par la suite, au dédoublement des
autres lots.
75

Figure 9a: Evolution du nombre d'alevins morts au cours de Figure 9c: Evolution du nombre d'alevins morts au cours de la
la p hase de p régrossissement (B1) p hase de p régrossissement (E)
100 100
90 90

Nombre d'alevins morts


80 80
Nombre d'alevins morts

70 70
60 60
50 50
40
40
30
30
20
20
10
10
0
0
71 76 81 86 91 96 101 106 111 116
57 67 77 87 97 107 117 127 137 147 157
Age des alevins (en jours) Age des alevins (en jours)

Figure 9b: Evolution de l'effectif d'alevins de Pagre au Figure 9d : Evolution de l'effectif d'alevins de Pagre
cours de la p hase de p régrossissement (B1) au cours de la p hase de p régrossissement (E)
2000 9000
1900
M y xobactériose aigue 8500
1800
Effectif d'alevins

1700

Effectif d'alevins
8000
1600
1500 7500
1400
1300 7000
1200
6500
1100
1000 6000
57 67 77 87 97 107 117 127 137 147 157 71 76 81 86 91 96 101 106 111 116

Age des alevins (en jours) Age des alevins (en jours)
76

Figure 9g: Evolution du nombre d'alevins morts au cours de la


Figure 9e: Evolution du nombre d'alevins morts au cours de la
phase de prégrossissement (B3 de B4)
p hase de p régrossissement (B6 de B3)
100
140
90

Nombre d'alevins morts


Nombre d'alevins morts

80 120
70 100
60
80
50
40 60
30 40
20 20
10
0
0
72 77 82 87 92 97 102 109
74 79 84 89 94 99 104
Age des alevins (en jours)
Age des alevins (en jours)

Figure 9h: Evolution de l'effectif d'alevins de Pagre au cours de la


Figure 9f: Evolution de l'effect if d'alevins de Pagre au
cours de la p hase de p régrossissement (B6 de B3) p hase de p régrossissement (B3 de B4)
40 00
3450
39 00
3250
Effectif d'alevins

Effectif d'alevins
38 00
3050

37 00 2850

36 00 2650

35 00 2450
74 79 84 89 94 99 1 04 72 77 82 87 92 97 102 109
Age des alev ins (en jours)
Age des alevins (en jours)
77

Fi gu re 9i : Evolut ion du no mbre d'alevins mo rt s au cours de la Fi gu re 9 k : Evo lut io n d u n om bre d'alev ins m o rt s au cours d e la
p has e de p régross is sement (F 5m3 de B5) p hase de p régro ssissem ent (B 5 d e B 6)
10 0
14 0
90

Nombre d'alevins morts


Nombre d'alevins morts

12 0 80
10 0 70
60
80 50
60 40
30
40
20
20 10
0 0

67 72 77 82 87 92 97 102 107 62 67 72 77 82 87 92 97 102 1 07


A ge des alevins (en jours) A g e d es ale v in s (en jo u rs )

Fi g u re 9j: Ev olut ion de l'effect if d'alevins d e P agre au Fi gu re 9l : Ev olut ion de l'effect if d 'alev in s d e P agre
cou rs de la p has e de p régros s is s em ent (F 5 m 3 d e B 5) au co urs de la p h as e de p régros s iss ement (B5 d e B 6)

10900 47 00

10700 45 00
Effectif d'alevins

Effectif d'alevins
10500
43 00
10300
41 00
10100
39 00
9900

9700 37 00

9500 35 00
67 72 77 82 87 92 97 102 107 62 67 72 77 82 87 92 97 102 107
A ge des alev in s (en jo urs) A ge d es alev ins (en jo urs )
CONCLUSION

Les résultats obtenus au niveau de la ponte (820 000 œufs dont 700 000
œufs viables obtenus entre 23/03 et 11/05/01), montrent que le pagre est
capable de se reproduire au cours de la même année de sa capture. Son
conditionnement à la captivité ne pose pas de grands problèmes. De même,
l’émission des œufs a eu lieu au cours de la période de ponte.

Avec une survie moyenne de 32% à l’âge de 60 jours, une productivité


moyenne de 4220 alevins/m3, une croissance rapide et soutenue, les
résultats de production obtenus au niveau des 6 premiers élevages de pagre
(44 067 alevins), montrent que l'espèce Pagrus pagrus est une espèce à
grand potentiel de production aquacole. Ces résultats, malgré les trois
périodes de mortalités soulevées au cours de la phase larvaire et les
problèmes d’ordre techniques survenus en phase de prégrossissement,
confirment la position du pagre commun en tant qu’espèce candidate pour la
diversification de l’aquaculture méditerranéenne.
79

ELEVAGE DE MOULES
DANS LA BAIE D'AGADIR
INRH- Fiche Synthétique 79
Essai d’élevage de la moule au PK25-Agadir

LA MOULE

organique, phytoplancton et
zooplancton).

Vitesse de croissance étroitement


liée à la richesse du milieu en
éléments nutritifs, à la
température, la lumière, au temps
d'émersion, l'âge, la taille et la
structure de la population (60 à 70
mm entre 12 et 18 mois chez
Mytilus edulis).

M
ollusque Bivalve de la famille
des Mytilidae. Les moulières Maturité sexuelle 5 à 8 mois (15 et
naturelles de la côte 35 mm) après la fixation du naissain
atlantique marocaine abritent deux de M. galloprovincialis.
genres :
 la moule méditerranéenne: Sexes séparés ; Gonade (blanc-
Mytilus galloprovincialis et crème chez le mâle, orange chez les
femelles) diffuse dans le manteau et
 la moule africaine: Perna perna. la masse viscérale ; Fécondation
 Informations générales externe; cycle de reproduction étalé
dans l'année : plusieurs pontes ou
Aire de répartition géographique très spermiations successives séparées
vaste : par des phases de restauration des
gonades. Repos sexuel brève de 1 à
M. galloprovincialis : le long des 2 mois.
côtes méditerranéennes
européennes et maghrébines. Mortalité naturelle pouvant atteindre
Largement répandue sur les côtes 90% durant les stades larvaires.
atlantiques, de la France jusqu'aux
côtes sud-marocaines.  Site d'élevage

P. perna : le long des côtes Est et PK 25 : il s'agit d'une petite baie


Ouest de l'atlantique tropical et située à 25 km au nord d'Agadir.
subtropical et des côtes
méditerranéennes du Maghreb et
de l'Espagne.

La moule s'étend de la limite


supérieure des hautes mers jusqu'à 6
à 9 m de profondeur.

Organisme microphage, filtreur à


régime suspensivore (matière
INRH- Fiche Synthétique 80
Essai d’élevage de la moule au PK25-Agadir

 Zone d'élevage
Les critères de choix de la zone
d'élevage sont :
 Une profondeur comprise entre 7
et 30 mètres.
 Un fond sableux.
 Des courants ne dépassant pas 2
nœuds.
 l'existence d'agents nocifs pour
la moule (prédateurs,
compétiteurs et organismes Technique d'élevage
pathogènes).
La technique adoptée est l'élevage
En tenant compte de ces critères, la
sur filière subflottante en mer
zone d'élevage se caractérise par :
ouverte.
 une superficie : 8 ha
 une profondeur : 18 m
 un fond : sableux Au PK 25, quatre filières de 100
 une localisation : au milieu de la mètres ont été installées.
baie et à 1.5 miles nautiques de  Mise en place des naissains
la côte. Deux systèmes de fixation de
naissains ont été adoptés :
 modèle New Zélandais: Il s’agit
Les coordonnées de la zone sont : de 10 portions de 40 cm de
corde, filamenteuse et
A = 30° 34,00’ N, 9°44,75’ W vitaminée, espacées de 50 cm
B = 30°34, 45’ N, 9°44,75’ W sur une corde en polyéthylène
C = 30° 34,00’ N, 9°45,75’ W de 8 mm de diamètre
D = 30°34, 45’ N, 9°45,75’ W
INRH- Fiche Synthétique 81
Essai d’élevage de la moule au PK25-Agadir

 de 2.1 mm/mois de novembre


2001 à janvier 2002.
80 M. galloprovincialis

70

Longueur (en mm)


Taille commerciale
60

50

40

30

20

1
01

01

01

01

01

2
-0

-0

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t- 0

-0
-0
s-

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c-

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ût

pt
in
ai

oc
av


ju

no
ar

ju
m

se
ao

ja
m
Mois

La taille commerciale (60 mm) est


atteinte au bout de 8.5 mois
 modèle français confectionné à
base d’une corde de coco d'élevage (fin octobre - début
enroulée sur un quadrillage en novembre 2001).
bois.
Chez la moule africaine, le taux de
croissance mensuel est légèrement
supérieur à celui enregistré chez M.
galloprovincialis.
90 P. perna

80
Longueur (en mm)

70

Taille commerciale
60

50

40

30

20

1350 Kg de naissains (5 à 15 mm
2
01

01

01

01
r -0

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-0

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s-

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v-

c-

nv
ai

in

ût

pt

t
av

oc
ar


ju

no
m

ju

ao

se

ja
m

Mois
de longueur) de P. perna et M.
galloprovincialis sont collectés et
mis ensemble en boudins. P. perna atteint la taille
commerciale (60 mm) au bout de
la mise en élevage des naissains de 7,5 mois d’élevage (fin septembre-
moule a débuté en février 2001. début octobre 2001), c’est à dire
avec un mois d'avance par rapport
 Aspects biologiques
à M. galloprovincialis.
Croissance linéaire : Croissance pondérale
Chez la moule méditerranéenne, le
taux de croissance est de Chez la moule méditerranéenne, le
poids frais de la masse molle atteint :
 4.6 à 8.2 mm/mois de mars à
août 2001,  des valeurs maximales en août
 2.7 à 3.2 mm/mois d'août à 2001 (5.25±1.3 g) et janvier 2002
novembre. (6.43±2.8g) et
INRH- Fiche Synthétique 82
Essai d’élevage de la moule au PK25-Agadir

 une valeur minimale en 14


P. perna
septembre (3.35±2.8) 12

12
M. galloprovincialis 10

Poids Frais (en g)


10 8
Poids Frais (en g)

8
6

6
4
4
2
2

0
0 mars-01 avr-01 mai-01 juin-01 juil-01 août-01 sept-01 oct-01 nov-01 déc-01 janv-02
Mois
01

01

01

01

01

2
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t-0

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s-

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ai

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pt

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av


ju

no
ar

ju

se
ao

ja
m

Mois

Chez la moule africaine, le poids


 Accumulation des salissures
frais de la masse molle atteint :
entraînant un travail énorme de
 des valeurs maximales en août nettoyage et
2001 (4.88±1.6g) et janvier 2002  L'utilisation des filets en nylon
(10.33±2.3g) et empêche les moules de croître
 une valeur minimale en correctement.
septembre (4.18±1.3g).

 Conclusion

Taux de mortalité Au point de vue technique


Aucune mortalité anormale n’a été
Le PK 25 présente des
observée. Les pertes du cheptel
caractéristiques océanographiques
enregistrées durant une année et biologiques importantes, en
d’élevage sont dues à la fois au faveur de l'implantation d'une activité
dégrappage des moules suite à de mytiliculture en mer ouverte dans
l’augmentation du poids du boudin la région d’Agadir.
d’élevage et au vandalisme.
La mise en œuvre technique de ce
 Aspects techniques
projet expérimental est possible. En
On constate une bonne tenue des effet, les premiers éléments
favorables et indispensables
filières subflottantes et une résistance
remarqués sur place, sont la bonne
aux conditions hydrodynamiques.
tenue des filières de fond et une
Cependant, certains problèmes sont bonne association des pêcheurs
apparus : locaux au projet.
 Endommagement des filières par
les pêcheurs locaux surtout au
début des essais.
INRH- Fiche Synthétique 83
Essai d’élevage de la moule au PK25-Agadir

Au point de vue biologique

Une croissance linéaire et pondérale


très satisfaisante du cheptel durant
toute l'année :
 les périodes de croissance rapide
enregistrées entre mars et août
coïncident avec le phénomène
d'upwelling et
 l'atténuation de la vitesse de
croissance entre août et novembre
coïncidant avec la période de
l'activité gonadique, où un
détournement du métabolisme se
fait au profit de la reproduction.
Cet essai d’élevage nécessite d’être plus
agrandi afin d’être dans les normes
d’une ferme d’élevage à but commercial
afin de ressortir tous les problèmes liés à
la production.
SOMMAIRE

I- PRESENTATION DU SITE D'ELEVAGE ________________________________________105


1- SITUATION GEOGRAPHIQUE _______________________________________________105
2- CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES _________________________________________105
3- CARACTERISTIQUES TOPOGRAPHIQUES ____________________________________105
a) ______________________________________________________________________ Côte
105
b)Bathymétrie et nature du fond
105
c)Régime hydrologique
105
4- CHOIX DE LA ZONE D’ELEVAGE ____________________________________________107
a) ________________________________________________________________ Profondeur
107
b)Nature du fond
107
c) __________________________________________________________________ Courants
107
d)Ennemis de la moule
107
II- PRESENTATION DE L'ESPECE MISE EN ELEVAGE_____________________________108

III- PRESENTATION DE LA TECHNIQUE D’ELEVAGE______________________________111


1- LES BLOCS _______________________________________________________________113
2- CONFECTION ET MISE A EAU DES FILIERES __________________________________113
3- MISE EN PLACE DES NAISSAINS ____________________________________________114
IV- RESULTATS _________________________________________________________________116
1- ASPECTS TECHNIQUES ____________________________________________________116
2- ASPECTS BIOLOGIQUES ____________________________________________________117
a)Croissance linéaire
118
b)Croissance pondérale
120
c)Croissance absolue
122
d)Taux de mortalité
124
V- DISCUSSION ET CONCLUSIONS ______________________________________________124
105

PRESENTATION DU SITE D'ELEVAGE

1- SITUATION GEOGRAPHIQUE

PK 25, se situe dans une petite baie à 25 kilomètre au nord d’Agadir. Cette
baie est localisée entre 30°34' de latitude Nord et 9°45' de longitude Ouest. Ce
site est également protégé par les Eaux et Forêts. En effet, la falaise qui
délimite au sud la baie de PK 25 est habitée par l’Ibis chauve (oiseau très rare
et protégé à l’échelle International). Le site est également très accessible (la
route nationale longe la côte) et loin de toute activité humaine polluante
(agricole, industrielle…).

2- CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES

Le climat de la région d'Agadir (entre Cap Ghir et le port d’Agadir) est de type
aride avec une pluviosité concentrée surtout aux mois d’hiver.

Le régime général des vents dans cette région se caractérise par des vents de
NE qui représentent 50 à 90% des observations. Ce régime des vents plutôt
faibles en général et souvent irréguliers tant en vitesse qu’en direction, est
très influencé par les reliefs et la forme de la côte. Ainsi, à Agadir, les vents
d’Est et vents d’Ouest ont une fréquence quasi identique dans l’année. Ceci
s’explique par le retrait d’Agadir par rapport à la ligne générale des côtes,
l’influence des brises de mer et la présence du Cap Ghir.

3- CARACTERISTIQUES TOPOGRAPHIQUES
a) Côte
La baie d’Agadir, présente généralement une alternance de zones rocheuses et
de plages sableuses. Son orientation est Sud Ouest-Nord Est. Elle est
caractérisée par une grande diversité morphologique et géologique. Au niveau
de PK 25, il s’agit d’une série du crétacé moyen et supérieur. Elle est
constituée essentiellement par des argiles, des marnes et des calcaires.
b) Bathymétrie et nature du fond
La bathymétrie de la région n’offre pas de caractéristiques particulières : les
fonds remontent lentement de 100 mètres entre 6 et 10 miles à 20 mètres à 1
mile de la côte. La remontée des fonds est assez progressive et les lignes de
sonde suivent un tracé reprenant le contour de la côte. Le fond, est constitué
de sables fins et coquillages avec la présence irrégulière de quelques roches.
c) Régime hydrologique
on distingue :
 La houle : Au niveau du site d’étude, comme sur l’ensemble de la côte
atlantique marocaine, il existe presque en permanence une houle assez
forte. Elle est liée à des vents forts et continus de directions peu variables, à
des lents déplacements de fronts froids, ou le plus souvent, à des
dépressions passant entre les Açores et l’Islande.

 Les marées : Les eaux marines de la région sont également soumises aux effets
des courants de marées, qui feraient sentir leur influence jusqu’à 20 à 30
106

Km du rivage. L’onde de marée vient du Sud. Elle est semi-diurne et


d’amplitude peu variable (2,1 à 3,4 m).
 Les courants : La circulation dans cette zone n'est pas bien cernée. Il semblerait
que la zone entre Cap Ghir et Sidi Ifni est le siège d'un tourbillon cyclonique
généré par le Cap Ghir. Au niveau du littoral, le courant longe le trait de
côte en direction du nord.

Carte 1 : Situation géographique de la baie de PK 25

Photo 1 : Vue générale de la baie de PK 25


107

4- CHOIX DE LA ZONE D’ELEVAGE

Avant l’implantation des structures d’élevage, une prospection


hydrodynamique et hydrologique a été réalisée afin de délimiter l'aire propice
et adéquate pour l’élevage au niveau du PK 25. Ce choix a été basé sur les
critères suivants :
a) Profondeur
La profondeur nécessaire pour la mise en place des structures d’élevage de
moules en off shore doit être supérieure à 7 m (pour éviter que les suspensions
d’élevage touchent le fond) et inférieure à 30 m (une grande profondeur
implique plus d’investissement). Ainsi, une profondeur de -20 m a été retenue
pour déterminer la zone d’élevage.
b) Nature du fond
Pour l’installation des structures d’élevages adoptées dans le cadre de ce projet,
la nature du fond devrait être sableuse.
c) Courants
Ils ne doivent pas dépasser 2 nœuds. En effet, si les courants sont forts, les
suspensions d’élevage risquent de se frotter ou de s’emmêler (dégrappage des
moules). Dans d’autre cas, c’est toute la structure d’élevage qui risque de
dériver ou sera complètement détruite.
d) Ennemis de la moule
Leur présence dans le site est très néfaste (réduction de la production). Ainsi, il
est jugé utile de vérifier si ces ennemis (prédateurs, compétiteurs et parasites)
existent ou pas aussi bien au niveau de la zone d’élevage qu'au niveau des
bancs naturels de moules qui se trouvent au voisinage.

Ainsi, En tenant compte de ces critères de choix, la zone d’élevage, d’une


superficie de 8 ha (Longueur = 400 m, Largeur =200 m) et d’une profondeur de
18 m est localisée au milieu de la baie et à 1,5 miles nautiques de la côte. Cette
aire est délimitée par quatre bouées de balisage équipées par des lampes laser
photosensibles et repérées par les coordonnées suivantes (fig.1) :

A = 30° 34,00’ N 9°44,75’ W B = 30°34, 45’ N 9°44,75’ W


C = 30° 34,00’ N 9°45,75’ W D = 30°34, 45’ N 9°45,75’ W
108

Figure 1 : Emplacement de la zone d’élevage dans la baie de PK 25.

PRESENTATION DE L'ESPECE MISE EN ELEVAGE

Au niveau de la baie d'Agadir comme tout au long de la côte Atlantique


marocaine, les moulières naturelles comportent deux espèces de moule :
Perna perna et Mytilus galloprovincialis. Ainsi, les deux espèces sont retenues
pour la réalisation de ce projet d’élevage.
MORPHOLOGIE

La morphologie ainsi que la comparaison entre M. galloprovincialis et P.


perna est donnée dans le tableau 1 et la figure 2. Elle est basée sur quatre
critères : la charnière, l'épiderme, la coloration de l'intérieur des valves et les
impressions musculaires de l'adducteur des valves et de l'adducteur du pied.

Tableau 1 : Comparaison entre M. galloprovincialis et P. perna.


Critères M. galloprovincialis P. perna
Composée de 3 dents Jamais plus de 2 dents.
bien apparentes sur Fréquemment 1 dans la
Charnière
chaque valve (fig. 2A) valve gauche et 2 dans la
valve droite (fig.2B)
Noire Brun. La fente byssal est
Epiderme souvent bordée d'un vert
émeraude
Bleu-ardoise très foncé. Blanc-jaunâtre irisé,
Coloration de
Presque noir vers le bord passant au jaune doré
l'intérieur des
postérieur et presque vers les bords
valves
blanc sous les crochets postérieurs
Impressions musculaires Contiguës Détachées l'une de
de l'adducteur des valves (fig.2C ) l'autre (fig. 2D)
et de l'adducteur du pied
109

Figure 2 : Morphologie et comparaison entre les deux espèces de


moules P. Perna et M. galloprovincialis
CYCLE DE VIE ET ECOLOGIE

 Aire de répartition : Les moules constituent une composante importante des


écosystèmes marins littoraux. Elles occupent l'étage qui s'étend de la limite
supérieure des hautes mers jusqu'à une profondeur de 6 à 9 m. Cette
dernière peut, dans certains cas, atteindre 30 à 40 m (mer Baltique). Les
moules ont une distribution universelle.

La côte atlantique marocaine héberge deux espèces :

 M. galloprovincialis : Son aire de répartition géographique est la


Méditerranée (essentiellement le long des côtes européennes et
maghrébines). Toutefois, elle s'étend sur l'Atlantique : i) au sud,
jusqu'aux côtes sud-marocaines où elle cohabite avec P. perna au
nord, jusqu'à la Manche où elle coexiste avec Mytilus edulis.
 P. perna. : Espèce largement répandue dans le monde : Elle est
rencontrée dans les côtes Est et Ouest de l'Atlantique tropicale et
subtropicale (Côtes Est : Mauritanie, Maroc, Sénégal, Congo, Angola,
etc.; Côtes Ouest : Antille, Guyane, Brésil, etc.). Elle se rencontre
également en Méditerranée sur les côtes du Maghreb (Maroc, Algérie
et Tunisie) et de l'Espagne.
110

 Alimentation des moules : Les moules sont des organismes microphages, filtreurs
à régime suspensivore. Elles se nourrissent de matière organique
particulaire et de plancton présents dans l'eau : diatomées, dinoflagellés,
bactéries, flagellés, protozoaires, divers spores, fragments d'algues et
débris inorganiques. Les moules disposent de ces aliments grâce à
différents types de cils branchiaux. Les cils latéraux jouent le rôle de
pompe à eau, les cils latéraux-frontaux celui de filtre, alors que les cils
frontaux et marginaux jouent le rôle de transporteurs. La variation
saisonnière des taux en éléments nutritifs engendra une activité
saisonnière du métabolisme énergétique et de croissance chez les moules.
Ceci se traduit par la présence de stries de différentes épaisseurs sur la
coquille de l'animal (les stries les plus marquées correspondent à un
ralentissement de la croissance).

 Croissance : La croissance des moules dépend essentiellement de la richesse


en éléments nutritifs de leur milieu de vie. Toutefois, plusieurs facteurs
tels la température, le pH, la lumière, le temps d'émersion, l'âge, la taille et
la structure de la population ont un rôle non négligeable sur la filtration et,
par conséquent, sur la croissance. Dans des conditions favorables, Mytilus
edulis, par exemple, peut croître rapidement jusqu'à 60 à 70 mm entre 12
et 18 mois ; alors que sous des conditions moins favorables, la croissance
peut être extrêmement lente : certains individus mesurent uniquement 20
à 30 mm après 15 à 20 ans.

 Reproduction : Les moules sont des espèces gonochoriques mais de rares cas
d'hermaphrodisme ont été signalés. Les sexes se distinguent chez les
adultes par la couleur du manteau qui est blanc-crème chez les mâles et
orange chez les femelles. La gonade n'est pas un organe anatomiquement
distinct, mais s'étend de façon diffuse dans le manteau et la masse
viscérale.

L'âge des animaux ayant atteint la première maturité sexuelle est


variable. Il dépend de la période de fixation du naissain et des facteurs du
milieu agissant sur la croissance et le métabolisme (nutrition,
température, salinité, zonation, etc.). Cet âge se situerait entre 5 à 8 mois
après la fixation (pour M. galloprovincialis), ce qui correspond à des tailles
comprises entre 15 et 35 mm. Par la suite, l'activité génitale de l'animal
durera toute sa vie avec de brèves périodes de repos sexuel de 1 à 2 mois
pendant lesquelles les gonades régressent fortement alors que la masse
viscérale et le manteau sont envahis par les cellules de réserves. Selon
certains travaux de recherche, la gonade montre, durant son activité, des
périodes de gamétogenèse intense aboutissant à la ponte ou à
l'éjaculation. Après l'émission des gamètes, des phénomènes de
restauration ont lieu et peuvent aboutir à une nouvelle phase de maturité
(après un mois au minimum).

La fécondation est externe et a lieu dans l'eau de mer. Les différentes


étapes de l'embryogenèse et larvaires se rencontrent dans le
111

méroplancton littoral en surface (0 à 10 m). Lors de la métamorphose, les


jeunes véligères se transforment en larves benthiques. La fixation a lieu
souvent sur des algues filamenteuses : Polysiphonia ceramium de
l'infralittoral supérieur ou sur Lithophyllum incrustans du médiolittoral.
Lorsque l'animal atteint une longueur de 1 à 1,5 mm, il détache son
byssus et entre dans un état migratoire durant lequel il est porté par les
courants. Il explore des surfaces variées, se fixe et se détache plusieurs
fois jusqu'à atteindre un substrat convenable. Cette deuxième installation
a lieu sur des roches ou des substrats fermes (pierres, coquilles, etc…).

 Mortalité : La mortalité chez les moules est considérable durant les stades
larvaires pélagiques (parfois de l'ordre de 90%). Ainsi, les moules
constituent un élément nutritif pour de nombreux prédateurs
suspensivores. Plusieurs facteurs peuvent entraîner la mort des moules
après leur fixation définitive : températures extrêmes, salinité trop faible
ou trop forte, teneur limitante en oxygène dissous, quantité importante de
matière organique en décomposition, substances toxiques ou présence de
prédateurs (crabes, bigorneaux, oiseaux, etc.).

PRESENTATION DE LA TECHNIQUE D’ELEVAGE

Dans le cadre de cet élevage, l'étape la plus importante est le


prégrossissement. Il a fallu donc trouver une technique fiable et adaptée aux
conditions courantologiques et hydrodynamiques du site. En outre, les
critères du choix de la zone d'élevage et l'étude océanographique préliminaire
ont conduit à délimiter une zone qui se trouve à la sortie de la baie. Il s'agit
donc d'une zone soumise à toutes les intempéries affectant les zones côtières
et où la configuration géographique ne crée aucune protection particulière.
Par conséquent, pour un tel milieu dans lequel les structures d'élevage
classiques ne seraient pas viables, le choix de la technique d'élevage a été
porté sur : l'élevage en suspension sur filière en mer ouverte.

La structure d’élevage adoptée est la filière ou «long line » subflottante.


Intermédiaire entre la flottante et la subsurface, la filière subflottante est
constituée d'une aussière principale, d'une longueur de 100 à 200 m utile,
calée à moins de 1m sous la surface. Cette aussière est reliée à des
amarrages (tendeurs) eux-mêmes reliés à des corps-morts en béton assurant
l'ancrage de la structure (fig.3)
112

Figure 3 : Filière subflottante.

Dans le cas de cet essai d’élevage de moules, la ligne principale (aussière)


est de 100 mètres de longueur exploitable. Cette corde principale est placée à
2 mètres de la surface en hiver (pour éviter les tempêtes) et remontée en
surface le reste de l’année pour faciliter les travaux de suivi mensuel de cet
essai d’élevage. (Fig. 4).

Figure 4 : Illustration de la filière subflottante utilisée au PK 25

Les principales étapes de l’installation de la filière subflottante au PK 25 sont


décrites ci-dessous. La technique a été mise au point pour pouvoir effectuer
les diverses manipulations avec uniquement un zodiac et une barque.
113

1- LES BLOCS

Le poids de chaque bloc en béton (70 x 70 x 40 cm3) varie entre 350 et 400
Kg. Chaque bloc est attaché à deux barils de 200 l à marée basse. A la
remontée d’eau (marée haute), les blocs flottent et sont par la suite tirés par
zodiac jusqu’à la zone d’installation des filières.
Deux blocs sont transportés par voyage et, une fois arrivée sur le lieu, ils sont
mis à l'eau tout en les glissant sur une corde accrochée aux premiers blocs. A
la fin de l’opération, chaque filière compte 12 blocs : 1 au niveau de chaque
jambette (4 jambettes espacées de 20 m) et 4 blocs de chaque extrémité. Ces
derniers sont liés (par le plongeur) au fond par une chaîne de 30 mm
d’épaisseur pour avoir un corps mort de 1,4 à 1,6t.

2- CONFECTION ET MISE A EAU DES FILIERES

Au nombre de quatre, chaque filière contient :


 une aussière, de 100 m de long constituée d’une corde en
polyéthylène de 32 mm de diamètre sur laquelle sont fixés 64
flotteurs de 30 cm de diamètre (photo 2) ;
 de jambettes : cordes de 20 mm de diamètre qui relie l’aussière à
un bloc en béton (photo 3). Elles sont au nombre de quatre
espacées l’une de l’autre de 20 m.
 deux amarrages tendeurs (photo 4) : corde de 32 mm de diamètre
de 50m de long équipe de 4 flotteurs au centre. Elle relie chaque
extrémité de l’aussière au corps mort.

2 3

Photos 2, 3 et 4 : Vue générale d'une aussière équipée de flotteurs, d’une


jambette et d’un amarrage tendeur.
114

Ces différents maillons d’une filière sont reliés entre eux par des manilles
galvanisées de 25 mm.

Au niveau de la zone d’élevage, les blocs qui forment les corps morts sont
installés en premier. Au moment de leurs assemblages par la chaîne, le
plongeur fixe également les amarrages. Par la suite l’aussière est reliée au
premier amarrage et tirée par zodiac jusqu’au deuxième pour y être
également attachée. Cette opération permis d’avoir la tension nécessaire au
niveau de la filière (photo 5).

Photo 5 : Mise en place d'une filière au niveau de la zone d'élevage

3- MISE EN PLACE DES NAISSAINS

Deux types de systèmes de fixations de naissains sont également


confectionnés et installés sur les deux filières du milieu. Il s’agit en fait :
 Du modèle français de fixation de naissains de moules : il est
confectionné à base d’une corde de coco enroulée sur un quadrillage en
bois (voir photo 6a et 6b) ;
 Du modèle New Zélandais de fixation de naissains de moules : Il s’agit de
10 portions de 40 cm de corde, filamenteuse et vitaminée, espacées de 50
cm sur une corde en polyéthylène de 8 mm de diamètre (photo 7a et 7b).

Photos 6a et 6b : Système français de fixation des naissains


115

Photos 7a et 7b : Système New Zélandais de fixation des naissains

Après deux mois de l’installation de ces deux systèmes de fixations de


naissains, les filières ont été endommagées par les pêcheurs locaux. Par
conséquent, seule une petite partie des naissains a pu être récupérée. Ainsi,
1350 kg de naissains des espèces de moules P. perna et M. galloprovincialis
(45 sacs de 30 kg) sont collectés et mis en boudins (descente de filière) (fig. 5)

Figure 5 : Schéma d’un boudin (descente de filière)

La taille moyenne des naissains récoltés varie entre 5 et 15 mm. Compte tenu
que la séparation des deux espèces constitue un travail énorme et nécessite
davantage de temps et de main d'œuvre spécialisée, les deux espèces sont
mélangées dans le même boudin et sont mises en élevage sur filière.
116

RESULTATS

1- ASPECTS TECHNIQUES

Après la mise en élevage des naissains de moules P. perna et M.


galloprovincialis au mois de février 2001, l'élevage à été suivi mensuellement
afin d'étudier :

i) le comportement et les performances des structures d'élevage


(suivi technique) ;
ii) les paramètres biologiques du cheptel mis en élevage (suivi
biologique).

Les résultats obtenus relatifs au suivi technique montrent une bonne tenue
des filières subflottantes, avec un ensouillage rapide des corps morts.
Cependant, malgré leur résistance aux conditions hydrodynamiques du PK
25 durant toute l’année, certains problèmes sont apparus tels que :

Les pêcheurs locaux : Deux mois après l’installation des filières, celles-ci ont été
endommagées par les pêcheurs locaux. En collaboration avec les autorités
locales, une réunion a été organisée avec les marins pêcheurs qui opèrent au
niveau du PK 25 et ce, dans le but de les sensibiliser et de leur expliquer
l’intérêt du développement d’un tel projet dans leur région.

Les salissures : Compte tenu que la zone est le siège d'une forte production
primaire et secondaire due aux effets des courants d’upwelling. La fixation
d’algues laminaires et filamenteuses, de balanes et des éponges constituent
une forte charge sur les filières et entraînent un travail énorme de nettoyage.
117

Photo 8 : Accumulation des salissures sur les différents maillons de la filière.

Le dégrappage : En absence du filet en coton fréquemment utilisé pour la mise en


boudin des naissains de moules, le choix a porté sur l’utilisation de filets en
nylon. Une fois les moules fixées sur la corde porteuse du boudin, il a fallu
couper ce filet en nylon qui empêche les moules de croître correctement. Mais,
il s’est avéré plus tard que, suite à leur poids devenu très important, des
grappes de moules (entre deux taquets) ou des boudins entiers se détachent
de la corde de suspension (voir photos ci-dessous).

a b c
Photos 9 : Boudins sans degrappage (a), degrappage en partie (b), et perte de la
totalité du boudin (c).

2- ASPECTS BIOLOGIQUES

Comme dans tout projet expérimental en matière de conchyliculture, l’étude


du comportement biologique du cheptel mis en élevage (taux de croissance et
de mortalité, accumulation des réserves, reproduction... etc.) est un volet
important dont va dépendre tout développement du projet en question. A cet
effet, un suivi mensuel des principaux paramètres biologiques des moules
Perna perna et Mytilus galloprovincialis en élevage a été réalisé.

Des prélèvements mensuels, entre mars 2001 et janvier 2002, ont été
effectués pour les deux moules P. perna et M. galloprovincialis. Ainsi, d'une
façon aléatoire, un mètre du boudin d’élevage (longueur initiale est 5 m) est
118

coupé, et la totalité des moules qui s’y trouvent sont alors récupérées. Ces
prélèvements sont destinés à l'étude de la croissance, de la densité, du
recrutement et de la dynamique des populations.

L'étude de la croissance a porté sur 50 animaux de chaque espèce choisis au


hasard. Pour chaque individu, nous mesurons :
 Les dimensions linéaires de la coquille (à l'aide d'un pied à coulisse
au 1/100ème de millimètre).
 Les poids frais et sec de la masse molle, à l'aide d'une balance de
0.001 g de précision. Le poids sec est obtenu après dessiccation totale
à 100°C durant 24 h au minimum.

a) Croissance linéaire
Les résultats enregistrés, relatifs au suivi mensuel de la croissance, montrent
que :

 Chez Mytilus galloprovincialis

La croissance en longueur (fig. 6) est continue durant toute l’année sans


période d’arrêt. Cependant, un ralentissement de la croissance est enregistré
au mois de novembre 2001. En effet, la variation mensuelle de la vitesse ou
taux de croissance montre que :

 De mars à août 2001 : le taux de croissance est élevé. Il varie entre 4,6 à
8,2 mm par mois. Les naissains passent alors de 23,8 mm au mois de
mars 2000 à 53,2 mm en août, soit un gain d’environ 30mm.
 D’août à novembre 2001 : Le taux de croissance est moyen. Il varie entre
2,7 à 3,2 mm par mois. Ainsi, les animaux atteignent une taille de 62,3
mm au mois de novembre (soit un gain d’environ 9 mm).
 De novembre 2001 à Janvier 2002 : Le taux de croissance est plus faible. Il
est presque nul au mois de novembre avec uniquement 0,7 mm de
croissance. A partir de décembre 2001, le taux de croissance augmente, et
atteint 2,1 mm.

En outre, il est à signaler que la taille commerciale (60 mm) est atteinte au
bout de 8,5 mois d’élevage (fin octobre-début novembre 2001).

 Chez Perna perna

De même que chez M. galloprovincialis, la croissance en longueur (fig. 7) est


continue durant toute l’année sans phase d’arrêt. Mais le taux de croissance
enregistré chez P. perna est légèrement supérieur à celui enregistré chez M.
galloprovincialis.

La variation mensuelle du taux de croissance montre que :


119

M. galloprovincialis
80

70

Taille commerciale
Longueur (en mm)

60

50

40

30

20
01

01

2
01

01

01

-0
-0

-0

-0

-0

t-0
s-

r-

il-

v-

c-

nv
ût

pt
ai

in

oc
av

no
ju
ar


m

ju

ao

se

ja
m

Mois

Figure 6 : Croissance mensuelle de la longueur de M. galloprovincialis en


élevage sur filière à PK 25

90
P. perna

80

70
Longueur (en mm)

Tail le commercial e
60

50

40

30

20
1

2
1

1
01

1
1

01
1
01

r-0

-0

t-0

-0
0

-0
-0

-0
il-
n-

c-
s-

nv
ût

v
ai

pt

oc
av

ju

no
i


ar

ao
m

ju

se

ja
m

Mois

Figure 7 : Croissance mensuelle de la longueur de P. perna en élevage sur filière


à PK
120

 De mars à août 2001 : le taux de croissance est élevé. Il varie entre 4 et


8,8 mm par mois. Les naissains passent alors de 21,5 mm au mois de
mars 2000 à 53,7 mm en août, soit un gain d’environ 32,2 mm.
 D’août à décembre 2001 : Le taux de croissance est moyen. Il varie entre
2,3 à 4,5 mm par mois. Ainsi, les animaux atteignent une taille de 67,2
mm au mois de décembre (soit un gain d’environ 13,5 mm).
 A partir de décembre 2001 : le taux de croissance augment, il est de 5 mm
par mois. En effet, les moules atteignent une taille de 72,2 mm au mois de
janvier 2002.

Avec ce taux de croissance mensuelle légèrement supérieur à celui enregistré


chez M. galloprovincialis, P. perna atteint la taille commerciale (60 mm) au
bout de 7,5 mois d’élevage (fin septembre –début octobre 2001), c’est à dire
avec un mois d'avance.
b) Croissance pondérale
Le poids frais

Les figures 8a et b montrent l'évolution saisonnière de la valeur moyenne du


poids frais de la masse molle des espèces de moules en élevage sur filière off
shore.

12
M. galloprovincialis P. perna
14

10 12
Poids Frais (en g)

Poids Frais (en g)

10
8
8
6
6
4
4
2 2

0 0

Mois Mois
a b
Figure 8 : Croissance mensuelle du poids frais la masse molle de M.
galloprovincialis (a) et P. perna (b) en élevage sur filière à PK 25

 Chez Mytilus galloprovincialis

A l'instar des paramètres liniers, on constate que le poids frais de la masse


molle augmentent de façon mensuelle pour atteindre une valeur maximale de
5,25  1,3 g au mois d’août 2001 (fig. 8a ). Par la suite, une chute de poids
frais est enregistrée au mois de septembre (3,35  1,2 g). Entre septembre
2001 et janvier 2002, le poids frais moyen augmente pour atteindre une
deuxième valeur maximale de 6,43  2,8 g en janvier 2002.
121

 Chez P. perna

De même que chez M. galloprovincialis, on constate que le poids frais de la


masse molle (figure 8b) augmentent de façon mensuelle pour atteindre une
valeur maximale en août 2001 (4,88  1,6 g). La chute de poids frais est
également enregistrée au mois de septembre (4,18  1,3 g). Entre septembre
2001 et janvier 2002, le poids frais moyen augmente de nouveau pour
atteindre10,33  2,3 g en janvier 2002.

En outre, Chez les deux espèces, la vitesse de croissance du poids frais est
exponentielle durant toute l’année sauf en septembre ou elle est négative.
Cependant, cette vitesse de croissance en poids frais est plus importante chez
P. perna que chez M. galloprovincialis. En effet :
 Pour P. perna, le poids frais passe de 0,23  0,11 g en mars 2001 à
10,33  2,3 g en janvier 2002. Le taux de croissance est alors de
44,9 fois ;
 Pour M. galloprovincialis, le poids frais de 0,27  0,11 g en mars
2001 atteint 6,43  2,8 g en janvier 2002. Le taux de croissance est
alors de 23,8 fois.

Le poids sec

La figure 9a et b montrent l'évolution saisonnière de la valeur moyenne du


poids sec de la masse molle des espèces de moules en élevage sur filière off
shore.

M.galloprovincialis P. perna

2 3
1 ,8 2,7
2,4
Poids Sec (en g)

1 ,6
Pois Sec (en g)

1 ,4 2,1
1 ,2 1,8
1 1,5
0 ,8 1,2
0 ,6 0,9
0 ,4 0,6
0 ,2 0,3
0 0

Mois Mois
a b
Figure 9 : Croissance mensuelle du poids sec la masse molle de M.
galloprovincialis (a) et P. perna (b) en élevage sur filière à PK 25

Chez les deux espèces, les figures (9a et b) relatives à la variation mensuelle
du poids sec de la masse molle montrent que :
 Entre mars et août 2001, le poids sec augmente de façon
exponentielle ;
122

 En septembre 2001, le poids sec diminue ;


 Entre septembre 2001 et janvier 2002, on assiste à une alternance
de périodes de chute du poids (décembre 2001 chez M.
galloprovincialis et janvier 2002 chez P. perna) et des périodes
d'augmentation du poids sec.
c) Croissance absolue
Dans ce paragraphe, sont déterminés les paramètres de l’équation de VON
BERTALANFFY qui permettent d'estimer le taux de croissance (K) et la taille
maximale (L) de la coquille Saint Jacques en élevage et ce, par une analyse
des données mensuelles par le logiciel L.F.D.A.

 Chez Mytilus galloprovincialis :

L'équation de VON BERTALANFFY déterminée par la distribution des


fréquences de taille mensuelles est :

Lt = 95,2 [ 1- Exp (-0,113 (t + 0,069)]


avec L = 95,2 mm; K = 0,113 et t0 = -0,069

M. galloprovincialis
100
90
80
70
Longueurs (mm)

60
50
40
30
20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40
ages (mois)

Figure 10 : Courbe de croissance absolue (Von Bertalanfy) de M.


galloprovincialis en élevage dans la baie de PK 25

Pour la moule Mytilus galloprovincialis, en élevage sur filière off shore dans la
baie de PK 25, le taux de croissance (fig. 10) est très rapide en particulier dans
les trois premières mois de vie (respectivement 10,1 ; 9,0 et 8,1 mm). La
croissance devient par la suite moyenne (de 4,1 à 6,4 mm) durant les six mois
qui suivent. Du 9ème au 18ème mois de vie, la vitesse de croissance est faible
(varie entre 1,5 à 3,6 mm). A partir de 20 mois, la vitesse de croissance est
très faible. Elle est inférieure à 1 mm.
123

De plus, selon ce model de croissance absolue de VON BERTALANFFY, la


taille commerciale des moules (soit 60 mm) est atteinte au bout de 8,8 mois.
Ce qui concorde avec les résultats enregistrés dans le cas du suivi mensuel de
la croissance en longueur (soit 8,5 mois d’élevage).

 Chez P. perna

L'équation de VON BERTALANFFY déterminée par la distribution des


fréquences de taille mensuelles est :

Lt = 105,5 [ 1- Exp (-0,121 (t + 0,078)]


avec L = 105,5 mm; K = 0,121 et t0 = -0,078

P. perna
100
90
80
70
Longueurs (mm)

60
50
40
30
20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40
ages (mois)

Figure 11 : Courbe de croissance absolue (Von Bertalanfy) de P.


perna en élevage dans la baie de PK 25

De même que chez Mytilus galloprovincialis, le taux de croissance de la moule


P. perna ,en élevage sur filière, est très rapide en particulier dans les trois
premières mois de vie (respectivement 12,9 ; 10 ,7 et 9,2 mm) (fig. 11). Il
devient par la suite moyen (de 4,5 à 6,5 mm) durant les six mois qui suivent
et faible du 10ème au 18ème mois de vie. Cependant et contrairement à M.
galloprovincialis, la vitesse de croissance de P. perna n’est inférieure à 1 mm
qu’à partir du 24ème mois.

Par conséquent, la taille commerciale est atteinte chez P. perna au bout de 7


mois (contre 8,8 mois pour M. galloprovincialis). Ce résultat concorde
également avec ceux enregistrés dans le cas du suivi mensuel de la croissance
en longueur (soit 7,5 mois d’élevage).
124

d) Taux de mortalité
Dans le cadre de ce projet d’élevage des moules Mytilus galloprovincialis et
Perna perna sur filière subflottantes en pleine mer au PK 25, aucune mortalité
anormale n’a été observée. Les seules pertes du cheptel enregistrées durant
une année d’élevage sont uniquement dues au degrappage des moules suite à
l’augmentation considérable du poids du boudin d’élevage.

DISCUSSION ET CONCLUSIONS

Dans le cadre de ce projet d’élevage des moules Mytilus galloprovincialis et


Perna perna sur filière subflottante en pleine mer dans la baie de PK 25, les
résultats enregistrés, relatifs au suivi mensuel de la croissance, montrent
que chez les deux espèces de moule la croissance en longueur est continue
durant toute l’année avec :
 Une phase de croissance rapide entre mars et août 2001 où le taux
de croissance varie entre 4,6 à 8,2 mm/mois et entre 4 à 8,8
mm/mois respectivement chez M. galloprovincialis et P. perna ;
 Une phase de croissance moyenne enregistrée entre août-novembre
2001 (pour M. galloprovincialis) et entre août-décembre 2001 (pour P.
perna )
 Une phase de reprise de la croissance rapide.

Cette croissance continue avec des variations saisonnières est également


observée dans d'autres zones. En effet, selon certains travaux scientifiques,
la croissance chez les moules commence après métamorphose et reste
continue sans limite et que seules les conditions environnementales peuvent
soit accélérer ou réduire son taux de croissance.

D'une manière générale et durant un cycle annuel d'élevage sur filière, les
espèces de moules présentent un rythme de croissance élevé. Cette croissance
peut être attribuée à la richesse du milieu en éléments nutritifs
(phytoplancton, matière organique, … etc.) et aux conditions thermiques qui
s'avèrent plus favorables (zones d'upwelling).

Par ailleurs, la croissance rapide enregistrée entre mars et août 2001 se


justifie par le fait que les courants d’upwelling, qui enrichissent le milieu,
commencent au mois de mars et atteignent le maximum en août et que les
animaux, au début d'élevage, n'ont pas encore atteint la maturité sexuelle,
ainsi la totalité de nourriture sera destinée à la croissance.

En outre et chez les deux espèces de moules en élevage, la croissance en


longueur diminue légèrement entre août et novembre 2001. Cette atténuation
de la vitesse de croissance coïncident avec la période de l’activité gonadique.
Ainsi, ce ralentissement de croissance peut être attribué à un transfert
d'énergie en faveur de la gonade. Ce ralentissement de la croissance pendant
le période de reproduction a été observé chez les moules des bancs naturels
de la région, chez les huîtres en élevage à Dakhla ; il s'agit d'un détournement
du métabolisme au profit de la reproduction.
125

Chez les deux espèces en élevage, le suivi mensuel du poids frais et sec
montre que les variations annuelles sont comparables ; la différence réside
dans leur amplitude. Ces variations sont en relation avec les différentes
phases du cycle de reproduction. En effet, l'augmentation du poids traduit
l'emmagasinage des réserves et la restructuration de la gonade, alors que sa
chute correspond aux périodes de ponte.

L’étude de la croissance absolue par la méthode de VON BERTALANFFY


basée sur la distribution des fréquences de taille mensuelles montre que P.
perna présente un taux de croissance très élevé en particulier dans les trois
premiers mois (respectivement 12,9 ; 10,7 et 9,2 mm) par rapport à ceux
enregistré chez M. galloprovincialis (10,1 ; 9,0 et 8,1 mm).

Cette différence du taux de croissance peut être expliquée par le fait que M.
galloprovincialis se trouve à la limite écologique de son aire de répartition.

En conclusion, les résultats enregistrés montrent que :

Au point de vue technique :

 Le PK 25 présente des caractéristiques océanographiques et biologiques


importantes, en faveur de l'implantation d'une activité de Mytiliculture en
mer ouverte dans la région d’Agadir.

 La mise en œuvre technique de ce projet expérimental est possible. En


effet, les premiers éléments favorables et indispensables remarqués sur
place, sont la bonne tenue des filières de fond et une bonne association
des pêcheurs locaux au projet.

Au point de vue biologique :

 Une croissance linéaire et pondérale très satisfaisante du cheptel durant


toute l'année avec une taille commerciale atteinte en 7 à 8 mois d'élevage.

Cependant, cet essai d’élevage nécessite d’être plus agrandi afin d’être
dans les normes d’une ferme d’élevage à but commerciale pour pouvoir
faire ressortir tous les problèmes liés à la production.
126

ELEVAGE DES HUITRES


DANS LA BAIE DE DAKHLA
INRH- Fiche synthétique 105
Essai d’élevage de l’huître creuse dans la baie de Dakhla

 Les pontes sont souvent


simultanées. Dans le milieu
HUITRE CREUSE OU naturel, une femelle peut
HUITRE JAPONAISE pondre plusieurs dizaines de
millions d'œufs. La fécondation
a lieu dans l’eau.
 Le développement larvaire
(trochophore, véligère D,
pédiveligère, fixation) peut durer
de 15 à 28 jours selon la
température de l’eau.
 Les taux de survie des larves
jusqu’à la métamorphose
varient généralement autour de
10%.
 Informations générales
 L’alimentation des huîtres se
Nom scientifique :
fait soit directement par
Crassostrea gigas absorption des substances
dissoutes soit par ingestion de
particules en suspension dans

M
ollusque bivalve filibranche
appartenant à la famille des l’eau. L’efficacité de filtration est
Ostreidae et au genre optimale de 6 à 10 µm mais
Crassostrea. lorsque la charge en particules
Espèce introduite au Maroc en 1952 à est plus forte, l'efficacité de
partir de la France. filtration est plus élevée dans
les petites tailles.
 Les performances de croissance
A l’heure actuelle, on ne connaît pas de et de survie sont étroitement
gisement naturel à huîtres creuses au liées à l’apport en nourriture,
Maroc. L’espèce fait toutefois l’objet
tant sur le plan quantitatif que
d’élevage à Oualidia depuis un demi
qualitatif.
siècle environ. La production, de l’ordre
de 300 tonnes est destinée dans sa  Présentation des sites et des techniques
totalité au marché local. d’élevage
L’approvisionnement en naissains se fait
à partir des écloseries de France ou Les aires choisies pour la réalisation des
d’Espagne et, plus récemment, à partir essais d'élevage des huîtres dans la baie
de l’écloserie de la société Marost. de Dakhla sont :
 Le site de Boutalha, du côté ouest de
la baie ;
 Biologie de l’espèce  Le site Ile, dans la partie amont de la
baie ;
 Age de la première maturité  Le site Hoja Lalméra, du côté Est de
sexuelle : 2 ans la baie de Dakhla.
 Reproduction sexuée.
 L’inversion sexuelle est
alternative. Les huîtres creuses
changent de sexe chaque année
et deviennent alternativement
mâle ou femelle.
INRH- Fiche synthétique 106
Essai d’élevage de l’huître creuse dans la baie de Dakhla

Corbeilles et caisses d’élevage des huîtres

Deux lots de naissains de


Crassostrea gigas ont fait l'objet de
cet essai :
 Lot 1 : naissains fixés sur
coquilles Saint Jacques.
Position des sites d’élevage des huîtres dans la baie de  Lot 2 : naissains fixés en
Dakhla une à une.

Croissance

La technique utilisée dans les essais Les courbes de croissance linéaire


de culture d’huîtres à Dakhla repose obtenus chez les huîtres en élevage
sur le système d'élevage en à Dakhla suivent un rythme
suspension (Long line). régulier entre des périodes où la
croissance est rapide (octobre à
mai) et des périodes où la
croissance est faible (juin à
septembre).

Au bout d'une année d'élevage :

 les huîtres du lot 1 de 8 mm de


taille initiale ont atteint 115 mm
en longueur ;
 les huîtres du lot 2 de 27 mm de
Filière flottante d’élevage des huîtres (long line) longueur initiale, ont atteint en
moyenne 118 mm.
INRH- Fiche synthétique 107
Essai d’élevage de l’huître creuse dans la baie de Dakhla

 Discussion et conclusion
140 (A)
Les naissains d'huîtres introduits
120
dans cette baie présentent des
100
croissances meilleures par rapport
Longueur (mm)

80
aux autres sites marocains.
60

40 Ces performances remarquables sont


20 Bout elha dues d’une part à la richesse du
Il e
0 milieu et, d’autre part, à sa capacité
6 6 6 7 7 97 -97 i-97 -97 -97 -97 -97
oc
t-9 v-9 c-9 v-9
no dé jan fé
vr
-9 rs-
a av
r
m
a
ju
in ju
il
ao
ût ept
s
trophique non encore pleinement
m
exploitée.
(B)
160

140
Une différence de croissance entre
120
site a été enregistrée : le site Hoja
Lalméra présente de meilleures
Longueur (mm)

100

80 performances, suivi de l'île et en fin


60 Boutelha. En effet, d'après le schéma
40 du fonctionnement et d'organisation
20 Hja l al mer a
Bout elha
de la baie, le site Hoja Lalméra est
0

6 6 7 7 7 7
classé parmi les milieux riches en
t-9 c-
9 -9 r-9 -9 -9
ût
oc dé fé
vr av ju
in
ao chlorophylle ‘’a’’.

Le détroquage des huîtres fixées


(A) : Lot 1 – (B) : Lot 2
sur coquilles Saint Jacques a été
 Les huîtres du site Hoja effectué au bout des deux premiers
Lalméra présentent une mois d’élevage. Tout décalage en
meilleure croissance en longueur avance ou en retard dans la
par rapport à celle de Boutelha réalisation de cette opération
et l’Ile. risque sérieusement d’affecter les
 Les croissances obtenues en performances de croissance et de
largeur sont plus marquées à survie des élevages.
Hoja Lalmera qu’aux autres Les huîtres testées à Dakhla ont été
sites. bien protégées contre les prédateurs
mais, en même temps, elles étaient
La comparaison des deux lots
soumises dans les casiers à la
d’huîtres montre que le lot 1
compétition de divers organismes du
présente une vitesse de croissance
milieu.
en longueur et en largeur plus
rapide par rapport à celui du lot 2. Les mortalités enregistrées dans la
baie de Dakhla étaient relativement
Indice de condition
faibles durant l'essai d'élevage.
Les huîtres du lot 2 un état de Elles sont dues essentiellement au
remplissage en chair meilleur. colmatage des caisses et corbeilles
d'élevage et au manque d'espace
Mortalité
suite au développement important
Le taux de mortalité enregistré au des huîtres dans ces structures.
cours de la période d’essai est de
l’ordre de 9%.
I- INTRODUCTION

Dans l'élan du plan du développement que connaît la province de Wad Ad-


Dahab, la baie de Dakhla constitue de plus en plus un pôle attrayant pour la
réalisation de différents types d'investissements du fait qu'elle est connue
par sa grande productivité primaire et richesse halieutique.

Pour ce faire, l'INRH a réalisé entre 1991 et 1997 un programme d'étude


pluridisciplinaire visant la connaissance des processus physiques,
chimiques, sédimentologiques et biologiques de la baie de Dakhla, ainsi que
l'évaluation des potentialités qu'offre celle-ci en matière d'aquaculture. Cette
étude a été menée en collaboration avec le Laboratoire d'Hydrobiologie
Marine (Université Montpellier II), Faculté des Sciences Casa I, le Service
Hydrographique de la Marine Royale et la Société MAROST.

Les recherches scientifiques portant sur un grand nombre d’écosystème et


leur application dans le domaine de l’aquaculture ont permis d’adapter la
méthodologie de la planification écologique de l’aménagement du milieu
littoral.

La méthode de planification écologique appliquée à l'aquaculture qui est


utilisée dans cette étude est celle décrite par Dutrieux et Guelorget (1988).
Les grands traits de la démarche se déroulent en trois étapes :

- Première étape : Inventaire écologique de l’écosystème.

Il est effectué par la sélection de l'étude des descripteurs rendant compte


au mieux de l'organisation et du fonctionnement du système. Les
principaux descripteurs écologiques concernent tous les compartiments
à savoir la géomorphologie, l'hydrologie, la sédimentologie et la biologie.

- Deuxième étape : Utilisation de l’inventaire écologique pour déterminer les


potentialités du milieu.

Chaque descripteur est traduit en termes de potentialités par rapport


aux différentes valorisations envisagées (aménagement aquacoles et
protection des sites).

- Troisième étape : Synthèse

Planification des différentes activités sur l’espace littoral est mise en


évidence par superposition (cartographie ou non).

Il est important de signaler que la méthodologie appliquée ne tient


compte que des descripteurs écologiques.
109

II- PRESENTATION DE LA BAIE

1- HYDRODYNAMIQUE

Le principal facteur qui régit la circulation à l’intérieur de la baie est la


marée. Néanmoins, l’effet du vent est très important compte tenu de son
intensité relativement élevée et de sa persistance. Faute de moyens, les
mesures de courant dans la baie n’ont pu être réalisées.

D’après les résultats du modèle (Document intitulé "Nouveau port de


Dakhla" du Ministère des Travaux Publics : ODEP et Directions des Ports) :

 Le flot porte à l’Est dans la passe et au Nord-Est dans les chenaux.


Les vitesses maximales sont comprises entre 1 et 2 m/s dans les
chenaux. Au niveau de la rive est, les vitesses sont supérieures à
celles de la rive Ouest. En amont de la baie, les vitesses sont
relativement faibles.
 Le jusant porte à l’Ouest et au Sud dans le chenal. Dans les chenaux, les
vitesses maximales sont également comprises entre 1 et 2 m/s. Les rives est et
Ouest ont quasiment les mêmes vitesses qui sont de l’ordre 0,5 m/s. En amont,
les vitesses restent relativement faibles.

2- PARAMETRES HYDROBIOLOGIQUES

La baie de Dakhla est située dans un environnement désertique et largement


renouvelé en eau océanique où ni la salinité ni la température ne peuvent
être intégrées dans la planification de l'écosystème appliquée à l'aquaculture.
Ces deux descriptives ne sont pas sélectives et constituent des exigences des
espèces élevées.

L'écosystème possède donc une organisation hydrologique et biologique bien


marquée depuis l'entrée jusqu'au fond de la baie. En effet, les études ont
montré que plusieurs paramètres se hiérarchisent de l'embouchure vers les
régions périphériques (Figure 1).
110

Figure 1 : Distribution de la température, salinité, chlorophylle


«a» et phéophytine

 Les régions centrale et orientale du bassin Sud sont gérées essentiellement par
la chlorophylle (l'existence d'une richesse biologique).
 A la limite du bassin Nord, (sortie des chenaux de circulation), la phéophytine
est le facteur prépondérant (la sénescence des cellules phytoplanctoniques
océaniques en est la cause).
 Toute la partie Est du bassin est gérée par le facteur température.
 La région Ouest de la baie (vastes zones intertidales, zone de l'ombilic
hydraulique et bande littorale d'évacuation des eaux vers l'océan) est régie par la
salinité.

3- SEDIMENT

La nature des sédiments tapissant les fonds influe sur le choix des sites
aquacoles. De point de vu sédimentaire, la baie se dispose selon un axe
Nord-Est (dans la même direction que celle des vents dominants). La partie
amont (Nord) se trouve dans l'axe des apports de sables continentaux et se
trouve ainsi en comblement progressif. En plus de l'action des vents, les
transports résiduels, dus uniquement au courant de marée sont, d'après les
travaux de SOGREAH, principalement orientés vers le fond de la baie, ce qui
contribue également à son ensablement. De même, les deux bordures de la
baie ont une répartition sédimentaire différente. Contrairement à la rive Est
qui est stable, la rive Ouest, abritant la ville de Dakhla, a tendance à
111

accumuler du sable. Remarquons aussi que les paramètres géochimiques du


sédiment montrent une variation en fonction du degré de confinement qui se
fait de l'embouchure vers le fond de la baie.
Dans la baie, la granulométrie des sédiments diminue progressivement en
direction de l'extrémité nord mais elle demeure dans l'ensemble, relativement
grossière (Figure 2).

Figure 2 : Répartition spatiale des sédiments dans la baie de Dakhla.

4- BATHYMETRIE
112

Ce paramètre joue un rôle important dans le choix de la technique d'élevage.


En effet, il est souhaitable pour la santé des élevages et la conservation des
biotopes de laisser quelques mètres (1 à 3) entre l'extrémité du filet et le
fond. Dans le cas des cages de poissons, l'espace de 2 à 3 mètres permet
une libre circulation des eaux en profondeurs et assure, ainsi, une meilleure
dispersion des rejets organiques issus de l'élevage. Dans la baie de Dakhla,
l'isobathe 10 mètres sert donc à délimiter les zones potentielles pour ce type
d’élevage. Cependant, il est à signaler que la carte utilisée est ancienne et ne
reflète pas en détail la bathymétrie actuelle (Figure 3).

Figure 3 : Carte bathymétrique de la baie de Dakhla.


113

III- PRESENTATION DE L'ESPECE MISE EN ELEVAGE : Crassostrea gigas

MORPHOLOGIE

Chez l'adulte, la coquille dissoconque est allongée et les dépôts crayeux sont
feuilletés, la valve gauche est creuse permettant à la masse viscérale de s'y
développer, tandis que la valve droite est plate parfois, légèrement bombée,
ornementée d'un certain nombre de "frisures" correspondant à des périodes
de croissance.

CYCLE DE VIE ET ECOLOGIE

Les huîtres adultes présentent une reproduction sexuée, les géniteurs


produisent des gamètes mâles ou femelles. Chez C.gigas, la sexualité est
alternative, les huîtres changent de sexe chaque année et deviennent
alternativement mâle ou femelle. L'huître fonctionne comme mâle ou femelle
au cours d'une saison donnée avant de changer de sexe l'année suivante et
quelques individus hermaphrodites subsistent. Ce changement de sexe
semble être contrôlé par les variations du milieu (température et nutrition),
ainsi que les facteurs hormonaux internes.

La maturation sexuelle n'est pleinement acquise qu'au bout de 2 ans, et peut


être précoce si les conditions de croissance sont favorables.

Au cours des pontes, souvent simultanées dans le milieu naturel, une


femelle peut émettre plusieurs dizaines de millions d'œufs.

La fécondation a lieu dans l'eau, donnant naissance à des larves


trochophores. Après 24 heures, des larves véligères (nageuses) en forme de
D, mesurant 70 microns et ayant une coquille à deux valves, apparaissent.
10 jours après, une sorte de crochet apparaît, c'est l'umbo. La larve atteint
alors, 150 microns. Quelques jours plus tard, un pied se développe, la larve
pédivéligère ainsi formée, cherche un substrat pour se fixer avec son byssus.

La naissance du naissain a lieu après achèvement de la métamorphose par


disparition du pied et du velum. Le développement larvaire peut durer de 15
à 28 jours en fonction de la température. Celle-ci doit être moins de 20°C
pour que ce développement soit satisfaisant. Dans la majorité des cas, 10%
des larves survivent jusqu'à la métamorphose.

Pendant tout leur cycle de vie, les huîtres s'alimentent selon deux modes ;
soit sous forme directe par absorption des substances dissoutes, soit par
ingestion des particules en suspension. Celles-ci sont retenues à partir de la
taille de 2 microns.
114

Avec une nourriture naturelle (mélange organique-minéral) l'efficacité de


filtration est optimale de 6 à 10 microns, lorsque la charge en particules est
plus forte, l'efficacité de filtration est plus élevée dans les petites tailles. Les
performances de croissance et de survie sont étroitement liées à l’apport en
nourriture, tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

IV -PRESENTATION DES SITES ET TECHNIQUES D'ELEVAGE

Les aires choisies pour la réalisation des essais d'élevage des huîtres sont
représentées sur la figure 4 :

 Le site de Boutalha, du côté Ouest de la baie, situé dans la zone caractérisée


par la présence de la phéophytine ;
 Le site Ile, dans la partie amont de la baie et situé dans la zone d'ombilic ;
 Le site Hoja Lalméra, du côté Est de la baie et situé dans la zone à
chlorophylle.

Figure 4 : Position des sites d’élevage des huîtres


dans la baie de Dakhla

Le choix de ces sites a été fait d'une façon représentative le long de la baie
et en fonction de la zonation écologique de la baie.
115

La technique d'élevage utilisée au niveau de la baie de Dakhla était l'élevage


en suspension. Cette technique consiste à suspendre les huîtres en utilisant
des filières flottantes (long-line). Compte tenu du transport sédimentaire
important à l’intérieur de la baie, le choix a été porté sur des élevages en
suspension.

Chaque filière est constituée d'une corde principale de 50m. Elle est
maintenue en surface par des flotteurs et fixée dans chaque extrémité par
des blocs de béton de 400Kg environ. Sur cette filière sont amarrées les
structures d'élevage (corbeilles, caisses, brochette, etc..) (photo 1).

Photo N° 1 : Corbeilles et caisses d’élevage des huîtres

Deux lots de naissains d'huître Crassostrea gigas d’origines différentes, ont


été testés durant cet essai, il s'agit là d'environ 3000 naissains issus
d’écloserie, fixés sur des collecteurs de coquilles Saint-Jacques et importés
du Japon (lot 1) et également, environ 2000 naissains libres d’écloserie(lot 2).

Les naissains d'huître issus du lot 1 sont fixés sur des coquilles Saint-
Jacques. Celles-ci sont reliées par une corde sous forme de brochette et
séparées chacune par un tuyaux de 20 cm afin d'éviter les chocs entre
coquilles (Photo 2).

Pour éviter l'action des prédateurs et particulièrement celle de la daurade qui


est abondante dans la baie, des nasses, ayant une forme cylindro-conique
couverte par un filet ont été conçues. A l'intérieur de ces structures ont été
placées les brochettes de coquilles Saint-Jacques. L’ensemble a été
suspendu sur les filières flottantes ( Photo 2).
116

Photo N° 2 : Nasse de protection contre les prédateurs et à l’intérieur les


coquilles saint-Jacques contenant les naissains d’huître

Après une durée d'élevage de l’ordre de 2 mois, les naissains d'huître ont été
détroqués au mois de décembre pour 4 nasses et en février pour le reste des
nasses. Après détroquage, les huîtres ont été placées dans des corbeilles qui
étaient disposées sous forme de colonnes et suspendues sur les filières
installées à Boutelha et à l'île.

Par contre, Les naissains issus du lot 2 ont été placés, dès le départ, dans
des corbeilles suspendues sur les filières à Boutelha et Hoja Lalméra durant
toute la période expérimentale.

V- RESULTATS

1- ASPECT TECHNIQUE

Vu que l'essai d'élevage des huîtres C.gigas dans la baie de Dakhla a pour
objectif de tester les performances de croissance de cette espèce au niveau
de ce site, le suivi a été concentré en particulier sur l'aspect biologique.
Cependant, certaines constatations ont été soulevées et, plus
particulièrement, celles relatives à la lutte contre les prédateurs. En effet,
117

l'utilisation des casiers couverts de filet a permis plutôt de lutter contre les
prédateurs adultes. Cependant, les juvéniles et larves entrent et grandissent
à l'intérieur des casiers. Ainsi, les huîtres ont été soumises à une
compétition avec d'autres organismes tels les Ascidies, vers tubicoles,
moules, palourdes et algues.

En général, les ascidies peuvent causer des mortalités d'huître (IGIC, 1984).
Ces Ascidies étaient moins abondantes dans les casiers que les tubicoles
collées sur les coquilles et les bordures de casiers. D’autant plus qu’une
accumulation d'organismes tels les algues, bivalves, tubifex pouvaient
également engendrer de fortes mortalités d’huîtres.

2- ASPECT BIOLOGIQUE

Deux lots de naissains d'huître Crassostrea gigas d’origines différentes ont


fait l'objet de cet essai :

Lot 1: environ 3000 naissains fixés sur des collecteurs de coquilles Saint-
Jacques. (Photo 3)

Lot 2: environ 2000 naissains libres issus d'écloserie.

Un suivi d'élevage, a été effectué régulièrement à raison d’une mission de 15


jours tous les deux mois.

Photo N° 3 : Naissains d'huîtres collés sur les collecteurs de coquilles


saint-jacques
118

a) Croissance
Pour étudier la croissance, un échantillon de 70 huîtres a été
prélevé à intervalles de deux mois dans les trois sites.

: celle-ci est obtenue à partir des moyennes en


Croissance linéaire
longueur, largeur et épaisseur des huîtres de l'échantillon pris
dans chaque filière.

Les résultats de croissance en longueur et largeur des huîtres, mis en


élevage depuis octobre 1996 dans trois sites différents : Boutelha, île et Hoja
Lalméra, montrent que les courbes suivent un rythme régulier entre des
périodes où la croissance est rapide, du mois octobre à mai, et du mois juin
à août où la croissance est faible (Figure 5).

Au bout d'une année d'élevage, les huîtres du lot 1 de taille de 8 mm élevées


à Boutelha et l'île atteindront 115 mm en longueur, tandis que les huîtres du
lot 2 de 27 mm élevées à Boutelha et Hoja Lalméra atteindront
respectivement 114 et 121 mm (Figure 5): Cependant, les croissances sont
plus importantes en début d'élevage. (Tab.1 )

Lot 1 Lot 2
Période Boutelha Ile Boutelha Hoja lalméra
Octobre-novembre 560 607 89 119
Décembre-Février 72 60 50 37
Mars-Mai 22 20 27 32
Juin-Juillet 0 3 9 8
Août-septembre 2 2 5 3

Tableau 1: Taux d'accroissement des huîtres en fonction des périodes


d'échantillonnage.

Le taux d'accroissement (TA):


Lt 1  Lt
TA  x 100
Lt
Lt+1 et Lt sont des longueurs ou des largeurs des huîtres à des instants
successifs...

La comparaison des résultats de croissance des huîtres dans les différents


sites, montre que les huîtres du site Hoja Lalméra présentent une meilleure
croissance en longueur par rapport à celle de Boutelha. Par contre, la
croissance des huîtres à Boutelha et île sont identiques (Figure 5).

Pour les largeurs, on note une différence de croissance entre les sites. En
effet, les huîtres du élevées à l'île ont une croissance légèrement supérieure
119

par rapport au site de Boutelha. Cependant, les croissances en largeur sont


plus marquées à Hoja Lalméra qu'à Boutelha pour le lot Marost (Figure 6)
120

(A) (B)
160
140
140
120
120
100

Longueur (mm)
Longueur (mm)

100

80
80

60
60

40 40

20 Bout elha
20 Hja lalmer a
Bout elha
Ile
0
0
6 6 6 7 7 7 7 7 7 7 7 6 96 7 7 7 7
7
t-9 v -9 c-9 v-9 r-9 s-9 r-9 i -9 n-9 u il-9 ût-9 pt-9 t-9 c- -9 r-9 -9 -9
oc vr v in ût
oc no dé ja n fév ar av ma ju i j
a o s e d é
fé a ju a o
m

Figure 5 : Croissance en longueur des huîtres (Crassostrea gigas) en élevage


des deux lots 1 (A) et 2 (B) du mois d'octobre 1996 à
septembre 1997

(A) (B)
70 70

60 60

50 50
Largeur (mm)

Largeur (mm)

40 40

30 30

20 20

10 Largeur
10 Boutelha
Largeur Hoja lalmera

0 0
6 7 7 97 7 96 97 -97 7 7
-9 r-97 i-9 n- 9
7 97 t- 97 t- 97
c-9 vr -9 r-9 in
- t- 9 c- nv- r rs v a i u il- û p
dé f é av ju ao
û dé
ja fé
v
m
a a m ju j
ao se

Figure 6 : Croissance en largeur de l'huître Crassostrea gigas des deux lots 1


(A) et 2 (B), du mois de décembre 1996 à septembre 1997.

La comparaison de deux lots élevés à Boutelha montre que le lot 1 présente


une vitesse de croissance en longueur et largeur plus rapide par rapport à
celui du lot 2. Ceci a été mis en évidence par le calcul du taux de croissance
relative annuel pour les deux lots (Tab.2 ) :
Sites Lot Longueur Largeur

Boutelha 1 1453,643 97,9637


Boutelha 2 340,16585 76,19481
Tableau 2 : Taux de croissance relatif annuel en pourcentage des
huîtres à Dakhla
121

Les taux de croissance relatifs sont déterminés par des formules


suivantes :
Taux de croissance relatif (TCA) :
Lt 1  Lt 365
TCA  x x 100
Lt N
Lt+1 et Lt sont des longueurs ou des largeurs des huîtres à des
instants successifs
N est le nombre de jours entre les deux mesures

Performance de croissance

La comparaison des performances des huîtres des deux lots montre que le
lot 2 élevé à Boutelha présente une coquille épaisse et large par rapport à
celle du lot 1 (Tab. 3) et que l'huître de Hoja Lalméra est meilleure que celle
des autres sites.

Sites Lot Longueur Largeur Epaisseur


Boutelha 1 114,41 50,07 29,61
Boutelha 2 114,01 54,64 38,04
Hoja Lalméra 2 121,79 66,98 47,29

Tableau 3 : Croissances moyennes en longueur, largeur et épaisseur


des huîtres en fin d'élevage au mois de septembre
1997

b) Indice de condition
Un échantillon de 15 huîtres d'élevage de chaque lot (1 et 2) a été prélevé au
mois de février 1998 à Boutelha. Le volume total d'huître (Vt) et le volume
des coquilles sans chair (Vcoq) a été déterminé. Par la suite la chair de chaque
individu a été mise dans l'étuve à 100 °c pendant 24 h pour déterminer le
poids sec. L'indice de condition (IC) a été calculé en utilisant l'équation
suivante :

Poids sec de la chair ( g )


IC  x 1000
Vt (ml )  Vcoq (ml )

Si 100 < IC < 150 : chair de bonne qualité


Si 80 < IC < 100 : chair de qualité moyenne
Si 80 > IC : chair de qualité médiocre

Le calcul de l'IC est un moyen pratique pour déterminer la bonne


consistance de la chair, sa qualité général et l'état de remplissage de la
122

coquille. D'après les valeurs de l'IC calculé au mois de février 1998, l'huître
du lot 2 est bien remplie en chair par rapport à l'huître du lot 1 (Tab. 4).

Indice de condition
Lot 2 Lot 1
1 158,13 89,14
2 131,90 118,27
3 82,82 92,29
4 73,36 85,88
5 92,68 23,90
6 104,52 33,25
7 145,24 76,86
8 116,14 78,03
9 99,14 68,27
10 95,44 17,81
11 104,86 42,75
12 141,60 68,69
13 117,12 30,83
14 62,76 56,74
15 70,86 83,68
Moyenne 106,44 64,43
Tableau 4 : Indice de condition d’un échantillon d’huîtres d'élevage
prélevé à Boutelha au mois de Février 1998

c) Taux de mortalité
Durant la période expérimentale, les individus morts sont comptés pour
chaque filière et à chaque opération de mesure. Le pourcentage de mortalité
globale au sein des élevages a été calculé en utilisant l'équation suivante :
N
Z  t
No
No : Nombre total des huîtres élevées à Dakhla.
Nt : Nombre total d'individu mort durant la période expérimentale.
Il est à noter que les mortalités naturelles des huîtres sont relativement
faibles pendant toute la période d'expérimentation (Tab.5 ).
Date Boutelha Ile Boutelha
Hoja lalméra
17/10/199
01/12/199 10 9 0 0
25/02/199 45 46 5 0
22/05/199 30 13 0 0
08/08/199 51 37 133 0
23/09/199 0 56 8 0
123

Total 136 161 144 0


Tableau 5 : Nombre d'huîtres mortes comptées au cours des essais
d'élevage à Dakhla.

Sur un total d’environ 5000 naissains testés, environ 9 % du total sont


trouvés morts durant la période d'élevage à Boutelha et l'île. Par contre à
Hoja Lalméra, aucune mortalité d'huîtres n’a été observée.

VI- DISCUSSION ET CONCLUSIONS

Les naissains d'huîtres introduits dans cette baie présentent des croissances
meilleures par rapport aux autres sites marocains. Les naissains d'huîtres
de Dakhla atteignent, durant 10 mois d'élevage, des poids de 80 g contre 15
g à Oualidia. Par exemple, dans le bassin de Marenne-Oléran, les naissains
d'huître n'atteignent qu'un poids de 50 g durant une période de 12 mois.

Ces performances remarquables sont dues, d’une part, à la richesse du


milieu et, d’autre part, à sa capacité trophique non encore exploitée (site
encore vierge de toute exploitation aquacole). Avant 1976, l’huître
Crassostrea gigas élevée à Oualidia avait des croissances remarquables
atteignant un poids de 94 g en une année.

A Dakhla, les jeunes huîtres fixés sur les collecteurs ont des croissances
rapides au début d'élevage. Durant les premiers 44 jours de mis en élevage,
le taux d'accroissement des naissains était de 560 à 607 %.

Une différence de croissance entre site a été enregistrée : le site Hoja


Lalméra présente de meilleures performances, suivi de l'île et en fin
Boutelha. En effet, d'après le schéma du fonctionnement et d'organisation de
la baie, le site Hoja Lalméra est classé parmi les milieux riches en
chlorophylle ‘’a’’.

De la date de détroquage et de la densité des naissains sur un collecteur va


dépendre la vitesse de croissance des huîtres. Il était donc nécessaire de
déterminer le moment adéquat pour effectuer le détroquage des huîtres des
coquilles Saint Jacques. Tout retard de temps pris sur l'opération de
détroquage risque d’affecter sérieusement la vitesse de croissance et ce, à
cause du manque d'espace entre les huîtres collées sur la coquille. Par
contre, si le temps n'est pas suffisant pour que l'huître atteigne une taille qui
lui permet d'être détroquées, les coquilles étant fragiles, risquant de se
casser, provoquant ainsi une forte mortalité.

Au début d'élevage à Dakhla, la croissance étonnante des jeunes fixés, nous


a poussé à effectuer un détroquage précoce (séparation des huîtres des
supports collecteurs) après trois mois d'élevage.
124

Le développement des huîtres dépend entre autre des facteurs du milieu


mais aussi de l'effet combiné de la compétition, de la prédation, du fouling et
des épibiontes. Les huîtres testées à Dakhla ont été bien protégées contre les
prédateurs mais, en même temps, elles étaient soumises dans les casiers à
la compétition de divers organismes du milieu. Au sein des casiers d'élevage
s'infiltrent à travers les mailles, plusieurs organismes qui se développent
avec le temps . En effet, les ascidies, qui peuvent causer de fortes mortalités
chez l'huître (IGIC, 1984), étaient moins abondantes dans les casiers que les
vers tubicoles collés sur les coquilles et les bordures de casiers. Ces tubes
calcaires, issus de ces vers, se développent dans le milieu rapidement.

Les mortalités enregistrées dans la baie de Dakhla étaient relativement


faibles durant l'essai d'élevage. Elles sont dues essentiellement au colmatage
des caisses et corbeilles d'élevage et au manque d'espace pour le
développement de l'huître.
125

ELEVAGE DE LA COQUILLE SAINT JACQUES


DU PACIFIQUE DANS LA BAIE D'IMESSOUANE
INRH- Fiche synthétique 124
Essai d’élevage de la Coquille
Saint Jacques du Pacifique dans la baie d’Imessouane

naissains tombent au fond et mènent ainsi


une vie benthique.
COQUILLE SAINT

La croissance de la coquille Saint Jacques


s’arrête lorsque la température de l’eau
dépasse 20°C.

La taille commerciale qui est de


10 cm est atteinte au bout de 20
JACQUES mois au Japon. La longévité de
l’espèce est de 8 ans.
DU PACIFIQUE
 Présentation du site et de la technique
d’élevage
 Informations générales
La zone sélectionnée est située
Nom scientifique : dans la baie d’Imessouane, à 90
Patinopecten yessoensis km au nord d’Agadir. La région est
influencée par le phénomène

E
spèce appartenant à la d’upwelling qui fait d’Imessouane
famille des Pectinidae et au une zone à fortes concentrations
genre Patinopecten. Elle a en Chlorophylle.
été introduite pour la première fois
au Maroc par une société privée en  Superficie de la zone d’élevage :
1996, à partir de naissains 4ha ;
importés du Canada.  Profondeur : 20 m.
 Coordonnées géographiques du
La taille maximale atteinte par cette site :
espèce est de 21 cm. La taille
commerciale admise est de 10 cm. A = 30°50’46 N 9°49’23 W
B = 30°49’57 N 9°49’11 W
Espèce des eaux froides, vivant à des
profondeurs de 10 à 30m, sur des fonds C = 30°49’74 N 9°49’23 W
allant du sableux vaseux au gravier. D = 30°49’54 N 9°49’11 W

Au Japon, la ponte a lieu entre mars et juin


selon les régions.

Après fécondation et éclosion des œufs, les


larves mènent une vie planctonique qui
dure environ 40 jours. A l’issue de cette
phase, les naissains se fixent sur des algues
par leur byssus. A l’âge de 5 mois, alors
que la taille se situe entre 0.7 et 1 cm, les
INRH- Fiche synthétique 125
Essai d’élevage de la Coquille
Saint Jacques du Pacifique dans la baie d’Imessouane

 l’alourdissement de la
filière ;
 le colmatage rapide du filet
des lanternes ;
 une gène sérieuse dans les
opérations de manipulation
et d’entretien des
structures.

Emplacement de la zone d’élevage dans la baie d’Imessouane. Croissance

30 individus sont prélevés mensuellement, entre


La technique utilisée est l’élevage décembre 98 et novembre 99 pour étude de la
en suspension sur filière de fond croissance en longueur, largeur, épaisseur et en
en mer ouverte. poids frais et sec de la masse molle.

 Aspects techniques Les résultats obtenus sont


 Après une année d’essai, la technique représentés dans les figures
adoptée semble s’adapter aux conditions suivantes :
hydrodynamiques de la baie d’Imessouane.
 Les contraintes rencontrées sont :
- La disponibilité en
naissains : fortes mortalités
dues au trajet subi par le
naissain entre le Canada et
le Maroc ;
- Les tempêtes provoquent un
léger déplacement des corps
morts et une légère perte de
tension conséquente au
niveau de l’aussière
principale;
- En janvier 1999, un bateau
de pêche a endommagé en
partie les structures
d’élevage;
- Fouling avec développement
important d’algues, fixation
de naissains de moules.
- Forte fixation de balanes
avec comme conséquences :
 l’usure des cordes ;
 l’éclatement des bouées et
des systèmes de fermeture
des lanternes net;
INRH- Fiche synthétique 126
Essai d’élevage de la Coquille
Saint Jacques du Pacifique dans la baie d’Imessouane

L o n g eur P oids Frais


1 20
30

1 00
25

80 20
L (en mm)

PF (en g)
60 15

40 10

20 5

0 0

9
9

99

9
99

99

98

99
9

99

9
98

99

99
9

9
9

-9
-9

-9

-9

-9
-9

t-9

-9

t- 9
-9

-9
-9

r-9

-9
-9

il-
s-

il-

c-

v-
-
c-

v-

r-

ai
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in
ai

pt
in

nv
pt
nv

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oc
û

ju
vr

oc

av
ju

ar
av

no
ar

no

ju

ao
m

ju

se
ao

se


ja
ja

m
m

M oi s M ois

P o id s d e C o q u ille s
45

40

35

30
PC (en g)

25

20

15

10

0 9

99
99

99

9
98

99

99
99
9

-9

-9

t-9

t -9
-9

il-
s-

n-
c-

v-

v-
r-

ai

ût
vr

oc
ju
ar

av

no
i
n

ju

ao

se

ja

M o is

E p ais se u r P o id s S e c
35
8

30 7

25 6

5
E (en mm)

PS (en g)

20
4
15
3

10
2

5 1

0 0
9

99
99

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M o is
M ois

Croissance mensuelle en longueur, en Evolution mensuelle du poids frais et sec


largeur et en épaisseur de Patinopecten de la masse molle et du poids de la
yessoensis en élevage sur filière à coquille de Patinopecten yessoensis en
Imessouane élevage sur filière à Imessouane
INRH- Fiche synthétique 127
Essai d’élevage de la Coquille
Saint Jacques du Pacifique dans la baie d’Imessouane

 Entre juillet et Novembre 99,


Croissance linéaire : on assiste à une alternance de
périodes de chute du poids
Les courbes de croissances en longueur, (août 99 et octobre 99) et des
largeur et épaisseur présentent le même périodes d'augmentation du
rythme d’évolution. poids (septembre 99 et
novembre 99).
Les taux de croissance sont :
 La longueur de 11,8  4,75 mm en Ces différences de croissance
décembre 98 a atteint 98,88  3,98 mm peuvent être expliquées par la
en novembre 99 ; teneur en nourriture disponible
(faible en hiver et très abondante en
 La largeur de 9,52  4,57 mm en été). Par contre l'atténuation de la
décembre 98 a atteint 94,85  4,17 mm vitesse de croissance du poids frais
en novembre 99 ; et du poids de la coquille au
 L’ épaisseur de 2,81  1,26 mm en printemps est liée au la maturation
décembre 98 a atteint 28,14  2,01 mm et au développement des gonades.
en novembre 99.
Les variations mensuelles du poids
Les variations saisonnières sec de la masse molle sont en
enregistrées au niveau des taux de relation avec les différentes phases
croissance sont liées principalement du cycle de reproduction.
au fluctuations de la teneur du milieu
en éléments nutritifs Mortalité
(phytoplanctons, matières
organiques,…), aux conditions 9

thermiques de l’eau et au cycle de 8


7
reproduction de l’espèce.
Mortalité (en %)

6
5
Croissance pondérale
4
3
 La vitesse de croissance des 2
poids frais et de la coquille est 1
plus lente en hiver et presque 0

nulle au printemps. Elle est


m 9

9
9

99
9

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s-
nv

in

pt
ai
av

oc
ju
ar

par contre plus rapide en été.


ju

se
ja

Mois
 Les variations mensuelles du
poids sec de la masse molle
montrent :  Le taux global de mortalité
enregistré est de l’ordre de
 Entre décembre 98 et avril
42.3% ;
99, le poids sec augmente
 La répartition des mortalités
légèrement et ne dépasse
pas 1g ; par rapport au global de
mortalité montre que :
 Entre avril et juillet 99,
 le maximum de mortalité est
l’augmentation est
exponentielle ; atteint en hiver (46%) suivi
par l’été (28%) ;
INRH- Fiche synthétique 128
Essai d’élevage de la Coquille
Saint Jacques du Pacifique dans la baie d’Imessouane

 au printemps et automne, la
moyenne mensuelle est de
6.5%.

 Par ailleurs, une perte de


8.4% du stock a été
enregistrée suite à
l’éclatement des systèmes
d’ouverture des Lanternes net
en relation avec la tempête
survenue en mars 99.

Les mortalités hivernales sont liées


très probablement à la grande
sensibilité des jeunes au stress de
transport et de changement de
milieu.

Les mortalités enregistrées en été


pourraient être expliquées par
l’élévation de la température, la
période de ponte et la disponibilité
en nourriture dans le milieu.

 Conclusions

Il ressort que :

 La baie d’Imessouane offre un


potentiel important pour le
développement d’une activité
conchylicole rémunératrice
comme la pectiniculture ;

 Avec un taux global de survie


de 58% et une taille
commerciale de 10 cm atteinte
en 13 mois d’élevage, l'espèce
Patinopecten yessoensis
introduite très récemment au
Maroc, présente un potentiel
important pour le
développement de la
conchyliculture sur le littoral
atlantique marocain.
151

PRESENTATION DU SITE D'ELEVAGE

1- SITUATION GEOGRAPHIQUE

IMESSOUANE : Petit centre de pêche sur l'Atlantique, est localisé entre 30°50'
de latitude Nord et 9°49' de longitude Ouest. La route principale N°8, reliant
Agadir à Essaouira, connecte ce centre de débarquement au réseau routier
national. Il se trouve à 100 km au sud d'Essaouira et à 90 km au nord
d'Agadir. Ce site a été transformé en un village de pêche en 1996 dans le
cadre d'une coopération Maroco-Japonaise. (Carte 1 et Photo 1)

2- CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES

Ce village est situé dans une zone faisant partie de l'étage méditerranéen aride
résultant d'un climat à pluviosité faible, combinées avec une forte évaporation
causée par des températures élevées et par les vents. Le système des vents est
dominé par la situation géographique de l'anticyclone des Açores.

4- CARACTERISTIQUES TOPOGRAPHIQUES

a) Côte

Elle est orientée du Nord-est au Sud-ouest. Elle a une structure particulière


laissant apparaître des concavités et des convexités, le littoral du secteur
présente un relief rocheux accidenté entrecoupé par plusieurs plage formant
ainsi des refuges naturels pour les petites unités (canots) de pêche. Le petit
port de pêche d'Imessouane est situé dans une petite baie.

b) Plateau Continental

Imessouane est situé dans un secteur où le plateau continental est


remarquablement étroit (limite du plateau se trouve à 18 Km de la côte). La
pente moyenne du plateau est relativement forte (0,80%).

c) Nature du Fond

 Entre 0-50 m : une bande rocheuse longe la côte cernant


Imessouane.
 Entre 50-100 m : les fonds sont principalement vaseux et
sableux avec parfois des roches éparses.
 Entre 100-200 m : il s'agit de fonds rocheux et coralliens. Ce
cordon rocheux nettement, élargi dans sa partie nord, débute
au niveau des profondeurs de 50 m au large d'Imessouane.
152

d) Régime hydrologique

On distingue :

Le régime thermique : Les campagnes océanographiques menées dans le


secteur ont montré que i) les températures superficielles sont nettement
basses près de la côte ; ii) le tracé des isothermes et la localisation d'une veine
d'eau froide prouve qu'il s'agit d'un front de remontée d'eau.
Cette remontée d'eaux profondes ou upwelling, dans ce secteur, est liée étroitement
au régime des vents. Cet upwelling qui est faible ou inexistant en hiver, développé
au printemps, renforcé en été mais atténué en automne, fait qu'Imessouane se
trouve dans une zone où les concentrations en chlorophylle sont importantes.

Carte 1 : Situation géographique de la baie d'Imessouane


153

Photo 1 : Vue générale de la Baie d'Imessouane

Dynamique des Eaux : La circulation moyenne des eaux superficielles dans ce


secteur consiste en un mouvement d'ensemble vers le sud-ouest (courant des
Canaries) associé aux grands tourbillons anticycloniques des eaux nord vers le sud
transporte les eaux relativement froides.

 Houle : Elle varie entre 0,5 et 3 mètres et est enregistrée pendant 262
jours/an sur la cote atlantique. L'apparition de cette houle n'est pas due
seulement aux conditions météorologiques, mais aussi à l'action des
dépressions barométriques se produisant sur la partie située entre les
Açores et l'Islande. Cette variation mensuelle de houle fait ressortir 3
saisons :
 Période de Janvier à Avril : une houle supérieure à 1,5 m est
enregistrée plus de 15 jours par mois. C'est la saison où la mer est
fortement agitée.
 Période de Mai - Septembre : en moyenne, plus de 25 jours/mois, la
houle n'excède pas les 1,5 m. C'est la période estivale où la mer est
peu agitée ou calme.
 Période d'Octobre - Décembre : l'état de la mer est variable : parfois
agitée à grosse (>1,5m) et parfois peu agitée à calme (<1,5m).

4- LE CHOIX DE LA ZONE D’ELEVAGE

Le choix de la zone est basé sur les critères suivants :

a) Profondeur
D’habitude la coquille Saint Jacques est rencontrée dans les étages
infralittoral et circalitoral jusqu’à des profondeurs d’environ -50 m. Son
domaine d’élection se situe entre -10 et -25 m. Ainsi, une profondeur de -20 m
a été retenue pour déterminer la zone d’élevage.

b) Nature du fond
Le choix de la zone d’installation s’est également basé sur la nature du fond
qui devrait être sableux. En effet, il va permettre, d’une part, l’enfouissement
des corps morts des filières et d’autre part, cette espèce semble assez
tolérante quant à la granulométrie du sédiment. Elle est rencontrée depuis les
sables fins jusqu’au détritique grossier.
c) Courant
De manière générale, la coquille Saint Jacques s’enfouit dans le substrat et
semble rechercher les zones de dunes hydrauliques marquées par des
courants assez importants. De même, pour la mise en place des filières, il est
primordial de choisir des zones relativement calme ; la vitesse du courant ne
doit pas dépasser 2 nœuds.

Ainsi, En tenant compte de ces critères de choix, la zone d’élevage, d’une


superficie de 4 ha (Longueur = 200 m, Largeur =200 m) est localisée à mi-
154

chemin de l’entrée de la baie, à environ 2 Km du petit port de pêche (Carte 2).


Elle est délimitée par quatre bouées fixées par des corps-morts et qui
apparaissent en quatre points de la surface de l’eau et repérés par les
coordonnées suivantes :

A = 30°50’46 N 9°49’23 W B = 30°49’57 N 9°49’11 W


C = 30°49’74 N 9°49’23 W D = 30°49’54 N 9°49’11 W

Carte N°2 : Emplacement de la zone d’élevage dans la baie d’Imessouane.

PRESENTATION DE L'ESPECE MISE EN ELEVAGE

POSITION SYSTEMATIQUE

L’espèce de coquille Saint Jacques retenue pour la réalisation de ce projet


d’élevage est Patinopecten yessoensis. Elle est importée du Canada par la
société Aquasur.

MORPHOLOGIE

La coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis est caractérisée par sa


coquille d'une qualité rigide et d'une forme sphérique : La valve gauche est de
couleurs différentes en fonction des individus. Elle varie du bleu-violet au
rouge-brun. Par contre, la valve droite est toujours de couleur blanche
(photo2). En outre, la coquille de Patinopecten yessoensis est caractérisée par
la présence de 25 radiales du haut vers le bas de côté et de l'autre des deux
valves (photo 2).
155

La taille maximale atteinte par cette espèce est de l'ordre de 21 cm. La taille
commerciale admise est de 10 cm.

Photo 2 : Présentation des deux valves : droite blanche et gauche


rouge-brun de Patinopecten yessoensis.

CYCLE DE VIE ET ECOLOGIE

La coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis est une espèce des eaux
froides. Elle vit sur des fonds allant du sableux vaseux au gravier, à des
profondeurs de 10 à 30 m au nord du Japon. la ponte de Patinopecten
yessoensis, est précoce au sud (en mars-avril dans la baie de Mutsu) et plus
tardive au nord (en mai-juin dans le lac Saroma). Au cours de la période de
ponte, les mâles libèrent leur sperme dans l'eau de mer ce qui stimule la
libération des œufs par les femelles. Après la fécondation (externe), les
naissains passent par une vie larvaire planctonique pendant 40 jours (voir
tableau 1). Par la suite, les naissains se fixent sur les algues par leur byssus.
Après 5 mois, quand la taille atteint 0,7 à 1 cm, ils coupent leur byssus et
tombent sur le fond pour mener ainsi une vie benthique.

Tableau 1 : Stades de développement larvaire de Patinopecten yessoensis d'après (YAMAMOTO, 1964)


Stades Temps après fécondation Température de l'eau
Bastula 40 heures 7.5-8.3°C
Gastrula 2 jours 8.0-8.9
Trochophore 4jours 7.8-9.2
Veliger (D) (72 x 58µ) 5-7 jours 7.3-9.5
Veliger (104-87µ) 8-10 7.5-8.0
Umbo (118 x 104µ) 15-17 7.8-9.5
Umbo (200 x 180µ) 30-35 11.5-13.7
Grande larve 40 112.2-14.2
156

Sur le fond, la coquille Saint Jacques continue de croître. Cependant, quand


la température de l'eau dépasse les 20°C, la croissance s'arrête. Par
conséquent, des annaux de croissance sont bien visibles sur la coquille et
permettent de déterminer l'âge de l'individu. Par exemple, la taille
commerciale (10 cm) est atteinte au bout de 20 mois au Japon. La longévité
de la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis est de 8 ans.

6
4

7
3

1
2

Planche 1 : Cycle de vie de la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis (1=


œuf, 2 = spermatozoïde, 3 = larve trochophore, 4 = naissain avec
byssus de fixation sur algues ou autres, 5 = naissain qui se
détache, 6 = jeune coquille, 7 = adulte).
157

PRESENTATION DE LA TECHNIQUE D’ELEVAGE

Dans le cadre de ce projet, l'étape la plus importante est le prégrossissement.


Il fallut donc trouver une technique fiable et adaptée aux conditions
courantologiques et hydrodynamiques offertes par les côtes atlantiques
marocaines en général et la baie d'Imessouane en particulier. En outre, les
critères du choix de la zone d'élevage et l'étude océanographique préliminaire
a conduit au choix d'une zone qui se trouve à la sortie de la baie. Il s'agit donc
d'une zone non abritée soumise à toutes les intempéries. Par conséquent,
pour un tel milieu dans lequel les structures d'élevage classiques ne seraient
pas viables, l'INRH avait adopté la technique : d'élevage en suspension sur
filière en mer ouverte.

1- TYPOLOGIE DE FILIERE EN MER OUVERTE

Les structures d'élevage en pleine mer se composent toujours d'un élément


porteur, auquel est associé une flottabilité, et des supports proprement dit de
l'élevage sur lesquels sont fixés, ou qui contiennent, les animaux (cages,
nappes de filets...).On distingue deux grands types d'éléments porteurs selon
leur aptitude à consommer l'énergie de la houle dans leur déformation :

 Les structures rigides comportant des éléments métalliques et/ou en béton, en


général assez lourds.
 Les structures tendues, appelées "Filières". Elles sont inspirées des systèmes
utilisés au Japon. Dans ce cas, l'aussière principale ou "maîtresse" peut être calée en
surface (Filière de Surface), en sub-surface (Filière Sub-Surface) ou sur le fond
(Filière de Fond).

La structure d’élevage qui nous intéresse ici est la filière de fond, dont
l’avantage principal est de pouvoir s'affranchir dans des zones exposées de
l'effet de la houle et des vagues. Elle est, en réalité, une filière immergée dont
la partie supérieure se trouve à plus d'une dizaine de mètres de la surface.
Cette position est obtenue par une tension suffisante entre deux points fixes
(corps-morts) ainsi que par des flotteurs régulièrement répartis en fonction
des charges que l’on place.

2- INSTALLATION DES FILIERES D’ELEVAGE

Dans le cas de cet essai d’élevage de la coquille Saint Jacques dans la baie
d’Imessouane, la ligne principale (aussière) est de 50 mètres de longueur.
Cette corde principale est placée à 8 mètres du fond et à 12 mètres de la
surface (Figure 1). Cette position permet, en fait, d’éviter les deux contraintes
majeures suivantes :
 La navigation en zone côtière,
 L’agitation de la mer en surface, vagues et houles dont l’effet est particulièrement
néfaste pour l’élevage de ce groupe de bivalves.
158

Figure 1 : Illustration de la filière de fond installée à Imessouane

Pour cet essai, quatre filières de 50 m de long chacune sont confectionnées à


l’INRH. L’aussière, de 50 m de long, est constituée d’une corde en
polyéthylène de 32 mm de diamètre sur laquelle sont fixés 45 flotteurs verts
de 30 cm de diamètre et 45 points d’attaches des suspensions.

3- MISE EN PLACE DES NAISSAINS

Il existe de nombreux types de structures de prégrossissement de coquille


saint jacques. Les unités les plus couramment employées sont un panier
pyramidal, le "pearl-net" (figure 2 a) et le "lanterne-net" (figure 2 b).

a b

Figure 2 : Schéma de a) "pearl-net" et b) "lanterne-net"


159

Dans le cas de ce projet, l’unité adoptée est le "lanterne-net". Il est placé entre
deux eaux pour éviter les frottements sur le fond et l’action des prédateurs
benthiques, ainsi que les salissures trop importantes des premiers mètres
sous la surface de l’eau.

Les naissains de la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis ont été


importés du Canada par la société AQUASUR. Les naissains importés se
composent de deux lots :
i) Le premier lot contient des naissains de taille moyenne de 15 mm. Estimés à 2 000
individus, ils sont répartis sur 10 lanternes à raison de 200 naissains par lanterne (soit 20
individus par étage).
ii) Le deuxième lot, plus important (environ 3 000 naissains) est très hétérogène et renferme
des animaux de taille variant de 5 à 10 mm. Le triage de ces animaux n'a pas été possible.
En effet, le transport des naissains (du Canada à Imessouane) a durée 48 h et les animaux
étaient trop stressés. Aussi, tout retard de mise à l'eau pourrait leur être fatale. Ainsi, ils
ont été répartis dans les lanternes avec une densité moyenne de 30 individus par étage
(300 ind./lanterne).

RESULTATS

1- ASPECTS TECHNIQUES

Après la mise en prégrossissement des naissains de la coquille Saint Jacques


Patinopecten yessoensis au mois de décembre 1998, des missions de suivi
mensuel ont été organisées. L’un des aspects étudiés porte sur l’étude du
comportement et la vérification des performances et du maintien des
structures d'élevage (filières et lanternes-net). Les résultats obtenus montrent
que la technique d’élevage adoptée (filière de fond) s’adapte parfaitement aux
conditions hydrodynamiques de la baie d’Imessouane durant toute l’année.
Cependant, certains problèmes sont apparus tels que :

 LES FILIERES D'ELEVAGE


 Le balisage de la zone d'élevage : Certains bateaux de la pêche côtière


rentre la nuit dans la baie d’Imessouane pour s’abriter quand les
conditions au large sont mauvaises. Etant dans une zone où le chalutage
est normalement interdit, ces bateaux larguent leur filet au moment ou ils
quittent la baie et par conséquent ils endommagent les structures
d’élevages. C’était le cas en janvier 1999.

 Le déplacement des corps morts : L'un des principaux objectifs du suivi


technique mensuel était d’étudier le comportement des filières lors des
fortes tempêtes hivernales. Ainsi, après huit mois de leur mise à l'eau (août
98 -mars 99), il s’est avéré que les filières de fond s'adaptent parfaitement
à ce genre de site puisqu'elles ont résisté aux fortes tempêtes hivernales
qu'a connu Imessouane ; celles de la dernière semaine de décembre, la
deuxième moitié de janvier et de fin février - début mars. Cependant, après
160

chaque tempête un léger déplacement des corps-morts s'observe. Il en


résulte une légère perte de tension au niveau de l'aussière.

 Le fouling (ou salissures) : Juste après l'implantation des filières (un


mois environ), les premières constatations montrent un important
développement d’algues sur les cordages et les bouées de marquage.
Ainsi, une importante fixation des naissains de moule a été observée à
partir du mois de mars 1999. Ces naissains n'arrivent jamais à se
développer sur les cordes car ils sont rapidement éliminés par les balistes
(très abondant dans le site) et par d’autres prédateurs. En outre, une forte
fixation des balanus est enregistrée. Contrairement aux moules, ils ne sont
pas éliminés par les prédateurs et continuent de croître sur les structures
d'élevage en provoquant :
- des usures au niveau des cordes et l'éclatement des bouées ;
- une charge de plus sur les filières ;
- de nombreuses blessures (aux membres de l'équipe de suivi) lors des différentes
opérations de manipulation des structures d'élevage.

 Les "lanternes-net" utilisés lors de ces essais avaient une maille de 3 mm.
Ce qui convenait aux naissains qui avaient des tailles comprises entre 5 et
15 mm. Mais, vu la forte productivité du milieu, ces mailles se colmatent
facilement malgré nos efforts de nettoyage mensuel. (voir photos 3a et b).

a
b

Photos 3a et 3b : Etat général du "lanterne-net" à la sortie de l'eau


161

Photo 4 : Vue générale de "lanternes-net" après nettoyage

En outre, lors de la mission de mars 1999, nous avons constaté un colmatage


beaucoup plus accentué. Ceci peut être expliqué par une forte accumulation de
salissures, de vase et l'entrée massive de boue suite aux pluies intenses qu'a connu
le site en février et début mars. Pour remédier à ce problème, les quatre filières
seront installées plus loin à 3 km du rivage (au lieu de 1,5 préalable) et par l’achat
de lanternes de maille de 20 à 30 mm de diamètre.

 Le système de fermeture : Etant normalement conçues pour un


élevage dans des zones plus calmes, les "lanterne-net" utilisés présentent
un système de fermeture que nous avons jugé dès le départ comme étant
inadéquat. Malgré le renforcement de ces fermetures nous avons constaté
un éclatement du système de fermeture de certaines lanternes. Il en
résulte la perte de la totalité du contenu de ces lanternes. L'éclatement
des systèmes de fermeture est certainement dû au poids des lanternes
qui a fortement augmenté (environ 10 fois) et ce, vu la forte accumulation
de salissures et de vase sur les lanternes. En outre, cet éclatement des
systèmes de fermeture peut être également attribué à une fixation intense
de naissains de nombreuses espèces telles les moules Perna perna et
Mytilus galloprovincialis, le Balanus et le Saxicava artica etc.

Afin de remédier à ces problèmes d'éclatement des systèmes de fermeture et


de colmatage des mailles des lanternes suite à l'accumulation des salissures
et du développement d'algues, un changement de lanternes au cours d'élevage
s'impose. En effet, les lanternes utilisées actuellement seront gardées jusqu'à
ce que les individus atteignent une taille de 30 mm. Par la suite, elles seront
remplacées par d'autres "lanternes-net" (de mailles allant de 15 à 20 mm).

2- ASPECT BIOLOGIQUE

Le suivi des essais d'élevage a été réalisé sur un cycle annuel et ce, de façon
mensuel entre décembre 98 et novembre 99. Ainsi, des prélèvements
mensuels ont été effectués, ils sont destinés, entre autres, à :
162

Etude de la croissance : Elle a porté sur 30 animaux. Pour chaque individu,


nous mesurons :
 les dimensions linéaires de la coquille (au 1/100ième de
millimètre) qui, permettent une bonne estimation de la
croissance linéaire. La longueur est mesurée suivant l'axe
antéro-postérieur, la largeur est mesurée suivant l'axe dorso-
ventrale et l'épaisseur est mesurée à l'endroit où elle est
maximale.
 les poids frais et sec de la masse molle, à l'aide d'une balance de
0.001 g de précision. Le poids sec est obtenu après dessiccation
totale à 100°C durant 24h au minimum. Ces mesures sont
utilisées pour estimer la croissance pondérale.
Suivi du taux de mortalité : De façon mensuelle, entre décembre 98 et
novembre 99, le contenu de 10 lanternes (marquées) est vérifié pour
déterminer le taux de mortalité.

a) Croissance linéaire
 Concernant la longueur

La courbe de croissance annuelle (figure 3) peut être subdivisée en trois


phases :
 Décembre 98-avril 99 : où la croissance est exponentielle avec un taux
de croissance mensuelle d'environ 10mm/mois (les individus de taille
moyenne de 11,8  4,75mm en décembre 98 atteignent 53,07  4,35
mm au mois d'avril 99) ;
 Avril 99-juillet 99 : caractérisée par un ralentissement de la croissance.
En effet, le taux de croissance enregistré pendant cette période est de
l'ordre de 2,5mm/mois (la taille moyenne passe de 53,07  4,35 mm
au mois d'avril 99 à 61,79  6,25 mm au mois de juillet 99) ;
 Juillet 99- novembre 99 : (identique à la première phase) avec un taux
de croissance élevé d'environ 10mm/mois. En effet, la taille moyenne
atteinte en novembre est de 98,88  3,98 mm.

Par ailleurs, il est à noter que la coquille Saint Jacques Patinopecten


yessoensis mise en élevage sur filière en mer ouverte à Imessouane atteint la
taille commerciale (100 mm) au bout d'une année d'élevage.

 Concernant la largeur :

De même que pour la longueur, la courbe de croissance annuelle (figure 4)


montre trois phases :

 Une phase de croissance exponentielle, identique à celle de la longueur


(entre décembre 98 et avril 99), avec un taux de croissance également
de 10mm/mois ;
163

 Une phase de ralentissement de croissance en largeur (entre avril et


juillet 99) qui passe de 53,53  4,44 mm au mois d'avril 99 à 62,07 
6,26 mm au mois de juillet 99 ;
 Une phase de croissance rapide entre avril et novembre 99 mais plus
atténuée que dans le cas de la longueur. En effet, la taille moyenne
atteinte en novembre est de 94,85  4,17 mm.

 Concernant l'épaisseur :
La courbe de la variation mensuelle de l'épaisseur de la coquille Saint Jacques
est représentée dans la figure 5. On distingue :
 Deux périodes de ralentissement de la croissance en épaisseur :
- La première entre avril et juin 99
- La deuxième entre août et septembre 99

 Trois périodes de croissance rapide :


- La première entre décembre 98 et avril 99
- La deuxième entre juin et août 99
- La troisième entre septembre et novembre99

Remarque :

Il est à noter que, durant un cycle annuel d'élevage sur filière, les trois
paramètres initiales (longueur, largeur et épaisseur de la coquille Saint
Jacques Patinopecten yessoensis) ont été multipliés par 10. En effet la
coquille qui avait une :
- longueur de 11,8  4,75 mm en décembre 98 a atteint 98,88 
3,98 mm en novembre 99 ;
- largeur de 9,52  4,57 mm en décembre 98 a atteint 94,85  4,17
mm en novembre 99 ;
- L'épaisseur de 2,81  1,26 mm en décembre 98 a atteint 28,14 
2,01 mm en novembre 99.

Longeur
120

100

80
L (en mm)

60

40

20

0
99

99
9

9
98

99
9

9
9

-9

-9
-9

-9
-9

t-9
r-9
-9

il-
s-
c-

v-
ai

ût
in

pt
nv

vr

oc
ju
ar

av

no
m

ju

ao

se

ja

M o is
164

Figure 3 : Croissance mensuelle en longueur de Patinopecten yessoensis


en élevage sur filière à Imessouane

L a rg e u r
120

100

80
l (en mm)

60

40

20

0
99

99
9

9
98

99
9

9
9

-9

-9

-9

-9
-9

t-9
r-9
-9

il-
s-
c-

v-
ai

ût
in

pt
nv

vr

oc
ju
ar

av

no
m

ju

ao

se

ja

M o is

Figure 4 : Croissance mensuelle en largeur de Patinopecten yessoensis


en élevage sur filière à Imessouane

E p a is s e u r
35

30

25
E (en mm)

20

15

10

0
9
9

9
99
8

9
99

9
-9
9

r-9

9
9

-9

-9
9

-9

t- 9
v-

v-
n-
c-

s-

il-
vr

ai

ût

pt
av

oc
n

no

ju
i
ar

ju
m

ao

se
ja

M o is
165

Figure 5 : Croissance mensuelle en épaisseur de Patinopecten yessoensis


en élevage sur filière à Imessouane
b) Croissance pondérale
Les figures 6, 7 et 8 montrent l'évolution saisonnière de la valeur moyenne des
poids de la coquille et des poids frais et sec de la masse molle de la coquille
Saint Jacques Patinopecten yessoensis en élevage sur filière off shore.

On constate aussi que le poids de la coquille et le poids frais de la masse


molle (figures 6 et 8) augmentent de façon mensuelle avec un ralentissement
au printemps (avril-juin 99). Par ailleurs, la vitesse de croissance des deux
poids (frais et de la coquille) varie en fonction de la saison. Elle était plus lente
en hiver et presque nulle au printemps. Par contre, elle était plus rapide en
été.

Cependant, la figure (7) relative à la variation mensuelle du poids sec de la


masse molle, montre que :
 Entre décembre 98 et avril 99, le poids sec augmente légèrement et ne dépasse pas 1g
;
 Entre avril et juillet 99, l'augmentation du poids sec est exponentielle;
 Entre juillet et Novembre 99, on assiste à une alternance de périodes de chute du
poids (août 99 et octobre 99) et des périodes d'augmentation du poids (septembre 99
et novembre 99).

P o id s F r a is
30

25

20
PF (en g)

15

10

0
9

9
99

9
98

99
99

9
9
9

-9

l-9
-9

-9

t-9

t-9
r-9
-9

s-
c-

v-
v-

ai

ût
in

i
vr

oc
ju
ar

av

no
n

ju

ao

se

ja

M o is

Figure 6 : Croissance mensuelle du poids frais de la masse molle de


Patinopecten yessoensis en élevage sur filière à Imessouane
166

P o id s S e c
8

5
PS (en g)

0
9

99
99

9
98

99
9
9

-9

-9

-9

-9
-9

t-9
r-9
-9

il-
s-
c-

v-
ai

ût
in

pt
nv

vr

ju

oc
ar

av

no
m

ju

ao

se

ja

M o is

Figure 7 : Croissance mensuelle du poids sec de la masse molle de Patinopecten


yessoensis en élevage sur filière à Imessouane

P o id s d e C o q u ille s
45

40

35

30
PC (en g)

25

20

15

10

0
9

99
9

99

9
98

99
9
9

-9
9

-9

-9
-9

t-9
r-9
-9

il-
s-

n-
c-

v-
ai

ût

pt
nv

vr

oc
ju
av
ar

i

no
m

ju

ao

se

ja

M o is
167

Figure 8 : Croissance mensuelle du poids de la coquille de Patinopecten


yessoensis en élevage sur filière à Imessouane

c) Croissance absolue
Dans ce paragraphe, sont déterminés les paramètres de l’équation de VON
BERTALANFFY qui permettent d'estimer le taux de croissance (K) et la taille
maximale (L) des coquilles Saint Jacques en élevage et ce, par une analyse
des données mensuelles sur le logiciel L.F.D.A. L'équation de VON
BERTALANFFY déterminée par la distribution des fréquences de taille
mensuelles est :

Lt = 197,20 [ 1- Exp (-0,608 (t + 0,090)]


avec L = 197,20 mm; K = 0,608 et t0 = -0,090

C o u r be de V o n B e r ta l a n ffy
250

200
Longueurs (mm)

150

100

50

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
a g e s (a n n é e s )

Figure 9 : Courbe de croissance absolue (Von Bertalanfy) de Patinopecten


yessoensis en élevage dans la baie d'Imessouane

Pour la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis, en élevage sur filière


off shore dans la baie d'Imessouane, le taux de croissance (figure 9) est très
rapide en particulier dans la première et la deuxième année de vie
(respectivement 95,09 et 46,30 mm). La croissance devient par la suite
ralentie durant les deux années qui suivent (25,19 et 13,71mm
respectivement en 3ème et 4ème année). Par ailleurs, aux 5ème et 6ème année de
vie la vitesse de croissance est très faible (soit respectivement 7,46 et
4,06mm).

De plus, selon ce modèle de croissance absolue de VON BERTALANFFY, la


taille atteinte en une année d'élevage soit 95,60mm concorde avec celle
enregistrée dans le cas du suivi mensuel (soit 98,88  3,98 mm). De même,
selon ce model, la taille marchande (100 mm) est atteinte au bout de 13 mois
d'élevage.
168

Enfin, il est à noter que la taille maximum soit 197,2 mm serait atteinte par la
coquille Saint Jacques à Imessouane au bout de 6 à 7 ans d'élevage.

d) Taux de mortalité
Pour déterminer le taux de mortalité, le contenu de 10 lanternes (marquées)
est vérifié de façon mensuelle, entre décembre 98 et novembre 99. les
résultats sont exprimés sous forme de moyenne avec écart-type et reportés
dans la figure 10 :

9
8
7
Mortalité (en %)

oct-99 déc-98
6 sept-99
6% 12
7%
5 %
août-99 janv-99
4 12 16
% %
3
2 juil-99
9% févr-99
1 10
juin-99
mars-99 %
0 7% mai-99 avr-99
8%
7% 6%
m 9

9
9

ju 9
99

oc 9
ju 9
av 9
r-9

t-9
-9

-9

-9
-9
9

il-
s-
nv

in

Répartition des mortalités mensuelles par


pt
ai
ar

se
ja

rapport à la mortalité globale


m

Mois

Figures 10 et 11 : Variation mensuelle du taux de mortalité de Patinopecten


yessoensis en élevage dans la baie d'Imessouane

Les résultats enregistrés montrent que le taux de mortalité est plus élevé au
début de l'élevage et diminue progressivement au fur et à mesure que les
animaux croissent. Cependant, une perte d'environ 8,4% a été enregistrée en
mars 99. Elle est due à un problème technique (éclatement des systèmes
d'ouverture des lanternes-net) en relation avec la tempête survenue à
Imessouane en ce mois (voir paragraphe VI-1). Par ailleurs, une autre
augmentation du taux de mortalité est enregistrée en été (en particulier en
juillet et août 99). Elle est probablement due à l'élévation de la température
du site.

En outre ,le modèle de calcul adopté à permis également de déterminer le taux


global de mortalité qui est de l'ordre de 42,34%. La répartition des mortalités
mensuelles par rapport à la mortalité globale (fig. 11) montre que le maximum
de mortalité, soit 46% à lieu en hiver (décembre 98-mars 99) suivi par l'été
(28%) entre juillet et septembre 99. Sur le reste de l'année, elle est en
moyenne égale à 6,5%.
169

DISCUSSION ET CONCLUSIONS

CROISSANCE :Les résultats enregistrés, relatifs au suivi mensuel de la


croissance, montrent que les trois paramètres linéaires (longueur, largeur et
l'épaisseur) présentent le même rythme de croissance (courbes avec un profil
identique). Ainsi, les courbes de croissances des différents paramètres
linéaires peuvent être subdivisées en trois phases :
 La première entre décembre 98-avril 99 où la croissance est exponentielle avec un
taux de croissance mensuelle d'environ 10mm/mois pour la longueur et la largeur et
2,5 mm/mois pour l'épaisseur.
 La deuxième entre avril 99-juillet 99, caractérisée par un ralentissement de la
croissance, avec un taux moyen de l'ordre de 2,5 mm/mois pour la longueur et la
largeur et de 1 mm/mois pour l'épaisseur.
 La troisième entre Juillet 99-novembre 99 où la croissance est rapide et similaire à
la première période.

D'une manière générale, durant un cycle annuel d'élevage sur filière, les trois
paramètres linéaires de la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis ont
subi un accroissement de l'ordre de 10 fois. En effet :
 La longueur de 11,8  4,75 mm en décembre 98 a atteint 98,88  3,98 mm en
novembre 99 ;
 La largeur de 9,52  4,57 mm en décembre 98 a atteint 94,85  4,17 mm en
novembre 99 ;
 L'épaisseur de 2,81  1,26 mm en décembre 98 a atteint 28,14  2,01 mm en
novembre 99.

Cette croissance linéaire enregistrée chez Patinopecten yessoensis en élevage


au cours de cette période peut être attribuée à la richesse du milieu en
éléments nutritifs (phytoplancton, matière organique, etc.) et aux conditions
thermiques qui s'avèrent plus favorables.

En outre, les résultats enregistrés montrent un accroissement plus important


en longueur et en largeur. Le taux de croissance en épaisseur est plus faible.
Selon certains travaux, ce changement des proportions relatives en longueur,
largeur et épaisseur, n’est en fait qu’une maintenance de la surface
physiologiquement favorable à une augmentation de la taille du corps.

La croissance rapide enregistrée entre décembre 98 et avril 99 se justifie


d'autant plus que les animaux n'ont pas encore atteint la maturité sexuelle.
Ainsi, la totalité de nourriture sera destinée à la croissance. Par contre, la
croissance rapide enregistrée en été et automne entre (juillet 99 et novembre
99) peut être expliquée par une atténuation des phénomènes sexuels et la
forte abondance de nourriture.

Ces deux phases de croissance rapide sont séparées par une période de
ralentissement de la croissance entre avril et juillet 99. Cette atténuation de la
vitesse de croissance est également enregistrée dans le cas de la croissance
allométrique. En effet, cette étude allométrique montre que la largeur et
170

l'épaisseur croient de la même manière que la longueur, mais avec une légère
allométrie négative. Celle-ci est plus marquée au printemps. Ce
ralentissement de la croissance pendant la saison du bloom
phytoplanctonique coïncident avec la période du développement gonadique.
Ainsi, ce ralentissement de croissance peut être attribué à un transfert
d'énergie en faveur de la gonade ; il s'agit d'un détournement du métabolisme
au profit de la reproduction.

Le suivi mensuel de la croissance pondérale montre que le poids de la coquille


et le poids frais de la masse molle augmentent de façon mensuelle avec un
ralentissement au printemps (avril- juin 99). Par ailleurs, la vitesse de
croissance des deux poids (frais et de la coquille) varie en fonction de la
saison. Elle est plus lente en hiver et presque nulle au printemps. Par contre,
elle est plus rapide en été. Ces différences de croissance peuvent être
expliquées par le taux de nourriture disponible (faible en hiver et très
abondante en été). Par contre l'atténuation de la vitesse de croissance du
poids frais et du poids de la coquille en printemps est à lier avec le
développement de la gamétogenèse.

Cependant, les résultats enregistrés relatifs à la variation mensuelle du poids


sec de la masse molle montre que celui-ci augmente légèrement entre
décembre 98 et avril 99 et de façon exponentielle entre avril et juillet 99. Cette
augmentation exponentielle est vraisemblablement due au développement de
la gonade. Entre juillet et novembre 99, on assiste à une alternance de
périodes de chute du poids sec (août 99 et octobre 99) et des périodes
d'augmentation du poids (septembre 99 et novembre 99). Ces variations sont
en relation avec les différentes phases du cycle de reproduction.

L’étude de la croissance absolue par la méthode de VON BERTALANFFY basée


sur la distribution des fréquences de taille mensuelles montre que la
croissance des coquilles Saint Jacques Patinopecten yessoensis est continue.
En effet, la croissance commence après métamorphose et reste continue sans
limite et que seules les conditions environnementales peuvent soit accélérer
ou réduire son taux de croissance. De plus et selon le model de croissance
absolue de VON BERTALANFFY, la taille atteinte en une année d'élevage est
de 95,60mm qui concorde avec celle enregistrée dans le cas du suivi mensuel
(soit 98,88  3,98 mm). Par ailleurs, le taux de croissance (K) enregistré est
très élevé en particulier dans la première et la deuxième année de vie
(respectivement 95,09 et 46,30 mm). La croissance devient, par la suite,
ralentie durant les deux années qui suivent (25,19 et 13,71 mm
respectivement en 3ème et 4ème année). Par ailleurs, aux 5ème et 6ème années
de vie, la vitesse de croissance est très faible (soit respectivement 7,46 et 4,06
mm). Cependant, ces taux de croissance restent largement supérieur à ceux
observés chez la coquille Saint Jacques Euvola (Pecten) ziczac en élevage dans
le Golf de Cariaco à (Venezuela).

Le taux de croissance élevé enregistré à Imessouane peut être expliqué par


l’acquisition ou non des capacités sexuelles. En effet, chez tous les bivalves,
les juvéniles présentent une vitesse de croissance très importante :
171

sexuellement non mature, toute l’énergie accumulée est destinée à la


croissance. Chez les adultes, le taux de croissance est de plus en plus faible :
la part d’énergie destinée à la reproduction est de plus en plus importante (le
taux de fertilité augmente avec l’âge de l’animal).

Aussi, le taux de croissance très élevé enregistré chez la coquille Saint


Jacques à Imessouane peut être expliqué par le fait que cette baie constitue
un milieu très riche (zone d’upwelling estival). De même, ce taux de croissance
élevé est également enregistré chez d'autres espèces des côtes atlantiques sud
marocaines (moules dans la région d'Agadir par exemple).

En outre, il est à noter que la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis


mise en élevage sur filière en mer ouverte à Imessouane atteint la taille
marchande (100 mm) au bout d'une année d'élevage (13 mois). Cependant, au
Japon (son pays d'origine) Patinopecten yessoensis atteint la taille marchande
en deux ans, En France, Pecten maximus n'atteint la taille marchande qu'au
bout de 2 à 3 ans

Enfin, il est à noter que la taille maximale soit 197,2 mm est atteinte par la
coquille Saint Jacques à Imessouane au bout de 6 à 7 ans d'élevage. Elle
concorde avec celle rapporté par KAFUKU et IKENOUE (1983) (soit 20 cm)
pour la même espèce au Japon.

TAUX DE MORTALITE : Les résultats enregistrés, relatifs au suivi mensuel de


mortalité de la coquille Saint Jacques Patinopecten yessoensis en élevage à
Imessouane, montrent que le taux de mortalité est plus élevé au début de
l'élevage et diminue progressivement au fur et à mesure que les animaux
croissent. Cependant, une perte d'environ 8,4% est enregistrée au mois de
mars 99. Elle est due à un problème technique (éclatement des systèmes
d'ouverture des lanternes-net) en relation avec la tempête survenue à
Imessouane en ce mois et à l'accumulation de la vase dans les lanternes due à
la forte pluviométrie qu'a connu le site dans la même période. Par ailleurs,
une autre augmentation du taux de mortalité est enregistrée en été (en
particulier en juillet et août 99). Elle est probablement due à élévation de la
température du site. En outre, le model de calcul adopté a permis également
de déterminer le taux global de mortalité qui est de l'ordre de 42%. La
répartition mensuelle de cette mortalité montre que le maximum de mortalité,
soit 46%, a lieu en hiver (décembre 98-mars 99) suivi par l'été (28%) entre
juillet et septembre 99. Sur le reste de l'année, elle est en moyenne égale à
6,5% par mois.

Par conséquent, le taux élevé de mortalité enregistré au début d'élevage peut


être attribué à la forte sensibilité des jeunes coquilles aux stress du transport
et de changement de milieu. Aussi, un taux de mortalité élevé est enregistré
pendant les mois d'été (juillet, août et septembre 99) et coïncide avec les
périodes de ponte. Cette mortalité estivale peut être attribuée aux conditions
environnementales, en particulier les variations de la température et la
disponibilité de la nourriture. En effet, la température atmosphérique
augmente considérablement en été et affecte sérieusement les coquilles Saint
Jacques en période d’émersion.
172

Cependant, les taux de mortalité le long du reste de l'année (environ 6,5%)


peuvent être dus aux conditions environnementales en particulier la
température. En effet, la coquille Saint-Jacques est originaire des eaux
tempérées et froides. Ainsi, à Imessouane, même à une profondeur de 15 m
(élevage sur filière de fond) la température enregistrée reste probablement
élevée pour cette espèce. De plus cette mortalité peut être attribuée aux
différentes manipulations mensuelles lors des missions (en particulier lors du
nettoyage des lanternes).

En outre, la mortalité totale enregistrée de l'ordre de 42% reste inférieure à


celles observées chez la coquille Saint Jacques Euvola (Pecten) ziczac en
élevage dans le Golf de Cariaco (Venezuela) qui est de l'ordre de 61% dans les
cages déposées sur le fond et de l'ordre de 64% dans les cages en suspension.

En fin, la perte de 8,4% du stock, survenue au mois de mars peut être évitée
par l'adaptation ou le remplacement des systèmes de fermeture des lanternes
net utilisées auparavant par d'autres plus adéquats.

En conclusion, les premiers résultats enregistrés montrent que :


Au point de vue technique
 La baie d'Imessouane présente des caractéristiques océanographiques et
biologiques importantes et peu fréquentes sur les côtes marocaines, en
faveur de l'implantation d'une activité de Pectiniculture en mer ouverte.
 La mise en œuvre technique de ce projet pilote est possible : les premiers
éléments favorables et indispensables remarqués sur place, sont la
bonne tenue des filières de fond et une bonne association des pêcheurs
locaux au projet.
Au point de vue biologique
 Une croissance linéaire et pondérale très satisfaisante du cheptel durant
toute l'année avec un léger ralentissement pendant la période de l'activité
gamétogénétique intense et une taille marchande de 10 cm atteinte au
bout de 13 mois d'élevage.
 Un taux global de mortalité de l'ordre 42% avec une mortalité mensuelle
moyenne de l'ordre de 5 à 6% /mois

Par ailleurs, les acquis de cette première expérience de conchyliculture


offshore sont importants et constituent une bonne base pour l'avenir :
 acquis technologiques (conception, implantation et gestion des filières) ;
 acquis zootechniques (comportement du matériel biologique) ;
 acquis sur la connaissance du milieu naturel ;
 acquis en formation du personnel INRH (chercheur, technicien,
plongeur).
173

CONCLUSION GENERALE

Comme dans toute industrie, la réussite d’une entreprise aquacole est


conditionnée par plusieurs facteurs qui sont les conditions écologiques et de
salubrité, l’environnement institutionnel et le coût des facteurs de
production.
Actuellement, les techniques d'aquaculture développées à travers le monde,
aussi bien pour les coquillages, les crustacés que pour les poissons, sont
dépendantes des conditions de milieu et, en particulier, de sa richesse
trophique et des profils thermiques et halins. C'est ainsi qu'à espèce et
technique identiques, on obtient des normes d'élevage différentes (vitesse de
croissance et de mortalité, taux de conversion ) et, par conséquent, des coûts
de production qui varient en fonction de la localisation de l'activité.
Ainsi et d’une manière générale, les essais aquacoles ont pour objectifs :
 d’orienter les axes de développement de l’aquaculture ;
 de fournir les données biologiques et techniques correspondantes à
l’environnement local, nécessaires aux études économiques
précises de rentabilité et par conséquent, à la viabilité d’une
entreprise aquacole ;
 de former le personnel technique national dans le domaine des
technologies aquacoles.

Au cours de cette dernière décennie (1992-2002), les essais aquacoles


entrepris par l’INRH ont porté sur trois espèces de poissons (thon rouge,
daurade et pagre) et sur trois espèces de coquillage (moule, huître et coquille
saint jacques). Actuellement, des essais de reproduction artificielle portent
également sur deux espèces de mérou et sur le denté.
Concernant le poisson marin, les essais portent sur un cycle complet, de la
reproduction à une taille commerciale et ce, grâce à l’écloserie du Centre
Aquacole de l’INRH à M'diq.
Concernant le coquillage et à défaut de l’existence d’une écloserie, les essais
concernent uniquement le pré grossissement et le grossissement jusqu’à des
tailles commerciales.
Ces essais réalisés en pleine mer nécessitent souvent des moyens humains
et matériels adéquats ; utilisation de plongeurs et de moyens adaptés
d’intervention en mer, un suivi régulier, l’acquisition des cages de poisson, la
confection et la fabrication des structures d’élevage, l’intervention rapide au
niveau de ces dernières en cas de problèmes ainsi que leur surveillance,
etc... Pour palier à ce manque de moyens, l’INRH a souvent cherché et
sollicité l’établissement de partenariats avec le secteur privé. Cependant, la
taille actuelle du secteur de l’aquaculture qui est constitué de quelques
entreprises, confrontées à des problèmes du marché, ne permet pas de
prospecter pleinement cette voie. Cependant, les essais d’élevage des huîtres
174

à Dakhla ont été réalisés grâce à l’appui de la Société Marost, ceux de la


coquille saint jacques à Imessouane avec un concours ponctuel de la Société
Aquasur. Le grossissement du pagre dans des cages en pleine mer est réalisé
en partenariat avec la Société Aqua-M’diq.
La coopération entre l’Overseas Fishery Cooperation Fondation (OFCF-
Japon) et le Ministère des Pêches Maritimes a permis de doter l’INRH d’une
écloserie de poissons.
De ces essais et des études qui les ont accompagnées, se dégagent :
- un descriptif détaillé de chaque élevage, qui fournit les informations
zootechniques de base, nécessaires aux investisseurs ;
- des recommandations et orientations pour le développement de
l’aquaculture nationale.

 Les principaux résultats zootechniques des essais


Avec une survie moyenne de 32% à l’âge de 60 jours, une productivité moyenne
de 4220 alevins/m3, une croissance rapide et soutenue, les résultats de
production obtenus montrent que le pagre est une espèce à grand potentiel de
production aquacole. Les résultats au niveau de la ponte, montrent que le pagre
est capable de se reproduire au cours de la même année de sa capture. Son
conditionnement à la captivité ne pose pas de grands problèmes, de même que
l’émission des œufs au cours de la période de ponte. Sa croissance est meilleure
que celle de la daurade. Au stade actuel, l’effort de recherche est axé sur les
aspects de la coloration du pagre et sur la qualité de sa chair.
Les essais de reproduction des thons rouges en captivité n’ont pas donné, à
l’heure actuelle, de résultats probants. Cependant, les données
zootechniques relatives à l’alimentation du thon rouge, à sa croissance et
aux techniques d’élevage permettent aux investisseurs de juger de la
rentabilité d’un tel projet de grossissement de cette espèce. Les taux de
croissance étaient de l’ordre de 50 Kg par an, pour les thons géants et 75 Kg
par an, pour les thons jeunes.
De point de vue technique, l’acquisition de l’écloserie du Centre de Recherche
Aquacole à M’diq a permis la maîtrise des techniques de reproduction
artificielle en milieu contrôlé. D’autres espèces de poissons marins font
actuellement l’objet de recherches en matière de reproduction. Il s’agit du
mérou brun (Epinephélus marginatus), du mérou d’Alexandrie (Epinephelus
alexandrinus) et du denté commun (Dentex dentex).
Les structures d’élevage du pagre, utilisées en mer ouverte, ont prouvé, d’une
manière satisfaisante, leur résistance aux intempéries climatiques.
Cependant, le contrôle et la maintenance régulière de ces structures (cages,
filets, systèmes d’amarrage, etc.) est absolument nécessaire.
Les coquillages bivalves (moules, coquilles saint jacques et huîtres)
présentent, sur la façade atlantique, des performances zootechniques très
encourageantes. La taille commerciale est atteinte, selon l’espèce, après 8 à
175

15 mois d’élevage. Les techniques d’élevage qui sont les filières s’adaptent
bien aux caractéristiques hydroclimatiques de cette côte.
Compte tenu des performances zootechniques de l’élevage des huîtres dans
la baie de Dakhla, la production industrielle constitue un nouveau créneau à
développer notamment par des cultures à grande échelle dont la production
serait destinée à une transformation de l’huître en un produit à haute valeur
ajoutée (produit para-médical).
Par ailleurs, un projet d’aménagement de cette baie, en matière d’élevage de
palourdes, a été préparé. Il prévoit la subdivision des estrans de Boutelha et
Duna Blanca en 88 concessions de 2 hectares. La superficie minimale, pour
qu’un projet soit rentable, est de 6 hectares. En l’absence d’une écloserie de
coquillage et de la faiblesse du stock actuel, la contrainte principale réside
dans le fait qu’il faudrait, chaque année, ensemencer 65 millions de
naissains de palourde. Ce calcul est fait sur la base de densités raisonnables
(100 naissains par m2 de tailles T8 et T10).
La baie peut faire également l’objet d’élevage de poissons. Pour les produits
destinés à l’export, la difficulté majeure réside dans son éloignement du
marché européen.

 Recommandations

Les phénomènes d’upwelling, à l’origine de la richesse halieutique des cotes


atlantiques marocaines, génèrent une productivité phytoplanctonique
abondante. Cette richesse primaire constitue aussi un atout majeur pour
un développement de la conchyliculture dans notre pays et lui permettra
certainement de se placer parmi les grands pays producteurs de mollusques
bivalves. L’objectif est de valoriser par, l’aquaculture, une richesse
phytoplanctonique existante, très abondante et particulières des eaux
atlantiques marocaines. De ce fait, l’ensemble de la côte atlantique nationale
présente un fort potentiel en matière d’élevage de coquillage. Compte tenu
du nombre très limité de sites abrités, le potentiel le plus important de
développement se trouve en offshore.
Les essais que nous avons entrepris en matière de conchyliculture, se sont
souvent heurtés à l’approvisionnement en naissains. Ainsi, le développement
de la conchyliculture va dépendre de l’existence d’une écloserie de coquillage
qui, par ailleurs, va limiter le transfert (d’une zone à l’autre) et l’importation
de coquillages, limitant ainsi les risques de transfert de maladies qui
peuvent, comme c’était le cas en Europe, décimer certains stocks naturels
fragilisés par une exploitation excessive.
La côte méditerranéenne reste l’endroit adéquat pour la réalisation
d’élevages de poissons en cage et en mer ouverte. Les techniques d’élevage
en offshore qui existent actuellement sur le marché, sont plus adaptées à la
Mer méditerranéenne qu’à la côte atlantique.
1

LISTE DES DOCUMENTS UTILISES

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TCP/MOR/5612 (A) en 1998.

Loste, C.; Essai de filières de moules dans la région du Cap Ghir. Projet FAO
UTF/MOR/017/MOR. 1999.

Grizel, H. et Flassch, J.P. ; Développement de la conchyliculture le long du littoral


Atlantique marocaine : propositions de choix de sites, de techniques, de
stratégies et d’organisation de la recherche. Projet FAO - Programme du Maroc.
UTF/MOR/017/MOR. 2000.

Flassch, J.P. et Grizel, H. ; Dimensionnement d’un projet de tapiculture (Ruditapes


decussatus) en baie de Dakhla (Maroc). Projet FAO, UTF/MOR/017/MOR.
2000.

Maucorps, A. ; Modernisation et développement du secteur des pêches maritimes :


Renforcement de la recherche halieutique. Rapport de mission à l’INRH. Projet
FAO – Royaume du Maroc. UTF/MOR/017/MOR. 2000.

Le Pennec, M. ; La conchyliculture marocaine atlantique constations et réflexions.


Projet FAO, TCP/MOR/5612/MOR. 1997

Le Pennec, M; Dakhla : à l'aube de la conchyliculture. Projet FAO,


TCP/MOR/5612/MOR. 1997

Le Pennec, M. ; Regards sur l'aquaculture marocaine. Rapport de mission à l’INRH.


Projet FAO, TCP/MOR/5612/MOR. 1994

Shafee, M.S. ; Etude aquaculture : inventaire bibliographique et synthèse des


travaux répertoriés au Maroc. Projet FAO, UTF/MOR/017/MOR. 1997.

Note INRH : Etude microbiologique menée par l'INRH au niveau des zones de
production conchylicole dans les zones d'El Jadida - Safi et dans la baie de
Dakhla.

Rapport de l'atelier sur le choix et la protection des sites propices à


l'aquaculture. Héraklion , 1- 4 novembre 1995.PAP-10/EAM/W.2/1.

Aquaculture et Environnement en Méditerranée. Séminaire MEDRAP.


Organisé et coordonné par IFREMER. Bordeaux, 1992.
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Le Pennec, M. ; Regards sur l'aquaculture marocaine : compte rendu de mission du


17 octobre au 22 novembre 1994.

Orbi, A. ; Shafee, M.S. ; Dafir, J. et Boukabous, R. ; Par O. Guelorget, Lefebvre, A.;


Etude de la lagune de Nador, Septembre 1994.

Guelorget, O.; Lefebvre, A.; Orbi, A.; et Shafee, M.S; Etude de la lagune de Nador:
Résultats de la mission de juin 1993. Janvier 1994.

Etude de la baie de Dakhla : Résultats de la mission de janvier 1994.


Par O.Guelorget, A. ; Lefebvre, J. Dafir et R. Boukabous. Septembre 1994.

Guelorget, O. ; Lefebvre, A . ; La Baie de Dakhla : Organisation biogéologique et


fonctionnement, 1996.

EL AHDAL, M. et Salem, A. ; Système d'Information pour la Promotion de


l'Aquaculture en Méditerranée (SIPAM), juillet 1996.
10

TRAVAUX DE RECHERCHE ET ESSAIS


AQUACOLES ENTREPRIS
DURANT LA PERIODE
2003-2008
1
1

INTRODUCTION – Contexte général et objectifs

L’épuisement des ressources vivantes naturelles qui sont pleinement exploitées dans le monde, font
que les limites de la production halieutique sont atteintes depuis les années 70. Selon la FAO,
l’augmentation de la production en protéines d’origine aquatique ne peut provenir que de
l’aquaculture. La pêche de capture, n’arrivant plus seule à satisfaire les besoins alimentaires
croissant des populations, l’aquaculture est devenue donc une priorité voire une nécessité pour
compléter la pêche de capture et combler le déficit de l’offre en ressources aquatiques. Selon la FAO,
la contribution de l’aquaculture à l’offre mondiale en ressources aquatiques est passé de 3.9% en
1970 à plus de 50% en 2004 (59.4 millions de tonnes en volume et 70.3 milliards de $ en valeur).

En Méditerranée, les premières tentatives de culture des bivalves ou conchyliculture remonteraient


à l’époque romaine et la pisciculture au moyen-âge. Cependant, ce n’est qu’au cours des quatre
dernières décennies que l’aquaculture a fait un progrès considérable dans la région Méditerranée -
Mer Noire. Ce développement spectaculaire a fait suite aux travaux de recherche menés avec succès
surtout dans les domaines de la reproduction, élevage larvaire, formulation d’aliment, ingénierie
aquacole et autres spécialités. Ajouté à ceci les appuis dont ont bénéficié les projets
d’investissements aquacoles de la part de la communauté européenne et des gouvernements avec
des subventions ayant atteint 60% du total d’investissement. Ces appuis ont concerné toutes les
filières d’élevage avec une préférence pour l’aquaculture marine.

En 2005, la production d’aquaculture en Méditerranée (tous pays confondus) a atteint 1 505 107
tonnes, dont 36 % en mollusques et 64 % en poissons. Cette production représente environ 26.5%
du totale (pêche et aquaculture), alors qu’en 1985, elle ne représentait que 12% (Franquesa et al.
2008). Par rapport à la production mondiale, la Méditerranée n’en représente que 2.6% dont
seulement 0.4% provient des pays sud-méditérranéens (hors Egypte qui représente à elle seule 36%
de la production d’aquaculture en Méditerranée).

En 2005, la production nationale d’aquaculture a atteint 1 449 tonnes, alors qu’elle n’était que de
591 tonnes en 1992. Cette évolution a surtout concerné les poissons, en particulier le loup bar et la
daurade. En 2007, la production est passée à 441 tonnes seulement, 79 t en loup bar et 362 t en
huîtres creuses. Cette chute de la production a fait suite à la disparition, en novembre 2005, de la
société Marost qui était, 20 ans durant, le fleuron de l’aquaculture marine nationale.

Initialement, la pisciculture marine au Maroc a démarré, avec la création de deux projets intégrés au
niveau de la lagune de Nador en 1985 et de Saidia en 1991. Et, ce n’est qu’en 1998 qu’une troisième
et quatrième ferme furent créées dans la baie de M’diq et au large d’Azla.. Il convient de noter,
cependant, que l’activité d’aquaculture a cessé niveau de Saidia en 1997, Azla en 2000 et au niveau
de la lagune de Nador en 2005. Actuellement la totalité de la production en poissons d’aquaculture
est réalisée par la société Aqua M’diq, seule encore en activité sur la façade méditerranéenne, alors
qu’aucune entreprise de pisciculture marine n’est présente sur la façade atlantique.

Comme dans tout le bassin méditerranéen, la pisciculture marine, au Maroc est prédominée par
deux espèces, le loup bar (Dicentrarchus labrax) et la daurade (Sparus aurata). Le Maroc dispose
actuellement d’une seule écloserie de poissons marins située à M’diq. Cette écloserie expérimentale
relève du Centre Spécialisé en Aquaculture de l’INRH.

Les premières tentatives d’ostréiculture datent des années cinquante, avec la création des premiers
parcs ostréicoles dans la lagune de Oualidia. Actuellement, la production d’huîtres (Crassostrea
gicas) est assurée par sept exploitations installées à Oualidia et quatre dans la baie de Dakhla.,
toutes situées sur la façade atlantique. En 2007, ces exploitations ont totalisé une production de
362 tonnes dont 164 t produites à Oualidia et 198 t à Dakhla (Département des Pêches Maritimes,
2007). Les naissains sont tous originaires de France ou d’Angleterre et la production marchande est
destinée uniquement au marché local.

A près plusieurs tentatives de culture des moules dans les baies d’Agadir et d’Imessouane en
Atlantique et dans la lagune de Nador en Méditerranée, une ferme vient finalement d’être créée en
2007, au Nord de la baie de M’diq et est actuellement en phase de production et de
commercialisation. Cette ferme s’approvisionne en naissains par captage naturel et à partir des

1
2

moulières naturelles présentes dans la région. L’espèce élevée est la moule méditerranéenne, Mytilus
galloprovincialis.

Au Maroc, comme dans la plupart des pays du bassin méditerranéen, l’aquaculture marine est une
activité relativement récente mais dotée d’un potentiel de croissance et de bénéfices économiques
certains. Cependant son développement même limité a été souvent confronté à des conflits avec les
autres activités, déjà établies et bien protégées par la plupart des systèmes règlementaires.
L’aquaculture nationale a été, pour longtemps confiée à la simple initiative du privé, mais il devient
actuellement nécessaire d’accorder à cette activité, dont l’importance n’est plus à prouver, une
position reconnue et efficace de point de vu développement et réglementation, en intégrant
l’aménagement relatif à cette activité à la politique national et en la dotant d’une réglementation
spécifique tout en prenant en considération la protection de l’environnement.

En matière de recherche et développement, l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), a


axé ses travaux de recherche principalement sur :

 l’identification et la classification des sites d’intérêt pour le développement


de l’aquaculture;
 le développement de technologies de reproduction et d’élevage adaptés de
poissons et de mollusques bivalves ;
 la domestication de nouvelles espèces d’intérêt pour l’aquaculture ;
 l’optimisation des différentes phases de production des espèces
maîtrisées ;
 le développement de la fabrication d’aliments pour poissons marins à
partir d’ingrédients locaux ;
 la pathologie des animaux aquatiques

C’est dans ce cadre que des travaux et essais aquacoles ont été entrepris par l’INRH par le biais de
son Centre Spécialisé en Aquaculture à M’diq (Voir en annexe une fiche d’information technique sur
ce Centre). Entre 2001 et 2008, ces travaux ont porté principalement sur le pagre commun (Pagrus
pagrus), le denté commun (Dentex dentex), le maigre (Argyrosomus regius). L’objectif était d’inciter à
la diversification des espèces en élevage en passant par la maîtrise de la reproduction, l’élevage
larvaire, le prégrossissement et le grossissement de ces espèces. Ces travaux ont été initiés par
l’INRH pour faire face à la situation de crise que connaît le secteur de l’aquaculture du bar et de la
dorade en Méditerranée et aussi de faire bénéficier les promoteurs de l’atout de la diversification. En
effet, la tendance à diversifier les espèces se justifie aussi par la diversité des conditions de
l’environnement, l’émergence de nouvelles techniques de production telles que le circuit fermé,
l’amélioration des rendements obtenus avec les espèces classiques, les nouvelles tendances du
marché et par la possibilité de réduire les risques pathologiques. Les espèces actuellement élevées
ont été choisies en utilisant un nombre limité de critères tels qu’un fort prix de vente et la
disponibilité de juvéniles ou reproducteurs dans le milieu naturel.

Les travaux de recherche sont axés aussi sur le développement de la fabrication


d’aliments pour poissons marins à partir des ingrédients disponibles localement.
Jusqu’en 2006, la totalité de ces aliments était importée en admission temporaire
(A.T.) obligeant les fermes aquacoles à les apurer en justifiant de l’exportation de la
quasi-totalité de leur production. Ce fait a constitué une contrainte majeure au
développement de cette activité au MAROC et ne permet pas aux fermes marocaines
de faire face à une concurrence de plus en plus rude notamment de la part des pays
producteurs européens.
Le développement de la fabrication locale d’aliment pour poissons constitue donc
un axe prioritaire à prendre en compte pour faire face à cette situation de crise. Il
permettra aux pisciculteurs, utilisant l’aliment fabriqué localement, de faire baisser

2
3

leurs coûts de production et aussi d’avoir l’opportunité d’écouler leur marchandise


sur le marché intérieur.
Ce développement se justifie d’autant plus que le Maroc compte parmi les grands
pays producteurs de farine et d’huile de poissons qui sont les matières premières de
base (70 à 80%) dans la formulation des aliments pour poissons.
En matière de recherche et développement, plusieurs études et travaux ont été
menés par le Centre Spécialisé en Aquaculture à M’diq, en partenariat avec l’IAV
Hassan II et la société Aqua M’diq et ce, depuis janvier 2004.
Les essais aquacoles ont porté aussi sur deux autres espèces de bivalves (Crassostrea gigas et
Mytilus galloprovincialis) et le poulpe commun (Octopus vulgaris).

3
4
5

REPRODUCTION EN CAPTIVITE ELEVAGE


LARVAIRE, PREGROSSISSEMENT ET
GROSSISSEMENT DU PAGRE COMMUN
(Pagrus pagrus)
6
4

CHAPITRE I
REPRODUCTION ET ELEVAGE LARVAIRE

Résumé

44 000 alevins de pagre commun (Pagrus pagrus, Linnaeus 1758) sevrés ont été expérimentalement
produits au Centre de Recherche Appliquée en Aquaculture de l’INRH à M’diq durant la période
d’avril à août 2001.

Le stock des géniteurs, a été constitué entre septembre 2000 et février 2001, à partir d’individus
capturés dans le milieu naturel. Ces reproducteurs dont le poids variait entre 0.7 et 5Kg, ont été
ramenés en écloserie et mis en bassins de 10 m3 de volume chacun à une densité de 3 Kg/m3. Ils
étaient tous soumis aux conditions naturelles de température (14.4-17.7°C), d’oxygène dissous (5.6-
7.6 mg/l), de salinité (36.2-36.9 p/000) et de photopériode. Les pontes, spontanées, ont été
obtenues entre le 23 mars et le 11 mai 2001 à une température variant entre 15.8 et 17.8°C. Le
nombre total d’œufs collectés a été de l’ordre de 820 000 œufs avec un taux de viabilité de 86% . Les
œufs fertilisés sont sphériques avec un diamètre moyen de 966 – 1020 µm et un globule lipidique de
190-228 µm. A 17°C, l’éclosion des œufs commence au bout de 74 heures d’incubation avec un taux
d’éclosion moyen de l’ordre de 59% .

139 000 larves écloses et œufs embryonnés ont été mis en élevage en eau verte semi-stagnante, dans
6 bassins de 0.5 et 2 m3 de volume, à une densité variant entre 8 et 20 larves/l. Les larves sont
nourries de rotifères (Brachionus plicatilis type S), d’Artemia salina, nauplii et métanauplii et
d’aliments composés.

A la fin de la période du sevrage (52-59 jours après éclosion), les alevins ont atteint une taille variant
entre 22 et 30 mm. Le taux global de survie à l’âge de 60 jours a été de l’ordre de 32% .

Mots clés : Pagre commun, Pagrus pagrus, élevage larvaire, sevrage, croissance, survie

I-INTRODUCTION

Le pagre (Pagrus pagrus) est un poisson à large marché, surtout pour les gros spécimens qui sont de
moins en moins pêchés (KOLIOS et al., 1997).

Cette espèce a fait l’objet de nombreux travaux scientifiques portant principalement sur la gestion
des reproducteurs, le développement embryonnaire, l’élevage larvaire et la croissance (MANOOCH,
1978 ; BAUCHOT et HUREAU, 1986 ; ABELLAN et BASURCO, 1999 ; KOLIOS et al., 1997). La
période de reproduction chez les adultes, s’étend entre les mois de février et mai. Les premiers essais
d’élevage du pagre ont montré des performances de croissance excellentes et une grande adaptabilité
du pagre aux fortes densités et aux conditions d’élevage (DIVANACH et al., 1993 ; KENTOURI et al.,
1995). Cependant, les faibles taux de survie larvaire obtenus en écloserie (CONIDES et al., 2000)
ajoutés au problème de pigmentation de la peau chez les poissons de taille marchande (KENTOURI
et al., 1995 ; KOLIOS et al., 1997) constituent les principales contraintes à l’élevage de cette espèce
en conditions intensives.

Le présent travail vise l’étude de faisabilité de l’élevage larvaire et l’évaluation des performances de
croissance et de survie chez le pagre en tant qu’espèce nouvelle pour la pisciculture marine au
Maroc.

II- STOCK DE REPRODUCTEURS

Les larves que nous avons utilisées dans le présent travail, proviennent de géniteurs de pagre dont le
stock a été constitué entre septembre 2000 et février 2001, à partir d’individus capturés dans la baie
de M’diq au moyen de petits palangriers.

Les individus nouvellement recrutés sont réceptionnés dans deux bacs rectangulaires en polyester
de 10 m3 de volume chacun. Ces animaux sont nourris exclusivement d’aliments frais non vivants,
distribués à volonté, une fois par jour, 6 jours sur 7. L’alimentation est composée de bogues (Boops

4
5

boops), encornet rouge (Illex coindetii), crevette de vase (Solenocera membranacea), et un prémix
vitaminique adjuvé à raison de 2% de la quantité d’aliment distribuée. Tous les poissons en stock
étaient soumis aux conditions naturelles de température, salinité et de photopériode.

III- COLLECTE ET INCUBATION DES ŒUFS

Les œufs sont collectés à la surverse des bassins géniteurs dans des bacs de 1m3 de volume, conçus
avec une poche en toile Nylon de 500 µm de maille. Les œufs sont collectés quotidiennement vers
9h00 du matin et à partir de 17h00. Les œufs morts, benthiques, sont dénombrés et éliminés. Les
œufs flottants (viables) sont dénombrés, mesurés puis transférés dans des incubateurs de 100 litres
et de forme cylindro-conique. Une vingtaine d’œufs est prélevée quotidiennement pour observations
et mesure du diamètre. Chaque incubateur est équipé de deux arrivées d’air et une arrivée d’eau de
mer tangentielle à la paroi. Les conditions de température et de salinité sont maintenues identiques
à celles de la ponte et le taux de renouvellement aux environs de 100% du volume total par heure.
Les densités utilisées variaient entre 10 et 540 œufs par litre selon le nombre d’œufs collectés par
jour. En fin d’incubation, les larves écloses ou les œufs embryonnés sont échantillonnés par
carottage au moyen d’un tube PVC de 16 mm de diamètre. Le dénombrement s’effectue dans un
volume récupéré de 0.250 litres environ.

IV- ELEVAGE LARVAIRE

Deux séries de bassins ont été utilisées : (i) 2 Bacs de forme circulaire, de fond plat, en polyéthylène,
de paroi et fond noires, de 500 l de volume chacun, nommés B1 et B6 ; (ii) 5 bacs de forme carrée, de
fond plat, en polyester, de paroi et fond bleus, de 2 m3 de volume chacun; nommés B2, B3, B4 et B5.
Tous ces bassins sont utilisés en circuit ouvert. Leur alimentation en eau de mer se fait par gravité
grâce au bassin réservoir dont l’eau est préalablement filtrée par une série de deux filtres à sable et
stérilisée à l’UV. Durant les quatre premiers jours d’âge, quatre diffuseurs d’air sont placés dans le
bac à environ 15 cm du fond. A partir du 4ème jour d’âge, l’aération est fortement diminuée et au 5ème
jour, seulement un ou deux diffuseurs d’air, selon les bacs, sont gardés au centre jusqu’à la fin de la
phase larvaire. Des écrémeurs de surface, au nombre de 1 à 4, sont mis en place à partir du 5ème
jour d’âge. Ces écrémeurs sont utilisés pour éliminer le film huileux accumulé en surface et
permettre aux larves de gonfler leur vessie natatoire. L’éclairage artificiel est assuré par des tubes à
néon (40 w) fixés à environ 0.8 m de la surface d’eau de manière à ce que l’intensité lumineuse au
centre, mesurée au moyen d’un luxmètre, soit de l'ordre de 600 à 800 lux. Le protocole suivi se base
sur la technique d’élevage semi-intensive en « eau verte semi-stagnante » selon un modèle pratiqué
avec succès chez la dorade (Sparus aurata) (Ben Khemis, 1997). Trois types de proies vivantes ont
été utilisés en élevage larvaire du pagre : algue unicellulaire (Nannochloropsis sp), rotifère
(Brachionus plicatilis) et deux souches d’Artemia salina, la souche AF et la souche EG. Ces deux
souches sont commercialisées par INVE Aquaculture, sous les noms respectifs de « AF Specialty
Artemia Cysts » et « EG Artemia Cysts ». Les algues sont distribuées, aux larves, deux fois par jour
dès l’âge de 2 jours et ce, à raison de 20 litres environ/m3/jour. La concentration des cultures, à
l’utilisation, varie entre 25 et 30 millions de cellules/ml. La distribution d’algues a été interrompue à
l'âge de 25-33 jours selon les bacs. Les rotifères sont distribués dès l’ouverture de la bouche des
larves (3-4ème Jour) jusqu’à l’âge de 25 à 30 jours. Les nauplii d’artémia AF sont distribués aux
larves entre le 15-19ème jour et le 25ème-33ème jour d’âge à raison de 3 à 4 repas par jour, les
métanauplii EG à partir du 20ème jour jusqu’à l’âge de 52-59ème jour. Les trois types d’aliments
composés qui ont été employés au cours de la phase larvaire sont tous des produits commerciaux
conçus spécialement pour nourrir les larves de poissons marins, à différents âges.

La température de l’eau a été au départ identique à celle de l’incubation (15.2-17.8°C), puis a subi
des variations en fonction des conditions climatiques environnantes et du renouvellement d’eau. La
teneur en oxygène dissous variait entre 3.93 et 6.50 mg/l et la salinité entre 35.3 et 36.4 %o.

Entre le 1er et 16ème jour d’âge, la photopériode a été de 24 heures de lumière par jour. Puis, à partir
du 17ème jour d’âge, celle-ci a été réduite à 12 heures seulement de lumière par jour.

Pour évaluer les performances de croissance, la longueur totale des larves a été mesurée de
l’extrémité antérieure de la bouche à l’extrémité postérieure de la nageoire primordiale ou de la
nageoire caudale. L’appréciation de la croissance a porté sur 2 élevages : B1 et B6. Dans chacun

5
6

d’eux, 20 larves sont capturées au hasard. Les prélèvements ont été effectués chez les larves à
différents âges (voir tableau 1).

Tableau 1
Age des larves le jour de l’échantillonnage.

Age des larve de B1 Age des larve de B6


le jour de l’échantillonnage le jour de l’échantillonnage
Echantillonnage quotidien depuis le jour Echantillonnage quotidien depuis le jour
d’éclosion et jusqu’à d’éclosion et jusqu’à
l’âge de 08 jours, entre j11 et j20 l’âge de 27 jours,
et entre j22 et j25

30 jours 31 jours
36 jours 35 jours
40 jours 45 jours
50 jours
56 jours 60 jours

Le sevrage a été réalisé dans les bacs larvaires pour être moins stressant. Dans nos conditions
d’élevage, le sevrage a été initialisé tardivement à l’âge de 45 jours alors que les larves avaient atteint
16.0 mm de taille moyenne. Les métanauplii d’artémia EG ont été progressivement remplacés par de
l’aliment sec composé. Ce sevrage a duré jusqu’à l’âge de 52 à 59 jours selon les élevages.

Le taux de survie des 6 élevages est évalué pour chaque bassin en fin de la phase larvaire après
pêche et comptage manuel de tous les alevins survivants.

V- RESULTATS

Les pontes ont été spontanées et réalisées en plusieurs ovipositions successives. Elles ont été
obtenues à partir du 23 mars et se sont prolongées jusqu’au 12 mai 2001. Les cycles photo et
thermo-périodiques, montrent que la ponte chez le pagre se produit à température et photopériode
ascendantes : 15.8 à 17.8°C pour la température et 12 h 14 min à13 h 58 min pour la photopériode
(durée de l'éclairement par jour).
Le nombre total d’œufs collectés à partir de 42 géniteurs de 0.7 à 5 Kg de poids, est estimé à
820 000, avec 700 000 œufs viables flottants (86%) et 120000 œufs morts précipitants (14%). Dans
ce travail, les œufs morts ont été dénombrés et éliminés sans faire l’objet d’examen microscopique en
raison de leur état très altéré. Les variations du total d’œufs collectés par jour de ponte sont
représentées sur la figure 1. Sur cette figure, apparaissent trois pics de ponte : le premier en début
avril, le second entre le 17 et le 24 avril et le dernier vers les 7 et 8 mai 2001.

6
7
90 200

80 200

70 200

Nombre d'œufs pondus 60 200

50 200

40 200

30 200

20 200

10 200

200
23/3 28/3 2/4 7/4 12/4 17/4 22/4 27/4 2/5 7/5
Figure 1
Dat e de ponte
Nombre d’œufs pondus et fréquence des pontes.
Œufs flot tant s Œufs morts

Le pourcentage des œufs fertilisés flottants se situait en général entre 70% et 100% . Ces oeufs sont
sphériques avec un diamètre moyen de 966 – 1020 µm et un globule lipidique de 190-228 µm de
taille moyenne. La figure 2 montre une tendance à la diminution du diamètre moyen des œufs en fin
de saison. Les valeurs élevées (>1 mm) sont généralement observées au mois d’avril. Les
paramètres physico-chimiques enregistrés pendant cette saison de ponte variaient entre 15.8 °C et
17.8°C pour la température, 5.2 et 6.7 mg/l pour la teneur en oxygène dissous et 36.3 et 36.9 p1000
pour la salinité.

Figure 2
Evolution du diamètre moyen des œufs au cours de la saison de ponte.
A la température de 17°C, l’éclosion des œufs commence au bout de 74 heures d’incubation. Les
différents stades de développement embryonnaire ont fait l’objet de nombreux travaux de recherche
(LAURA et al., 2003 ; RADONIC et al., 2005 ; SAKA et al. 2005).

A l’éclosion, les larves mesurent en moyenne 3.19 mm. A l’ouverture de la bouche, les larves âgées
de 3 jours, atteignent une taille moyenne de 3.83 mm. La première inflation de la vessie natatoire a
été observée chez 20% des larves âgées de 6 jours (4.14 mm de taille moyenne). A l’âge de 12 jours
(4.60 mm), 90% des larves possédaient une vessie natatoire fonctionnelle.

7
8

Figure 3
Croissance linéaire des larves de Pagrus pagrus.

Les courbes de croissance linéaire obtenues chez les larves de B1 et de B6 sont représentées dans la
figure 3. A l’éclosion, les larves, mesurant 3.2 mm de taille moyenne, atteignent 6-7 mm à l’âge de 24
jours. A partir de cet âge, la croissance s’accélère et les larves atteignent 11.2 mm à l’âge de 35
jours, 17.4 mm à l’âge de 45 jours et 24 mm à l’âge de 60 jours après éclosion.

Comparées à d’autres espèces, les larves de pagre élevées dans nos conditions, ont montré une
croissance plus performante que celle de la dorade (Sparus aurata) et moins que celle observée chez
le denté (Dentex dentex).

Globalement, et sur les 139 000 œufs prêts à éclore et larves mis en élevage, la production totale a
été de l’ordre 44 000 alevins sevrés âgés entre 56 et 68 jours, soit une survie globale de 32 % .

Tableau 2
Récapitulatif des résultats.
Bac n° Nb Nb de Taux Age Nb Lm Pm Taux
d’œufs larves d’éclosio (jours) d’alevin (mm) (g) de
pondus ou n s survie
(.1000) œufs (%) (.1000) (%)
embry.
(.1000)
B1 (500) 7.3 5.7 78 56 1.687 22.5 0.17 30
B2 (2 27 18.9 70 67 8.781 26.9 0.42 46
m3) 27.8 15.7 56 68 6.615 31.00 0.58 42
B3 (2 31.4 28.2 90 66 6.719 29.50 0.59 24
m3) 54.1 39.7 73 62 10.606 27.00 0.42 27
B4 (2 35.5 30.9 87 60 9.665 24.10 0.29 31
m3)
B5 (2
m3)
B6 (2
m3)
TOTAL 183.1 139.0 76% 44.067 32%
VI- DISCUSSION ET CONCLUSION

Les géniteurs utilisés dans le présent travail ont été pêchés au large de M’diq, entre les mois de
septembre 2000 et février 2001. Les premières pontes ont été obtenues en mars de 2001, juste après
la capture et la mise en bassins des reproducteurs. Ceci prouve que P. pagrus est une espèce qui
s’adapte rapidement aux conditions de la captivité. Comme chez la dorade (Sparus aurata), le denté
commun (Dentex dentex) et autres espèces de sparidés, chez P. pagrus, les pontes ont été
spontanées, sans avoir besoin d’induction ou autre intervention sur le processus de la maturation et
la ponte. Elles ont été obtenues à partir du 23 mars et se sont prolongées jusqu’au 12 mai de 2001.
Les températures enregistrées au cours de cette période variaient entre 15.8 et 17.8°C. Par rapport

8
9

aux données bibliographiques (KENTOURI et al., 1995 ; MENDEZ et al., 1995 et STEPHANOU et al.,
1995), dans la présente étude, les pontes ont tardé d’environ un mois. Ce retard peut être expliqué
par les manipulations stressantes qu’ont subi les géniteurs au cours de leur capture qui est
intervenue juste avant la période de ponte. Mis à part ce retard, nos résultats concordent avec ceux
reportés par MENDEZ et al. (1995) qui ont travaillé sur des géniteurs de pagre âgés entre 3 et 4 ans
et ont obtenu des pontes entre le 1er février et le 13 mai, à des températures fluctuant entre 13.6 et
18.3°C. D’autres auteurs comme KENTOURI et al. (1995) et STEPHANOU et al. (1995) ont reporté
des pontes entre février et fin avril. Selon SAKA et al. (2005), les températures de ponte permettant
un développement embryonnaire normal doivent se situer entre 13 et 22 °C chez Pagrus pagrus.

Au cours de la réalisation de ce travail, il a été jugé non opportun de procéder par biopsie gonadique
à la détermination du sex ratio et autres paramètres liés à la maturation et la ponte et ce, afin
d’éviter les stress liés à la manipulation et le risque d’interruption de la ponte chez les géniteurs
récemment capturés.

Selon plusieurs auteurs, chez Pagrus pagrus en captivité, le nombre d’œufs pondus par Kg de
femelle et par saison de ponte varie entre 200 000 (BODINGTON, 2000) et 770 000 (MIHELAKAKIS et
al., 2001). Ces différences peuvent résulter de plusieurs facteurs dont les principaux sont l’âge et la
taille des géniteurs, les conditions environnementales et la stratégie alimentaire appliquée.

Le diamètre moyen des oeufs varie entre 966 et 1020 µm avec une tendance à la diminution en fin
de saison. En général, le diamètre des œufs varie en fonction de l’âge, la taille, l’alimentation, la
période de ponte et selon qu’il s’agit de ponte spontanée ou induite. En effet, selon CHAMBERS,
(1997), la taille des œufs produits en milieu naturel par plusieurs espèces de poissons marins entre
fin hiver et fin été, tend à la diminution au fur et mesure que la saison de ponte progresse dans le
temps. Chez les sparidés maintenus en captivité la diminution de taille des œufs durant une saison
de ponte a été rapportée chez la dorade rouge, Pagrus major (MATSUURA et al., 1988).

Comparés aux études réalisées par KENTOURI et al. (1995) et MIHELAKAKIS et al. (2001), nos
résultats montrent une croissance plus lente pendant les 50 premiers jours d’élevage mais plus
rapide au-delà. Ceci est attribué principalement au manque pendant cette première phase de
rotifères en quantité suffisante ainsi qu’aux différences existant entre les protocoles appliqués en
élevage larvaire (température, salinité, lumière, photopériode, gestion de l’alimentation,…). En effet
selon ces auteurs, les larves atteignent une taille comprise entre 7 et 7.5 mm à l’âge de 10 jours et
11-12 mm à l’âge de 30 jours. Selon KENTOURI et al. (1995), les tailles de 20 mm, 40 mm et 4.8 cm
sont atteintes respectivement par les larves âgées de 40 jours, 50 jours et 3 mois. A l’âge de 80 jours
les alevins atteignent un poids moyen de 1.4 g (KOLIOS et al., 1997) et 2.4 g à l’âge de 90 jours (
STEPHANOU et al., 1995).

Dans le présent travail, les taux de survie obtenus à l’âge de 60 jours varient, selon les lots, entre 24
et 46 % ; la moyenne étant de 32%. Dans la bibliographie, BUKE et al. (2005) rapportent des survies
de 12-19% à l’âge de 60 jours, KENTOURI et al. (1995) 1 à 6 % à l’âge de 50 jours et KOLIOS et al.
(1997) 5 à 10% à l’âge de 80 jours.

Selon CONIDES et al. (2000), les mortalités les plus importantes (60-75%) en élevage larvaire se
produisent principalement entre le 7ème et le 10ème jour après éclosion. Les larves meurent surtout
par inanition parce qu’elles n’arrivent pas à se nourrir ou digèrent mal les rotifères. A ceci s’ajoute
l’effet important de la quantité et de la qualité des rotifères distribués sur la survie larvaire entre le
4ème et le 9ème jours après éclosion, comme l’ont rapporté PAPANDROULAKIS et al. (2001). Les stress
d’ordre physique causés par les écrémeurs de surface constituent aussi une cause des mortalités
pendant les premiers jours de vie larvaire (KENTOURI et al., 1995). La substitution des rotifères par
les artémia (nauplii et métanauplii enrichis) peut engendrer des perturbations digestives et entraîner
des mortalités importantes chez les larves âgées entre le 20ème et le 30ème jour après éclosion. Cette
mortalité peut atteindre 10 à 15% des larves âgées entre 22 et 27 jours (BUKE et al., 2005). La
mortalité peut aussi subvenir après l’arrêt de l’utilisation des microalgues en milieu larvaire (KOLIOS
et al., 1997).

Dans le présent travail, la première période de mortalité correspond à la période où les quantités
produites en rotifères n’étaient pas suffisantes pour satisfaire les besoins des larves.

9
10

Le phénomène d’hyperinflation de la vessie natatoire est apparu aux alentours du 20ème jour d’âge
et correspond à l’introduction des métanauplii d’artémia dans le régime alimentaire des larves. Cette
dilatation provoque la compression de la masse viscérale, empêchant les larves de se nourrir et
entraînant leur mort par inanition. Plusieurs auteurs lient l’hyperinflation observée chez les larves
au stress et au niveau de sensibilité des larves.

Au cours et après le sevrage qui s’est déroulé entre le 45ème jour et le 55ème jours, une mortalité
anormale est survenue chez les larves. Cette mortalité est liée à un comportement de cannibalisme
qui est apparu de manière intense dans les élevages où la survie larvaire était plus élevée.

En conclusion, les résultats obtenus au niveau de la ponte montrent que le pagre s’acclimate très
rapidement aux conditions de la captivité et peut même se reproduire au cours de l’année de sa
capture. Les pontes ont été spontanées et il n’y avait pas besoin de les induire artificiellement. Au
niveau larvaire, avec une survie moyenne de 32% à l’âge de 60 jours, une productivité moyenne de
4220 alevins/m3, une croissance rapide et soutenue, les résultats de production obtenus (44 067
alevins), malgré les trois périodes de mortalités soulevées au cours de la phase larvaire et les
problèmes d’ordre techniques survenus en phase de prégrossissement, montrent que Pagrus pagrus
est une espèce à grand intérêt pour la diversification de l’aquaculture au Maroc.

CHAPITRE II
PREGROSSISSEMENT DES ALEVINS DE Pagrus pagrus

Les alevins, comptés à des âges différents, ont été transférés et répartis dans les mêmes bassins où
s’est déroulé leur élevage larvaire. Deux bassins de type Race-way de 5 m3 de volume chacun ainsi

10
11

que 2 bacs de 2m3 chacun dont un circulaire et un carré ont été également utilisés. Tous ces bacs
ont été équipés d’une surverse dont la sorti a été protégée par un filet de type NORLAC.

Le prégrossissement a duré selon les bacs entre 38 et 65 jours.

Les résultats obtenus chez les pagres en fin de la phase de prégrossissement sont récapitulés dans le
tableau suivant :

Tableau 3
Récapitulatif des résultats obtenus en prégrossissement

N° du bac N° du bac Nombre Densité Nombre Nombre Taux de durée Taille Poids
larvaire de prégro- initial initiale d'alevins d'alevins survie d'élevage moy. moy.
d'origine ssissement d'alevins (alevins/l) collecté morts (%) (jours) (mm) (g)
(*1000) (*1000) (*1000)

B1 (500l) B1 (2m3) 1,681 0,8 1,198 0,483 71,3% 65 70 7,6


(circular)

B2 (2 m3) E (Race- 8,781 1,8 7,790 0,991 88,7% 49 61 4,8


way)
B6 (2m3)
B3 (2 m3) B7 (2m3) 6,615 1,7 6,434 0,181 97,3% 38 44 3,9

B3 (2m3)
B4 (2 m3) B4 (2m3) 6,719 1,7 4,737 1,982 70,5% 44 56 4,4

F (Race-
B5 (2 m3) way) 10,606 2,1 9,878 0,728 93,1% 49 58 3,9

B2 (2m3)
B6 (2 m3) B5 (2m3) 9,665 2,4 7,043 2,622 72,9% 47 50 3,2

TOTAL 44,067 37,080 6,987 84,1%

La croissance des alevins de B1 entre le 57ème jour et le 161ème jour


d’âge a été suivie. Les courbes de croissance linéaire et pondérale ont
été établies à partir des moyennes de taille et de poids de 20 individus
capturés au hasard. Les résultats obtenus sont illustrés dans les
figures 9 et 10

160

140

120

11
ille (mm)

100
12

Figure 4
Croissance linéaire (B1)

En phase de prégrossissment les alevins de pagre montrent une croissance linéaire continue. Les
alevins âgés de 55 jours et mesurant en moyenne 22.5 mm atteignent 70.2 mm à l’âge de 120 jours,
106.2 mm à l’âge de 175 jours et 131.2 mm à 217 jours d’âge.

80

70

60

50
Poids (g)

40

30

20

10

0
55 70 85 100 115 130 145 160 175 190 205
Age (en jours)

Figure 5
Croissance pondérale (B1)
La croissance pondérale montre deux phases : une phase de croissance lente entre le 55ème jour et le
120ème jour, suivie d’une phase de croissance rapide entre le 120èm jours et le 217ème jours d’âge.
Les alevins atteignent un poids moyen de 7.6 g à l’âge de 120 jours, 32 g à l’âge de 175 jours et 62

12
13

g à l’age de 217 jours. Les alevins seraient susceptibles d’être transférés en cage mer lorsqu’ils
atteignent un poids de 10 g. A ce moment leur âge se situe entre 120 et 130 jours après éclosion.

Le taux de survie moyen obtenu en phase de prégrossissement chez les alevins issus de la série B1 à
B6 est de 84.1% .

Plusieurs pics de mortalités ont été observés au cours de la phase de prégrossissement (figures 11).
Ces pics sont dus à une Fléxibactériose, maladie qui s’est manifestée chez les alevins de pagre
élevés dans des conditions critiques (densité élevée, faible teneur en oxygène de l’eau, faible
renouvellement d’eau et forte teneur en matière organique). Les alevins atteints montrent une nage
déséquilibrée et des lésions nécrotiques blanchâtres au niveau des flancs avec érosion des nageoires
et du pédoncule caudale. Au niveau branchial, nous avons également relevé des lésions de nécrose
blanchâtres. Ces lésions ont évolué chez certains individus vers des ulcérations nécro-
hémorragiques sur-infectées par des bactéries opportunistes notamment par des vibrios.
L’observation de frottis cutanés ou branchiaux a révélé la présence en abondance de longs filaments
bactériens enchevêtrés, caractéristiques des Flexibactéries. Les mortalités ne se sont estompées
définitivement qu’après avoir transféré les premiers lots d’alevins en cage en mer, ce qui a permis de
libérer des bacs qui ont servi par la suite au dédoublement des autres lots.

100
90
80
Nombre d'alevins morts

70
60
50
40
30
20
10
0
57 67 77 87 97Figure
107 5117 127 137 147 157
Evolution du nombre d’alevins mortsAge
en phase de prégrossissement
des alevins (en jours) (bac B1 pris à titre d’exemple)

En conclusion, malgré les problèmes d’ordre techniques survenus au cours de la phase de


prégrossissement, avec une survie moyenne de 84.1% et une croissance soutenue, le pagre commun
Pagrus pagrus présente un intérêt majeur pour la diversification de la pisciculture marine au Maroc.

13
14

14
15

CHAPITRE III
GROSSISSEMENT DES JUVENILES DE Pagrus pagrus

I-INTRODUCTION

En août 2001, 40 000 juvéniles de pagre commun, de 3 g de poids moyen (25 mm de taille moyenne),
ont été transférés en cages flottantes, amarrées au large de M’diq. Ces juvéniles sont tous originaires
de l’écloserie du Centre Spécialisé en Aquaculture INRH/M’diq.

L’objectif tracé pour ce travail, vise l’évaluation des performances zootechniques (croissance, survie
et alimentation) de cette espèce en condition d’élevage en mer ouverte.

II – SYSTEME D’ELEVAGE

Le système d’élevage suivi, est similaire à celui pratiqué avec succès chez le loup bar et la daurade,
en Méditerranée. Il repose sur le grossissement des poissons en cages flottantes et permet le passage
des poissons prégrossis à des poids supérieurs à 300g.

II-1 Transfert et mise en élevage des juvéniles :

Avant le transfert, tous les juvéniles ont subit une mise à jeun préalable de 24 h et un traitement
préventif antiparasitaire à base de formaline à 37%.

Au cours du transfert, différentes opérations sont menées :

- Collecte des alevins prégrossis à partir des bassins du CSA-M’diq.

- Transfert des alevins par sceaux vers les bassins montés sur le bateau
vedette du centre. Deux bassins de 1 m3 de volume chacun ont été
utilisés. Ces bassins sont munis chacun d’une arrivée d’air et d’oxygène
pur. Deux bouteilles d’air comprimé et une bouteille d’oxygène pur ont été
utilisées.

- Transport des juvéniles par bateau vers la ferme d’élevage.

- Arrivée au niveau de la ferme, les juvéniles sont déversés directement


dans la cage de destination. L’aliment est distribué immédiatement après
la mise à l’eau
La mise en élevage a été effectuée dans une cage flottante en polyéthylène de 6 m de diamètre munie
d’une poche en filet de 9 mètres de chute.

II-2 Distribution d’aliment :

Les aliments sont distribués manuellement et sont de type, de granulométrie et de composition


différents. Quand les poissons ont un poids inférieurs à 50g, les aliments sont distribués
quotidiennement et à volonté en 4 rations par jour. Après, les aliments sont distribués en 1 à 2
rations par jour (1 ration/jour à T°<15°C, 2 rations/jour à T° comprises en 15 et 22°C). Les poissons
sont nourris quotidiennement sauf les dimanches. Les quantités d’aliment à distribuer par jour sont
déterminées en utilisant les tables de rationnement fournis par les fournisseurs. Ces tables sont
utilisés juste à titre indicatif.

Les aliments utilisés dans le présent travail sont des granulés extrudés destinés initialement au
grossissement du loup bar.

II-3 Autres opérations menées au cours de l’élevage:

15
16

a) Contrôle du filet
Ce contrôle se fait presque ar l’équipe de plongeurs.
d) Changement et lavage du filet
e) Echantillonnage, etc. L’échantillonnage des poissons est effectué à la fin
de chaque mois et consiste à prélever au hasard 100 individus environ au
niveau de chaque cage et puis les peser. : Il sert à :
(i) déterminer la biomasse : B= Poids moyen. Effectif en cours ;
(ii) déterminer la quantité d’aliment à distribuer en se référant à la table de
rationnement ;
III – RESULTATS

III-1 Croissance:

Le suivi de la croissance linéaire ainsi que la croissance pondérale sont effectués par échantillonnage
mensuel. La longueur totale des alevins est mesurée de l’extrémité antérieure de la bouche fermée à
l’extrémité postérieure de la nageoire caudale. Elle est mesurée à l’aide d’une réglette millimétrée
plate. La croissance pondérale est mesurée en poids frais sur une balance de précision.

Les alevins de 3g de poids moyens ont été mis en cage flottante de 6m de diamètre. Le poids final
durant la période d’élevage a été de 320g. Le taux de survie final a été de 96% et l’indice de
conversion alimentaire a été de 1.9.

280 340
260 320
300
240
280
220 260
Taille moyenne en (mm)

200 240
Poids moyen en (g)

180 220
160 200
180
140
160
120 140
100 120
80 100
60 80
60
40
40
20 20
0 0 FL TW
12 /00
23 /00
10 /01
29 /01
12 /01
25 /01

27 /01
11 /01
01
07 /01

2/
9
1
1
3
4
5
6
8
0
/0

/0
/0

/0

/1
/1

/0
/0

/0
/1
30

16
17

Figure 6
Croissance linéaire et pondérale des pagres en en phase de grossissement en mer

IV – CONCLUSION

L’essai de grossissement des jeunes pagres en mer ouverte s’est déroulé


sans difficultés, malgré le manque sur le marché d’un aliment adapté à
l’élevage de cette espèce. Le pagre a présenté une bonne résistance aux
mauvaises conditions climatiques, une meilleure croissance par rapport
à la daurade et loup bar, un taux de mortalité très faible. Le seul
problème rencontré au cours du grossissement est la perte de la
pigmentation rose des poissons.

17
18

CHAPITRE IV
EFFET DES CAROTENOÏDES SUR LA PIGMENTATION DE LA PEAU DES JUVENILES DU PAGRE
COMMUN (Pagrus pagrus) En Elevage

I-INTRODUCTION

D’après Shahidi et al. (1998), la couleur des produits marins est le premier caractère noté par le
consommateur et elle est en relation directe avec l’acceptation ou le refus du produit: un jus
d’orange doit être «orange», les tomates doivent être rouges et, bien sur, la peau du pagre doit avoir
une couleur «rose». Sans oublier les aspects nutritifs comme le contenu en protéines de bonne
qualité et en acides gras poly-insaturés qui constituent le facteur déterminant dans le choix d’une
espèce pour la consommation directe ou pour son élevage d’une façon intensive.
Le pagre, en plus de sa qualité nutritionnelle, possède une caractéristique très particulière
représentée par la couleur de sa peau qui constitue l’un des critères de qualité les plus importants
au moment de la commercialisation, avec son contenu en acides gras. Le changement de couleur
influe d’une façon remarquable sur la valeur commerciale de ce poisson.
Le pagre acquière sa couleur rose parce qu’il a génétiquement la capacité d’emmagasiner les
pigments dans sa peau. Ces couleurs peuvent s’intensifier avec l’aide de pigments naturels ou
synthétiques administrés dans l’aliment. Un poisson rouge peut acquérir une tonalité beaucoup plus
intense si on lui administre des pigments adéquats avec l’aliment. (Aurò et al., 2001).

I-1 La décoloration de la peau: un problème de l’élevage du pagre

Le problème principal qui se présente dans la production du pagre à échelle commerciale est
l’altération de couleur ou la décoloration de la peau des poissons en élevage (Kentouri et al., 1995;
Klios et al., 1997., Basurco et Abellàn, 1999). Le pagre n’a pas la capacité de synthétiser les
caroténoïdes de novo d’où la nécessité d’en intégrer dans la nourriture pour pouvoir obtenir la
couleur rose normale qui le caractérise. L’absence de cet apport donnera des poissons dont la peau
est décolorée et par conséquent peu attirants pour le consommateur.
Pour l’obtention d’une couleur plus naturelle chez des poissons d’élevage comme le saumon, la
truite, la sériole et la dorade japonaise, ces derniers sont nourris avec des aliments artificiels

Pagre sauvage

ration

Pagre d’élevage

enrichis en caroténoïdes (canthaxanthine, asthaxanthine, tunaxanthine, luteïne et/ou zeaxanthine)


ou par les carcasses de crustacés rouges, certaines algues et levures rouges (Satio et Regier, 1971),
(Kotic et al., 1974), (Johnson et al., 1980), (Foss et al., 1987), (Blaziak et al., 1989), (Bjerking et al.,
1992). Chez les salmonidés en élevage la couleur rouge/rose du muscle est dûe à l’asthaxanthine
(Torrissen et al., 1981; Storbakken et al., 1992).

I-2 Les caroténoïdes et l’alimentation des poissons

L’asthaxanthine libre est utilisée d’une façon plus efficace que la canthaxanthine (Torrissen, 1989;
Storbbakken et Kyoon, 1992). Ceci s’explique par le fait que l’asthaxanthine s’unit plus fortement
que la canthaxanthine a l’acto-myosine dans le muscle et donne à la chair une couleur plus rouge
que la canthaxanthine même à des niveaux de concentration comparables des caroténoïdes dans la
chair (Henmi et al., 1987; 1989).

18
19

Il est important de signaler que, selon les travaux réalisés jusqu’à maintenant, l’efficacité de la
coloration du muscle dépend plus de la durée de la supplémentation des caroténoïdes que de leurs
concentrations dans l’aliment (Blaziak et al., 1989; Choubert et Storbakken, 1990). Selon Blaziak et
al. (1989), les aliments avec un haut contenu en caroténoïdes doivent être utilisés seulement dans
les cas où il faut améliorer la couleur dans un délai court de temps.

I-3 Objectifs

L’objectif principal de ce travail consiste à contribuer d’une façon pratique au développement de


l’élevage commercial du pagre (Pagrus pagrus), considéré comme candidat pour la diversification de
l’aquaculture dans la Méditerranée.

Pour arriver à cet objectif général, le travail suivant prétend atteindre les objectifs suivants:

1 - Déterminer l’effet de l’inclusion de différents types de caroténoïdes sur la couleur de la


peau chez les juvéniles de P. pagrus.
2 - Analyser les différences de couleur de la peau des poissons sacrifiés par de la glace.
3 - Analyser les changements possibles de la couleur de la peau sous l’effet des différents
types de caroténoïdes 0 et 5 heures après la mort des poissons par glace.

I I - M ATER I EL ET M ETHO D ES

II-1 Dispositif expérimental

La présente expérience a été réalisée dans la station aquacole de l’INRH à M’diq, elle a duré 70 jours
(de la fin du mois de Novembre 2002 jusqu’au début du mois de Février 2003).
On a utilisé 6 bacs carrés de 2000 l de capacité chacun, de fond plat lisse, L’eau de mer leur était
distribuée par le bord tangentiel de la surface. Sur 5 bacs un filet d’ombrage à 90% a était disposé
pour éviter l’exposition des poissons aux rayons du soleil, sur le bac restant sans ombrage, un filet a
était disposé pour éviter le saut des poissons. L’apport en eau de mer naturelle était continu et se
faisait à partir d’un réservoir. L’aération était constante dans chaque bac.

II-2 Echantillonnage

Pour chaque aliment, on a utilisé des pagres (P.pagrus) provenant de pontes naturelles obtenues
dans la même station. Il y a eu une présélection des poissons dont le poids moyen initial était
d’environ 33g. Ces derniers ont été pesés et distribués dans les bacs d’expérimentation à raison de
60 individus par bac.

Durant les 70 jours qu’a duré l’expérience on a réalisé les échantillonnages suivants:

- Un premier échantillonnage: au début de l’expérience où 20 individus ont été choisis au


hasard du bac d’acclimatation, une fois sacrifiés en eau glacée, on a procédé à la
détermination du poids individuel et à la lecture de la couleur de la peau (latérale).
- Un deuxième échantillonnage: à mi-temps (après 35 jours), 5 poissons de chaque bac ont
été sacrifiés en eau glacée et pesés individuellement, en plus de la détermination de la
coloration de la peau latérale.
- Un troisième échantillonnage: à la fin de l’expérience (70 jours), 10 poissons de chaque bac
ont été sacrifiés en eau glacée et pesés individuellement, en plus la coloration de la peau
latérale a été déterminée pour chaque individu.

En plus des lectures de la coloration de la peau (latérale); 5 heures après le sacrifice des poissons
par de l’eau glacée, on a étudié l’effet du temps passé après le sacrifice des poissons sur la stabilité
de la couleur. Les poissons ont été conservés dans les conditions commerciales (caisses en
polystyrène avec glaces).

II-3 Alimentation et paramètres de l’eau

19
20

Les poissons ont été alimentés à satiété, du lundi au samedi, 2 fois par jour (9:30, et 16:00 heures),
et une fois le dimanche à 12:00.

Chaque jour on note la mortalité, la quantité d’aliment consommée en grammes dans chaque bac, la
température, le pH, la salinité et la concentration de l’oxygène dissous. Sans oublier le contrôle de la
propreté des bacs assurant ainsi une bonne qualité de l’eau dans le système et évitant des possibles
maladies qui pouvaient provenir d’une eau de mauvaise qualité.

II-4 Les aliments expérimentaux

L’expérience consistait à alimenter des pagres de même taille sous les mêmes conditions d’élevage
avec des aliments préparés avec différents caroténoïdes, pour étudier l’effet de la supplémentation
des caroténoïdes sur la coloration de cette espèce. 5 aliments isoénergitiques ont été préparés à
partir d'un mélange de 50% de granulé destiné à l'alimentation de dorade et 50% de sardines
fraîches etétées de la manière suivante:

- Aliment n:1 : Contrôle négatif (sans caroténoïde ajouté) (C(-)).


- Aliment n:2 : Avec asthaxanthine (100 ppm asthaxanthine) (1.25g Carophyll pink / kg
d’aliment) (100 ppm Ast).
- Aliment n:3 : Avec asthaxanthine (200 ppm asthaxanthine) (2.50g Carophyll pink / kg
d’aliment) (200 ppm Ast).
- Aliment n:4 : Avec canthaxanthine (100 ppm canthaxanthine) (1g Carophyll red / kg
d’aliment) (100 ppm Cant).
- Aliment n:5 : Avec canthaxanthine (200 ppm canthaxanthine) (2g Carophyll red / kg
d’aliment) (200 ppm Cant).

II-5 Détermination de la coloration

Pour la lecture de la couleur de la peau (latérale), on a utilisé un colorimètre portable Minolta


(COLOR READER CR-10, Japon), d’une ouverture de 8 mm, suivant les indications des différents
auteurs (Choubert et al., 1997 et Halten et al., 1998), les lectures ont été réalisées par application
directe du colorimètre sur la peau sans le bouger. La couleur a été identifiée à partir de 3 valeurs: L,
a et b.

- L: Clarté. Elle varie du noir (0% reflet de la lumière) au blanc (100% reflet de la lumière).
- a: Indice de la couleur rouge. Il représente le changement de la couleur rouge (a>0), en
couleur verte (a<0).
- b: Indice de la couleur jaune. Il représente le changement de la couleur jaune (b>0), en
couleur bleue (b<0).

Détermination de la coloration

L (100)

b>0

a<0 a>0

b<0

L (0)

20
21

II-6 Paramètres biologiques étudiés

II-6-1 Croissance

La croissance en poids de chaque lot expérimental est déterminée à partir de la formule suivante:

CR (% Pi) = (Pf (g) - Pi (g)) x 100 / Pi(g)

CR: Croissance (% sur le poids initial)


Pi : Poids initial (g)
Pf : Poids final (g)

II-6-2 Indice de conversion de l’aliment

- IC est la relation entre l’aliment ingéré et la croissance en poids.


- IC = Aliment ingéré (g)/croissance en poids (g)

I I I - R ES ULTATS

III-1 Paramètres d’élevage

Les paramètres mesurés n’ont pas présentés de grandes variations durant l’expérience (tableau 4), le
flux et le renouvellement de l’eau dans les bacs étaient bons, la salinité entre 35 et 37 ppm.

Tableau 4
Paramètres du milieu durant l’élevage

Paramètres Novembre 2002 - Février


2003
OD (O2 dissous (mg/l) 6,51 ± 0,20

III-2 Indices Température (°C) 15,98 ± 0,87 d’utilisation des


différents Salinité (‰ ) 36,06 ± 0,20 aliments
Les valeurs de l’indice pH 8,18 ± 0,11 de conversion (IC)
(Tableau 5) ne présentent pas de
différences apparentes entre
les poissons des bacs avec ombrage, la valeur la plus petite est 3,49 pour le bac 5 (100 ppm
Canthaxanthine) et 3,78 pour le bac 3 (200 ppm asthaxanthine), alors que la valeur la plus grande
est 5,09 du bac 1 (contrôle négatif) sans ombrage.

Les valeurs de croissance entre l’échantillonnage initial et final (Tableau 5) et (Figure 5) ne


présentent pas de différences claires pour les différents aliments, mais

on remarque une légère différence entre le bac 5 (100ppm Cant) (72%) et les autres aliments.
Tableau 5
Indices d’utilisation des différents aliments
Aliment

21
22

1 2 3 4 5 6
C(-)s/o 2 100ppm Ast 200ppm Ast C(-) a/o 3 100ppm Cant 200ppm Cant
Poids initial (g) 32,5±5,7 33,8±6,4 33,0±5,7 34,5±5,7 33,8±5,1 34,1±4,9
Poids final (g) 52,7±9,6 57,2±9,5 54,2±12,0 57,2±10,4 58,4±10,0 55,4±10,6
Gain de poids (g) 20,2 23,4 21,2 22,7 24,6 21,3
Aliment ingéré (g/ind) 102,79 86,55 80,01 85,22 85,84 78,13
Croissance (%) 62,2 69,1 64,0 66,0 72,6 62,7
IC1 5,09 3,70 3,78 3,75 3,49 3,66
1
IC: Indice de conversion
2
s/o: Sans ombrage
3
a/o: Avec ombrage

70

60

50

40

30

20
Initial Intermédiaire Final
Echantillonnage
Co ntrôle négatif (S/O) 100 ppm Ast 200 ppm Ast
Co ntrôle négatif (A/O) 100 ppm Cant 200 ppm Cant

Figure 7
Croissance des poissons entre l’échantillonnage initial et final

22
26
III-3 Analyse de la coloration des poissons

III-3-1 Coloration initiale des poissons

Le tableau 6 montre les résultats de la coloration obtenus au début de l’expérience chez les poissons
sacrifiés par de la glace.

Tableau 6

Coloration initiale des poissons

L a b
(Clarté) (Couleur rouge) (Couleur jaune)
Peau (latéral) 45.67±4.72 -1.92±1.52 8.81±1.11

III-3-2 Coloration finale de la peau latérale des poissons sacrifiés en glace


Tableau 7
Coloration finale de la peau (latérale) des poissons alimentés avec les différents aliments (Glace)
Aliment L a b
(Clarté) (couleur rouge) (couleur jaune)
1: C(-) sans ombrage 42,33 -1,35 1,74
2: 100 ppm Ast 50,94 20,51 8,6
3: 200 ppm Ast 52,66 10,55 12,09
4: C(-) avec ombrage 56,27 -6,15 8,33
5: 100 ppm Cant 57,85 -4,51 10,37
6: 200 ppm Cant 58,27 -4,61 8,9

Les valeurs du tableau 7 montrent une différence significative entre les aliments (100ppm Ast et
200ppm Ast) et les autres aliments en ce qui concerne les différents paramètres mesurés: couleur
rouge et couleur jaune.
Les poissons
alimentés avec
70
les aliments
(100ppm Ast) et 60
(200ppm Ast)
montrent une 50
couleur rouge et
40
une couleur
jaune plus 30
accentuées que
le reste des 20
poissons.
10

0
1 2 3 4 5 6
Aliment
Initial Intermédiaire Final

26
27

Figure 8
Evolution de la clarté de couleur des poissons sacrifiés en glace
Les valeurs de la figure 8 présentent une différence significative de clarté entre l’échantillonnage
initial et final pour les poissons alimentés avec les différents aliments.
Les poissons des bacs avec ombrage sont plus clairs à la fin de l’expérience, alors que les poissons
du bac 1 (sans ombrage) sont plus sombres.

14

12

10

0
1 2 3 4 5 6
Aliment
Initial Intermédiaire Final

Figure 9
Evolution de la couleur rouge des poissons sacrifiés en glace

25

20

15

10

-5

-10
1 2 3 4 5 6
Aliment
Initial Intermédiaire Final
Figure 10
Evolution de la
couleur jaune des poissons sacrifiés en glace

27
28
Les valeurs de la couleur rouge et la couleur jaune entre l’échantillonnage initial et final (figure 9 et
10) montrent que la couleur des poissons nourris avec les aliments (100ppm Ast) et (200ppm Ast)
est plus rouge et plus jaune que le reste des poissons à la fin de l’expérience.

III-3-3 Evolution de la coloration de la peau (latérale) à 0 et 5 heures après le


sacrifice des poissons en glace

Les résultats de l’évolution de la couleur de la peau (latérale) après 5 heures du sacrifice des
poissons en glace (tableaux 8, 9 et 10) peuvent être résumés comme suit:

La clarté de la peau des poissons alimentés par les différents aliments expérimentaux (tableau 8),
montre une tendance générale à diminuer entre 0 h et 5 heures.
Tableau 8
Evolution de la clarté (L) de la peau (latérale) à 0 et 5 heures après le sacrifice des poissons en glace

Aliment 0 heures 5 heures


1: C(-) sans ombrage 42.33 33.13
2: 100 ppm Ast 50.94 43.80
3: 200 ppm Ast 52.66 45.69
4: C(-) avec ombrage 56.27 47.38
5: 100 ppm Cant 57.85 46.07
6: 200 ppm Cant 58.27 46.35

La couleur rouge de la peau (tableau 9) des poissons a donné aussi des valeurs plus basses à 5
heures après le sacrifice. La diminution de la couleur rouge était plus accentuée pour les traitements
2 et 3. En comparaison entre les aliments qui contiennent les caroténoïdes, seuls les aliments 2 et 3
(100 ppm et 200 ppm Ast) ont donné une diminution de couleur apparente entre 0 et 5 heures.
Tableau 9
Evolution de la couleur rouge (a) de la peau (latérale) à 0 et 5 heures après le sacrifice des poissons
en glace
Aliment 0 heure 5 heures
1: C(-) sans ombrage -1.35 -1.85
2: 100 ppm Ast 20.51 3.1
3: 200 ppm Ast 10.55 2.69
4: C(-) avec ombrage -6.15 -4.16
5: 100 ppm Cant -4.51 -3.24
6: 200 ppm Cant -4.61 -2.93

L’évolution de la couleur jaune (Table 10) a présenté des résultats similaires pour tous les aliments.
En partant d’une couleur plus jaune de tous les poissons alimentés par tous les aliments, les
valeurs ont subit une augmentation entre 0 et 5 heures après le sacrifice pour les traitements (1, 2
et 3), et une diminution entre 0 et 5 heures pour les traitements (4, 5 et 6).
Tableau 10
Evolution de la couleur jaune (b) de la peau (latéral) à 0 et 5 heures après le sacrifice des poissons
en glace
Aliment 0 heure 5 heures
1: C(-) sans ombrage 1.74 3.74
2: 100 ppm Ast 8.6 13.46
3: 200 ppm Ast 12.09 12.65
4: C(-) avec ombrage 8.33 5.03
5: 100 ppm Cant 10.37 6.31
6: 200 ppm Cant 8.9 6.16

28
29

Contrôle négatif 100 ppm 100 ppm


Sans ombrage Asthaxanthine Canthaxanthine

Contrôle négatif 200 ppm 200 ppm


avec ombrage Asthaxanthine Canthaxanthine

Photo des poissons à la fin de l'expérience

I V D IS CUS S IO N

Les pigments aussi bien naturels que synthétiques les plus utilisés pour les poissons, sont les
caroténoïdes qui se convertissent dans le corps de l’animal en vitamine A. Les plus étudiés sont les
xanthophylles : la canthaxanthine, la capsanthine et l’asthaxanthine qui donnent les couleurs rose,
orange et rouge.
Les pigments de la peau du pagre appartiennent aux caroténoïdes qui sont caractéristiques des
plantes photo synthétisantes mais qui se trouvent aussi chez les crustacés.

L’asthaxanthine libre est utilisée d’une façon plus efficace que la canthaxanthine, étant donné le
coefficient de rétention entre 1.3 et 1.5 fois plus grand pour la première (Muñoz, 2000).

Les résultats de l’expérience du présent travail montrent clairement la décoloration de la peau des
poissons alimentés avec l’aliment 1 (contrôle négatif: sans aucun apport en caroténoïdes) et la
récupération de la couleur rose de la peau des poissons nourris par les deux aliments supplémentés
en asthaxanthine (100ppm et 200ppm).

Selon Blaziak et al. (1989), les aliments avec un haut contenu en caroténoïdes doivent être utilisés
seulement dans les cas où il faut améliorer la couleur dans un délai court de temps.

Depuis l’échantillonnage intermédiaire et jusqu’à la fin de l’expérience, on note clairement la


différence de couleur de la peau entre les poissons nourris avec les aliments contenant de
l'asthaxanthine en comparaison avec ceux nourris avec les autres aliments; ceci est dû
probablement à une accumulation de l’asthaxanthine dans la peau des premiers.

Autrement dit, l’accumulation des caroténoïdes dans cette deuxième partie de l’expérience a été
moindre que durant la première partie. Ceci peut être dû à un seuil de saturation de l’accumulation,

29
30

qui a été observé chez les poissons, dans la peau ou à la diminution de la digestibilité des
caroténoïdes. Le niveau de saturation, au moins dans le cas du muscle est fortement affecté par des
facteurs génétiques (Torrissen, 1985).

Il se peut aussi que la canthaxanthine ne soit pas une bonne source de caroténoïdes pour la
pigmentation de la peau du pagre; ou bien pour observer un effet positif de la canthaxanthine, chez
cette espèce, il faut un temps plus long; vu que, selon différents auteurs, l’efficacité des sources des
caroténoïdes dans l’accumulation et la pigmentation dépend de l’espèce (Ha et al., 1993). Etant
donné que le métabolisme des caroténoïdes diffère d’une espèce à l’autre, il n’est donc pas possible
de généraliser l’utilisation et la transformation de ces pigments dans les tissus des différents
poissons.

Pour tous les poissons nourris avec les différents aliments, surtout ceux contenant de
l’asthaxanthine 100ppm et 200ppm, 5 heures après leur sacrifice la couleur rouge et la clarté de la
peau montre une légère perte. En ce qui concerne la conservation, la canthaxanthine et
l’asthaxanthine ont une stabilité assez grande dans le cas de la congélation des poissons.

La lumière utilisée durant l’expérience peut affecter la couleur de la peau étant donné qu’une
illumination déterminée est nécessaire pour la fixation des pigments.
Le coût de la supplémentation des aliments avec des caroténoïdes, synthétiques surtout, a poussé
les chercheurs à étudier les différents facteurs qui affectent la pigmentation tels que l’espèce (Ha et
al., 1993), la taille, l’âge, la source de caroténoïdes et le taux de supplémentation de ces derniers;
afin de minimiser le coût de l’aliment sachant que le coût des caroténoïdes peut arriver seul au 20 %
de celui de l’aliment.

V - CO NCLUSI O NS

Les résultats obtenus ont montrés des similitudes en matière de croissance en poids et des indices
de conversion alimentaire chez presque tous les lots de pagres à l’exception de celui gardé sans
ombrage.

La meilleure pigmentation des pagres durant les 70 jours de l’expérience est obtenue grâce à
l’aliment contenant 100ppm d’asthaxanthine. Meilleure est la pigmentation de la peau quand le
temps de l’alimentation est long, avec un aliment de faible contenu en asthaxanthine.

L’importance de l’incorporation de l’asthaxanthine dans l’alimentation du pagre en élevage revêt une


importance cruciale en tant que facteur potentiel pour la reconstitution et la préservation de sa
couleur naturelle.
Les régimes enrichis en canthaxanthine n’ont pas montrés d’effet significatif.

30
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34
35

REPRODUCTION EN CAPTIVITE
ELEVAGE LARVAIRE ET
PREGROSSISSEMENT
DU DENTE COMMUN (Dentex
dentex)
36
36

REPRODUCTION EN CAPTIVITE, ELEVAGE LARVAIRE ET PREGROSSISSEMENT DU DENTE


COMMUN (Dentex dentex LINNAEUS, 1758) : Paramètres zootechniques

Résumé
Dans le cadre du projet de coopération Maroco-Japonaise en matière de diversification aquacole, une
expérience appliquée d’élevage de larves et d’alevins de denté est entreprise à une échelle pilote.
Cette expérience comprend plusieurs séries portant sur certains paramètres en l’occurrence, la
densité initiale en larves, l’oxygène dissous, la température, la photopériode, l’intensité lumineuse, la
séquence alimentaire et le type de bacs utilisés.
Au total, quatre séries d’élevage larvaire sont réalisées dans le but de tenter d’appréhender et
d’améliorer, au fur et à mesure, les paramètres zootechniques régissant l’environnement captif de
l’élevage larvaire du denté. Des modifications techniques, ainsi que des adaptations du régime
alimentaire, sont apportées de manière progressive suivant le déroulement et les résultats des
différents essais. Les résultats obtenus varient d’un essai à l’autre, perte totale des larves à partir du
dix-huitième jour pour le premier essai et 12,3% de survie finale pour le 4ème essai. Les indices de
conversion obtenus au cours du prégrossissement (inférieur à 2), les taux de survie au cours de
cette phase (81%) ainsi que le taux de malformation laissent entrevoir des horizons futurs pour
l’élevage de cette espèce.
Mots lés : Dentex dentex, Sparidae, alimentation, vessie natatoire, survie, indice de conversion

I- I N T R O D U C T I O N

La pisciculture Méditerranéenne est essentiellement basée sur l’élevage de deux espèces marines, la
daurade (Sparus aurata) et le loup bar (Dicentrarchus labrax) avec une production qui a augmenté de
façon spectaculaire ces dernières années. Cette augmentation de la production est à l’origine de la
saturation des marchés et par conséquent, la baisse des prix. Il est alors devenu nécessaire d’axer la
recherche en aquaculture sur de nouvelles espèces (Abellan, 2000). Le denté commun (Dentex
dentex) est l’une des espèces candidates les plus convoitées pour la diversification des espèces
marines d’intérêt aquacole en Méditerranée. Toutefois, sa production intensive reste compromise par
les mortalités massives au cours de la phase d’élevage larvaire (Abellan et al., 1997). Plusieurs
études préliminaires, réalisées dans certains pays méditerranéens, ont montré que cette espèce
présente un taux élevé de croissance dans ses stades larvaires, juvéniles et adultes par rapport aux
autres espèces d’élevage, en l’occurrence la dorade royale (Sparus aurata), le loup bar (Dicentrarchus
labrax) et le pagre commun (Pagrus pagrus). Cependant les taux de survie surtout en phase larvaire
restent encore à améliorer. L’objectif est donc de trouver un modèle d’élevage qui donnerait des taux
de survie exploitables et des indices de conversion économiquement faisables pour les fermes
aquacoles.

II- MATERIEL ET METHODE

II-1 Géniteurs

Origine : les géniteurs de denté au nombre de quatre individus (deux mâles et deux femelles)
proviennent de la nature. Ils ont été acquis au mois de Mars et acclimatés aux conditions de
captivité. Au mois de Mai, quatre femelles sauvages sont recrutées en pleine période de ponte, elles
ont aussitôt commencé à pondre. Les géniteurs recrutés sont mis en quarantaine et subissent un
traitement prophylactique (Nifurstyrénate de sodium à 250 ppm ou formaldéhyde jusqu’à 500 ppm).
Ce traitement, qui doit se répéter deux à trois fois permet de limiter les risques de contamination des
élevages en écloserie (parasites ou bactéries), suivi au besoin par un traitement antibiotique.

Alimentation : elle est constituée de poissons, de crustacés et de mollusques. Ils sont


nourris à volonté, la ration est ajustée en fonction de la température et de l’appétence des
animaux.

36
37

Paramètres d’élevage
L’oxygène dissous est toujours maintenu au dessus de la saturation avec une aération et un
taux de renouvellement d’eau adéquats. La salinité varie de 34 à 36‰ . La température et la
photopériode suivent un rythme naturel.

II-2 Pontes

Les pontes naturelles ont lieu à partir de la mi-mars et se sont étalées sans interruption sur une
durée de quatre mois (du 16 mars au 22 juillet).

A chaque ponte, vingt oeufs sont prélevés pour effectuer des mesures de diamètres des oeufs et des
globules lipidiques.

II-3 Incubation

La durée d’éclosion varie entre 60 et 72 heures en fonction de la température d’incubation (de 16 à


22°C) durant la saison de ponte. Après éclosion, les larves sont dénombrées à l’aide d’un carotté de
volume 10 ml (10 échantillons). Les larves fraîchement écloses font l’objet d’observations au
microscope (détection d’éventuels parasites) et au projecteur de profil (mesures de taille).

II-4 Elevage larvaire

4 séries d’élevage larvaire sont réalisées :

Essai n°1 : elle concerne quatre bacs de volume 500 litres chacun, deux en
polycarbonate transparent et deux en polyéthylène noir. L’élevage s’effectue en eau
verte (Nannochloropsis) stagnant pendant dix jours, la photopériode est de 18
heures de jour avec une intensité lumineuse de 360 lux. L’alimentation est à base
de rotifères et d’artemia. La densité d’élevage est de 8 larves par litres.

Essai n°2 : l’élevage s’effectue dans six bacs carrés en polyester de volume 2 m3 et
de couleur bleue. Ces bacs sont chauffés par des résistances. Les densités d’élevage
sont respectivement 11; 10; 23; 24; 25 et 30 larves par litre, la photopériode est de
18 heures d’éclairement avec une intensité lumineuse de 500 à 700 lux.
L’enrichissement des proies se fait avec Nannochloropsis.
Essai n°3 : elle concerne cinq bacs circulaires, de couleur bleue et de volume 2 m3.
L’élevage s’effectue en eau verte stagnant pendant 10 jours. Les densités d’élevage
sont respectivement : 17,5 ; 20 ; 20 ; 40 et 50. La photopériode reste inchangée
(18/6) et l’intensité lumineuse est comprise entre 130 et 160 lux. L’enrichissement
des proies est à base de produits commerciaux.
Essai n°4 : elle concerne deux bacs circulaires en polyester, de volume 4 m3 et de
couleur bleue, l’un en eau claire, avec une densité de 27,5 larves par litre et l’autre
en eau verte avec une densité de 19,5 larves par litre, l’intensité lumineuse est de
200 lux. La seule différence entre les deux bacs réside dans le type
d’enrichissement des rotifères et artemia, pour le premier l’enrichissement est à
base d’une émulsion d’huile de foie de morue, il est à base de produits
commerciaux pour le second.

II-5 Sevrage

Le sevrage des larves a commencé à partir de 120 mg, l’aliment de sevrage se compose de deux
granulés de diamètres 500 et 800 µm.

II-6 Prégrossissement

37
38

Les alevins produits lors de l’essai n°4 sont triés à la main puis transférés dans les bacs de
prégrossissement. L’aliment se compose de granulé sec conçus à l’origine pour la daurade et le loup
et dont la composition fournie par le tableau 1 :

Tableau 1.
Composition biochimique de l’aliment

Composition de base

Protéines brutes ……..45 % Vit A : 10000 UI.kg-1


Lipides brutes …………21 % Vit D : 2000 UI.kg-1
Cendres brutes………..11 % Vit E : 120 mg.kg-1
Hydrates de carbone…1.3 %

III- RESULTATS

III-1 Pontes :

Les pontes sont naturelles, elles ont lieu à partir de la mi-mars et se sont étalées sans interruption
sur une durée de 4 mois (du 16 Mars au 22 Juillet).

350000 25,00

300000
20,00
250000
nombre d'oeufs

température
200000 15,00

150000 10,00
100000
5,00
50000

0 0,00
1 9 17 25 33 41 49 57 65 73 81 89 97 05 13 21
1 1 1
Age (jours après éclosion)

oeufs totaux oeufs viables Temp°C

Figure 1. Évolution des pontes du denté et températures


de pontes

Sur un total de 127 pontes (Fig. 1), environ 17 millions d’oeufs sont collectés avec 13,6 millions
d’oeufs viables, soit un taux de viabilité de l’ordre de 77% . Ce taux a chuté considérablement pour
s’annuler en fin de saison suite probablement à l’épuisement du stock séminal de l’unique géniteur
mâle.
Les taux d’éclosion sont pour la majorité des pontes supérieurs à 60% , à l’exception des 10 dernières
pontes où les taux d’éclosion ont été nuls.

38
39

1200

1000

800
diamètre(um)

600

400

200

3
1
9
1
9
17
25
33
41

49
57
65
73

81
89
97
10
11

12
12
numéro de la ponte
Diam.Oeufs Diam.Globule

Figure 2. Diamètres des oeufs et globules lipidiques

Le diamètre des œufs, de l’ordre de 1090 ± 14.73µm au début de la saison de ponte, lorsque la
température est de 15.3 °C est passé à 907 ± 2.1µm lorsque la température est de 22.5°C en fin de
saison de ponte. Le diamètre du globule lipidique est de 260 ± 4.3µm et de 230 ± 3.9 µm à la fin de la
saison de ponte (Fig. 2). Dans tous les œufs observés il n’y a qu’un seul et unique globule lipidique.

III-2 Elevage larvaire

Essai n°1 : pour le premier bac, la totalité des larves sont mortes au 18ème jour et le 23ème pour le
second. L’hyper-inflation étant à l’origine de cette mortalité massive. Au cours de cet essai aucun
alevin n’a été produit.

Essai n°2 : hyperinflation de la vessie natatoire, agressivité et cannibalisme très accentués.


Le nombre d’alevins sevrés obtenus à une longueur totale de 20 mm est de 200 alevins pour les six
bacs. Les taux de survie, très faibles, sont compris entre 0.08 et 0.25% pour cet essai.
Essai n°3 : la nervosité des larves a été très réduite, les larves occupent tout le volume du bac et ne
se regroupent plus en essaim, persistance du problème de la vessie natatoire,
Ingestion de cystes d’artemia non éclos, causant beaucoup de mortalité (ceci étant dû à la mauvaise
qualité de la souche EG),
Amélioration du problème de l’hyperinflation de la vessie natatoire mais il persiste encore.

Essai n°4 : les larves ont perdu catégoriquement la nervosité qu’elle présentaient auparavant,
persistance du cannibalisme mais très atténué.
Sur les 110000 larves mises en élevage avec un enrichissement à l’huile de foie de morue, 13500
alevins sevrés sont récupérés et mis en prégrossissement, ce qui représente un taux de survie de
12,3% .
Sur les 78000 larves mises en élevage avec les produits commerciaux, 3500 alevins sevrés sont
récupérés représentant ainsi un taux de survie de 4,5% .

La figure 3 montre l’évolution de la croissance linéaire des larves de Dentex dentex en phase larvaire.
On note la présence d’un petit palier de la courbe des températures et de la croissance vers J36.

39
40

30 1000
900

température (degrés jours)


25
Longueur Totale (mm)
0,125x
800
y = 2,1124e
2 700
20 R = 0,9499
600
15 500
400
10
300
200
5
100
0 0
1
3
5
9
12
14
16
18
21
23
25
28
30
36
37
43
45
47
Age (jours après éclosion)
Longueur totale Températures cummulées

Figure 3. Croissance linéaire des larves (mm) et températures


cumulées (degrés jours)

III-3 Sevrage

Les alevins sevrés sont transférés dans d’autres bacs. Le sevrage a commencé à un poids moyen de
120 mg et a pris fin à un poids de 0.9 g.

III-4 Prégrossissement

Le cannibalisme et l’agressivité des poissons ont persisté durant plusieurs semaines, ce


phénomène baisse avec l’âge des poissons, c’est à dire quand ceux ci gagnent du poids, à partir de 5
à 6 grammes de poids moyen ce phénomène disparaît.

Environ 300 alevins sont produits des essais n°2 et n°3, ils sont nourris avec de la chair de crevettes
et du granulé sec. A un poids moyen de 20 g, il n’en restait qu’une vingtaine d’individus. A un poids
moyen de 0.92 g, les alevins produits lors de l’essai n°4 sont triés à la main puis transférés dans les
bacs de prégrossissement. Le taux de survie en phase de prégrossissement (de 0,9 ± 0.23 g à 15 ±
1.26 g) est de 81% est dû à l’apparition de la flexibactériose dont l’agent pathogène est Flexibacter
maritimus.

La radiographie aux rayons X (Fig. 4) des alevins du denté commun à un poids moyen de 9 g,
montre à ce stade que les vessies natatoires sont bien formées et que les déformations squelettiques
sont faibles (1.2%).

40
41

Figure 4. Radiographie aux rayons X d’alevins


de denté commun. (PM= 9grs)

La malformation du squelette (Fig. 4) présente un taux relativement très bas, il est de 1.2%).

18 120
16
100
14 y = 9,0833x + 18,5
12 R2 = 0,9231 80
Poids (gr)

10
60
Long,
Tot

8
6 40
4
y = 0,6683e0,3974x 20
2 R2 = 0,9964
0 0
85

94

6
10

11

12

13

15

17

Age (jours après éclosion)


PM (gr) LT (mm)

Figure 5. Croissance pondérale (g) et linéaire (mm)


des juvéniles de Dentex dentex

La figure 5 montre la croissance linéaire et pondérale des alevins du denté commun. Entre 1 et 16 g
la courbe de croissance pondérale est exponentielle (R2= 0.99)
Au cours de la phase de prégrossissement les indices de conversion calculés (Figure 6) ne changent
pas beaucoup, l’indice de conversion final est de 1.14, le taux de croissance spécifique étant de 3.13.

41
42

1,8 1,69 18
1,6 16

Taux de Conversion
1,4 14

Poids moyen(g)
1,2 1,06 1,09 1,12
1,05 1,07 1,07 12
1,01
1,0 10
0,8 8
0,6 6
0,4 4
0,2 2
0,0 0
85 94 10
1
1 11 12
1
1 35 1 51 1 76
Age (jours après éclosion)
Taux de conversion Poids moyen (g)
Figure 6. Croissance pondérale (g) des alevins
de Dentex dentex et taux de conversion

IV-4 DISCUSSION

L’élevage de cette espèce a fait l’objet d’études récentes et il y a relativement peu de références
bibliographiques sur sa biologie, son écologie et spécialement sur son élevage.

Le denté est une espèce gonochorique avec des sexes séparés. Riera et al. (1993) ont aboutit à cette
conclusion après examen histologique de gonades chez 61 individus de denté, la majorité de ces
individus proviennent de l’élevage, sans constater un seul cas d’hermaphrodisme. Ces résultats
coïncident avec ceux obtenus par Abellan (1997), les résultats obtenus à partir des études menées
durant trente mois sur les gonades de 190 poissons de denté de taille commerciale diffèrent de ceux
obtenus par Bauchot (1986), Glamuniza et al. (1995) qui ont déduit que c’est un hermaphrodisme
protandrique.

Les reproducteurs provenant de la nature s’adaptent très rapidement à la captivité, la température et


la salinité sont comparables à celles de l’eau de mer avec une photopériode naturelle. Le denté
atteint la maturité sexuelle et se reproduit pour la première fois à la deuxième année (Riera et al.,
1993 ; Abellan et al., 1997) à un poids corporel de 923 + 92.2 g. La maturation en captivité est
spontanée et asynchrone dans les bacs sans contrôle de température ou de photopériode et sans
traitement hormonal. Les températures de ponte se situent entre 15 et 20°C, les fortes pontes ont
lieu au mois de Mai à 17.5-23.5°C (Pastor et al., 1995 ; Abellan et al., 1997). En plus du pic de ponte
observé à la mi-mai, nous avons observé un deuxième pic plus important que le précédent à la fin
du mois de juin à une température de 21°C. Les œufs sont pélagiques et transparents, ils sont
collectés sur une toile de 500µm, le diamètres des œufs se situe entre 958 + 7µm (Glamuniza et al.,
1989) et 1089 + 19 µm (Abellan et al., 1997), on note une diminution progressive de la taille des
œufs au cours de la progression de la saison de ponte et lorsque la température décroît.
Contrairement à ce qui vient d’être décrit, nous avons constaté cette diminution progressive au
cours de l’augmentation des températures. Le taux de viabilité est généralement élevé durant toute
la période de ponte. Le pourcentage moyen des œufs viables est de 62% . Il atteint un maximum de
90% en Mai et un minimum de 30% au début et à la fin de la saison de ponte (Abellan et al., 1997).
Au cours de cette expérimentation, le taux de viabilité est devenu quasiment nul à la dernière
semaine de ponte en raison probablement avec l’épuisement du stock séminal de l’unique mâle en
présence de six femelles (sexe ratio de 1/6). Les pontes sont ininterrompues durant 127 jours, les
températures de ponte étant comprises entre 16 et 22°C. La fertilité est estimée à 760.000 œufs par
kg de femelle avec un poids moyen de 807 + 45 g durant la première année de ponte et 1.500.000
œufs par kg de femelle avec un poids moyen de 1600 + 69 gr durant la deuxième année (Abellan et
al., 1997). Riera et al. (1993) estiment que 1,4 kg de femelle peut pondre de façon ininterrompue
pendant deux mois environ 20.000 à 35.000 œufs par kg, cette fertilité est faible comparé à celle
donnée par Glamuniza et al. (1989) et qui est de 97.000 œufs par kg de femelle dont la ponte est
induite par injection hormonale. Les œufs viables sont transférés dans des incubateurs avec un taux

42
43

de renouvellement de 100% par heure et une aération convenable. La densité des œufs à
l’incubation peut être de l’ordre de 30 à 50 œufs par litre (Abellan et al., 1997) et 120 œufs par litre
(Pastor et al., 1997), la densité des œufs à l’incubation, au cours de ce travail est de 1000 œufs par
litre, le taux d’éclosion atteint à cette densité est de 80% . La durée d’incubation varie avec la
température qui est généralement celle du bac de ponte. Le développement embryonnaire a été décrit
par plusieurs auteurs avec une durée de 79h10mn à 81h5min à une température de 17°C
(Glamuniza et al., 1989 ; Jug-Dujakovic et al., 1995). Pastor et al. (1997) ont établi que la durée du
développement embryonnaire est de 56h10mn à 17.6°C, donnant un taux d’éclosion supérieur à
90% . L’élevage larvaire couvre entièrement tous les stades du développement larvaire, depuis la larve
juste à l’éclosion jusqu’à la métamorphose qui commence à J21-22 et se termine à J35 (Franicevic,
1991). Au cours de ce travail la métamorphose s’est achevée à J32, à 560°J et une longueur totale de
12.5 mm. Le développement larvaire a été décrit par Jug-Dujakovic et al. (1995) (au-delà de J7 à
17°C) et Pastor et al. (1997) au-delà de J15 à 17.6°C).

Les larves à l’éclosion sont planctoniques et transparentes, avec une taille de 2.17 + 0.2mm
(Glamuniza et al., 1989) et 2.61 + 0.04 mm à 17-18°C (Pastor et al ., 1995 ; 1997). D’autres auteurs
notent que la tailles des larves à l’éclosion est de 2.28 + 0.08 mm (Jug-Dujakovic et al., 1995) et de
2.60 + 0.10 mm (Abellan et al., 1997). A 17°C le sac vitellin est complètement résorbé au 5ème jour
lorsque la taille de la larve est de 3.48 mm (Jug-Dujakovic et al., 1995)et le 4ème jour après l’éclosion
à 22°C (Abellan et al., 1997). A partir du 3-6ème jour de leur vie, elles sont capables de se nourrir de
proies vivantes. A 18°C, l’ouverture de la bouche a lieu au 4ème jour lorsque la taille de la larve est de
3.60 + 0.06 mm (Pastor et al., 1995) et à 17°C l’ouverture a lieu au 6ème jour . Cent trente heures
après l’éclosion la bouche est complètement ouverte (Jug-Dujakovic et al., 1995), elle a un diamètre
maximum de 246-310 µm, la taille d’une bouche fonctionnelle est de 98 et 124 µm (Glamuniza et al.,
1989). Des photopériodes longues améliorent significativement la croissance, des photopériodes de
18/6 donnent de bons résultats concernant l’inflation de la vessie natatoire et la croissance.
L’interdépendance entre la formation adéquate de la vessie natatoire, la croissance et la survie des
larves apparaît très évidente. Les taux de survie du denté commun obtenus dans le présent travail
varient d’une série d’élevage à l’autre, mais celui de 12.3% obtenu à J60 avec une taille à la fourche
de 20 mm lors de la quatrième série est très élevé par rapport à celui obtenu par Pastor et al. (1995),
et qui est de 2.5% à J50-55. Ces résultats restent inférieurs à ceux cités par Koumoundourous et al.
(2004).

Différents auteurs ne sont pas d’accord sur l’âge où ont lieu les taux de mortalité élevés, Franicevic
(1991) trouve que le maximum de mortalités se situe entre J9 et J15 et après J25. Pour Riera et al.
(1993), la période de mortalités commence à J6-15 et J25-30 ; Pastor et al. (1995) notent que les
mortalités élevées ont lieu à J9-15 et Abellan et al. (1997) décrivent une mortalité continue qui
commence à J12 et de J22 à J45. Nous avons pu constater que les mortalités massives ont lieu,
indépendamment de l’âge à partir d’une longueur totale des larves de l’ordre de 7.5 mm. Les
mortalités durant les 1er stades d’élevage sont probablement dus comme le note Glamuniza et al.
(1989) à la taille inadéquate des proies. Les conditions générales de l’élevage et les problèmes
nutritionnels en accord avec Pastor et al. (1995) peuvent être la cause principale des mortalités
larvaires. Ces conditions inadéquates et la sensibilité de cette espèce aux maladies font apparaître
des problèmes pathologiques, tels que des parasitoses causées par des protozoaires Uronema
marinum, responsables des mortalités massives à J35 (Pastor et al., 1995). La granulomatose
systémique notée par Riera et al. (1993) apparaît à partir de J70, causant de grandes mortalités.
L’hyperinflation de la vessie natatoire à 7.5 mm de longueur totale et le cannibalisme qui apparaît
entre J25 et J35 entraînent des mortalités massives. Les quatre séries montrent des taux de survie
élevés jusqu’à 7mm de longueur totale, c’est à partir de ce moment là que le problème de
l’hyperinflation peut se manifester et causer des mortalités massives.

Ce problème d’hyperinflation s’observe également lorsque des cystes d’artemia non éclos visibles
dans l’estomac des larves sont ingérés par ces dernières, d’où la remise en question de l’incapacité
probables des larves de denté à digérer des Artemia à une taille de 5mm mais aussi de l’inadéquation
de l’opération de séparation des nauplii des coques vides et des cystes non éclos d’artemia.

Il apparaît donc à la lumière des résultats obtenus pour les 4 essais que :

43
44

L’élevage en eau verte semble ne pas convenir au denté commun suite au confinement des bacs
d’élevage par le dépôt d’algues sur les parois et sur le fond, le seul bac ayant donné le meilleur est
celui qui a fait l’objet d’élevage en eau claire,
Une intensité lumineuse modérée (aux alentours de 200 lux) paraît très convenable
pour les élevages. Une alimentation riche en acides gras poly-insaturés avec une
séquence alimentaire favorisant l’utilisation au delà du 30ème jour de rotifères,
enrichis pendant 24 heures et distribués en 3 à 4 rations par jour, la dernière sera
de préférence distribuée 2 heures avant l’extinction des lumières, en effet une mise
à jeun entraînerait un cannibalisme très poussé.

L’introduction d’Artemia décapsulé et enrichi à partir du 30ème jour d’élevage de façon progressive et
rationnelle, permet de réduire considérablement la mortalité. L’utilisation de Nannochloropsis seule
comme produit d’enrichissement ne répond pas aux besoins nutritionnels du denté. Au cours de la
phase de prégrossissement, qui a débuté de J85 à J180 (d’un poids moyen de 0,9 g à 16 g) a donné des
taux de survie de 81% (Les mortalités enregistrées sont dues à une flexibactériose) et les indices de
conversion sont inférieurs à 2.
Les premières études sur le grossissement du denté ont commencé par l’utilisation d’aliment frais,
semi-humides et aliments commerciaux (granulé sec et extrudé) destinés à d’autres espèces.
Efthimiou et al. (1994) ont utilisé du granulé sec pour daurades et de l’aliment humide pour grossir
des alevins de denté de poids initial 2.4 g. Après six semaines, le poids moyen individuel des alevins
nourris de granulé est de 16.12 + 1.58 g, celui de ceux nourris avec de l’aliment humide est de 31.3
+ 1.45 g, les indices de conversion sont de 1.16 et 0.77 respectivement. Les mortalités autour de
50% (48.4% avec granulé et 36.4% avec l’aliment humide) sont dues au cannibalisme.

Cardenate et al. (1997c) ont évalué un aliment expérimental dont la composition est connue, qu’ils
comparent à un aliment frais en utilisant des individus de 60 gr de poids. Ils ont conclu qu’un
aliment contenant 57% de protéines et 14.4% de lipides donne des résultats comparables à ceux
obtenus avec un aliment frais en terme de survie et de croissance.

V- CONCLUSION

En tant que sujet de diversification aquacole, le denté commun (Dentex dentex), est encore en phase
d’étude et de recherche dans plusieurs pays méditerranéens.
Cependant, le développement de la production en masse d’alevins de cette espèce ne sera pas facile,
à cause de son caractère fragile vis-à-vis des conditions environnementales et des maladies. Le denté
commun a l’avantage de produire des œufs en grande quantité, néanmoins, pour assurer une
production stable d’alevins, il s’avère nécessaire de pousser la recherche scientifique dans le sens de
résoudre les problèmes de la vessie natatoire, la séquence alimentaire et la qualité nutritive des
proies ainsi qu’un aliment qui répondrait aux besoin de cette espèce pendant la phase
grossissement.

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45
46

ESSAI PILOTE D’ELEVAGE DU


MAIGRE COMMUN (Argyrosomus
regius, asso 1801) EN OFFSHORE
DANS LA BAIE DE M’DIQ
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48

ESSAI PILOTE D’ELEVAGE DU MAIGRE COMMUN (Argyrosomus regius, asso 1801) EN


OFFSHORE DANS LA BAIE DE M’DIQ

I- INTRODUCTION

L’aquaculture marine méditerranéenne est l’un des secteurs de la production animale dont
l’expansion a été la plus rapide ces vingt dernières années. Les progrès technologiques ont permis à
la fois d’augmenter le volume de la production et d’améliorer d’avantage la qualité des produits mis
sur le marché. Néanmoins, cette production reste prédominé par le loup bar (Dicentrarchus labrax) et
la dorade (Sparus aurata). Leur production s’est considérablement développée ces dernières années,
elle est passée de 5000 t en 1990 à 192 000 t en 2006 (FEAP). Cette expansion rapide du volume de
la production ajoutée à l’absence de toute stratégie commerciale adéquate, a mené à l’effondrement
des prix du loup et de la dorade sur le marché, ceci de sa part a conduit à une situation de crise du
secteur dans les pays producteurs.
Pour contrecarrer cette situation, la création de nouveaux marchés est devenue une priorité. Ceci se
concrétise sur le plan commercial par le respect des normes de production et la création de labels
qualité (Lima Dos santos, 1996) mais aussi par le développement du marketing des produits
aquacoles (Paquotte et Guillards, 1996). Au niveau de la production, la création de nouveaux
marchés passe par la diversification de la production. Cette diversification peut être considérée
comme la principale stratégie de développement de l’aquaculture. En effet, elle permettra l’expansion
du marché par l’élargissement de l’existant et la prospection de nouvelle niche (Basurco et al., 1999).
Aussi et selon les mêmes auteurs, elle permettra d’augmenter l’efficacité des entreprises aquacoles
en leur donnant la possibilité d’élever des espèces qui requièrent la même technologie d’élevage et
qui ont des cycles d’élevage décalés.
C’est dans cette optique qu’on s’est fixé initialement comme axe de recherche la domestication de
nouvelles espèces de poisson d’intérêt aquacole. Ainsi, plusieurs espèces de poissons ont été
sélectionnées pour faire l’objet d’essais d’élevage, parmi elles figure le maigre commun Argyrosomus
regius qui appartient à la famille des sciaenidae. Les raisons de ce choix sont les suivantes :
 Sa présence en méditerranée et son adaptation aux conditions de cette zone ;
 Sa croissance rapide ;
 Sa chair très appréciée et de grande qualité ;
 Possibilité de mettre sur le marché un nouveau produit (filet) et une nouvelle espèce issue
d’élevage ;
 Grande capacité d’adaptation à des environnements variés et grande résistance aux facteurs de
stress ;
 Proportion des viscères moins importante que chez le loup et la daurade ;
 Bonne assimilation alimentaire.
Ce travail représente un suivi d’élevage du maigre commun en bac au Centre Spécialisé en
Aquaculture et en cage flottante appartenant à la société Aqua-M’diq. Les alevins ont été
réceptionnés le 17/10/2003 et sont originaires de l’écloserie française Poisson du Soleil. Le but de
cet essai qui a duré 19 mois, est d’évaluer le potentiel de croissance et de survie du maigre commun
en élevage et comparer ses performances avec celles obtenues dans les conditions de la baie de
M’diq, chez la daurade et le loup bar.
II- MATERIELS ET METHODES

 Elevage à terre

Il est réalisé au sein des structures du Centre Aquacole de l’INRH à M’diq. Les deux bacs utilisés au
départ étaient de type FRP circulaire à intérieur bleu et de 5 m3 de volume unitaire (Fig. 1). Les
poissons en grossissement ont été par la suite transférés et mis dans deux raceway, de même
volume unitaire. Le nombre d’alevins au départ était de 1064 individus répartis en deux lots avec
une charge initiale de 1.75 Kg/m3.

 Elevage en mer

48
49

Il est réalisé au sein d’une cage flottante, d’un volume de 900 m3 (Fig. 1), appartenant à la société
AquaM’diq. Le nombre d’alevins au départ était de 19 690 correspondants à une charge initiale de
0.36 Kg/m3.

 Alimentation
L’aliment utilisé est le granulé conçu pour le loup bar, sa granulométrie diffère
selon l’âge des individus mis en grossissement. L’aliment a été distribué à satiété en
deux fois par jour. Le mode de distribution des aliments constitue un point
essentiel dans la conduite d’un élevage. En effet deux erreurs sont à éviter, la sous-
alimentation et la pollution du milieu.

 Le suivi des paramètres physico-chimiques

Les paramètres physico-chimiques relevés se divisent en deux catégories. Les


paramètres qui traduisent le fonctionnement du système d’élevage (pH et oxygène
dissous) et les paramètres qui sont indépendants (température et salinité). Les
mesures se font au début de chaque après-midi à l’aide d’une sonde
multiparamétrique immergeable HORIBA U-10 dont les précisions sont de 0.1°C,
0.01 mg/l, 0.01 unité et de 0.1g/l. Concernant l’élevage en mer, seul la température
et les teneurs en oxygène dissous ont fait l’objet d’un suivi.

 Le suivi de la croissance

Durant toute la période de l’expérience (371j en bac et 562j en cage), la croissance


linéaire ainsi que la croissance pondérale étaient suivies pour le grossissement en
bac par échantillonnage d’une soixantaine d’individus chaque quinzaine au départ
puis chaque mois. Alors que l’échantillonnage du lot en cage n’a concerné que 30
individus chaque mois. La longueur totale est mesurée de l’extrémité antérieure de
la bouche fermée à l’extrémité postérieure de la nageoire caudale. Le poids total est
mesuré sur une balance de précision (Precisa BJ 4100 D ; Max.4100g ; d = 0.1g). Le
maigre est un poisson « calme », sa manipulation ne nécessite pas l’utilisation
d’anesthésique.

 Les différentes grandeurs calculées

- Le taux de croissance journalier (TCJ)

C’est un taux de croissance par unité de temps, il est calculé par la formule suivante :
TCJ(%) = ((Pf –Pi)/(T * Pi)) * 100
Pi = poids moyen initial Pf = poids moyen final T = durée du grossissement en
jours.

- L’indice de conversion (IC)

L’indice de conversion alimentaire nous donne une idée sur l’utilisation de l’aliment et sur la
quantité d’aliment nécessaire pour la production d’un kilogramme de chair
IC = Quantité d’aliment distribuée/Gain de biomasse

- Le taux de survie (TS)

TS(%) = (Nombre d’individus final/ Nombre d’individus initial)*100

49
50

- La relation d’allométrie

Elle permet d’établir l’équation liant le poids du poisson à sa taille c’est une fonction
puissance de la forme : P = a Lb
P : Poids de l'individu
a : Ordonnée à l'origine qui dépend de la densité de l'individu et de ses proportions
L : Longueur de l'individu
b : Coefficient d'allométrie
La forme originelle de cette relation (b = 3) suppose que la croissance soit
isométrique, c'est à dire que la forme et la densité du corps ne varient pas avec
l'âge. Par contre si b > 3 il y a une allométrie majorante et elle est minorante dans
le cas de b < 3.

III- RESULTATS ET DISCUSSIONS

III-1 Les paramètres physico-chimiques

Les valeurs moyennes, maximales, minimales et écartypes de ces paramètres sont


regroupées dans le tableau 1 ;
Tableau 1
Récapitulatif des valeurs moyennes, maximales, minimales et écartypes des
paramètres physico-chimiques.

Température °C Oxygène dissous mg/l pH Salinité g/l


Moy Max Min Ect Moy Max Min Ect Moy Max Min Ect Moy Max Min Ect
Bac 18.3 24.2 13.9 2.6 5.2 7.5 2.6 1 7.7 8 7.2 0.1 38.4 39.1 36.5 0.3
Cage 17.8 22.8 14.5 2 6.4 8.2 5 0.6 * * * * * * * *

La cage est installée en off-shore de ce fait les paramètres de l’eau évoluent en


fonction des conditions climatiques. Au niveau des bacs, les paramètres de l’eau
dépendent à la fois du renouvellement, de la fréquence du siphonage et de la
charge en poissons. Durant toute l’expérience, les poissons élevés en bac ont été
confrontés à différentes sources de stress dont la plus grave est l’arrêt technique
des pompes d’eau. Ceci se répercute par des baisses d’oxygène dissous qui a atteint
un minimum de 2.6 mg/l et en générale par une mauvaise qualité de l’eau de
l’élevage.

III-2 La croissance, la conversion alimentaire, le taux de survie et la relation


d’allométrie

Les courbes de croissance (Figure 2), que ce soit pondérales ou linéaires, des deux lots évoluent de la
même façon. Néanmoins, comme le montre les graphiques, la marge de différence entre les individus
élevés en cage et ceux élevés en bac grandissait au fur et à mesure que l’élevage progressait avec une
nette supériorité des individus élevés en cage. En effet, au bout de 12 mois, ces derniers sont passés
d’un poids moyen de 16.5g à 837g avec un maximum de 1192g et un minimum de 540g alors que
les individus élevés en bac ont atteint un poids moyen de 428g avec un maximum de 594g et un
minimum de 282g.

Ainsi, au niveau de l’élevage en cage le taux de croissance journalier est de 13.2% . Ce dernier s’avère
être au environ du double de celui enregistré au niveau du grossissement en bac et qui est de l’ordre
de 6.72% .

50
51

Figure 1 : Raceway (A) et cage d’élevage (B)

Concernant la croissance linéaire, les individus élevés en cage sont passés d’une taille moyenne de
11.6cm à une taille de 39.5cm avec un maximum de 46cm, un minimum de 34cm et un taux de
croissance journalier de 0.64% . Les individus élevés en bac sont arrivés à une taille moyenne de
32.9cm avec un maximum de 38cm, un minimum de 28.2cm et un taux de croissance de 0.5% .
Les individus élevés en cage montrent de meilleures performances de croissance que ceux élevés en
bac. Ceci peut être lié à la différence de charge initiale et/ou aux conditions de maintiens et
d’élevage. En effet, les poissons élevés en bac étaient, constamment soumis au stress. Ce dernier
était lié, dans la plus part des cas, au faible renouvellement en eau des bacs aggravé par les pannes
fréquentes des pompes d’alimentation en eau de mer. Il en résulte des baisses brutales des teneurs
de l’eau en oxygène dissous et une détérioration de la qualité de l’eau de l’élevage. En fait, l’oxygène
dissous était souvent inférieur à 6 mg/l alors qu’au niveau de la cage il était supérieur à 6 mg/l. Ce
qui a conduit, ajouté aux fortes densités utilisées, à un retard de croissance des individus élevés en
bac.

Figure 2 : Courbes de l’évolution de la croissance pondérale et linéaire


du lot élevé en bac (Cb) et celui élevé en cage (Cc)

Concernant l’indice de conversion alimentaire, les deux lots témoignent d’une bonne utilisation de
l’aliment. En effet, l’indice de conversion calculé pour les poissons élevés en bac est de 1.04 alors
que celui du lot élevé en cage est de 1.17. Cette différence est liée au fait que la perte d’aliment est
quasi nulle au niveau des bacs. Les poissons élevés en bac ont la possibilité de prendre l’aliment qui
tombe au fond ce qui n’est pas le cas en cage.

Les résultats obtenus chez le maigre en terme de croissance et de conversion alimentaire sont
nettement supérieurs à ceux réalisés avec le loup et la daurade élevés dans les mêmes conditions. En
effet, en 16 mois d’âge le maigre atteint un poids de 837 g avec un indice de conversion de l’ordre de 1.17
contre un poids de 400g et un indice de conversion de 2.1 chez le loup et un poids de 300 g et un indice de
conversion de 2.4 chez la daurade. Le même constat en termes de croissance a été aussi rapporté par
Quéméner (2002).

51
52

Après 562 jours de grossissement en cage, le maigre atteint un poids de 1426 g avec un taux de
croissance journalier de l’ordre de 15.2 % et un indice de conversion alimentaire de 1.29. La courbe
de croissance (Figure 3) dénote d’une croissance essentiellement estivale ce qui rejoint les
constatations d’autres auteurs (Quéméner, 2002 ; Quéro et Vayne, 1987). Les résultats de
croissance obtenus dans nos conditions sont supérieurs à d’autres. En effet, selon la FAO (2004) le
maigre atteint un poids de 1200g en 24 mois, alors que dans nos conditions le lot en grossissement
en cage a atteint ce même poids en 19 mois seulement.

L’allométrie chez le maigre est de type majorante comme en témoigne la relation d’allométrie (taille –
poids) (Figure 3). L’équation établie traduit convenablement les relations entre les poids totaux des
poissons et leurs longueurs correspondantes et ceci est justifié par le coefficient de corrélation qui
est de l’ordre de 0.99. La connaissance de cette relation permet le calcul du poids du poisson
connaissant la longueur et vice-versa (Hureau, 1970).

Figure 3 : Courbes de croissance pondérale chez le maigre


grossis en cage (562j) et relation d’allométrie

Les mortalités étaient très faibles et aucune pathologie significative ne s’est déclarée chez les
poissons au cours de l’expérience, à part les quelques rares cas isolés de nécroses observées au
niveau du pédoncule et de la nageoire caudale. Ces affections peuvent évoluer chez certains
individus en des lésions très délabrantes, faisant apparaître le muscle sous jacent (Figure 4).
Néanmoins, selon la FAO (2004) des cas de vibriose à Vibrio anguillarum, d’oodiniose à Amyloodinium
ocellatum et de parasitose à Gyrodactyllus sp peuvent également être observés dans les élevages du
maigre. Le taux de survie réalisé pour l’élevage en bac est de 97.5% et 98.8% pour l’élevage en mer.
Les pertes sont essentiellement dues aux conditions d’élevage et aux stress occasionnés par les
manipulations (Transfert, échantillonnage,….).

Tous ces résultats sont très satisfaisants et témoignent d’une bonne adaptabilité du maigre commun
aux conditions d’élevage en captivité. A ceci s’ajoute le pourcentage élevé de poids éviscéré (94%) qui
est généralement supérieur à celui du loup bar et de la daurade (Poli et al., 2001). Ceci confère au
maigre un rendement au filetage de l’ordre de 46.5% contre 37% seulement chez le loup bar (Bykov,
2000). En effet, le taux de graisse mésentérique est 88% moins chez le maigre d’élevage que chez le
loup d’élevage (Poli et al., 2003), témoignant d’une bonne assimilation alimentaire. La proportion des
lipides intramusculaires du maigre de pêche est comparable à celle du loup et de la daurade de
pêche (Piclet, 1987). Celle du maigre d’élevage est de l’ordre de 2.17% dans nos conditions et 2.24%
selon Poli et al. (2001). Ces valeurs restent proches de celles rencontrées chez le maigre sauvage (Poli
et al., 2001) mais sont nettement inférieures à celles du loup et de la daurade d’élevage (Poli et al.,
2003). En effet, chez le loup et la daurade d’élevage les teneurs en lipides intramusculaires sont 2 à
5 fois supérieures à celles du maigre d’élevage (Poli et al., 2001). Néanmoins, cette différence
n’influence pas sur la qualité diététique des lipides musculaires du maigre (Poli et al., 2003). En
effet, c’est la proportion en acide gras poly-insaturés de la série 3 (28.6% du total des lipides) qui
représente l’indice de qualité le plus important pour le consommateur (Quéméner, 2002).

52
53

En terme de conservation de la fraîcheur, le maigre commun ressemble au loup et à la daurade avec


une durée de conservation de la fraîcheur de l’ordre de 9 jours s’il est conservé à 1°C sous la glace
(Poli et al., 2003).
Concernant le prix de vente sur le marché européen, (Quéméner, 2002 ; FAO, 2004) dénotent une
fluctuation considérable des prix régis par la taille des poissons débarqués et par la loi de l’offre et la
demande. Toutefois, Quéméner (2002) avance qu’il peut être raisonnablement admis qu’il existe une
demande soutenue de poissons de poids supérieur à 2 Kg pour un prix, départ producteur, compris
entre 7 et 12 euros/Kg. Mais, il serait plus prudent, nous parait il, de faire une étude préliminaire de
marché pour pouvoir à la fois dénicher les marchés potentiels et trouver la forme la plus adéquate de
présentation des poissons. A ce sujet, selon la FAO (2004), les producteurs français et italiens font la
distinction entre différentes catégories de produits. Selon la même source, les poissons dont le poids
est compris entre 600 g et 1 Kg sont vendus entiers ou sous forme de filet, alors que les plus grands
individus dont le poids varie entre 1 et 5 Kg sont présentés sur le marché sous forme de morceau, de
filet ou de filet fumé. D’après la FAO (2004), le procédé de fumage du maigre commun est très récent
et donne de très bons résultats.

Figure 4 : Photo d’une nécrose du pédoncule et de la nageoire


caudale et de leur érosion

Par ailleurs, l’élevage du maigre commence à peine à se développer. Plusieurs études et travaux de
recherches sont menés sur cette espèce dans plusieurs pays mais seule la ferme « Poisson du soleil »
au sud de la France a réussi à produire artificiellement les alevins du maigre et juste deux fermes
piscicoles françaises et deux italiennes ont réalisées le grossissement du maigre jusqu’à la taille
commerciale (Poli et al., 2003). La production totale d’aquaculture de cette espèce a été de l’ordre de
231 t en 2002 correspondant à une valeur de 1.55 million dollars américains (FAO, 2004). Ainsi et
en raison du fort potentiel du maigre pour le développement de l’aquaculture au Maroc, un stock de
géniteurs est en cours de constitution au sein de l’écloserie du Centre Spécialisé en Aquaculture.
L’objectif étant de mener des essais en vue d’étudier la faisabilité de la reproduction de cette espèce
en captivité et évaluer ses performances zootechniques en élevage larvaire et en prégrossissement en
écloserie.

IV- CONCLUSIONS

Au terme de ce travail, on a pu collecter des informations concernant le potentiel aquacole élevé du


maigre commun Argyrosomus regius. En effet, le potentiel de croissance avec un TCJ de 15.2% est
supérieur à celui du loup bar et de la daurade élevés dans les mêmes conditions. Le taux de retour
(survie) de 98.8% dénote du caractère rustique de cette espèce et de sa résistance aux maladies et
au stress. Les deux lots (Bac et cage) sont restés indemnes de toute pathologie, au moment où

53
54

d’autres espèces élevées au Centre Aquacole et en cage ont été atteintes de flexibactériose et de
pasteurellose.

L’indice de conversion alimentaire de 1.29 témoigne de l’acceptation et la bonne assimilation de


l’aliment artificiel. Aussi et avec un taux de lipides musculaires qui est de 2.17% , comparable à celui
rapporté dans la littérature chez le maigre, le loup bar et la daurade de pêche ajouté à la richesse de
sa chair en acide gras poly-insaturés de la série 3 (28.6% du total des lipides) confèrent au maigre
commun d’élevage une qualité diététique très intéressante pour le consommateur.
D’après les résultats obtenus, il est évident de dire que dans nos conditions le mode d’élevage le
mieux adapté à cette espèce est l’élevage en cage en mer et que le maigre commun s’adapte bien aux
conditions des eaux marocaines. Aussi, il pourrait constituer une espèce prometteuse pour la
diversification de l’aquaculture marocaine et méditerranéenne en général. Le maigre peut aussi
constituer une alternative moins chère que les espèces classiques d’aquaculture (loup bar et
daurade) surtout pour le marché national.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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marine fish farming development. Options Méditerranéennes, Series B, 24, 9-25.

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handbook. M.:VNIRO, Moscou, 376p.

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http://www.fao.org/fi/website/FIRetrieveAction.do?dom=culturespecies&xml=Argyrosomus_re
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FEAP, production européenne d’aquaculture


http://www.feap.info/Production/euproduction/euproduction_en.asp

HUREAU, J.C., 1970, Biologie comparée de quelques poissons antarctiques (Nototheniidae), Bull.
Inst.Océanogr. Monaco, 68. (1391) 1 - 224.

LIMA DOS SANTOS, C. A., 1996. Quality norms for aquaculture products : trends on restriction
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MEDITERRANEE ET MER NOIR VOL I ET II. Fiche FAO d’identification des espèces pour les besoins
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54
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Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, 49(2): 35-66.

55
56
57

PROJET DE DEVELOPPEMENT DE
LA FABRICATION D’ALIMENTS
POUR POISSONS MARINS A PARTIR
D’INGREDIENTS DISPONIBLE AU
MAROC
58
57

PROJET DE DEVELOPPEMENT DE LA FABRICATION D’ALIMENTS POUR POISSONS MARINS A


PARTIR D’INGREDIENTS DISPONIBLE AU MAROC

I- INTRODUCTION
La production nationale d’aquaculture du loup et de la dorade stagne depuis
plusieurs années autour de 800 tonnes / an. Cette production correspond à une
consommation annuelle en aliments de l’ordre de 2500 tonnes, quantité appelée à
évoluer à la hausse dans les 5 années à venir selon les projections de la Société
Aqua M’diq qui prévoit une production de 1000 tonnes en poissons à l’horizon de
2008. Il faut noter cependant, que la totalité de ces aliments est importée en
admission temporaire (A.T.) et que les fermes aquacoles sont tenues d’apurer en
justifiant de l’exportation de 95 % de leur production. Ce fait constitue une
contrainte majeure au développement de cette activité au MAROC et ne permet pas
aux fermes marocaines de faire face à une concurrence de plus en plus rude
notamment de la part des pays producteurs européens.

Le développement de la fabrication locale d’aliment pour poissons constitue donc


un axe prioritaire à prendre en compte pour faire face à cette situation de crise. Il
permettra aux pisciculteurs, utilisant l’aliment fabriqué localement, de faire baisser
leurs coûts de production et aussi d’avoir l’opportunité d’écouler leur marchandise
sur le marché intérieur.
Ce développement se justifie d’autant plus que le Maroc compte parmi les grands
pays producteurs de farine et d’huile de poissons qui sont les matières premières de
base (70 à 80%) dans la formulation des aliments pour poissons.

En matière de recherche et développement, une première action a


été menée par l’INRH en 2004, par le biais de son Centre Spécialisé en
Aquaculture à M’diq, en partenariat avec l’IAV Hassan II et la société
Aqua M’diq et a consisté en la formulation et la fabrication de 5
aliments à partir d’ingrédients disponibles localement. L’objectif tracé
pour cette première expérience est de définir l’optimum du rapport
protéine/énergie (P/E) de ces aliments ainsi que leurs effets sur les
performances de croissance et la conversion alimentaire. L’aliment
commercial importé a été également testé et pris comme témoin.

Les résultats obtenus à l’issu de cette expérience ont montré que 4 sur les 5
aliments fabriqués à partir de matières premières produites localement, présentent
des performances en termes de croissance et de conversion alimentaire meilleures
que l’aliment commercial importé.
Ainsi, l’INRH, en partenariat avec la ferme aquacole Aqua M’diq et la société de
fabrication d’aliment AquaMed, a mené une deuxième expérience à une échelle
semi-industrielle de production de loup bar à partir d’alevins et d’aliment locaux.
L’objectif fixé pour cette expérience est de montrer la faisabilité technico-
économique de production de poissons marins à partir d’intrants disponibles

57
58

localement et la comparaison des performances obtenues avec celles de l’aliment


commercial importé, pris comme témoin.

II- PROTOCOLE EXPERIMENTAL :


 Première expérience

Au cours de cette expérience, douze bacs noirs en polyéthylène de forme cylindro-conique et de 500
litres de volume chacun ont été utilisés en circuit ouvert. Dans tous les bassins, l’arrivée d’eau se
fait par le fond duquel elle est distante d’environ 10 cm et la sortie d’eau se fait par la surverse
centrale. Le renouvellement en eau est maintenu constant autour de 30% par heure durant toute la
période de l’expérience. L’aération des bassins est assurée par diffusion d’air volumétrique.
Les poissons utilisés dans cette expérience proviennent de juvéniles de loup bar en grossissement en
cage dans la baie de M’diq. Ces poissons, au nombre de 500 individus, ont été fournis par la société
Aqua M’diq.
Au Centre Spécialisé en Aquaculture, ils ont subit d’abord une semaine d’adaptation aux conditions
expérimentales, au cours de laquelle, ils ont été nourris à partir d’un mélange équiproportionnel des
six aliments expérimentaux. Ce mélange a été distribué en ad libitum deux fois par jour (à 10 h du
matin et à 16 h de l’après midi) et 7/7 jours.
A la fin de cette période, les poissons ont été mis à jeun pendant 24h puis par appréciation visuelle,
les têtes et queues de lots ont été écartées.
Les sujets ayant des tailles similaires ont été sélectionnés et repartis dans douze bacs par lot de 30
individus par bac. A chaque aliment, correspondent deux lots de 30 poissons chacun.
La biomasse moyenne par bac et le poids moyen individuel étaient respectivement de 1486 grammes
et 50 grammes. Pendant toute la période de l’expérience, les poissons étaient nourris ad libitum 2
fois par jour (à 10 h et à 17 h) et 7/7 jours.

 Deuxième expérience

Au cours de cette expérience :


 l’INRH s’est engagé, par le biais de son Centre Spécialisé en Aquaculture
à M’diq, à produire 100 000 alevins et à en assurer le suivi sanitaire et
zootechnique pendant tout le cycle de production (18 mois environ),
 la société Aqua M’diq s’est engagée à fournir les cages nécessaires et à
réaliser le grossissement de ces poissons en cage en mer,
 la société AquaMed s’est engagée à fournir l’aliment nécessaire pour
nourrir les poissons en cage.

En juillet 2005, environ 120 000 alevins de loup bar, produits par le Centre
Spécialisé en Aquaculture de INRH à M’diq, ont été mis en élevage dans deux cages
flottantes appartenant à la société Aqua M’diq. Ces cages, en polyéthylène, de 12
m de diamètre sur 8 de profondeur, sont amarrées au large de M’diq. Les poissons
d’une cage sont nourris avec de l’aliment fabriqué localement et les poissons de
l’autre cage reçoivent de l’aliment commercial importé.

Au Centre Spécialisé en Aquaculture, 3 560 juvéniles de loup bar ont fait objet
d’élevage dans 4 bassins en polyester de 5 m3 de volume chacun. Deux lots de ces
poissons sont nourris avec de l’aliment fabriqué localement, les deux autres
reçoivent de l’aliment commercial importé.
Le suivi de la température de l’eau de mer et la distribution des aliments se font
quotidiennement excepté les dimanches.

58
59

Le suivi zootechnique et sanitaire de ces poissons se fait par échantillonnage


mensuel.

Tous les échantillons d’aliment, de chair et de foie sont conservés à –18°C et


feront l’objet d’analyses ultérieurement.

III- LES ALIMENTS EXPERIMENTAUX


A l’exception de l’aliment commercial, pris comme témoin, tous les aliments testés
dans le présent travail ont été formulés à partir d’ingrédients disponibles sur le
marché local. Ils ont des rapports P/E différents et répondent aux besoins
alimentaires connus chez le loup bar.

La fabrication des aliments expérimentaux sous forme de granulés pressés de 3 mm de diamètre a


été réalisée à l’IAV. Un échantillon de chaque aliment a été prélevé et conservé à -20°C pour analyse
de la composition.

Les analyses ont été réalisées au département de Physiologie Animale à l’IAV Hassan II en tenat
compte de :

 l’humidité a été déterminée en déshydratant 1 g de chaque aliment à 105°C, jusqu’au poids


constant,
 le dosage des protéines brutes a été effectué selon la méthode Kjeldahl (N*6.5),
 l’extraction des lipides a été effectuée selon la méthode de Folch (1975),
 les cendres brutes ou matières minérales ont été déterminés par calcination de 1 g dans un
four à moufle (550 °C), jusqu’au poids constant,
 le dosage de la cellulose brute a été effectuée selon la méthode de Jarrige
(1981).
Tableau 1
Compositon en matières premières des aliments expérimentaux locaux

Aliments
Ingrédients T A2 A3 A4 A5 A6
(1) Prémélange protéique - 55 59 63 55 55
(2)Matière grasse - 9 8.5 8 13 17
Alpha- Amidon - 17 17 17 17 17
(3) Acides aminés - 3 3 3 3 3
(3)Attractant - 2 2 2 2 2
(3)Premix vitaminique - 2 2 2 2 2
(3)Premix minéral - 2 2 2 2 2
Carboxy-Methylcellulose - 10 6.5 3 6 2
Niveaux calculés des nutriments
Protéines brutes - 44 47 50 44 44
Matière grasse - 10 10 10 14 17
(1) Concentré de poisson : 30%, Caséine : 30%, Protéine monocellulaire : 20%,
Gélatine : 10%, Concentré du soja : 10%.
(2) EPA 28 : 50% , DHA 18 : 50%
(3) Produits de Aquamed

Les aliments expérimentaux ont été formulés sur la base de la composition des
matières premières utilisées. Les résultats des analyses de ces aliments sont
récapitulés dans le tableau suivant :

59
60

Tableau 2
Composition générale des aliments expérimentaux après préparation (%)

Aliments
Paramètres T* A2 A3 A4 A5 A6
Eau 9.7 10.2 9.7 10.3 10.4 9.8
Matières sèches 90.3 89.8 90.3 89.7 89.6 90.2
Protéines brutes 44.6 44.6 47.2 49.5 45.3 44.7
Matières grasses 20.0 10.2 9.7 9.7 12.8 16.3
Cendres 11.8 11.1 11.6 12.0 11.3 11.3
Cellulose 1.8 10.2 6.6 4.0 6.0 2.3
EXNA** 12.1 13.7 15.2 14.5 14.2 15.6
Nutriments sur la base de la matière sèche
Protéines brutes 49.39 49.67 52.27 55.18 50.56 49.56
Matières grasses 22.15 11.14 10.74 10.81 14.29 18.07
EXNA** 13.40 15.26 16.83 16.16 15.85 17.29
Energie brute (Kcal/100g) 500.00 409.65 425.33 437.83 444.8 479.60
Prot/énergie (mg/Kcal) 98.78 121.25 122.89 126.03 113.67 103.30
* Aliment commercial témoin
** EXNA : Extrait non azoté [100- (humidité + protéines + lipides + cendres + cellulose)]

La teneur en protéines des différents régimes se situe entre 49.39% pour le Témoin
et 55.18% pour A4. Ces valeurs se rapprochent de celles rapportées par la
littérature. Alliot et al., (1979) ; Hidalgo et al., (1987) estiment les besoins du loup
bar et de la daurade à 50 % de la ration alimentaire. Selon Sakaras et al., (1988) ;
Kaushik (1997), l’augmentation de la teneur en protéine de 45 à 50 % n’a aucun
effet significatif sur la croissance chez les jeunes loups. Selon Wong et Chou (1989),
les besoins en protéines chez les adultes se situent entre 40 et 45% de la ration.

La teneur en lipides des aliments expérimentaux varie entre 10.74% pour A3 et


22.15% pour le témoin. La littérature rapporte plusieurs gammes de valeurs
optimales pour une meilleure croissance des poissons marins. Corraze (1999)
estime que la teneur optimale en lipides pour le loup bar se situe entre 12 et 15%
de la ration. Plusieurs autres auteurs (Yone et al., 1971 ; Stickney et Andrews,
(1972) ; Lee et Putman (1973) ; Adron et al., (1976)) ont rapporté que des niveaux de
20% et même plus de lipides peuvent être administrés aux espèces marines.

Les teneurs en glucides varient de 13.40% à 17.29%. Selon Wilson (1994) des taux
de moins de 20% de glucides digestibles sont acceptables par les poissons marins.

Les teneurs en cendres varient entre 11.1% pour l’aliment A2 et 12.0% pour
l’aliment A4. Quant à la cellulose, sa teneur varie entre 2.3% pour l’aliment A6 et
10.2% pour l’aliment A2.

Les valeurs énergétiques des régimes, calculées sur la base de la matière sèche, varient de
409.65kcal/100g pour l’aliment A2 à 500 kcal/100g pour l’aliment commercial témoin. Le test
statistique ne considère pas les régimes étudiés comme iso énergétiques, chaque aliment diffère des
autres par sa teneur énergétique.

Les rapports P/E des différents régimes alimentaires sont croissants de l’aliment témoin T avec
98.78mg/Kcal à l’aliment A4 avec 126.15mg/Kcal. Les autres régimes alimentaires ont donné des

60
61

résultats intermédiaires respectivement 121.25mg/kcal, 122.89mg/kcal, 113.67mg/kcal et


103.3mg/kcal pour les régimes A2, A3, A5 et A6.
Les aliments T, A4, A5 et A6 forment chacune un groupe, les aliments A2 et A3 sont dans un même
groupe selon les tests statistiques

IV- RESULTATS
 Première expérience

1. Performances de croissance :

Pour comparer les performances de croissance, tous les résultats ont été rapportés
au poids moyen individuel des poissons par bac et les paramètres étudiés à partir
de la moyenne des deux (2) bacs affectés à chaque aliment.

Tableau 3
Croissance obtenue par type d’aliment

Date d'échantillonnage A2 A3 A4 A5 A6 T
09/03/04 49,47 49,49 49,47 49,57 49,52 49,75
31/03/04 52,87 54,87 53,77 55,47 51,84 56,77
15/04/04 60,57 60,98 59,09 58,24 57,25 61,99
29/04/04 65,85 66,70 65,25 64,30 62,51 68,42
13/05/04 70,12 72,86 70,39 71,82 68,63 71,93
28/05/04 72,55 73,08 75,68 72,32 70,18 75,96
28/06/04 107,13 105,83 106,74 103,02 101,36 103,76
28/07/04 134,29 136,82 134,27 130,82 130,50 131,55
01/09/04 186,02 188,63 186,00 185,76 177,53 178,86
Gain de poids (I-F) 136,56 139,15 136,54 136,19 128,02 129,11

Les courbes de croissance pondérale des loups des 6 séries expérimentales sont représentées sur la
figure 1.

Les courbes de croissance des six lots expérimentaux évoluent selon une même tendance avec une
phase de croissance ralentie entre les mois de mars et mai et une phase de croissance accélérée
entre juin et septembre. Cette évolution est conditionnée principalement par la température de l’eau
qui, pendant la première phase, fluctuait entre 14.9 et 18.9°C et pendant la seconde entre 19.1 et
23.9°C.

La meilleure performance, en terme de gain de poids, a été réalisée avec l’aliment A3 dont le rapport
P/E est de 122.89 mg/Kcal, suivi, par ordre décroissant, par les aliments A2 (P/E= 121.25
mg/Kcal), A4 (P/E= 126.03 mg/Kcal), A5 (P/E= 113.67 mg/Kcal), le témoin (P/E=98.78 mg/Kcal) et
enfin l’aliment A6 (P/E=103.3 mg/Kcal). Cependant, le test de comparaison de plusieurs moyennes
(ANOVA1) pour un coefficient de sécurité de 5% ne permet pas d’admettre que les différences
observées dans le gain de poids sont corrélées aux régimes appliqués.

61
62

Figure 1 : Croissance pondérale des loups par type d’aliment

De même, le test statistique de Newman et Keuls ainsi que le test de Dunett pour la
comparaison des cinq (5) aliments fabriqués à partir de la même matière première
locale et l’aliment commercial témoin ont confirmé l’homogénéité du groupe
alimentaire expérimental et l’absence de différence significative à partir de l’analyse
de la variable « évolution pondérale individuelle ».

142
140
y = -0,5343x 2 + 5,766x + 122,18
138
R2 = 0,7963
136
Gain de poids (g)

134
132
130
128
126
124
T A6 A2 A3 A4
122 A5
120
98,78 103,3 113,67 121,25 122,89 126,15
126,03
Rapport P/E

Figure 2 : Variation du gain de poids en fonction du rapport


P/E des différents régimes appliqués
2. Prise alimentaire :

62
63

Les prises alimentaires par régime appliqué et par période sont récapitulées dans le tableau
suivant. :

Tableau 5
Consommation par type d’aliment et par individu

Périodes A2 A3 A4 A5 A6 T
09/03 au 30/03/2004 6,75 8,09 7,44 8,43 7,10 8,70
31/03 au 14/04/2004 8,38 8,44 8,91 8,92 7,87 8,62
15/04 au 28/04/2004 10,51 10,62 11,15 10,28 10,27 8,70
29/04 au 12/05/2004 10,07 9,88 10,21 9,45 10,11 8,22
13/05 au 27/05/2004 8,45 8,95 8,97 8,02 8,68 8,28
28/05 au 27/06/2004 38,55 39,74 39,86 40,02 40,58 36,70
28/06 au 27/07/2004 39,05 38,74 37,67 37,18 38,55 37,46
28/07 au 31/08/2004 52,71 54,88 58,13 52,08 54,52 61,36
Total 174,45 179,32 182,32 174,38 177,66 178,04
Total en g de MS 156.67 161.93 163.54 156.24 160.25 160.77

En terme de prise alimentaire, très peu de différences sont observées entre les lots testés. D’ailleurs,
le test de Newman et Keuls ainsi que le test de Dunett pour la comparaison avec le témoin considère
le groupe alimentaire expérimental comme étant homogène à partir de l’analyse de la variable «Prise
alimentaire».

L’augmentation observée de la consommation en aliment, au cours de l’expérimentation, est liée


surtout à l’augmentation du poids des poissons et à l’élévation de la température de l’eau.
La variation des prises alimentaires en fonction de teneur en énergie brute des aliments, est indiquée
sur la figure ci-après :

184,00
y = -0,381x 2 + 2,81x + 173,64
182,00 R2 = 0,1266

180,00
Prise alim. (g)

178,00

176,00

174,00

172,00
A2 A3 A4 A5 A6 T

170,00
410 425 435 445 480 500

Energie brute (Kcal/100g MS)


Figure 3 : Variation des
prises alimentaires en fonction de la teneur des aliments en énergie brute.

Sur Cette figure on peut constater une augmentation de la consommation avec


l’augmentation de la teneur en énergie puis une diminution lorsque cette teneur
dépasse 435 Kcal/100g. Cependant, cette corrélation reste insignificative du point
de vue statistique.

3. Indice de conversion alimentaire :

63
64

Le facteur de conversion alimentaire ou FC est le rapport entre la prise alimentaire


individuelle (g de matières sèches) et le gain de poids individuel (g)
Les indices de conversion alimentaire moyen obtenus par type d’aliment sont
récapitulés dans le tableau suivant :

Tableau 6
Indices de conversion alimentaire par type d’aliment

A2 A3 A4 A5 A6 Témoin
IC alimentaire 1.147 1.164 1.198 1.147 1.252 1.245

En terme de conversion alimentaire, l’aliment A6 et le témoin présentent les valeurs


les plus élevées, suivis respectivement par les aliments A4, A3, A2 et A5. Les
meilleurs indices sont obtenus avec les aliments A2, A3 et A5. Cependant, le test de
comparaison des moyennes ANOVA I (p<5%), ne permet pas de dire que ces
différences sont corrélées avec le type d’aliment appliqué. De même, le test de
NEWMAN et KEULS et celui de DUNETT classent tous les aliments expérimentaux
dans un même groupe homogène.

1,28
1,26
y = 0,0111x 2 - 0,092x + 1,3459
1,24
R2 = 0,7283
IC alimentaire (g)

1,22
1,20
1,18
1,16
1,14
1,12 T A6 A5 A2 A3 A4

1,10
1,08
98,78 103,3 113,67 121,25 122,89 126,15
126.03
Figure 4 : Variation
Rapport P/E
de l’indice de
conversion
alimentaire en fonction
du rapport P/E des différents régimes appliqués

Les meilleurs indices de conversion sont obtenus avec les aliments dont le rapport P/E se situe entre
113.7 et 122.9. En dehors de ces chiffres, les indices présentent des valeurs plus élevées.

4. Indice d’efficacité protéique et énergétique

L’indice d’efficacité protéique ou IEP est le rapport du gain de poids individuel (en gramme) sur la
quantité de protéine consommée (en gramme de matière sèche).
L’indice d’efficacité énergétique (IEE) c’est le gain de poids individuel (en gramme) par unité d’énergie
consommée (en kcal de matière sèche).
Le tableau 7 représente les indices d’efficacité protéique et énergétique calculés pour les différents
groupes alimentaires.

64
65

Tableau 7
Indice d'efficacité protéique et énergétique des différents aliments
Aliments
Paramètres
A2 A3 A4 A5 A6 T
Gain de poids 136.56 139.15 136.54 136.19 128.02 129.11
Energie consommée (Kcal) 641.82 688.72 710.66 694.98 768.56 803.83
Protéines consommées (g) 77.82 84.64 90.24 79.00 79.42 79.40
IEE (g/Kcal)** 0.21 0.20 0.19 0.20 0.17 0.16
IEP (g/g)* 1.75 1.64 1.51 1.72 1.61 1.63

* Indice d’Efficacité Protéique (g de gain de poids/ g de protéines consommées)


** Indice d’Efficacité Energétique (g de gain de poids / g d’énergie consommée)

a) Indice d’efficacité protéique :

Les plus fortes valeurs sont obtenues avec les aliments A2 et A5, suivies
respectivement par les aliments A3, le témoin et A6. Le plus faible IEP est enregistré
avec l’aliment A4.
Les meilleurs IEP sont obtenus avec les aliments dont le rapport P/E se situent entre 113.67 et 121.25 g de GP/G de
protéines consommées. Le pic de l’IEP est obtenu avec l’aliment A2 (P/E= 121.25).

y = -0,0282x2 + 0,1881x + 1,408


1,80
R 2 = 0,8256
1,75
1,70
1,65
1,60
IEP

1,55
1,50

1,45
T A6 A5 A2 A3 A4
1,40
1,35
98,78 103,3 113,67 121,25 122,89 126,15
126.03
Figure Rapport P/E 5 : Variation de
l’indice d’efficacité
protéique en fonction du rapport P/E des différents régimes appliqués

b) Indice d’efficacité énergétique :

Les valeurs les plus élevées sont obtenues avec les aliments A2 et A5, suivies
respectivement par les aliments A3, A4 et A6. Le plus faible IEE est enregistré avec
l’aliment témoin.

65
66

y = -0,0046x2 + 0,0396x + 0,12


0,25
R 2 = 0,9014

0,20

0,15
IEE

0,10

Figure T A6 A5 A2 A3 A4 6 : Variation de
0,05
l’indice
d’efficacité
0,00 énergétique en
98,78 103,3 113,67 121,25 122,89 126,15
126.03 fonction
Rapport P/E du rapport P/E
des différents
régimes
appliqués.

Entre les rapports P/E, 98.78 et 121.25, l’IEE augmente avec l’augmentation du rapport P/E puis diminue pour les rapports
P/E supérieurs à 121.25.
Qu’il s’agisse de l’IEE ou de l’IEP, le test d’analyse de la variance à un seul critère
de variation (ANOVA 1) n’a pas permis de mettre en évidence de différence
significative entre les régimes testés. D’ailleurs le test de la plus petite amplitude
significative à p<0.05 de NEWMAN et KEULS, classe tous les lots dans un même
groupe homogène.

66
 Deuxième expérience

Dans cette expérience, les résultats obtenus sont récapitulés dans le tableau
suivant :

Cage Bassins
Désignation Unité
Locale Importé Locale Importé Locale Importé
Volume m3 900 900 5 5 5 5
Effectif initial Alevins 59 258 56 041 890 894 891 887
Effectif final Poissons 52 500 53 341 809 845 850 838
Mortalité Poissons 6 758 2 700 81 49 41 49
Poids moyen
intial g 6 4 25,6 25,2 27,0 25,3
Poids moyen
final g 102 105 67,0 67,6 67,5 68,8
Charge initiale Kg/m3 0,40 0,25 4,56 4,51 4,80 4,48
Charge finale Kg/m3 5,95 6,22 10,8 11,4 11,5 11,5
Biomasse initiale Kg 356 224 23 23 24 22
Biomasse finale Kg 5 355 5 601 54 57 57 58
Quantité
d'aliment
consommée Kg 6 143 5 891 53,4 50,6 57,0 49,8
Accroissement Kg 4 999 5 377 33,1 34,6 33,3 35,2
Indice de
conversion Kg 1,23 1,10 1,61 1,46 1,71 1,42
Taux de survie % 89% 95% 91% 95% 95% 94%

Les performances de croissance, de survie et de conversion alimentaire, obtenues


après les premiers mois d’élevage en cages et en bassins, sont légèrement
supérieures chez le lot de poissons nourris avec de l’aliment commercial importé.

Cette différence peut être attribuée à (i) la différence dans la procédure de


fabrication des deux aliments testés (extrusion pour l’aliment importé et pression
pour l’aliment local). A noter que la procédure d’extrusion améliore
significativement la digestibilité des nutriments d’un aliment (ii) la différence très
nette dans la composition en protéines et lipides des deux aliments (45/21 pour
l’aliment importé et 47/14 pour l’aliment local)

V- DISCUSSION
1. Performances de croissance :

A l’exception de l’aliment A6, les valeurs les plus fortes en terme de gain de poids
ont été réalisées avec les aliments locaux ayant un rapport P/E supérieur à
113.67. A noter aussi que malgré que le témoin a été nourris avec un aliment
extrudé, il a montré un gain de poids très modeste comparé aux autres lots dont le
régime est composé d’aliments locaux pressés.

Malgré que l’aliment A3 ne soit pas extrudé, les lots ayant été nourris avec cet aliment, ont réalisé
les plus forts gains en poids individuel (139.15 g), dépassant ainsi l’aliment T avec 129.11g de gain
seulement. A3 est moins énergétique que le T mais c’est l’inverse au niveau du rapport P/E. On
pourrait donc dire que l’excès d’énergie par rapport aux protéines dans le régime affecte les
performances de croissance. L’aliment A6 avec le rapport P/E le plus proche de celui pris comme
témoin (103.3 contre 98.78) a présenté la plus mauvaise performance de croissance par rapport à

68
69
tous les aliments testés et ce, malgré qu’il soit le plus énergétique de tous les aliments locaux
expérimentés. A6 contient la plus forte proportion en lipides. Selon le NRC (1993), l’excès
énergétique d’origine lipidique affecte les performances de croissance et la qualité de la chair. Les
aliments T et A6 contiennent respectivement 22.15% et 18.07% en lipides alors que l’aliment A3
n’en contient que 10.74% .

Winfree et Stickney (1981) indiquent que la croissance des poissons s’améliore lorsque le rapport
Protéine/énergie du régime alimentaire augmente, puis diminue au-delà d’un certain niveau
correspondant aux exigences de l’espèce. Dans le présent travail, nous avons fait la même
constatation, c’est à dire une augmentation du gain de poids avec l’augmentation du rapport P/E
puis une diminution lorsque ce rapport dépasse 122.89 g/Kcal. Certains auteurs Santinha et al.,
(1996) rapportent que l’excès en protéines par rapport à l’énergie dans l’alimentation aboutit à une
diminution de la rétention protéique chez les poissons.

La différence en gain de poids observée entre les aliments T et A6 peut être expliquée par le procédé
d’extrusion qui a joué en faveur du lot témoin.

2. Prise alimentaire :

Divers travaux ont montré que la prise alimentaire est directement liée au niveau de l’énergie
digestible du régime (Page et Andrews, (1973); NRC, 1981). Les poissons ingèrent la quantité
d’aliment nécessaire pour couvrir d’abord leurs besoins énergétiques. Dans le cas du présent travail,
les teneurs énergétiques des régimes varient entre 409.65kcal/100g et 500kcal/100g.

Les différences de prise alimentaire observées entre les lots, malgré qu’elles sont de faibles
amplitudes, montrent que l’aliment A4 avec une teneur énergétique de 435 Kcal/100g (MS)est plus
attractif que les autres aliments qui sont par ordre décroissant, A3 (425 Kcal/100g), T(500
Kcal/100g) , A6 (480 Kcal/100g), A2 (410 Kcal/100g) et A5(445 Kcal/100g).

Etant donné que nous n’avons pas observé de corrélation entre la prise alimentaire et la teneur
énergétique des aliments testés, on pourrait dire que la prise alimentaire chez les poissons n’est pas
seulement conditionnée par la teneur énergétique mais peut aussi varier avec la nature des matières
utilisées comme source d’énergie et la nature des substances attractives utilisées par les fabricants
d’aliments.

3. Conversion alimentaire :

Les meilleures indices de conversion alimentaire sont obtenus avec les aliments A5 , A2 et A3.

L’aliment A6, contenant la plus forte proportion en glucides, présente l’IC le plus haut. Selon Bergot
(1979), Hilton et Atkinson (1982) ; Braude et al., (1994), lorsque le taux d’incorporation des glucides
complexes augmente dans le régime alimentaire, le coefficient d’utilisation diminue.

En terme de conversion alimentaire, les mauvais résultats obtenus avec le témoin, semble indiquer
que le procédé d’extrusion, connu par ses effets positifs sur l’assimilation des nutriments et
l’amélioration de la consistance des aliments, n’a pas joué en faveur du témoin en comparaison avec
les aliments pressés. D’autres facteurs ont pu certainement intervenir, il s’agit notamment de la
nature et de la qualité des matières premières utilisées dans la fabrication de ce dernier.

4. Tentative de classement des aliments testés selon les performances réalisées:

Pour classer les différents régimes selon les performances réalisées (gain en poids,
prise alimentaire et indice de conversion), nous avons attribué à chaque aliment
une note pour chaque paramètre mesuré ou calculé. Cette note tient compte de la
différence existante entre la valeur obtenue avec l’aliment x et celle réalisée avec le
meilleur aliment. La notation finale d’un aliment est la somme des notes obtenues
pour les trois paramètres considérés. Ainsi, pour un aliment donné et un paramètre
donné, la notation a pu être calculée selon la formule :

Na1p1 = k[5*(Va1p1-Vmp1)]/(Vmp1-V0p1]]
Na1p1 : Note de l’aliment a1 pour le paramètre p1
69
70
Va1p1 : Valeur du paramètre p1 pour l’aliment a1
Vmp1 : La meilleure valeur obtenue du paramètre p1
V0p1 : La plus mauvaise valeur obtenue du paramètre p1
k : Coefficient arbitraire (k=2 pour le gain de poids, k=1 pour la
Aliment GP Note/10 PA (MS) Note/5 IC (MS) Note/10 Notation finale
A2 137 7,8 157 0,29 1,147 10,0 3,61
A3 139 10 162 3,90 1,164 8,4 4,49
A4 137 7,7 164 5,00 1,198 5,2 3,58
A5 136 7,4 156 0,00 1,147 10,0 3,49
A6 128 0 160 2,75 1,252 0,0 0,55
T 129 1,0 161 3,10 1,245 0,6 0,94
prise alimentaire et k=2 pour la conversion alimentaire), ces valeurs du coefficient
k dépendent de l’importance du paramètre pour l’éleveur.
5 : La meilleure note attribuée à un aliment pour un paramètre donné.

Tableau 8
Classement des aliments selon les performances réalisées

Ce tableau présente les résultats obtenus pour les différents paramètres considérés auxquels est attribuée une note
pour chaque aliment testé.
La notation finale (voir tableau en haut) a permis de classer les aliments comme suit : l’aliment A3 avec une note de
4.49/5, arrive en tête suivi des aliments A2 (3.61/5), A4 (3.58/5) et A5 (3.49/5) et enfin le Témoin (0.94/5) et l’aliment
A6 (0.55/5).

VI- CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS


Même si les tests statistiques n’ont pas révélé de différences significatives entre les lots ; en terme de
gain de poids, prise alimentaire et conversion alimentaire, 4 sur les 5 aliments fabriqués à partir de
matières premières produites localement, présentent des performances meilleures que l’aliment
commercial importé (Protéines=49.39% , Lipides=22.15% , Glucides=13.40%).
Les meilleurs résultats sont obtenus avec les aliments dont la composition
s’approche le mieux des recommandations de la littérature. En effet, ce sont les
combinaisons : (Protéines=52.3%, Lipides=10.7%, Glucides=16.8%) et
(Protéines=49.7%, Lipides=11.4%, Glucides=15.3%) qui ont donné, les meilleures
performances de croissance et de conversion alimentaire chez le bar élevé dans les
conditions de la présente expérience.

Il existe donc un optimum de teneur en protéines auquel correspond un optimum de teneur en


lipides et tout décalage, en plus ou en moins par rapport à ces valeurs, aura des répercussions sur
la croissance et la conversion alimentaire.

Ce travail expérimental, a permis aussi de montrer la faisabilité de formuler et de


fabriquer des aliments pour poissons marins à partir d’ingrédients disponibles
localement et que ces aliments peuvent être aussi performants que les aliments
commerciaux importés.

70
71
Le deuxième essai mené à échelle pilote a permis d’affirmer que les résultats
expérimentaux obtenus sont extrapolables à échelle semi-industrielle. Ainsi et sur
la base de ces résultats une société privée a déjà initié une production d’aliments
commerciaux pour poissons à partir d’ingrédients locaux.
A la lumière des résultats obtenus et en vue de poursuivre les travaux de recherche dans l’axe de la
formulation des régimes alimentaires pour poissons, nous recommandons :

 D’améliorer le processus de fabrication des aliments en passant à l’extrudé. L’objectif


est de minimiser les impacts négatifs sur l’environnement et réduire les indices de
conversion alimentaire.
 de poursuivre les expériences entreprises en ciblant dans une première phase,
l’optimisation des teneurs en nutriments (Protéines et lipides notamment) ainsi que
les proportions utilisées en matières premières.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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72
73

ESSAI DE CULTURE DE L’HUITRE


JAPONAISE (Crassostrea gigas)
EN SUSPENSION AU LARGE DE
M’DIQ
74
74
ESSAI DE CULTURE DE L’HUITRE JAPONAISE (Crassostrea gigas)
EN SUSPENSION AU LARGE DE M’DIQ

Résumé

Un essai expérimental de culture d’huîtres creuses (Crassostrea gigas) a été menée en pleine mer au
large de M’diq, au cours de la période 2006-2008. Les juvéniles, tous originaires de France, ont été
mis en suspension en eau profonde, à -4m de la surface de l’eau. Les conditions de température
(14-23°C), de salinité (36.6 – 39 ‰ ) et de disponibilité trophique (Chl « a » variant entre 0.3 et 2
mg/m3) se sont révélées favorables à une croissance rapide des huîtres.

Les huîtres, pesant en août 9.1 ± 3.3 g (40,7 mm), atteignent 60.3 ± 13.0 g (96,7
mm) en décembre de la même année, 81.6 ± 16.4 g (95.5 mm) après 9 mois
d’élevage et 129.7 ± 29.7 g (105.4 mm) en moyenne après 19 mois. Le poids de 70 g,
correspondant à classe commerciale 3 sur le marché français, est atteint au bout de
8 mois d’élevage. La croissance s’accélère en automne (K = 0.638) et printemps (K =
0.102), se ralenti en hiver (K = 0.042) et s’arrête complètement en été (K proche de
zéro). Ces variations de la croissance sont liées à l’âge, l’état physiologique des
huîtres ainsi qu’aux fluctuations des conditions de température et de disponibilité
trophique du milieu.

La mortalité mensuelle des huîtres est faible en général (inférieure à 2%), excepté pour le premier
mois, où elle atteint 6.6% . Cette mortalité survient surtout chez les jeunes et semble être le résultat
d’une faible tolérance des jeunes vis-à-vis des fluctuations environnementales. Très peu de
mortalités sont observées les mois suivants, excepté en octobre où la mortalité avoisine 1.5% . A la
fin de la première année, la mortalité cumulée a été de l’ordre de 10% et a atteint 14.4 % au terme de
19 mois d’élevage.

De point de vue aspect extérieur, 97.5% des huîtres présente un IF supérieure ou égal à 0.25 et par
conséquent une forme adéquate pour le marché.

Mots clés : Huître japonaise, croissance, mortalité, indice de forme.

I- INTRODUCTION :

Au Maroc, la production d’huîtres (Crassostrea gicas) est assurée par sept exploitations installées à
Oualidia et quatre dans la baie de Dakhla., toutes situées sur la façade atlantique. En 2007, ces
exploitations ont totalisé une production de 362 tonnes dont 164 t produites à Oualidia et 198 t à
Dakhla (Département des Pêches Maritimes, 2007). Les naissains sont tous originaires de France ou
d’Angleterre et la production marchande est destinée uniquement au marché local.

Toutefois, l’ostréiculture marocaine est restée limitée et traditionnelle malgré l’existence d’atouts
considérables pour son développement : (qualité d’eau exceptionnelle, upwelling et richesse
phytoplanctonique abondante, main d’œuvre disponible, sites propices, marchés porteurs aussi bien
au niveau national qu’international,…).

Sur la côte méditerranéenne marocaine, les premiers essais d’élevage de l’huître plate (Ostrea edulis),
ont été menés dans la lagune de Nador entre la fin des années quatre vingt et le début des années
quatre vingt dix. Le choix a porté sur Ostrea edulis en raison de sa présence en bancs naturels dans
cette lagune et aussi en raison de sa valeur marchande plus élevée à l’export. Cependant, ces essais,
ont dû être définitivement arrêtés suite à l’infestation massive des huîtres par Marteilia refringens,
parasite de la glande digestive chez cette espèce (Talbaoui et al. 2009 – en cours).

En 1997, des essais d’élevage de l’huître japonaise ont été entrepris dans la baie de Dakhla, en eau
profonde, avec du naissain de deux origines (Berraho et al. 1998). Les résultats obtenus ont permis
de constater la faisabilité biologique de ces élevages et ont montré des performances exceptionnelles
en terme de croissance (80 g en 10 mois) et de survie (92%). Entre 2002 et 2006, 4 fermes
ostréicoles ont été créées dans la baie de Dakhla, totalisant actuellement une production de 200
tonnes environ par an.
74
75

Par ailleurs, la zone maritime située entre Fnideq et Azla est devenue, actuellement un pôle
d’attraction pour les investisseurs dans le domaine de l’aquaculture en général et la conchyliculture
en particulier. En témoigne le nombre élevé de demandes d’autorisation déposées auprès de
l’administration centrale, pour la création de fermes aquacoles. En effet, les études réalisées
antérieurement par l’INRH dénotent de l’existence d’un potentiel réel pour le développement de cette
activité dans la région.

Ainsi et en l’absence de données scientifiques et techniques sur l’élevage des bivalves sur la côte
méditerranéenne marocaine, une première action a été initiée en 2006 par le Centre Spécialisé en
Aquaculture INRH/M’diq et porte sur l’étude de la croissance et des mortalités chez un lot d’huîtres
japonaises, mis expérimentalement en élevage au large de M’diq.

Les objectifs fixés pour ce premier travail est de démontrer la faisabilité biologique de l’élevage des
huîtres dans la baie de M’diq, évaluer leurs performances de croissance et de survie et comparer ces
performances avec celles obtenues dans d’autres sites marocains et étrangers.

75
76
II- PRESENTATION DU SITE D’IMPLANTATION :

II-1 Situation géographique

La baie de M’diq est située sur la côte Ouest de la Méditerranée marocaine, et s’étend entre le cap
Sebta (35°54' N, 5°17'10" W) au Nord et le Cap Negro ou « Taifour » (35°40' N, 5°16'40" W) au Sud.
Elle est largement ouverte sur la mer sur une longueur de 23 Km environ et est limitée à l'Est par la
Méditerranéenne et à l'Ouest par la chaîne du Rif.

ESPAGNE
Sebta

Baie d’Algesiras

Détroit de Gibraltar
Baie de
Méditerranée M’diq
Tanger
que
i
lant

M’diq
t
an A

Cap Negro
Océ

Larache

Ksar El Kbir

MAROC
Lieu d’implantation

Figure 1 : Situation géographique du site d’implantation

II-2 Sédimentologie et nature des fonds

L’étude sédimentologique réalisée par l’INRH en 1997 dans la baie de M’diq a montré que les sables
occupent la bordure littorale jusqu’à la profondeur 26 m. Au delà de cette profondeur (de 26 à 70
m), les sables coquilliers et les coquilles constituent le faciès dominant (figure 3) (Lakhdar et al.
2001a).

II-3 Bathymétrie

Les isobathes sont parallèles à la côte entre Fnideq et Cap Negro. L’isobathe 20m
est très proche du rivage (figure 2). Les courbes bathymétriques entre le rivage et
les isobathes 1, 2, et 3m sont irrégulières et sinueuses, alors qu’au delà, elles sont
dans l’ensemble régulières et parallèles au rivage, avec une orientation générale
subrectiligne NNW-SSE. Les fonds marins fortement sableux descendent en pente
très douce et peu variable d’environ 1,25 % en moyenne (EL Moutchou, 1995).

76
77
II-4 Hydrologie

Les températures de l’eau, variant entre 14 et 23°C, sont toujours favorables à la croissance et à
l’élevage d’une large gamme d’espèces de mollusques et de poissons. Les eaux sont bien oxygénées et
les salinités montrent de faibles variations au cours de l’année (36.6 – 39 ‰). Les teneurs en
Chlorophylle « a » varient en générale entre 0 et 2 mg/m3 avec des pics pouvant atteindre plus de 4
mg/m3, en hiver. (Données issus du suivi réalisé par le Centre Spécialisé en Aquaculture INRH-
M’diq).

La richesse nutritive de cette zone prouve une origine profonde par un upwelling probablement de
même nature que celui observé le long des côtes atlantiques marocaines en période estivale (Minas,
1983). Ajouté à ceci l’influence des eaux d’Upwelling qui s’épanouissent de manière permanente au
voisinage de Cap Sparlel et qui, sous l’effet du mouvement général des eaux au niveau du détroit,
sont entraînées dans la région (Allain , 1964 et Furnestin, 1959)

L’alimentation en eau douce est assurée par deux Oueds. Le premier est oued Negro
(au Nord de la baie) dont le régime n’est actif qu’en période de fortes précipitations.
Le deuxième est oued Smir, situé au Sud, dont le régime hydrographique est
irrégulier et permanant durant toute l’année. Ces deux oueds entretiennent une
vive érosion dans le domaine interne du rif aux forts reliefs (EL Gharbaoui, 1981).
II-5 Hydrodynamisme

La houle :

L’application des méthodes prévisionnelles des houles permet de constater que les houles de l’Est
peuvent atteindre une amplitude significative de 6,50 m avec une période moyenne de 7 à 8
secondes (pour des vents de 60 km/h qui soufflent pendant 23 h sur un fetch de 30 miles
nautiques).

La marée :

Elle est de type semi-diurne. A Ceuta son amplitude est en moyenne de 81 cm en vive eau et 33 cm
en morte eau.

Les courants :

Au voisinage du Cap Negro les courants sont forts et forment des remous jusqu’à 1 mile au large. En
général, s’ajoute le courant de marée qui porte au Nord-Ouest au flot et au Sud-Est au jusant.

L’expérience s’est déroulée dans une zone située au pied du Cap Negro, au sud de
la baie (35° 41,392 N – 5° 18,075 W), de fond sablo-coquillier et de 20 m mètres de
profondeur.

77
78

Figure 2: Bathymétrie Figure 3: Nature des fonds

III- ANALYSE DES FACTEURS DU MILIEU :

Au cours de ce travail, ont été mesurées : la température, la salinité et la teneur en


chlorophylle « a » de l’eau. Seuls les échantillons de surface ont été considérés. Pour
chaque mesure, la température instantanée de l’eau a été mesurée au 1/10ème de
degré au moyen d’un thermomètre digital Testo 110. La salinité a été mesurée au
moyen d’un réfractomètre manuel Atago. Les prélèvements d’eau (1.5litres),
destinés au dosage de la chlorophylle « a » et des phéopigments, sont filtrés sur
filtre en microfibres de verre type Whathman GF/F, à pore de 0.47 µm. L’extraction
a été réalisée à l’acétone 90%, selon la méthode de Lorenzen (1967). Les mesures
d’absorbance ont été effectuées aux longueur d’onde : 665 et 750 nm, au moyen
d’un spectrophotomètre HITACHI-2000A.

Les données quotidiennes sur le climat, à savoir : la température de l’air, les


précipitations et la vitesse du vent sont reprises du réseau de mesures gérées par la
station météorologique de Sania Ramel de Tétouan.

IV- PROTOCOLE EXPERIMENTAL

942 juvéniles d’huîtres creuses (Crassostrea gigas) de 40.7 ± 2.6 mm de taille ont
été répartis dans 8 caisses en plastique grillagé de 563710 cm de dimensions, à
raison de 117 individus par caisse, puis suspendues à environ 4 mètres de la
surface de l’eau. 4 mois après, la densité des huîtres a été réduite à 50
individus/caisse par dédoublement de tout le lot. Environ tous les mois, un
échantillon de 40 individus est prélevé à chaque fois, de manière aléatoire. Sur
chacun des individus prélevés, la longueur dorso-ventrale et le renflement sont
mesurés au mm près, à l’aide d’un pied à coulisse digital (Mititoyo Digimax CD-15).

78
79
Le poids total est estimé à 0.1 g près à l’aide d’une balance électronique (Denver
XP 3000.1). La mortalité est déterminée mensuellement sur l’effectif total.

Pour déterminer le taux de survie, on procède au comptage de toutes les huîtres vivantes avant la
mise en élevage et à chaque opération d’échantillonnage on dénombre les huîtres mortes ainsi que
tous les individus vivants présents dans les caisses. Pour un intervalle de temps donné, le taux de
survie est déterminé comme étant le rapport entre l’effectif des huîtres vivantes comptées à la fin de
cet intervalle et le nombre initial d’huîtres vivantes mises en élevage. Le taux mensuel de mortalité
(TMM) dans cet intervalle est calculé selon la formule suivante :
TMM = (Mt/Ni . 30/∆t)

Mt = nombre d’huîtres mortes comptées le jour de l’échantillonnage ;


Ni = nombre total d’huîtres vivantes comptées au début de l’intervalle de temps considéré ;
∆t = le nombre de jours de l’intervalle.

Pour évaluer si les huìtres présentent une forme adéquate, répondant aux exigences du marché, la
longueur dorso-ventrale et l’épaisseur de chaque individus ont été mesurées à la fin de l’expérience
et l’indice de forme (IF) calculé selon la formule proposée par Brake et al., (2003).

IF = Renflement / longueur dorso-ventrale

La forme des huîtres est adéquate pour le marché quand leur IF est au minimum égal à la valeur
seuil de 0.25.

Figure 4 : Structures d’élevage utilisées

V- RESULTATS

IV-1 Paramètres environnementaux enregistrés au cours de la période d’étude :

- Données climatiques :

Sur les figures 5 et 6, sont représentées les variations mensuelles des précipitations, de la
température de l’air et de la vitesse des vents entre août 2006 et février 2008.

Ces données montrent que le climat de la région, reste marqué


par l’existence de deux saisons, une saison pluvieuse et humide
d’octobre à mai et une autre sèche de Juin à Septembre. La zone
enregistre un cumul pluvial dépassant 700 mm par an. Au cours de la
période d’étude, les pics de pluviométrie (> 100 mm) ont été enregistrés
les mois de novembre 2006 (108 mm), novembre 2007 (227 mm) et
250

février 2008 (106 mm).


200

150

79
100
80

27

22

17

12

7
a o ût-06 o c t-06 dé c -06 fé vr-07 a vr-07 juin-07 a o ût-07 o c t-07 dé c -07 fé vr-08
Figure 5: Evolution de la pluviométrie
M o is
et des moyennes mensuelles
de la température de l’air durant la période : août 2006
à février 2008.
Les températures moyennes de l’air varient entre 13,3 et 26.5°C, avec un minimum de 8°C enregistré
en janvier et un maximum de 29.9°C en août.

Comme a été évoqué par le L.P.E.E, (1987) in Orbi et al. (1997), la zone est gouvernée par des vents
soufflant principalement du secteur Nord-Est à Est-Nord-Est (Cherqui) et sont d’origine
méditerranéenne durant la période comprise entre mai et octobre. D’octobre à février, les vents
(Gharbi) proviennent du secteur Ouest au Sud Ouest et sont d’origine atlantique. Un régime
équilibré entre les vents des secteurs E-N-E et W-S-W s'installe de Mars à Avril. Les vitesses
moyennes des vents, enregistrées entre août 06 et février 08 variaient entre 10.3 et 19.2 Km/h. Ces
vents peuvent temporairement être assez violents et atteindre des vitesses de 50 à 90 Km/h, surtout
en février – mars et novembre – décembre.

30

25

20

15

10

0
ao ût-0 6 o ct-0 6 d éc-0 6 févr-07 avr-07 juin-07 août-0 7 o ct-0 7 d éc-0 7 févr-0 8 avr-0 8 juin-0 8 ao ût-0 8 o ct-0 8

M o is
Figure 6 : Evolution de la vitesse moyenne du vent durant
la période : août 2006 à février 2008

- Données hyrobiologiques :

L’évolution des températures et salinités au cours de cet essai expérimental est représentée dans la
figure 7.

80
81
Les températures moyennes mensuelles varient entre 16.0°C enregistrée en
janvier 2007 et 21.9° en septembre. Les valeurs extrêmes relevées sont de 15.1 °C
en janvier 07 et février 08 et 23.2 °C en septembre 07. Comparativement aux
années antérieures, cette période se caractérise par des hivers particulièrement
cléments, avec des températures fluctuant entre 15 et 18°C. Les températures
enregistrées au printemps (15.6 à 20.1 °C) et été (21.6 à 23.2°C) restent
relativement plus élevées par rapport à celles relevées les années précédentes.
Les moyennes mensuelles de la salinité varient entre 35.9‰ et 38,0‰, avec un
minimum de 33‰ enregistré en novembre 2006 et un maximum de 38‰ relevé en
décembre de la même année. Les baisses de salinité sont notées surtout en
automne et en début d’hiver et font généralement suite aux fortes précipitations que
connaît la région en cette période.

25

23

21

19

17

15

13
a o ût-06 o c t-06 dé c -06 fé vr-07 a vr-07 juin-07 a o ût-07 o c t-07 dé c -07 fé vr-08
M o is

39

38

37

36

35
a o ût-06 o c t-06 d éc -06 févr-07 avr-0 7 juin-07 ao ût-07 o c t-07 déc -07 fé vr-08

Figure 7: Evolution des moyennes


M o is mensuelles des températures
et des salinités à M’diq de août 2006 à février 2008.

L’évolution des teneurs en Chlorophylle « a » et phéopigments est représentée dans la figure 8.


81
82

La période, mai 2007 à novembre 2008, se caractérise par des teneurs en Chorophylle « a » fluctuant
en général entre 0 et 2 mg/m3, avec des pics relativement élevés en automne (1.9 mg/m3) et moyens
au printemps (1.3 mg/m3). Le maximum de teneur en Chl. « a » a été enregistrée en février 2008
avec une valeur voisine de 4 mg/m3. Par contre, en été, les teneurs en chlorophylle « a » ne
dépassent guerre 0.8 mg/m3.

Globalement, les phéopigments suivent une évolution similaire à celle des teneurs en chlorophylle
« a » mais avec des valeurs généralement plus faibles.

M ois

Chl"a" Phéop.

Figure 8 : Evolution des teneurs en chlorophylle « a » et phéopigments


à M’diq de mai 2007 à novembre 2008.

IV-2 Croissance :

- Croissance linéaire :

Dans le présent travail, seuls la longueur dorso-ventrale et le poids total ont été retenus pour définir
la croissance des huîtres creuses dans la baie ouverte de M’diq.
L’évolution saisonnière des longueurs moyennes est représentée dans la figure 9.

140

120

100
Longueur moy. (mm)

80

60

40

20
dé b 6

dé mb 07
b 6

b 7
no b 6

m 06

ill 7

no tob 7

m 07
av 07

m 7
ju 7
nv 06

se ao 07

nv 07
ie 7

ie 8
m -07

08
em t- 0

em - 0
-0
0

ju - 0

0
-0
0

f é r-0
f é r-0

-
o c r e-

ce re -

o c r e-

ce re -
s-

l-
ja re -

ja re -

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in

et
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pt o û

pt û
ri
ar

ie
ie
b

b
vr

vr
o
a

m
t
se

Mois

Croissance linéaire (mm) Moy. mobile sur 3 pér. (Croissance linéaire (mm)) 82
83
Figure 9 : Evolution des longueurs moyennes des huîtres à M’diq
durant la période : août 2006 à février 2008.
Mesurant 40.7 ± 7.2 mm en août 2006, les juvéniles augmentent très rapidement
de taille pour atteindre en décembre de la même année 96.9 ± 11.9 mm, soit un
gain de plus des deux tiers de l’accroissement totale observée, réalisée en 4 mois
seulement. Par la suite, la croissance évolue beaucoup plus lentement, mais avec
une dispersion des tailles allant en augmentant et des fluctuations importantes, ne
permettant pas de mettre clairement en évidence les éventuelles variations
saisonnières de la croissance moyenne. Cependant, si effectivement cette
saisonnalité existe, l’emploi de la technique de tendance par l’utilisation d’une
moyenne mobile d’ordre 3 (figure 9), pourra la faire apparaître et ceci tout en lissant
les variations intra saisonnières, pour des périodes inférieures à 3 mois.
Cette saisonnalité apparaît encore plus clairement dans la figure 10, représentant
l’évolution des taux relatifs des accroissements. Sur cette figure, on peut constater
que la croissance moyenne en longueur est particulièrement rapide au cours des 4
premiers mois d’élevage, puisque les taux d’accroissements réalisés en cette période
de fin été et automne, sont à leur maximum (0.345 et 0.325 respectivement.). A
partir de décembre et jusqu’à la fin de l’élevage, les accroissements s’affaiblissent et
suivent, en quelques sortes, la fonction exponentielle qui lie la taille et le temps.

0,40

0,35

0.345
0,30 0.325

0,25

0,20
TRC

0,15

0,10

0,05

0.040
0,00 0.022
0.016
-0.008
-0,05

-0.060
-0,10
6

7
em 06

em 07
6

7
06

av 7

ju 7

nv 07
07

07

08

08

Figure 10 : Fluctuations saisonnières des accroissements relatifs


-0

-0
oc e-0

-0

oc e-0
-0

-0

-0
l -0

-0
pt ût-

t-
s-
e-

-
r-

r-

r-

r-
no bre

no bre
dé br e

ai

et

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in

e
s e ao û
ri
ar
br

br
ie

ie

ie

ie
br

br
m

ill
ao

nv

vr

vr

en longueur dorso-ventrale
to

to
m
m

m
m

m
ju


ve

ve
ce

ce
ja

ja
pt
se

Mois
Les accroissements négatifs notés en début d’automne et en hiver, résultent de
l’érosion des coquilles suite aux mouvements des huîtres à l’intérieur des caisses,
lors des tempêtes. Ces érosions affectent essentiellement la couche de coquille
récemment formée qui est une fine lamelle non consolidée, fragile et très facile à
briser.
En 2007, on peut noter aussi l’existence de deux périodes de croissance linéaire: la
première se situe entre « février » et juin (printemps) et la seconde entre octobre et
décembre (automne). En été, alors que les huîtres sont en pleine période de
maturation et ponte, la croissance en longueur est quasiment nulle.

83
84

0,40
0,35
0,30
0,25
0,20
0,15
TRC

0,10
0,05
0,00
-0,05
-0,10
-0,15
m 06
b 6

b 7

dé b 7
ill 7
no ob 6

m 06

av 07

ju 07

no ob 7

m 07
m 7

se ao 7
nv 06

nv 07
7

8
ar 7

08
em - 0

em - 0

m 0
ju - 0
0

0
0

-0
fé r-0

fé r-0
v e re -

v e re -
oc re-

ce re-

s-

oc re-
l-

ce re-
ja re-

ja re-
r-

r-
pt o ût

pt ût
ai

in

et
ri
ie

ie
ie

ie
dé b

b
vr

vr
m
a

t
se

Figure 11: Variations mensuelles des


Moisaccroissements relatifs
de la coquille

- Croissance pondérale :
La croissance pondérale, représentée dans la figure 12, est caractérisée par une
variabilité individuelle assez élevée avec des coefficients de variation dépassant en
générale 20%. Cette variabilité est liée notamment à la différence dans la vitesse de
croissance entre individus. Les fluctuations de la croissance pondérale moyenne ne
sont pas aussi accentuées que celles de la croissance linéaire.
Les huîtres, pesant en début du mois d’août 9.1 ± 3.3 g (40,7 mm), atteignent 60.3
± 13.0 g (96,7 mm) en mi décembre de la même année, 81.6 ± 16.4 g (95.5 mm)
après 9 mois d’élevage et 129.7 ± 29.7 g (105.4 mm) en moyenne après 19 mois. Le
poids de 70 g, correspondant à classe commerciale 3 sur le marché français, est
atteint au bout de 8 mois d’élevage.
Dans la baie de M’diq et comme illustré dans la figure 12, la croissance pondérale
des huîtres montre des phases d’accélération alternées avec des phases de
ralentissement ou même d’arrêt ou chute de la croissance.
Le faible taux de croissance noté au cours du premier mois d’élevage est
probablement lié à l’adaptation des juvéniles aux conditions du milieu, ainsi qu’aux
faibles teneurs de l’eau en Chl. « a » (phytoplancton).
La croissance s’accélère entre septembre et décembre (K = 0.638) (Automne), se
ralenti ensuite entre décembre et « février » (K = 0.042) (hiver) puis s’accélère à
nouveau entre avril et juin (K = 0.102) (Printemps). Cependant, entre juillet et
septembre, la croissance s’arrête complètement (K proche de zéro) (Eté) et ne
reprend qu’à partir du mois suivant.

84
85

1 80

1 60

1 40

1 20

1 00
Poids total (g)

80

60

40

20

0
06
06

07

07
br 6

br 7
nv 0 6

br 7

nv 0 7
br 6

av 07

ill 7

7
vr 0 7

m 7

8
m 07

08
em t- 0

em t- 0

0
ju - 0
-0

-0
0

f é r-0
e-

v e r e-

e-

v e re -
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l-
-

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ar
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ie

ie
no ob

no tob
b

b
s e ao
ju

vr
m
m

m
a


oc

oc
ja

ja


se

Mois
Figure 12 : Croissance pondérale moyenne chez les huîtres à M’diq
durant la période : août 2006 à février 2008.

On notera également que, durant l’année 2007, les périodes de croissance en poids sont au nombre
de trois : (i) une période de croissance accélérée en automne et printemps (ii) une période de
croissance ralentie en hiver et (iii) une période de croissance quasi-nulle en été chez les huîtres
adultes (voir figure 13)

0,800
0.723
0,700

0,600

0,500
TIC

0,400 0.388

0,300

0,200

0102 0.088
0,100
0.042 0.029
0.004
0,000
dé mb -0 6

dé mb -07
06

07
no ob 6

ill 7

no ob 7
b 6

av - 07

b 7
m 07
ju -07

se a -0 7
i 6

i 7
vr 0 7

vr 0 8
m -0 7

08
ju n- 0

0
0

m -0

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pt o û

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ri
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ie

ie
i
a

t
se

Mois

Figure 13: Fluctuations saisonnières du taux instantané de croissance


du poids total

85
86

0,80

0,70

0,60

0,50

0,40
TIC

0,30

0,20

0,10

0,00

-0,10
A S O N D J F M A M J J A S O N D J F
Mois

Figure 14: Taux instantané de croissance mensuel (G30)


du poids total

IV-3 Mortalité :

La figure 15 représente l’évolution de la survie et des mortalités mensuelles des huîtres ayant fait
l’objet du présent travail.

100 7

6
Taux mensuel de mortalité (%)

95
5
Taux de survie (%)

4
90
3

2
85

80 0
6

av 7

7
6

06

06

fé 7

07

fé 8
07

no 7
ja 6

ja 7

8
7

07

-0
-0

-0

0
-0

-0

-0

-0
-0

-0

-0
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s-

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c-

c-
il-
ût

ût
ai
nv

nv
pt

in

pt
vr

vr
oc

oc
ar
no


ju
m
ao

ao
se

se
ju
m

Mois
Figure 15 : Evolution Tdu taux de survie
aux de survie
et des taux mensuels de mortalités
T aux mensuel de mortalité
des huîtres pendant la période de août 2006 à février 2008

La mortalité mensuelle des huîtres est faible en général (inférieure à 2%), excepté pour le premier
mois, où elle atteint 6.6% . A la fin de la première année, la mortalité cumulée a été de l’ordre de 10%
et a atteint 14.4 % au terme de 19 mois d’élevage.

86
87
L’évolution de la survie montre une chute brutale au cours du premier mois d’élevage suivie d’une
diminution progressive entre octobre et décembre 2006. Par la suite, le taux de survie se maintient
au voisinage de 90% jusqu’au mois d’août 2007, puis amorce à nouveau une diminution progressive
à partir de septembre avant d’atteindre 85.6% en fin d’élevage.

IV-4 Indice de forme :

La figure 16 représente la répartition selon l’indice de forme (IF) défini par Brake et al. (2003), de la
population d’huîtres en février 2008. Pratiquement la quasi-totalité des huîtres (97.5% ) présente un
IF supérieure ou égal à 0.25 et par conséquent une forme adéquate de point de vue acceptation sur
le marché.

45

40

35

30

25

20

15

10

0
0,20 - 0,25 0,25 - 0,30 0,30 - 0,35 0,35 - 0,40 0,40 - 0,45 0,50 - 0,55 0,45 - 0,50
Classe (IF)

Figure 16: Distribution de la population d’huîtres selon l’Indice


de forme

En effet sur 120 individus prélevés de manière aléatoire en février 2008, trois seulement ont
présenté un IF inférieur à 0.25, soit 2.5% de la population échantillonnée.

V- DISCUSSION

La croissance et les mortalités chez les huîtres creuses (Crassostrea gigas) ont fait l’objet de
nombreux travaux scientifiques, en raison de leur importance dans la prévision et la programmation
de la production en ostréiculture. Ces travaux ont été réalisés, en majeure partie, dans des
conditions hydrologiques et techniques très diverses. Dans le tableau qui suit, sont récapitulés, les
résultats de quelques travaux expérimentaux effectués en milieu naturel, abritant ou non une
activité d’ostréiculture. Dans la dernière colonne de ce tableau, sont représentées, pour
comparaison, les données concernant M’diq. Il faut souligner que ces données ont été déterminées
par calcul à partir de la courbe de croissance pondérale, en tenant compte des mêmes conditions de
poids initial et de durée, que les expériences réalisées dans les autres sites.

Les performances de croissance obtenues à M’diq sont exceptionnelles, dépassant largement celles
obtenues dans d’autres localités. En effet, mises en élevage à un poids moyen initial de 9.1 g, les
huîtres atteignent 92.2 g en 10 mois et 129.9 g en 19 mois d’élevage.

Pour un poids initial de 5 g, les huîtres élevées à M’diq atteignent 99.8 g après 12 mois d’élevage.
Cette performance dépasse celle obtenue par Berthome et al. (1986) (32 g) à Marennes-Oléron

87
88
(France) et Askew (1972) (55 g) en Grande Bretagne. De même, pour une durée de 8 mois et un
poids initial de 10 g, les huîtres atteignent 73.4 g à M’diq et seulement 62 g en Galice (Espagne)
(Iglesias et al. 2005). En 12 mois d’élevage, les huîtres, pesant initialement 12 g atteignent 95 g à
M’diq, contre 80 g à Oualidia (Shafee et Sabatie 1986).

Auteurs Site PT initial Durée PT final PT comparable à M'diq

Marennes-
BERTHOME et al., 1986 Oléron 5g 12 mois 32 g 99,8 g

(France)

(surélèvation)

ASKWE, 1972 Grande Bretagne 5g 12 mois 55 g 99,8 g

IGLECIAS et al., 2005 Galice (Espagne) 10 g 08 mois 62 g 73,4 g

(suspension)

SHAFEE et SABATIE,, 1986 Oualidia (Maroc) 12 g 12 mois 80 g 95 g

(Surélèvation)

BERRAHO et al., 1997 Dakhla (Maroc) 06 g 10 mois 80 g 82 g

(Suspension) (27,7 mm)


Tableau 1
Comparaison des performances de croissance obtenues dans différents
sites conchylicoles avec celles observées à M’diq.

Par contre, les résultats de croissance obtenus à M’diq sont similaires à ceux décrits par Berraho et
al. (1997) chez les huîtres élevées dans la baie de Dakhla.

Ces performances de croissance exceptionnelles sont certainement liées aux conditions


hydrobiologiques favorables et à la richesse nutritive du milieu. En effet, dans la baie ouverte de
M’diq, les températures de l’eau, variant en général entre 14°C et 23°C, sont favorables à la
croissance des huîtres et de nombreuses autres espèces de bivalves. Les eaux sont bien oxygénées et
les salinités montrent de faibles variations (36.6 – 39 ‰).
Les teneurs en Chlorophylle « a » varient en général entre 0 et 2 mg/m3 avec des pics pouvant
atteindre plus de 4 mg/m3, en hiver. Ces valeurs dénotent d’une production phytoplanctonique
moyenne, similaire à celle observée à Dakhla. Cependant, aucune corrélation n’a pu être mise en
évidence entre les teneurs en Chlorophylle « a » et les taux de croissance observés. Cette constatation
a été rapportée aussi par Rharbi et al. (2003), Bodoy et al.(1992), Bayne et Newell, (1983) dans leurs
travaux, réalisés dans des conditions naturelles. La chlorophylle « a » n’est qu’un indicateur
quantitatif global de la fraction trophique du milieu mais ne fourni que peu d’information sur la
diversité des communités phytoplanctoniques. Certaines de ces communités peuvent dans certains
cas, même si elles sont abondantes dans le milieu, ne pas conduire à une bonne croissance chez les
huîtres (Malham S.K. et al., 2008). King et al. (2006) ont enregistré des teneurs en chlorophylle « a »
et en silicates, indiquant une forte disponibilité en nourriture, mais c’étaient dues essentiellement à
une concentration élevée en une espèce de dinoflagellé Prorocentrum micans, source nutritionnelle
très pauvre pour les huîtres.

Par contre, dans les conditions expérimentales, à l’échelle du laboratoire, il a été clairement
démontré que la quantité de nourriture disponible dans le milieu constitue un facteur essentiel pour
la croissance et la maturation gonadique chez les bivalves (Bodoy et al., 1992).

Cette richesse nutritive de la baie, dont témoigne aussi la présence d’importants gisements naturels
de bivalves (coques, vernis, moules, pétoncles, petites praires, haricots de mer,...), prouve une
origine profonde par un upwelling probablement de même nature que celui observé le long des côtes
88
89
atlantiques marocaines en période estivale (Minas, 1983). Ajouté à ceci l’influence des eaux
d’Upwelling qui s’épanouissent de manière permanente au voisinage de Cap Sparlel et qui, sous
l’effet du mouvement général des eaux au niveau du détroit, sont entraînées vers la partie
occidentale de la Méditerranée marocaine (Allain, 1964 et Furnestin, 1959). La pluviométrie dans la
région (800 mm en moyenne par an) est aussi à prendre en considération car elle contribue, par les
apports continentaux qu’elle entraîne, à l’enrichissement du milieu en éléments nutritifs nécessaires
à la prolifération phytoplanctonique.

Dans les conditions naturelles, plusieurs facteurs sont susceptibles d’agir sur la croissance mais
leur effet reste difficile à estimer, en l’absence d’une approche globale de type modélisation (Bodoy et
al., 1992). Les paramètres physico-chimiques du milieu, notamment la température et la salinité
(Brown et Artwick, 1988), la disponibilité de la nourriture avec ses différentes composantes (Bodoy et
al.1992, Brown et Artwick 1988, Rharbi et al. 2003, Berthome et al. 1986), La quantité des matières
en suspension dans l’eau (Maalouf et Breeze, 1977), la courantologie (Berthome et al. 1986) et la
compétition intra et interspécifique (Bodoy et al.1992) sont les principaux facteurs ayant un effet
significatif sur la croissance. Ces facteurs sont soumis par ailleurs aux fluctuations des conditions
naturelles, ce qui rend encore plus délicate l’interprétation des résultats observés (Whyte et al..
1990).

Dans le présent travail, les taux de croissance les plus élevés sont enregistrés au
cours des 4 premiers mois d’élevage et sont tout à fait classiques chez les jeunes
huîtres.
Les meilleurs taux de croissance sont enregistrés en automne et printemps où les conditions de
température et de disponibilité en nourriture sont favorables à la bonne croissance. Le léger
fléchissement observé en hiver, en dépit d’une charge trophique adéquate, est probablement lié à la
baisse des températures (15-16°C) durant cette saison. Hall (1984) a élaboré chez C. gigas un
modèle de croissance à régression multiple où il lie le taux instantané de croissance avec le poids
initial et la température de l’eau. Selon Brown (1986), le taux instantané de croissance en longueur
est significativement corrélé avec la taille initiale, la température, la salinité et la biomasse
phytoplanctonique.

L’arrêt total de la croissance pondérale observé en été, est très probablement lié à l’émission des
gamètes et à la faible disponibilité trophique durant cette période. Ce résultat rejoint celui décrit par
Berthome et al. (1988), Bodoy et al. (1992), Brown et Artwick (1988) et Rharbi et al. (2003).

Concernant la longueur dorso-ventrale, les accroissements négatifs notés en début


automne et hiver, résultent de l’érosion des coquilles suite aux mouvements des
huîtres à l’intérieur des caisses lors des tempêtes. Ces érosions affectent
essentiellement la couche de coquille récemment formée qui est une fine lamelle
non consolidée, fragile et très facile à briser. Berthome et al., (1988) ont fait la
même constatation chez des lots d’huîtres élevées en surélévation dans le bassin de
Marennes-Oléron.

La mortalité mensuelle des huîtres est faible en général (inférieure à 2%), excepté pour le premier
mois, où elle atteint 6.6% . Cette mortalité survient surtout chez les jeunes et semble être le résultat
comme l’ont rapporté aussi Brown et Artwick (1988) et Askew (1972) d’une faible tolérance des
jeunes vis-à-vis des fluctuations environnementales. Très peu de mortalités sont observées les mois
suivants, excepté en octobre où la mortalité avoisine 1.5% . A la fin de la première année, la mortalité
cumulée a été de l’ordre de 10% et a atteint 14.4 % au terme de 19 mois d’élevage. Ces taux de
mortalités sont similaires à ceux décrits par Guerra et al. (1995), Iglesias et al. (2005) dans les
« rias » galiciennes (15% au terme de 18 mois d’élevage) et Mazuecos et Lopez (1986) dans la zone
sud ouest de la péninsule ibérique. En 10 mois d’élevage, la mortalité cumulée obtenue à Dakhla par
Berraho et al. (1997) a été de l’ordre de 8% contre 10% enregistré à M’diq.

L’évolution de la survie montre une chute brutale au cours du premier mois d’élevage, suivie d’une
diminution progressive entre octobre et décembre 2006. Par la suite, le taux de survie se maintient
au voisinage de 90% jusqu’au mois d’août 2007, puis amorce à nouveau une diminution progressive
à partir de septembre avant d’atteindre 85.6% en fin d’élevage. D’après Dickie et al.. (1984), la
survie chez les bivalves, est déterminée essentiellement par les facteurs génétiques car ce sont en
effet ces facteurs qui définissent la capacité des populations à s’adapter ou à résister aux
fluctuations environnementales extrêmes.
89
90

De point de vue acceptation commerciale, celle-ci a été évaluée en appliquant la formule de Brake et
al. (2003), se basant sur la relation existant entre le renflement et la longueur dorso-ventrale des
huîtres. Pratiquement la quasi-totalité des huîtres (97.5%) présente un IF supérieure ou égal à 0.25
et par conséquent une forme adéquate de point de vue acceptation sur le marché.

VI- CONCLUSION

En conclusion, les résultats obtenus à partir de ce premier essai, réalisé au large de M’diq, à partir
de naissains originaires de France, ont permis de constater la faisabilité biologique de ces élevages.
Les performance zootechniques s’avèrent intéressantes, une taille marchande (70g : classe 3 sur le
marché) atteinte en moins d’une année, une survie de 86 à 90% et un indice de forme de 97.5% . Ces
performances, difficiles à extrapoler à une échelle industrielle, dénotent d’un potentiel certain pour
le développement d’une ostréiculture rentable dans les eaux de la région. On peut donc admettre,
sans exagération, que les conditions hydrologiques et écologiques sévissant dans la baie de M’diq
sont très propices à l’élevage des huîtres. Ces conditions, dépendant du régime hydrologique et
climatologique particulier de la côte ouest de la Méditerranée marocaine, ne montrent pas de
variations extrêmes au cours de l’année. Il n’est pas sans intérêt non plus de signaler que les
analyses chimiques, bactériologiques et toxicologiques effectuées depuis deux ans sur des moules
élevées dans la zone, sont tout à fait conformes aux normes de salubrité.

90
91

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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92
96

ESSAI DE CULTURE DE LA MOULE


MEDITERRANEENNE (Mytilus
galloprovincialis) EN SUSPENSION
AU LARGE DE M’DIQ

96
97

ESSAI DE CULTURE DE LA MOULE MEDITERRANEENNE (Mytilus galloprovincialis) EN


SUSPENSION AU LARGE DE M’DIQ (résultats préliminaires)
ESSAI EN COURS DE REALISATION

I- CADRE
 Convention signée ente l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), d’une part, et la
Société Mejilloneras Del Norte, d’autre part dans le but d’apporter un appui technique et
scientifique à cette dernière ;
 Programme de recherche relatif à l’évaluation des performances zootechniques des espèces
potentielles à la conchyliculture dans la zone ouest de la méditerranée marocaine

II- CRITERES DE CHOIX DE L’ESPECE


 Espèce présente naturellement dans la zone d’étude.
 Présence de moulières naturelles dans la zone d’étude, ce qui facilitera l’approvisionnement
en naissains,
 Espèce très appréciée par le consommateur que se soit local, national ou étranger,
 Croissance rapide.

III- OBJECTIFS
 Evaluer les performances zootechniques de l’élevage de la moule méditerranéenne en élevage
dans la baie de M’diq,
 Déterminer l’indice de condition afin de définir la ou les périodes probables de ponte, ce qui
pourra nous renseigner aussi sur les périodes optimales pour la commercialisation des
moules en élevage.

IV- DISPOSITIF EXPERIMENTAL


Pour assurer le suivi de la croissance chez cette espèce dans la baie de M’diq, 100 individus de
moule méditerranéenne de taille moyenne de 20.65 mm et de poids moyen de 0.39 g collectés
naturellement à partir d’une moulière dans la région de Martil ont été mis en élevage en suspension
en poche. Mensuellement, sur chaque individu, ont été mesurés :
 la longueur dorso-ventrale L (mm)
 la largeur antéro-postérieure l (mm)
 l’épaisseur Ep (mm)
 le poids total P (g)

L’indice de condition a été déterminé selon la formule de Lawrence et Scott 1982:


(Poids sec / (Poids total – Poids coquille)) x 1000
A cet effet, 250 individus de taille moyenne supérieure à 60 mm ont été mis en élevage dont 15 sont
prélevés mensuellement et servent à déterminer l’indice de condition.

97
V- RESULTATS
Les résultats obtenus au cours de cette expérience sont récapitulés dans le tableau et les graphiques
suivants :

Durée de l’élevage 11 mois


Effectif initial 100 individus
Effectif final 90 individus
Taux de mortalités 5%
Taux de fuites 5%
Longueur initiale 20.65 mm
Longueur finale 57.99 mm
Poids initial 0.39 g
Poids final 19.64 g
Accroissement pondéral moyen journalier 0.05 g/j
Accroissement linéaire moyen journalier 0.11 cm/j

70.00

60.00

50.00
Taille commerciale
40.00

30.00

20.00

10.00

0.00
avr- mai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- ma
08 08 08 08 08 08 08 08 08 09 09 rs-09

Figure 1 : évolution mensuelle de la longueur moyenne chez la moule


en élevage dans la baie de M’diq

40.00
35.00
30.00
25.00

20.00
15.00
10.00
5.00
0.00
avr- mai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- ma
08 08 08 08 08 08 08 08 08 09 09 rs-09

Figure 2 : évolution
mensuelle de la largeur moyenne chez
la moule en élevage dans la baie de M’diq

98
30.00

25.00

20.00

15.00

10.00

5.00

0.00
avr- m ai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- ma
08 08 08 08 08 08 08 08 08 09 09 rs-09

Figure 3 : évolution
mensuelle de l’épaisseur moyenne chez la moule
en élevage dans la baie de M’diq

30.00

25.00

20.00

15.00

10.00

5.00

0.00
avr- mai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- ma
08 08 08 08 08 08 08 08 08 09 09 rs -09

Figure 4 : évolution
mensuelle du poids moyen chez la moule
en élevage dans la baie de M’diq

120.00

100.00

80.00

60.00

40.00

20.00

0.00
Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct Nov Déc Janv Fev Mars Avril

Figure 5 : évolution
mensuelle moyenne de l’indice de condition chez
la moule en élevage dans la baie de M’diq

99
T a ux de T a ux de
s urv ie m o rta lité s
105 5.00
4.50
100 4.00
3.50
95 3.00
2.50
90 2.00
1.50
85 1.00
0.50
80 0.00
avr- mai- juin- juil-08 août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- mars-
08 08 08 08 08 08 08 08 09 09 09
Figure 6 : évolution
de la Taux de survie Taux de mortalités survie et des
mortalités
mensuelles chez
la moule en élevage dans la baie de M’diq

VI- CONCLUSION

Cette expérience est encore en cours de réalisation, mais les premiers résultats obtenus, à ce jour,
nous permettent de conclure que les performances zootechniques de l’élevage de la moule dans la
baie de M’diq s’avèrent très intéressantes et on peut conclure, à ce stade, que :
 la croissance linéaire du lot étudié est continue et se fait de manière similaire que se soit
pour la longueur, la largeur ou l’épaisseur et ne présente pas de déformation ;
 la taille marchande de 40 mm est atteinte en 4 mois d’élevage à partir d’individus mesurant
20.65 mm ;
 le taux de survie est de 90% après 11 mois d’élevage
 deux périodes de pontes ont été observées, la première période de ponte s’étale entre mai et
juillet et la deuxième période s’étale entre octobre et novembre.

100
SYNTHESE GENERALE
ET CONCLUSION
1

Les essais aquacoles entrepris par le Centre Spécialisé en Aquaculture ont pour objectifs :

 d’orienter les axes de développement de l’aquaculture.


 d’évaluer les performances zootechniques des espèces potentielles élevées dans
les conditions locales.
 de constituer une base de données biologiques et techniques, nécessaires aux
études économiques des projets.
 de proposer des protocoles et techniques d’élevage adaptés aux conditions des
sites.
 de former le personnel technique national sur les technologies aquacoles.

Les principaux résultats obtenus :

Les essais entrepris dans le cadre du projet de diversification ont permis de ressortir ce qui
suit :

- Chez le pagre : les résultats obtenus au niveau de la ponte montrent que le pagre
s’acclimate très rapidement aux conditions de la captivité et peut se reproduire au cours de
même année de sa capture. Les pontes ont été spontanées et il n’y avait pas besoin de les
induire artificiellement. Au niveau larvaire, avec une survie moyenne de 32% à l’âge de 60
jours, une productivité moyenne de 4220 alevins/m3, une croissance rapide et soutenue,
les résultats de production obtenus (44 067 alevins), malgré les trois périodes de mortalités
soulevées au cours de la phase larvaire et les problèmes d’ordre techniques survenus en
phase de prégrossissement, montrent que Pagrus pagrus est une espèce prometteuse pour
la diversification de l’aquaculture au Maroc. Cependant, le problème de coloration observé
au cours de la phase de grossissement a suscité en 2002 la réalisation d’une étude sur
l’effet de la lumière solaire et certains pigments caroténoïdes sur la pigmentation des pagres
en élevage. Cette expérience a mis en exergue l’importance de l’incorporation de
l’asthaxanthine en alimentation des pagres d’élevages en tant que facteur potentiel pour la
reconstitution et la préservation de leur couleur naturelle. D’autres études et essais à
grande échelle devraient être réalisées dans les conditions normales d’élevages industriels
pour vérifier l’extrapolation des résultats obtenus à l’échelle expérimentale et en évaluer les
coûts et la rentabilité économique pour les fermes aquacoles intéressées.

- Chez le denté : en raison de la grande variabilité des résultats obtenus en écloserie,


on ne peut malheureusement pas proposer aux professionnels un standard
technique garantissant un taux de survie bien déterminé. Aussi et du fait de sa
grande sensibilité au stress et aux problèmes pathologiques, il ressort que Dentex
dentex est une espèce peu prometteuse pour la diversification de la pisciculture
marine.

- Chez le mérou abadèche, tous les essais d’induction de la ponte ont conduits à des
pontes d’œufs non viables. Chez le mérou brun aucune ponte n’a pu être obtenue
jusqu’à présent. Ces deux espèces semblent très délicates à se reproduire en
captivité et nécessitent d’avantages études et de recherches.
- Chez le maigre : Les performances zootechniques obtenues à l’issu de
l’essai d’élevage en cage sont satisfaisantes et justifient la position du
maigre commun comme une espèce prometteuse pour la
diversification et le développement de l’aquaculture marine.
Néanmoins, il reste encore nécessaire de chercher les marchés
potentiels et le type de présentation du produit (frais, congelé,
transformé…). Aussi, il est recommandé de mener des études visant la
maîtrise technique de la reproduction et de la production de juvéniles
du Maigre en écloserie. Pour ce faire, un stock de géniteurs
sélectionnés à partir de poissons d’’élevage a été constitué et est
actuellement en phase de reproduction. Les premières pontes viables
2

ont été obtenues en avril 2009 et l’élevage larvaire est encore en phase
initiale.

Les expériences menées sur l’alimentation ont permis de montrer la faisabilité de formuler
et de fabriquer des aliments pour poissons marins à partir d’ingrédients disponibles
localement et que ces aliments peuvent être aussi performants et plus compétitifs que les
aliments commerciaux importés. Actuellement et sur la base de ces études, une société a
déjà initié une production d’aliment pour poissons marins à une échelle industrielle.

Les essais d’élevage aquacole entrepris au cours de la période 2001-2009 ont permis de
maîtriser les techniques de reproduction et de production du pagre commun (Pagrus pagrus)
en écloserie et en cage en mer ouverte, confirmant ainsi sa position en tant qu’espèce à
grand potentiel pour la pisciculture marine au Maroc. D’autres espèces de poissons marins
ont fait et continuent de faire l’objet d’essais d’élevage, il s’agit principalement du denté, du
maigre, de la daurade rose et du mérou brun. L’objectif étant de maîtriser toutes les
phases de production depuis la ponte des œufs jusqu’à la taille marchande.

La réalisation de ces essais, aussi bien en écloserie qu’en cage en pleine mer, nécessitent
des moyens humains et matériels adéquats qui ne sont pas toujours à la portée. Pour pallier
à ce manque, l’INRH a souvent cherché et sollicité l’établissement de partenariats avec le
secteur privé.

Par ailleurs, un essai expérimental d’élevage de l’huître creuse (Crassostrea gigas)a été
menée en pleine mer au large de M’diq, au cours de la période 2006-2008. Les juvéniles,
tous originaires de France, ont été mis en suspension en eau profonde, à -4m de la surface
de l’eau. Les conditions de température (14-23°C), de salinité (36.6 – 39 ‰ ) et de
disponibilité trophique (Chl « a » variant entre 0.3 et 2 mg/m3) se sont révélées favorables à
une croissance rapide des huîtres.

Les huîtres, pesant en août 9.1 ± 3.3 g (40,7 mm), atteignent 60.3 ± 13.0 g
(96,7 mm) en décembre de la même année, 81.6 ± 16.4 g (95.5 mm) après 9
mois d’élevage et 129.7 ± 29.7 g (105.4 mm) en moyenne après 19 mois. Le
poids de 70 g, correspondant à classe commerciale 3 sur le marché français,
est atteint au bout de 8 mois d’élevage. La croissance s’accélère en automne
(K = 0.638) et printemps (K = 0.102), se ralenti en hiver (K = 0.042) et
s’arrête complètement en été (K proche de zéro). Ces variations de la
croissance sont liées à l’âge, l’état physiologique des huîtres ainsi qu’aux
fluctuations des conditions de température et de disponibilité trophique du
milieu.
La mortalité mensuelle des huîtres est faible en général (inférieure à 2%), excepté pour le
premier mois, où elle atteint 6.6% . Cette mortalité survient surtout chez les jeunes et
semble être le résultat d’une faible tolérance des jeunes vis-à-vis des fluctuations
environnementales. Très peu de mortalités sont observées les mois suivants, excepté en
octobre où la mortalité avoisine 1.5% . A la fin de la première année, la mortalité cumulée a
été de l’ordre de 10% et a atteint 14.4 % au terme de 19 mois d’élevage.

De point de vue aspect extérieur, 97.5% des huîtres présente un IF supérieure ou égal à
0.25 et par conséquent une forme adéquate pour le marché.

En avril 2008, un essai expérimental d’élevage de la moule méditerranéenne (Mytilus


galloprovincialis) a été mené dans la baie de M’diq. Les premiers résultats obtenus montrent
une croissance rapide et soutenue avec une taille marchande (40 mm) atteinte en 4 mois, à
partir de juvéniles de moule de 26.5 mm de taille moyenne initiale. Le taux de survie obtenu
après 11 mois d’élevage a été de 90 % .
3

Recommandations générales :

Au Maroc, malgré le fait que l’aquaculture marine n’est pas


une activité traditionnelle dans le pays, les contraintes assez
fortes en terme d’implantation des fermes aquacoles, ne devront
pas constituer un frein au développement de cette activité. Les
méthodes et les technologies adaptées pour chaque situation
existent et peuvent être très peu sophistiquées. Dès lors qu’il y a
volonté de faire l’aquaculture, les solutions existent pour toute
situation aujourd’hui.

Comme dans tous les autres pays, si on opte pour l’élevage


de poissons marins, très difficiles à contrôler et nécessitant des
techniques sophistiquées avec des écloseries très onéreuses, il
faut absolument des fonds et une ligne de fond très importante
au niveau financier. Face à cet état des lieux, les alternatives
existent et font que dans beaucoup de pays par exemple d’Asie, il
y a d’autres types de production nécessitant beaucoup moins de
capitaux à l’origine. En effet, la manière d’envisager l’aquaculture
est strictement parallèle à ce qu’on peut faire en agriculture où on
a tous les modes de production et tous les modes de
financement. Les résultats peuvent être très positifs et le produit
peut avoir une qualité et un prix tel qu’il reste parfaitement
compétitif. La pisciculture au Maroc peut être simulée à une
activité de transformation des produits issus de la pêche (farine
de poissons à faible valeur ajoutée et huile de poissons) en
produits à haute valeur commerciale et non pas à une activité
utilisant une matière première manufacturée à l’étranger. Le fait
que le Maroc dispose d’une grande richesse halieutique devra être
mis à profit pour le développement d’une pisciculture rentable et
donc viable.

Par ailleurs, les phénomènes d’upwelling, à l’origine de la


richesse halieutique des côtes atlantiques marocaines, génèrent
une productivité phytoplanctonique abondante. Cette richesse
primaire constitue aussi un atout majeur pour un
développement important de la conchyliculture dans notre pays
et lui permettra certainement de se placer dans le rang des
grands pays producteurs de mollusques bivalves. L’objectif est de
valoriser par l’aquaculture, une richesse phyto-planctonique
existante, très abondante et particulière des eaux marocaines afin
4

de pouvoir subvenir à une demande croissante de la population


en protéines animales d’origine marine. Ceci ne peut être
concrétisé que par une action d’aménagement volontariste et
une incitation réelle et soutenue au développement de cette
activité. Actuellement, le CSA de l’INRH à M’diq est en phase de
démarrage à M’diq des études et essais de reproduction et
d’élevage de l’huître creuse (Crassostrea gigas), de la moule
(Mytilus galloprovincialis et Perna perna) et dans un proche avenir
de la Coquille Saint Jacques (Pecten maximus).
5

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