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Le poisson représente une importante source de protéines animales pour les populations
sénégalaises. En raison du déclin de l’agriculture et de l’élevage, pourvoyeurs traditionnels de
protéines végétales et animales, la pêche constitue une composante essentielle de la politique
de l’État en matière de sécurité alimentaire. Ce secteur permet de couvrir une part importante
des besoins en protéines animales des populations et à des prix relativement bas. Dans toutes
les régions du Sénégal (à l’exception de Tambacounda), la part du poisson dans la
consommation de protéines animales est supérieure à 75 %. La pêche occupe une place
prépondérante dans la politique publique de création d’emplois. Elle génère aujourd’hui près
de 600000 emplois. contribuant ainsi largement à la résorption du chômage. Par ailleurs, les
autorités accordent un intérêt particulier au secteur de la pêche en vue de restaurer l’équilibre
de la balance commerciale. Depuis 1986, le secteur occupe le premier poste des exportations
devant les produits arachidiers et les phosphates combinés et assure plus du quart de la valeur
des ventes à l’étranger. Pour un chiffre d’affaires global estimée à 154 milliards francs CFA
en 2015. La filière pêche contribue aussi aux recettes de l’Etat à travers les différents accords.
En sus des redevances perçues, les accords de pêche donnent lieu à une série de contreparties
économiques, commerciales et techniques.A cela s’ajoutent les redevances perçues lors de
l’octroi de licence de pêche aux bateaux, les amendes occasionnées par les infractions à la
réglementation et les taxes parafiscales.
LA PECHE ARTISANALE
La pêche artisanale, principal fournisseur de produits halieutiques, tant pour l’exportation vers
les marchés internationaux que pour les marchés régionaux et locaux, est d’un apport notoire
dans la quête de la sécurité alimentaire au Sénégal. En2015, il a été dénombré dans ce secteur
53 101 pêcheurs . Les mises à terre de la pêche artisanale, principalement destinées à
l’approvisionnement du marché intérieur sont composés de poissons, de crustacés et de
mollusques . En 2015, la valeur des débarquements est estimée à près de 111 milliards FCFA.
L’analyse des débarquements de la pêche artisanale au cours des dernières années montre une
évolution irrégulière. Après avoir atteint 405 974 tonnes en 2012, les quantités débarquées ont
chuté sur la période 2013-2014. Par la suite, une reprise a été enregistrée en 2015 avec 383
222 tonnes.
LA PECHE INDUSTRIELLE
La pêche industrielle fournit 11,0% des mises à terre de la pêche maritime. Elle se pratique
sous trois formes : la pêche chalutière, la pêche thonière et la pêche sardinière.Les
débarquements réalisés par ce segment de la pêche se sont établis à 52 454 tonnes en 2014.
La pêche chalutière : elle fournit 74,5% des débarquements de la pêche industrielle. Le
volume des captures est passé de 46 650 tonnes en 2014 à 35326 tonnes en 2015. La valeur
commerciale estimée de sa production (38,7 milliards .)
La pêche thonière : elle occupe la deuxième place avec 24,6% des mises à terre de la pêche
industrielle. Avec ses 11 657 tonnes de débarquement en 2014 elle a ainsi généré une valeur
commerciale de 4,8 milliards francs CFA.
La pêche sardinière : ses débarquements sont particulièrement faibles 461 tonnes.
II ) Les problèmes de la pêchés au Sénégal.
Surexploitées par l'industrie de la pêche, les ressources halieutiques Au Sénégal sont en
danger. Le niveau de prélèvement actuel est supérieur à la capacité de reconstitutions de
certaines espèces. Si requins et autres raies sont en danger, l'espèce emblématique de cette
problématique reste le thiof (mérou en wolof). Certains pêcheurs utilisent des filets de moins
de deux millimètres, qu'ils mettent dans des filets légaux histoire de passer inaperçus... Avec
des mailles aussi fines, même le sable à du mal à passer, alors imaginez les petits poissons .
D'autres ont une licence en Guinée Bissau et en Mauritanie, et profitent du trajet entre les
eaux territoriales des deux pays pour pécher dans les zones qui leurs sont interdites, quasi
impunément au vu de la difficulté des contrôles. L’absence d’option claire, depuis le plan
directeur de la pêche de 1998, entre la satisfaction des besoins locaux et les exportations des
produits bruts, n’est pas sans conséquence pour la sécurité alimentaire. Les gestionnaires
veulent de l’argent frais pour les caisses de l’État. Les opérateurs privés de tous bords,
nationaux et expatriés, rivalisent pour un accès prioritaire aux produits. Les pêcheurs
nationaux et étrangers se font une concurrence sur la ressource, accentuant la surpêche et
hypothéquant la durabilité de cette ressource. La compétition entre le marché local et les
usines d’exportations occasionne l’augmentation des prix au débarquement et oriente l’offre
vers les usines au détriment du marché national, raréfie les matières premières dans les sites
de transformation artisanale, qui occupent en majorité des femmes. Cet impact menace
sérieusement l’existence de cette activité et diminue sa forte contribution à la sécurité
alimentaire. C’est au moment justement où les acteurs réfléchissent à des mesures hardies
pour mieux profiter de nos ressources que des bateaux pélagiques russes, ukrainiens et de
Bélize sont signalés en train de pêcher illégalement dans les eaux sénégalaises
D’ailleurs deux bateaux russes “Oleg Naydenov“ et ”le Capitaine Bogomolov”, ont été surpris
par un avion Bréguet Atlantique français dans le cadre de l’appui à la surveillance, avec à son
bord un inspecteur et des observateurs sénégalais de la direction de la surveillance. Celui-ci a
transmis la position et les photos à la marine sénégalaise qui, bénéficiant du droit de poursuite
adopté par les pays de la Commission Sous-régionale des Pêches, a arraisonné le bateau dans
la zone commune de Guinée Bissau et du Sénégal. Deux autres bateaux ukrainiens ont caché
leur nom et ont pris la fuite. Le gouvernement bissau-guinéen, qui a accordé des licences à ces
bateaux, se plaint de la non-coopération du Sénégal qui a mené des opérations militaires sans
se référer à lui (selon la presse de Bissau et du Sénégal). La Russie aussi se plaint, arguant que
les bateaux de ses ressortissants bénéficient d’une licence avec le gouvernement bissau
guinéen
Cette situation a frôlé les incidents diplomatiques entre les trois pays et chacun utilise ses
canaux pour communiquer et donner sa version sur la question.
Pour l’administration des pêches: la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire
conforme au développement du secteur; à la recherche d’une plus grande efficience des
services offerts par l’administration des pêches (évaluation de la performance des structures,
suivi d’une restructuration interne tenant compte du nouveau type de rapport à établir entre
l’Etat et ses partenaires); à la poursuite de la politique de libéralisation et de désengagement et
de désengagement des structures marchandes; au renforcement des capacités de
l’Observatoire Economique des Pêches en matière d’analyse technico-économique, de suivi et
de gestion de l’interface entre l’administration des pêches et la profession.
Conclusion
Malgré son importance économique, sociale et culturelle, la pêche maritime sénégalaise,
artisanale comme industrielle est en perte de vitesse en partie liée à une baisse de productivité.
Les conséquences d’une telle situation, allant entres autres, de la perte d’emploi et de revenu à
la baisse des recettes d’exportation, en appellent à des changements dans les modes de gestion
afin de créer les conditions de nouveaux gains de productivité et relever ainsi le défi de la
gestion durable des ressources halieutiques et le maintien des stocks à des niveaux
biologiquement viables et économiquement rentables. Il reste alors à poursuivre les jalons
posés par la LPS/PA 2008-2013 visant à redynamiser le secteur.