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Le crabe bleu

Élaboré par:
AMAL NOUMI

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Introduction

En Tunisie, une espèce de crabe


bleu, très vorace, fait des ravages
depuis plusieurs années. Au point
que les pêcheurs l'ont surnommé
Grace a l’appuis de l'Etat tunisien
Daesh car il mettait en péril les
et les organismes internationaux
techniques utilisées par les petits
les pêcheurs ont décidé de contre-
pêcheurs le long des côtes
attaquer. Le crabe bleu est
tunisiennes, en endommageant les
désormais pêché, conditionné et
filets et pièges utilisés dans la
congelé avant d'être exporté dans
pêche à la charfiya . Avec sa
le monde entier.
carapace et ses pinces acérées, le
crabe bleu ravage les nasses et se
nourrit des autres espèces prises
dans les pièges.

2
Définition
• Le crabe bleu Portunus segnis (Forskål, 1775), connu
aussi par Portunus pelagicus (Linnaeus, 1758) est un
crustacé décapode originaire de l’Ouest de l’Océan
Indien, qui a gagné la Méditerranée à travers le Canal de
Suez.
• Il a été signalé pour la première fois en Tunisie dans la
région du golfe de Gabès en 2014. Sa voie d’introduction
était plutôt migratoire à travers le canal Suez.
• La prolifération de ces espaces dans le golfe de Gabès a
été très médiatisée en raison des perturbations et
dommages subis par les pêcheurs côtiers (comblement et
perte de filets et attaques aux captures des poissons),
avec en parallèle une très faible valeur marchande et le
non-acceptabilité dans la consommation locale. Ainsi le
crabe bleu est devenu une espèce nocive et à caractère
invasif franc (Gipp,1)

3
Intérêt économique
• Si le crabe bleu, reste peu connu et très peu consommer par les
tunisiens, à l’échelle mondiale c’est un crustacé qui possède un intérêt
gastronomique et économique important, il représente un commerce
important et une activité de pêche de loisir soutenue. Toutefois, cette
espèce est vulnérable vis-à-vis de certains pathogènes comme les
crustacés cirripèdes et elle peut accumuler des métaux traces dans son
organisme, c’est un bioindicateur de pollution aux métaux (2)

4
Impact environnemental
• Le crabe bleu a été observé pour la première fois au large des côtes
tunisiennes en 1993. En 2014, il a commencé à proliférer
massivement, au grand préjudice des petits pêcheurs côtiers,
notamment dans le golfe de Gabès, dans le sud-est de la Tunisie, où,
pendant la haute saison, il représentait plus de 70 pour cent des
prises.
• Conséquence directe du changement climatique, le crabe bleu
prolifère en mer Méditerranée et près des côtes en Tunisie. Cette
espèce invasive bénéficie de la hausse des températures de l'eau et
provoque des ravages dans l'écosystème.
• Ces crabes prédateurs entrent en compétition avec les espèces
indigènes pour l’espace et la nourriture. Il se nourrit de toutes les
autres espèces de poissons, et son seul prédateur naturel, le poulpe,
ne suffit pas à limiter sa propagation.
• En perturbant les écosystèmes naturels, le crabe bleu a également eu
un impact négatif sur les rendements des femmes collectrices de
palourdes au sud tunisien qui ont été parmi les plus touchées. En
effet, la diminution des stocks de palourdes causés en partie par cette
invasion du crabe bleu a obligé les autorités à interdire depuis 2018
cette pêche et a donc aggravé la précarité de plus de 4000 femmes
collectrices de palourdes et de femmes qui confectionnent les 5filets
de pêche.
Cadre législatif et réglementaire
• Les pêches maritimes en Tunisie sont réglementées en Tunisie par plusieurs textes juridiques, dont les principaux sont :
• - La loi n° 73-49 du 2 août 1973 concernant les espaces maritimes fixe entre autres l’étendue de la mer territoriale tunisienne
• - La loi n° 94-13 du 31 janvier 1994 relative à l’exercice de la pêche. Cette loi qui constitue le texte de base en matière de pêche
maritime, fixe entre autres, les conditions de la pratique de la pêche dans les eaux tunisiennes (autorisations, redevances, ..), les
conditions d’établissement de pêcheries fixes, et comporte aussi plusieurs mesures de protection des ressources aquatiques se
rapportant aux: engins de pêche, saisons et zones de pêche, méthodes de pêche, espèces protégées, et capacité de pêche
• - L’arrêté du 28 septembre 1995 réglementant l’exercice de la pêche est le texte d’application principal de la loi n° 94-13 du 31 janvier
1994. Ce texte à valeur réglementaire, des mesures de conservation et de gestion relatives a : l’effort de pêche pour les trois zones de
pêche, les tailles minimales de capture pour une trentaine d’espèces, les engins de pêche interdits, (iv)le maillage autorisé selon les
espèces et méthodes de capture, les conditions d’exercice de la pêche à feu, les zones de pêche interdite et les saisons de pêche.
• - Loi n° 2009-17 du 16 mars 2009, relative au régime du repos biologique dans le secteur de la pêche et son financement : Ses principes
? Ses insuffisances ? Son adaptation à la pêche du crabe ?

La pêche du crabe reste concernée par cette réglementation générale, notamment pour ce qui a attrait aux zones et aux
engins de pêche. Cependant, il importe de noter qu’il y a absence des textes spécifiques portant sur le mode d’exploitation des crabes en
Tunisie, explicitant notamment les périodes de pêche, les tailles de captures et les zones spécifiques de pêche.

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Stratégie nationale
• Les orientations du développement de la pêche en Tunisie sont définies par
la stratégie nationale de la pêche dont les principaux objectifs sont :
 l’augmentation de la disponibilité des produits halieutiques sur le marché
pour satisfaire les besoins en protéines animales de la population et pour
assurer la sécurité alimentaire
 le maintien de la qualité des produits halieutiques destinés à l’exportation
pour contribuer à l’entrée de devises et à l’amélioration de la croissance
économique
 le respect des mesures adéquates pour la préservation et la gestion durable
de la ressource halieutique
 la professionnalisation de la petite pêche et de l’aquaculture à petite échelle
pour contribuer à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration des
conditions de vie des pêcheurs et des petits aquaculteurs
• En tant qu’espèce invasive, le crabe bleu a fait l’objet d’une politique
spécifique, formulée par le Plan National de Promotion de la Pêche, de la
Valorisation et de la Commercialisation du Crabe.
• Ce plan est mis en œuvre depuis novembre 2016 pour répondre aux
problématiques posées aux niveaux environnemental, économique et7social
par la prolifération de cette espèce . (2)
 Les principaux objectifs visés par ce plan sont :
 le développement des connaissances sur le crabe et étude de
ses impacts sur les ressources halieutiques et l’environnement
marin dans le littoral tunisien,
 la limitation de la prolifération du crabe bleu dans les eaux
maritimes grâce à la l’intensification de la pêche, le traitement
du crabe bleu comme les autres espèces maritimes
commerciales, et
 le développement de la commercialisation du crabe.
 Les programmes et mécanismes mis en œuvre portent sur :
 l’appui aux recherches scientifiques dans le domaine du crabe
bleu,
 l’encouragement des pêcheurs côtiers pour l’utilisation des
nasses comme engin sélectif de la pêche de crabe,
 le développement des techniques de valorisation du crabe,
 la promotion de la commercialisation du crabe de mer à
l’intérieur et à l’étranger. (2)

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Les acteurs

Ce plan d’action est mené sous la supervision de la Direction Générale de la Pêche


et de l’Aquaculture (DGPA) ,l’Institut National des Sciences et Technologie de la
Mer (INSTM) , la Direction Générale du Financement, des Investissements et des
Organismes professionnels, (DGFIOP) et la Direction Générale des Services
Vétérinaires (DGSV)

Sur le plan opérationnel, la mise en en œuvre de la stratégie et l’encadrement des


activités de production et d’exportation des crabes sont assurés par la
représentation du GIPP, les services du CRDA ainsi que par des comités régionaux
qui regroupent les différentes parties prenantes, y compris les représentants de
l’UTAP.

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Impact socio-économique

• En dépit des problèmes engendrés par le crabe bleu


sur toute la chaine de valeur du secteur de la pêche en
Tunisie, ce crustacé s’est révélé comme un produit de
mer intéressant à exploiter et à valoriser dans d’autres
pays, il constitue une nouvelle source de revenu pour
ses familles des pêcheurs affectés par sa prolifération.
• C’est dans ce contexte que le PNUD Tunisie a
appuyé le Groupement de Développement de la Pêche
d’Ajim (GDPA) à Djerba dans la mise en œuvre du
projet d’adaptation au changement climatique «
Exploitation et valorisation de la pêche du crabe bleu
Portunus Segnis dans la région d’Ajim Djerba ».
• Cet appui a permis d’impliquer plus de 100 femmes,
dont 25 femmes collectrices de palourdes, aux
techniques de confection des viviers pour la pêche du
crabe bleu et dans la transformation et la conservation
de la chaire de cette ressource halieutique. (3)

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Impact socio-économique

• Selon le GIPP, les exportations de crabe bleu de


Tunisie ont augmenté de manière significative en
2023 pour atteindre 7080 tonnes, d’une valeur de
quelque 85 millions de dinars – contre 8120 tonnes
d’une valeur de 90 millions de dinars en 2022 avec
un prix unitaire plus important en 2023 qui a atteint
12 dinars le kg contre 11.1 dinars en 2022.
• Le développement des exportations est dû aux
efforts déployés par les autorités tunisiennes avec
le soutien de GIPP , INSTM et AVFA pour former
les pêcheurs dans le cadre du « Renforcement de
capacité des pêcheurs en domaine de techniques de
pêche et préservation de la qualité et valorisation
des crabes bleu » et aussi pour développer la
chaîne de valeur complète de cette espèce.(Gipp)

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Impact socio-économique
• La bonne gouvernance de la pêche, qui permet aux pêcheurs de capturer des
crabes de bonne qualité tout en respectant l’environnement, a facilité le
développement de la commercialisation des crabes bleu au niveau national et
international. La première usine de transformation et de commercialisation du
crabe bleu pour le marché asiatique, a été créé à Médenine par un investisseur
Turc en 2017 avec un appui de ministère de l’agriculture en créant 4 centres
de collectes gérés par le GIPP . L’exploitations de ses centres , a déclenché un
mini-boom économique dans le golfe de Gabes ( Sfax , Gabes et Médenine )
avec la création de plus de 40 nouvelles usines permettant un emploi fixe
pour plus de 100 ouvriers et techniciens par usine.
• Les investissements du secteur privé dans les usines de transformation du
crabe bleu sont passés du simple conditionnement et de la congélation des
crabes crus à la préparation de produits cuits et la technique de surgélation
afin de développer et promouvoir les exportations vers les marchés d’Asie,
d’Italie, d’Espagne et de l’Amérique. Certaines usines de fabrication de
produits alimentaires à Zarzis envisagent d’inclure le crabe cuit ( extraction
de la chaire ) mis sous vide parmi leurs produits pour pénétrer à d’autres
nouveaux marchés.
• En fait, même en Tunisie où le crabe n’a jamais été un plat ou un ingrédient
traditionnel dans la cuisine, ce produit commence à apparaître sur les menus
locaux en raison de sa nouvelle disponibilité sur les marchés de gros et de
détails.(4)
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FORCE FAIBLESSES
• Existence des centres de collecte dans les zones menacées et • espèce invasive et prolifération rapide
d'un nombre important d'usine spécialisée dans la stock actuel non évalué
transformation des crabes. • prix de vente et rendement économique très faible
• Maitrise de pêche spécifiques aux crabes • produit rapidement périssable
• valeurs nutritives de produits très élevée • politique marketing non développée
• subventions des petits pêcheurs pour l'achats de l'engins et la • impact fort des contraintes réglementaire liés a la pêche de
vente de produits. crabes.
• introduction comme substituant dans l'aliment aquacole. • utilisation de pêche INN dans les zones de pêche de crabe.
• images positive auprès de consommateurs locaux à la suite des
séances de dégustations.

OPPORTUNITES MENACES

• forte demande sur le marché international. réduction de biodiversité indigène


• nombreux projet de développement et de valorisation mortalités importantes au stade juvénile suite au
de la filière et création d’emploi inondations.
• innovation et modernisation des techniques et moyens augmentation des couts de transport qui pèse lourd sur
de pêche. l'exportation de la filière.
• élaboration de stratégie de l'états pour la gestion et fortes concurrences sur le marché mondial .
l'aménagement de la pêcherie de crabe. la zone actuelle très pollués en phospho-gypse

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recommandations

Malgré les quantités importantes


pêchées et exportées , le prix de
Il n’existe pas des données fiables Manque d’organisation de la filière
vente reste toujours très faible
et mises à jour pour le stock et absence de législation pour la
( entre 2 et 3.5 DT / kg ) et par
exploitable des crabes bleu pour création de campagne de pêche et
conséquent les pêcheurs
encourager d’autres usines à assurer la durabilité de cette
s’orientent à la pêche d’autres
investir. espèce.
espèces et considèrent le crabe
bleu comme catastrophe.

permettre les subventions aux Encourager la vente sur le marché


pêcheurs pour les encourager a local par le renforcement des
utilisé les engins de pêche sélectifs capacités des femmes en technique
( les nasses spécifiques ) de valorisations.

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conclusion
• Avec la bonne gouvernance et la mise
en place de la stratégie nationale ,les
pêcheurs ont pu transformer une
espèce invasive – le crabe bleu – en
une activité à but lucratif et comme
sources de création d’emplois et de
revenus en devises par le
développement des exportations et la
découverte de nouveaux marchés
internationaux.

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Références
• https://gipp.tn/fr/fili%C3%A8res/crabe-bleu (1)
• https://gipp.tn/sites/default/files/2021-10/A%20-%20CRABE%20-%2
0Rapport%20%20Phase%201%20pdf.pdf
(2)
• https://www.undp.org/fr/tunisia/blog/exploitation-et-valorisation-de-la
-peche-du-crabe-bleu-dans-la-region-dajim-djerba
(3)
• https://africanmanager.com/la-fao-aide-la-tunisie-a-faire-du-crabe-bleu
-un-article-dexportation-privilegie/
(4)

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