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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 44-186

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Technique de décompression
médullaire par voie antérieure
à l’étage cervical
V Pointillart R é s u m é. – Parmi les techniques de décompression de la moelle épinière, la
J Sénégas corporectomie par voie antérieure est l’une des plus efficaces, des plus sûres, et elle
permet une fixation stable de la colonne cervicale en récupérant la lordose lorsque
cela est nécessaire. En fonction de l’étendue de la sténose, on peut réaliser soit une
voie transdiscale avec arthrodèse type Cloward, soit une corporectomie partielle avec
arthrodèse vissée, soit une corporectomie complète permettant la décompression de
deux étages discaux, soit une corporectomie étendue. Ces techniques permettent
une décompression à la fois médullaire et radiculaire. L’auteur décrit les détails
pratiques, les pièges et les techniques de rattrapage.

Introduction osseux sans ostéosynthèse peut être utilisée pour une décompression à
un étage. Lorsque la décompression est plus étendue, l’adjonction d’une
Cette intervention permet une décompression large de la moelle épinière ostéosynthèse semble préférable (Sénégas [11, 12], Bohler [2]).
sur toute l’étendue de la sténose et une stabilisation rachidienne par
arthrodèse éventuellement instrumentée.
En fonction de l’étendue de la compression, une intervention à un étage Installation et voies d’abord
intersomatique peut être nécessaire, mais si deux étages adjacents sont
compressifs, on réalisera une corporectomie qui peut être étendue à Installation du patient
quatre corps vertébraux en fonction des besoins.
Nous décrirons ainsi quatre techniques : L’installation est très importante pour permettre un bon contrôle
– une technique dérivée de celle de Cloward ; radioscopique peropératoire.
– une technique de résection des ostéophytes à un étage ; Le patient est installé en décubitus dorsal légèrement en proclive, tête
libre et sans coussinet rétrocervical afin de diminuer le saignement
– une technique de corporectomie ; veineux. Il ne faut pas installer le patient trop en hyperextension, en
– une technique de corporectomie multiple. particulier lorsqu’il existe une myélopathie par cervicarthrose, car dans
cette position il existe un rétrécissement du ligament jaune qui peut
entraîner une décompensation de ce rétrécissement canalaire.
Historique L’hyperextension ne sera redonnée, si elle est nécessaire, qu’après la
décompression antérieure.
La technique de l’arthrodèse cervicale antérieure a évolué depuis la
première description faite par Robinson et Smith en 1955 [8]. Les épaules sont effacées vers le bas par traction sur les bras à l’aide de
bandes d’élastoplaste collées. L’amplificateur de brillance est placé à
L’utilisation isolée de greffons osseux proposée par Bailey et l’horizontale à la tête du patient de façon à permettre un contrôle
Badgley [1], Cloward [3, 4, 5], Verbiest [14], Simmons et Bhalla [13] a été permanent par vue latérale. Si une traction est nécessaire, la mise en
souvent critiquée, notamment dans les instabilités traumatiques, en place d’un étrier de Gardner ne gêne en rien l’installation. Le plus
raison des risques de déplacements secondaires. Sur rachis dégénératif, souvent, un soutien doit être placé du côté droit, sous la cuve de
ce type de complication est plus rare et cette technique de greffons l’amplificateur de brillance, afin que l’appui de l’opérateur sur celle-ci
ne modifie pas l’angle de repérage radioscopique pendant l’intervention.
L’utilisation d’un monitoring par potentiels évoqués somesthésiques est
Vincent Pointillart : Praticien hospitalier. tout à fait recommandée.
Jacques Sénégas : Professeur des Universités, chef de service.
Unité de pathologie rachidienne, centre hospitalier universitaire de Bordeaux, hôpital Pour la prise du greffon, la crête iliaque homolatérale à la voie d’abord
Pellegrin-Tripode, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France. est dégagée par mise en place d’un coussin sous la fesse.
© Elsevier, Paris

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pointillart V et Sénégas J. Voies d’abord
Technique de décompression médullaire par voie antérieure à l’étage cervical.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales – Orthopédie-
Traumatologie, 44-186, 1998, 6 p.
L’abord du rachis se fait par une voie antérolatérale droite qui convient
mieux à la manipulation des instruments pour un opérateur droitier et ne
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À L’ÉTAGE CERVICAL
présente pas plus de risque pour le nerf récurrent. L’incision cutanée Intervention type de Cloward (fig 1)
peut être longitudinale, le long de la saillie du muscle
sternocléidomastoïdien, ou transversale, ce qui est plus esthétique et
suffit pour une intervention à un seul niveau. Après incision du plan Cette intervention permet la décompression d’un étage discal à la fois
sous-cutané, on découvre le muscle omohyoïdien qui peut être soit pour hernie discale et/ou ostéophytose, et une arthrodèse sans
récliné, soit sectionné entre deux fils repères. L’espace prévertébral est ostéosynthèse.
abordé en passant en avant du paquet vasculaire jugulocarotidien. Pour La discectomie est réalisée au bistouri profond lame 11. En fonction du
l’abord des vertèbres les plus basses il peut être nécessaire de lier l’artère pincement discal, il peut être nécessaire d’insérer un écarteur
thyroïdienne inférieure, pour l’abord du rachis cervical supérieur, il faut intersomatique de Cloward à lame fine afin d’ouvrir cet espace et
lier le tronc veineux thyrolinguofacial, et suivant le niveau instrumenté, d’introduire le centreur de Cloward. Ce centreur permet de fixer le tube
successivement l’artère thyroïdienne supérieure, l’artère linguale et protecteur des parties molles qui, muni de quatre ergots pointus, est fixé
éventuellement l’artère faciale. Le ligament vertébral antérieur est dans les corps vertébraux adjacents ; le centreur est alors retiré et la
repéré par son aspect blanc nacré entouré des deux muscles longus colli mèche de Cloward de diamètre variable de 12 à 16 mm permet de
(muscles longs du cou). Il faut le rechercher bien en profondeur et sur la réaliser un trou cylindrique à cheval entre les deux corps vertébraux. À
ligne médiane derrière le paquet oropharyngé qui est récliné par un noter qu’il existe sur cette mèche une jauge qui permet de prérégler la
écarteur de Richardson. profondeur du trou réalisé. La profondeur choisie laisse un rebord de
Le repérage par amplificateur de brillance permet le contrôle du niveau mur postérieur. Un contrôle par amplificateur de brillance est
exposé. évidemment souhaitable pour qu’il n’y ait pas de risques neurologiques
lors de cette manœuvre. On enlève l’ensemble du matériel de Cloward
et on peut alors réséquer les ostéophytes au moteur à fraise à rotation
Installation des écarteurs autostatiques de Cloward rapide. On complète la libération médullaire par l’ablation du ligament
commun postérieur, des éléments éventuellement discaux
Un écarteur à griffe est installé sous les deux muscles longus colli afin de rétroligamentaires et des ostéophytes grâce à l’utilisation d’une pince de
maintenir l’incision ouverte longitudinalement sans léser l’axe aérodigestif type Kérisson ou pince Hardy (1 mm de largeur). Le passage d’un
ici vasculaire. Un écarteur à valves mousses est installé transversalement et crochet à ostéophyte en arrière des corps vertébraux permet de vérifier
maintenu en position par un champ roulé sur le côté du cou afin d’éviter la la décompression obtenue.
projection du manche de l’écarteur sur le contrôle radioscopique. Vient alors la phase d’arthrodèse qui, du fait des risques de transmission
L’incision du ligament commun vertébral antérieur est effectuée au virale ou par prion, est actuellement réalisée à l’aide d’un greffon iliaque
bistouri électrique sur la ligne médiane ; on le dégage prélevé avec le matériel de Cloward.
progressivement latéralement en s’aidant soit d’un écarteur de Il s’agit d’un système de tréfine dont le diamètre est choisi de 2 mm
Hohman placé à la face latérale gauche du corps vertébral, soit à supérieurs à la taille du trou réalisé par la mèche de Cloward. Pour
l’aide d’une rugine fine. l’insertion du greffon, on peut s’aider de la mise en place d’un écarteur
Ce temps peut être parfois hémorragique. Il peut s’agir soit de veines intersomatique de Cloward très latéralement afin d’ouvrir l’étage discal
prévertébrales passant à la jonction entre la face antérieure du corps et d’introduire sans difficulté le greffon.
vertébral et son bord latéral, et l’hémostase sera alors réalisée au bistouri Une fois le greffon mis en place, on peut abraser la surface de ce greffon
électrique, sinon il peut s’agir d’un saignement osseux, et l’utilisation afin de le mettre tout à fait dans le plan du mur antérieur des corps
de la cire de Horsley permet de réaliser l’hémostase. vertébraux adjacents.

A B

C D
1 Technique de Cloward.

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À L’ÉTAGE CERVICAL
La fermeture de l’incision est réalisée éventuellement après suture du brillance, qu’il n’y a pas une zone ostéophytique qui reste saillante dans
muscle omohyoïdien sur un redon aspiratif mis au contact du rachis, un le canal médullaire. Le greffon iliaque est prélevé en fonction de la taille
paraplan cutané et un plan cutané. de la résection réalisée, qui est de l’ordre de 12 mm en hauteur. Ce
Le port d’une minerve est conseillé pendant 2 mois. greffon sera dans ce cas en général tricortical. Il est habituellement
nécessaire d’arrondir les angles de ce greffon pour faciliter son
introduction et améliorer le contact spongieux au niveau du centre du
Technique de résection des ostéophytes greffon. Une jauge de profondeur permet de calculer immédiatement la
taille des vis qui seront utilisées.
par voie transdiscale avec arthrodèse
Une fois le greffon mis en place on enlève l’écarteur intersomatique de
instrumentée (fig 2, 3) Cloward afin que ce greffon soit en compression. Une plaque en titane à
L’installation et la voie d’abord sont les mêmes que précédemment. quatre trous petits ou grands modèles, selon la taille de la résection
réalisée, est fixée par quatre vis bicorticales convergentes vers la ligne
La discectomie est réalisée à l’aide d’un bistouri lame 11. Le tiers médiane et parallèle aux plateaux vertébraux. La longueur des vis est en
supérieur de la vertèbre sous-jacente et le tiers inférieur de la vertèbre générale de 18 mm chez l’homme et 16 chez la femme mais peuvent
sus-jacente à l’espace discal sont réséqués au moteur à la fraise rotative atteindre 20, voire 22 mm en T1.
jusqu’à atteindre les ostéophytes postérieurs. La largeur du corps
vertébral étant de 20 mm, cette résection des tiers supérieur et inférieur La fermeture est réalisée sur le même modèle que précédemment.
des vertèbres doit avoir cette largeur afin d’assurer une décompression
satisfaisante des foramens. Afin d’améliorer la vision du canal Principe de l’instrumentation
médullaire, on peut mettre en place un écarteur intersomatique de
Cloward placé assez postérieurement sur le côté. Cela permet d’ouvrir Le principe d’un vissage bicortical est renforcé par les expériences de
l’espace discal en arrière et de réséquer les ostéophytes à la pince de Mainan [7] sur la qualité de la résistance à l’arrachement d’une prise
Kérisson ou à la pince de Hardy. bicorticale par rapport à une prise monocorticale.
L’utilisation du crochet à ostéophyte permet de contrôler la qualité de la Ces expérimentations ont été confortées par les travaux de Ryken [9, 10]
décompression et de vérifier, sous le contrôle d’amplificateur de et Gallagher [6]. L’instrumentation est représentée par un éventail de

2A 2B 2C

2 Décompression antérieure cervicale par voie transdiscale :


intervention de type A. Coupes transversales.
3 Décompression antérieure cervicale par voie transdiscale :
3A 3B intervention de type A. Coupes longitudinales.

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plaques en titane de 1,2 mm d’épaisseur et de 13 mm de largeur, avec moyenne du corps vertébral, c’est-à-dire la zone où il y a en règle le
des tailles variables de 24 à 92 mm et une forme en H permettant minimum de compression médullaire, ce qui permet de passer derrière le
l’insertion de vis par corps vertébraux. Ces plaques sont incurvées ligament commun vertébral postérieur et de trouver l’espace de
transversalement afin d’obtenir une bonne congruence plaque/vertèbres glissement entre ce ligament et la dure-mère. Cet orifice est ensuite
et d’améliorer la contention. Les trous vertébraux sont réalisés par une agrandi à la pince de Hardy de 1 mm en faisant extrêmement attention à
mèche de 2 mm de diamètre avec un guide de protection permettant un ne pas « talonner » lorsque l’on s’approche des zones les plus
réglage fin de la profondeur de pénétration. Les vis sont des vis compressives. Il est important de trouver le plus rapidement l’espace de
spongieuses de 4 mm, à longueur variable de 10 à 28 mm. Elles sont glissement entre le ligament commun vertébral postérieur et la dure-
autotaraudeuses, mais un taraud accessoire peut être utile pour la mère, car cet espace est avasculaire et permet une résection facile du mur
fixation du greffon iliaque où la corticale peut être plus épaisse. vertébral. Il faut là encore s’ingénier à aller assez loin latéralement pour
Il est important de choisir une plaque de longueur parfaitement adaptée être sûr de la qualité de la décompression. Il faut aussi évidemment
afin que les extrémités de la plaque ne rentrent pas en contact avec les parfaire la décompression sur les zones les plus compressives notées sur
vertèbres adjacentes, ce qui entraîne une détérioration rapide des disques le scanner ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) préopératoire.
adjacents à l’arthrodèse. Il peut exister un saignement veineux en général latéralisé lié au
saignement des veines épidurales. Cela est souvent un témoin de la bonne
La technique du vissage bicortical mérite d’être précisée. Il n’est pas
décompression. Si l’hémostase n’est pas possible à l’électrocoagulation
nécessaire de perforer la corticale postérieure à l’aide de la mèche et il
bipolaire, on utilisera du Surgicelt placé latéralement dans le canal.
faut se souvenir, qu’au milieu de la vertèbre, l’incurvation du mur
postérieur du corps vertébral par rapport à ces parties latérales rend ce Une jauge de profondeur contrôle la longueur des vis qui seront utilisées
mur plus antérieur. et permet le réglage de la mèche de 2 mm. On mesure la longueur du
greffon et éventuellement on met le patient plus en extension qu’il
Un contrôle d’amplificateur de brillance est ainsi logique.
n’était, ce qui facilitera l’introduction du greffon, le vissage étant alors
En revanche, l’insertion des vis perforera la corticale postérieure du réalisé une fois le patient mis en flexion.
corps vertébral. Au moment du serrage final des vis, il est important de Le prélèvement du greffon sera cette fois bicortical, respectant soit la
prévenir tout dérapage du tournevis qui pourrait alors glisser entre le corticale interne, soit la corticale externe de l’os iliaque. Le greffon est
greffon et les murs latéraux des corps vertébraux réséqués. retaillé pour s’adapter parfaitement à l’encoche réalisée dans les
vertèbres adjacentes à la corporectomie. On peut introduire le greffon
Corporectomie subtotale (fig 4) en force mais de façon très progressive afin d’éviter toute pénétration de
ce greffon au contact de la moelle épinière.
L’installation et l’incision sont les mêmes que précédemment, une Puis, le patient sera remis en tête légèrement en flexion afin d’assurer
double discectomie est réalisée de la même manière. Le corps vertébral une compression au niveau du greffon.
à enlever sera réséqué au moteur à fraise rotative. L’autre technique consiste à préfixer le greffon sur la plaque par une vis
Il suffit de perforer la corticale antérieure à l’aide de la fraise et ensuite de longueur 12 puis à l’introduire dans l’espace préparé à cet effet, la
d’évider le corps vertébral. On affine ensuite les plateaux vertébraux plaque prévenant toute pénétration excessive du greffon. La fixation se
supérieurs et inférieurs de la vertèbre concernée. fait comme précédemment.
Ceux-ci sont finalement enlevés à la pince à disque. Le port de la minerve est conseillé pendant 2 mois.
On avive ensuite les plateaux vertébraux des vertèbres adjacentes sur
lesquels sera secondairement insérée la greffe. L’ensemble de ces gestes
est préférablement réalisé avant l’exérèse du mur vertébral postérieur Corporectomie multiple (fig 5)
afin de protéger la moelle de tout traumatisme. Le mur vertébral
postérieur est progressivement affiné jusqu’à devenir le plus pellucide. L’installation et l’incision sont les mêmes. L’incision est plus étendue
Un crochet à ostéophyte est inséré sur la ligne médiane dans la partie que précédemment en fonction du nombre d’étages. Lorsqu’elle

A B 4 Corporectomie subtotale : intervention de type B.

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A B 5 Corporectomie multiple : intervention de type C.

remonte jusqu’au niveau C2, pour la fixation, il est nécessaire d’obliquer l’utilisation de la cire de Horsley dès qu’une zone ne devra plus être
l’incision à 2 cm sous le rebord du maxillaire inférieur afin de préserver retouchée contrôle facilement ce problème. En revanche, le saignement
la branche descendante du nerf facial. veineux qui vient du corps vertébral par sa partie postérieure ne se tarira
Les discectomies sont réalisées comme précédemment. qu’à la fin de la décompression. Lorsque l’on a atteint le ligament
Les corporectomies sont réalisées étage par étage, là encore comme vertébral commun postérieur, il faudra s’attacher, grâce à l’utilisation
précédemment. d’une coagulation bipolaire, à réaliser l’hémostase. L’ablation du
ligament vertébral peut également être source de saignement. Il faudra,
Une corporectomie à quatre niveaux est la longueur maximale à ce moment-là, recommencer avec une coagulation bipolaire. On peut
réalisable. Au-delà, il est plus facile de s’orienter vers une également glisser une pellicule de Surgicelt le long de la dure-mère à sa
décompression par voie postérieure. partie latérale où le saignement apparaît. Cette hémostase est importante
Le greffon est plus souvent tricortical dans cette intervention, afin car elle peut entraîner, si elle n’est pas faite correctement, un risque
d’améliorer la stabilité primaire du montage. d’hématorachis. Lorsqu’une traction a été mise en place, il est important
Il ne doit pas occuper l’ensemble de la largeur de la tranchée réalisée afin de réaliser le vissage après ablation des poids de la traction afin que le
de permettre le drainage éventuel d’un hématome épidural qui, lorsqu’il greffon soit en compression, ce qui facilite sa consolidation.
est compressif, peut entraîner des troubles neurologiques majeurs. L’introduction du greffon dans la gorge préparée peut parfois poser des
Le saignement est souvent plus abondant, et dans ces corporectomies problèmes et il peut exister un risque de glissement de ce greffon vers la
multiples il est prudent de prévoir une récupération peropératoire du moelle épinière. Afin d’éviter ce risque, on peut préfixer ce greffon sur
saignement. la plaque dans sa partie moyenne et les extrémités de cette plaque
empêcheront le glissement du greffon vers les cordons médullaires.
Le reste de la technique est similaire aux autres interventions.
Si, pour des raisons techniques, la mise en place de la plaque antérieure
Le port de la minerve est souvent prolongé jusqu’au troisième mois est impossible et que le greffon n’arrive pas à avoir une stabilité
postopératoire. spontanée suffisante, on peut se contenter de déposer les greffons broyés
dans la tranchée réalisée. En laissant le patient en décubitus dorsal sous
traction pendant 3 semaines, puis immobilisé par une minerve pendant
Sécurité technique lors de ces interventions 2 mois, on obtiendra une arthrodèse satisfaisante. Nous préférons broyer
et leurs remèdes ce greffon plutôt que de le laisser monobloc car il existe, lors des
manipulations, un risque de délogement de ce greffon dans la migration,
L’événement le plus gênant lors de l’intervention peut être un que ce soit en avant ou en arrière, qui serait source de conséquences
saignement veineux ou osseux. Lorsque le saignement est osseux, graves.

Références ➤

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Références
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