Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 105 (2019) S45–S51

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Mise au point

Prise en charge des épicondylites latérales夽

Management of lateral epicondylitis
Hubert Lenoir a , Olivier Mares b , Yacine Carlier c,∗
a
Chirurgie de l’épaule, du coude et de la main, Parc Sud Galaxie, centre Ostéo-articulaires des Cèdres, 5, rue des Tropiques, 38130 Échirolles, France
b
CHU de Nîmes-Caremeau, place du Professeur-Robert-Debré, 30029 Nîmes, France
c
Centre de l’Arthrose, clinique du sport Bordeaux-Mérignac, 2, rue George-Négrevergne, 33700 Mérignac, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : L’épicondylite est la cause de douleur latérale du coude la plus fréquente. Également appelée « tennis
Reçu le 4 juillet 2019 elbow », elle apparaît en réalité très souvent dans un contexte de maladie professionnelle. Cette patho-
Accepté le 2 septembre 2019 logie représente ainsi un enjeu majeur de santé publique. Dans cette mise au point, nous revenons sur
les notions physiopathologiques impliquées dans l’apparition de ces épicondylites. Nous décrivons les
Mots clés : moyens qui permettent d’établir son diagnostic et d’éliminer les autres causes de douleurs latérales du
Épicondylite latérale coude. Les différents moyens médicaux et chirurgicaux disponibles y sont enfin largement discutés.
Tennis elbow
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Coude
Revue de littérature
Traitement

1. De quoi parle-t-on ?
L’épicondylite latérale (EL) est plus souvent connue sous le nom
de « tennis elbow ». Cette pathologie concerne en effet 50 % des
joueurs de tennis. Elle se manifeste en particulier chez les débutants
utilisant le revers à une main. Pour autant, seuls 10 % des épicondy-
lites latérales concerne des joueurs de tennis [1]. Cette pathologie
est un problème de santé publique puisque qu’elle est particuliè-
rement fréquente chez les travailleurs manuels. Ainsi, 10,5 % des
travailleurs manuels présenteraient des douleurs latérales au coude
et 2,4 % un diagnostic avéré d’épicondylite latérale [2]. Les tra-
vaux manuels de force, les tâches répétitives ainsi que les gestes de
précision sont particulièrement concernés [3]. Il existe également
une composante dégénérative. Van Leuwen et al. ont ainsi analysé
369 IRM en dehors de toute suspicion clinique d’EL [4]. Ils retrou-
vaient alors des signes d’EL sur l’imagerie pour 5,7 % des patients
entre 18 et 30 ans. Au-delà de 70 ans, ils retrouvaient des images
similaires chez 16 % des patients. Cela laisse ainsi penser qu’il s’agit
en réalité plus d’une usure tendineuse que d’une réelle réaction
inflammatoire. Kraushaar et Nirschl ont, par ailleurs, analysé des
DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.otsr.2019.09.004.
夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais celle
de l’article original paru dans Orthopaedics &Traumatology: Surgery & Research, en
utilisant le DOI ci-dessus.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : yacinecarlier@gmail.com (Y. Carlier).
prélèvements réalisés lors des prises en charges chirurgicales de ces
épicondylites [5]. S’il est possible d’observer une réaction inflam-
matoire transitoire au début de l’évolution de la maladie (stade
1), l’évolution vers la chronicité des symptômes s’associe à une
hyperplasie angiofibroblastique correspondant à une hypercellu-
larité, une hyperplasie vasculaire et une déstructuration des fibres
de collagène (stade 2). L’épicondylite latérale peut être qualifiée de
tendinose plutôt que de tendinite. Selon les cas, l’évolution de cette
tendinose peut ensuite se faire vers l’apparition de lésions partielles
voire complètes des tendons (stade 3) puis en dernier recours vers
l’apparition d’une fibrose ou de calcifications (stade 4).
Lorsque l’on cherche à préciser la topographie des lésions ten-
dineuses, la plupart des publications nous amènent à penser que
la genèse de cette pathologie semble provenir du tendon exten-
seur radial court du carpe (ECRB). Les contraintes sur ce tendon
sont, en effet, particulièrement importantes en comparaison des
autres tendons épicondyliens lors de la pratique du tennis, et plus
particulièrement lors du revers [6]. Certaines constations anato-
miques montrent que le tendon de l’ECRB est davantage soumis
aux contraintes. Ainsi, Nimura et al., après avoir réalisé un tra-
vail sur 23 pièces anatomiques, nous montrent que ce tendon se
situe directement au contact de la capsule articulaire en regard de
l’interligne condylo-radial [7]. Il serait alors directement soumis
aux contraintes de l’articulation. Ces mêmes auteurs nous rap-
pellent que l’ECRB est tendineux à ce niveau contrairement aux
autres épicondyliens qui sont musculaires. Ils supposent ainsi que
son potentiel de cicatrisation serait moins important. Ando et al.
partagent cette théorie d’une plus grande fragilité de ce tendon [8].

https://doi.org/10.1016/j.rcot.2019.09.005
1877-0517/© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
S46 H. Lenoir et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 105 (2019) S45–S51
En mesurant la surface d’insertion sur l’épicondyle, ils observent
que cette dernière est 13 fois moins importante que l’extenseur
radial long du carpe (ECRL). Enfin, Bunata et al., sur des constata-
tions plus dynamiques, nous apprennent que la face profonde de
l’ECRB frotte sur le bord latéral du capitellum lors des mouvements
de flexion/extension [9]. Dans le même temps, l’ECRL augmenterait
ces contraintes en appuyant directement sur l’ECRB.
Plus récemment, certaines études mettent en avant que l’EL
pourrait être une manifestation d’instabilité du coude. D’un point
de vue anatomique, Ando et al. rappellent l’étonnante proximité de
l’ECRB et du plan ligamentaire latéral [8]. Une étude IRM menée
sur 24 patients, ayant pour but de rechercher les lésions asso-
ciées en cas d’EL, retrouve des lésions significatives plus fréquentes
du faisceau ulnaire du plan ligamentaire externe en cas de signes
de gravité de l’EL [10]. Kniesel et al. ont de leur côté recher-
ché systématiquement des signes d’instabilité lors de l’exploration
arthroscopique au cours du traitement chirurgical de 40 patients
atteints d’EL [11]. Ils ont constaté une décoaptation de plus de 3 mm
d’au moins un compartiment du coude dans 13 cas. Cette laxité
était de plus de 6 mm pour 2 autres cas. Arrigoni et al. ont défini
3 signes de laxité arthroscopique [12] : un tiroir antéro-postérieur,
une découverture de la tête radiale par le ligament annulaire et un
ligament collatéral radial atone. Au moins un de ces signes est pré-
sent chez 48,6 % de leurs 35 patients opérés pour épicondylite. Ils
émettent alors l’hypothèse qu’il existe une surcharge de l’ECRB en
tant que stabilisateur dynamique en cas de faillite des stabilisateurs
statiques.
Ces mécanismes physiopathologiques ne doivent pas faire
oublier les facteurs de prédisposition d’EL. Il semblerait que le statut
social ait un impact sur la survenue de cette pathologie puisqu’un
faible niveau de vie semble être un facteur de risque [2,3]. Pour Aben
et al., il existerait également un profil de personnalité à risque : les
personnes moins sociales, moins au contact de leurs collègues au
travail, plus perfectionnistes, plus anxieuses et moins autonomes
seraient ainsi plus exposées [13].
2. Le diagnostic et ses pièges
Le diagnostic est évoqué devant la présence de douleurs du ver-
sant latéral du coude irradiant souvent vers la partie distale de
l’avant-bras. Le patient se plaint fréquemment d’une diminution de
sa force de préhension le gênant pour ses activités sportives mais
également pour les gestes du quotidien. Cliniquement, une dou-
leur élective à la palpation de l’épicondyle latéral est quasiment
constamment retrouvée. Une douleur des masses musculaires épi-
condyliennes juste en aval de ce point est fréquente. Une douleur à
l’extension contrariée du poignet est recherchée. Le test de Thom-
sen cherche à reproduire la douleur en réalisant une extension du
poignet contre résistance en appuyant à la face dorsale du 3e méta-
carpien. Pour cela, le patient est placé en antépulsion de l’épaule
à 60◦ , le coude en extension et en pronation et le poignet à 30◦
d’extension [14]. Le « Chair test », décrit par Gardner, reproduit éga-
lement la douleur en demandant au patient de porter une chaise,
la main en pronation [15].
Des radiographies du coude de face et de profil sont systéma-
tiquement réalisées. Elles seront le plus souvent normales. Elles
permettent de dépister un diagnostic différentiel. Parfois, elles per-
mettront de mettre en évidence des calcifications sur le trajet des
tendons épicondyliens. L’échographie est l’examen de référence à
demander en première intention. Sa normalité permettra d’exclure
le diagnostic [16]. Selon les cas, elle mettra en évidence un épais-
sissement ou, à l’inverse, un amincissement du tendon, des lésions
fissuraires ou des calcifications. Le doppler en mode puissance
recherchera une néovascularisation (hyperhémie). L’IRM est plus
reproductible et moins opérateur dépendant que l’échographie
bien que plus chère [17]. Elle met en évidence un hypersignal T2 au
niveau de l’enthèse des tendons épicondyliens. Parfois, cet hypersi-
gnal peut s’étendre aux parties molles adjacentes, témoignant alors
d’un œdème périlésionnel. Elle évalue également la présence et
l’importance d’une éventuelle lésion fissuraire [18]. Elle apporte
pour certains une aide au choix d’une indication chirurgicale [19].
À l’inverse, pour d’autres auteurs, la sévérité des lésions ne per-
met pourtant pas de prédire la sévérité de la symptomatologie
[20]. Cet examen permet d’évaluer d’éventuelles lésions associées :
les plicae synoviales étaient par exemple retrouvées dans tous les
cas dans l’étude de Kniesel et al. [11]. Une évaluation du plan
ligamentaire collatéral latéral doit également être systématique
[10–12].
La fréquence du diagnostic d’EL ne doit pas faire oublier
les autres causes de douleurs latérales du coude. L’absence de
douleur à la mise en tension de l’ECRB à l’examen clinique
ainsi que l’absence de lésion sur l’échographie ou l’IRM doit
remettre en cause le diagnostic d’EL. Il conviendra d’éliminer
une arthrose condylo-radiale, une ostéochondrite disséquante, la
présence de corps étrangers, une inflammation de l’anconé, un
rhumatisme inflammatoire ou encore un syndrome du tunnel
radial. Parfois, les symptômes peuvent également se confondre
avec une pathologie plus régionale. L’ensemble du membre supé-
rieur doit être examiné avec une attention particulière pour
l’épaule. Le rachis cervical doit également être soigneusement éva-
lué [14].
3. Faut-il traiter les épicondylites latérales ? Quid de
l’évolution naturelle ?
La plupart des épicondylites latérales régressent spontanément
sans traitement avec un délai variant de 1 à 2 ans [3,21]. Les
publications comparant un traitement, quel qu’il soit, à l’évolution
naturelle, sont particulièrement rares. Il est ainsi difficile d’établir
si les traitements que l’on propose à l’heure actuelle sont efficaces
ou s’ils ne font qu’accompagner une pathologie dont l’évolution est
spontanément favorable. Smidt et al. ont publié une étude prospec-
tive randomisée incluant 3 groupes de patients [22]. Ils comparent
ainsi des patients traités par infiltration de cortiocostéroïdes, des
patients pour lesquels des soins de rééducation ont été réalisé et
des patients « wait and see » pour lesquels aucun traitement par-
ticulier n’était mis en route en dehors d’antalgiques simples et
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens à la demande. À un an de
recul, les résultats du traitement rééducatif sont à peine supérieurs
au traitement « wait and see ». Les auteurs recommandent de ne
pas intervenir en dehors des patients souhaitant un résultat rapide.
Quelques années plus tard, Bisset et al. ont publié un article dont
l’étude avait un protocole similaire à celui de Smidt et al. À un an,
ils ne retrouvent pas de supériorité des groupes traités par infiltra-
tion ou par kinésithérapie sur le groupe évoluant sans traitement
particulier [23].
Plus récemment, une méta-analyse comparant le traitement
médical et l’absence de traitement a été rapporté par Sayegh et al.
[24]. Pour ces auteurs, il n’y a pas de bénéfice démontré du trai-
tement médical. On reprochera néanmoins à cette dernière étude
de mélanger l’ensemble des traitements médicaux dans leur ana-
lyse, effaçant ainsi les éventuelles différences de résultat pouvant
exister entre les traitements médicaux eux-mêmes.
L’ensemble de ces études permet au final de conclure qu’un
grand nombre d’épicondylites latérales peuvent évoluer favorable-
ment de manière spontanée. La plus grande prudence doit être de
rigueur avant la mise en route d’un traitement, quel qu’il soit. Des
études mieux ciblées sur certains traitements médicaux incluant
des groupes témoins sont à ce jour indispensables.
 H. Lenoir et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 105 (2019) S45–S51
4. Les bases de la physiothérapie
Il est classique de proposer un traitement rééducatif comme
traitement de première intention des EL. Les programmes
d’étirement font partis des exercices les plus souvent réalisés. Les
données de la littérature sont pourtant pauvres à ce sujet. Bisset
et al., lors de leur revue de la littérature avec méta-analyse, ne
parviennent pas à donner de recommandations sur leur utilisation
[25]. À l’inverse, il semblerait que les méthodes de mobilisation
apportent un bénéfice qu’il s’agisse de mobilisation avec mouve-
ments, de manipulation de type Mill ou de mobilisations régionales
[26]. Le travail de renforcement excentrique des épicondyliens
semble également bénéfique. Cullinane et al. recommandent dans
leur revue de la littérature ce type de rééducation sur la base de
2 études jugées de bonne qualité dans lesquelles les patients ayant
bénéficié de cette prise en charge avaient un meilleur résultats
que ceux n’ayant pas réalisé ce renforcement [27]. Les massages
transverses profonds font partis de la plupart des protocoles de
rééducation en cas d’EL. La revue de la littérature de Brosseau et al.
n’a pourtant pas permis de démontrer leurs bénéfices [28].
Bien qu’elles occupent une part croissante dans de nombreux
cabinets de rééducation, la plupart des équipements utilisant des
moyens physiques pour rééduquer les patients atteints d’EL n’ont
pas fait la preuve de leur efficacité. Ainsi, il n’est à ce jour pas
possible de conclure que les ondes de choc, le laser, la stimu-
lation électrique de basse fréquence, les ultrasons ou encore les
champs électromagnétiques pulsés puissent avoir un effet théra-
peutique [25,29,30]. À l’inverse, il paraît difficile d’être affirmatif
sur leur inefficacité puisque les doses ainsi que les fréquences
d’utilisation ne sont pas univoques selon les protocoles utilisés.
Parmi ces moyens physiques, seuls les lasers à basse dose [31,32] et
à haute dose [33,34] semblent montrer une efficacité dans la prise
en charge des EL.
Les données de la littérature concernant l’usage d’orthèses sont
pauvres voire absentes. Aucune efficacité n’a été démontrée concer-
nant les orthèses de poignet, d’avant-bras ou encore les bracelets
de contention des épicondyliens. Les rares études publiées ne rap-
portent le plus souvent qu’une simple comparaison de ces attelles
entre elles sans que l’on puisse savoir si elles ont un intérêt par
rapport à un groupe témoin [35–37]. Quelques études prospec-
tives randomisées ont en revanche été récemment publiées pour
évaluer le taping. [38–40]. Ces publications souffrent pourtant de
problèmes méthodologiques et de faibles nombres de cas inclus.
Elles n’évaluent pas les résultats à moyen et surtout à long terme.
Les résultats rapportés par les différents auteurs sont divergents.
Comme le rappellent Tang et al. dans leur revue de la littérature,
l’acupuncture semblerait apporter quelques effets positifs dans la
prise en charge des EL [41]. Pour autant, les niveaux de preuve
sont faibles et il paraît difficile de conclure sur leur intérêt avec
les données dont nous disposons à ce jour.
5. Les gestes infiltratifs
Les injections de corticoïdes font aujourd’hui parties des trai-
tements les plus fréquemment mis en place. Elles apportent un
bénéfice évident dans les premières semaines suivant leur réalisa-
tion. Pour autant, elles ont des effets délétères à moyen et surtout
à long terme. Smidt et al. ont été les premiers à montrer l’effet
rebond de ces injections dans leur étude prospective randomisée
incluant 185 patients répartis en un groupe traité par infiltration de
corticoïdes, un groupe traité par physiothérapie et un groupe pour
lequel aucun traitement n’était mis en place [22]. Ils retrouvent
alors que les patients ayant eu une injection de corticoïdes avaient
de meilleurs résultats à 6 semaines mais nettement inférieurs
aux 2 autres groupes à un an de la prise en charge initiale. Plus
S47
récemment, Olaussen et al. retrouvent également de moins bons
résultats à 26 semaines chez des patients ayant eu une infiltration
de corticoïdes en comparaison à un groupe de patient ayant eu une
injection placebo de sérum salé isotonique et un groupe de patient
contrôle [42]. Pour d’autres auteurs, ces infiltrations de corticoïdes
seraient un facteur de risque d’échec du traitement médical [43].
Degen et al. retrouvent de leur côté que la réalisation de plus de
3 infiltrations de corticoïdes est le facteur de risque d’échec le plus
important en cas de traitement chirurgical [44]. Si l’on compare
ces infiltrations de corticoïdes aux infiltrations de PRP, on constate
également que les meilleurs résultats initiaux observés pour les
corticoïdes s’inversent avec le temps au profit des PRP [45–49].
Les résultats des injections de PRP sont aujourd’hui en cours
d’évaluation. Les résultats ne sont pas unanimes selon les études.
Ainsi, Murray et al., en retenant 6 articles lors de la réalisation
d’une revue de la littérature, plaident en faveur de leur utilisa-
tion [50]. Ces 6 articles ont également été retenus dans la revue
de la littérature de De Vos et al. [51] qui avaient également inclus
un septième article [52]. De façon surprenante, leurs conclusions
sont complètement opposées à celles de Murray et al. ! Depuis ces
revues de littérature, Lim et al. ont montré dans une étude pros-
pective randomisée incluant 156 patients que la réalisation d’une
infiltration de PRP apportait de meilleurs résultats sur la douleur
et le MEPS (Mayo Elbow Performance Score) que la réalisation d’un
traitement basé sur un protocole de rééducation [53]. On repro-
chera néanmoins aux auteurs de ne pas préciser la nature de ce
protocole. Parallèlement, il a été évoqué que l’aiguille en soit pou-
vait avoir un effet thérapeutique en dehors de la nature du produit
qui était injectée. Ainsi, Uygur et al. ont montré que les techniques
de « Dry needling » consistant à piquer par une aiguille la zone
douloureuse de l’épicondyle permettait d’améliorer les résultats à
6 mois de recul en comparaison d’un groupe de patient n’ayant pas
reçu ce traitement [54]. L’influx vasculaire et la réponse cicatricielle
permettrait d’expliquer l’amélioration clinique observée chez ces
patients. Au final, seule l’étude de Mishra et al. permet de réelle-
ment évaluer l’effet thérapeutique des PRP puisqu’ils ont comparé
dans une étude multicentrique randomisée incluant 230 patients
l’effet d’une injection de PRP avec la réalisation d’une simple ponc-
tion sans injection [55]. À 24 semaines de l’inclusion, les douleurs
étaient alors moins importantes dans le groupe de patients ayant
reçu des PRP.
Parallèlement à l’essor des PRP, les infiltrations de sang auto-
logue ont également vu le jour pour le traitement de ces EL.
Bien que les publications soient moins nombreuses à ce sujet, on
retiendra qu’à moyen et long terme, les études montrent que ces
injections sont plus efficaces que les corticoïdes et semblent équi-
valentes aux PRP [56–59]. L’utilisation de la toxine botulinique
doit en revanche probablement être abandonnée dans cette indica-
tion puisque ses effets controversés semblent être de courte durée
et s’accompagnent quasi systématiquement d’une faiblesse invali-
dante des tendons extenseurs [60–62].
6. Y a-t-il un intérêt au traitement chirurgical ?
Il est difficile d’établir des recommandations concernant
les indications chirurgicales en cas d’EL. Les indications sont
aujourd’hui plus basées sur des convictions personnelles ou des
avis experts que sur des preuves scientifiques. Ainsi, si la première
consultation pour épicondylite latérale est réalisée par un chirur-
gien, le risque d’être opéré est 12 fois plus important que si cette
consultation est réalisée par un médecin [43].
Si la physiologie des EL n’a pas à ce jour été complètement
élucidée, il semblerait que les mécanismes d’action du traitement
chirurgical soient tout aussi obscurs. Ainsi, l’intervention la plus
pratiquée est probablement celle décrite par Nirschl et Pettrone
S48 H. Lenoir et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 105 (2019) S45–S51
consistant à réséquer le tissu fibreux dégénératif [63]. Kroslak et
Murrell ont montré que la réalisation d’un simple abord chirurgi-
cal sans réaliser cette étape de résection pouvait donner les mêmes
résultats [64].
La méta-analyse de Buchbinder et al. ne permettait d’établir
aucune conclusion sur l’efficacité du traitement chirurgical sur
la douleur [65]. Les auteurs rappelaient que les études retenues
étaient très hétérogènes avec de petits échantillons et qu’elles
étaient toutes à haut risque de biais.
Il n’y a pas eu à notre connaissance de publications comparant
ces traitements chirurgicaux à l’évolution naturelle. Peu de publi-
cations comparent le traitement chirurgical au traitement médical.
Ford et al. n’ont pas trouvé de différence en comparant rétros-
pectivement cette procédure de Nirschl et la mise en place d’un
traitement par PRP [66]. Plus récemment, Karaduman et al. font une
comparaison similaire et retrouvent de meilleurs résultats avec les
infiltrations de PRP [67]. Dans une étude prospective randomisée
comparant le traitement arthroscopique et les infiltrations de PRP,
Merolla et al. retrouvent à 2 ans de recul des résultats plus encou-
rageant sur la force, la douleur et les scores fonctionnels pour le
traitement chirurgical [68].
Il ne semble donc pas possible à l’heure actuelle d’établir si le
traitement chirurgical est en mesure de supplanter le traitement
médical. En pratique, la détermination de facteurs de risque d’échec
du traitement médical pourrait apporter une aide dans le choix de
la décision opératoire. Ainsi, Knutsen et al. ont montré que l’âge,
l’obésité, le tabagisme, la notion d’une sinistralité professionnelle,
l’association avec un syndrome du tunnel radial, les antécédents
d’injections de corticoïdes, de port d’attelle, les antécédents de chi-
rurgies orthopédiques ainsi que l’usage de psychotropes étaient des
facteurs de risque d’échec du traitement médical [69]. Parmi ces
facteurs de risque, il semblerait que l’âge, l’obésité, le tabagisme
et les antécédents d’injection de corticoïdes soient aussi des fac-
teurs de risque d’échec du traitement chirurgical [44]. Ainsi, il paraît
difficile de sélectionner des « bons » candidats à la chirurgie.
Les complications postopératoires doivent également être
connues avant d’envisager un traitement chirurgical. Elles pour-
raient, en effet, paraître inacceptables si le résultat fonctionnel
d’une telle procédure ne peut être garanti. Pomerantz a réalisé à
ce sujet une revue de la littérature incluant au total 3436 cas [70].
Le taux de complications y est de 3,3 %. Le risque serait plus impor-
tant en cas de chirurgie à ciel ouvert (4,3 %) suivi des techniques
percutanées (1,9 %) et arthroscopiques (1,1 %).
Au final, l’intérêt du traitement chirurgical n’est pas clairement
établi à ce jour. En pratique, il est pourtant souvent difficile de ne
rien proposer à des patients en attente d’une solution, d’autant plus
que les publications prônant les bénéfices de diverses techniques
opératoires ne manquent pas [63,71–76].
Pour nos organismes payeurs, il pourra être proposé en cas
d’échec complet du traitement médical évoluant depuis plus d’un
an [77]. En réalité, les auteurs traitant de ce sujet évoquent plutôt
une limite de 6 mois après l’apparition des premiers symptômes
[63,71,78]. En pratique, cela concernerait entre 4 et 7,2 % des
patients [63,71]. Toute la difficulté de cette indication repose sur
le fait d’éviter d’opérer à tort certains patients. À l’inverse, il
faut également éviter que le patient ne « s’enferme » dans une
maladie chronique couteuse qui peut avoir des conséquences socio-
professionnelles désastreuses. Dans tous les cas, il sera fondamental
que le patient ait connaissance de l’ensemble de ces aspects. La plu-
part des EL évoluant spontanément de manière favorable [3,21,22],
le traitement chirurgical a pour principal objectif de réduire la
durée des symptômes d’une pathologie dont on ne connaît pas le
profil évolutif pour un patient donné. Le bénéfice après traitement
chirurgical ne sera pas immédiat : une amélioration significative
des douleurs peut être attendue à partie de 3 mois après la chirurgie
[79].
7. Quel traitement chirurgical proposer ?
L’intervention de Boyd et Mac Léod [80], consistant à exciser la
partie proximale du ligament annulaire et à libérer l’enthèse des
épicondyliens, fut la première technique à être largement diffusée.
Elle a progressivement laissé sa place à l’intervention de Nirschl et
Pettrone consistant à réséquer le tissu fibreux dégénératif au niveau
de l’enthèse des épicondyliens [63]. La décortication réalisée pen-
dant cette chirurgie a peu à peu été mise de côté, car elle ne semble
pas améliorer les résultats et augmenterait les douleurs postopé-
ratoires [81]. Parmi les techniques à ciel ouvert, la dénervation est
une alternative moins connue mais semblant apporter des résul-
tats encourageants [82]. Les microténotomies par radiofréquence
ont été présentées comme une alternative facile à réaliser. Elles
semblent donner des résultats équivalents aux techniques conven-
tionnelles à ciel ouvert [83–85] et aux techniques arthroscopiques
[86].
Baker a été le premier à présenter des résultats intéressants en
utilisant l’arthroscopie [87]. Les publications se sont ensuite mul-
tipliées pour vanter ses mérites [72,79,88].
Parallèlement, le développement de la voie du mini-invasif s’est
faite également au travers de techniques percutanées [74].
Naturellement, certains auteurs ont essayé de comparer ces
techniques pour déterminer le traitement le plus approprié. Ainsi,
Kim et al. ont comparé rétrospectivement le traitement à ciel ouvert
de 34 patients avec un traitement arthroscopique réalisé dans un
groupe de taille identique [89]. À un an de recul, ils retrouvent une
meilleure force de préhension ainsi qu’une douleur moins impor-
tante pour les patients traités en chirurgie à ciel ouvert. De la même
manière, Kwon et al. ne retrouvent qu’une légère différence signi-
ficative en faveur du ciel ouvert en ce qui concerne la douleur lors
travaux de force [75]. Cette étude rétrospective incluant 59 cas
revus à plus de 2 ans de recul ne retrouvait en revanche aucune dif-
férence concernant le quick DASH, la douleur au repos et à l’effort
et la force de serrage sans douleur. À l’inverse, toujours dans une
étude rétrospective, Solhheinm et al. retrouvent un meilleur score
de Quick-DASH pour leur 225 cas de traitement arthroscopique en
comparaison aux 80 cas traités à ciel ouvert [90]. Ils concluent néan-
moins que les 2 techniques donnent de bons résultats. Peart et al.
ne retrouvent pas de différence de résultats entre ces 2 techniques
à l’exception d’un retour au travail plus précoce en cas de traite-
ment arthroscopique [91]. Szabo et al. ont ajouté les traitements
percutanés au traitement arthroscopique et à ciel ouvert dans leur
évaluation [92]. Les résultats sont comparables pour ces 3 traite-
ments concernant la douleur et le score de Andrews et Carson.
Othman présente une étude prospective comparant 14 cas trai-
tés par arthroscopie et 19 cas traités en percutané [76]. Les résultats
semblent meilleurs pour le traitement arthroscopique pour le
DASH, la douleur et la satisfaction. Pour autant, aucune différence
significative ne semble apparaître. Dunkow et al. présentent une
étude prospective randomisée comparant le percutané et traite-
ment à ciel ouvert : la récupération y était significativement plus
rapide et la reprise du travail se faisait 3 semaines plus tôt si le
traitement percutané avait été réalisé [93]. Une reprise précoce
des activités professionnelles à 3 mois est retrouvée par Carlier
et al. après traitement percutané sous échographie associé à une
injection de PRP [94].
Pierce et al. ont enfin réalisé une revue de la littérature incluant
un total de 848 cas traités à ciel ouvert, 578 traités sous arthro-
scopie et 178 traités en percutané [95]. Les traitements percutanés
donnaient de moins bons résultats concernant le DASH alors que
le traitement à ciel ouvert était associé à des douleurs plus impor-
tantes. La satisfaction était en revanche comparable quel que soit le
traitement utilisé. Le taux de complications était également simi-
laire entre les groupes bien qu’il y ait eu plus d’infection pour les
chirurgies à ciel ouvert.
 H. Lenoir et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 105 (2019) S45–S51
Au final, aucun traitement chirurgical ne semble à ce jour réelle-
ment supplanter ses concurrents. Devant l’absence de publications
de niveau de preuve suffisant et la divergence de l’ensemble de ces
données, aucun traitement ne peut réellement être recommandé à
ce jour.
8. Conclusion
Le traitement de première intention des épicondylites latérales
repose sur la réalisation d’une rééducation adaptée dans laquelle
un travail de renforcement des épicondyliens doit être réalisé. Un
travail complémentaire de mobilisation, de stretching et de mas-
sages transverses profonds peut y être associé. Les ondes de choc, le
laser, la stimulation électrique de basse fréquence, les ultrasons ou
encore les champs électromagnétiques pulsés n’ont pas démontré
de bénéfice dans cette prise en charge. Parmi ces moyens physiques,
seul le laser permettrait d’améliorer les résultats fonctionnels.
S’il convient d’éliminer les facteurs en cause dans l’apparition de
l’épicondylite latérale, l’arrêt complet des activités est préjudiciable
et devra être évité.
En cas d’échec de cette première ligne de traitement, une infil-
tration de PRP pourra être réalisée. Dans tous les cas, il faut éviter
de réaliser des infiltrations de corticoïdes.
Le patient devra être informé de l’évolution naturelle de cette
pathologie qui rentre habituellement dans l’ordre en 1 à 2 ans.
Le traitement chirurgical sera envisagé chez un patient en échec
complet de traitement médical souhaitant un résultat plus rapide
ou ayant une évolution particulièrement longue de sa pathologie.
Il conviendra alors de l’informer sur l’efficacité de cette prise en
charge qui n’est pas constante.
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Financement
Aucune.
Contribution
Hubert LENOIR : conception de l’étude, revue bibliographique,
collecte et interprétation des données, écriture de l’article.
Yacine Carlier : conception de l’étude, revue bibliographique,
collecte et interprétation des données, relecture et validation de
l’article.
Olivier Mares : collecte et interprétation des données.
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