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Dédicace

Je dédie ce travail en mémoire de mes feux parents Sébastien SONABE et Catherine

KPEKOU, qui m’ont donné la vie et l’intelligence nécessaire pour étudier.

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Remerciements

 Nous adressons nos sentiments de reconnaissance à Dr Léocadie ODOULAMI, Maître

assistant à l’Université d’Abomey-Calavi qui a accepté de diriger ce travail malgré ses

multiples occupations. Sa sollicitude et conseils ne nous ont jamais fait défaut.

Je voudrais réitérer mes vifs remerciements à

 Tous les enseignants de l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo ;

 Monsieur Léonard KOUSSIGNI, directeur du CEG de Paouignan ;

 Monsieur Ludovic KPATENON, censeur du CEG de Paouignan ;

 Monsieur Pascal BADJAGOU, conseiller pédagogique, merci infiniment pour votre

encadrement dans le cadre de cette formation.

 Nos amis de l’atelier d’Histoire-Géographie du CEG de Paouignan notamment Charles

DOSSOUHOUI,

 Nos amis de l’atelier d’Histoire-Géographie du CEG1 de Glazoué en l’occurrence

François-Xavier GBAYEWO, Marc KETE ;

 Monsieur Antoine AGOSSA, merci pour sa contribution particulière à cette œuvre.

 Nos amis de l’atelier d’Histoire-Géographie du CEG 2 de Dassa en particulier à monsieur

Tayo BOSSOU.

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Sigles et acronymes

ENS : Ecole Normale Supérieure

CEG : Collège d’Enseignement Général

INFRE : Institut National de la Formation et de la Recherche en Education

ONG : Organisation Non Gouvernementale

UNICEF : United Nations International Children’s Emergency Fund (Fond des Nations

Unies pour l’Enfance)

VIH/SIDA : Virus Immunodéficience Humaine/Syndrome Immunodéficitaire Acquis.

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Résumé
Dans les lycées et collèges d’Afrique en général et ceux du Bénin en particulier, les jeunes
filles n’évoluent pas normalement dans leur cursus scolaire. Le CEG de Paouignan, situé dans
la commune de Dassa –Zoumè en République du Benin n’est pas exempt de cette observation.

L’étude : "Echecs scolaires des jeunes filles au CEG de Paouignan" s’inscrit dans ce cadre
et vise à déterminer les causes qui handicapent la bonne évolution des élèves filles dans leur
cursus scolaire dans ledit collège d’une part et les conséquences liées à de tels échecs d’autre
part. Elle a donc permis d’analyser les résultats des élèves filles dudit collège et leurs
conséquences et de proposer des stratégies de mise en œuvre pour remédier à cette déperdition
scolaire.

La démarche méthodologique adoptée pour ce travail scientifique a consisté à collecter les


données et à les analyser.

L’analyse des données s’est faite à la suite d’une enquête de terrain et de la recherche
documentaire. L’échantillonnage d’enquête se présente ainsi qu’il suit :

- 240 élèves filles interrogées sur les 469 soit un pourcentage de 51,17%
- 20 professeurs dont 5 femmes sur les 96 soit un pourcentage de 20,83%
- 03 membres de l’administration du collège questionnés
- 20 parents d’élèves interviewés.
De l’analyse des résultats scolaires au CEG Paouignan de 2008-2012, il ressort que les
élèves filles ne travaillent pas correctement que ce soit au niveau des résultats scolaires internes
que des examens nationaux.

Les causes de cette faible performance sont multiples et diverses : les pesanteurs
socioculturelles, la pauvreté des parents, la dépravation, le phénomène du téléphone portable, le
désengagement des parents, les harcèlements sexuels, les occupations domestiques des élèves
filles, …

Face à cette situation déplorable qui risque de conduire notre société à la dérive et au regard
du rôle fondamental que joue la femme, il urge que chaque acteur du système éducatif béninois
prenne ses responsabilités pour redorer le blason de l’école béninoise.

Mots clés : Bénin, Commune de Dassa-Zoumé, CEG Paouignan, déperdition scolaire des
filles, les pesanteurs socioculturelles.

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Introduction
Georges Jacques Danton, homme politique français XVIIIe siècle soutenait qu’ « après
le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». Cette conviction de l’homme d’Etat
et brillant avocat paraît si convaincante que la plupart des nations ont fait de l’éducation de
leur peuple une des priorités fondamentales. Cette intention est défendue par les différents
gouvernements béninois à travers une multitude de reformes visant à rendre performant le
système éducatif.

Mais malgré les efforts que déploient les gouvernants, un certain nombre de facteurs
constituent un handicap pour l’atteinte des résultats escomptés. Le système éducatif
béninois laisse de côté la notion de l’éthique et des valeurs qui ennoblissent l’homme.

L’école devient de plus un lieu de gardiennage social, les enfants se trouvent sans
structure d’accueil adéquate et sans enseignants. La pénurie en infrastructure scolaires
contraint les apprenants à des classes et à des réductions de crédits horaires. En fait, l’école
béninoise fait face à des difficultés ayant rapport avec les ressources humaines, matérielles,
financières, l’effectif théorique des apprenants dans les salles de classe, le manque de
matériels didactiques, etc. Tous ces paramètres sont vecteurs d’un fort taux d’échec. Mieux
dans les milieux ruraux comme l’arrondissement de Paouignan, la situation est plus
alarmante. Les parents d’élèves vivant dans une précarité indescriptible sont obligés de
laisser les enfants à eux-mêmes. Ceci a pour conséquence, les cas de déperdition scolaire,
surtout chez les élèves filles aux conditions de vie plus défavorables. Ainsi au CEG
Paouignan, le constat est que les élèves filles n’excellent pas au même titre que leurs
camarades garçons.

Face à cette remarque, il nous est paru important d’analyser les facteurs qui pourraient
expliquer la faible performance des élèves filles dudit collège.

Le présent travail nous permettra d’étudier d’abord le cadre théorique du milieu ;


ensuite de présenter et d’analyser les résultats et enfin de discuter desdits résultats.

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CHAPITRE I : problématique, revue de littérature, cadre d’étude et
méthodologie.

1.1Problématique.

1.1.1 Justification du sujet.


L’école promet le développement tandis que l’analphabétisme favorise le sous-
développement.
Le Bénin, a l’instar de nombreux pays africains, cherche à être au diapason de la
mondialisation. L’école en est l’une des principales clés. C’est pourquoi on constate que les
autorités béninoises incitent les adultes à l’alphabétisation et les enfants à la scolarisation.
C’est l’un des objectifs du plan décennal de développement du secteur de l’éducation
au Benin. Mais l’élaboration de ce plan décennal de développement de l’éducation dans
notre pays peut apparaître à maints égards comme une révolution dans la gestion du secteur.
Si expérience plus ou moins heureuses de 1960 à 1990 a pu maintenir le système éducatif
en survie. C’est à partir de 1990 que les états généraux de l’éducation ont tenté de définir
une vision stratégique accompagnée de quelques plans d’actions pour éviter que le pilotage
à vue ne porte de graves préjudices au système.
Mais force est de constater que ces efforts n’avaient guère comblé les attentes ni des
gouvernants ni des acteurs et usagers de l’école béninoise. C’est pourquoi prenant en
compte les engagements qu’il a pris au plan international, en particulier le forum de Dakar
en 2000 pour l’élaboration d’un plan d’action national par l’éducation pour tous, le
gouvernement béninois a adopté, le 23 février 2005, une lettre de politique éducative qui
définit et classifie les grandes opinons de développement de l’éducation au Bénin.
En dépit des efforts que les autorités politiques béninoises déploient pour répondre
aux besoins de développement de la population, on remarque qu’à l’heure du bilan mondial,
le Bénin n’occupe pas une place satisfaisante. Cette situation s’explique en partie par
l’insuffisance d’infrastructures, à l’effectif pléthorique des apprenants dans les salles de
classes, au manque de matériels didactiques, aux mouvements de grève qui paralysent
l’école et aux mauvais résultats scolaires. Ainsi par exemple, en 2011-2012, le taux de
réussite des élèves filles au CEG Paouignan au niveau interne pour le cycle 1 est en général
en dessous de 50% (40% en 6 e, 37,86% en 5e, 53,91% en 4e et 25,67% en 3e). Ce taux
d’échec des élèves filles vient confirmer celui enregistré au BEPC 2010 où sur 41
candidates inscrites, c’est seulement 19 qui ont été déclarées admises soit un pourcentage de
46,34%. (Source : Censorat CEG Paouignan : Rapports de fin d’année 2009-2010/2011-
2012)
Par ailleurs, dans cet environnement très peu sécurisant, les élèves qui ont la chance
d’accéder aux structures scolaires n’arrivent pas à terminer leurs cycles en particulier les
élèves filles. Cela peut être sans doute dû aux nombreuses déperditions scolaires constatées
au Bénin. Cette déperdition est plus prononcée en milieu rural comme Paouignan qu’en

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milieu urbain. Mais, quelles sont donc les causes de la déperdition scolaire des filles au
CEG de Paouignan ? Quelles en sont les conséquences ? Et quelles peuvent en être les
solutions ? C’est pour répondre à ces différentes préoccupations que le sujet « Echecs
scolaires des jeunes filles au CEG de Paouignan : causes et conséquences » est choisi pour
étudier les différents facteurs qui empêchent les élèves filles de bien évoluer dans leurs
études secondaires. Ainsi, pour lever ces interrogations, les objectifs suivants ont été définis.

1.1.2 Objectif général


La présente étude vise à déterminer les facteurs qui handicapent la bonne évolution des
filles dans leur cursus scolaire au CEG de Paouignan.
Objectifs spécifiques
De façon spécifique, cette recherche s’articule autour des points suivants :
- Analyser les résultats des élèves filles du CEG Paouignan de 2008 à 2012 ;
- Déterminer les causes des faibles performances des élèves filles dudit collège et leurs
conséquences ;
- Présenter les stratégies développées par les autorités pour corriger cette situation.
L’atteinte de ces objectifs passe par l’énoncé des hypothèses qui suivent :

1.1.3 Hypothèses
- Dans le collège, le rendement des élèves filles est faible ;
- Des facteurs sociologiques et internes au système éducatif expliquent l’échec des
élèves filles au CEG de Paouignan ;
- Des mesures existent pour améliorer la performance des élèves filles dans ledit
collège.

1.2Présentation de l’arrondissement de Paouignan


Situé dans la commune de Dassa-Zoumé, l’arrondissement de Paouignan est le plus
grand de la commune en matière de superficie (196 km², Source : Arrondissement de
Paouignan). Il compte treize (13) villages et quartiers de villes. Il est limité au Nord par la
ville de Dassa-Zoumè, au Sud par les villages de Gbowèlè, Hounkpogon et Zounto, à l’Est
par les villages de Lissa, de Gounsoé, et d’Agbogbomè et à l’Ouest par les villages de
Ouissi et d’Akpabla (Source : Service Planification et Développement Mairie de Dassa-
Zoumè).
1.2.1 Cadre physique du secteur d’étude
Le relief de l’arrondissement de Paouignan est marqué par la présence de plateaux (200
à 300m).
Du point de vue climatique, l’arrondissement de Paouignan appartient à la zone du
climat soudano-guinéen caractérisé par :

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- Une grande saison des pluies d’avril à juillet ;
- Une petite saison sèche d’aout à septembre
- Une petite saison des pluies d’octobre à novembre puis ;
- Une grande saison sèche de décembre à mars.
L’arrondissement de Paouignan comme la plupart des arrondissements du domaine
soudano-guinéen connait le phénomène de basculement climatique et est soumis à une
année sur deux, soit au régime pluviométrique uni modal, soit au régime pluviométrique
bimodal. La pluviométrie moyenne annuelle varie entre 595 et 1255mm d’eau avec un
enregistrement thermique moyen variant entre 24 et 29°C, soit une amplitude thermique de
5°C.
L’arrondissement de Paouignan est drainé par de petits cours d’eau saisonniers. Tous
ces cours d’eau sont alimentés par les eaux de pluie et ont un écoulement saisonnier.
Le couvert végétal est constitué d’une formation végétale constituée essentiellement de
la savane boisée, arborée et arbustive. On y rencontre la savane à emprise agricole, des
mosaïques de cultures et de jachères. Le niveau de dégradation du couvert végétal est très
avancé car l’urbanisation est en train de prendre un pas inquiétant.
Les sols rencontrés sont des sols ferrugineux tropicaux nuancés quelque peu des
caractéristiques particulières. On distingue les sols ferrugineux tropicaux sur socle
cristallin ; les sols hydro-morphes des bas-fonds de très faibles profondeur.
1.2.2 Cadre humain et activités socio-économiques
Avec une population de 27 351habitants (INSAE février 2002), l’arrondissement de
Paouignan compte plusieurs groupes socioculturels dont deux (02) sont majoritaires (Mahi
et Idaasha).
Parmi les activités pratiquées par les populations de Paouignan, l’agriculture tient une
place prépondérante car elle occupe plus de 80% de la population totale (Ménages agricoles
= 24.306. Source : Service Planification et Développement Mairie Dassa-Zoumè). Les
habitants pratiquent aussi le commerce.
Les produits agricoles concernent les céréales (maïs, riz, sorgho), les tubercules
(manioc, igname,…) les légumineuses (soja, haricot, arachide). L’activité pastorale
concerne essentiellement l’élevage de basse-cour où cohabitaient des oiseaux (coq, canard,
pintades, pigeons, etc.…) et mammifères (chères, moutons et cochons).
Le secteur secondaire quant à lui présente deux aspects : moderne et traditionnel.
Le premier s’illustre par l’implantation d’une usine d’égrenage de coton graine. Cette
implantation industrielle traduit la production importante de coton dans un passé récent par
les populations de l’arrondissement. Mais cette tendance s’inverse déjà à cause des
difficultés de la filière coton caractérisée par le non-paiement du prix d’achat aux
producteurs en 2000 sans oublier aussi les conditions climatiques défavorables.

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Le deuxième aspect représente la transformation traditionnelle des produits tropicaux
(manioc, maïs, arachide,…) en leurs dérivés (gari, tapioca, galettes, akassa,…). Elle
s’effectue individuellement ou par groupements.
Au niveau du secteur tertiaire, les activités commerciales concernent la vente des
produits agricoles d’une part et la vente d’articles importés d’autre part. Il existe deux (02)
catégories de commerçants que sont : les détaillants et les semi-grossistes. Les semi-
grossistes sont installés pour la plupart d’entre eux au bord du marché local. Ils vendent des
produits manufacturés tels que les matériaux de construction, les boissons alcoolisées, les
denrées alimentaires en carton (tomate, cube, lait, sucre, …) et des produits congelés. Quant
aux détaillants, ils concentrent plus leurs activités dans le marché qui s’anime tous les cinq
(05) jours.
Les produits vivriers, objet de transaction sont maïs, haricot, arachides, tubercules,
voandzou, ignames.
L’artisanat est aussi une activité bien développée dans l’arrondissement. On peut
identifier par exemple des ateliers de couture, de coiffure, de mécanique, de menuiserie, de
dépannage radio, etc…
La plupart de ces artisans travaillent individuellement.
1.2.3 Présentation du Collège d’Enseignement Général de Paouignan
Le collège d’Enseignement Général de Paouignan est situé dans l’arrondissement de
Paouignan dans la commune de Dassa-Zoumè. Il a été créé en 1981 par monsieur
AHOUANGNIVO Vincent qui fut son premier directeur. Il couvre une superficie de 5
hectares et compte au titre de l’année scolaire 2013-2014, 27 groupes pédagogiques. Le
collège a un premier, cycle de 20 groupes pédagogiques est un second cycle de 07 groupes
pédagogiques. Les séries de formation sont les séries A et D. L’administration du collège est
assurée par une directeur, deux censeurs dont un adjoint, un comptable et un surveillent
général. Le collège. Compte au cours de l’année 2011- 2012 un effectif de mille trois cent
trente trois (1333) élèves dont quatre cent soixante neuf (469) filles soit un pourcentage de
35, 18%. Ils sont répartis dans 27 classes dont 07 sont volantes rendant ainsi pénible les
activités pédagogiques. (Source : censorat dudit CEG. Année scolaire 2013-2014).
L’encadrement pédagogique est assuré par un collège de professeurs de 96 enseignants
dont zéro-Agent permanent de l’Etat, zéro Agent contractuel de l’Etat, quinze (15) Agents
contractuels de l’Etat reversés et quatre vingt et un (81) vacataires.

1.3.Revue de littérature
De nombreuses études ont été faites dans le sens d’une connaissance beaucoup plus
approfondie des facteurs qui handicapent l’évolution des élèves filles de lycées et collèges
au Bénin. Ainsi parlant de l’échec scolaire, Foulquié (1971) le définit comme le « Fait pour
un écolier ou un étudiant, de n’avoir pas pu, faute de succès suffisant, parvenir au terme du
cycle d’étude entrepris ». Selon Avanzini (1977), « un élève est en situation d’échec
lorsque ses performances sont inférieures à celles qu’exigent le niveau officiel de sa classe
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ou de son cours, ou encore les normes de l’examen qu’il prépare ». Isambert-Jamati (1978)
quant à lui, décrit l’élève en échec comme celui qui n’a pas acquis dans le délai prévu, les
nouvelles connaissances et les nouveaux savoir-faire que l’institution prévoyait qu’il
acquière, conformément au programme. Mialaret (1979) définit l’échec selon un cadre de
référence précis : « Par rapport au cursus scolaire complet, l’échec scolaire suppose
l’impossibilité de son achèvement ; par rapport à une année scolaire, l’échec devient
synonyme de redoublement ; par rapport aux attentes de l’élève et de sa famille, face à
l’accès aux différents cycles, l’échec implique ici que l’orientation proposée ne coïncide pas
avec ses attentes ».
Ces quelques définitions montrent bien la difficulté de trouver un consensus sur le
concept de l’échec scolaire en raison, certes, de la pluralité des approches et des disciplines
qui s’en intéressent. En dépit des nuances, Njale (1994) fait remarquer que le concept
d’échec a pour conséquence une sanction. D’un point de vue opérationnel, cette sanction se
rapporte soit à un abandon définitif de l’école, soit à un redoublement d’une ou plusieurs
classes.
Le rapport de l’USAID en 2008 sur l’étude des violences faites aux filles en milieu
scolaire souligne que les filles dans le milieu scolaire sont confrontées à de multiples
obstacles. Le phénomène des violences n’est certes pas l’apanage de l’école. Cependant,
parce que l’école renferme la couche sociale la plus vulnérable, l’impact des conséquences
y est plus désastreux. Les filles en milieu scolaires sont confrontées à toutes ces formes de
violences dont certaines leur sont exclusives. Les violences faites aux filles en milieu
scolaires ont un impact certain sur le maintien des filles à l’école et sur la réalisation de
leurs projets d’avenir. Ces formes de violences contribuent parfois à la déperdition des
filles.
Badjagou. P. (2005), en étudiant les causes de l’échec scolaire au CEG 1 de Dassa-
Zoumè est parvenu à la conclusion selon laquelle les causes de la contre performance des
élèves sont liées au système éducatif actuel à travers les programmes d’étude aux formateurs
et aux conditions de vie et de travail imposées aux enseignants et aux élèves.
Bachirou (2005), renchérit en disant que la déscolarisation des filles en milieu rural
reste un problème inquiétant malgré l’effort de l’Etat et des partenaires au développement
pour réduire le phénomène et corriger la disparité. La perception que les populations font
du rôle social de la fille vient mettre le feu aux poudres quant à la déscolarisation des filles
en milieu rural.

1.4Méthodologie
Démarche méthodologique.
La démarche adoptée pour ce travail scientifique consiste à collecter les données et à les
analyser.
Les méthodes, techniques et outils ci-après ont été utilisés pour mener les investigations.

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Il est à rappeler qu’une pré-enquête a été effectuée pour mieux cerner les aspects relatifs aux
terrains : recherche documentaire ; grille d’observation ; enquête de terrain ; guide
d’entretien.
1.4.1 Données collectées.
Les données collectées sur le terrain se rapportent à l’évolution des élèves filles dans leur
cursus scolaire ; aux facteurs qui handicapent cette évolution ; aux conséquences liées à de
tels échecs et aux mesures d’amélioration de cette performance.
Des informations ont été également recueillies sur les conditions de vie des parents d’élèves,
leur pouvoir économique et leur perception sur la scolarisation des filles.
1.4.2 Méthodes d’investigation
1.4.3 Recherche documentaire
La recherche documentaire prend en compte l’inventaire des ouvrages abordant le
sujet d’étude. Ainsi des informations ont été recueillies sur la faible scolarisation des filles,
leur faible performance et sur les causes de leur échec scolaire.
Cette recherche s’est déroulée dans les centres de documentation de l’ENS et de
l’INFRE de même que dans les bibliothèques.
1.4.4 Grille d’observation
Elle a été élaborée pour faire certaines observations relatives aux comportements des
acteurs du système éducatif, des élèves, des parents d’élèves.
Plusieurs paramètres sont observés comme :
Le comportement des élèves filles ;
La représentativité des élèves filles dans les classes ;
La qualité de l’enseignement ;
La collaboration entre élèves et enseignants, entre enseignants et administration ;
La distance des lieux de résidence par rapport au collège ;
L’influence des activités agricoles sur les activités pédagogiques.
1.4.5 Enquête de terrain
Elle a été faite avec des outils de collecte de données tels que le questionnaire et le
guide d’entretien.
Le questionnaire a été élaboré et adressé à des groupes cibles comme les élèves, les
enseignants, les autorités administratives dudit collège, les parents d’élèves. Ces
questionnaires ont permis de recueillir des informations relatives à :
- pesanteurs socioculturelles ;
- causes socioéconomiques ;

32
- facteurs internes au système éducatif.
1.4.6 Guide d’entretien
Des entretiens semi-groupés ont été organisés avec les élèves filles qui justifie leur
faible rendement scolaire. De même, certains parents d’élèves ont aussi été entretenus.
L’objectif de ce second entretien est de recueillir l’avis des parents sur la scolarisation des
élèves filles et d’apprécier leur niveau de vie par rapport aux charges scolaires. De ces
différents entretiens des informations ont été recueillies et ont fait l’objet d’analyse
pertinente.
1.4.7 Echantillonnage
L’étude a pris en compte les promotions des classes de premier cycle. Le choix de ces
promotions n’est pas un choix hasardeux mais un choix raisonné. Il est basé sur la présence
des élèves filles dans les différentes classes de ces promotions. Mais dans l’impossibilité
d’interroger toutes les élèves de l’établissement, un échantillon d’enquête a été interrogé.
Les caractéristiques de l’échantillon se présentent ainsi qu’il suit :
240 élèves filles interrogées sur les 469 soit un pourcentage de 51,17%
20 professeurs dont 5 femmes sur les 96 soit un pourcentage de 20,83%
03 membres de l’administration du collège questionnés
20 parents d’élèves interviewés.
Au total 283 personnes sont interrogées. Les informations recueillies au cours de cette
enquête ont fait objet d’analyse et de commentaire
1.4.8 Analyse et traitement des données
Avant le traitement des données, il est effectué un inventaire des informations
quantitatives et qualitatives. Les informations sont catégorisées et codées selon les objectifs
à atteindre.
Le traitement des informations est manuel et informatique parce que les informations
sont traitées par les logiciels Word, Excel pour réaliser les graphiques, les tableaux,
camemberts et diagrammes. A cet effet, il s’agira de montrer dans une étude diachronique
les causes de la déperdition des élèves filles et leurs conséquences.
L’analyse a révélé la faible performance des élèves filles au CEG de Paouignan, les
causes de cette faible performance et leurs conséquences.

32
Chapitre II : Présentation, analyse et discussion des résultats

2.1Présentation et analyse des résultats.


Les figures 1 et 2 ci-dessous traduisent respectivement l’évolution des élèves filles au
CEG Paouignan de la 6e en 3e de 2008 à 2012 et les résultats du BEPC des élèves filles du
même collège pendant la même période.

140

120

100
6e
80
5e
60 4e
3e
40

20

0
2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012

Figure n°1 : Evolution des effectifs des élèves filles de 6e en 3e au CEG Paouignan

80
70
60
50 6e
40 5e
30 4e
3e
20
10
0
2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012

Figure n°2 : Résultats du BEPC des élèves filles du CEG Paouignan de 2008-2012

La figure n°1 traduit l’évolution des effectifs des élèves filles de 6 e en 3e. En 2008-2009,
129 filles sont entrées en 6e. Cet effectif a été suivi de la 6 e jusqu’en 3e. De ce suivi, il

32
ressort que sur les 129 filles entrées en 6 e en 2008-2009, il n’en restait que 20 en 3 e en 2011-
2012 soit un pourcentage de 15,50%.
Nous rappelons que notre étude n’a pas pris en compte les cas de transferts, d’abandons et
autres.
Cette contre performance des élèves filles fera ultérieurement objet d’analyse et de
commentaire.
La tendance générale qui se dégage de l’analyse de la figure n°2 = Résultats du BEPC des
élèves filles du CEG Paouignan de 2008 à 2012 est que : au cours des deux premières
années, le taux de réussite des élèves filles dudit collège est plus ou moins satisfaisant (70%
et 50%). Ce taux a considérablement chuté pendant les deux dernières années de notre étude
(40% et 20%).
De cette analyse, il ressort que les résultats des élèves filles au BEPC pendant les quatre
années de notre étude viennent confirmer les résultats internes étudiés pendant la même
période.

2.1.1 Causes de l’échec des élèves filles au CEG Paouignan.


Les facteurs qui expliquent l’échec des élève filles au CEG Paouignan sont multiples
et varies. Toutefois, les ménages interroges dans le cadre de ce travail de recherche ont a
65% reconnu la nécessite d’envoyer les filles à l’école de nos jours. Beaucoup de parents
connaissent l’utilité de l’école dans la vie d’une femme. Par contre, les 35% qui ont accordé
peu d’importance à la scolarisation des filles évoquent comme arguments qu’une fille est
faite pour rester au foyer, élevé les enfants et aide son mari dans les travaux champêtres si
possible .Ces derniers estiment qu’une fille qui va à l’école échappe au contrôle des parents.
La plupart de ces filles deviennent rebelles, arrogantes, ne respectent plus les parents parce
qu’elles se disent lettrées. Mieux, elles ne respectent plus les traditions, elles ne veulent plus
du mari qu’on leur a choisi et qui a parfois satisfait de nombreuses obligations matérielles,
financières et sociales depuis la petite enfance de sa future femme. Pour éviter de tels
déboires, mieux vaut ne pas scolariser les filles, pensent de nombreux parents enquêtés. Ces
idées confirment celles développées par l’Unicef, (1991) dans son rapport Enfant et
femmes, avenir du Bénin qui stipule que : « plus les parents ont un bas niveau d’instruction,
plus ils manifestent de résistance à la scolarisation de leurs filles ». Par ailleurs, les parents
encore réticents à la scolarisation de leurs filles évoquent la question de la grossesse de la
jeune fille à l’école. En effet, le plus souvent elles tombent en état de grossesse de jeunes
gens qui n’ont aucune ressource nécessaire pour supporter les charges liées à l’entretien de
cette grossesse. Dans ce cas, ce sont les parents de la fille qui doivent porter encore cette
charge. Ainsi, pour la plupart des parents, une fille à l’école ne sert qu’à accroitre les
dépenses de la famille. Pour d’autres parents l’école est considérée comme un lieu de
dépravation. En effet, l’école influence le comportement de la jeune fille, surtout lorsqu’il
s’agit de collégiennes.

32
2.1.1.1 Causes socio-économiques de l’échec des élèves filles.
L’échec des élèves filles est aussi lié aux raisons économiques comme :
 La pauvreté des parents d’élèves
L’échec des élèves filles est dû à la pauvreté des parents qui pour la plupart n’arrivent pas à
honorer leurs engagement parental. En effet, dans un milieu comme Paouignan, les parents
d’élèves éprouvent de sérieuses difficultés à satisfaire les obligations scolaires de leurs
enfants compte tenu des conditions de vie très difficiles et de la morosité économique dans
ces conditions, s’occuper des frais liés à la scolarisation des enfants devient un problème
épineux. D’autres parents, en particulier, les ménagères, pour satisfaire à cette exigence
scolaire sont obligés de solliciter l’appui des élèves filles qui doivent les aider à vendre les
jours de marchés qui sont aussi des jours ouvrables. La pauvreté constitue donc un
handicap majeur à la scolarisation des filles dans notre milieu. Aussi est-il nécessaire de
souligner que l’incapacité de ces parents à subvenir aux besoins scolaires de leurs
progénitures provient surtout de leur état alarmant de pauvreté, qui frise parfois l’indigence.
Cette pauvreté se manifeste par : un grand nombre d’enfants en charge ; donc beaucoup de
bouches à nourrir ; une mauvaise alimentation des enfants, la promiscuité familiale qui se
traduit par un logement exigu pour le nombre élevé de personnes qui y vivent. A tout cela
s’ajoute l’irresponsabilité de certains parents qui choisissent délibérément de ne pas
investir dans la formation de leurs enfants surtout filles. Ces parents indélicats préfèrent
plutôt investir dans les cérémonies ruineuses. D’autres croient que l’école n’est pas le
moyen le plus sûr qui permet d’avoir vite de l’argent. L’école fait perche du temps aux gens
surtout aux filles. De plus investir dans l’étude de la fille est absurde. Ces parents pensent
que la fille est appelée à quitter sa famille pour une autre ; par conséquence, un
investissement sur cette dernière serait inutile et que c’est la famille d’accueil qui en
jouirait. Or le plus précieux investissement que puisse faire un homme, c’est celui qu’il
réalise sur son enfant, fut-elle une fille. Certaines filles aussi au regard de leur
environnement socio-économique ne voit aucun intérêt à aller à l’école car pour elles, leurs
camarades d’âge les laisseraient pour vite se marier et faire d’enfants.
 Les occupations domestiques de la fille
Les occupations domestiques constituent aussi un facteur expliquant la faible performance
des élèves filles. En effet, les élèves filles sont trop sollicitées pour les travaux domestiques.
En tant que femme et future maman, les règles de la société africaine exigent que la jeune
fille dès son bas âge soit éduquée à la pratique des travaux de la maison : balayer la cour,
puiser de l’eau, savoir préparer le repas, faire la vaisselle… ainsi, à leur arrivée à la maison
à midi et le soir, les filles accomplissent beaucoup de tâches domestiques qui les empêchent
d’étudier. Après tant d’effort fournis dans les travaux de la maison, la fille arrive fatiguée
devant son cahier, conséquence, gênée par le sommeil, elle ne peut se concentrer pour
apprendre sa leçon. Environ 56% des élèves interrogées ont affirmé que les activités
domestiques les empêchent de bien étudier les cours. Certaines ont même suggéré que les
garçons soient aussi soumis aux travaux domestiques et là s’ils excellent mieux à l’école, on

32
pourra dire que les garçons travaillent plus que les élèves filles. Donc les filles se disent
qu’elles ne bénéficient pas des mêmes conditions que leurs homologues garçons.
 La dépravation des élèves filles
L’adage selon lequel la femme est un verre de terre et ne cherche que là où il y a l’humidité
tient sa raison d’être avec nos élèves filles. En effet, une situation alarmante se développe
avec nos élèves filles. La question des maisons de tolérance qui se développent peu à peu
dans l’arrondissement de Paouignan constituent un handicap sérieux pour l’évolution des
élèves filles à l’école. Ces apprenants quittent la maison avec des sacs à main dans lesquels
on y trouve tous les objets de beauté et des tenues de ville. Ainsi, nos élèves quittent la
maison sous prétexte qu’elles vont à l’école et se retrouvent dans les maisons de passe au
moment où leurs géniteurs croient qu’elles sont à l’école.
 Le phénomène du téléphone portable
Le téléphone portable contribue dangereusement à la déperdition des élèves. Le constat fait
au CEG Paouignan est que pratiquement à partir de la classe de cinquième, les élèves filles
en majorité ont déjà un téléphone portable. Le phénomène est plus criard avec les élèves du
second cycle. Ainsi, il n’est pas rare de voir une élève prendre un appel dehors au moment
où l’enseignant s’échine à donner des explications par rapport à un apprentissage donné.
Malgré les menaces de tout genre, l’interdiction d’usage de téléphone portable dans
l’établissement, certains élèves échappent au contrôle de l’administration et des enseignants.
Ils les utilisent pour répondre à des rendez-vous extrascolaires. Parfois, tout juste aux sorties
des cours des taxi-motos attendent déjà nos apprenantes pour les prendre pour une
destination autre que leur maison. Les élèves filles qui se livrent à des activités sexuelles
intenses sont pour la plupart élégantes, mais par contre, elles sont nulles en termes de
résultats scolaires. Selon une étude réalisée par l’ONG Aide et Action en 2005, la faible
performance enregistrée de nos jours chez les élèves filles a pour origine principale l’usage
du téléphone portable par les apprenantes. Un élément important à souligner dans le cadre
de ce travail est la fréquentation des buvettes et autres lieux de jouissance par les élèves
filles. Ces dernières oublient leur statut d’élève pour se complaire à ce mode de vie. Les
autorités locales contribuent aussi à la déperdition des élèves filles. Le plus souvent, ce sont
ces autorités qui achètent les téléphones portables de hautes gammes aux filles. Ces élèves
qui se retrouvent dans ce rang social croient que leur vie sera toujours aisée de cette manière
et minimisent leurs enseignants qui ne représentent rien devant elles, surtout que ces
enseignants ont le plus souvent des portables trop peu intéressants.
 L’éloignement des lieux de résidence des élèves de l’école
Le CEG de Paouignan est le seul collège de l’arrondissement qui dispose d’un second cycle.
Donc, c’est l’unique collège qui dessert la plupart des villages de l’arrondissement.
L’effectif de ce collège est composé des élèves provenant des villages environnants.
Contrairement à ce qui se fait dans d’autres localités du pays où les élèves provenant des
villages vont louer là où se trouve leur collège, ici, la plupart des élèves qui fréquentent le
CEG font la navette entre leur village et le collège. Cette situation est favorisée par la
32
situation géographique de l’arrondissement de Paouignan. Certains élèves doivent faire à cet
effet une distance d’environ 5 à 10 Km voire plus à vélo, parfois à pieds. Les élèves filles
qui sont soumises au parcours de cette distance journalière éprouvent sérieusement de
difficultés à bien suivre les cours. Tous les jours, elles viennent à l’école fatiguées avant le
démarrage des cours. Toutes ces tracasseries influent sur les résultats des élèves. Mais cette
situation s’explique aussi par la pauvreté des parents qui n’ont pas les moyens financiers
pour louer les maisons à leurs enfants. Dans ces conditions, beaucoup d’élèves arrivent à
l’école en retard. Les raisons avancées pour justifier ce retard est soit « c’est mon vélo qui
est tombé en panne » ou « je viens de très loin ». Bref, l’éloignement des lieux de résidence
du collège constitue un sérieux handicap pour les élèves du CEG en général et les filles en
particulier et constitue donc une proportion non négligeable à leurs échecs.

2.1.1.2 Causes internes au système éducatif


Plusieurs facteurs internes au système éducatif sont à l’origine de la déperdition des élèves
files au CEG Paouignan. Parmi ces causes, nous essayerons d’évoquer quelques unes.
 Les mouvements de grève
Le système éducatif béninois du Bénin est périodiquement le théâtre d’arrêt de travail dû
essentiellement à une mauvaise gestion du dialogue social. D’année en année, les motifs
sont presque les mêmes : non respect des textes règlementaires et législatifs par le pouvoir
exécutif, discrimination dans la répartition de ressources financières nationales. En
conséquence, le temps scolaire est souvent perturbé pendant parfois plus de deux mois.
Cette fréquence des grèves, malgré leur caractère licite aux yeux de certains observateurs,
provoque un choc au sein de l’opinion publique. Les parents d’élèves et une proportion non
négligeable de la société expriment leur désapprobation à l’égard des enseignants grévistes.
Ainsi, malgré l’opinion publique, les enseignants sont plus que déterminés en rang serré. En
effet, depuis 2007 à nos jours, l’école béninoise a traversé des moments de grèves les plus
durs. Les acteurs de l’enseignement ont de la peine à accorder leur violon sur les problèmes
essentiels qui minent le secteur. Pour amener l’Etat à satisfaire leurs revendications, les
différents syndicats des trois ordres de l’enseignement ont formé un front dénommé « Le
Front des trois ordres d’enseignement ». Cette coalition constitue de grandes menaces pour
le système éducatif béninois. Ce front lance tous azimuts des mouvements de grève. En
2007-2008, le mouvement de grève lancé par le front a paralysé le système éducatif durant
près de trois mois. Le plus dur des mouvements de grève a été celui de 2011-2012 où toutes
les activités pédagogiques ont été paralysées, faisant planer le spectre d’une année blanche
n’eut été l’esprit patriotique qui a fini par gagner les enseignants avec interventions de
différentes catégories d’acteurs. Mais, il est vrai que le droit de grève est reconnu aux
travailleurs de notre pays, il est vrai que le fonctionnaire béninois a de nos jours un pouvoir
d’achat encore bas, mais il faut louer l’effort fourni par le gouvernement de l’actuel
président, malgré parfois sa mauvaise volonté de négocier avec les syndicats. C’est aussi
vrai que tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait, toutefois, il faut songer à l’avenir des
enfants. A l’heure actuelle, personne ne peut nier les conséquences désastreuses des

32
mouvements de grèves sur les résultats de nos enfants et sur leurs comportements. En effet,
pendant les périodes de grèves, les parents d’élèves n’arrivent plus à maitriser le
mouvement de leurs enfants en particulier les élèves filles. Aussi faut-il reconnaitre que
c’est durant les temps de grève que les élèves filles profitent pour répondre à leurs rendez-
vous extrascolaires. Après ces mouvements, l’ardeur au travail s’émousse et on enregistre
également beaucoup de cas de grossesses. D’autres élèves se convertissent en petits
commerçants, les garçons préfèrent aller au Nigéria. Il est clair que ces mouvements de
grèves contribuent à la déperdition des élèves et particulièrement des élèves filles.
 Le manque de personnel enseignant qualifié
Le tableau ci-dessous indique la situation du personnel enseignant au CEG de Paouignan.

Années Catégories d’enseignants


APE % Contractuels % Contractuels % Vacataires %
2013-2014

de l’Etat locaux
reversés
00 0 00 0 15 15,62% 81 84,37% 96

Titre : Enquête de terrain, octobre 2013.


Une lecture attentive de ce tableau montre que dans ce collège qui a 27 groupes
pédagogiques et 1333 élèves environ, il n’y a aucun professeur agent permanent de l’Etat.
Le personnel enseignant de ce collège est dominé par les vacataires à environ 84,34%. Les
contractuels locaux reversés ne représentent que 15,62% et les contractuels de l’Etat 0%.
Cette tendance pose l’épineux problème du personnel d’encadrement dans les collèges. En
effet, le constat amer qu’on fait de nos jours, est le manque d’enseignants qualifiés dans nos
établissements scolaires publics. Cette situation s’explique par le fait que depuis quelques
années l’Etat a cessé de recruter les enseignants formés dans les Ecoles Normales
Supérieures qui sont d’ailleurs en nombre insuffisant.
Il faut reconnaitre que si l’effectif des enseignants vacataires a connu une évolution
exponentielle, cela est dû au problème d’emploi et de chômage qui sévit actuellement dans
notre pays. Le manque d’emploi pousse les jeunes fraîchement sortis de l’université, sans
aucune qualification professionnelle, ni formation pédagogique au préalable, à aller
enseigner dans nos lycées et collèges. Dans la majorité des cas, ces jeunes n’ont pas un
amour réel pour ce métier noble et difficile. Ils y vont pour régler leur situation de chômage,
le temps de trouver mieux ailleurs. Environ 48% des enseignants interrogés sur la question
de la vocation de leur métier ont affirmé qu’ils se sont retrouvés dans l’enseignement par
contrainte et s’ils avaient une opportunité, ils ne choisiraient jamais ce métier. Certains ont
avoué finir par s’adapter au fil des ans. L’autre élément important responsable des mauvais
résultats dans les collèges est le profil de certains enseignants qui ne correspond pas à la
discipline enseignée. C’est ainsi qu’un juriste ou un sociologue devient un professeur de

32
Français, un économiste enseigne les mathématiques. Cette inadéquation entre la formation
et la matière enseignée constitue un véritable handicap au système éducatif béninois. L’autre
défaut qu’on impute au corps professoral et qui contribue à l’échec des élèves est
l’inconscience professionnelle. En effet, beaucoup d’enseignants n’arrivent pas à observer
les règles déontologiques de la profession enseignante. Retards et absence fantaisistes au
cours sont fréquents. Ces différents comportements discréditent l’enseignement et influent
négativement sur le résultat scolaire.
 Le harcèlement des élèves filles.
De nos jours, on constate que les enseignants harcèlent sérieusement leurs élèves filles. Ce
phénomène des temps modernes qui a cours dans nos collèges n’échappe pas au CEG de
Paouignan. Certains enseignants indélicats éprouvent le vilain plaisir à faire des pressions
sur leurs élèves filles pour les obliger à avoir des relations coupables avec elles. Lors de nos
enquêtes, 42% des élèves filles interrogées, ont déclaré avoir été courtisées par leurs
enseignants. Ce fort taux s’explique par le fait que les enseignants que le CEG Paouignan
utilise sont à dominance des jeunes fraichement sortis des universités, encore virils et pour
la plupart non mariés. Ils exercent une pression sur les élèves filles et ce faisant contribuent
à leur déperdition ou à leur échec. Toujours est-il que ces pratiques rétrogradent influent
d’une manière ou d’une autre sur les résultats de ces élèves filles. Les plus studieux arrivent
à passer dans les mailles du filet et le reste ne fait que subir les affres de ses enseignants
prédateurs. Ainsi, de redoublement en redoublement, elles finissent par abandonner l’école
ou se font exclure pour insuffisance de travail.
 Les souscriptions scolaires multiples
La mise en œuvre du programme Approches par Compétence exige des apprenants
beaucoup d’efforts puisque ces derniers sont désormais au centre de l’apprentissage. A cet
effet, l’apprenant doit avoir des supports pouvant l’aider à construire son savoir. Ainsi, faute
de support, les enseignants ne tardent pas à mettre dehors les élèves. Ce faisant les élèves
filles sont les plus défavorisées car elles n’ont pas pour la plupart autant de moyens que les
élèves garçons qui ont la facilité de s’adonner aux travaux champêtres et au métier de porte-
faix les jours de marché de la localité. Il faut mentionner aussi que les élèves filles
n’arrivent pas à participer aux séances des travaux dirigés par les enseignants pour la même
cause. Le désengagement de l’Etat fait que le problème de l’enseignement secondaire
revient aux parents d’élèves qui, en dehors des frais d’écolage, aussi doivent souscrire pour
la fabrication des mobiliers et la construction des salles de classes. Toutes ces charges
pèsent sur les apprenants provenant des familles pauvres. Les parents éprouvent de sérieuses
difficultés pour payer ces souscriptions. D’autres parents dans l’impossibilité de s’en
acquitter préfèrent retirer les enfants de l’école en particulier les élèves filles. Donc, les
souscriptions contribuent à la déperdition des élèves surtout des filles.

 La non maîtrise de la langue officielle de travail

32
Le phénomène qui s’observe aujourd’hui dans notre collège est que la langue maternelle est
transformée en langue officielle de travail. En effet, les apprenants du collège ont un niveau
bas dans la langue d’apprentissage que constitue le Français. Des lacunes s’observent dans
la maîtrise des notions de grammaire, d’orthographe et de conjugaison. C’est d’ailleurs ce
qui explique la faible performance de ces élèves dans les matières. Mais, il faut reconnaître
que ce faible niveau en langue est aussi renforcé par le comportement de certains
enseignants qui trouvent du plaisir à parler la langue maternelle aux élèves à l’école. Ce
faisant, les élèves prennent malheureusement le pli, surtout que parler le Français constitue
déjà pour eux un calvaire.
Ce comportement malsain contribue à la baisse du niveau des élèves dans la mesure où
pratiquement toutes les matières s’enseignent en français.

2.1.2 Conséquences de l’échec des élèves filles.


L’école, avions nous dit « est un lieu d’éducation, de formation, un lieu où l’on façonne
l’individu, dans un parcours de préparation à la vie ». Par l’école, les frontières de
l’ignorance sont reculées au profit de celles de la connaissance. Ne pas mettre pieds à
l’école est source de malheur pour toute personne en l’occurrence la femme. Ainsi, les
avantages liées à la scolarisation des filles sont nombreux et couvrent les domaines de la vie
sociale, économique, culturelle et politique. Une fille scolarisée apparaît comme un facteur
puissant de développement des sociétés, tant elle intervient dans les domaines variés pour
apporter et favoriser des changements qualitatifs. C’est dans cette logique qu’Abdou M.
(1998), souligne « qu’en instruisant un homme, on instruit un individu, mais en instruisant
une femme, on instruit, au sein de la cellule humaine qu’est la famille, toute une génération
appelée à naître et à évoluer sous sa tutelle et son influence ». Ainsi les populations rurales,
en opposant une forte résistance à la scolarisation des élèves filles, rament à contre courant
de l’histoire.
Les filles déscolarisées regagnent pour la plupart les foyers conjugaux. Là elles pensaient
obtenir leur bonheur. Mais dans la majorité des cas, elles n’arrivent pas à tenir puisque les
réalités conjugales sont autres, et surtout qu’elles n’ont pas une activité digne de nom. Elles
subissent les affres du mari qui les maltraite. Cette déscolarisation constitue un handicap
amer pour la société.
Au regard du rôle fondamental de la femme dans la société, si elle n’est pas allée à l’école,
il lui sera difficile de jouer convenablement le rôle qui est assigné dans la société. Une
femme instruite est une nation éduquée dit-on. Le manque d’instruction ne peut mettre à
l’abri de certains fléaux sociaux que sont les viols, les maladies sexuellement transmissibles
surtout le VIH/SIDA, les grossesses non désirées ou précoces avec leurs corollaires
d’avortement provoqués, abandon d’enfants et surtout d’infanticides. Dans un contexte
actuel, où les questions de droits de la femme et d’approches genres sont en vogue, une
femme qui n’est pas allée à l’école restera en marge de ces changements qualitatifs actuels.
Elle sera donc sujette aux caprices des garçons indélicats qui chosifient la femme et la
maltraite. Or, il suffirait que la femme soit lettrée pour qu’elle oppose une résistance

32
intellectuelle à cette forme de violence. Parlant des violences, la femme qui n’a pas mis
pieds à l’école est plus exposée à cette atrocité que celle lettrée. C’est dire donc que l’école
contribue à éveiller la femme et l’aguerrir contre certains maux.
L’autre inconvénient de la déscolarisation est le mariage précoce des filles une fois l’école
abandonnée, sont à la maison sans activités. Dans la logique de satisfaire leurs besoins de
toilette, les élèves filles sont à la messie de tout individu qui pourrait leur trouver quelques
moyens financiers pour répondre à cette exigence. Ainsi, ne maîtrisant aucune méthode
contraceptive, elles sont victimes de grossesses non désirées, des maladies sexuellement
transmissibles et par ricochet ; ce qui constitue de véritables couloirs de propagation du
VIH/SIDA. Ces grossesses sont parfois sans auteurs parce que la multiplicité des partenaires
complique l’identification du véritable auteur et dans ce cas, la grossesse est attribuée à
celui, qui, dans le lot, dispose de ressources nécessaires pour faire face à la grossesse. Dans
d’autres cas on n’arrive pas à identifier l’auteur et les parents doivent faire face à cette
situation qui vient aggraver leur précarité.
Au demeurant, la non scolarisation des filles est un sérieux handicap pour la société dans la
mesure où le rôle qui lui est dévolu est immense, pour faire face au phénomène de
déperdition alarmant observé dans nos milieux ruraux, des mesures hardies doivent être
prises pour endiguer le fléau afin de construire une société idéale où il fera bon vivre pour
tous. Cela passe par la scolarisation massive des femmes.

2.1.3 Approches de solutions aux problèmes de l’échec des élèves filles.


 Le rôle de l’Etat dans le système éducatif béninois
Depuis les Etats généraux de l’éducation en octobre 1990, le gouvernement est conscient de
la nécessité d’un environnement sain pour garantir la viabilité durable des réformes
entreprises pour améliorer l’équité, l’accès et la qualité à tous les niveaux, c’est pourquoi, le
renforcement des capacités institutionnelles du secteur de l’éducation, au niveau central,
régional et local constitue une préoccupation essentielle des plans d’actions de la réforme
institutionnelle.
A la lumière des analyses faites à travers cette étude, nous nous sommes donc rendus
compte que le système éducatif béninois traverse une grave crise qui pourrait être élucidée
par la pénurie du personnel enseignant, la faible qualification, les grèves perlées,
l’insuffisance des infrastructures et de matériels didactiques. Les filles, socles de la société,
sont les premières victimes de ces dysfonctionnements par leur déperdition, les taux élevés
de redoublement et l’abandon des classes. Ainsi, pour corriger ces disfonctionnements,
l’Etat, premier acteur du système éducatif doit prendre des mesures urgentes afin de
remédier à ces insuffisances.
L’Etat doit à cet effet :
- créer les Ecoles Normales Supérieures dans tous les départements pour assurer une
formation de qualité aux élèves professeurs ;

32
- créer les lycées des jeunes filles dans chaque département afin d’assurer un
encadrement adéquat aux élèves filles ;
- doter les collèges d’infrastructures scolaires adéquats ;
- pourvoir les établissements de personnel enseignants qualifiés en procédant à un
recrutement massif des enseignants de métier ;
- étendre la décision d’exonération des élèves filles à tous les cycles ;
- installer des cantines scolaires dans les collèges à caractère rural comme celui de
Paouignan ;
- introduire l’informatique dans les curricula de formation et doter les établissements
de salle informatique ;
- former régulièrement les enseignants par rapport aux objectifs des programmes en
vigueur ;
- revaloriser la fonction enseignante à travers la formation, la qualification et la
motivation des enseignants ;
- uniformiser les primes des contractuels et agents permanents de l’Etat de manière à
ce que les acteurs se sentent mieux dans leur métier.
 Les autorités administratives
Le rôle des autorités administratives est important dans le maintien des élèves filles à
l’école.
Etant en contact avec ces élèves, elles maîtrisent mieux leurs difficultés et doivent les
écouter davantage. C’est pourquoi, l’administration doit :
- sensibiliser les parents d’élèves à envoyer leurs enfants filles à l’école et s’occuper
correctement d’elles ;
- encourager les élèves les plus méritants en l’occurrence les élèves filles en leur
octroyant des prix d’excellence ;
- créer un cadre d’échange avec les élèves filles pour s’enquérir de leurs problèmes ;
- ne plus exclure les élèves des collèges en dépit de leur moyenne de redoublement ;
- sensibiliser le personnel enseignant sur les comportements malsains en particulier,
ceux relatifs aux violences faites aux filles en milieux scolaires en vulgarisant aussi
l’arrêté ministériel n° 16/MEPS/METFP/CAB/DC/SGM/SA du 01/01/13 relatif aux
sanctions contre les auteurs de violences sexuelles sur les élèves filles ;
 Les autres actions à mener
- œuvrer à un changement de mentalité en développant des attitudes respectueuses et
de considération envers les jeunes filles ;

32
- organiser des émissions radiotélévisées pour promouvoir de nouveaux
comportements en matière de scolarisation des filles ;
- éviter aux mass-médias la diffusion de films et feuilletons qui contribuent à la
dépravation des mœurs, conduisant du coup les filles à une sexualité précoce ;
- rendre fonctionnel les démembrements de Réseau National pour la Promotion de la
scolarisation des filles en les dotant de ressources financières et matérielles
suffisantes ;
- développer les centres d’écoute des jeunes filles afin de favoriser leur
épanouissement psychologique ;
- développer des services de santé en matière de reproduction sexuelle pour les jeunes
filles ;
- utiliser le canal des autorités traditionnelles et religieuses et les ONG pour un
changement de comportement avec des séances d’information, d’Education et de
Communication.

32
2.2Discussion
Une analyse soutenue des "Echecs scolaires des jeunes filles au CEG de Paouignan" montre
que les facteurs responsables de l’échec ou du redoublement scolaire sont nombreux et
complexes. Ces facteurs semblent, toutefois, se regrouper en quatre catégories. Outre les
capacités intellectuelles de l’élève et les caractéristiques de sa personnalité, l’environnement
familial, l’environnement scolaire et le système d’éducation constituent des causes
déterminantes de la déperdition scolaire.
En effet, les problèmes familiaux tels que la pauvreté, le chômage, la violence dans le foyer
familial, l’éclatement de la famille et le décès d’un parent entraîne des effets perturbateurs,
chez les élèves scolarisés en particulier les élèves filles. Les jeunes en transportant leurs
problèmes à l’école, sont inquiets, agressifs ou déprimés. Les élèves qui vivent des
problèmes à la maison sont plus vulnérables et plus susceptibles de développer des
difficultés à l’école. Ils perdent le contrôle de leur vie et ne réussissent plus à fonctionner
dans leur milieu scolaire. Leurs problèmes prenant toute la place et les efforts à fournir à
l’école deviennent des défis qui leur semblent impossible de relever.
Les études sur le fonctionnement familial montrent que les enfants ont plus de risques
d’abandonner leurs études si les parents valorisent peu l’école et s’impliquent peu dans
l’encadrement scolaire de leurs enfants, si le style parental est permissif et le système
d’encadrement déficient (manque de supervision, de soutien et d’encouragement), s’il y a un
manque de communication et de complicité entre les parents et les enfants et si les parents
réagissent mal ou pas du tout au premier échec scolaire de leurs enfants. Or ce
comportement d’indifférence s’observe véritablement chez beaucoup de parents de notre
milieu d’étude. Ils ne cherchent pas à s’enquérir de l’évolution de leurs enfants à l’école et
c’est à la fin de l’année qu’on cherche à savoir si l’enfant passe en classe supérieure. Cette
indifférence est coupable et contribue dans une large mesure à la faible performance des
apprenants.
Par ailleurs, la réussite et l’échec scolaire des enfants sont étroitement liés à la perception de
leur capacité à modifier leur environnement par l’effort et le travail. Un enfant évoluant
dans un milieu favorisé aura davantage l’impression qu’il peut réussir ; s’il agit de la façon
appropriée, puisqu’il a vécu des expériences positives dans la satisfaction de ses besoins
suite à ses actions ou ses demandes. Par contre, les élèves originaires d’un milieu
défavorisé, plus fréquemment susceptibles de décrocher, semblent moins conscients de leur
pouvoir de changer les choses et de transformer leur environnement. En général, l’école est
impuissante à rendre la réussite scolaire moins dépendante de l’héritage familial. Autrement
dit, elle est un lieu de reproduction des inégalités sociales. Cependant, on n’observe que
l’impact du statut social de la famille diminue au cours des dernières années de
scolarisation.
Plusieurs auteurs ont démontré que l’école, par ses structures, son organisation du cursus ou
son climat, influence les résultats scolaires des adolescents (Bos, Ruigters et Visscher, 1990,
Entwisle, 1990).

32
Sur la organisationnel, les écoles plus petites tendent à favoriser la participation des élèves
dans des activités parascolaires et à permettre un encadrement plus flexible et plus étroit de
la part des enseignants. Par contre, les écoles qui s’adressent à une population hautement
diversifiée sur les plans culturel, ethnique et intellectuel sont moins efficaces.
Sur le plan des pratiques éducatives, les meilleures écoles se caractérisent par un usage
étendu des pratiques pédagogiques et des stratégies de classes efficaces. Les bonnes écoles
offrent aux adolescents de multiples occasions pour découvrir leurs intérêts, leurs habiletés
sportives et artistiques, et pour se développer sur le plan personnel (autonomie) et social
(amitié, relation sociales). Les attitudes des enseignants sont également importantes.
Les études ont montré que les élèves réussissent mieux lorsque les adultes valorisent
ouvertement la réussite éducative. Les écoles efficaces se caractérisent par une direction
soutenante plutôt que contrôlante, et qui fait preuve d’un leadership efficace, capable de
susciter la coopération. Les meilleures écoles ont appris à communiquer avec les parents, à
leur faire une place et à susciter leur participation dans différents comités. Elles savent aussi
offrir un soutien aux parents sur les meilleures façons d’aider leurs enfants dans leurs
études.
Le statut socioéconomique de l’apprenant détermine sa réussite ou son échec.
En effet, le statut socioéconomique est défini opérationnellement selon Willms (2003)
comme étant la combinaison du revenu, du niveau d’éducation et du prestige professionnel.
Plus le statut socioéconomique d’une famille est élevé, plus les enfants sont susceptibles
d’avoir de bonnes aptitudes scolaires et connaître davantage de succès et de réalisations
dans leurs études : un tel statut élevé des parents est accompagné d’une meilleure perception
du soutien social de l’entourage, de pratiques parentales moins rigides et des externalités
positives importantes (présence des ordinateurs, des jeux électroniques, etc…). Souvent, ces
familles fréquentent d’autres familles à statut socioéconomique comparable permettant à
leurs enfants de partager les mêmes externalités positives. Il en résulte un degré de
motivation et de succès scolaire plus grand que chez les enfants provenant de familles à
statut socioéconomique faible.
Les enfants de milieu défavorisé ont souvent de la difficulté à s’adapter aux règles de
fonctionnement de l’école parce qu’ils y sont mal préparés. S’ajoute à ces problèmes
d’adaptation d’un fossé linguistique qui rend les enfants mal à l’aise pour comprendre et
utiliser des langues étrangères.
De même, la scolarité des parents influence fortement le statut socioéconomique de la
famille et permet de prédire les résultats scolaires de leurs enfants. Les élèves de classe
sociale défavorisée ont des aspirations scolaires moins élevées et des valeurs liées à l’école
moins présentes que ceux issus de classes sociales défavorisées (Bourdieu, 1966). Au
contraire, les parents ayant une scolarité élevée tendent à être plus actifs dans la
scolarisation des enfants et à avoir de plus grandes attentes envers leur choix de carrière.
Plus encore, ces parents peuvent être des modèles de réussite pour leurs enfants. Il ressort
donc qu’un statut socioéconomique faible (faible revenu et faible scolarité parentale) est lié

32
négativement au système de valeurs transmises et aux aspirations familiales, qui à leur tour
sont associées négativement aux résultats et à la scolarité des enfants.
Au total, les paramètres qui concourent à l’échec des élèves filles sont multiples et variées et
il serait difficile de saisir tous ces facteurs dans le cadre de ce travail de recherche.

32
Conclusion
A la lumière des analyses faites sur les facteurs explicatifs de l’échec des élèves filles au
CEG de Paouignan, nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle les handicaps à la
bonne évolution des élèves filles dans le collège d’étude sont multiples et variés. A cet effet,
il est à souligner que l’analyse des résultats scolaires internes des élèves du CEG de
Paouignan montre que les élèves garçons travaillent mieux que leurs camarades filles. Cette
remarque a été également faite aussi au niveau des résultats des examens de BEPC. Les
causes de cette faible performance sont de divers ordres et ont pour nom :
- les pesanteurs socioculturelles
- la pauvreté des parents d’élèves ;
- les occupations domestiques des élèves filles ;
- la dépravation ;
- le phénomène du téléphone portable ;
- l’éloignement des lieux de résidences des élèves du collège ;
- les mouvements de grève intempestifs ;
- le manque de personnel enseignant qualifié ;
- le harcèlement des élèves filles ;
- les souscriptions scolaires multiples ;
- la non maîtrise de la langue officielle de travail ;
- le désengagement des parents d’élèves ;
- le manque de suivi et de motivation de l’apprenant.
Face à cette situation déplorable qui risque de conduire notre société à la dérive, au regard
du rôle fondamental que joue la femme, surtout celle instruite, il urge que chaque acteur de
ce système puisse prendre ses responsabilités en formant, en recyclant les enseignants et
mettant à leur disposition les moyens adéquats qu’il faut pour l’accomplissement de leur
mission. Les enseignants eux-mêmes doivent accepter de se mettre au travail en
abandonnant les comportements malsains qui discréditent le corps enseignant. Ils doivent
s’engager pour la dignité individuelle et collective afin de redonner à la profession
enseignante sa noblesse du passé.les enseignants devraient rester avant tout des éducateurs,
donc des modèles, des références car les mauvaises relations entre enseignants et
apprenantes contribuent à la dégradation de l’image de l’enseignant et constitue une source
importante de la déperdition.
Par ailleurs, les parents d’élèves doivent aussi jouer un rôle déterminant dans la bonne
évolution de leurs filles. Pour ce faire, une véritable révolution culturelle est nécessaire afin
que les habitudes rétrogrades qui tendent à maintenir la fille dans les activités de ménage
puissent être bannies. Donc, seule l’éducation des populations par une alphabétisation

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conséquente permettra de briser toutes les barrières qui font obstacles à la scolarisation et au
maintien de la fille à l’école.

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32
Bibliographie

 BADJAGOU, P. (2005). Les causes de l’échec scolaire au CEG 1 de Dassa-Zoumè, 62

pages.

 SANNI, B. (2005). Obstacles à l’évolution scolaire au Bénin : cas du CEG Pira,

Commune de Bantè, 66 pages.

 OROUSE, G. (2005). Déperdition scolaire des filles dans la commune de Kalalè, 53

pages.

 WOROU, G. (2008). Echecs scolaires des filles en milieu rural au Bénin : cas du

CEG Yoro de 2000-2007, 63 pages.

 BRESSOUX, P (1994) « Les recherches sur les effets-écoles et les effets maîtres »,

revue française de pédagogie, 108 pages.

 MEN : Actes des Etats généraux de l’Education, Cotonou, Octobre 1990, 175 pages.

 Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education 2006-2015, Cotonou,

octobre 2006, 166 pages.

 AGUIAR Laure (2005). L’enseignement au Bénin de 1960 à nos jours : une vocation

ou un pis-aller ? Les conséquences sur les résultats scolaires, 55 pages.

 HOUNDJI G. Marcellin (1982), Image de l’enseignant dans la société béninoise

d’aujourd’hui (cas de l’Enseignement de Base), 83 pages.

 AMOUR ET VIE, Magazine pour la santé des jeunes, volume 8.

32
Questionnaire AUX élèves filles.
Identification………………………………………………………………………………
Classe …………………………………………………………………………………….
Age ………………………………………………………………………………………..
Causes des échecs des élèves filles au CEG de Paouignan
1. Depuis quand fréquentes-tu ? ……………………………………………………………..
2. Est-il arrivé que tu redouble une classe ? …………………Si oui,
3. Quelles sont les raisons de cet échec ? ……………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
4. Existe-t-il des facteurs qui vous empêchent d’étudier ?...................................................
…………………………………………………………………………………………………
5. Un de tes professeurs t’as-tu fait des avances sentimentales une fois ?...........................
Si oui as-tu accepté ou refusé ?..........................................................................................
6. Si tu as refusé, comment s’est-il comporté envers toi ?...................................................
…………………………………………………………………………………………………
Si tu as accepté comment il t’a aidé ?..................................................................................
…………………………………………………………………………………………………
7. Paies-tu toi-même ta souscription scolaire ?........................................................................
Si oui comment tu t’arranges pour la payer ? ………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
8. Quels sont les problèmes auxquels tu es confrontée à la maison et à l’école et qui
t’empêche de travailler en classe ?
A la maison, je suis confrontée à : ……………………………………………………………
A l’école, je suis confrontée à : ……………………………………………………………….
9. Selon toi, pourquoi les élèves garçons travaillent mieux que les élèves filles à l’école ?
…………………………………………………………………………………………………
10. Que souhaites-tu que les autorités fassent pour t’aider à évoluer dans tes études ?...........
…………………………………………………………………………………………………

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Questionnaire AUX professeurs

1. Les élèves filles de votre classe ont-elles les mêmes réactions que les élèves

garçons ? ………………………………………………………………………………

2. Comment pouvez-vous expliquer le faible effectif des élèves filles dans vos

différentes classes ? ……………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………….

3. Selon vous, pourquoi les élèves filles ne travaillent-t-elles pas correctement  à

l’école?...........................................................................................................................

4. En tant qu’enseignant, quelle est votre part de responsabilité dans l’échec des élèves

filles ? ………………………………………………………………………………….

5. Quelles sont selon vous les conséquences de la déscolarisation d’une fille sur la

société et la nation ? …………………………………………………………………...

6. Faites des propositions pour une meilleure scolarisation et le maintien des filles dans

le système éducatif ? …………………………………………………………………

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Questionnaire AUX membres de l’APE

1. Quelles sont selon vous les raisons qui expliquent le faible taux de scolarité des

filles ? ………………………………………………………………………………….

2. Pensez-vous que les élèves filles ont les mêmes chances de réussite à l’école que les

élèves garçons ? (donnez vos raisons)…………………………………………….

………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………….

3. Que faites-vous pour inciter les parents à envoyer leurs enfants filles à l’école ? ….

………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………….

4. Quels conseils avez-vous à l’endroit des élèves filles pour les encourager à travailler

et surtout continuer leurs études ?.............................................................................

………………………………………………………………………………………….

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Questionnaire A L’administration

1. Selon vous pourquoi l’effectif des élèves filles est souvent plus inférieur par rapport à

celui des garçons ?...................................................................................................

………………………………………………………………………………………….

2. Quelles appréciations faites-vous du taux de réussite des élèves filles?

………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………….

3. Le taux de réussite des élèves filles est souvent faible, quelles en sont les

causes ?...........................................................................................................................

………………………………………………………………………………………….

4. Que comptez-vous faire pour améliorer le résultat des élèves filles dans votre

établissement ? ………………………………………………………………………...

………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………….

………………………………………………………………………………………….

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Guide d’entretien

1. Intérêt pour la scolarisation des filles

2. Freins à la scolarisation des filles

3. Causes de la déperdition des filles

4. Responsabilité des parents, des élèves et des professeurs dans l’échec des élèves

filles

5. Influence de la tradition, des activités agricoles et commerciales dans l’échec des

filles

6. Part du système éducatif

7. Proposition pour lutter contre la déperdition scolaire.

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Table des matières
DÉDICACE.........................................................................................................................................................................2

REMERCIEMENTS..........................................................................................................................................................3

SIGLES ET ACRONYMES..............................................................................................................................................4

RÉSUMÉ.............................................................................................................................................................................5

INTRODUCTION..............................................................................................................................................................6
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE, REVUE DE LITTÉRATURE, CADRE D’ÉTUDE ET
MÉTHODOLOGIE............................................................................................................................................................7

1.1 PROBLÉMATIQUE...................................................................................................................................................7
1.1.1 Justification du sujet..................................................................................................................................7
1.1.2 Objectif général..........................................................................................................................................8
1.1.3 Hypothèses.................................................................................................................................................8
1.2 PRÉSENTATION DE L’ARRONDISSEMENT DE PAOUIGNAN....................................................................................8
1.3 .REVUE DE LITTÉRATURE..................................................................................................................................10
1.4 MÉTHODOLOGIE...............................................................................................................................................11

CHAPITRE II : PRÉSENTATION, ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS.........................................14

2.1 PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS...................................................................................................14


2.1.1 Causes de l’échec des élèves filles au CEG Paouignan..........................................................................15
2.1.1.1 Causes socio-économiques de l’échec des élèves filles......................................................................................16
2.1.1.2 Causes internes au système éducatif...................................................................................................................18
2.1.2 Conséquences de l’échec des élèves filles................................................................................................21
2.1.3 Approches de solutions aux problèmes de l’échec des élèves filles.........................................................22
2.2 DISCUSSION......................................................................................................................................................25

CONCLUSION.................................................................................................................................................................28

BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................................................................................31

QUESTIONNAIRE À L’ENDROIT DES ÉLÈVES FILLES......................................................................................31


QUESTIONNAIRE À L’ENDROIT DES PROFESSEURS........................................................................................33

QUESTIONNAIRE À L’ENDROIT DES MEMBRES DE L’APE............................................................................34

QUESTIONNAIRE À L’ENDROIT DE L’ADMINISTRATION..............................................................................35

GUIDE D’ENTRETIEN..................................................................................................................................................36

Table des matières..............................................................................................................................................................37

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