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Résumé : Le barrage de Béni Haroun (bassin du Kebir-Rhumel), d’une capacité de 963 hm3, est
le plus grand barrage d’Algérie. Il est à la tête d’un système de transfert hydraulique complexe, à
impact régional. Dans les différentes études d’avant projet détaillé (APD), l’évaluation de l’apport
régularisé a abouti à des résultats très différenciés, avec un volume régularisé retenu de 435
hm3/an. Les données des bilans de régularisation mensuels et annuels enregistrés par l’ANBT ont
permis d’évaluer les termes du bilan du réservoir sur 8 années de fonctionnement (de 2003/2004 à
2010/2011). En raison des forts apports des oueds Enndja et Rhumel alimentant la retenue, la
moyenne interannuelle de l’affluent (apport au barrage) a atteint 887 hm3/an, soit plus du double
du volume régularisé théorique. Le volume des lâchers par vidange de fond a atteint une moyenne
de 739 hm3/an, alors que le volume livré à l’AEP ne dépasse pas les 37 hm3/an.
INTRODUCTION
Le barrage de Béni Haroun se situe au Nord Est algérien, sur l’oued Kebir (bassin du Kebir-
Rhumel) et est destiné à la fourniture de l’eau au profit de plusieurs agglomérations urbaines
(près de 3 millions d’habitants), et de grands périmètres d’irrigation (30 000 ha). Il est à la
tête d’un grand système de transfert hydraulique comportant une gigantesque station de
pompage avec un débit de 21 m3/s sur 700 m de dénivelée, et dont l’impact touchera cinq
wilayate de l’Est (Mila, Constantine, Oum El Bouaghi, Batna et Khenchela).
Le bilan de régularisation du barrage est étudié grâce au traitement des données de l’Agnece
Nationale des Barrages et Transferts (ANBT) relatives à 8 années (2003/04 – 2010/11)
d’exploitation de l’ouvrage, caractérisées par d’abondants apports hydrologiques lors des
deux premières années de mise en eau de la retenue.
Le barrage de Béni Haroun est situé à 4 km en aval de la confluence des oueds Rhumel et
Enndja, à une quarantaine de km au Nord de Constantine. La superficie totale drainée est de 7
725 km². La digue se situe dans un resserrement de gorges calcaires, là où la géologie est
complexe et très cisaillée.
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Les caractéristiques hydrotechniques du barrage se résument dans les données du tableau :
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En l’absence d’une station de jaugeage au site même du barrage, les apports liquides
de l’oued Kébir, ont été estimés dans le cadre de l’étude d’A.P.D, par des méthodes
empiriques avec des résultats très différenciés. Ces estimations se sont avérées
exagérément élevées (apport annuel moyen de 730 hm3 et volume régularisé de 625
hm3 par an, d’après l’étude d’A.P.D. de HARZA, 1985) ou particulièrement faibles
(apport de 325 hm3 par an, selon la première évaluation de TRACTEBEL, 1997).
En définitive, de nouveaux calculs ont conduit à un apport moyen annuel compris
entre 469 hm3 (série 1944-1993) et 590 hm3 (série 1910-1993) et un volume
régularisé annuel retenu de 435 hm3 (TRACTEBEL, 1999). Il se trouve que les
apports enregistrés au cours de la courte période d’exploitation du barrage, sont plus
conséquents : 857 hm3/an en moyenne (2003-2010), soit près du double du volume
estimé, mais avec de très fortes fluctuations d’une année à l’autre.
Trois phases ont marqué l’évolution du remplissage de la retenue. Une première phase, entre
2003 et 2006, où les réserves n’ont pas atteint les 300 hm3. Une seconde étape, plus
conséquente, entre 2006 et 2010, qui a vu le volume passer de 300 à 600 hm3. Enfin la
dernière phase, à partir de 2010 où les réserves ont atteint la capacité maximale, avec un
premier déversement de crue enregistré en mars 2012 (fig. 2 et 3).
En raison de l’importance des volumes évacués par vidange de fond, notamment durant les
deux premières années (pour assurer la sécurité de l’ouvrage en béton pendant la phase de
mise en eau), l’évolution des réserves de la retenue ne reflète pas les entrées que
représentent les apports des oueds au barrage (fig. 3).
La moyenne interannuelle des apports (affluent) de 2003/04 à 2010/11 est de 857 hm3/an.
Une année exceptionnelle, 2004-05, se distingue par son apport annuel de 2 261 hm3,
engendrés par des précipitations très abondantes atteignant un total annuel de 925 mm,
enregistré au site du barrage (fig. 4). Or, au terme de cette année, la réserve du barrage n’a
pas dépassé 182 hm3 (capacité du 1er septembre 2005), à cause des vidanges de fond
provoquées volontairement pour les raisons évoquées plus haut.
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Fig.3. Variations annuelles des apports et des réserves au Fig.4. Variations annuelles des pluies mesurées
barrage en début d’année au barrage BH
Fig.3. Annual Inflows variations and dam reserves at the Fig.4. Annual variations in rainfall measured in
beginning of the year BH dam
Les fluctuations des apports journaliers au barrage sont directement liées aux hauteurs de
précipitations et leur répartition à travers les différentes aires productrices du bassin versant.
Comme le montre la figure 5, les épisodes pluvieux exceptionnels de novembre et décembre
2004 ont engendré des crues conséquentes : au pic pluviométrique journalier de 70 mm
enregistré le 13 novembre, succède un volume journalier de crue de l’ordre de 52 hm3
observé le 14 novembre ; un 2ème pic pluviométrique de 84 mm enregistré le 29 décembre a
précédé la crue du 31/12/2004 qui a atteint un volume de 109 hm3.
Fig.5. Fluctuations journalières des apports et des pluies au barrage (crues de novembre et décembre
2004)
Fig.5. Daily Fluctuations of inflows and rainfall at the dam (flows of November and December 2004)
En moyenne interannuelle, les pertes par évaporation à la retenue sont de 30 hm3/an, soit un
volume considérable traduisant l’étendue de la surface de la retenue (39,3 km²) et
l’importance des facteurs climatiques.
S’agissant des débits de fuites, élément non négligeable dans le bilan de régularisation d’un
barrage, nous ne disposons pas de données de mesures. Les sources qui apparaissent en aval
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de la digue, sur la rive gauche de la vallée, laissent penser à de probables fuites dues à une
karstification au niveau des versants calcaires de la retenue.
- Les vidanges de fond : Les volumes d’eau évacués par vidange de fond ont atteint une
moyenne de 679 hm3/an (86% du défluent et 70% des apports moyens). Entre 2003 et 2005
(années très pluvieuses), en plus de maintenir la réserve à un niveau précis pour éviter un
remplissage brusque du barrage, la vidange de fond servait à chasser les sédiments charriés
par les crues. Les débits de vidange ont, par la suite, baissé avec l’évolution du remplissage
du barrage.
CONCLUSION :
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Hammam Grouz, situé sur le Rhumel-amont, qui n’avait connu son premier déversement de
crue qu’après 16 ans de fonctionnement.
REFERENCES
BOURBIE M.A. (2008) Impacts du barrage de Béni Haroun et de son système de transfert sur les milieux
naturel et humain, Mémoire d'ingénieur en Aménagement de milieux physiques, université de Constantine (en
arabe).
HARZA ENGINEERING COMPANY. (1985) Etude d’Avant-Projet Détaillé d’un barrage sur l’oued Kébir ou
l’un de ses affluents, Alger, A.N.B.
MEBARKI A. (2005) Hydrologie des bassins de l’Est algérien : ressources en eau, aménagement et
environnement, Thèse de doctorat d’Etat, Université Mentouri de Constantine, 360 p.
TRACTEBEL Ingénierie (1999) Transfert de Béni Haroun, Rapport de synthèse, vol. 1, Alger, A.N.B.
ZOUAOUI Abbes (2010) Transfert des eaux du barrage Béni Haroun et AEP des wilayate de Constantine et
Mila (couloir 1, 2 et 3), Mémoire d'ingénieur en Aménagement de milieux physiques, université de Constantine
(en arabe), 86 p.
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