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UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
DE GESTION
DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LA POPULATION ET DU
DEVELOPPEMENT
B.P. 127 KINSHASA XI

FACTEURS EXPLICATIFS DE L’INSECURITE


ALIMENTAIRE DE MENAGES EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO, AVEC DONNEES
E-QUIBB 2016

KABAMBA MAZAMA Esther


Graduée en Sciences Economiques et de Gestion

Mémoire présenté et défendu en vue de


l’obtention du grade de licenciée en
Démographie.

Directeur : METELA SHUMB Cyprien


Professeur

Rapporteur : LOKA KONGO Françis


Chef de Travaux

Année Académique 2020 - 2021


i

EPIGRAPHE

«Quand on a de graves préoccupations alimentaires, on n’a pas beaucoup d’ambition»

Michel Audiard

.
ii

IN MEMORIAM

A ma très chère mère MAZAMA ANZALI Esther que la mort nous a Prématurément
arrachée. Merci pour ton amour, efforts et sacrifices consentis pour moi. J’aurais bien
souhaité que tu puisses être présente en ce jour, mais le destin est un mystère du très haut. Tu
restes gravée dans mon coeur.

Que la terre de nos ancêtres te soit douce et légère.


iii

DEDICACE

A mon très cher père KABAMBA LUKELO Tharcisse, Cette oeuvre, fruit de votre amour,
sacrifices et détermination consentis pour notre éducation et formation
iv

REMERCIEMENTS

C’est pour moi un agréable honneur de faire ici mention de toute personne qui, d’une
manière ou d’une autre, a contribué effacement à ma formation et à l’élaboration de ce
travail. Je remercie généralement tous les professeurs de la faculté des sciences économiques
et de gestion et particulièrement à tous les professeurs du Département des Sciences de la
Population et du Développement pour les enseignements et la formation de qualité à notre
égard.

Je tiens également à remercier très sincèrement le Directeur de ce mémoire, Monsieur le


Professeur METELA SHUMB Cyprien, pour avoir accepté d’être à la direction de ce travail.

Je remercie ensuite le Chef des travaux LOKA KONGO Françis, qui, malgré ses multiples
occupations a accepté de nous encadrer. Sa disponibilité, ses orientations et observations ont
contribué à la rédaction de ce travail.

Je remercie aussi: Merlin LANDA, l’assistant Godefroiy DJOMO et l’assistant Patrick


NTWALI pour la lecture et l’assistance à l’élaboration de ce travail.

A mes frères et sœurs de la famille KABAMBA: Deborah KABAMBA, Josué KABAMBA,


Caleb KABAMBA, Exaucée KABAMBA, Béni KABAMBA, Plamedie KABAMBA et Eunice
KABAMBA assistée quand j’étais dans le besoin.

A mes collègues de l’auditoire merci pour le bon moment partagé ensemble : Erick Swedi,
Israël Buchunde, Patient Mwamba, Christelle Biabola, Ornella Mpia, Carmi lukeba, Jennie
Mantumbu, Bob Mukendi, Junior Lema, Félicité Betu, Ange Tshimanga, Philo Mubiala,
Rebecca Mboka’s et Prince Loko.

A mes amis et proches de tous les jours : José Mazama, Gérard Folo, Esther Atongo, Julie
Yakonde, Beldie Nlemvo, Lasconi Edjonga, Préviens Kavuke, Tanya Ipona, Daniel Nkuni,
Hornella Kundiba, Merveille Bikoko, Daniella Kaya, Sarah Nkoka, Ange Yaav, Nathan
Kavula, Henock Kwakwa, Exo Nzenga et Ornan Ipashi.

Enfin, que tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce travail, de près ou de loin,
trouvent ici, l’expression de notre profonde gratitude.
v

SIGLES ET ABREVIATIONS

CARI: Consolidated Approach for Reporting Indicators of Food Security


CFSVA: Analyse de la sécurité alimentaire et de la Vulnérabilité Compréhensive Food
Security
CM: Chef de ménage
E-QUIBB: Enquête avec Questionnaire Unifié à Indicateurs de Base de Bien-être
FANTA: Food And Nutrition Technical Assistance
FAO: Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FASEG: Faculté des Sciences Économiques et de Gestion
HHS: Echelle de la faim au niveau de ménage
HFIAS: Echelle de l’accès déterminant de l’insécurité alimentaire des ménages
ODD: Objectifs du Développement Durable (ODD)
PFRDV: Pays à Faible Revenu et à Déficit Vivrier
PNUD: Programme de Nations Unis Pour le Développement
PAM: Programme Alimentaire Mondial
PMA: Pays Moins Avancés
VAM: Vulnerability Analysis and Mapping
SCA: Score de Consommation Alimentaire
UNICEF: United Nations International for Children’s Emergency Fund (Fond des Nations
Unies sur l’enfance
RDC: République Démocratique du Congo
vi

LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1: Opérationnalisation des variables ......................................................................... 33
Tableau 2 : Description des ménages selon le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, le
milieu de résidence et le type de ménages................................................................................ 44
Tableau 3 : Description des ménages selon le niveau de vie, le nombre des repas par jours, et
la disponibilité des stocks pour se nourrir ............................................................................... 44
Tableau 4 : Description des ménages selon l’indice de sécurité alimentaire (CARI) ............. 45
Tableau 5 : Proportion de ménages en insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-
démographiques ....................................................................................................................... 47
Tableau 6 : Proportion de ménages en insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-
économiques ............................................................................................................................. 48
Tableau 7 : Contribution des axes ........................................................................................... 49
Tableau 8 : Contribution des axes ........................................................................................... 51
Tableau 9: contribution des axes ............................................................................................. 54
Tableau 10: Effet contrôle du milieu de résidence dans l’explication de l’insécurité
alimentaire ............................................................................................................................... 57
Tableau 11: Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire dans les milieux urbain et rural59
vii

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : schéma conceptuel du statut alimentaire des ménages en RDC .............................. 31


Figure 2 : Profils des ménages en insécurité alimentaire selon le milieu de residence .......... 50
Figure 3: Profils des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu urbain ..................... 53
Figure 4 : Profils des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu rural ....................... 55
viii

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE ............................................................................................................................... i
IN MEMORIAM ......................................................................................................................... ii
DEDICACE ............................................................................................................................... iii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................... iv
SIGLES ET ABREVIATIONS ..................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................ vi
LISTE DES FIGURES .............................................................................................................. vii
TABLE DES MATIERES ......................................................................................................... viii
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
0.1 Problématique ...................................................................................................................... 1
0.2 Objectifs de l’étude............................................................................................................... 3
0.2.1 Objectif général .......................................................................................................... 3
0.2.2 Objectifs spécifiques ................................................................................................. 3
0.3 Choix et intérêt du sujet ....................................................................................................... 4
0.4 Délimitation du sujet et source des données ........................................................................ 4
0.5 Articulation du travail .......................................................................................................... 4
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE SUR L’INSECURITE ALIMENTAIRE .... 5
I.1 Concept de l’insécurité alimentaire ...................................................................................... 5
I.1.1 Définition de l’insécurité alimentaire ......................................................................... 5
I.1.2 Dimensions de la sécurité alimentaire ........................................................................ 8
I.1.3 Indicateurs de la sécurité alimentaire ....................................................................... 10
I.2 Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire ................................................................. 19
I.2.1 Caractéristiques socio-démographiques et économiques des ménages en insécurité
alimentaire en RDC........................................................................................................... 20
I.2.2 Accès à la nourriture (géographique, économique, etc.) et insécurité alimentaire ... 25
Conclusion partielle ................................................................................................................. 29
CHAPITRE II: METHODOLOGIE DE L’ETUDE ................................................................ 31
II.1 Cadre conceptuel ............................................................................................................... 31
II.1.1 Schéma Conceptuel ................................................................................................. 31
II.1.2 Explication du schéma conceptuel .......................................................................... 32
II.2 Hypothèses de travail ........................................................................................................ 34
II.3 Source des données ............................................................................................................ 34
ix

II.3.2 Echantillonnage ....................................................................................................... 35


II.3.3 Couverture de l’échantillon ..................................................................................... 36
II.4 Variables de l’étude ........................................................................................................... 37
II.4.1 Variable dépendante ................................................................................................ 37
II.4.2 Variables indépendantes .......................................................................................... 40
II.5 Méthodes de l’analyse des données ................................................................................... 41
c) L’analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) ........................................ 41
CHAPITRE III: PRESENTATION DES RESULTATS ......................................................... 43
III.1. Description des caractéristiques de l’échantillon ........................................................... 43
III.1.1. Caractéristiques sociodémographiques des ménages ............................................ 43
III.1.2. Caractéristiques socioéconomiques des ménages ................................................. 44
III.1.3. L’insécurité alimentaire ........................................................................................ 45
III.2. Insécurité alimentaire selon les caractéristiques du ménage ......................................... 45
III.2.1. L’insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-démographiques .......... 46
III.2.2 L’insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-économiques................. 47
III.2.3. Le profil des ménages en insécurité alimentaire ................................................... 48
III.2.4 Profil des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu rural (axe 2) ............. 52
III.3. Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire .............................................................. 56
III.3.1. Effet contrôle du milieu de résidence ................................................................... 56
III.3.2. Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire dans les milieux urbain et rural .. 58
DISCUSSION DES RESULTATS .......................................................................................... 60
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 62
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 65
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INTRODUCTION GENERALE
0.1 Problématique

L’alimentation constitue le premier besoin de base de l’humanité et la sécurité


alimentaire doit être considérée comme un bien public mondial (Duquesne.B, 2010). Elle
n’est pas seulement une question de disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés
mais également de l’accessibilité (pouvoir d’achat). Elle ne dépend donc pas seulement de
l’agriculture mais également de l’emploi et des revenus. Elle n’est plus seulement une
question rurale mais aussi urbaine.

Dans la plupart des pays africains la faim et la sous-alimentation sont une


source permanente de préoccupation qui exposent la population aux aléas de l’insécurité
alimentaire (Nations-Unies, 2009). Les causes de cette situation résultent de la combinaison
de la pauvreté et d’une dépendance très élevée aux importations alimentaires, du fait de la
faiblesse des performances de l’agriculture (Michael, 2010).

En 2019, la FAO a évalué à 750 millions de personnes en état d’insécurité


alimentaire grave, soit près d’une personne sur dix dans le monde. Environ 72.6% des
ménages sont en insécurité alimentaire. De plus, quelques 27 millions de personnes en
Afrique sont confrontées à des conditions de crise ou d’insécurité alimentaire. En 2020, 811
millions de personnes dans le monde ont été confrontées à la faim, dont 57 millions en
Afrique. Encore 660 millions de personnes environ pourraient connaitre la faim en 2030, en
partie à cause des effets à long terme de la pandémie de covid-19 sur la sécurité alimentaire
mondiale1. Ces chiffres font de ce pays d'Afrique centrale celui au monde où se concentre le
plus grand nombre de personnes éprouvant un besoin urgent d'assistance à leur sécurité
alimentaire. La RDC est l'un des rares pays africains qui ont un potentiel énorme pour le
développement d’une agriculture durable (en millions d'hectares de terres cultivables
potentielles, une diversité de climats, un important réseau hydrographique, une énorme
potentiel halieutique et un potentiel important pour l'élevage). Pourtant, le pays est classé
parmi ceux à Faible Revenu et à Déficit Vivrier (PFRDV). Malgré l'énorme potentiel agricole
du pays, la majorité de la population congolaise reste largement exposée à l'insécurité
alimentaire, la malnutrition et la faim (WFP, 2014).

1
FAO, IFAD, UNICEF, 12 juillet 2021, L’état de la sécurité alimentaire et de la malnutrition dans le monde 2021
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En 2012, la RDC était classée 27e sur 79 pays souffrant de l’insécurité


alimentaire, selon l’indice mondial de la faim. Environ 70 pour cent de la population n’a pas
accès à une nourriture suffisante et saine (Philippe Lebailly, 2014). En termes d'Indice de
Développement Humain, le PNUD quant à elle, a classé la RDC au 179ème rang sur les 189
pays répertoriés en 2021. Selon les estimations, 73% de la population vit avec moins de 1.9
dollars par jour (niveau fixé comme seuil de pauvreté international).

De nos jours on assiste en RDC aux difficultés liées à l’accès, à la régularité et


à la qualité de l’alimentation avec l’envolée des prix des denrées de base. Selon une étude
conjointe menée par la FAO et le PAM en 2019, la RDC a été classée parmi les pays du
monde où la situation alimentaire est jugée « extrêmement alarmante ». Les récentes enquêtes
menées par PAM dans certaines provinces de la RDC ont montré que plus d’un ménage sur
trois en RDC ont une consommation alimentaire pauvre ou limitée inférieure à la moyenne.
Certains produits alimentaires des bases arrivent dans des marchés de vente presque périmés
(WFP, 2014).

Le représentant du PAM en RDC a déclaré à propos de l’insécurité alimentaire


en RDC : «Ce pays devrait être en mesure de nourrir sa population et de dégager un excédent
pour l’exportation. Nous ne pouvons tolérer que des enfants aillent se coucher le soir en ayant
faim et que des familles sautent des repas pendant une journée entière ».

Plusieurs raisons sont à la base de cette insécurité alimentaire. Parmi elles nous
trouvons le temps d’importations (certains produits alimentaires prennent du temps aux
frontières et arrivent souvent au pays déjà périmés, perde sa qualité, ne contribue plus à une
alimentation saine et nutritive et peuvent conduire la population en insécurité alimentaire) et
l’état d’infrastructure. Ajouter à cela, les conflits armés et le pouvoir coutumier dans certaines
zones, particulièrement au Kasaï et à l’Est du pays, l’extension et l’intensification de troubles
intercommunautaires dans le Tanganyika et la partie Est du pays où de nombreux groupes
armés étrangers et nationaux et d’autodéfenses opèrent impunément en pillant les récoltes,
incendiant les villages et occasionnant des mouvements importants de populations. La plupart
des ménages ont raté leurs saisons agricoles et d’autres ont vu leur récolte affectée par
l’attaque des chenilles qui ont décimé d’importantes superficies de cultures. En outre, ils ont
connu des épidémies de rougeole/choléra dans certaines zones de santé. En plus, la pandémie
de COVID-19 qui a aussi contribué à l’aggravation de la précarité de l’insécurité alimentaire
du panier de la ménagère.
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C’est pourquoi, il est question dans ce travail d’étudier l’insécurité alimentaire


des ménages en RDC en ressortissant les facteurs qui expliquent ce phénomène dans les
ménages en RDC. Et ce, au regard des caractéristiques socio-démographiques et socio-
économiques (sexe du chef de ménage, taille du ménage, niveau de vie, type de ménage,
nombre de repas consommés par jour, disponibilité des stocks).

En effet, Bolingo(2021), soulignent que, pour le sexe du chef du ménage, le


ménage dirigé par une femme a donc plus de risque de connaître une situation d’insécurité
alimentaire qu'un ménage dirigé par un homme. En moyenne les ménages pauvres comptent
plus des membres que les non-pauvres, soit sept contre quatre (Modeste, 2020). Ce nombre
élevé crée un excèdent de charge (alimentaire et non alimentaire) auquel les ménages pauvres
doivent faire face et implique une réduction de repas. Dans un certain nombre des ménages en
insécurité alimentaire aussi bien en milieu rural qu’urbain, nombreux baisse le nombre de
repas organisés journalièrement (passant de 3 à 2 et même à un seul repas par jour) tout
comme leur qualité. Les repas sont devenus rares et maigres (FAO, 2007).

Afin de proposer les pistes de solution en réponse à cette crise, partant de


considérations ci-haut exprimées, l’essentiel de notre problématique s’articule autour de la
question suivante: Quels sont les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire des ménages
en RDC ?

0.2 Objectifs de l’étude

Dans cette étude nous poursuivons ces deux objectifs: objectif général et
objectifs spécifiques.

0.2.1 Objectif général

Cette étude a pour objectif principal de contribuer à l’atteinte des ODD


particulièrement l’objectif 2 « Faim zéro», en mettant en exergue les facteurs explicatifs de
l’insécurité alimentaires des ménages en RDC afin d’orienter les stratégies de lutte contre
l’insécurité alimentaire des ménages en RDC.

0.2.2 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques assignés à cette étude se résument en ces termes :


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 Identifier les caractéristiques sociodémographiques des ménages en insécurité


alimentaire en RDC ;
 Identifier les caractéristiques socio-économiques des ménages en insécurité
alimentaire ;
 Déterminer les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire des ménages en RDC.
0.3 Choix et intérêt du sujet

Cette étude trouve son intérêt sur le nombre de personnes en situation


d’insécurité alimentaire dans le monde. En 2019, la FAO estime qu’une personne sur dix dans
le monde, sont en état de l’insécurité alimentaire. Environ 72.6 % des ménages sont en
insécurité alimentaire. En RDC, quelques 27 millions de personnes, soit un quart de la
population du pays font face à une insécurité alimentaire (FAO, 2021). Dans le but de
comprendre ce phénomène, cette étude s’intéresse aux facteurs explicatifs de l’insécurité
alimentaire des ménages en RDC tout en ayant une brève explication sur les caractéristiques
socio-démographiques, socio-économiques et profils de ménages affectés par l’insécurité
alimentaire en RDC. Nous estimons que la rédaction de cette étude, pourra contribuer aux
pistes de solutions permettant de lutter contre l’insécurité alimentaire, élargir notamment les
champs de vision des décideurs dans l’atteinte du deuxième des Objectifs du Développement
Durable (ODD) « Faim zéro». Tel a porté le choix de ce sujet.

0.4 Délimitation du sujet et source des données

Ainsi pour notre étude, nous nous limitons à l’analyse des facteurs explicatifs
de l’insécurité alimentaire des ménages en République Démocratique du Congo grâce aux
données de l’enquête E-QUIBB de 2016.

0.5 Articulation du travail

Hormis l’introduction générale, ce travail s’articule autour de 3 chapitres, le


premier chapitre aborde la revue de la littérature sur l’insécurité alimentaire. Au deuxième
chapitre il sera question de la méthodologie de l’étude. Le troisième chapitre présentera les
résultats et leur interprétation. Enfin, une conclusion générale, suivie de quelques
recommandations parachève cette étude.
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CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE SUR L’INSECURITE


ALIMENTAIRE

La faim est un enjeu auquel doit faire face les populations humaines afin d’assurer
leur survie. En effet, malgré des potentialités énormes sur le plan agricole, que regorge la RDC,
la grande partie de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire. Ce chapitre comprend
deux sections à savoir :

- Concept de l’insécurité alimentaire ;


- Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire.

I.1 Concept de l’insécurité alimentaire


I.1.1 Définition de l’insécurité alimentaire

De nos jours, la littérature sur l’insécurité alimentaire est abondante et diversifiée.


Dans le cadre de cette étude, nous avons recensé 18 définitions que nous pouvons regrouper en 3
catégories. La première catégorie se base sur l’accès à l’alimentation et compte 12 définitions, la
deuxième met l’accent sur la capacité d’acquérir la nourriture avec 4 définitions et la troisième
catégorie s’attèle sur le pouvoir d’achat avec 2 définitions. Ci-dessous, les définitions que nous
avons retenues par catégorie et une définition proposée dans le cadre de cette étude.

 Accès a l’alimentation

L’insécurité alimentaire c’est lorsqu’une personne n’a pas accès physique et


économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin (FAO, 1983). C’est aussi l’incapacité
d’accèder pour tous et en tout temps à une alimentation suffisante pour une vie active et en
bonne santé (Banque Mondiale, 1986). Jayne (1995) nous demande de ne pas considérer
simplement l’insécurité alimentaire comme une insuffisance de l’offre alimentaire d’un pays
mais aussi comme l’impossibilité d’accèder à la nourriture par les ménages. Cependant, la (FAO
(1996) ; le PAM (2005) et Yagi (2012) expliquent que la sécurité alimentaire est assurée lorsque
tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture
suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et active, mais quand l’une des quatre
dimensions manque, l’insécurité alimentaire s’installe pour la population considérée. Cette
définition fut adoptée par le Canada au Sommet mondial de l’alimentation, mais la mesure et la
surveillance de l’insécurité alimentaire au pays se concentre sur le vécu d’un ménage en matière
d’insécurité alimentaire ou sur l’accès inadéquat ou incertain aux aliments en raison d’un
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manque de ressources financières. L’insécurité alimentaire peut comprendre la crainte de


manquer de nourriture avant qu’il y ait de l’argent pour en acheter d’avantage, l’incapacité de
manger des repas équilibrés, avoir faim, manquer des repas et, à l’extrême, la privation absolue
de nourriture pendant toute une journée à cause du manque de nourriture et d’argent pour acheter
de la nourriture (Valerie, 2012). Des recherches récentes au Canada ont démontré que la faim
laisse des traces indélébiles sur la santé physique et mentale des enfants, lesquelles risquent de se
manifester sous forme de dépression et d’asthme à l’adolescence et au début de l’âge adulte. Les
adultes vivant dans des ménages souffrant d’insécurité alimentaire ont une moins bonne santé
physique et mentale et de plus hauts taux de nombreuses maladies chroniques, notamment la
dépression, le diabète et les maladies cardio-vasculaires. Lorsque les maladies chroniques
surviennent, leur gestion est aussi compromise dans le contexte de l’insécurité alimentaire.

Muller et Krawinkel (2005) désigne l'insécurité alimentaire comme étant


l'incapacité d'accéder non seulement à suffisamment de nourriture, mais aussi aux aliments
nutritifs qui répondent aux besoins alimentaires humains pour une vie saine. Tarasuk (2012)
définit le concept de l’insécurité alimentaire des ménages, comme étant un accès inadéquat ou
incertain aux aliments en raison d’un manque de ressources financières. L’insécurité alimentaire
implique une privation en ce qui concerne un besoin humain de base : avoir accès à des aliments
nutritifs, en quantité suffisante afin de rester en bonne santé. La définition de l’insécurité
alimentaire découle de celle de la sécurité alimentaire. En effet, l’insécurité alimentaire existe
lorsque les personnes n’ont pas accès à une quantité suffisante d’aliments sains et nutritifs ou ne
consomment pas les aliments dont elles ont besoins pour se développer normalement et mener
une vie active et saine (PNUD, 2012). Pour finir, L’insécurité alimentaire ne doit pas être
considérée simplement comme une insuffisance de l’offre alimentaire d’un pays mais comme
l’impossibilité d’accéder à la nourriture par les ménages et il est désormais reconnu que
l’autosuffisance alimentaire d’un pays est une mauvaise indication de l’accès réel des ménages
aux aliments. Dans la plupart des cas, de 20 à 30% de la population consomment moins de 80%
de leurs besoins caloriques même quand l’offre alimentaire dépasse 100% des besoins (Damien
et all, 2010).

 Capacité d’acquérir et disponibilité d’aliment

Pour Santé Publique (2022) et Emmanuel (2012), l’insécurité alimentaire est un


état dans lequel se trouve une personne, ou un groupe de personnes, lorsque la disponibilité
d’aliments sains et nutritifs, ou la capacité d’acquérir personnellement des aliments de qualité ou
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de quantité suffisante et satisfaisante par des moyens socialement acceptables, est limitée ou
incertaine. En RDC comme ailleurs, la disponibilité des aliments est une condition essentielle
mais non suffisante pour assurer la sécurité alimentaire. En fait, l’insécurité alimentaire est avant
tout un problème d’accès aux aliments. L’insécurité alimentaire est un grave problème de santé
publique, car la santé et le bien-être des personnes sont étroitement liés à leur sécurité
alimentaire. Or pour ONU (1975) et Maxwell (1987), l’insécurité alimentaire résulte d’un déficit
de capacité d’approvisionnement en produits de base, pour soutenir une croissance de la
consommation alimentaire adéquate, mais Anderson (1990) souligne que l’insécurité alimentaire
est “la condition dans laquelle la disponibilité d’aliments nutritionnellement adéquats et salubres
ou la capacité d’acquérir des aliments acceptables par des moyens socialement acceptables est
limitée ou incertaine.

 Pouvoir d’achat

Au niveau macro, l’insécurité alimentaire est l’incapacité de financer des besoins


d’importations pour satisfaire les consommations souhaitées, Valdes (1980). Au niveau des
ménages, l’insécurité alimentaire est la résultante d’un système complexe de « facteurs de
vulnérabilité », elle est largement due à un manque de pouvoir d’achat et, face à des crises, au
manque de résilience des ménages. Cette situation survient lorsque les ménages se retrouvent
dans une situation d’insécurité alimentaire lorsque leurs modes de vie et moyens d’existence ont
changé ou ne se sont pas adaptés et qu’ils n’ont pas la « capabilité » de trouver un équilibre entre
un ensemble de besoins, Sen (1981).

Partant de toutes ces définitions citées ci-haut, nous avons retenu dans le cadre de
cette étude la définition suivante : L’insécurité alimentaire est l’état d’une personne ou d’un
groupe de personnes qui n’ont pas régulièrement un accès économique et physique à une
nourriture saine et nutritive adaptée selon ses préférences, l’incapacité d’approvisionner
régulièrement les aliments saine et nutritive pour satisfaire les besoins énergétiques ou
l’indisponibilité des aliments en quantité suffisante et en qualité appropriée.

L'équilibre alimentaire demande une vision globale de ce que nous consommons.


Une bonne alimentation résulte surtout de la régularité dans la prise quotidienne des repas et
d'une alimentation variée. L'alimentation a pour but de couvrir des besoins nutritionnels qui
évoluent au cours de la vie. Trouver son équilibre passe par l'écoute de ses sensations corporelles
comme la faim ou le manque d'appétit. La tradition fait que l'on se limite aux 3 repas classiques
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(petit déjeuner, déjeuner, dîner), La ration alimentaire doit respecter ces équilibres essentiels. Il
est conseillé de prendre trois repas par jour pour un apport énergétique reparti ainsi : 20 à 25%
au petit déjeuner, 40 à 45% au déjeuner, 25 à 30% au dîner (Françisco, 2015).

I.1.2 Dimensions de la sécurité alimentaire

Ce point fournit les informations sur la sécurité alimentaire.

La sécurité alimentaire s’appuie sur quatre dimensions reconnues par la FAO qui
reposent sur deux facteurs. D’une part, un facteur physique comprenant la disponibilité,
l’accessibilité économique et physique ainsi que l’usage et l’utilisation propice des aliments.
D’autre part, un facteur temporel comprenant la stabilité de ces trois dimensions dans le temps
(FAO, 2008a ; Klennert, 2006).

a. Disponibilité

La disponibilité fait référence à l’existence physique de la nourriture. Elle permet


d’analyser la capacité globale du système à répondre à la demande alimentaire et est déterminée
par le niveau de production alimentaire (culture et l’élevage), par l’ensemble des facteurs
socioéconomiques et culturels qui déterminent les performances du marché pour répondre aux
besoins des individus et par le niveau du stock des provisions mis en place.

L’approvisionnement de la nourriture doit être assuré de manière globale et au


niveau des ménages (Klennert, 2006 ; Schmidhuber & Tubiello, 2007 ; Stamoulis & Zezza,
2013). L’indicateur le plus communément utilisé pour mesurer la disponibilité est la
quantification de la nourriture disponible par rapport aux besoins des individus. La disponibilité
dépend de la production domestique, des importations, de l’aide alimentaire et des stocks de
sécurité (Tagel & Van, 2011).

b. Accessibilité

L’accessibilité est atteinte lorsque les individus ont assez de ressources pour
pouvoir se procurer une alimentation propice à leur régime alimentaire nutritif. Les ressources
peuvent être obtenues par la production de vivres, les moyens financiers, les échanges mais
également via la collecte d’aliments sauvages, les réseaux d’appuis communautaires, les dons,
etc. L’accessibilité sera affectée par le pouvoir d’achat des consommateurs, l’évolution des
revenus et des prix des denrées alimentaires qui dépendent aussi de l’emploi et des opportunités
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des moyens d’existence, (Klennert, 2006 ; Schmidhuber & Tubiello, 2007 ; Stamoulis & Zezza,
2013).

c. Utilisation

La bonne utilisation des denrées alimentaires suppose une alimentation de qualité


qui contient tous les éléments nutritifs nécessaires au bon fonctionnement et développement de
l’organisme (Schmidhuber & Tubiello, 2007). « L’usage alimentaire se réfère à l’aspect
socioéconomique de la sécurité alimentaire des ménages. Lorsque des aliments suffisants et
nutritifs sont disponibles et accessibles, les ménages doivent prendre des décisions concernant
leur achat, leur préparation, leur choix de consommation et leur répartition au sein du ménage.
Dans les ménages où la distribution est inégale, certains individus peuvent souffrir de carence
alimentaire même lorsque l'accès global mesuré est suffisant » (Klennert, 2006, p.6)

Dans la bonne utilisation interviennent aussi l’hygiène, l’assainissement général,


la disponibilité d’eau salubre et l’accès aux services de santé. Cette dimension est déterminée par
l’état de santé des individus (Stamoulis & Zezza, 2013).

d. Stabilité et durabilité

Enfin, les trois dimensions ci-haut citées doivent aussi être stables dans le temps.
Leur caractère durable se rapporte aux individus, aux ménages et aux groupes spécifiques qui
sont fortement exposés aux risques de perdre temporairement ou définitivement leur accès aux
ressources nécessaires pour consommer une alimentation adéquate car ils ne parviennent pas à se
protéger contre les pertes de revenus ou manquent de réserves pour assurer leur consommation.
Il est donc nécessaire de leur assurer un accès à des ressources stables sur le long terme
(Schmidhuber &Tubiello, 2007).

Cette quatrième dimension fait référence au contexte de vulnérabilité et facteurs-


risques qui peuvent affecter la disponibilité et l’accès aux aliments (FAO, 2008a). Il faut
prémunir la disponibilité, l’accessibilité et la bonne utilisation des denrées alimentaires des
impacts négatifs d’une instabilité provoquée par des facteurs naturels, sociaux, économiques ou
politiques (Stamoulis & Zezza, 2013). Il est impératif de prendre en considération ces quatre
piliers pour ne pas tomber dans l’insécurité alimentaire et ne pas se focaliser uniquement sur l’un
d’entre eux lorsque l’on établit un programme alimentaire car ils sont complémentaires et
indissociables sur le long terme.
P a g e | 10

I.1.3 Indicateurs de la sécurité alimentaire

A l’issue de la revue de la littérature, nous avons retenu 7 indicateurs de la


sécurité alimentaire présentés dans les lignes ci-dessous. Il s’agit de : Score de Consommation
Alimentaire (SCA), Score de Diversité alimentaire des ménages (SDAM), Dépenses
alimentaires, Indice de stratégies de survie (CSI), Échelle de la faim au niveau de ménage
(HHS), Échelle de l’accès déterminant de l’insécurité alimentaire de ménage (HFIAS) et Auto-
évaluation de la sécurité alimentaire.

a) Score de Consommation Alimentaire (SCA)

Le Score de Consommation Alimentaire est un indicateur composite2 calculé


pour refléter la diversité du régime alimentaire, la fréquence de la consommation, ainsi que la
valeur nutritionnelle des produits et des groupes d'aliments consommés par un ménage. Il est
basé sur 8 groupes d'aliments avec un poids attribué à chaque groupe. Pour le calculer, on
multiplie le poids du groupe d'aliments par la fréquence de la consommation au cours d'une
semaine (7 jours), puis l'ajouter aux autres groupes d'aliments. Après avoir obtenu les
pondérations, vous classez la valeur du score des ménages selon les classifications de
consommation: pauvres, limites ou acceptables (Walters, 2016). C’est donc un indicateur qui
expose vraisemblablement l’image, sur une période donnée, du régime alimentaire habituel des
ménages de la zone d’étude. Quant à l’apport calorifique, il est basé sur les valeurs calorifiques
et les quantités consommées de chaque aliment faisant parti du régime alimentaire (Dassou,
2020).

La formule pour calculer le SCA est la suivante :

SCA = aCéréalesXcéréales + aLegumesXlegumes + aFruitXfruit + aAnimalXanimal +


aSugarXsugar + aMilkXmilk + aOilXoil

a : étant le poids attribué à un groupe d'aliments. Les aliments consommés par le ménage au
cours d'une semaine.

X : étant la fréquence ou le nombre de jours de consommation par rapport à chaque groupe


d'aliments au cours des 7 derniers jours. Les produits alimentaires sont regroupés en huit
groupes d'aliments spécifiques : Céréales et tubercules, Légumes secs, Légumes, Fruits,
Viande et poisson, Lait, Sucre, Huile.
2
Normalisé par le PAM
P a g e | 11

La consommation alimentaire est déterminée, comme celle d’autres biens et


services, par trois éléments : les revenus, les prix relatifs et les goûts. La loi d’Engel reflète
mieux l’importance de revenu dans la capacité des ménages à avoir accès à l’alimentation. Ainsi,
un ménage qui dispose d’un revenu conséquent présente une probabilité d’exposition aux risques
de sous-alimentation très réduite, surtout en période de pénurie (Nasha , 2021).

Interprétation du score de consommation alimentaire

Les ménages sont classés comme ayant une alimentation pauvre (Inadéquate en
quantité et en qualité) lorsque leur SCA est inférieur ou égale à 21. Quant aux ménages ayant un
SCA inférieur ou égale à 35, ils sont considérés comme ayant une alimentation limite, c’est-à-
dire inadéquate seulement en qualité et ceux dont le SCA est supérieur à 35 sont considérés
comme ayant une alimentation acceptable (Adéquate en quantité et en qualité). Ensuite, les
ménages peuvent être classés en deux groupes : insécurité alimentaire (SCA ≤ 35) et absence
d’insécurité alimentaire ou sécurité alimentaire (SCA > 35).

Limites du score de consommation alimentaire

L’indicateur score de consommation alimentaire présente certaines limites dont :

- Le score reflète seulement la consommation d’une semaine ;


- Ne capture pas les variations saisonnières ;
- Ne mesure pas le déficit alimentaire ;
- Ne mesure pas la consommation des aliments en dehors du ménage, important en zone
urbaine ;
- Ne mesure pas comment la consommation à changer dû à la crise à moins que des
données précédentes existent pour les mêmes ménages. Pour cette raison, lors d’une
crise, une analyse plus poussée est nécessaire pour avoir une meilleure idée des
changements dans la consommation alimentaire ;
- La variation de nombre de groupes d’aliments prise en compte pour le calcul de Score
de consommation Alimentaire : Il existe plusieurs classifications de groupes
d’aliments, le point de différenciation étant le nombre de groupes d'aliments pris en
compte. Il y a ainsi, la classification agro-nutritionnelle en huit groupes d'aliments
telle que présentée par Malassis et Padilla (1982). Lorsqu’on considère les boissons
comme un groupe à part entière, on arrive à une classification avec neuf groupes
d’aliments, telle que proposée par Malassis et Padilla (1986) cité dans le travail de
P a g e | 12

Damien (2014). Il y a également des classifications avec 10 groupes ou plus. Tout


dépend des critères utilisés pour regrouper les aliments ;
- Il est constaté d’une part que les dépenses du ménage en alimentation influent
positivement sur le niveau du score de consommation alimentaire, de telles sortes que
si celles-ci augmentent, le score de consommation alimentaire du ménage varie.
D’autre part, la taille du ménage influence négativement le Score de Consommation
Alimentaire, en ce sens que lorsque la taille du ménage augmente d’un individu ;
- La mesure des quantités consommées n’est pas intégrée dans le calcul du score de
consommation alimentaire. Cependant, les aliments consommés en très petites
quantités sont comptabilisés au titre de condiments (sauf l’huile et le sucre), afin de ne
pas surestimer la consommation de certains aliments tels que la viande ou le poisson,
qui peuvent fréquemment n’être utilisés que pour agrémenter les sauces, mais dont
l’apport nutritionnel est limité, étant donné leur quantité très faible.
b) Score de diversité alimentaire des ménages SDAM

Une alimentation diversifiée est nécessaire pour apporter à l’organisme


l’essentiel des nutriments dont il a besoin pour son fonctionnement (Sanou et al., 2018). Ce
pendant la consommation de quantités suffisantes d’énergie n’est pas synonyme d’apports de
nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Une diversité alimentaire
garantisse les apports de nutriments nécessaires à une alimentation saine et équilibrée.

Le Score de Diversité Alimentaire est un indicateur de l’amélioration de


l’accès à l’alimentation, de la consommation alimentaire et de la qualité de la diète. Le score
de diversité alimentaire des ménages (SDAM) fournit un instantané de la capacité
économique d’un ménage à accéder à des aliments variés. L’accroissement de la diversité
alimentaire marche de pair avec un meilleur statut socioéconomique et niveau de sécurité
alimentaire du ménage (disponibilité énergétique du ménage) (FAO, 2013).

Au niveau des ménages, il existe un indicateur standardisé, appelé le score de


diversité alimentaire du ménage (SDAM) développé par FANTA (Swindale et Bilinsky,
2006). Le SDAM rapporte la consommation de 12 groupes alimentaires du ménage sur une
période de rappel de 24 heures. Comparé au score de consommation alimentaire, le SDAM est
avantageux parce qu’il est plus rapide à administrer, fournit plus d’informations sur la
consommation alimentaire 12 groupes alimentaires (Kennedy et al. 2010). Le score de
diversité alimentaire est un simple décompte des groupes d’aliments qu’un ménage a
P a g e | 13

consommé au cours d’une période donnée. C’est une mesure proxy de l’accès des ménages à
une alimentation variée (Anne et al, 2006). Il capte le nombre des différents types ou groupes
d'aliments que les ménages consomment et la fréquence de consommation de ces aliments.
Implique parfois de pondérer ces groupes, le résultat est un score qui représente la diversité de
l'apport alimentaire, mais pas nécessairement la quantité, Ifrpri (2006) ; Coates et al. (2007).
Le SDAM capture indirectement la sécurité alimentaire, en mesurant les comportements liés à
la consommation alimentaire. Par exemple, l'indice des stratégies d'adaptation ou CSI compte
la fréquence et la gravité des comportements dans lesquels les gens s'engagent quand ils n'ont
pas assez de nourriture ou pas assez d'argent pour acheter de la nourriture (Maxwell et
Caldwell, 2008). Pour mieux refléter un régime alimentaire de qualité, on calcule le nombre
de différents groupes alimentaires consommés plutôt que le nombre de différents aliments
consommés. Savoir que les ménages consomment, par exemple, une moyenne de quatre
groupes alimentaires différents signifie que leurs régimes alimentaires sont plus diversifiés.
Au niveau du ménage, la diversité alimentaire est de plus en plus utilisée comme indicateur de
l’accès alimentaire à cause de son association à d’autres indicateurs, notamment les dépenses
alimentaires et non alimentaires des ménages (Cordeiro et al. 2012 ; Kennedy et al. 2010 ;
Thorne-Lyman et al. 2010), la disponibilité et la consommation calorique, le nombre de repas
consommés, le nombre de mois d’approvisionnement alimentaire adéquat, la pauvreté
alimentaire, et une variété de mesures socio-économiques richesse, revenu, niveau
d’éducation (Elise, 2015 ).

Ce score est calculé pour refléter la diversité alimentaire, la fréquence de


consommation ainsi que l’apport nutritionnel relatif des produits et groupes alimentaires
consommés par un ménage. Le score indique donc l’apport énergétique et protéinique
adéquat. C'est donc un bon indicateur de la dimension d’accessibilité de la sécurité
alimentaire et de la qualité de la consommation alimentaire.

Limites

- Le score de diversité alimentaire des ménages ne mésure pas la quantité des aliments
consommés ;
- Il se peut que l’ors de l’enquête, l’enquêté donne les informations sur les nombre de
différents aliments consommés au lieu de différents groupes d’aliments consommés
par les le ménages.
P a g e | 14

c) Dépenses alimentaires

Les dépenses alimentaires estiment la part du budget dépensé pour


l’alimentation par rapport au revenu total du ménage. Elles prennent en compte la
prédisposition des personnes plus proches du seuil de pauvreté à dépenser une part plus
grande de leur revenu pour la nourriture (Ndiaye, 2014). Au niveau national, 67 % des
dépenses des ménages sont consacrées à l'alimentation (WFP, 2012). Pour QUIBB (2016), la
vulnérabilité économique est estimée à partir des données sur les dépenses de consommation
du ménage. Il s’agit donc des dépenses alimentaires et non alimentaires. La part des dépenses
alimentaires sur les dépenses totales est un indicateur qui traduit la vulnérabilité économique
du ménage.

En RDC, selon les résultats de l’enquête 1-2-3 de 2005, les dépenses


d’alimentation absorbent 63% du budget de consommation, ce qui montre déjà le niveau de
pauvreté des Congolais puisqu’une communauté qui consacre déjà plus de la moitié de ses
dépenses de consommation à l’alimentation est considérée comme pauvre (Michael, 2010).
Alors que E-QUIBB (2016), nous renseigne qu’en RDC, plus de la moitié de ménages
(51,9%) est économiquement vulnérable. Ces ménages affectent plus de 65% de leurs
dépenses mensuelles à l’achat de la nourriture alors qu’au niveau national, la part des
dépenses alimentaires est de 57,5% contre 42,5% des dépenses non alimentaires. Par rapport
au sexe du chef de ménage, la part des dépenses alimentaire est plus importante chez les
ménages dirigés par les femmes (59,5%) que ceux dirigés par les hommes (57%).

La part des dépenses alimentaires dans les dépenses globales est un indicateur
de fragilité économique pouvant donner des indications plus ou moins sûres sur le degré de
pauvreté probable du ménage (PAM, 2015). Il est vrai que, l’accroissement des revenus des
ménages (y compris chez les plus pauvres) s’accompagne de la consommation d’aliments plus
appréciés plutôt que de calories supplémentaires (Michée et al, 2014). L’existence de
personnes non pauvres avec une alimentation non satisfaisante ou de personnes pauvres avec
une alimentation satisfaisante est liée au fait que tout le monde ne dépense pas une part
suffisante de ses revenus dans les aliments au regard des prescriptions nutritionnelles.

Les dépenses imprévues viennent accroître la préoccupation de l’accès à la


nourriture, car sans la marge de manœuvre nécessaire pour y faire face, l’équilibre précaire du
budget peut s’effondrer et accroître l’anxiété. Pour les parents, le début de l’année scolaire, les
fêtes de fin d’année et les anniversaires peuvent avoir le même effet, car bien que les dépenses
P a g e | 15

qui y sont associées soient prévisibles, elles sont suffisamment importantes pour déséquilibrer
le budget. Dans ces situations, les ménages réduisent le budget alloué à la nourriture, car c’est
le seul qui est compressible. En effet, il est possible de réduire les dépenses alimentaires, ce
qui n’est pas le cas du loyer, du téléphone et de l’électricité (Côté, 2007).

Limites :

- Lorsque la part des dépenses alimentaires est élevée par rapport aux dépenses non
alimentaires, Les ménages seront moins en mesure de répondre aux besoins non
alimentaires et ont moins de capacité à faire face aux chocs. Plus le ménage est
vulnérable économiquement ;
- La part des dépenses alimentaires consommées en dehors du ménage doit être incluse
au calcul de dépense alimentaire car cette dernière influe sur le budget total du
ménage.

d) Stratégies de survie basée sur les moyens de subsistance (épuisement des actifs)

L’approche CARI utilise l’indicateur des Stratégies de Survie basées sur les
Moyens de Subsistance pour décrire la capacité d’un ménage à faire face aux difficultés.

L’indicateur des Stratégies de Survie basées sur les Moyens de Subsistance est
calculé à partir d’une série de questions concernant l’expérience des ménages sur le stress
subi par leurs moyens de subsistance dont l’épuisement des avoirs pendant les 30 jours qui
ont précédé l’enquête. Les réponses sont utilisées pour comprendre le stress et l’insécurité
auxquels font face les ménages et décrit leur capacité de productivité future. Toutes les
stratégies sont classées en trois groupes généraux, incluant les stratégies dites de stress, crise
et urgence. (PAM, 2014). Stratégie de stress comme emprunter de l’argent ou dépenser son
épargne, indiquent une réduction de la capacité à faire face à des chocs dans le futur en raison
d’une diminution des ressources ou une augmentation des dettes, celles dites de crise, comme
la vente de biens productifs, réduisent directement la productivité future, dont la formation du
capital humain. et celles dites d’urgence comme la vente de terrain, affectent la productivité
future mais sont plus difficiles à inverser ou sont plus dramatiques. Les ménages engagés
dans des activités économiques de routine qui ne comprennent aucune de ces stratégies sont
considérées être en sécurité alimentaire pour cet indicateur

C’est un indicateur de substitution de l’accès aux aliments et il révèle la


sévérité des stratégies auxquelles les ménages ont recours pour faire face à des déficits dans
P a g e | 16

leur consommation alimentaire. Cet indicateur mesure aussi la fréquence et la gravité des
comportements que les individus adoptent lorsqu’ils n’ont pas assez de nourriture ou d’argent
pour en acquérir (Deleglise, 2021). Le statut de sécurité alimentaire des ménages est aussi
illustré par le type de stratégies de survie auxquels ils recourent (Ndiaye, 2014). Il fournit des
renseignements sur les stratégies utilisées par un ménage pour faire face à une insécurité
alimentaire. Il permet aussi de connaitre l’ensemble des mécanismes développés par un
ménage pour faire face aux problèmes alimentaires (Yagi, 2012).

Les stratégies de survie les plus mentionnées utilisées en réponse aux «


difficultés » rencontrées au cours des 30 jours précédant l'enquête (CFSVA, 2012 ; E-
QUIBB/2016) sont :

Stratégie de stress:

 Vendre des avoirs du ménage/biens (bijoux, radio, téléphone, meuble…) ;


 Envoyer un membre du ménage mangé chez un membre de la famille ;
 Emprunter de l’argent pour acheter de la nourriture ;
 Acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de la nourriture.
Stratégie de crise

 Vendre des actifs productifs ou des moyens de transport (machine, chariot, bouette,
vélo) ;
 Réduire ou renoncer aux soins médicaux pour acheter de la nourriture ;
 Consommer le stock de semences qui avait été mis de côté pour la saison suivante.
Stratégie d’urgence

 Vendre sa maison / parcelle ou terre ;


 Faire recours à des activités illégales/ prostitution pour générer un revenu ;
 Vendre le dernier géniteur (chèvre, mouton, vache, porc etc…).

Les stratégies de survie basée sur le moyen d’existence sont souvent utilisés
comme un indicateur indirect de l'insécurité alimentaire, car il mesure le stress que subit le
ménage, par rapport à l'accès aux aliments. Il est calculé pour appréhender les capacités
d’adaptation des ménages ainsi que leur vulnérabilité face à l’insécurité alimentaire (Yagi,
2012).
P a g e | 17

L’analyse montre bien que les ménages qui consacrent une part plus importante
de leurs dépenses à l’achat de nourriture ont plus de difficultés à diversifier leur
consommation alimentaire. Ces ménages appliquent également des stratégies de survie
sévères ; 66% des ménages qui appliquent des stratégies de survie d’urgence ont une
consommation alimentaire pauvre (PAM, 2017). Des ménages se retrouvent dans une
situation d’insécurité alimentaire lorsque leurs modes de vie et moyens d’existence ne sont
pas adaptés et qu’ils n’ont pas la capacité de trouver un équilibre entre un ensemble de
besoins. La demande alimentaire des ménages ne peut donc être analysée indépendamment de
l’ensemble des moyens d’existence et conditions de vie des ménages (Damien et al, 2015).

Les personnes en situation d’insécurité alimentaire doivent utiliser des


ressources comme l’aide sociale et l’aide alimentaire pour faire face à la détresse économique
(Ten Houten, 2016). Toutefois, les personnes qui ont recours à l’aide alimentaire peuvent
développer une relation de dépendance envers l’aide qu’elles reçoivent. Celles qui y ont
recours pour la première fois le font après un changement dans leur situation économique et
considèrent qu’il s’agit d’une solution temporaire en attendant un rétablissement de leur
situation. L’aide alimentaire devient alors un moyen de subvenir aux besoins alimentaires
quotidiens (Kicinski, 2012).

Limites :

- La durée de 30 jours est assez longue, il se peut que le ménage puisse oublier les
différentes stratégies de survie utilisée lors de stress, crise et urgence.
e) Échelle de la faim au niveau des ménages (HHS)

La faim peut être décrite comme une sensation douloureuse causée par une
consommation insuffisante d’énergie alimentaire, en d’autres termes, la faim est une privation
alimentaire (FAO, 2008). Entre 702 et 828 millions de personnes dans le monde ont été
confrontées à la faim en 2021 (FAO, 2022).

Une échelle de la faim dénommée « Échelle de l’Accès déterminant


l’Insécurité alimentaire des Ménages (HFIAS) » est de plus en plus utilisée pour le suivi et
l’évaluation de la sécurité alimentaire des ménages. Cette méthode repose sur l’idée que
l’insécurité alimentaire (accès) entraîne des réactions et des réponses prévisibles pouvant être
saisies et quantifiées par le biais d’une enquête puis récapitulées sur une échelle.
P a g e | 18

Elle interprète comme une situation d’insécurité alimentaire ou de faim le fait


qu’un ménage se retrouve dans l’une des situations suivantes (CNSA, 2021):

1) Le fait que le ménage est privé totalement de nourriture au cours des quatre dernières
semaines parce qu’il n’avait pas de ressources pour en acheter.
2) Le fait qu’un membre du ménage est allé, ces quatre dernières semaines, au lit en
ayant faim parce qu’il n’y avait pas assez de nourriture.
3) Le fait qu’un ménage a passé toute une journée sans manger parce qu’il n’y avait pas
assez de nourriture.

La RDC est 112e sur 116 sur l’indice mondial de faim (GHI) pour l’année 2021
(Mulongo, 2021). En RDC, l’état de l’insécurité alimentaire demeure grave avec une
personne sur trois souffrant de faim aigue. On estime à 27,3 millions le nombre des personnes
souffrant d’insécurité alimentaire aigue en RDC dont les degrés nécessitent une intervention
d’urgence (FAO, 2021). Le HHS est l’indice le plus approprié dans les zones à forte
insécurité alimentaire tel que la RD Congo (Terri et al, 2011).

Limites :

- l’enquêté peut oublier une situation qu’il a eu a traverser durant les quatre dernieres
semaines.

f) Échelle de l’accès déterminant de l’insécurité alimentaire de ménage(HFIAS)

L’échelle de l’accès déterminant de l’insécurité alimentaire de ménages a été


conçue pour enregistrer les comportements des ménages signifiant une qualité et une quantité
insuffisantes de nourriture, ainsi que l’anxiété et l’incertitude face à l’insécurité alimentaire.
Qualité insuffisante (cela inclue la variété et les préférences pour un certain type d’aliments)
et de l’apport alimentaire insuffisant et ses conséquences physiques. L’échelle de l’Accès
déterminant l’insécurité alimentaire des ménages (HFIAS), estime annuellement la prévalence
de l’insécurité alimentaire dans un pays sur une base annuelle. Cette méthode repose sur
l’idée que l’insécurité alimentaire (accès) entraîne des réactions et des réponses prévisibles
pouvant être saisies et quantifiées par le biais d’une enquête puis récapitulées sur une échelle
(Jennifer et all, 2007).

La sécurité alimentaire comme l'accès physique à une nourriture suffisante et


préférable à tout moment par les membres du ménage. Sur la base des scores de l'échelle
P a g e | 19

d'accès à l'insécurité alimentaire des ménages (HFIAS), les ménages sont classés comme étant
en sécurité alimentaire, en insécurité alimentaire légère, en insécurité alimentaire modérée et
en insécurité alimentaire grave (Ville et al., 2019). Les ménages qui ont accès à des aliments
répondant à la définition adoptée de la sécurité alimentaire des ménages sont classés en
sécurité alimentaire. Les ménages avec moins d'incertitude ou une expérience sévère de
l'insécurité alimentaire sont classés comme étant en insécurité alimentaire légère. Les
ménages en situation d'insécurité alimentaire modérée ont des portions de nourriture réduites,
sautent des repas et ont des régimes alimentaires monotones (Kweyu, 2021).

Limite :

- Il se peut qu’il ait des données manquantes sur certaines questions auxquelles
l’enquêté n’a répondu lors de l’enquête.
g) Auto-évaluation de la sécurité alimentaire

L’auto-évaluation de la sécurité amentaire a pour objectif de promouvoir la


sécurité alimentaire et la sécurité des revenus des ménages en vue d’améliorer leurs
conditions d’existence de façon durable (Moustapha et al., 2007). Elle consiste a faire le bilan
de l’état alimentaire du ménage sur une période donnée. Elle evalue la pertinence des resultats
sur la qualité et la quantité des aliments consommés sur une période donnée. Elle évalue aussi
les forces et faiblesses du ménage, en anticipé des propositions allant dans le sens de remedier
ou de renforcer les activités du bilan.

Limite :

- l’oublie d’une situation rencontrée au cours d’une période donnée par l’évaluateur et
peut entrainer l’omission de propositions sur cette situation.

I.2 Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire

La caractérisation des ménages est primordiale dans l’élaboration des


programmes de lutte contre l’insécurité alimentaire des ménages. Sans celle-ci, les analyses
approfondies de l’insécurité alimentaire des ménages seraient difficiles à comprendre et à
expliquer.
P a g e | 20

De ce fait, l’accès à la nourriture à travers les caractéristiques des ménages et


de leur composition semble être des facteurs très importants dans toute recherche voire toute
analyse des déterminants de l’insécurité alimentaire des ménages. Parmi ces facteurs, les plus
distingués sont : le sexe, la taille du ménage, le nombre de repas consommés, le niveau de vie
de ménage, milieu de résidence, disponibilité de stock et types de ménages. Ces facteurs sont
regroupés suivant les caractéristiques sociaux démographiques et économiques.

I.2.1 Caractéristiques socio-démographiques et économiques des ménages en insécurité


alimentaire en RDC.
1.2.1.a Caractéristiques socio-démographiques des ménages en insécurité alimentaire en
RDC.
- Sexe du chef de ménage

Il ressort de la littérature que le ménage dirigé par un homme est en sécurité


alimentaire que le ménage dirigé par une femme puisqu’une femme a des difficultés pour
diversifier les sources de revenu et de consommation par rapport à un homme (Isidore, 2018).
Ceci se justifie par le fait que les hommes accèdent plus facilement aux revenus que les
femmes à cause des actifs productifs qu’ils contrôlent et qu’ils gèrent (FAO, 2021). La
femme, du fait de sa capacité physique et de sa marginalisation dans la société traditionnelle,
a moins d'opportunités économiques que l'homme. En conséquence, un ménage dirigé par une
femme a donc plus de risque de connaître une situation d’insécurité alimentaire qu'un ménage
dirigé par un homme (Bolingo, 2021).

Le sexe du chef de ménage influence la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire,


les ménages dirigés par une femme sont plus exposés à l’insécurité alimentaire. En Afrique
subsaharienne, 31% des ménages ruraux sont dirigés par des femmes, alors qu'en Amérique
latine et aux Caraïbes, et en Asie, les chiffres sont de 17 et 14 % respectivement (WFP,
2017). Bien qu'il y ait différents types de ménages ayant pour chef une femme, dans la plupart
des pays ces ménages se rencontrent surtout parmi les groupes les plus pauvres de la
population, et ont souvent un revenu inférieur à celui des ménages dirigés par un homme
(FAO, 2018). Si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources
productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30 % les rendements de leur exploitation. Ce
qui aurait pour effet d’accroitre la production agricole totale des pays en développement de
2.5 à 4% (Sofia, 2021). Des gains de production de cette ampleur pourraient réduire de 17
pour cent le nombre de personnes souffrant de faim dans le monde. Les femmes produisent de
60 à 80 % des aliments dans la plupart des pays en développement et sont responsables de la
P a g e | 21

moitié de la production alimentaire mondiale. Pourtant, ce n'est que tout récemment que leur
rôle clé de productrices et pourvoyeuses de vivres et leur contribution vitale à la sécurité
alimentaire du foyer ont reçu toute l'attention qu'ils méritent. Les ménages dirigés par des
femmes sont plus susceptibles de souffrir de l'insécurité alimentaire que les ménages dirigés
par des hommes du moins au niveau national (CFSVA, 2014).

- Taille du ménage

La taille du ménage est une variable quantitative et réfère au nombre total


d’individus vivant sous un même toit avec l’enquêté et mangeant dans la même casserole.
Cette variable constitue un critère important dans l’analyse des conditions de vie dans la
répartition du revenu selon les différents postes des dépenses (Michael, 2010).

Malgré la variabilité constatée sur tout le territoire de la RDC, le Cluster


Sécurité Alimentaire convient que la taille moyenne des ménages peut être étendue jusqu’à 6
personnes. Cette donnée servira de base de calcul pour la planification, la programmation et la
budgétisation des interventions d’urgence et de réhabilitation. Cependant, en cas de
disponibilité de données spécifiques sur la démographie des ménages dans une zone donnée,
cette moyenne pourra donc changer en fonction des réalités locales (Mathounabo, 2019). En
espace de deux ans la population à Kinshasa a augmenté. La taille moyenne de ménage est
passée de 6,0 en 2018 à 6,4 en juin 2020 (INS, 2020).

Il ressort de la littérature qu’une large taille de ménage est négativement


corrélée avec la sécurité alimentaire, puisque cela requiert une augmentation des dépenses
alimentaires du ménage (Isidore, 2018). Dans un contexte où l’on rencontre des difficultés à
diversifier les sources de revenue et de nourriture, les ménages de grande taille sont plus
sensibles à l’insécurité alimentaire. Les ménages de plus de 12 personnes sont les plus
affectés par l’insécurité alimentaire. Puis viennent les ménages formés de 5 à 12 personnes
(WFP, 2018).

- Type de ménages

Les femmes chefs de ménages ont des lourdes responsabilités lorsqu’elles se


retrouvent dans des familles monoparentales sans le support d’un homme apporteur de
ressources. Elles assument les dépenses alimentaires et les dépenses d’éducation et de santé
P a g e | 22

qui sont en général les principaux postes de dépenses des ménages à risque d’insécurité
alimentaire (CNSA, 2021).

Au Canada, l'insécurité alimentaire des ménages varie selon le type de


ménages. La proportion de ménages en situation d'insécurité alimentaire était plus de deux
fois plus élevée chez les ménages monoparentaux avec enfants que chez les couples avec
enfants. Parmi les ménages avec enfants, les familles monoparentales où le chef de ménage
est une femme étaient les plus susceptibles de vivre de l'insécurité alimentaire (25,1 %),
comparativement aux familles monoparentales où le chef de ménage est un homme (16,3 %)
et aux couples avec enfants (7,3 %). Les ménages canadiens composés d'un couple sans
enfant étaient les moins susceptibles d'être en situation d'insécurité alimentaire (3,4 %). Parmi
les ménages comptant une seule personne, les taux d'insécurité alimentaire observés chez les
hommes et chez les femmes étaient similaires (environ 12 %)3.

- Milieu de residence

Les groupes de ménages sont différemment affectés par l’insécurité alimentaire


selon leur milieu de résidence en RD Congo. La situation des ménages résidents en milieu
urbain semble bien portante que les ménages résident dans le milieu rural (Cabral, 2012).
L’enquête 1-2-3 révèle que les ménages habitant les villes se trouvent toujours mieux lotis
que ceux qui habitent les cités et ceux-ci mieux que ceux qui habitent les secteurs ruraux. Les
ménages urbains consacrent une fraction plus importante de leurs revenus à l’achat d’aliments
que les ruraux et sont donc plus vulnérables aux variations de prix et à la dégradation des
termes de l’échange.

De plus, les besoins alimentaires d’une population urbaine en constante


évolution ont des conséquences sur les zones rurales de production. Alors que la pauvreté est
surtout un phénomène rural, les systèmes économiques des zones rurales et des centres
urbains sont étroitement liés (Bonfiglioli, 2007). Le milieu rural, du fait de sa grande
dépendance de l’Agriculture vivrière traditionnelle, connait une situation d’insécurité
alimentaire quasi-permanente. Le phénomène n’épargne cependant pas les centres urbains
(Millogo et al., 2016).

3
L’insécurité alimentaire des ménages, 2017-2018 au canada
P a g e | 23

1.2.1.b Caractéristiques socio-économiques des ménages en insécurité alimentaire en


RDC.
- Nombre de repas consommés par jour

Le nombre de repas pris par jour se réfère au nombre de fois que l’individu
mange par jour en moyenne. C’est un élément important dans l’évaluation de la sécurité
alimentaire (Michée Mishona, 2020). L’alimentation est à la fois question de quantité et de
qualité, mais en milieu rural, l’accent est mis sur la quantité avant de se focaliser sur la
qualité. Plus on mange plusieurs fois par jour, plus on aurait la chance d’accumuler plus de
calories (Isidore, 2018).

Des informations actualisées sur la sécurité alimentaire des ménages dans le


rapport (E-QUIBB, 2016), ont démontré que près de la moitié (49,5%) des ménages est
affectée par l’insécurité alimentaire dont 16,4% le sont de façon sévère. Il s’observe que près
de 80% des ménages consomment deux repas par jour (67,3%) et trois repas et plus par jour
(12,3%).

Dans un certain nombre de pays encore, l’insécurité alimentaire est un


problème majeur aussi bien en milieu rural qu’urbain. De nos jours, nombreux sont ceux qui
ont vu baisser le nombre de repas organisés journellement (passant de 3 à 2 et même à un seul
repas par jour) tout comme leur qualité. Les repas sont devenus rares et maigres (P. Bonkena
et al 2018). De plus, pour le grand nombre, on n’est jamais assuré pour les prochains repas.

L’incertitude devient d’autant plus grande quand il faut penser au lendemain;


c’est l’insécurité alimentaire qui se vit de façon permanente (Balimwacha, 2020). A Kinshasa,
les ménages ont réduit le nombre de repas pris par jour pendant le confinement comparé à la
situation d’avant la pandémie. En effet, 20% des ménages ont réduit leur consommation
alimentaire à un repas par jour faisant passer la proportion de 8,4% à 28,6%, deux repas
66,4% à 59,0% et trois répas 23,2% à 9,3% (Isidore, 2020).

- Niveau de vie de ménage

Les ménages pauvres sont d’autant plus exposés à des hausses de prix
alimentaires que l’alimentation occupe un poids accru dans leur budget. Pour les pauvres,
compte tenu de la qualité de leur panier alimentaire, les repas qu’ils mangent sont de
P a g e | 24

mauvaise qualité et n’arrivent pas à donner le maximum d’énergies à leur corps d’où, ils ont
constamment faim. La recherche d’une alimentation moins chère peut aggraver le risque
d’une baisse de la qualité nutritionnelle. Le faible niveau de revenu ne permet pas aux
populations pauvres de satisfaire pleinement leurs besoins de base (Adriss, 2012).

En RDC, par rapport au niveau de vie, 72% des ménages ayant un faible niveau
de vie, sont dans une insécurité alimentaire sévère contre respectivement 58% et 31% pour les
ménages ayant un niveau de vie médian et élevé (Modeste, 2020). En moyenne les ménages
pauvres comptent plus de membres que les non pauvres, soit sept contre quatre. Ce nombre
élevé crée un excèdent de charge (alimentaire et non alimentaire) auquel les ménages pauvres
doivent faire face. Ainsi, le ratio de dépendance est plus élevé dans les ménages pauvres. En
effet, trois quarts des dépenses globales des pauvres sont affectés à l’alimentation. En outre,
leur nourriture est moins diversifiée car elle est concentrée sur les légumes et le poisson…

- Disponibilité de stock d’argent, des vivres

La disponibilité de stock alimentaire ou d’argent permet d’assurer une sécurité


alimentaire même après le moment de catastrophes. Les ménages en situation d’insécurité
alimentaire ont à jongler avec l’inquiétude de ne pas avoir assez d’argent pour se nourrir,
tandis que certains doivent avoir recours à de l’aide alimentaire d’urgence (Liliane, 2008).

Si les récoltes ne sont pas stockées rapidement, elles sont dévastées par les
insectes et les rongeurs. Même dans les greniers à céréales, il arrive que les ravageurs
parviennent à s'attaquer aux vivres entreposés. Les pertes occasionnées par l'absence ou
l'insuffisance de moyen de stockage dépassent parfois 50 % de ce qui a été récolté.

Le stockage de certains aliments requiert des conditions assez exigeantes,


comme un certain degré d'humidité, des températures correctes et constantes. Faute d'être
stockés dans de telles conditions, une partie des aliments peuvent pourrir assez rapidement
(Jambere, 2011).

Quatre ménages sur dix ont à leur disposition soit un stock de vivres, soit d’un
champ de produits agricoles ou soit de l’argent disponible pour se nourrir. De ces ménages,
77,4% disposent par devers eux d’un stock de vivres, d’un champ de produits agricoles ou de
l’argent pour se nourrir jusqu’au prochain mois (48,6%) et jusqu’à la semaine prochaine
P a g e | 25

(28,8%). Ceci corrobore le fait que plus de la moitié de ménages (51,9%) est
économiquement vulnérable.

I.2.2 Accès à la nourriture (géographique, économique, etc.) et insécurité alimentaire

L’accès à l’alimentation désigne la capacité d’un ménage de se procurer


régulièrement des aliments en les produisant, en puisant dans ses stocks, en les achetant ou en
ayant recours au troc, aux dons, à l’emprunt ou à l’aide alimentaire, ou encore en combinant
ces différentes sources. Les produits alimentaires peuvent être disponibles tout en étant
inaccessibles pour certains ménages, si ceux-ci ne peuvent pas s’en procurer en quantité
suffisante ni diversifier correctement leur alimentation à partir de ces différentes sources
(Tougan et al, 2020).

La disponibilité alimentaire seule est loin d’être suffisante. En effet, la nourriture


disponible doit être accessible pour les populations. Autrement dit, les ménages doivent dispo
-ser suffisamment de ressources (humaines et financières) pour être capables d’acquérir des
aliments adéquats, de bonne qualité nutritionnelle en quantité et en qualité suffisante.
(Becquey, 2010). L'insécurité alimentaire ne doit pas être considérée simplement comme une
insuffisance de l'offre alimentaire d'un pays mais comme l'impossibilité d'accéder à la
nourriture par les ménages. Il est désormais reconnu que l'autosuffisance alimentaire d'un
pays est une mauvaise indication de l'accès réel des ménages aux aliments (Bete, 2010). Dans
la plupart des cas, de 20 à 30% de la population consomment moins de 80% de leurs besoins
caloriques même quand l’offre alimentaire dépasse 100% des besoins (Jayne, 1995).

L’insécurité alimentaire résulterait plus souvent de barrières limitant l’accès à


l’alimentation, empêchant ainsi les personnes de se procurer les aliments disponibles (Annie,
2005).

I.2.2.1 Du point de vue économique

L'accès à la nourriture pour un ménage correspond à ses capacités en termes de


production et d’échanges. On distingue généralement l’accès physique de l’accès
économique. L'accès physique aux denrées disponibles se réfère essentiellement aux lieux
d'échange et à la régularité des approvisionnements (Djdjoho, 2013).
P a g e | 26

L'accessibilité économique des denrées disponibles est liée au pouvoir d’achat


des ménages qui résulte des effets conjugués des niveaux du revenu et des prix car la hausse
de prix des alimentaires a un impact négatif sur la sécurité alimentaire des pauvres.

Les estimations de la FAO indiquent que la faim a augmenté à l’échelon


mondial sous l’effet des prix élevés des aliments4. Si une personne manque de moyens pour
acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas une grande utilité.

L’évolution des prix des produits alimentaires a une forte incidence sur la
sécurité alimentaire, au niveau des ménages. Les ménages avec un niveau de vie pauvres
consacrent plus de la moitié de leurs revenus à la nourriture. Ils sont parfois contraints de
réduire la quantité ou la qualité de leurs vivres du fait de la hausse des prix des céréales ou
d’autres aliments de base5

L’insécurité alimentaire a des conséquences à court et à long termes. La sous-


alimentation entraîne une augmentation des taux de morbidité et de mortalité, réduit la
productivité et peut avoir de graves conséquences tout au long de la vie, en particulier pour
les enfants (Kwuilu, 2020). La hausse des prix peut aussi limiter la capacité des ménages
pauvres à couvrir des dépenses non alimentaires importantes, comme l’éducation et les soins
de santé. Lorsque la hausse des prix des biens et services se produite à l’échelle mondiale,
elles peuvent nuire aux pays à faible revenu importateurs de produits alimentaires, en pesant
lourdement sur leurs ressources financières limitées. Les prix alimentaires continuent
d’augmenter à travers le monde : 98,8% des pays à faible revenu, 89,1% des pays à revenu
intermédiaire inférieur 83% des pays à revenu intermédiaire supérieur et 78,6% des pays a
revenu élevé (Banque mondiale, 2022).

De bonnes provisions alimentaires au niveau national ou international ne


garantissent pas en soi la sécurité alimentaire des ménages. Les inquiétudes par rapport à
l’accès insuffisant aux aliments ont mené à une concentration sérieuse des politiques sur le
revenu, les dépenses, le marché et le prix des aliments pour atteindre les objectifs de sécurité
alimentaire (FAO, 2008).

4
www.fao.org
5
Fiche d’information, l’impact de la hausse de volatilité des prix des denrées alimentaires sur les populations
rurales, juin 2011
P a g e | 27

Il ne suffit pas qu’une économie nationale dispose de quantités suffisantes des denrées
alimentaires pour que la sécurité alimentaire soit atteinte. Il faut que les individus aient les
moyens d’y avoir accès, l’insécurité alimentaire est liée à un revenu insuffisant. Au sein de
toute population, il existe toujours une couche pauvre ou vulnérable qui ne parvient pas à
satisfaire l'ensemble de ses besoins (FAO, 2001b). Les activités durables de survie sont
principalement l’agriculture, la pêche, le petit commerce et le travail journalier. Ces activités
sont malheureusement limitées en raison du manque du financement et des possibilités assez
réduites de développement ( Nkulu et al., 2018).

Le manque de nourriture concerne la préoccupation de l’accès à une quantité


suffisante de nourriture à court et à moyen terme, ce qui est une source d’anxiété pour les
personnes en situation d’insécurité alimentaire. Lorsque la nourriture vient à manquer, celles-
ci ont l’impression que la situation ne va pas se résorber. Les personnes vivant de l’aide
sociale sont généralement préoccupées par l’accès à la nourriture à la fin du mois, lorsque les
derniers dollars ont été dépensés (Hamelin, Beaudry et Habicht, 2002).

I.2.2.2 Du point de vue géographique

L'accès est dit physique ou matériel lorsqu'il est régulier et à temps voulu aux
lieux d'échange. Cet accès peut être difficile en raison de la dispersion géographique de la
production, de l'état défectueux des routes et du manque de moyens de transports. Les
carences des filières de distribution et de commercialisation des denrées alimentaires
contribuent à ces difficultés d'accès (Mulungula, 2015).

Si certains produits gardent plus ou moins leurs états ou natures depuis la


récolte jusqu’à la consommation, d’autres par contre sont obligés d’être transformés avant
toute consommation ou commercialisation, c’est le cas de manioc qui est transformé soit en
cossette, en farine (fufu) soit en Kimpuka (Ngutigovo) et en chikwangue. Les produits
agricoles constituent les matières premières pour la fabrication des certains biens, c’est le cas
de maïs et de manioc pour la fabrication d’alcool artisanal (Mathunabo et all, 2019).

L’insécurité alimentaire en RDC est fortement liée à l’état de la pauvrété


généralisée de la population, la faible production (liée au problème d’accès à la terre pour les
petits producteurs, à l’insuffisance des superficies cultivées, à la mauvaise qualité de
semences, aux techniques de production restées traditionnelles et utilisant peu d’intrants ainsi
qu’un matériel de production rudimentaire). Presque toutes les provinces souffrent d'un
P a g e | 28

manque d’infrastructures de base et des problèmes généraux du développement rural. En


général, La majorité de la population congolaise soit 70% reste rurale et vit de l’agriculture de
subsistance, réalisées sur des petites superficies (de 0,50 Ha à 1 Ha) sous forme des cultures
associées, sans utilisation d’intrants améliorés. Sa production peine à satisfaire la demande
locale. Ce qui fait que les produits importés occupent une place de choix dans la
consommation des ménages urbains (Ivan, 2018).

En particulier, la majorité des ménages en milieu rural cultive des parcelles de


moins de 1 ha toutes saisons confondues par manque de moyens et ces petites superficies ne
permettent pas au ménage d’avoir suffisamment de récolte afin de pouvoir faire des stocks
suffisants et de vendre le surplus de la production. L’insuffisance des récoltes pourrait être
corrélée aussi avec la mauvaise qualité des semences, le faible rendement ou les techniques de
production qui sont restés traditionnelles seul moins de 1% des ménages en milieu rural
dispose de charrue ou de tracteur (PAM 2011) et (PNSA, 2014).

Il faut noter aussi que le système agraire est resté fortement individualisé. Ces
systèmes sont faibles consommateurs d’intrants et utilisent un matériel de production
rudimentaire. Toutes les opérations sont manuelles. La production obtenue dans ce système
est faible, c’est surtout un système de production de subsistance. Il occupe la quasi-totalité des
paysans en milieu rural (CFSVA, 2018).

L’on a relevé que toutes les provinces souffraient d’un manque


d’infrastructures de base et des problèmes généraux du développement agricole et rurale. En
ce qui concerne le commerce des produits, il y a lieu d’évoquer: l’éloignement de lieu de
production au lieu de vente, les tracasseries policières et administratives, le coût élevé de
transport et l’irrégularité de moyens de transport (WFP, 2016).

Les ménages se procurent les aliments dont ils ont besoin à travers plusieurs
voies : en produisant eux-mêmes les vivres consommés (agriculteurs de subsistance), en les
achetant sur le marché, en les collectant dans la nature, ou bien en les recevant en aide/dons.
Pour cela, la capacité des ménages d’accéder à la nourriture de façon régulière dépend ou est
influencée par plusieurs facteurs : la production agricole (qui à la fois dépend de l’accès à la
terre, des facteurs de production et des facteurs climatiques), les sources de revenus, la
possession d’actifs « liquides » facilement échangeables sur le marché pour se procurer la
nourriture (tel que le bétail, etc.) (WFP, 2005).
P a g e | 29

L’accès physique aux denrées alimentaires peut être compromis du fait des
dysfonctionnements des systèmes de commercialisation et de distribution (dispersion
géographique de la production ou état défectueux des infrastructures de transport ou de
stockage). Au niveau des communautés rurales, l’accès à la nourriture peut être compromis
par l’accès aux facteurs de production (par ex : terre suffisante de semences utilisées,
l’infertilité des sols dans certaines zones, la présence des ravageurs de cultures et l’irrégularité
des pluies due aux changements climatiques (Joseph, 2013).

En effet, les ménages ruraux commencent par exploiter des espaces agricoles
situés le long des villages dans une agriculture extensive sur brûlis, consommatrice de terres
et destructrice de la forêt et/ou des galeries forestières et du sol. Dès que la fertilité de ces
espaces commence à baisser, ils délocalisent leurs champs à la recherche des galeries
forestières encore fertiles. Ce qui contribue à l’insécurité alimentaire chronique au niveau
local.

Le manque d'infrastructures rurales telles que les routes permettent aux


agriculteurs de commercialiser leurs produits et d'acheter ceux qui leur font plus défaut. Dans
beaucoup de pays pauvres les routes sont en mauvais état ou inexistantes. Généralement, les
axes routiers sont surtout conçus pour permettre le commerce avec les pays étrangers ou pour
faciliter les échanges entre les grandes agglomérations. Les voies de communication qui
mènent d'une région à une autre sont souvent négligées. Les agriculteurs ne produisent pas
tout ce dont ils ont besoin pour une alimentation équilibrée, il leur faut acheter une partie de
leur nourriture : plus de 60 % de la population rurale en Afrique Subsaharienne sont des
acheteurs nets de nourriture, c'est-à-dire qu'ils achètent plus des produits agricoles qu'ils n'en
vendent. Le manque de route et de moyen de transport ne facilitent pas le ravitaillement ni en
temps ordinaire ni en cas d'urgence (Jambere, 2011).

Conclusion partielle

Le premier chapitre a porté sur la revue de littérature sur les facteurs explicatifs
de l’insécurité alimentaire des ménages en RDC, il contient deux grandes sections dont une
concerne le concept de la sécurité alimentaire et l’autre porte sur les facteurs explicatifs de
l’insécurité alimentaire.

La littérature consultée a révélé que l’insécurité alimentaire des ménages est


liée aux caractéristiques socio-économiques et socio-démographiques des ménages. Au
P a g e | 30

niveau des caractéristiques socio-économiques, le niveau de vie de ménage, le nombre de


repas consommés par jour et la disponibilité de stock sont cités. Sur les caractéristiques socio-
démographiques les plus mentionnées restent le sexe du chef de ménage et la taille du
ménage.
P a g e | 31

CHAPITRE II: METHODOLOGIE DE L’ETUDE

Après avoir fixé les objectifs et les hypothèses de cette étude, nous présentons
la méthodologie, qui est la démarche par laquelle nous allons atteindre nos objectifs et vérifier
nos hypothèses. Ce chapitre est subdivisé en cinq points à savoir: le cadre conceptuel, les
hypothèses de l’étude, la source des données, les variables de l’étude et les méthodes de
l’analyse des données.

II.1 Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel est un schéma structurel des relations entre la variable


indépendante et la variable dépendante (Metela, 2019). Il met en relation les différents
concepts utilisés dans l’étude. Pour le cas de cette étude, il est question de mettre en relation
les variables indépendantes utilisées dans cette étude pour comprendre et expliquer les
l’insécurité des ménages.

II.1.1 Schéma Conceptuel

Construire un schéma conceptuel revient à préciser les relations entre les


différents concepts, les différentes variables et les différentes hypothèses.

Caractéristiques socio- Caractéristiques socio-économiques


démographiques -Niveau de vie de ménage
- Type de ménages - Nombre de repas consommé par
- Sexe du chef de ménage jour
-Taille du ménage - Disponibilité de stock pour se
nourrir

Milieu de résidence

Statut alimentaire des ménages en


RDC
Figure 1 : schéma conceptuel du statut alimentaire des ménages en RDC
P a g e | 32

II.1.2 Explication du schéma conceptuel

Le schéma ci-haut montre comment toutes les variables indépendantes peuvent


influencer la variable dépendante. Il reflète la problématique et la question de recherche selon
laquelle dit que l’insécurité alimentaire des ménages peut être influencée par les
caractéristiques des ménages.

Les caractéristiques socio- démographiques et économiques des ménages ont


été retenues comme variables qui expliquent l’insécurité alimentaire des ménages à travers la
variable statut alimentaire des ménages en RDC.

La première relation associe les caractéristiques socio-démographiques et les


caractéristiques socio-économiques. Elle cherche a vérifier si les caractéristiques socio-
démographiques sont en relation avec les caractéristiques socio-économiques.

La deuxième relation associe les caractéristiques socio-démographiques du


ménage et le statut alimentaire des ménages en RDC. Elle cherche à vérifier si le sexe du chef
de ménage, la taille du ménage et le type de ménages sont les facteurs à risque de le statut
alimentaire de ménages.

La troisième relation associe les caractéristiques socio-économiques de ménage


et le statut alimentaire des ménages. Cette relation cherche à vérifier si le niveau de vie, le
nombre de repas consommé par jour, la disponibité de stock du ménage pour se nourrir
peuvent expliquer le statut alimentaire des ménages en RDC.

La quatrième relation contrôle l’effet des caractéristiques socio-


démographiques et socio-économiques sur le statut alimentaire des ménages en RDC, en
passant par le milieu de résidence.

Et enfin, la cinquième relation associe le milieu de residence et le statut


alimentaire de ménages en RDC. Elle vérifie si le milieu de residence a un effet sur le statut
alimentaire de ménages en RDC.

Le tableau 1 ci-après illustre l’opérationnalisation des variables.


P a g e | 33

Tableau 1: Opérationnalisation des variables

Variables Définitions Modalités Indicateurs


Statut L’état d’un ménage qui a 0. Sécurité Proportion de
alimentaire des la capacité ou non alimentaire ménages en
ménages en d’accèder physiquement 1. Insécurité insécurité
RDC et économiquement à la alimentaire alimentaire
nourriture
Sexe du chef de Attribut utilisé pour 1. Masculin Proportion de
ménage classer un individu dans 2. Féminin chefs de
les espèces biologiques ménages selon
employant un mode de leur sexe
reproduction sexué par le
chef de ménage au
moment de l’enquête
Milieu de Le lieu où est situé le 1. Urbain Proportion de
résidence bâtiment où le ménage a 2. Rural ménages selon
choisi de s’établir à titre leur milieu de
privé. résidence

Taille du Effectif des personnes qui 1. 1 - 5 personnes Proportion de


ménage partagent le même repas 2. 6 et 10 personnes ménages selon
du soir dans le ménage 3. 11 ou plus leur taille

Niveau de vie de C’est la qualité et la 1. Pauvre Proportion de


ménage quantité des biens et 2. Moyen ménage selon le
services et de revenu ou 3. Riche niveau de vie
patrimoine du ménage au
moment de l’enquête
Nombre de Il s’agit du nombre de 1. Un repas par jour Proportion de
repas consommé repas consommés par jour 2. deux repas par jour ménages selon
par jour dans les ménages. 3. trois repas ou plus par le nombre de
jour repas
consommé par
jour
Disponibilité de Il est question de savoir si 1. Oui Proportion de
stock pour se le ménage dispose d’un 2. Non ménages selon
nourrir stock de vivres, d’un la disponibilité
champ de produits de stock
agricoles ou de l’argent
disponible pour se
nourrir.
Type de Catégories de ménages 1. Unipersonnel Proportion de
ménages rencontrées ménages selon
2. couple sans enfant
quotidiennement dans la le type de
société 3. couple avec enfant ménages
4.Monoparental nucléaire
5. Monoparental élargi et
étendu
P a g e | 34

II.2 Hypothèses de travail

L’hypothèse est considérée comme étant une réponse provisoire, anticipée à


une question de recherche ou une proposition de solutions anticipées aux problèmes identifiés
au départ. En d’autres termes, elle prédit les résultats attendus de l’étude (Mangalu, 2019).
Pour le cas de cette étude, nous anticipons des solutions suivantes:

H1: Les caractéristiques socio-démographiques du ménage expliquent l’insécurité alimentaire


des ménages.

H1a: les ménages dirigés par les femmes sont plus affectés par l’insécurité alimentaire que
ceux dirigés par les hommes.
H1b: les ménages de grande taille sont plus affectés par l’insécurité alimentaire que ceux de
petite taille.

H2: Les caractéristiques socio-économiques des ménages expliquent aussi l’insécurité


alimentaire des ménages en RDC.

H2a: les ménages ayant un faible niveau de vie sont beaucoup plus exposés à l’insécurité
alimentaire que ceux ayant un niveau de vie élevé
H2b: les ménages qui consomment un repas par jour sont plus exposés à l’insécurité
alimentaire des ménages que ceux qui consomment plus de 2 repas ou plus.
H2c: les ménages qui ne disposent pas d’un stock de vivres, d’un champ de produits viviers
ou de l’argent sont plus exposés à l’insécurité alimentaire des ménages que ceux qui disposent
le stock pour se nourrir.
H3 : le statut alimentaire des ménages est fonction des caractéristiques socio-
démographiques, des caractéristiques socio-économiques et du milieu de résidence.

II.3 Source des données

II.3.1 Présentation de l’enquête

Les données utilisées dans cette étude proviennent de l’enquête avec


Questionnaire Unifié à Indicateurs de Base du Bien-être en République Démocratique du
Congo (E-QUIBB) réalisé en RD. Congo en 2016 dont l’objectif général était de produire
rapidement des indicateurs socio-économiques de base sur les conditions de vie de la
P a g e | 35

population. C’est la septième phase de cette enquête qui couvre tout le territoire national et
dont les unités statistiques sont les ménages. Cette enquête porte sur plusieurs modules mais
dans le cadre de ce travail seuls les modules sur l’agriculture et la sécurité alimentaire ont été
exploités.

II.3.2 Echantillonnage

L’échantillon de l’E-QUIBB/RDC1 - 2016 est un échantillon stratifié,


représentatif au niveau national et au niveau des 26 provinces. Il a été tiré à deux degrés en
milieu urbain, et à trois degrés dans le milieu rural. Chaque province a été subdivisée en trois
strates: la strate des chefs-lieux des provinces, la strate des autres villes statutaires et des cités,
et la strate du milieu rural constituée des villages regroupés en secteurs et en chefferies. Au
total, une strate pour Kinshasa et 75 strates (25 x 3) d’échantillonnage pour les autres
provinces ont été créées. Dans la première strate, Kinshasa et tous les chefs-lieux des
Provinces ont été retenus dans l’échantillon tandis que pour la deuxième strate, une ou deux
villes ou cités ont été tirées.

Tout bien considéré, un site de l’E-QUIBB / RDC 1 - 2016 correspond à un


quartier dans le milieu urbain et à un village dans le milieu rural. L’échantillon a été tiré
indépendamment dans chaque strate d’échantillonnage. La base de sondage est issue du
premier Recensement Général de la Population et de l’Habitat réalisé en RDC en 1984
(RGPH 1). Elle a été partiellement actualisée à plusieurs occasions par des recensements
administratifs et électoraux. Il convient de signaler que cette base de sondage a également
servi pour le tirage des échantillons des Enquêtes à Indicateurs Multiples (MICS) de 2001 et
2010, des Enquêtes 1-2-3 (Emploi, secteur informel et consommation des ménages) de 2005
et 2012 et pour les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) de 2007 et 2013.

Ainsi donc, les indicateurs obtenus avec les données de ces différentes
enquêtes sont comparables et permettent de suivre les évolutions des phénomènes étudiés
dans le temps. La base de sondage a été actualisée en utilisant le décret de surséance n°15/013
du 22 juillet 2015 conférant le statut de ville et commune à certaines agglomérations des
différentes Provinces. Elle comporte des informations sur la localisation et le type de
résidence pour chaque UPS. Faute de Recensement Général de la Population en RDC après
1984, les populations de ces entités administratives ont été estimées à partir de la population
de 2016 provenant du site de la Division Statistique des Nations Unies. Elle a été répartie en
utilisant les proportions issues de la Base de sondage de l’EDS /RDC de 2013. Il convient de
P a g e | 36

signaler que la base de sondage en milieu rural a été actualisée sur base des listes des entités
administratives provenant du Ministère de l’intérieur et du site de la Commission Electorale
Nationale Indépendante (CENI) qui ont fourni des informations jusqu’au niveau des villages.

a) La strate des chefs-lieux de province : on a tiré au premier degré des quartiers comme
Unité Primaire de Sondage (UPS), avec un tirage à probabilité proportionnelle à leur
taille, et au degré suivant, on a tiré 40 ménages dans les quartiers tirés après un
dénombrement des ménages.
b) La strate des cités : la deuxième strate a été également tirée au premier degré avec une
ou deux villes/cités tirées. Dans ces deux premières strates, les quartiers ont été tirés
en premier degré comme Unité Primaire de Sondage (UPS) avec un tirage à
probabilité proportionnelle à leur taille, et au second degré, on a tiré 40 ménages dans
les quartiers tirés après un dénombrement des ménages.
c) La strate de milieu rural : pour le milieu rural on a tiré au premier degré 5 secteurs ou
chefferies comme Unités Primaires de Sondage (UPS) dans chacune des 25 Provinces,
avec un tirage à probabilité proportionnelle à leur taille. Au second degré, on a tiré
trois villages comme Unité Secondaire de Sondage (USS) dans les secteurs/chefferies
tirés au premier degré de manière aléatoire, et ce, dans trois groupements différents
pour permettre une bonne dispersion. Au troisième degré, on a tiré 32 ménages dans
les villages tirés à partir de la liste des ménages dénombrés dans le village. Tout bien
considéré, un site de l’E-QUIBB / RDC 1 - 2016 correspond à un quartier dans le
milieu urbain et à un village dans le milieu rural. L’échantillon a été tiré
indépendamment dans chaque strate d’échantillonnage.
II.3.3 Couverture de l’échantillon

Au cours de l’EQUIBB/RDC1, un échantillon de 537 sites a été tiré parmi


lesquels 511 ont pu être enquêtés et 26 ont été remplacés pour certaines raisons notamment la
présence d’un camp militaire, la désaffection de certains villages détruits par la guerre, la
présence de certains villages dans d’autres groupements et l’insuffisance des ménages. Au
total 18.480 ménages ont été sélectionnés dont 18.422 ont pu être enquêtés, soit un taux de
couverture de 99,7%. Les analyses n’ont été effectuées que pour 18.363 ménages
complètement remplis soit 99.4% de l’échantillon, ce qui est un résultat très positif.
P a g e | 37

II.4 Variables de l’étude

Ici, c’est de l’ensemble des variables utilisées dans l’étude et leurs modalités
qu’il s’agit.

II.4.1 Variable dépendante

La variable dépendante est la variable à expliquer par les autres variables. La


variable dépendante de cette étude est le statut alimentaire des ménages. Celui-ci n’a pas été
directement mesuré lors de l’enquête. Cependant, plusieurs approches existent pour saisir ce
phénomène. Dans cette étude, nous avons eu recours à l’approche consolidée pour le compte-
rendu des indicateurs de la sécurité alimentaire (CARI) pour constituer notre variable
dépendante. Il s’agit d’une approche qui a été développée par l’unité VAM (Vulnérability
Analysis and Mapping) du PAM en 2012 (INS, 2016). D’après le guide technique du PAM
(2014), trois indicateurs sont nécessaires pour constituer l’indice de sécurité alimentaire
CARI ; le score de consommation alimentaire (SCA), la part de dépense alimentaire du
ménage et les stratégies basées sur les moyens de substances (épuisement d’actifs) (PAM,
2014). Le SCA constitué est appelé indicateur du statut actuel tandis que les deux derniers
constituent les indicateurs de la capacité de survie. Ces indicateurs sont alors combinés pour
faire le statut alimentaire des ménages (CARI). le statut alimentaire des ménages ainsi
constitué est une variable numérique à 4 modalités (1. Sécurité alimentaire, 2. Sécurité
alimentaire limite, 3. Insécurité alimentaire modéré et 4. Insécurité alimentaire sévère). Pour
le besoin de notre étude, cette variable a été dichotomisé. Ce sont les ménages en insécurité
alimentaire modéré et en insécurité alimentaire sévère qui ont été considéré comme en
insécurité alimentaire (modalité 1) tandis que les ménages en sécurité alimentaire et en
sécurité alimentaire limite ont constitué la modalité 0 (Sécurité alimentaire).

Statut alimentaire des ménages (CARI) = Score de consommation alimentaire +


dépenses alimentaires + stratégies de survie basée sur les moyens de subsistance
(épuisement d’actifs)

Le processus de construction des trois indicateurs nécessaires pour


l’élaboration de l’indice de sécurité alimentaire CARI s’est fait comme suit :
P a g e | 38

1. Le score de consommation alimentaire des ménages (SCA)

L’Enquête QUIBB a collecté des données nécessaires à la compréhension de la


consommation d’aliments riches en nutriments dans les ménages. On a demandé aux
personnes interrogées combien de jours (au cours de la semaine écoulée) leur ménage a
consommé les aliments des groupes suivants: 1. Céréales et tubercules, 2. Légumes secs 3.
Légumes 4. Fruits, 5. Viandes et poissons 6. Lait et autres produits laitiers; 7.
Huile/graisse/beurre, 8. Sucre ou produits sucrés; 9. Epices/condiments. Les questions
relatives à ce module sont codées SE06 dans la base de données.

Le Score de Consommation Alimentaire a été constitué en considérant ces 9


groupes d’aliments, cela en appliquant les pondérations recommandées pour chaque groupe
d’aliments (PAM, 2014). Ainsi, les ménages avec un score inférieur à 21 étaient considérés
comme pauvres. Ceux dont le score était compris entre 21,5 à 35 étaient de score limite tandis
qu’un score de 35 et plus était considéré comme acceptable. Ce score a ensuite été convertie
en échelle de 3 niveaux CARI tel que: Acceptable=Sécurité alimentaire (1), Limite=Insécurité
alimentaire modéré (2), et Pauvre=Insécurité alimentaire sévère (3).

2. La part des dépenses alimentaires du ménage

La part des dépenses alimentaires est la part du budget dépensé pour


l’alimentation par rapport au revenu total du ménage. Elle a été calculée par la formule
suivante:

𝐷é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒𝑠 𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 (𝑑𝑒𝑝𝑎𝑙𝑖𝑚𝑡𝑜𝑡)


x 100
𝐷é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒𝑠 𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 + 𝐷é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒𝑠 𝑛𝑜𝑛 𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 (𝑑𝑒𝑝𝑛𝑎𝑙𝑖𝑚𝑡𝑜𝑡)

Ce calcul a permis la création de la variable « part des dépenses alimentaires »


de chaque ménage, un regroupement en 4 modalités a été opéré comme suit : 1. Moins de
50%, 2. Entre 50 et 65%, 3. 65 et 75% et 4. Supérieur ou égal à 75% (PAM, 2014). La
transformation en 4 niveaux CARI est faite tel que les ménages avec moins de 50% des
dépenses alimentaires sont catégorisés comme en sécurité alimentaire (1), ceux entre 50 et
65% sont en sécurité alimentaire limite (2). Entre 65 et 75%, c’est l’insécurité alimentaire
modéré (3) tandis que les ménages dont les dépenses alimentaires de 75% et plus sont
catégorisés comme en insécurité alimentaire sévère (4).
P a g e | 39

3. Les strategies de subsistance

L’indicateur des Stratégies de Survie basées sur les Moyens de Subsistance est
calculé à partir d’une série de 10 questions/stratégies (de SE081 à SE089) liées à l’expérience
des ménages concernant le stress entrainé par les moyens de subsistance mis en place pour se
nourrir, plus particulièrement, l’épuisement des avoirs pendant les 30 jours qui ont précédé
l’enquête.

Les 10 stratégies ont été classées en trois groupes généraux (3 modalités),


incluant les stratégies dites de stress (4), celles dites de crise (3) et celles dites d’urgence (3).

Stratégies de stress: Elles indiquent une réduction de la capacité à faire face à des chocs dans
le futur en raison d’une diminution des ressources ou une augmentation des dettes. Ce sont:

1) Vendre des avoirs du ménage /biens (bijoux, ustensiles de cuisine, radio, téléphone,
meubles, réfrigérateur, télévision, DVD, etc. *(SE081)*6;
2) Acheter de la nourriture à crédit ou emprunter de la nourriture *(SE082)* ;
3) Emprunter de l'argent pour acheter de la nourriture *(SE084)* ;
4) Vendre le dernier géniteur (chèvre, mouton, vache, porc, etc. *(SE089)*.

Stratégies de crise: Elles réduisent directement la productivité future, dont la formation du


capital humain. Ce sont:

1) Vendre des actifs productifs ou des moyens de transport (machine, chariot, brouette,
vélo, moto, voiture, etc. *(SE085)* ;
2) Réduire ou renoncer aux soins médicaux pour acheter de la nourriture *(SE0810)* ;
3) Consommer le stock de semences qui avait été mis de côté pour la saison suivante
*(SE086)*.

Stratégies d’urgence: Elles affectent la productivité future mais sont plus difficiles à inverser
ou sont plus dramatiques. Ce sont:

1) Faire recours à des activités illégales/prostitution pour générer un revenu (SE088)* ;


2) Vendre sa maison/parcelle ou terre (SE087)* ;
3) Travailler dans les champs des autres pour avoir de la nourriture (SE083)*.

6
Numéro de la variable dans la base de données
P a g e | 40

Les ménages qui ont déclarés n’avoir pas eu recours à une stratégie car les
biens étaient déjà épuisés bien avant ont été considérés comme ayant eu recours à la stratégie
car les biens épuisés pourrait encore permettre au ménage de « survivre ». En d’autres termes,
ils peuvent encore survivre car ils ont utilisé cette stratégie auparavant.

La catégorisation des stratégies de subsistance en 4 modalités CARI a consisté


à considérer les ménages qui n’ont utilisé aucune stratégie de la sécurité alimentaire (1), ceux
qui ont utilisé les stratégies de stress étaient en insécurité alimentaire limite (2), ceux qui ont
déployé les stratégies de crise étaient en insécurité alimentaire modéré (3) tandis que les
ménages qui ont utilisé les stratégies d’urgences étaient en insécurité alimentaire sévère (4).

Une fois les trois indicateurs construits, nous les avons combinés ensemble
pour constituer l’indice de sécurité alimentaire CARI conformément aux recommandations du
PAM (2014). Ainsi, nous avons calculé la moyenne obtenue par chaque ménage sur les deux
domaines (statut actuel et capacité de survie) sachant que nous avons un indicateur de statut
actuel (SCA) et deux indicateurs de capacité de survie (Part des dépenses alimentaires et
stratégies de survie). Nous avons ensuite fait la moyenne de ces deux résultats:

Statut alimentaire= Moyenne du statut actuel (SCA) + Moyenne de la capacité de survie


2
Il s’agit d’une variable numérique de 1 à 4. Pour 1= Sécurité alimentaire, 2=
Sécurité alimentaire limite, 3=Insécurité alimentaire modéré, et 4=insécurité alimentaire
sévère. Ce sont ces deux dernières modalités qui ont été considérées comme l’insécurité
alimentaire dans cette étude.

II.4.2 Variables indépendantes

Etant donné que cette étude vise à expliquer l’insécurité alimentaire des
ménages en RDC, les variables sexe de chef de ménage, milieu de résidence, taille du
ménage, le niveau de vie de ménages, type de ménage, nombre de repas consommé par jour et
la disponibilité de stock pour se nourrir seront retenus pour expliquer l’insécurité alimentaire
des ménages en RDC. La relation entre la variable dépendante et les caractéristiques socio-
démographiques et socio-économiques par le milieu de résidence (voir figure 1).
Le tableau 1 explicite l’opérationnalisation des variables, et explique mieux les définitions de
ces variables, leurs modalités ainsi que leurs indicateurs.
P a g e | 41

II.5 Méthodes de l’analyse des données

La présente étude se préoccupe des facteurs explicatifs de l’insécurité


alimentaire des ménages en RDC. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé les méthodes
et techniques permettant d’analyser les données citées afin de tester les hypothèses de l’étude.
La méthode utilisée dans cette étude est la méthode d’analyse documentaire, qui est celle de
chercher les données à travers différents documents (articles, ouvrages, rapports notes de
cours, mémoires et thèses) afin de constituer la partie théorique de ce travail. Ajoutez à cela la
méthode de l’analyse descriptive, le test de khi-carré, la régression logistique binaire et
l’analyse factorielle de correspondance multiples.

a) Analyse descriptive

Les analyses descriptives utilisées dans ce travail sont l’analyse univariée et


l’analyse bivariée. Nous avons utilisé l’analyse univariée pour décrire chaque variable de
l’étude. Quant à l’analyse bivariée, elle a permis de déterminer l’existence éventuelle d’une
relation entre les variables indépendantes et la variable dépendante. Elle met également deux
variables en relation pour vérifier si la relation est significative au seuil de 5% grâce au test de
khi-deux. Ce test permet aussi d’estimer la stabilité statistique de l’association entre
l’insécurité alimentaire des ménages en RDC et les variables explicatives de l’étude.
L’utilisation de ce test se justifie par le fait que les variables en présence sont qualitatives.

b) La régression logistique binaire

Cette méthode est utilisée dans cette étude pour vérifier les hypothèses. Elle
permet d’analyser la relation causale qui existe entre une variable dépendante et une ou
plusieurs variables indépendantes. La régression logistique binaire sera utilisée dans cette
étude pour tenter de déterminer les facteurs susceptibles d’expliquer l’insécurité alimentaire
des ménages, donc établir une éventuelle relation de cause à effet entre les variables
indépendantes et la variable dépendante. Cette méthode est appropriée car elle nous permet de
savoir la nature de la relation qui existe entre chaque variable indépendante et la variable
dépendante et aussi parce que la variable dépendante est qualitative et dichotomique.

c) L’analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM)

Cette méthode est utilisée dans cette étude pour faire apparaître les liaisons les plus
intéressantes entre les variables indépendantes. Elle permet aussi de réaliser automatiquement
P a g e | 42

la classification des ménages en insécurité alimentaire et en sécurité alimentaire. En outre,


cette analyse permet de procéder à la visualisation graphique des données collectées. Elle
permet également de disposer les composantes principales d’une part et les modalités des
variables les plus pertinentes,

Conclusion partielle

Dans ce chapitre, il a été question de présenter le cadre conceptuel, de préciser


les hypothèses de travail et d’expliquer le schéma conceptuel.

Le point relatif à la source des données donne une courte description sur
l’enquête, l’échantillonnage et la couverture d’échantillon les autres sections portent sur les
variables de l’étude, la variable dépendante intitulé statut alimentaire des ménages et les
variables indépendantes regroupés en 2 groupes : les variables socio-démographiques et les
variables socio-économiques ainsi que Les méthodes de l’analyse des données et les
techniques utilisées dans cette étude figurent également dans ce chapitre.
P a g e | 43

CHAPITRE III: PRESENTATION DES RESULTATS

Après l’introduction générale, la revue de la littérature et la méthodologie de


l’étude, ce chapitre aborde l’analyse et l’interprétation des résultats. Les résultats de l’étude
sont rapportés en trois grands points.

Le premier point décrit les caractéristiques de l’échantillon de l’étude. Au


deuxième point, la relation entre les caractéristiques socio-démographiques et les
caractéristiques socio-économiques des ménages avec insécurité alimentaire est vérifiée par le
test du Khi-deux. Les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire des ménages en RDC
sont mis en évidence au point 3 par les résultats de la régression logistique binaire et l’analyse
factorielle de correspondance multiple. Une discussion des principaux résultats de l’étude
intervient à la fin de chapitre.

III.1. Description des caractéristiques de l’échantillon

Dans cette section, il est question de présenter les caractéristiques


sociodémographiques et socioéconomiques avec l’insécurité alimentaire

III.1.1. Caractéristiques sociodémographiques des ménages

La répartition des ménages enquêtés selon les caractéristiques socio-


démographiques est rapportée dans le tableau1. Il en ressort que dans la majorité des ménages
(76%), le chef de ménage et de sexe masculin. Seuls 24% des ménages ont une femme
comme chef de ménage. Par ailleurs, les ménages composés d’une à 5 personnes et ceux de 6
à 10 personnes représentent respectivement 58% et 38% de l’échantillon. Pour ce qui est de la
répartition par milieu de résidence, la plupart des ménages (63%) sont du milieu rural contre
37% des ménages urbains. Il apparait aussi que les couples avec enfants sont majoritaires
(42%) parmi les ménages enquêtés. L’on observe par ailleurs des ménages monoparentaux
élargis et étendus (34%) et des ménages unipersonnels (8%).
P a g e | 44

Tableau 2 : Description des ménages selon le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, le
milieu de résidence et le type de ménages.

Variable Modalités Nombre de ménages Pourcentage


Sexe Masculin 14095 75,7
Féminin 4268 24,2
Total 18363 100,0
Taille du 1 à 5 personnes 10811 58,4
ménage 6 à 10 personnes 6952 38,4
Plus de 10 600 3,2
personnes
Total 18363 100,0
Milieu de Urbain 6439 36,6
résidence Rural 11924 63,4
Total 18363 100,0
Type de Unipersonnel 1404 7,8
ménages Couple sans enfants 814 4,2
Couple avec enfants 7926 42,1
Monoparental 2177 11,6
nucléaire
Monoparental élargi 6042 34,2
et étendus
Total 18363 100,0
Les pourcentages rapportés résultent de la pondération des effectifs
III.1.2. Caractéristiques socioéconomiques des ménages

Le tableau 2 nous informe sur les caractéristiques socio-économiques des


ménages enquêtés. En ce qui concerne le niveau de vie, les ménages pauvres sont les plus
représentés (42, %). Les ménages de niveau de vie moyen et riche représentent
respectivement 38% et 20% des ménages. Par ailleurs, la majorité des ménages consomment
2 repas par jour (66%). L’on note également qu’une proportion importante de ménages (60%)
ne dispose pas de stocks des vivres, des produits vivriers ou d’argent pour se nourrir.

Tableau 3 : Description des ménages selon le niveau de vie, le nombre des repas par jours, et
la disponibilité des stocks pour se nourrir
P a g e | 45

Variable Modalités Nombre des Pourcentage


ménages
Niveau de vie Pauvre 9444 42,1
Moyen 3974 20,2
Riche 4937 37,7
Total 18355 100
Nombre de repas par 1 repas 4196 22,5
jour 2 repas 12013 65,7
3 repas et plus 2106 11,9
Total 18315 100,0
Disponibilité des Oui 7111 40,3
stocks pour se nourrir Non 11247 59,7
Total 18358 100,0
Les pourcentages rapportés résultent de la pondération des effectifs
III.1.3. L’insécurité alimentaire

Le tableau 4 rapporte la répartition des ménages selon l’indice de sécurité alimentaire


(approche CARI). Il révèle que 45% des ménages sont en insécurité alimentaire.

Tableau 4 : Description des ménages selon l’indice de sécurité alimentaire (CARI)

Variable Modalités Nombre des ménages Pourcentage

Statut alimentaire Sécurité alimentaire 9278 55,2


(CARI)
Insécurité alimentaire 9085 44,8

Total 18363 100,0

Les pourcentages rapportés résultent de la pondération des effectifs

III.2. Insécurité alimentaire selon les caractéristiques du ménage

Il est ici question d’examiner la relation entre l’insécurité alimentaire des


ménages et leurs caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques.

La description statistique des tableaux 5 et 6 présente la proportion de ménages


en insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-démographiques et socio-
économiques ensuite se dégage la relation qui pourrait exister entre l’insécurité alimentaire
des ménages et les caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques retenues
pour cette étude. En effet, d’après les tests de khi-deux qu’il existe un lien significatif entre
P a g e | 46

toutes les caractéristiques socio-démographiques et socio-économiques retenues pour cette


étude avec un p-value inférieur à 0.001 partout.

III.2.1. L’insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-démographiques

L’insécurité alimentaire est plus forte (56%) dans les ménages dirigés par les
femmes que dans ceux dirigés par les hommes (47%). On constate que la proportion de
ménages en insécurité alimentaire varie en fonction de la taille du ménage. En effet, plus la
taille de ménage est grande, moins le ménage est confronté à l’insécurité alimentaire. Les
ménages composés de 1 à 5 personnes (53%) sont plus concernés par l’insécurité alimentaire
que les ménages de plus de 10 personnes (37%). L’analyse par milieu de résidence montre
que l’insécurité alimentaire est plus élevée en milieu rural (59, %) qu’en milieu urbain (32%).
Pour le type de ménage l’on observe que ce sont les ménages unipersonnels qui sont les plus
touchés par l’insécurité alimentaire avec 59% des ménages, suivent les ménages
monoparentaux nucléaires et les couples sans enfants avec respectivement 58% et 56% des
ménages. Les couples avec enfants et les ménages monoparentaux élargis et étendus sont les
moins touchés avec respectivement 49% et 45% des ménages en insécurité alimentaire.
P a g e | 47

Tableau 5 : Proportion de ménages en insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-


démographiques

Variables Modalités Nombre En Pourcentage Chi-2 (P-value)


des insécurité
ménages alimentaire
Sexe du Masculin 14095 6679 47,4%
chef de Féminin 4268 2406 56,4% 105,8 (0,000) ***
ménage

Taille du 1à5 10811 5750 53,2%


ménage personnes
6 à 10 6952 3112 44,8%
157,6 (0,000) ***
personnes
Plus de 10 600 223 37,2%
personnes

Milieu de Urbain 6439 2031 31,5%


résidence Rural 11924 7054 59,2% 1275,6 (0,000) ***

Type de Unipersonnel 1404 822 58,5%


ménage
Couple sans 814 455 55,9% 175,4 (0,000) ***
enfants
Couple avec 7926 3859 48,7%
enfants
Monoparental 2177 1253 57,6%
nucléaire
Monoparental 6042 2696 44,6%
élargi et
étendus
Total 18363 9085 44,8%
Les pourcentages rapportés résultent de la pondération des effectifs
***=significatif à 1% ; **significatif à 5%

III.2.2 L’insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-économiques

Le tableau 6 indique que l’insécurité alimentaire des ménages diminue avec


l’augmentation du niveau de vie des ménages. Ainsi 62% des ménages pauvres sont en
insécurité alimentaire contre 20% et 54% respectivement des ménages riches et moyens. Pour
le nombre de repas consommé par jour, l’on relève que l’insécurité alimentaire est plus forte
dans les ménages qui consomment 1 et 2 repas par jour soit respectivement 57% et 42% des
ménages contre 33% dans les ménages qui consomment 3 repas. Il apparait aussi qu’un
ménage sur deux en insécurité alimentaire ne dispose pas de stock de vivres, des produits
vivriers et d’argent pour se nourrir.
P a g e | 48

Tableau 6 : Proportion de ménages en insécurité alimentaire selon les caractéristiques socio-


économiques

Variable Modalités Nombre En Pourcentage Chi-2 (P-value)


des insécurité
ménages alimentaire

Niveau de vie Pauvre 9444 5945 62,8%


Moyen 3974 2044 54,3%
Riche7 4937 1088 19,5% 2178,9 (0,000) ***

Nombre de repas 1 repas 4196 2457 57,3%


par jour
2 repas 12013 5744 42,3%
3 repas et 2106 847 33,3% 223,8 (0,000) ***
plus

Disponibilité des Oui 7111 3067 37,6% 186,07 (0,000) ***


ressources (stocks)
pour se nourrir Non 11247 6013 49,6%

Total 18358 9080 44,8%

Les pourcentages rapportés résultent de la pondération des effectifs

***=significatif à 1% ; **significatif à 5% ; *significatif à 10% ;

III.2.3. Le profil des ménages en insécurité alimentaire

Le profil des ménages selon le statut alimentaire est obtenu par l’analyse factorielle des
correspondances multiples (AFCM) en se basant sur toutes les variables de l’étude. Dans un
premier temps, nous rapportons les résultats dans l’ensemble, c’est-à-dire sans stratification
par milieu de résidence et ensuite nous présentons le profil du milieu urbain puis rural.

Contribution des axes


Il est retenu les deux premiers axes factoriels car à eux deux ils cumulent 26% de la variance
total. Ce qui suffit pour mieux représenter les interdépendances entre les variables. Ainsi l’axe
1 représente 13,99% de la variance et donne le profil des ménages en sécurité alimentaire. Le
deuxième axe, avec 12,12% de l’inertie total représente le profil des ménages en insécurité
alimentaire.

7
L’on peut s’interroger sur le fait que les ménages riches soient en insécurité alimentaire. Bien que ceux-ci aient
accès à des aliments en quantité suffisante, la question de la qualité des aliments consommés peut se poser. La
méthodologie appliquée pour construire l’indicateur de niveau de vie peut également expliquer cette situation.
P a g e | 49

Tableau 7 : Contribution des axes

Variables Modalités Coordonnées


Contribution relative Négatives Positives
Statut alimentaire Insécurité alimentaire 0,605
des ménages Sécurité alimentaire 0,592
Sexe Masculin 0,073
Féminin 0,240
Taille du ménage 1 à 5 0,262
personnes
6 à 10 personnes 0,297
10 et plus 1,280
Milieu de résidence Urbain 1,062
Rural 0,574
Type de ménage Couple avec enfants 0,083
Unipersonnel 0,633
Couple sans enfants 0,543
Monoparental nucléaire 0,613
Élargis et étendus 0,550
Niveau de vie Pauvre 0,64
Moyen 0,067
Riche 1,280
Nombre de repas 1 repas 0,004
consommés par jour 2 repas 0,002
3 repas 0,010
Disponibilité de Oui 0,081
Stock Non 0,051

Profil des ménages en insécurité alimentaire

La partie gauche concerne le profil des ménages en insécurité alimentaire, nous


avons les ménages ruraux dirigés par les chefs de ménage femme avec un niveau de vie
pauvre ou moyen, composé de 1 à 5 personnes consommant un ou deux repas par jour et ne
disposant pas de stock de vivres et d’argent pour se nourrir, de type Unipersonnel et couple
sans enfants, avec enfants et monoparental nucléaire. Ainsi la partie droite indique le profil de
ménages en sécurité alimentaire, nous avons les ménages urbains dirigés par les hommes avec
un niveau de vie riche, composé de 6 à 10 personnes et 10 et plus des personnes consommant
3 repas par jour et dispose de stock pour se nourrir.
P a g e | 50

Figure 2 : Profils des ménages en insécurité alimentaire selon le milieu de residence


P a g e | 51

III.2.3.1 Profil des ménages selon le milieu de residence


1) Dans le milieu urbain
Contribution des axes

Pour le milieu urbain, Il apparaît dans ces deux premiers axes factoriels 25%
comme variance totale. L’axe 1 comporte 13, 08% de la variance pour le profil des ménages
en sécurité alimentaire. Et l’axe 2 représente 11, 39% de profil des ménages en insécurité
alimentaire.

Tableau 8 : Contribution des axes

Modalités Coordonnées
Variables
Contribution relative Négatives Positives
Statut Insécurité alimentaire 0,287
alimentaire Sécurité alimentaire 0,415
Masculin 0,423
Sexe
Féminin 1,513
1 à 5 personnes 0,404
Taille du 6 à 10 personnes 0,629
ménage
10 et plus 0,732
Couple avec enfants 0,635
Unipersonnel 1, 068
Type de
Couple sans enfants 0,065
ménage
Monoparental nucléaire 1,772
Elargis et étendus 0,05
Pauvre 0,13
Niveau de
vie Moyen 1,82
Riche 0,664
Nombre de 1 repas 0,248
repas 2 repas 0, 027
consommés
par jour 3 repas 0,267
Disponibilité Oui 0,26
de Stock Non 0,157

La figure 3 donne les informations sur le profil des ménages en insécurité


alimentaire à gauche nous avons le milieu urbain, les ménages dirigés par les femmes, de
niveau de vie pauvre, composés de 1 à 5 personnes, qui consomment 1 repas par jour, ne
disposant pas des stocks de vivres et d’argent, de type Unipersonnel, des couple sans enfants
et monoparental nucléaire. La partie droite enregistre les profils de ménages en sécurité
P a g e | 52

alimentaire à savoir : les ménages dirigés par les chefs de ménage homme, les ménages de 6 à
10 personnes et 10 et plus, ménage élargis et étendus, le ménage riche consommant 2 ou 3
repas par jour et dispose de stock pour se nourrir.

III.2.4 Profil des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu rural (axe 2)
2) Dans le milieu rural
Contribution des axes

En ce qui concerne les ménages résident en milieu rural, la variance totale est
de 24%. Ainsi l’axe 1 représente 13, 85% pour les ménages en sécurité alimentaire. Le
deuxième axe représente 10, 3% de l’inertie pour les ménages en insécurité alimentaire.
P a g e | 53

Figure 3: Profils des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu urbain


P a g e | 54

Tableau 9: contribution des axes

Modalités Cordonnées
Variables
Contribution relative Négatives Positives
Statut Insécurité alimentaire 0,287
alimentaire Sécurité alimentaire 0,415
Masculin 0,423
Sexe
Féminin 1,513
1 à 5 personnes 0,404
Taille du 6 à 10 personnes 0,629
ménage
10 et plus 0,732
Couple avec enfants 0,635
Unipersonnel 1, 068
Type de
ménage Couple sans enfants 0,065
Monoparental nucléaire 1,772
Elargie et étendus 0,05
Pauvre 0,13
Niveau de
Moyen 1,82
vie
Riche 0,664
Nombre de 1 repas 0,248
repas 2 repas 0, 027
consommés
par jour 3 repas 0,267
Disponibilité Oui 0,226
de Stock Non 0,157

Profil des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu rural (axe 2)

La figure 4 rapporte les informations sur le profil des ménages en insécurité alimentaire
en milieu rural à gauche nous avons les ménages pauvre composé de 1 à 5 personnes dirigés
par les femmes, consomment un repas par jour et ne dispose pas le stock de vivres et d’argent
pour se nourrir, de couple sans enfants soit Unipersonnel et encore Monoparental nucléaire. A
droite nous avons les ménages dirigés par les hommes composés de 6 à 10 et 10 et 10 et plus
des personnes, couples avec enfants élargis et étendus, les ménages avec un niveau de vie
moyen et riche consommant 2 ou 3 repas et dispose de stock de vivres pour se nourrir.
P a g e | 55

Figure 4 : Profils des ménages en insécurité alimentaire dans le milieu rural


P a g e | 56

III.3. Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire

Dans cette partie, les caractéristiques socio-démographiques (Sexe du chef de


ménage, Taille du ménage) et socio-économiques (Niveau de vie, Nombre de repas par jour,
et Disponibilité des ressources pour se nourrir) sont testées comme facteurs susceptibles
d’expliquer l’insécurité alimentaire des ménages.

III.3.1. Effet contrôle du milieu de résidence

L’on observe dans le tableau 10 que toutes les variables considérées expliquent
l'insécurité alimentaire avant et après inclusion de la variable de contrôle. Le rôle de variable
de contrôle milieu de résidence est confirmé dans cette étude comme en atteste la variation
des valeurs des coefficients après son inclusion dans le modèle (voir modèle 2). Ainsi, par
exemple, par rapport aux ménages dirigés par les hommes, l’OR ou Exp(ß) d'être en insécurité
alimentaire passe de 1,3 dans le modèle 1 à 1,4 dans le modèle 2 (P<0,001) dans les ménages
dirigés par les femmes. Pour les ménages de 6 à 10 personnes l’OR d’être en insécurité
alimentaire dans le modèle 1 est de 0.7 et dans le modèle 2, 0.8. Pour les ménages de 10
personnes et plus l’OR diminue de 0,6 et de 0,7 par rapport à l’OR de ménages de 1 à 5
personnes. Par rapport au couple avec enfant, dans les ménages unipersonnels l’OR de deux
modèles augmente, passant de 1,18 à 1,16. Concernant les couples sans enfants, l’OR en
augmentation passe de 1,20(modèle 1) à 1, 19 (modèle 2), par rapport à l’OR de la modalité
de référence.

Sur le niveau de vie, en considérant les ménages pauvres comme modalité de


référence, l’OR des ménages moyens pauvres comme modalité de référence, l’OR des
ménages moyens et riches diminue et passant respectivement de 0,61 (modèle 1) à 0,68 (
modèle 2 ) et de 0,16 (modèle 1) à 0,23 (modèle 2).

Sur la variable nombre de repas par jour, les ménages qui prennent 1 repas par
jour présentent un OR d’insécurité alimentaire en augmentation passant de 1,49 (modèle 1) à
1,57 ( modèle 2) par rapport à un OR de la modalité de référence qui est 1. Pour les ménages
qui prennent 3 repas et plus, leur OR d’insécurité alimentaire est en diminution, il passe de
0,68 (modèle 1) à 0,67 (modèle 2), par rapport à celui de la modalité de référence (les
ménages à 2 repas par jour).

Concernant la disponibilité de stock des vivres, l’OR d’insécurité alimentaire


des ménages avec stock des vivres diminue. Il passe de 0,71(modèle 1) à 0,69 (modèle 2), par
P a g e | 57

rapport à l’OR d’insécurité alimentaire de la modalité de référence (les ménages sans stock
des vivres

Le tableau 10 permet de mieux observer l’effet contrôle du milieu de résidence en


présentent les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire dans les milieux urbain et rural.

Tableau 10: Effet contrôle du milieu de résidence dans l’explication de l’insécurité


alimentaire

Modèle 1 Modèle 2
Prédicteur Modalités B Sig. Exp(B) B Sig. Exp(B) ou
ou OR OR
Milieu de Rural Reference
résidence
Urbain 0,601
0.000 -0,510***
Sexe du chef de Masculin Reference
ménage Féminin 0,325 0,000 1,385*** 0,351 0,000 1,421***
Taille de 1 à 5 personnes Reference Reference
ménage 6 à 10 personnes -0,228 0,000 0,796*** -0,222 0,000 0,801***
10 personnes et -0,382 0,000 0,683*** -0,329 0,001 0,720***
plus
Type de Couples avec Reference Reference
ménage enfants
Unipersonnel 0,165 0,014 1,179** 0,151 0,026 1,163**
Couples sans 0,185 0,023 1,203** 0,173 0,034 1,189**
enfants
Monoparental 0,025 0,703 1,025 0,031 0,630 1,032
nucléaire
Monoparental -0,043 0,284 0,958 -0,005 0,899 0,995
élargi et étendus
Niveau de vie Pauvre Reference Reference
Moyen -0,488 0,000 0,614*** -0,390 0,000 0,677***
Riche -1,819 0,000 0,162*** -1,482 0,000 0,227***

Nombre des 2 repas Reference Reference


repas par jour 1 repas 0,399 0,000 1,490*** 0,450 0,000 1,569***
3 repas et plus -0,377 0,000 0,686*** -0,388 0,000 0,678***

Disponibilité Non Reference Reference


des vivres Oui -0,337 0,000 0,714*** -0,368 0,000 0,692***
Constante 0,633 0,000 0,679 0,000

***=significatif à 1% ; **significatif à 5% ;
Modèle 1: Sans l'effet contrôle du milieu de résidence
Modèle 2: Effet contrôle du milieu de résidence
P a g e | 58

III.3.2. Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire dans les milieux urbain et rural

Le tableau 11 montre que l’influence du type de ménages sur l’insécurité alimentaire


n’est observée que dans le milieu urbain ou l’on constate que les ménages en couple et sans
enfants sont 1,3 fois plus exposés à l’insécurité alimentaire que les ménages en couples avec
enfants (P<0,05 et OR=1,3). Toutes nos hypothèses de travail sont confirmées sauf celle liée à
la taille du ménage. Dans le milieu urbain, l’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire
dans les ménages dirigés par une femme est 1,2 fois celui des ménages dirigés par un
homme ; tandis qu’en milieu rural il est de 1,16 fois.

C’est concernant le niveau de vie que l’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire


diffère vraiment entre les milieux urbain et rural. En milieu urbain l’odds de pauvres est 6 fois
celui de riches, tandis qu’en milieu rural l’odds de pauvres est le triple de l’odds de riches.
Dans les ménages moyens, en milieu urbain, l’odds est le triple de celui de riches ; par contre
en milieu rural l’odds est de 2 fois celui de la modalité de référence.

Sur le prédicteur nombre de repas par jour, en milieu urbain l’odds de réalisation de
l’insécurité alimentaire est de 1,7 dans les ménages à 1 repas par rapport à l’odds des ménages
à 2 repas ; tandis qu’en milieu rural cet odds est de 1,5. Pour les ménages à 3 repas et plus,
l’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire diminue en milieu urbain et en milieu rural. Il
est respectivement de 0,7 et 0,7 : un OR<1 qui est celui de la modalité de référence (les
ménages à 2 repas).

L’on observe les mêmes résultats concernant le prédicteur disponibilité de stock et


vivres. L’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire diminue en milieu urbain et en milieu
rural où il est respectivement de 0,7 et 0,7 dans les ménages avec disponibilité de stock et
vivres que dans les ménages sans disponibilité de stock et vivres.
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Tableau 11: Facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire dans les milieux urbain et rural

Milieu urbain Milieu rural


Prédicteurs Modalités B Sig. Exp(B) B Sig. Exp(B) ou
ou OR OR
Sexe du chef de Masculin Référence Référence
ménage Féminin 0,237 0,003 1,267*** 0,438 0,000 1,550***

Taille de ménage 1 à 5 personnes Référence Référence


6 à 10 personnes -0,186 0,005 0,831*** -0,270 0,000 0,763***
10 personnes et plus -0,265 0,061 0,767 -0,442 0,001 0,643***

Type de ménages Couples avec enfants Référence Référence


Unipersonnel 0,019 0,793 1,019 0,000 0,994 1,000
Couples sans enfants 0,313 0,014 1,368** 0,083 0,310 1,086
Monoparental 0,278 0,102 1,320 0,144 0,143 1,155
nucléaire
Monoparental élargi et 0,018 0,865 1,018 0,019 0,802 1,019
étendus

Niveau de vie Riche Référence Référence


Pauvre 1,756 0,000 5,791*** -1,146 0,000 3,145***
Moyen 1,197 0,000 3,309*** 0,779 0,000 2,179***

Nombre de repas 2 repas Référence Référence


par jour 1 repas 0,525 0,000 1,690*** 0,405 0,000 1,499***
3 repas et plus -0,360 0,002 0,698*** -0,388 0,000 0,678***

Disponibilité des Non Référence Référence


vivres Oui -0,392 0,000 0,676*** -0,363 0,000 0,695***
Constante -1,425 0,000 -0,463 0,000
***=significatif à 1%; **significatif à 5%;
Modèle 3: Dans le milieu urbain
Modèle 4: Dans le milieu rural
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DISCUSSION DES RESULTATS

L’objet de cette étude était d’identifier les facteurs socio-démographiques et


socio-économiques qui expliquent l’insécurité alimentaire des ménages. Il ressort que l’effet
des variables testés était contrôlé par le milieu de résidence. Trois principaux résultats ont été
mis en évidence. Il apparaît que les ménages dirigés par les femmes sont plus susceptibles
d’être en insécurité alimentaire que ceux dirigés par les hommes, et ce, quel que soit le milieu
de résidence. Cependant, l’OR est plus élevé dans le milieu rural que dans le milieu urbain.
Ce résultat peut être dû au fait que les hommes accèdent plus facilement aux revenus que les
femmes à cause des actifs productifs qu’ils contrôlent et qu’ils gèrent (Kushinganine, 2017).
En effet, la femme du fait de sa capacité physique et de sa marginalisation dans la société
traditionnelle, a moins d'opportunités économiques que l'homme (Bolingo, 2021). Ces
inégalités sont encore plus prononcées dans le milieu rural, où il a été démontré que les
ménages qui parviennent à des rendements déficitaires en production agricole sont ceux
dirigés par les femmes veuves, celles-ci font face à des difficultés d’accès aux cultures et à
des superficies des terres très limitées (Boubacar et al, 2019). Nos résultats appuient les
conclusions des travaux de : Mapatano et al.(2013) ; Bolingo et Sofia(2021) ; Diafe et
Diagne(2008) et Kalonda et al.(2022) qui ont montré que les menages dirigés par les femmes
etaient plus vulnerables à l’insecurité alimentaire que ceux dirigés par les hommes, bien que
des nombreuses études sur la pauvreté, Kangulumba (2010) et Kangu (2017) et Mishona et al
(2020), ont montré le rôle prépondérant de l’apport des femmes dans les dépenses des
ménages et donc dans l’amélioration de leur bien-être

Contre toute attente, l’étude a montré que les ménages de grande taille (6 à 10
personnes) sont moins exposés à l’insécurité alimentaire que les ménages de petite taille (1 à
5 personnes) ; et ce ; en milieu urbain comme en milieu rural. La multiplicité des sources de
revenus et la main d’œuvre agricole dont dispose les ménages de grande taille en ce qui
concerne la production agricole, surtout en milieu rural pourrait expliquer ce résultat (Ndiaye,
2017). Ce résultat diffère de ceux de : Moummi (2010) en RDC ; Jambere (2019) au Nord-
Kivu ; Sané (2020) au Sénegal ; Kamara et al.(2021) en RDC qui ont observé que les ménages
ayant un nombre important des personnes tendent à être plus en insécurité alimentaire que les
ménages de petite taille. De même, Nasha (2021) a trouvé que l’augmentation de la taille du
ménage expose ce dernièr 1,8 fois à des difficultés familiales de plus en plus croissantes, par
rapport aux ménages de petite taille. Ces auteurs soutiennent que la composition/taille du
ménage influence le régime alimentaire de celui-ci dans le sens que plus un ménage a une
P a g e | 61

grande taille, plus elle cherche à développer et/ou employer des stratégies de survie plus
sévères. Toutefois, nos résultats sont semblables à ceux de Yabile (2011) en Côte d’Ivoire qui
a montré que les ménages polygames étaient moins affectés par l’insécurité alimentaire du fait
de l’augmentation du revenu due au fait de la contribution des épouses aux dépenses de la
famille.

De l’association entre les caractéristiques socioéconomiques et l’insécurité


alimentaire des ménages, cette recherche a montré que la pauvreté, la non-disponibilité de
stocks et vivres dans le ménage et le fait de prendre moins de trois repas par jours
augmentaient présentent des OR de réalisation de l’insécurité alimentaire en augmentation.
Ces OR sont plus élévés en milieu urbain, qu’en milieu rural. En effet, alors que les ménages
pauvres présentent un OR de 5 en milieu urbain, il est le triple en milieu rural par rapport à
l’OR des ménages riches. L’explication de ce resultat serait differente selon le millieu de
residence. En millieu rural, cette situation serait principalement le fait de la baisse du
rendement agricole (Jeannot, 2006). Allant dans le même sens, Yabile (2011) a montré que
l’amélioration des rendements agricoles fait baisser la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire
de 8 % dans les ménages où le rendement est élevé par rapport au ménage où le rendement est
bas. En milieu urbain, la faiblesse des revenus générés au niveau des ménages vulnérables ne
leur permettent pas de varier leur consommation alimentaire. Par ailleurs, les ménages
pauvres sont d’autant plus exposés à des hausses de prix alimentaires et l’alimentation occupe
un poids élevé dans leur budget. La recherche d’une alimentation moins chère peut conduire à
une baisse de la qualité nutritionnelle. Nos résultats rejoignent ceux de Bucekuderhwa et
Mapatano (2013) qui ont observé que la pauvreté des ménages et le nombre de repas par jours
étaient des facteurs de l’insécurité alimentaire des ménages dans la province du Sud-Kivu. Le
repas familial étant la principale source d’approvisionnement en calorie, il va de soi que plus
on mange plus l’apport en calories augmente et donc la probabilité d’échapper à la
vulnérabilité à l’insécurité alimentaire augmente également (Mushagalusa et al, 2015). Nos
conclusions confirment l’analyse de plusieurs Organisations Internationales sur les causes de
la faim dans le monde qui mentionne que les ménages pauvres constituent la frange la plus
vulnérable à l’insécurité alimentaire.
P a g e | 62

CONCLUSION GENERALE

Ce travail a porté sur l’étude de l’insécurité alimentaire des ménages en RDC.


L’objectif général était d’identifier les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire des
ménages en RDC. Afin d’atteindre cet objectif, notre question de recherche était formulée de
la manière suivante: « Quels sont les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire des
ménages en RDC ? ». Quelques hypothèses ont été testées pour expliquer les facteurs
explicatifs de l’insécurité alimentaire des ménages en RDC. Toutes nos hypothèses de travail
sont confirmées sauf celle liée à la taille du ménage. Les hypothèses de ce travail sont
formulées de la manière suivante:

H1: les caractéristiques socio-démographiques du ménage expliquent l’insécurité alimentaire


des ménages.
H1a: les ménages dirigés par les femmes sont plus affectés par l’insécurité alimentaire que
ceux dirigés par les hommes.
H1b: les ménages de grande taille sont plus affectés par l’insécurité alimentaire que ceux de
petite taille.

H2: les caractéristiques socio-économiques des ménages expliquent les facteurs de


l’insécurité alimentaire des ménages en RDC.
H2a: les ménages ayant un faible niveau de vie sont beaucoup plus exposés à l’insécurité
alimentaire que ceux ayant un niveau de vie élevé
H2b: les ménages qui consomment un repas par jour sont plus exposés à l’insécurité
alimentaire des ménages que ceux qui consomment plus de 2 repas ou plus.
H2c: les ménages qui ne disposent pas de stock de vivres, d’un champ de produits viviers ou
de l’argent sont plus exposés à l’insécurité alimentaire des ménages que ceux qui dispose le
stock.
H3 : le statut alimentaire des ménages est fonction des caractéristiques socio-
démographiques, des caractéristiques socio-économiques et du milieu de résidence.

Pour vérifier ces hypothèses, nous avons exploité les données de l’enquête
QUIBB/2016 dont la population cible était le ménage. En ce qui concerne la méthodologie,
les méthodes privilégiées par cette étude sont les analyses descriptives univariée et bivariée,
l’analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) et la régression logistique
binaire.
P a g e | 63

Notre étude a révélé que la prévalence de l’insécurité alimentaire en RDC est de 45%.
Nos résultats ont montré que l’effet des variables indépendantes sur l’insécurité alimentaire
était contrôlé par le milieu de résidence. Dans le milieu urbain, l’odds de réalisation de
l’insécurité alimentaire dans les ménages dirigés par une femme est 1,2 fois celui des
ménages dirigés par un homme ; tandis qu’en milieu rural il est de 1,16 fois. Concernant le
niveau de vie que l’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire diffère vraiment entre les
milieux urbain et rural. En milieu urbain l’odds de pauvres est 6 fois celui de riches, tandis
qu’en milieu rural l’odds de pauvres est le triple de l’odds de riches. Dans les ménages
moyens, en milieu urbain, l’odds est le triple de celui de riches ; par contre en milieu rural
l’odds est de 2 fois celui de la modalité de référence. Sur le prédicteur nombre de repas par
jour, en milieu urbain l’odds de réalisation de l’insécurité alimentaire est de 1,7 dans les
ménages à 1 repas par rapport à l’odds des ménages à 2 repas ; tandis qu’en milieu rural cet
odds est de 1,5. Pour les ménages à 3 repas et plus, l’odds de réalisation de l’insécurité
alimentaire diminue en milieu urbain et en milieu rural. Il est respectivement de 0,7 et 0,7 : un
OR<1 qui est celui de la modalité de référence (les ménages à 2 repas). L’on observe les
mêmes résultats concernant le prédicteur disponibilité de stock et vivres. L’odds de
réalisation de l’insécurité alimentaire diminue en milieu urbain et en milieu rural où il est
respectivement de 0,7 et 0,7 dans les ménages avec disponibilité de stock et vivres que dans
les ménages sans disponibilité de stock et vivres.

L’étude a permis d’identifier les facteurs explicatifs de l’insécurité alimentaire


des ménages en RDC et de vérifier si ces facteurs restent les mêmes après avoir passé par
l’effet de contrôle du milieu de résidence Cette recherche a aussi apporté des connaissances
supplémentaires pour mieux comprendre ce phénomène afin d’améliorer les stratégies
d’intervention.

Ce travail a comme limite l’absence de variables socioculturelles qui n’ont pas


été mesurées pendant l’enquête et qui peuvent influencer l’insécurité alimentaire des
ménages. Des recherches plus approfondies c’est-à-dire qui tiennent compte également des
variables socioculturelles sont nécessaires pour comprendre notamment l’effet des interdits
alimentaires sur l’insécurité alimentaires des ménages.

Cela étant, cette étude a permis d’expliquer l’insécurité alimentaire des


ménages en RDC et de contribuer efficacement à l’élaboration des pistes de solutions
permettant de lutter contre ce phenomene en élargissant le champs de la vision des décideurs
P a g e | 64

pour l’atteinte du deuxième Objectif du Développement Durable (ODD) « Faim zéro ». D’ici
2030.

A la lumière des résultats trouvés dans le cadre de ce travail, nous formulons


les recommandations suivantes à l’État congolais:

 D’encourager les politiques d’égalité de chances dans l’accès aux emplois les mieux
rémunérés mais aussi l’accès aux semences et aux terres dans les milieux agricoles
dans le but de permettre aux femmes de mieux nourrir leurs membres des ménages.

 De multiplier des efforts supplémentaires en termes d’investissements dans l’emploi


et de soutien aux ménages vivants de l’agriculture pour lutter efficacement contre la
pauvreté et apporter la sécurité alimentaire à la population.
P a g e | 65

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