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Fiche sur la production du manioc au Tchad

Contexte général

Au Tchad, la culture de manioc joue un rôle déterminant dans la stratégie de sécurité


alimentaire. Elle constitue en effet une denrée alternative aux déficits alimentaires de plus en
plus récurrents de ces dernières années (notamment lors de la période de soudure) et
représente une source de diversification des revenus pour des petits exploitants agricoles.
Naguère concentrée dans la zone soudanienne, la culture de manioc s’étend de plus en plus
dans la partie septentrionale, notamment dans la partie centrale (Kanem, Lac, Guéra,
Salamat). Environ 50 000 ha sont consacrés chaque année à la culture de manioc.

Pendant longtemps, le développement de cette culture s’est fait sur la base des cultivars
locaux introduits surtout à partir de la Republique Centrafricaine mais qui sont fortement
affectés par la mosaïque. C’est ainsi que dans le cadre du développement du programme
national des plantes à racines et tubercules, l’ITRAD a réalisé en 1993 l’introduction des
nouvelles variétes performantes de l’IITA d’Ibadan (Nigeria), lesquelles ont fait l’objet
d’études d’adaptation, de diffusion et de transformation dans les différentes zones de
production.

Objectifs

L’importance de cette culture dans la lutte contre l’inscurité alimentaire a amené le


gouvernement à solliciter l’assistance technique de la FAO au titre du Programme de
Coopération Technique (PCT) pour assurer (i) l’approvisionnement des producteurs en
matériel végétal amélioré, sain et pour une production à grande échelle, (ii) la gestion intégrée
de la culture en vue de réduire la pression des ravageurs, (iii) le renforcement des capacités
des cadres nationaux et des producteurs.

Réalisations

Dans le cadre de l’appui d’IITA, 110 variétés ont été introduites d’Ibadan au Nigeria et testées
à la ferme de l’ITRAD de Déli. De même, environ 22 écotypes locaux ont également fait
l’objet d’études des caractéristiques techniques et agro-alimentaires. De nos jours, 8 variétés
se sont montrées plus performantes et sont progressivement mises en prévulgarisation.
Cependant les variétés TME 225 et IRV applées communément Tessem et Randa sont les plus
cultivées par les producteurs. Elles n’ont pas exclu la culture des écotypes locaux bien connus
des producteurs mais sensibles à la mosaïque, tels que Mbinda, Dangwari, Mbogueral, six
mois, Mandrakako etc.

Ces variétés (Tessem et Randa) ont été largement diffusées par les différents projets et ONG
dans plusieurs zones de production. C’est ainsi que dans la cadre de l’assistance technique de
la FAO, les projets TCP/CHD/2903 (T), TCP/CHD/3201, TCP-F 3204 et TCP/CHD/3301,
ces variétés ont été largement diffusées. Il en est de même de l’appui des ONG humanitaires
et des ONG de développement. (Personne de contact : Nodjimadji Ngarndiga FAO).

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Plusieurs activités d’accompagnement ont été développées, notamment la formation à la
multiplication rapide, la formation sur les itinéraires techniques, la formation sur la
transformation ainsi que la dotation des producteurs en équipements de transformation
(rappeuse, presse, broyeur). (Personne de contact Mbaihornom Issac chef de ferme Déli
Moundou).

En fonction de la nature du sol les rendements de ces variétés varient entre 30 et 40 tonnes à
l’hectare alors que ceux des variétés locales sont de l’ordre de 10 à 15 tonnes à l’hectare.

Encadrement

Sur l’ensemble des principales zones de production (Hadjer-lamis, Chari-baguirmi, Mayo-


kebbi, Tandjilé, Logone Occidental et Oriental, Mandoul, Moyen-chari), l’ONDR est la
structure d’encadrement qui est plus impliquée dans la production du manioc.
Malheureusement dans sa stratégie d’intervention, cette culture est considérée comme
secondaire au regard du coton, des céréales et des légumineuses. Il n’y a pas de programme
spécifique à cette culture malgré son rôle déterminant dans la sécurité alimentaire. (carte :
voir Nodjimadji Ngarndiga FAO).

Importance économique

De nombreux privés ont promu la culture de manioc qui tend de plus en plus à se substituer au
coton pour son rôle de culture de rente. Notons qu’au cours de cette année, le sac de manioc
se vend à 30.000 F CFA alors celui du maïs ou du mil est de 20.000 F CFA.

Contraintes

En dépit du rôle prépondrant que joue le manioc dans la stratégie de sécurité alimentaire, la
culture est tributaire de plusieurs contraintes :

- Pratiques culturales inadaptées ;


- Souvent victime de la divagation des animaux ;
- Faible diffusion de matériel végétal sain ;
- Manque de réseau de producteurs de manioc :
- Faible niveau d’encadrement ;
- Méconnaissance des problèmes phytosanitaires majeurs par les paysans et les
encadreurs de base ;
- Absence de l’approche champ école paysan comme mode de vulgarisation des
techniques appropriées ;
- Manque de stratégies appropriées d’introduction, de multiplication, d’adopation, de
production, de diffusion de matériel végétal performant, résistant à la mosaïque et à la
secheresse.

(Personne de contact : Mahamat Ibrahim Sallah)

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Une culture appréciée Une denrée de base

Le manioc est principalement produit par des petits Associé à d’autres cultures vivrières, il joue un
exploitants dans les zones tropicales humides et semi- rôle important dans le régime alimentaire
humides. Il résiste bien à la sécheresse et peut tchadien et le panier de la ménagère. Il contribue
générer des rendements satisfaisants même sur des à l’alimentation à raison de 500 kcal par jour et
très pauvres et marginalisées. En cas de troubles par personne.
civils, le manioc peut demeurer en terre sans
surveillance et pourra être récolté ultérieurement Des valorisations multiples
sans connaitre de réelle détérioration qualitative.
C’est une culture relativement difficile à piller car elle L’éventail des utilisations et transformations du
nécessite un travail important à la récolte. Aussi la manioc est large mais reste sous-exploité. Toutes
culture ne nécessite pas d’intrants couteux (engrais, les parties du manioc peuvent être valorisées ;
semences). les tubercules (crus, bouillis ou pilés), les tiges
(sel alimentaire et boutures), et les feuilles (très
riches en éléments nutritifs).
La composition du manioc frais
Pour tous les gouts…
Forte teneur en calories: 125 à 140 Kcal pour 100 g de
manioc frais et pelé.
- Variétés douces : appréciées pour la
Eau: 60 à 70 %. Glucides: 32 à 35% (amidon surtout). consommation locale des tubercules ;
Protides: 1,5 %. Cellulose: 3 à 4%. Lipides: 0,2 à 0,5%. - Variétés amères : appréciées pour la
production de fécule et autres produits
Associé à des aliments riches en protides et en lipides, dérivés, aussi appréciées par les paysans car
il participe à une ration alimentaire équilibrée. non appétées par les animaux.

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