Vous êtes sur la page 1sur 4

La nouvelle comme genre littéraire

Retour sur son émergence et son évolution historique et


tempéraments à travers la chronologie des siècles

I- Avant-propos :

De nos jours, la nouvelle intéresse le monde des lecteurs non seulement


parce que sa brièveté séduit le lecteur, mais par le fait de ses aspects qui
peuvent en avoir une multitude de couleurs, le fantastique, la science-
fiction ou le polar, et surtout qu’elle met souvent en scène des
personnages dont l’existence bascule à la suite d’un événement, ou d’une
remise en cause ou encore d’une décision.
D’autre part, la nouvelle présente de grands avantages sur le plan
pédagogique. Etant courte, elle permet par appui à plusieurs textes
intégraux de répondre à plusieurs objectifs pédagogiques et didactiques,
prescrits manifestement dans les nouveaux programmes spécialement le
tronc commun.
Parmi ces grands objectifs on y trouve :
 Le Travail sur la notion du genre, par comparaison avec d’autres
formes du récit, littéraires ou non.

II- Définition étymologique :

Le mot ‘ Nouvelle’ vient du terme italien « Novella », utilisé par


Giovanni Boccaccio « Boccace », (1313-1375), lui-même issu de
l’adjectif « nuovo » c’est-à-dire nouveau étrange.
Le terme désigne à la fois un événement récent assez notable, mais réel
aussi dont on apprend la nouvelle et son récit en prose, c’est d’ailleurs
l’aspect qui différencie ce type de récit d’autres dont il est proche, à
l’instar du conte et le lai.1
III- Les Provenances de la Nouvelle :
1
Poème narratif ou lyrique, au Moyen Âge.
Ce genre a vu le jour et développement en France, et se réfère
explicitement au recueil de Boccace, désigné comme livre des cents
nouvelles (vers ‘1460’). La nouvelle a vu sa pleine expansion au XVI e
siècle, dont on en repère une vingtaine de recueils2 .
L’Heptaméron, de Marguerite de Navarre, publiée en 1559, donne au
genre ses lettres de noblesse : il rompt avec la veine populaire par le
choix des personnages et des sujets mais aussi par un souci d’analyse et
d’édification à la fois morale et religieuse.
De surcroit, le recueil n’est plus une imitation plus ou moins aléatoire de
récits mais constitue un dispositif organique fait ostensiblement
référence à la véracité et à la visée morale.
Sous ses différents aspects, la nouvelle présente un caractère oral
affiché : le conteur de la nouvelle-fabliau interpelle régulièrement ses
auditeurs / lecteurs (« or, écoutez, s’il vous plaît que », « or, vous devez
savoir que ») ; et les devisants de la nouvelle sentimentale et édifiante
qui s’impose peu à peu commentent les récits qu’ils viennent de faire ou
d’entendre : « Voilà, mes dames, comment il ne faut pas bien écouter le
secret là où on n’est point appelé »3
IV- Entre XVIIe et XVIIIe siècles, Eclosion et évolution
progressive de la nouvelle :

Au XVIIe siècle, tout en restant un genre mineur, la nouvelle se


développe fermement sous l’impulsion du succès rencontré par les
Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613), traduites en français dès
1615. La mode de la nouvelle espagnole domine la première moitié du
siècle et les traductions se succèdent, dont celles dues à Scarron.
Affichant dès leur titre leur préoccupation morale (« je leur ai donné le
2
Parmi les plus célèbres : Nouvelles récréations et joyeux devis (1558) de Bonaventure des Périers
Propos rustiques (1547) de Noel du fail : Le grand Parangon des nouvelles nouvelles de Nicolas de Troyes.
3
L’Heptaméron, recueil susvisé.
nom d’exemplaires, car, si tu y regardes bien, il n’en est aucune dont on
ne puisse tirer quelque profitable exemple »), elles séduisent par le refus
d’une morale simpliste et par des traits nouveaux dans la tradition
française : très forte attention au réel et ironie. Elles suscitent donc une
floraison de recueils très lus et prisés à l’époque. Face au roman
héroïque, sentimental ou d’aventures, bien éloigné de la réalité et de plus
en plus long, confus et précieux, la nouvelle plaît par sa simplicité, sa
brièveté (toute relative cependant...) et son rapport affirmé avec la
réalité.
La nouvelle du XVIIe siècle, assez longue et de narration complexe,
gagne peu à peu en netteté et concision et se rapproche de la conception
qui prévaudra par la suite : l’exemple canonique en est « La Princesse de
Montpensier » (1662), de Madame de Lafayette. Mais qu’elle soit
galante, sentimentale, historique ou romanesque, elle s’est bien éloignée
du fabliau d’autrefois : elle est devenue respectable et sérieuse tant par
ses sujets que par son ton et ses préoccupations morales ou édifiantes.
Elle est en quelque sorte un roman bref qui se veut réaliste. La situation
n’évolue guère pendant la première moitié du XVIIIe siècle. C’est le
développement du roman et du conte qui va faire bouger les choses. Face
au ro man qui se diversifie et s’abrège, la nouvelle revendique la brièveté
et une narration linéaire et beaucoup plus dépouillée. A l’opposé du
conte merveilleux, exotique ou oriental, elle affiche sérieux et rapport
étroit avec la réalité. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard – puisque le
fantastique n’existe que s’il y a ancrage dans la réalité – si apparaissent à
cette époque des récits que l’on considère comme les ancêtres du
nouveau fantastique, dont le célèbre « Diable amoureux » de Cazotte
(nouvelle malgré tout encore fort longue). Par ailleurs, si les récits de
Marmontel portent le titre de Contes moraux (1759), ce sont en réalité
des nouvelles – certes trop didactiques mais présentant déjà les traits
narratifs qui caractériseront le genre au siècle suivant et que l’on trouve
également dans Les Crimes de l’amour, nouvelles héroïques et tragiques,
de Sade (1799) : narration d’une anecdote unique, souci de construction,
effort de rigueur narrative, recherche du paroxysme.

Vous aimerez peut-être aussi