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2. Publications
Les principales œuvres de Cheik Aliou Ndao sont :
- Kairée, recueil de poèmes publié en 1964.
L'Exil d'Albouri, pièce de théâtre écrite en 1967 et mise en scène en 1968.
- Mogarienne recueil de poèmes édité en 1970.
- La Décision (1967)
- L’Ile de Bahila, théâtre (1975)
- La Case de l’or, théâtre (1973)
- Le Fils de l’Almamy, théâtre (1973)
- Du sang pour un trône ou Gouye Njuli un Dimanche, théâtre (1983).
- Excellence vos épouses, roman (1983)
- Buur Tillen, Roi de la Médina, roman (1972), réadapté en français.
- Le Marabout de la sécheresse, recueil de nouvelles publié en 1979.
- Mbaam Dictateur, roman écrit en wolof puis réédité en français en 1997.
II. Résumé
Ce roman structuré en 12 chapitres met en scène une histoire qui se passe dans le Sénégal colonial. Le roman
décrit l’itinéraire d’un homme, Gorgui Mbodj, issue d’une lignée princière du Walo. Cet homme a été dans
l’obligation de quitter son fief après avoir giflé un fonctionnaire français qui aux yeux de tous l’avait
déshonoré. Parti gagner sa vie avec sa femme Maram et sa fille Raki dans le bidonville de la capitale, il affiche,
stoïque, sa noblesse en dépit des sarcasmes de ses voisins. Peu lui importe la déchéance dans la misère ; les
valeurs ancestrales qui font la dignité de l’homme et de la famille se doivent d’être respectées malgré les
M. A. Mané professeur de Lettres Modernes / Ahoune Sané 2
bouleversements engendrés par les temps modernes. A son grand malheur, l’humiliation s’abat sur son foyer
lorsque sa fille Raki tombe enceinte en dehors des liens du mariage. Faisant fi des supplications de sa femme, il
chasse la pécheresse. Celle-ci trouve refuge auprès de sa tante propriétaire d’un maquis où à l’écart des
beuveries, des clients avertis (l’Historien, le Philosophe et le compagnon de Raki) conversent sur le sens de la
condamnation prononcée par Gorgui à l’encontre de sa fille.
Tout le monde attend la naissance de l'enfant qui pourrait peut-être réunir de nouveau cette famille déchirée.
Malheureusement, Raki et le bébé meurent durant l’accouchement en laissant des parents, des amis dans une
détresse et une douleur indescriptible.
bouleversements engendrés par les nouvelles valeurs apportées par le modernisme. Parmi ces thèmes, on peut
citer :
Le choc des valeurs culturelles : les personnages de ce roman peuvent être regroupés en deux groupes :
ceux qui sont tournés vers le passé et ceux qui sont tournés vers le présent. Cependant, on retrouve des
personnages qui essaient de concilier les deux extrêmes grâce à une certaine compréhension et un
certain recul.
L’exode rural : L’exode est souvent causé par un désir de fuir, de refaire sa vie, de noyer sa déception
dans l’anonymat de la ville. Ces conséquences sont diverses : il est pour certains l’occasion d’une
réussite sociale, pour d’autre, elle est n’est que déchéance et misère.
Le problème de caste : il apparait en filigrane dans les rapports sociaux qui unissent les personnages.
Malgré les changements de mentalité, l’appartenance ou non à une caste détermine les liens éventuels
entre les personnes et constitue parfois un des critères pour le mariage.
Le parasitisme : il est plus visible dans le milieu urbain. En effet, avec les profondes mutations des
structures de la société, beaucoup de personnes qui faisaient la fierté d’une société, se sont transformés
en quémandeurs érigeant le parasitisme au rang de profession.
La dépravation des mœurs : Elle est partout présente dans cette nouvelle société en gestation. On la
retrouve à travers l’alcoolisme, la prostitution, les grossesses précoces, le dévergondage sexuel…
V. Le style
Le récit ne suit pas la linéarité des événements racontés. Il est constitué d’une suite de péripéties entrecoupées
par des souvenirs, des retours en arrière des différents protagonistes. La description dans ce roman ne
développe pas trop de détails. Les descriptifs des personnages, des décors et des scènes sont réduits au strict
minimum. La sobriété est de mise. C’est ainsi qu’à un moment du roman, deux personnages interviennent sans
que le lecteur ne sachent autre chose que leur désignation : le « Philosophe » et « l’Historien ». En avançant
dans le récit, la forme romanesque laisse place à une organisation stylistique plus proche de celle du théâtre ;
une évolution qui n’est pas surprenante à la lumière des faveurs de l’auteur pour cet art. Buur Tilleen Roi de la
Médina, classique de la littérature sénégalaise, constitue un chef d’œuvre marqué par la sobriété du récit.
M. A. Mané professeur de Lettres Modernes / Ahoune Sané 4
NOTES COMPLEMENTAIRES
« Nous Africains n’écrivons pas en Français par amour ou à cause d’un choix délibéré. Nous employons la
langue de Molière par accident historique. La Francophonie n’est pas notre héritage, car notre Moi profond
s’exprime dans nos langues maternelles » (Mots Pluriels, n°12, 1999).
Sa pièce de théâtre, l'Exil d'Albouri (1967) a été mise en scène en 1968 au théâtre Daniel Sorano de Dakar, et a
été jouée sur de nombreuses scènes africaines et européennes, notamment à l'Odéon (Paris), ainsi qu'en
Belgique. Présentée au Festival culturel panafricain d'Alger en 1969, elle obtint le premier prix. Traduite en
anglais aux Etats-Unis, cette pièce symbolise les débuts du théâtre historique sénégalais.