Vous êtes sur la page 1sur 4

L’histoire

« Un enfant regarde par la fenêtre dans la rue la nuit », sur la buée


de la vitre il y a un petit bonhomme, sur le carreau, c’est le côté verso. Et
ce petit bonhomme voit de l’autre côté de la vitre, du côté verso, d’autres
petits bonshommes sur le carreau, des sans-abri.

L’album est fondé sur l’opposition entre l’intérieur et l’extérieur, le


chaud et le froid, les nantis et les miséreux et la vitre est la frontière entre
ces deux mondes.

Les qualités littéraires

La structure du récit : Tout le récit est construit en parallèle avec


tour à tour une description du côté recto puis du côté verso à chaque
double-page. Et pour chaque paire de double-page, une partie du corps
est évoquée d’un côté puis de l’autre en écho. C’est aussi une structure
répétitive où chaque double-page commence par « ce n’est qu’un petit
bonhomme… » pour le côté recto et « de l’autre côté de la fenêtre, du côté
où il fait froid…» pour le côté verso.

Les deux points de vue : En même temps que les lieux alternent
d’une double-page à l’autre, les points de vue du petit bonhomme dessiné
et celui des petits bonshommes de la rue alternent aussi. Le premier est
heureux, naïf et impuissant, les autres sont démunis face à leur situation
et à l’indifférence.

Le double sens des mots : Tout au long du livre, l’auteur joue sur le
double sens des mots dans des expressions de la langue française à
prendre au sens propre et au sens figuré voire même dans des
expressions uniquement sous-entendues.

Le thème

L’auteur a choisi un thème qui revêt de forts enjeux éducatifs : celui


de la misère, de l’exclusion et de l’indifférence. Il traite ce sujet à travers
le regard ’un bonhomme impuissant et passif comme le sont les enfants
mais on comprend bien sûr que les adultes, eux, pourraient aussi ouvrir
les yeux et agir contre cette pauvreté manifeste.

Ce texte émouvant est d’une grande qualité rythmique et poétique


et traite d’un sujet sur lequel beaucoup d’enfants ont la représentation
erronée qu’il s’agit d’un problème loin d’eux, de leurs copains, de leur ville
voire même que la pauvreté ne touche pas les français.

Les illustrations et le rapport texte-images

Les illustrations sont des photos d’un bonhomme schématique


dessiné sur la buée d’une vitre et une mise en scène de personnages en
argile photographiés. Tout participe au contraste entre les deux mondes.
La pièce du côté intérieur est tapissée gaiement alors que le décor côté
extérieur est triste et dégradé. L’illustratrice joue aussi sur l’alternance
entre couleurs chaudes et couleurs froides, alternance qui commence dès
la deuxième et troisième de couverture. La mise en scène avec les
personnages d’argile est à la fois simple, pudique et impressionnante.
Dans une interview accordée à France Inter Isabelle Simon a dit que
l’album est « plus fort que la réalité montrée par les médias » parce que
ses « bonhommes en terre renvoient au désespoir total » et c’est bien là
la situation des sans-abri. Les images sont essentielles, l’album ne
fonctionne que dans le rapport texte/images.

Des pistes d’exploitation pédagogiques :

La structure du récit et la notion de point de vue: Classement dans


un tableau pour établir le récit en parallèle, les deux points de vue, les
mots qui se répondent et les répétitions de lieu, température, personnage,
parties du corps, tournure présentative.

La polysémie de la langue : Recherche et questionnement pour


éclaircir la compréhension des expressions rester sur le carreau, avoir des
tas de quelque chose, être sur la paille, les murs ont des oreilles, le revers
de la médaille, être né sous une bonne étoile, dormir à la belle étoile, tirer
le rideau, rideau !.

Le thème de l’exclusion : Débat sur la pauvreté, l’exclusion sociale


qui peut prendre appui sur l’interprétation de la page d’incipit, sur la
dernière page de l’album, ou tout autre. Il faudrait notamment préciser
que cette misère plus visible et plus dure l’hiver est un problème
permanent, que certains enfants proches de nous vivent des situations
comparables à celle des petits bonshommes, que bien sûr, les enfants ne
sont pas responsables, qu’il existe des structures d’aide et que chacun a le
devoir de signaler aux services compétents toute personne en danger…

Les techniques de l’illustration : Production utilisant la poterie, la


représentation d’objets avec des matériaux de récupération, la
schématisation, la transparence, l’opposition entre couleurs chaudes et
couleurs froides pour exprimer des sentiments.

La production d’écrit : Ecrit à la manière de Olivier Douzou à partir


de la main du petit bonhomme par exemple, écrit sur son propre regard
depuis sa fenêtre…

Des lectures en réseaux : Réseaux autour de la structure (L’île du


Monstril deYvan Pommeaux, Verte de Marie Desplechin…), de la notion de
point de vue (Une histoire à quatre voix de Anthony Browne, L’enfant
Océan de Jean-Claude Mourlevat…), autour de la polysémie, autour du
thème (Petit gris de Elzbieta, Mes amis de la rue de Nathalie Choux…)
autour de l’auteur (voir ci-dessus), autour de l’illustratrice (voir ci-
dessus).

Vous aimerez peut-être aussi