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Résumé cours commentaire de texte :

Procédés d’écriture :
- Figures de style :
Anaphore Répétition d’une même expression ou d’un même mot en début de phrase ou
de vers.
Métaphore Comparaison sans outil grammatical, image.
 « métaphore filée » si poursuivie sur plusieurs lignes.
Comparaison Etablissement d’un parallèle entre un comparé et un comparant avec un outil
grammatical.
Personnification Attribution de qualités humaines à un objet inanimé.
Antithèse Opposition de deux idées/mots/groupes de mots.
Oxymore Au sein d’une même expression, deux mots opposés.
Antiphrase Dire le contraire de ce que l’on pense.
 Ironie ? cynisme ? critique ?
Chiasme Construction grammaticale en croix (ABBA).
 Opposition ? parallélisme ?
Hyperbole Exagération.
Enumération, Juxtaposition d’une série de termes/de prépositions.
accumulation
Périphrase Remplacement un terme par une expression qui le définit.

- Modes de focalisations/point de vue :


Depuis quel point de vue la narration est-elle racontée ? Qui est le narrateur ? Est-il un personnage du récit ?
Est-il neutre/objectif ou exprime-t-il son avis ?

!!!! narrateur =/= auteur.

1. Focalisation interne : vision du dedans.


 Point de vue subjective.
 Le narrateur est un narrateur-personnage ou
une entité anonyme. Le récit est raconté à
partir des impressions physiques
/émotionnelles d’un personnage /du
narrateur-personnage. La narration est
restreinte aux impressions d’un seul personnage.
 1e ou 3e personne.

2. Focalisation externe : vision du dehors.


 Point de vue neutre.
 Le narrateur est une entité anonyme, seuls les
aspects extérieurs des personnages sont décrits. Le
narrateur en sait moins que les personnages et n’a
pas accès à leurs ressentis.
 3e personne.

3. Focalisation zéro : vision de Dieu.


 Point de vue surplombant.
 Le narrateur est une entité anonyme, il sait tout
des personnages, de leurs pensées et de leurs
ressentis, de l’action, du passé et du futur.
 3e personne.
Est-ce que j’entends l’avis du narrateur ? Est-ce qu’il critique les personnages/l’action ? Positivement ?
Négativement ?
Est-ce que c’est un narrateur digne de confiance ?

Méthodologie :
Structure en trois étapes : 1. Idée/effet.
2. Ligne + identifier procédé d’écriture
3. Expliquer comment le procédé d’écriture produit l’effet.
SUJET BAC 2022 : Sylvie GERMAIN (née en 1954), Jours de colère, Chants, « Les
frères », 1989

Situé dans un passé indéterminé, le roman de Sylvie Germain Jours de colère prend
place dans les forêts du Morvan. Le texte suivant est extrait d’un chapitre intitulé « Les
frères ». Il présente les neuf fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse.

Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur
puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce
socle de granit d’un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué
d’étangs, partout saillant d’entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant
les habitait, hommes et arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, 5 à la
roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, - des étés
écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de
clameurs, de résonances et de stridences. Unchant qui scandait autant leurs joies que
leurs colères.
Car tout en eux prenait des accents de colère, même l’amour. Ils avaient été 10
élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes, ils s’étaient nourris depuis
l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-
bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts ; ils connaissaient tous les
chemins que dessinent au ciel les étoiles et tous les sentiers qui sinuent entre les arbres,
les ronciers et les taillis et dans l’ombre desquels se glissent les renards, les 15 chats
sauvages et les chevreuils, et les venelles1 que frayent les sangliers. Des venelles
tracées à ras de terre entre les herbes et les épines en parallèle à la Voie lactée, comme
en miroir. Comme en écho aussi à la route qui conduisait les pèlerins de Vézelay vers
Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils connaissaient tous les passages séculaires 2 creusés
par les bêtes, les hommes et les étoiles. 20
La maison où ils étaient nés s’était montrée très vite bien trop étroite pour pou-voir les
abriter tous, et trop pauvre surtout pour pouvoir les nourrir. Ils étaient les fils d’Ephraïm
Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse.
SUJET BAC 2021 : Georges PEREC (1936-1982), Les Choses (1965) – extrait du
chapitre 2

Le début de ce roman évoque la situation d’un jeune couple, Sylvie et Jérôme, qui vit dans
un appartement exigu à Paris, au début des années 60.

Des arrangements judicieux auraient sans doute été possibles : une cloison pouvait
sauter, libérant un vaste coin mal utilisé, un meuble trop gros pouvait être avantageusement
remplacé, une série de placards pouvait surgir. Sans doute, alors, pour peu qu’elle fût
repeinte, décapée, arrangée avec quelque amour, leur demeure eût-elle été
incontestablement charmante, avec sa fenêtre aux rideaux rouges et sa fenêtre aux rideaux
verts, avec sa longue table de chêne, un peu branlante, achetée aux Puces, qui occupait
toute la longueur d’un panneau, au-dessous de la très belle reproduction d'un portulan, et
qu'une petite écritoire à rideau Second Empire, en acajou incrusté de baguettes de cuivre,
dont plusieurs manquaient, séparait en deux plans de travail, pour Sylvie à gauche, pour
Jérôme à droite, chacun marqué par un même buvard rouge, une même brique de verre, un
même pot à crayons ; avec son vieux bocal de verre serti d'étain qui avait été transformé en
lampe, avec son décalitre à grains en bois déroulé renforcé de métal qui servait de corbeille
à papier, avec ses deux fauteuils hétéroclites, ses chaises paillées, son tabouret de vacher.
Et il se serait dégagé de l'ensemble, propre et net, ingénieux, une chaleur amicale, une
ambiance sympathique de travail, de vie commune.
Mais la seule perspective des travaux les effrayait. Il leur aurait fallu emprunter,
économiser, investir. Ils ne s'y résignaient pas. Le coeur n'y était pas : ils ne pensaient qu'en
termes de tout ou rien. La bibliothèque serait de chêne clair ou ne serait pas. Elle n'était pas.
Les livres s'empilaient sur deux étagères de bois sale et, sur deux 20 rangs, dans des
placards qui n'auraient jamais dû leur être réservés. Pendant trois ans, une prise de courant
demeura défectueuse, sans qu'ils se décident à faire venir un électricien, cependant que
couraient, sur presque tous les murs, des fils aux épis-sures4 grossières et des rallonges
disgracieuses. Il leur fallut six mois pour remplacer un cordon de rideaux. Et la plus petite
défaillance dans l'entretien quotidien se traduisait en vingt-quatre heures par un désordre
que la bienfaisante présence des arbres et des jardins si proches rendait plus insupportable
encore.
Le provisoire, le statu quo régnaient en maîtres absolus. Ils n'attendaient plus qu'un
miracle. Ils auraient fait venir les architectes, les entrepreneurs, les maçons, les plombiers,
les tapissiers, les peintres. Ils seraient partis en croisière et auraient trouvé, à leur retour, un
appartement transformé, aménagé, remis à neuf, un appartement modèle, merveilleusement
agrandi, plein de détails à sa mesure, des cloisons amovibles, des portes coulissantes, un
moyen de chauffage efficace et discret, une installation électrique invisible, un mobilier de
bon aloi6.
Mais entre ces rêveries trop grandes, auxquelles ils s'abandonnaient avec une
complaisance étrange, et la nullité de leurs actions réelles, nul projet rationnel, qui aurait
concilié les nécessités objectives et leurs possibilités financières, ne venait s'insérer.
L'immensité de leurs désirs les paralysait.
SUJET BAC 2020 : Patrick MODIANO [né en 1945], Livret de famille,1977.

Trente ans après la Seconde Guerre mondiale, Ie narrateur se retrouve dans un


appartement
à Paris, où il sait gue ses parents ont vécu pendant I'Occupation allemande. ll évoque alors
des souvenirs de la vie de ses parents avant sa naissance.

J'ai conservé une photo au format si petit que je la scrute à la loupe pour en discerner
les détails. lls sont assis I'un à côté de I'autre, sur le divan du salon, ma mère un livre à Ia
main
droite, la main gauche appuyée sur l'épaule de mon père qui se penche et caresse un grand
chien noir dont je ne saurais dire la race. Ma mère porte un curieux corsage à rayures et à
manches longues, ses cheveux blonds lui tombent sur les épaules. Mon père est vêtu d'un
costume clair. Avec ses cheveux bruns et sa moustache fine, il ressemble ici à I'aviateur
américain Howard Hughes. Qui a bien pu prendre cette photo, un soir de I'Occupation ?
Sans cette époque, sans les rencontres hasardeuses et contradictoires qu'elle provoquait, je
ne serais jamais né. Soirs où ma mère, dans la chambre du cinquième, lisait ou regardait par
Ia fenêtre. En bas, la porte d'entrée faisait un bruit métallique en se refermant. C'était mon
père qui revenait de ses mystérieux périples. lls dînaient tous les deux, dans la salle à
manger d'été du quatrième. Ensuite, ils passaient au salon, qui servait de bureau à mon
père. Là, il fallait tirer les rideaux, à cause de la Défense passive. lls écoutaient la radio, sans
doute, et ma mère tapait à la machine, maladroitement, les soustitres qu'elle devait remettre
chaque semaine à la Continental. Mon père lisait Corps et Âmes ou Les Mémoires de Bûlow.
Lls parlaient, ils faisaient des projets. lls avaient souvent des fous rires.
Un soir, ils étaient allés au théâtre des Mathurins voir un drame intitulé Solness le
Constructeur et ils s'enfuirent de la salle en pouffant. lls ne maîtrisaient plus leur fou rire. lls
continuaient à rire aux éclats sur le trottoir, tout près de la rue Greffulhe où se tenaient les
policiers qui voulaient la mort de mon père. Quelquefois, quand ils avaient tiré les rideaux du
salon et que le silence était si profond qu'on entendait le passage d'un fiacre ou le
bruissement des arbres du quai, mon père ressentait une vague inquiétude, j'imagine. La
peur le gagnait, comme en cette fin d'après-midi de l'été 43. Une pluie d'orage tombait et il
était sous tes arcades de la rue de Rivoli. Les gens attendaient en groupes compacts que la
pluie s'arrêtât. Et les arcades étaient de plus en plus obscures. Climat d'expectative, de
gestes en suspens, qui précède les rafles. ll n'osait pas parler de sa peur. Lui et ma mère
étaient deux déracinés,
sans la moindre attache d'aucune sorte, deux papillons dans cette nuit du Paris de
I'Occupation où I'on passait si facilement de I'ombre à une lumière trop crue et de la lumière
à l'ombre. Un jour, à I'aube, le téléphone sonna et une voix inconnue appela mon père par
son véritable nom. On raccrocha aussitôt. Ce fut ce jour-là qu'il décida de fuir Paris... Je
m'étais assis entre les deux fenêtres, au bas des rayonnages. La pénombre avait envahi la
pièce. En ce temps-là, le téléphone se trouvait sur le secrétaire, tout près. ll me semblait,
après trente ans, entendre cette sonnerie grêle et à moitié étouffée.
Je I'entends encore.

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