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Lecture linéaire « Parfum exotique »

• Ce poème est un sonnet


Issue d’Italie, cette forme poétique a été rapidement adoptée par les poète français, au point de devenir la
forme poétique essentielle de la poésie française. C’est la forme la plus utilisée par Baudelaire dans Les Fleurs
du Mal. Elle est marquée par sa brièveté et sa densité : ce qu’aime particulièrement Baudelaire dans cette
forme est sa capacité à exprimer et faire surgir l’infini, dans le cadre resserré de 14 vers.
• Le thème de l’exotisme et l’adresse à la femme aimée : Jeanne Duval
Ce poème est inspiré par Jeanne Duval, une femme métisse, probablement originaire de l’île d’Haïti, qui a été
la maîtresse et l’une des principales muses (inspiratrices) de Baudelaire. Elle inspire plusieurs poèmes de Fleurs
du Mal, comme « Une chevelure » où l’on retrouve le thème de l’exotisme. Ce thème est aussi nourri par les
souvenirs Baudelaire, qui a voyagé, étant jeune, à l’île Maurice et à l’île de la Réunion.
• La section « Spleen et Idéal » : Dans les deux pôles opposés que désigne le titre de la section, le poème se
rattache clairement à l’ « Idéal ». Ainsi, ce sonnet offre une réponse à une question qui traverse l’œuvre de
Baudelaire : comment échapper au réel et à la douleur qu’il nous inflige ?

Formulations de projets de lecture


x En quoi ce sonnet représente-t-il l’ « Idéal » ?
x Quelles formes prend l’ « Idéal » à travers ce sonnet ?
x Comment ce sonnet exprime-t-il et réalise-t-il l’ « Idéal » baudelairien ?
x Comment le poète échappe-t-il au réel à traves ce sonnet ?

Progression du poème
Le poème est constitué de deux grandes unités dans un effet de concordance entre la composition poétique du
sonnet (deux quatrains / deux tercets), la composition syntaxique (deux phrases) et la composition sonore
(unité de rimes de chacun de ces deux mouvements).
Ainsi, on peut observer :
Mouvement 1 = les deux quatrains = 1 phrase = 1 même système de rimes, rimes embrassées en [eur]
et en [on]. Ce mouvement évoque la vision d’un paysage idéal.
Mouvement 2 = les deux tercers = 2ème phrase = une unité de rimes créée par leur
entremêmelement ([ma] / [arine] / [marinié]). Construit en écho au premier mouvement, ce mouvement
approfondit cette vision d’un monde idéale et la réalise grâce au pouvoirs du poème.

MOUVEMENT 1 : la vision d’un paysage idéal

er
1 quatrain : Le déclenchement de la vision d’un paysage idéal
Dans la poésie baudelairienne, le réel est marqué par le spleen, le vice, la laideur : tout ce que le titre du livre
reprend sous le terme générique du « Mal ». Ainsi, la quête du poète est d’échapper à ce réel douloureux, et
l’Idéal appartient au domaine de la rêverie, de l’imagination. C’est ce qu’exprime l’opposition de sens entre le
C.C.de Manière « les deux yeux fermés » (v.1) et le verbe « Je vois » (v.3) : il s’agit d’une vision intérieure,
rêvée, et non de la réalité dont le poète a pris soin de ce couper pour accéder à un paysage idéal.

Les deux premiers vers exposent le cadre favorisant le déclenchement de la rêverie heureuse – outre les « yeux
fermés », coupure avec le monde réel. Ce cadre correspond à une atmosphère douce et apaisante, évoquée à
travers plusieurs motifs :
> celui de la chaleur, mis en avant avec les deux adjectifs de la même famille « chaud » (v.1) + « chaleureux »
(v.2). L’évocation de la saison et du moment de la journée, dans le C.C.de Temps « en un soir chaud
d’automne » (v.1) renvoie à chaleur douce, modérée. C’est donc un climat agréable.
> celui de la présence féminine. Il faut noter ici que contrairement à d’autres poèmes de Baudelaire (par ex :
« Sed non satiata » ou « Le Vampire » ) l’évocation de la femme aimée, à laquelle s’adresse le poète en
employant la deuxième personne (« ton sein chaleureux », v.2) est ici apaisante. Le « sein », s’il est sensuel
dans la mesure où il éveille les sens (odorat, toucher) n’est pas ici un sein sexualisé mais plutôt maternel,
protecteur, l’adjectif « chaleureux » a le sens d’ « accueillant » et suggère l’idée de bien-être. Le choix des
rimes embrassées, que l’on retrouve sur les deux quatrains, illustre du point de vue de la rime cette idée de
bien être protecteur.
> enfin l’ élément essentiel, « l’odeur » (v.2), est déjà mis en avant dans le titre « Parfum exotique ». Le sens de
l’odorat est un sens important chez Baudelaire et revient dans plusieurs poèmes : sens aérien à la fois puissant
et subtil, l’odorat est propice aux transports de l’imagination.

Ce cadre apaisant et la présence du parfum féminin et exotique (Jeanne Duval, rappelons-le, est une femme
métisse originaire des îles), vont donc permettre le déclenchement d’une rêverie heureuse.
La PSC (proposition subordonnée circonstancielle) temporelle qui structure le quatrain souligne l’effet
déclencheur, presque magique, de ces éléments : les mots « Quand », « Je respire », « Je vois », mis en valeur à
l’ouverture de chaque vers, résument cet effet presque immédiat et automatique. L’utilisation du présent,
associé au mot subordonnant « quand », suggère que le déclenchement de la vision se réalise chaque fois que
ces circonstances sont réunies.

Sous l’impulsion de la muse Jeanne Duval, maîtresse métisse de Baudelaire, originaire des îles, l’Idéal prend ici
la forme d’un paysage exotique, marin et ensoleillé : « Je vois se dérouler des rivages heureux / Qu’éblouissent
les feux d’un soleil monotone. » La dimension idéale de cette vision est demblée posée par la rime positive qui
associe « heureux » (v.3) à « chaleureux » (v.2). La figure associant l’adjectif « heureux » aux « rivages » peut
être interprétée de deux façons – dont les deux sens coexistent et concourent à souligner la dimension idéale
du paysage :
- comme une personnification : l’Idéal s’exprime à travers une animation de la nature qui rend vivant le monde
autour de nous (on le retrouvera ensuite dans les bateaux « fatigués » par exemple, v.11) – l’Idéal traduit ainsi
un sentiment exactement inverse à celui du spleen : le monde entier s’anime et s’exprime, alors que dans le
spleen le monde se referme et le sujet lui-même se réifie.
- comme un hypallage : l’adjectif est associé à un terme mais renvoie en fait à un autre terme qui n’est pas
exprimé – plus explicitement ici : l’adjectif « heureux » est associé aux « rivages » mais qualifie bien les êtres
humains. Il comprend alors cette figure comme : « des rivages où les êtres sont heureux, des rivages qui
rendent heureux. »

Le paysage vu en imagination est caractérisé par sa lumière et sa chaleur (on peut l’opposer aux paysages qui
représentent le spleen dans plusieurs poèmes de Baudelaire, où dominent l’obscurité et le froid). C’est ce
qu’exprime l’hyperbole « éblouissent les feux ». Mais là encore, on note que l’utilisation de l’adjectif
« monotone », rimant avec « automne », invite à l’atténuation et adoucit l’aveuglement ou la brûlure que
pourraient produire ces feu, pour ramener à la douceur : la puissance du soleil n’est pas extrême et reste
agréable.

Enfin, le verbe « se dérouler » qui expriment un processus infini, comme l’évocation d’un soleil « monotone »,
c’est-à-dire qui ne change pas, semble supprimer le temps qui passe et créent un sentiment d’infini et
d’éternité.

Le premier quatrain décrit donc l’apparition d’un paysage idéal à partir d’une situation concrète, qui le favorise
et permet d’échapper au réel par l’imagination : la présence apaisante et accueillante de la femme aimée,
Jeanne Duval, la douceur de l’atmosphère, et les « yeux fermés » permettent le déclenchement de la vision.
Plusieurs motifs offrent une première forme à l’idéal : l’idée du bonheur, la luminosité, l’évocation d’un
sentiment d’infini et d’éternité.
ème
2 quatrain : la vision d’une « île paradisiaque »
Le paysage se précise d’abord comme un paysage insulaire. L’imaginaire de l’île est lié à l’idéal : on parle
souvent d’ « île paradisiaque ». Mais ici il faut le prendre au sens premier : l’île idéale décrite par Baudelaire
évoque le « Paradis terrestre », le « Jardin d’Eden » dont Adam et Eve ont été chassé pour avoir désobéi à Dieu
dans la Bible.

Tout d’abord, cette île est présentée comme un lieu d’abondance naturelle, comme l’indique la
personnification de la « nature », sujet du verbe « donner » et le COD associant deux GN pluriel : « des arbres
singuliers et des fruits savoureux ». La nature est présentée comme généreuse et abondante : le verbe
« donner », mis en valeur à la fin du vers et par l’enjambement (le COD est reporté sur le vers suivant). De plus,
l’adjectif « paresseuse » associé à l’île (personnification) ou à ses habitants (hypallage) indique qu’aucun travail
n’est nécessaire pour obtenir ces fruits : cela fait bien écho au Jardin d’Eden, le paradis d’avant la Chute,
lorsque Dieu donnait à Adam et Eve tout chose sans qu’ils aient besoin de travailler la terre.

Cette nature généreuse et abondante abrite une humanité, dont la caractérisation très brève et simple suffit à
indiquer qu’il s’agit une humanité idéale :
> on a d’abord la représentation d’une perfection esthétique à travers la caractérisation physique du corps
pour les hommes, à la fois « mince » et « vigoureux », au vers 7. Ces deux adjectifs complémentaires forment
l’image d’une beauté énergique, traduisant la santé.
> on a ensuite la représentation d’une perfection morale à travers la qualité de la « franchise » associée aux
femmes. Le verbe « étonner » rappelle le fait que la femme, chez Baudelaire, est souvent présentée comme
« séductrice » et « dangereuse » (étymologiquement, « séduire » signifie « tromper »).

On note enfin l’équilibre de la composition de la strophe, qui renforce l’harmonie et l’impression d’équilibre :
le vers 6 est harmonieusement construit sur un parallélisme : les deux GN sont composés symétriquement
d’un déterminant + nom + adjectif. Les adjectifs, tous deux composés de trois syllabes et commençant par un
« s » renforcent cet équilibre rythmique harmonieux, fondé sur le rythme binaire. De même les vers 7 et 8 sont
construits de manière parallèle, avec un début en écho : « Des hommes dont le corps… » // « Des femmes dont
l’œil… ». Le rythme binaire, expression d’un équilibre sans faille, est réitéré dans le vers 7 par la présence de
deux adjectifs dans le second hémistiche : « est mince et vigoureux ».
L’île représente donc bien une nature et une humanité idéales, un monde préservé de la chute (qui oblige les
hommes à souffrir, travailler, éprouver la honte de leur nudité et se cacher sous des vêtements). Les motifs de
la nature généreuse et abondante et celui d’une humanité innocente appartiennent à une représentation
traditionnelle de l’idéal, que Baudelaire réinvestit dans un décor exotique et lointain.
A travers cette évocation assez classique, on observe que Baudelaire met déjà en avant les cinq sens : le
toucher présent à travers l’idée de chaleur et l’évocation du « sein », l’odeur, dans le titre et au vers 2, la vue,
dès le vers 3 et dans la description visuelle du paysage, le goût, à travers les « fruits savoureux ». L’évocation
des sens va prendre une toute autre dimension, on va le voir, dans le deuxième mouvement.

=> On voit à travers ce premier mouvement que, si le réel est douloureux, un monde idéal peut être rêvé,
retrouvé par l’imagination, et nous permettre d’échapper au réel. Mais ce rêve suffit-il ? Comment lui donner
corps ?
Dans les tercets, Baudelaire va réitérer ce processus visionnaire mais l’approfondir pour l’amener plus loin : par
la puissance alchimique de la poésie, le poète et le lecteur vont réaliser poétiquement ce voyage immobile au
monde de l’idéal.

MOUVEMENT 2 : L’alchimie poétique, voyage immobile et sensoriel dans le monde de l’idéal

er
1 tercet : Reprise et approfondissement des quatrains : la réalisation poétique d’une évasion dans le monde
de l’idéal
Le premier tercet est construit de manière à reprendre la structure du premier quatrain : en revenant au cadre
réel qui déclenche la rêverie : « Guidé par ton odeur vers de charmants climats / Je vois un port rempli de
voiles et de mâts ». On retrouve la référence à l’odeur de la femme aimée, et l’effet de vision produit avec la
reprise de la même expression en début de vers : « Je vois » (v. 3//v. 10)
Cependant, l’expression de ce déclenchement est plus synthétique et on peut noter plusieurs nuances par
rapport au premier quatrain :

• on passe plus rapidement du côté du monde rêvé : les « charmants climats » du vers 9 et la sensation qu’ils
convoquent (la tiédeur du climat est éprouvée par le toucher) n’appartiennent plus au monde réel mais déjà,
ici, au monde imaginé.
• surtout, la suppression de la structure subordonnée (« Quand … ») détache la vision d’une circonstance
particulière, et donne au présent la valeur d’un présent d’énonciation : la situation que décrit le poète se
réalise vraiment au présent sous nos yeux.
• Pour amplifier encore cette immersion dans le monde idéal, s’ajoute l’idée de mouvement, avec le participe
« guidé » et la préposition « vers » : le poète n’est plus spectateur immobile, mais transporté dans sa rêverie,
qui devient un véritable voyage intérieur.

On voit donc que les tercets poussent plus loin la vision idéale présente dans les tercets : progressivement, le
poème parvient à réaliser dans les mots l’évasion du poète hors du réel, dans l’idéal rêvé.

Baudelaire va aussi développer des représentations nouvelles, plus originales, de l’idéal :

Le thème du voyage est confirmé par l’évocation du « port rempli de voiles et de mâts, /Encore tous fatigués
par la vague marine. ». On retrouve ici, sous une autre forme, l’idée d’abondance. Mais ce qu’évoque ce
paysage n’est pas un départ, une aventure : les bateaux, sont qualifiés de « fatigués » et trouvent dans le port
un abri et un refuge, à l’écart des tourments maritimes. L’idéal baudelairien que développe ce poème est un
idéal d’apaisement, de tranquillité, de calme – la mer ne conduit pas le poète ici à rêver d’aventures, mais à
rêver le bien être du retour, du chez soi. Cela fait écho à la présence bienveillante de la femme dans le premier
quatrain. Si l’on fait le parallèle avec un mythe : l’idéal ici ne renvoie pas à l’aventure d’Ulysse bravant tous les
dangers, mais au repos d’Ulysse de retour à Ithaque, retrouvant la chaleur du foyer.

Enfin, on peut s’intéresser aux rimes de ce tercet : la rime suivie en [ma] est reprise et enrichie dans le mot
final du vers 11 : « marine ». Il y a ainsi un effet d’amplification et de déploiement, qui exprime aussi du point
de vue poétique l’idéal.

Comme dans le premier mouvement, le premier tercet retrace le déclenchement de la vision idéal, mais on a
vu que le poème exprimait un degré de réalisation supplémentaire. De même que dans le deuxième quatrain,
le deuxième tercet va développer la vision, en offrant une représentation nouvelle et originale de l’idéal : celle
de l’exaltation sensorielle et des synesthésies (effet de perception sensorielle simultanée, mêlant les
différentes sensations).
ème
2 tercet : Les synesthésies, un univers sensoriel puissant que décuple l’alchimie poétique
Le dernier tercet nous plonge dans un univers sensoriel puissant : le « parfum » renvoie à l’odorat, le « vert » à
la vue, le verbe « enfler » fait sentir l’air qui passe et évoque le toucher, enfin, le « chant des mariniers » qui
conclut le poème intègre au poème sens de l’ouïe, qui manquait encore au poème. Cette fois, les sensations
sont toutes puisées dans le monde rêvé, qui acquiert par le poème une puissance sensorielle plus forte encore
que le monde réel. Ainsi, l’Idéal n’est plus théorique, il devient véritablement présent.

Cette puissance est confirmée par l’interaction entre le poète le paysage : le pronom personnel de la première
personne n’est plus seulement sujet de la vision, mais également objet, sur lequel le paysage agit directement
au vers 12-13 : en effet, dans « le parfum des vert tamariniers / Qui circule dans l’air et m’enfle la narine » , le
pronom « m’ » a la fonction de complément objet indirect, tandis que le sujet est le « parfum » des arbres, qui
appartiennent au monde imaginé.

Cette multiplicité des sens et leur entremêlement correspond à ce qu’on appelle les synesthésies : l’effet de
perception multiple et simultanée, d’entremêlement des sensations qui semble élargir les limites du monde.
Après l’image du « paradis terrestre », classique, c’est ici une nouvelle forme d’Idéal mis en avant par
Baudelaire et qui exalte une expérience spirituelle qui donne à sentir le monde de manière agrandie et
démultipliée et donne une idée de l’infini. Cet idéal des synesthésies est également exprimé dans le poème
« Correspondances » (« Spleen et Idéal », poème IV). Je vous renvoie à ces vers et expressions : « Les parfums,
les couleurs et les sons se répondent » (v. 8) ; « Il est de parfums (… ) // Ayant l’expansion des choses infinies /
Comme l’ambre, le musc, le benjoin, l’encens, / Qui chantent les transports de l’esprit et des sens ».

Cette expérience est réalisés poétiquement à travers les sonorités du poème : le déploiement des rimes du
premier tercet se poursuit dans le deuxième tercet, de plus en plus riches, et les rimes s’entremêlent. Ainsi la
rime abondante finale en [marinié] mêle la rime en [ma] et celle en [arin] et les prolonge. Ces rimes
permettent de relier les divers réalités du monde grâce aux sonorités communes : les éléments (« climats » et
la « vague marine »), les choses ( « mâts » des bateaux ), les vivants végétaux comme humains (« tamariniers »,
« ma narine », « mariniers »).

Au-delà des rimes, Baudelaire travaille les sonorités du dernier tercet de manière à réaliser poétiquement,
dans les mots, l’Idéal : les assonances en [a] en [i], et en [an] et les allitérations en [r] et surtout en [m]
(notamment dans le dernier vers : « Se mêle dans mon âme au chant des mariniers ») créent un effet d’unité
sonore qui réalise la communion dont parle le poème : entre le poète et le monde rêvé. Cette communion est à
la fois physique (elle passe par des sensations multiples et heureuses) et spirituelles : elle se réalise en effet
dans l’ « âme » du poète, comme le dit le dernier vers.

Les tercets vont donc au-delà de l’image du paradis perdu et approfondissent l’expression de l’idéal
baudelairien – qui consiste à repousser les limites de l’expérience du réel, à travers :
> l’expérience synesthésique de la fusion des sens les uns dans les autres (également exprimés dans
« Correspondances » : « les parfums, les couleurs et les sons se répondent »)
> la communion du sujet et du paysage qui transforme l’expérience sensible en expérience spirituelle : « Se
mêle dans mon âme au chant des mariniers »
> l’alchimie poétique qui permet de réaliser, dans le langage ce « transport de l’esprit et des sens » dont rêve
« Correspondances ».

CONCLUSION
! reprise du projet de lecture et des idées principales que l’étude a permis d’apporter pour y répondre.
! Ouvertures, quelques suggestions à aller lire pour faire votre choix…
Poèmes en écho :
• Un autre poème inspiré par Jeanne Duval : « La Chevelure » (XXIII)
• « Correspondances » (IV) : poème très célèbre qui formule l’idéal des synesthésies baudelairiennes et des
« correspondances » qui donnent à l’expérience du monde sa profondeur, sa vibration et sa beauté.
• « L’invitation au voyage » (LIII) : adressé à une autre muse du poète, Marie Daubrun, ce poème célèbre
réalise aussi poétiquement un voyage idéal. Sa progression indique comme ici une réalisation progressive de la
rêverie grâce à la poésie : « Songe à la douceur / D’aller là-bas vivre ensemble » (première strophe) devient
réalité à a fin : « Vois sur ces canaux / Dormir ces vaisseaux… » (dernière strophe).
Ou des poèmes en contrepoint :
• les poèmes exprimant le spleen : enfermement, réification du sujet et rétrécissement de l’expérience du
monde vs élargissement de cet expérience que traduit ici l’Idéal.
• le poème « Alchimie de la douleur » (LXXXI) : si « Parfum exotique » révèle une réussite de l’alchimie
poétique, l’alchimie poétique peut aussi être présentée de manière négative chez Baudelaire, comme
n’aboutissant qu’au malheur : « Par toi je change l’or en fer/ Et le paradis en Enfer ».
• « Elévation » (III) : expression de l’Idéal mais que le poète échoue à réaliser, dans une progression inverse qui
se termine à la troisième personne : « Heureux celui qui peut… »
• L’ « Idéal » n’est cependant pas uniforme chez Baudelaire : voir le poème « L’Idéal » (XVIII).

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