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Introduction :

présenter Albert Camus, l’œuvre, le passage.


Courant artistique et littéraire : l’ABSURDE
période : 1939 à 1960

Définition : l’absurde prend sa source dans la Seconde Guerre mondiale, qui laisse les hommes
désemparés quant au sens de leur existence. Il se caractérise par le sentiment d’être étranger au monde
et par le constat de l’absurdité de la condition humaine. Les hommes se heurtent à un monde
incompréhensible d’où Dieu est absent. La solitude et l’impossible communication entre les êtres les
condamnent à l’errance. Pourtant, les humains sont habités par le désir d’exister, un « désir éperdu de
clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’Homme » (Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, 1942

Cet extrait romanesque met en scène un personnage, Meursault, qui se baigne seul dans la mer, la nuit
après avoir traversé de nombreuses péripéties y compris des délits et un crime. Il est situé dans les
dernières pages du roman.

L'exaltation est mêlée à la présence implicite de la mort et du danger (nom du personnage, titre du livre,
la tentation de la l.20 + l.18).

Pbtique :
Comment ce texte met-il en lumière l'exaltation de Meursault face à l'inconnu ?

1er paragraphe. L’entrée dans la mer et le plaisir de la nage

- Temps dominant : l'utilisation de l'imparfait dans cet extrait permet de décrire mais aussi de mettre en
place le cadre de l’action. C’est l’arrière-plan du récit.

- « Il lui fallait » : tournure impersonnelle qui met en avant un besoin pourtant personnel et en même
temps mystérieux. Le narrateur n’explique pas pourquoi Meursault ressent cette nécessité. Narration en
point de vue interne.

- le cadre spatio-temporel de l’action se précise par touches : « mer chaude », « lune », « descendit
quelques rochers ».

- « se perdre pour se retrouver » : cette antithèse recouvre un paradoxe. Le bain de mer nocturne a un
enjeu intérieur, existentiel. L’entrée dans la mer symbolise une quête du personnage. Le mouvement
physique est relié à un mouvement, mental, intérieur.

- « le chant profond de son bonheur » : métaphore du bonheur assimilé au chant qui va être filée dans
TOUT le texte.
- Ce bain de mer a une dimension spirituelle et symbolique confirmée par les subordonnées circ de but :
« pour que se taise ce qui lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur ». La
conjonction de coordination ET articule ici deux actions en antithèse : « se taise » / « naisse ». Cette
antithèse fait écho au paradoxe de la ligne 1. Cette scène se place sous le signe de la renaissance.

- la phrase 2 contient 3 verbes au passé simple qui mettent en avant l’action du personnage qui entre
dans la mer.

- le champ lexical du corps met en évidence les sensations : «corps» ; «bras» ; «jambes» ; «muscles» ;
«dos». Le champ lexical du corps est alors lié à celui des sensations notamment le toucher : «mer
chaude » ; «sentait » ; « collait ». Le corps est très présent dans le texte comme si il est en harmonie
avec la nature et qu'il se sent appartenir à la nature.

- Personnification filée de la mer l.4 à la.6

- Les adjectifs hyperboliques «profond » et «immense » et le verbe «s'enfoncer» mettent en lumière et


appuient l'idée de danger et d'impuissance, de vulnérabilité, face à celui-ci.
La mer symbolise l'infini et la beauté.
- personnification du ciel «ciel muet et vivant » l.9 permet de donner vie à la nature et de la célébrer.
L’infini de la nature lui donne un sentiment de liberté.

- Répétition : "bonheur" x2 -> montre l'exaltation du personnage


Une personnification de la mer d'une façon sensuelle et met en avant l'exaltation de Meursault comme
si cela ressemblait à de l'amour " se collait à ses jambes d'une étreinte insaisissable" " elle était chaude
comme un corps"

- "Les semailles splendides d'une moisson de bonheur" (l.9) fait écho à la métaphore de l’étreinte (l.5-
6)= métaphore de la fécondation Ici, le narrateur assimile cette nage à une scène de semailles. La
sensualité présente au début du passage renforce le symbole d’une fécondation réciproque, comme si
Meursault, tout en fendant la mer, était régénéré par elle. Champ lexical de la sensualité : « s’enfoncer
dans la mer chaude », « il se dévêtit », « chaude comme un corps », « collait à ses jambes », oxymore «
étreinte insaisissable », + métaphore filée des semailles.
Comparaison des "gouttes d'argent en volées" à des graines que l'on sème dans la mer et créer une
"moisson " : image d'une fécondation, donc de la vie en train de se faire

2eme paragraphe : la confrontation au danger et le retour sur la terre ferme

- « une exaltation le prenait » : le personnage se sent ici invincible, puissant. Le lexique de la force est
très présent : « cadence », « vigueur », « plus vite », « loin » + imparfait d’arrière-plan
Montre qu'il s’aligne sur le mouvement de la mer, il est pris en elle et ne réfléchit plus à la réalité,
comme s’il était transporté physiquement et mentalement par celle-ci. De plus l'indicateur de lieu '' loin
des côtes'' montre bien son insouciance car il ''avançait' ''plus vite'' , il fonce vers cette inconnu et ''seul''
il est alors intimement lié à la mer, à l’infini.

- C’est le moment que choisit Camus pour rappeler au personnage sa fragilité face aux éléments : « il
songea soudain » : ce passé simple marque une rupture dans la scène et le bien-être du personnage.

- Le verbe ''songea'' puis l'adverbe ''soudain'' montrent la rupture de son extase, il revient à lui, à la
réalité. ''TOUT'' fait référence à la profondeur et donc à l'inconnu il est alors attiré par un monde
inconnu qui est à la fois la mer et l’infini de la mort. D’ailleurs, cette pensée « arrêta son mouvement ».

- Meursault vit une sorte de révélation : comme le suggère le verbe « songea »

- la métaphore ''le coeur d'eau et le sel d'une vie encore inexplorée'' peut faire référence à une noyade
et donc à la mort qui est vue comme ''une vie inexplorée''. Il y a une sorte de paradoxe entre vie et
mort.

- dans toute cette partie de l’extrait, le champ lexical de l’attirance vers le danger se déploie : « seul au
coeur de la nuit et du monde », « la profondeur », « sous ses pieds », « sous lui », « comme le visage
d’un monde inconnu », « une vie encore inexplorée ».

- Champ lexical de l'immensité de l'extérieur par rapport à lui ("au cœur de"; "profondeur" ; "sous lui").
Idée d'inconnue, d'isolement, idée de volume. Importance de la nature, de l'immensément grand.
- L'expression "se perdre pour se retrouver à la ligne 1 désigne le but principale de Meursault,
l'expression "le rendait à lui-même" à la ligne 19 montre que son but est accompli.
On lui a volé son lui et ça lui a été rendu grâce à la mer et au danger. (Thomas)

- les métaphores sont encore très présentes ici et montrent l’importance des sentiments du personnage
dans cette scène : « coeur d’eau et de sel » + comparaison « comme le visage d’un monde inconnu ».
- « une tentation » : ici, une pensée morbide semble traverser le personnage mais la pulsion de vie
reprend le
dessus « plus fort et plus avant ». Comme si le danger, et la mort renforçaient son sentiment d’être
vivant.
- « une tentation lui vint » : cette tentation est peut-être celle de la noyade, de l’abandon de l’effort.
Mais la joie du corps le sauve « grande joie du corps ». Le champ lexical du corps confirme l’importance
du corps dans cet extrait.

- Oxymore : « merveilleusement las » il marque le moment où il sort de sa transe et où il revient à la


réalité avec le verbe « il retourna vers la rive ». Il se prépare à revenir vers la réalité.

- « A ce moment » : cet indicateur de temps vient rythmer la narration et marque une nouvelle étape
comme le confirme le retour du passé simple « il entra soudain dans un courant glacé ».
- le personnage marque un nouvel « arrêt »
- « les gestes désaccordés » : métaphore musicale qui prolonge le vocabulaire du rythme vu plus haut.
Le lecteur pourrait croire que le personnage va perdre le bonheur qu’il était allé chercher dans ce bain
nocturne. D’ailleurs, la précision « claquant des dents » + le froid évoquent la mort.

- Antithèse : « glace, brûlait » il y a plus précisément dans la fin du deuxième paragraphe une antithèse
entre l'émerveillement et la perte de l'harmonie.
- « il revint » : ce verbe au passé simple marque le retour sur le rivage.
- « sans force » / « plus péniblement » / « claquant des dents » : le personnage a perdu des forces mais
l’épreuve le rend plus heureux comme le montre l’expression « riant de bonheur ». Le chant du début
s’exprime en un rire sonore et solitaire dans la nuit.

Conclusion :
Texte qui contient une vision de l’existence humaine : petitesse de l’humain face aux éléments (nuit /
mer / silence / solitude / ciel / mort). Le corps permet d’éprouver, de ressentir la VIE mais aussi de faire
partie du monde et des éléments naturels.
Le bonheur ne repose pas sur le souvenir d’enfance ou l’amour comme chez Colette. Encore moins sur la
possession de biens de consommation. Ici, il repose sur l’acceptation de l’immensité et la joie de
ressentir son corps au milieu des éléments. Comme chez Colette, cette fois, la sensation physique
permet de se sentir intensément vivant, et intensément heureux sans autre « raison » que celle
d’appartenir à la beauté du monde.

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