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« À qui donc sommes-nous »

Analyse linéaire deux premières strophes

À qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?


Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?
Oh ! parlez, cieux vermeils,
L’âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
Chaque rayon d’en haut est-il un fil de l’ombre
Liant l’homme aux soleils ?
Est-ce qu’en nos esprits, que l’ombre a pour repaires,
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
O vivants, serions-nous l’objet d’une dispute ?
L’un veut-il notre gloire, et l’autre notre chute ?
Combien sont-ils là-haut ?

La présence répétée de dix phrases interrogatives témoigne du questionnement insistant de l’auteur sur
le sens de la vie. Cette insistance se transforme en supplication avec au vers 3 l’interjection « oh » dans
une phrase exclamative associée à l’impératif « parlez » afin que le poète ait une réponse.
Dans le premier vers, l’auteur emploie les formes verbales être et avoir. Le sens de ces verbes est très
large et invite à réfléchir sur des concepts originels qui sont le fait d’être et le fait d’avoir. Cet emploi
donne une idée de l’ampleur des interrogations du poète au lecteur.
Dans ce poème, l’auteur parle à la première personne du pluriel, le pronom est répété deux fois et pré-
sent tout au long du poème, « nous », rappelant ainsi la phrase présente dans la préface, « quand je vous
parle de moi, je vous parle de vous ». Cette interprétation est confirmée par la présence de l’apostrophe
du quatrième vers de la seconde strophe, « O vivants ». Le poète généralise son expérience personnelle
dans ce poème.
Dans ces deux premières strophes c’est le présent qui est employé, un présent d’énonciation qui permet
de rendre compte du caractère actuel et pressant du questionnement.
Au vers 2, l’association du vautour à la fatalité dans une métaphore « vautour fatalité » crée l’image du
destin funeste, l’image d’un charognard dont la proie serait la « race humaine » déjà morte en position
de complément du verbe tenir dans le vers 2. Cette association trouve son écho dans le même vers de la
deuxième strophe, « Destin, lugubre assaut ». En effet le vers 3 de la deuxième strophe évoque le poids
de la destinée dans une phrase exclamative en l’associant à une attaque dans une périphrase.
À partir du vers 3 de la première strophe, l’auteur évoque le caractère infini de l’âme humaine,
« sans fond », ce caractère infini mis en relation avec l’infinité de l’espace comme en témoigne le
champ lexical de l’espace, « cieux » au vers 3, « étoiles » au vers 4, « rayon » au vers 5 et « soleil » au
vers 6 pour rendre compte au lecteur de cette immensité. L’auteur insiste sur les liens qui unissent
les deux avec la présence du verbe « tenir » , « tient-elle » au vers 4, « liant » au vers 6 et la présence
du mot « fil » vers 5.
Les trois derniers vers de la deuxième strophe évoquent une « dispute » entre deux personnages
désignés par des pronoms indéfinis : le lecteur peut les identifier par les indices présents dans le vers
suivant. « L’autre » au vers 11 pourrait être Satan, celui qui veut la « chute » de l’homme, il est opposé
dans un parallélisme de construction à l’ « un » qui pourrait être Dieu.
Le dernier vers des deux strophes poursuit le questionnement sur la destinée humaine.
Ces deux premières strophes témoignent du tourment du poète en proie au doute sur le sens de la
des-tinée humaine et sur le caractère infini de la conscience humaine.
CNED  Première – Français  1

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