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LÈS
BEAUX ARTS
NOUVELLE EDITION.
BEAUX ARTS
REDUITS
A
UN MÊME PRINCIPE.
Ex notofiBum sequar.
Hor. Art. Poët. '
A PARI S,
Chez DURAND, Libraire , ruë S. Jacques,
à S. Landry & au Griffon.
M. DCG. XLVIL
Avec Approbation & ïrhilége du £«.
i
3
1
MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
ONSEIGNEUR ,
VS ja-tisie 369810
farottre devant vous. Cette recom
mandation ne peut être indifféren
te auprès des Grands Princes , qui
doivent aux Arts tes premières le
çons de vertu , le goût de la vraie
gloires fespérance de vivre dans
la Tofléritê. Ce qui redouble ma
confiance , MONSEIGNEUR ,
cejl que COuvrage , en lui même ,
contient des principes que vous
! aimez, par préférence. Tout sj> rc~
.duit au goût du vrai , duJimple ,
au goût de la Nature parée de ses
grâces , fans la moindre affecta
tion. Ce goût qui contient le ger
me de toutes les vertus , vousfft
ami des Arts , dès que vous putes
les connoitre. Vous les ave£culti
vés avec le plus grandsuccès , d*
*vous continuez, de les regarder
avec une bonté , qui prouve qut
tamour que vous avez, pour eux ,
eft dans votre caractere. jiir.fi ,
MONSEIGNEUR , tandis
qu'un F ere auguste va Je couvrir
d'une nouvelle gloire , pourforcer
FEurope à recevoir la paix ; vous
mous faites un.plaijìr d animer
tous les Arts a célébrer scs ex
ploits , & a les retracer da; s des
monumens durables. Bien-têt^ 3 fi
pour satisfaire votre ardeur hé
roïque , il ^jous est libre de û sui
vre au milieu de ses victoires ,
vous^ irez, prostter encore de ses
grands exemples ; & faire voir
aux Nations , que vous êtes digne
Fils d'un Roi , quifeait en même
tenus vaincre ses Ennemis , &se
faire adorer de ses Sujets.
Je fuis avec le flus profond
re/pecJ %
MONSEIGNEUR,
AVANT-
ì
JVANT-PROPOS.
y
r
X Avant-propos.
imitation. Les moyens de la Pein
ture , de la Musique > de la Danse
íbnc les couleurs , les sons , les
gestes ; celui de la Poesie est le
discours. De sorte qu'on voit d'un
côté , la liaison intime & l'espèee
de fraternité qui unit tous les
Arts , (a) tous enfans de la Na
ture , se proposant le même but ,
íê réglant paf les mêmes princi
pes : de l'autre côté , leurs diffé
rences particulieres , ce qui les
sépare & les distingue entr'eux.
Après avoir établi la nature
des Arts par celle du Génie dé
l'Homme qui les a produits ; il
DES CHAPITRES,
Première Partie.
Seconde Partie.
OU ON ÉTABLIT LE PRINCIPE DE
LIMITATION PAR LA NATURE
ET PAR LES LOIX DU GOUT.
CttAP. I. Ce que c'est que le Goût. lv.
Chap. II. L'objet du Goût ne peut être
que la Nature. Preuves de Raisonne
ment y ixìj.
Chap. III. Preuves tirées de VHiJloìrt
même du Goât , Ixviij.
Chap. IV. Les loix du Goât rìontpour
objet que VImitation de la belle Na
ture , ; Ixxviij.
I. Loi générale du Goût : Qu'ils imitent
la belle Nature , Ixxix.
Chap. V. II. Loi générale du Goût.
Que la belle Naturesoit bien imitée ,
xciij.
Chap. V I. Qu'ily a des reglespartial-
Hères pour chaque Ouvrage , & que le
Goût ne les trouve que dans la Na
ture , ci).
TABLÉ
Chap. VII. I. Conséquence. Qu'il h*y
a qu'un bon Goût en général , & qu'il
peut y en avoir plusieurs en particu*
culier , cvij'
Chap. VIII. II. Conséquence. Les Arts
étant imitateurs de la Nature , c es
par la comparaison qu'on doit juges
des Arts. Deux manieres de compa
rer , cxiv.
Chap. IX. III. Conséquence. Le Goût
de la Nature étant le même que celui
des Arts , il n'y a qu'un seul Goût
qui s'étend à tout , & même fur les
mœurs, cxxiij.
Chap. X. IV. & derniere Conséquence.
Combien il es important deformer le
Goût de bonne heure , & comment on
devroitle sonner , cxxviij.
Troisie'jíe Partie.
OU LE PRINCIPE DE LIMITATION
EST VÉRIFIÉ PAR SON APPLI
CATION AUX DIFFE&ENS ARTS.
Section
DES CHAPITRES,
Section Première.
7 Section, Seconde.
Section Troisième.
LES
EXPLICATION
DU FRONTISPICE
et des Vignettes.
ERONTI SP1CE.
PHedre & Socrate assis sous un plane ,
lisent une Dissertation sur le Beau utfï
xúádo Sujet tiré de Plat. Dial. Phedr.
FLEURON.
Deux Enfans qui se regardent d?ns un mi
roir avec des sentimens différens. Mable S. de
Phèdre , Liv. 1 .
J. VIGNETTE, fag. i.
La Sculpture qui rerçirde avec cornpl.úTance
Ic Buste d un jeune Héros qu'elle vient de finir.
II. VIGNETTE. p*g.si.
Horace dans les Jardins de Preneste , écrit
à Lollius , qu'Homere enseigne mieux ce que
c'est que le bon Goût , que les Philosophes :
Vlenius etc meltits Chrjfippo.
III. V1GN ETTE. fag.ili.
Callioppc chante des vexs j un petit Géaìç
cn marque la cadance.
LES BEAUX ARTS
REDUITS
A UN PRINCIPE.
Premiere Partie.
CHAPITRE I.
CHAPITRE II.
.
14 Les beaux Arts
souvent plus charmans que s'ils
étoient vrais & naturels. D'où je
conclus, que les Arts, dans ce qui
est proprement Art, ne font que des
imitations * des ressemblances qui ne
font point la Nature , mais qui pa-
roissent l'être ; 3c qu'ainsi la matière
des beaux Arts n'est point le vrai ,
mais seulement le vrai -semblable.
Cette conséquence est assez impor
tante pour être développée & prou
vée sur le champ par I'application.
Qu'est-ce que la Peinture ? Une
imitation des objets visibles. Elle n'à
rien de réel, rien de vrai , tout est
phantôme chez elle , & fa perfection
ne dépend que de fa ressemblance!
avec la réalité.
La Musique & Ia Danse peuvent
bien régler les tons & les gestes de
l'Orateur ert chaire , Sc du Citoyen
qui raconte. dans la conversation ;
mais ce n'est point encore là, qu'on
les appelle des Arts proprement.
REDUITS A UN PRINCIPE. IJ
Elles peuvent aussi s'égarer, l'une
dans des caprices, où les sons s'entre
choquent fans dessein ; l'autre dans
des secousses & des sauts de fantaisie :
mais ni l'une ni l'autre, elles ne sont
plus alors dans leurs bornes légiti
mes. Il faut donc,pour qu'elles soient
ce qu'elles doivent être, qu'elles re
viennent à limitation : qu'elles soient
le portrait artificiel des passions hu
maines. Et c'est alors qu'on les re-
connoît avec plaisir , & qu'elles nous
donnent l'espéce & le degré de sen
timent qui nous satisfait.
Enfin la Poësie ne vit que de fi
ction. Chez elle le Loup porte les
traits de l'homme puissant & injuste ;
l'Agneau , ceux de l'innocence op
primée. L'Egiogue nous offre des
Bergers poëtiques qui ne sont que
des ressemblances , des images. La
Comédie fait le portrait d'un Har
pagon idéal , qui n'a que par emprunt
les traits d'une avarice réelle.
j6 Les beaux Arts
La Tragédie n'est Poésie que danís
ce qu'elle feint par imitation. César
a eu' un démêlé avec Pompée , ce
n'est point poésie , c'est histoire.Mais
qu'on invente des discours , des mo
tifs , des intrigues , le tout d'après
les idées que l'Histoire donne des
caractéres & de la fortune de César
& de Pompée ; voilà ce qu'on nom
me Poésie , parce que cela seul est
l'ouvrage du Génie & de l'Art.
L'Epopée enfin n'est qu'un récit
d'actions possibles , présentées avec
tous les caractéres de l'éxistence. Ju
non & Enée n'ont jamais ni dit , nî
fait . ce que Virgile leur attribue ;
mais ils ont pu le faire ou le dire ,
c'est assez pour la Poésie. C'est un
mensonge perpétuel , qui a tous les
caractéres de la vérité.
Ainsi , tous les Arts dans tout ce
qu'ils ont de vraiment artificiel , ne
font que ejes choses imaginaires, des
êtres feints, copiés & imités d'après
ìreduits à un Principe, ly
les véritables. C'est pour cela qu'on
met fans cesse l'Art en opposition
avec la Nature : qu'on n'entend par
tout que ce cri , que c'est la Nature
qu'il faut imiter : que l'Art est parfait
quand il la représente parfaitement :
enfin que les chefs-d'œuvres de l'Art ,
font ceux qui imitent si bien la Natu
re , qu'on les prend pour la Nature
elle-même.
Et cette imitation, pour laquelle
nous avons tous une disposition si
naturelle , puisque c'est l'exemple qui
instruit & qui régie le genre-humain ,
vivimus ad exempla , cette imita
tion , dis-je , est une des principales
sources du plaisir que causent les
Arts. L'esprit s'exerce dans la compa
raison du modéle avec le portrait ; &
le jugement qu'il en porte , fait fur lui
une impression d'autant plus agréa
ble, qu'elle lui est un témoignage
de fa pénétration & de son intelli
gence.
1$ Les beaux Arts
Cette Doctrine n'est point nou
velle. On la trouve par-tout chez
les anciens. Aristote commence fa
Poétique par ce principe : que la Mu
sique , la Danse, la Poesie ,Ia Pein
ture, sont des Arts imitateurs, (a )
C'est-là que se raportent toutes les
régles de fa Poétique. Selon Platon
pour être Poète , il ne suffit pas de ra
conter , il faut feindre & créer l'ac
tion qu'on raconte. Et dans fa Ré
publique , il condamne la Poésie ;
parce qu étant essentiellement une
( a ) Tíatmt myjfc- 33 songe pas assez , kt
y'cvTiv ôvtnJi fíifiiais n 33 Poésie , la Musique.,
ffutóton- Po'èt. cap. I . 33 la Peinture , sont
M. Remond de S. 33 trois Arts consacrés
Mard qui a beaucoup 33 au plaisir , tous trois
réfléchi fur t'essence de n faits pour imiter la
la Poesie , & qui n'é 33 nature , tous trois
crivant que pour les 33 destinés à imiter les
plus délicats n'a dû 33 mouvemens de l'a-
"prendre que la fleur de 33 me : les tirer de là ,
ion sujet , jette le mê 33 c'est les deshono-
me Principe dans une 33 rer , c'est les mon-
de ses Notes. Voici 33 trer par leur endroit
fes termes : « On n'y 33 foible. 3>
reduits a un Principe. 19
imitation , les objets qu'elle imite
peuvent intéresser les mœurs. (<<)
Horace a le même principe dans
son Art poetique.
CHAPITRE III.
Orrnia fiunt
Taita 3 tàmgraviter ,siqttanda Po'ética surgit
Ttmfestas. Sat. XII.
28 Les beaux Arts
les perfections qu'il peut recevoir (*Jì
Gela n'empêche point que le vrai
& le réel ne puissent être la matiere
des Arts. Ce sont les Muses qui s'en
expliquent ainsi elles-mêmes dans
Hesiode (b).
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE VI.
A UN PRINCIPE.
Seconde Partie.
Ov on Établit le Vrincipe de
z'ImITATION , PAR LA NATURE ET
PARLES LOIX DU GoUT.
CHAPITRE I.
CHAPITRE II.
Preuves de Raisonnement,
•CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
CHAPITRE V.
CHAPITRE. VI.
CHAPITRE VIL
I. Conséquence.
CHAPITRE VIII.
II. Consèquence.
CHAPITRE IX.
III. Consequence.
CHAPITRE X.
A UN PRINCIPE.
Troisième Partie.
ou le principe de limitation
est vérifié par son applica
tion aux differens arts,
Section première.
CHAPITRE I.
CHAPITRE II.
Ù
Ï-ES BEAUX Ami
Bergers , des Animaux, & quel'Art
s'est plu à les imites dans leurs ac
tions vraies ou vraisemblables ; il y
a aussi des Opera , des Tragédies ,
des Comédies, des Pastorales , des
Apologues. Et c'est la seconde divi- *
íìon , dont chaque membre peut
être encore sousdivisé , selon la di
versité des objets , quoique dans le
même genre.
Toutes ces espèces ont leurs ré
gies particulieres , que nous exami
nerons en détail par rapport à nos
vues. Mais comme il y en a aussi qui
leur sont communes , soit pour le
fonds des choses , soit pour la forme
du style poëtique ; nous commence
rons par les générales , & nous prou
verons qu'elles sont toutes renfer
mées dansl'exemplede la belle Na*
ture.
reduits a un Principe. 15 j
CHAPITRE III.
IL R e g e r.
III. Regle.
IV. Regle.
CHAPITRE III.
Cadence prejsée.
Cadence grave.
Quatre bœuss attelés d'un pas tranquille & lent
Promenoient dans Paris le Monarqueindolent. *
Traçât à pas tardiss un pénible sillon. Bail.
Cadence legere.
Tient t}n verre de vin qui rit dans la sougere..,
II sait jaillir un seu qui petille en sortant. . ,
Qu'à son gré désorma s la sortune me joue ,
On me verra dormir au branle de sa roue.
Et Rousseau :
CHAPITRE IV.
/
«14 Les beaux Arts
toire, ni la Societé n'offrent point
aux yeux , des Touts si parfaits & si
achevés. Mais il suffit qu'elles nous
en montrent les parties : & que nous
ayons en nous-mêmes les principes
qui doivent nous guider dans la com
position du Tout. L'Artiste observa
teur a deuxehoscs à considérer, nous
l'avons (a) dit,ce qui est hors de lui,&
çe qu'il éprouve en lui. II a senti que
lunîtéda proportion, la variété, l'ex-
cellence des parties étoientla source
dç-sqn plaisir ; c'est donc à l'Art à
arranger tellement les matériaux que
la Nature lui fournit, que ces quali
tés en résulteut; on attend cela de
lui, &on ne le quitte pas à moins.
: . Nous.avons dk que l'Epopée em-
plpypit deux moyens pour nous tou
cher: la. vraisemblance des choses
íju'ejle racontes je ton d'oracle
(juiannpncq la révélation: nous ne
■ O
reduits a un Principe. ìij
nous arrêterons qu'un moment fur
ce second article.
Dan s les autres póémes , la Poesie
du style doit être conforme à l'état
des Acteurs : dâttsTEpopée elle doit
l'être à l'état du Poéte : quand il par
le , c'est un esprit divin qui l'inspire :
...... Cui tait* f/mti
. . . subito non vulttts , non eolor unut ,
Et rubis fera corda tumtnt , majorque videri
A« morttde fonans, nfflata est numine qu/iudo
Jam frofriore Des . . . Tïos Anchijtade
La Muse épique est autant dans
le Ciel que sur la Terre. Elle paroît
toute pénétrée de la Divinité ; & ne
nous parle qu'avec un enthousiasme
céleste, qui, se précipitant par les
détours d'une fiction hardie, ressem
ble moins au témoignage d'un His
torien scrupuleux , qu'à l'extase d'un
Prophète, Non enim res gefia versbus
comprehendenda sunt . . . . . sed per am
bages , deorumque minijleria , & fa-
bulosum sentenúarum tormentum pr*,-
c'ipitandus ejl liber spiritus , ut potius
O iv
%i6 Les beaux Arts
furentis animi vaticinaúo apparent ^
quam religiosa oratiqnis sub tejlibus Jì-,
des. Elle appelle par leurs noms les
choses qui n'existent pas encore ;
hac tum nomina erunt. Elle voit plu-:
sieurs siécles auparavant la Mer Cas
pienne qui frémit, & les sept em-;
bouchures du Nil qui se troublent
dans l'attente d'un Héros.
C'est pour cette raison que, dès le
commencement,lePoëte parle com
me un homme étonne , & élevé au-
defltfs de lui-même. Son sujet s'an-
noncë enveloppé de, ténébres mysté*.
rieuses , qui inspirent le respect , &'
disposent àl'admiration : x> Je chante
» les combats , & ce Héros, que les
y Destins ennemis forcerent d'aban-
=« donner le rivage Troyen : il sut
»long-tems exposé à la vengeance
=°des Dieux, &c.
La Lyrique â une marche libre &
dérégiée : ce sont des élans du cœur*
çìes traits de feu qui jaillissent. L'épi
rèduits A un Principe. 217
que a un ton toujours soutenu, une
majesté toujours égale à elle-même;
c'est le recit que fait un Dieu , à des
Dieux comme lui. Tout s'annoblit
dans fa bouche : fi elle raconte les
discours des mortels, elle les anime
en quelque forte de fa divinité : les
pensées, les expressions, les tours,
l'harmonie , tout est rempli de hat~
diesse & de pompe. Ce n'est point le
tonnerre qui gronde par intervale ,
qui éclate, & qui se tait. C'est un
grand fleuve qui roule ses flots avec
bruit, & qui étonne le voyageur quj
l'entend de loin dans une vallée pro
fonde. Le murmure des ruisseaux
n'est bon que pour les Bergers. Çom-
parez le chalumeau do Virgile avec
fa trompette:
Tityre tu fatuli recubans sub tegmine fan
Sylvtftrem tenui mufam meditaris avena.
Rien n'est si doux : l'harmonie & le
ton de l'Eneïde ont une autre forçe ;
Arma virumque cane > &c.
2l8 LES BEAUX ArTS
Vix c conspelÌH Sicult ttlluris in altum
VeU dabani Uti3&spum*s salis treruebant.
CHAPITRE V.
Sur la Tragédie.
1 7:"'. . WW
REDUITS A UN PfilNGIFE, 22f
CHAPITRE VI.
Sur U Comédie.
CHAPITRE VIL
Sur la Pafiorale.
CHAPITRE VIII.
Un Agneau se désalterait
Dans k courant d'une onde pure :
Q
2^2 LES BEA UX ARTS
CHAPITRE IX.
Section Seconde.
Sur la Peinture.
Section Troisième.
Sur la Musique etsuh
la Danse.
CHAPITRE I.
CHAPITRE IL
CHAPITRE III.
CHAPITRE IV.
1
reduits A un Principe. 251
doit nous mener à un sentiment, ou
nous le donner.
2°. Les expressions doivent être
justes : il en est des sentimens , com
me des couleurs : une demi-teinte
les dégrade , & leur fait changer de
nature , ou les rend équivoques.
3°. Elles seront vives , souvent fi
nes & délicates. Tout lé monde con-
noît les passions jusqu'à un certain
point. Quand on ne les peint que
jusques-là , on n'a guéres que le mé
rite d'un Historien , d'un imitateur
servil. II faut aller plus loin ,. si on
cherche la belle Nature. II y a pour
la Musique & pour la Danse, dç
même que pour la Peinture, des
beautés, que les Artistes appellent
fuyantes & passagères ; des traits fins ,
échappés dans la violence des pas
sions , des soupirs , des accens , des
airs de tête : ce sont ces traits qui
piquent, qui éveillent, & qui rani
ment l'esprit.
T ij
2p2 Lës bìeattx Arts
4°. Elles doivent être aisées &
simples : tout ce qui sent l'eíFort nous
fait peine & nous fatigue. Quicon
que regarde , ou écoute, est à l'unis-
son de celui qui parle, ou qui agit :
& nous ne sommes pas impunément
les Spectateurs de son embarras , ou
de fa peine.
Enfin , les expressions doivent
être neuves , sur-tout dans la Musi
que. Il n'y a point d'Art où le Goût
soit plus avide & plus dédaigneux :
Judicium aurium superbijfìmum. La
raison en est , sans doute , la faci
lité que nous avons à prendre l'im-
pression du Chant : Naturd ad nu
meros ducimur.Comme l'oreille porte
au cœur le sentiment dans toute fa
force ; une seconde impression est
presque inutile , & laisse notre ame
dans l'inaction & ^indifférence. Delà
vient la nécessité de varier fans cesse
les modes , le mouvement , les pas
sions. Heureusement que celles-ci se
1 .' "
réduits A un Principe.
tiennent toutes entre elles. Comme
leur cause est toujours commune ,
la même passion prend foutes for
tes de formes ; c'est un lion qui ru
git : une eau qui coule doucement :
un feu qui s'allume & qui éclate ,
par la jalousie , la sureur , le déses
poir. Telles sont les qualités natu
relles des tons de la voix & des ges
tes , considérés én eux-mêmes,
& comme les mots dans la prose.
Voyons maintenant ce que l'Art
peut y ajouter dans la Musique , &
dans la Danse proprement dites.
Les Tons & les Gestes ne sont pas
aussi libres dans les Arts , qu'ils le
font dans la Nature. Dans celle-ci ,
ils n'ont d'autres régies qu'une sorte
d'instinct , dont l'autorité plie aisé
ment. C'est lui seul qui les dirige ,
qui les varie , qui les sortifie , ou les
affoiblit à son gré. Mais dans les
Arts , il y a des régies austères , des
bornes fixes, qu'il n'est pas.permis de
f iij
iP4 Ï-ES beaux Arts
passer. Tout est calculé , i ° par îa
Mesure , qui régie la durée de cha
que ton & de chaque geste ; 2°. par
le Mouvement , qui hâte ou qui re
tarde cette même durée , sans aug
menter ni diminuer le nombre des
tons , ni celui des gestes , ni en chan
ger la qualité ; 30. par la Mélodie
qui unit ces tons & ces gestes , &
en forme une fuite ; (*) 40. enfin ,
par l'Harmonie qui en régie les ac
cords , quand plusieurs parties diffé
rentes se joignent pourfaire unTout.
Et il ne faut point croire que ces
régies puissent détruire ou altérer la
signification naturelle des tons &
des gestes : elles ne servent qu'à U
fortifier en la polissant , elles aug
mentent leur energie en y ajoutant
des graces : Cur ergo vires ipfas spe~
CHAPITRE V.
F I N.
TABLE
DES MATIERES.
A
J\CTI0N , nécessaire dans un Poème. i6$
Combien elle doit avoir de parties, tbid»
Elle doit être singuliere , simple , variée.
Allégorie-. n'est pas essentielle à l'Epopée.no
Annexion demne des leçons dans les Odes ,
pourquoi. iíi
Apologue , spectacle des enfans. ìjtf
A ses régies contenues dans celles de l'E-
popée & du Drame. 138
Doit avoir une action , un commence
ment , un milieu , &c. 140
Son style réglé par les loix de l'imitation.
141
Arditeflure , comment elle s'est annoblie.44
Arcbitetlurt , Teinture , Sculpture , doivent
orner les lieux où les beaux Arts doivent
se montrer , & comment. 507
Art de la Déclamation , abandonné. ìj-9
Est cependant nécessaire. ibid.
Art > sert quelquefois de modèle à la Nature.
A quelle condition.
Viij
TABLE
rJLit% de trois espèces. -y
A'ts inventés par les hommes & pour ses
hommes, quelles conséquences tirer de ce
principe. 7
Arts , doivent choisit les expressions aussi bien
que les objets. \\
. Xeurs définitions. 4i
Arts, en naissant avoient besoin d'éducation,
de même que les hommes. 72,
Comment ils périssent. 77
\
TABLE
Division t. de la Poésie en Epique & Dra
matique , sur quoi fondée. 11j
Division I /. sondée sur le même principe.
ibid.
E
J^Girf, ce que c'est. S8
Eloquence , s'est annoblie , & commenr. 44
Doit «acher le dessein de plaire. 4%
Quand elle doit s'élever. 46
Enthousiasme , n'est pas toujours présent. 3 r
Souvent mal défini. 31
Comparé avec celui des guerriers. ;}
Nécessaire à tous les Artistes. 34
Epopée , fa définition. 199
Elle a toutes ses régies dans l'imitation.
10 r
< Son merveilleux doit être vraisemblable.'
ibid.
Comment il l'est. :oi
Maniere d'établir Tordre dans l'Epopée. ut
Exemple de la Nature , a instruit les premiers
Artistes. tfj
Expressions, en général ne sont d'elles-mêmes
ni naturelles , ni artificielles. 178
Exprefion muficale,ioit avoir les mêmes quali
tés naturelles que l'élocution oratoire. 188
Unité , z8j. variété , 190. clarté, 191. jus
tesse., 191. vivacité & délicatesse , ibid.
simplicité & aisance, 191. nouveauté,;^.
Ses qualités artificielles. . 195
La Mesure , ibid. le mouvement , 196. la
mélodie , ibid. l'harmonic. ibid.
DES MATIERES.
H
I îArmante , ce que c'est en général. 17s
Trois sortes d'harmonie dans la Poésie, ib.
1. Du style arec le sujet. 17Í
Essentielle, ibid.
Rarement observée. 177
a. Des sons avec les objets. 17Í
3. Artificielle : est le point exquis de la
Versification. 17^
Exemples cités.. 180
Même harmonie peut se trouver dans les
Poètes François que dans les La tins. 1 8 y
Preuves détaillées. 184
Exemples cités. i8á
Objection réfutée. i$j
Harmonie , dans les vrais Latine n'est pas pro
duite par les pieds. 191
Pourquoi si peu connue dans les vers Fran
çois. IJC
A P P R O B A T I O N.
3 'Aï lu par ordre de Monseigneur le Chan
celier, un Manuscrit qui a pour titre : tes
beaux Arts réduits à un même Principe , il m'a
paru que, cet Ouvrage çontenoit les vrais
Principes des beaux Arts; & qu'ainsi la lec
ture en pouvoit être utile. A Paris , ce n.
Mus 1746.
P RiriLEGE DU ROs.
LOUIS, par la Grâce de Dieu , Roi áe
France & de Navarre ; A nos Amés 3c
Féaux Conseillers les Gens renans nos Cours
de Parlemens , Maîtres des Requêtes ordinai
res de notre Hôtel , Grand Conseil , Baillifs,
Sénéchaux,leurs Lieutenans- Civils, 8c autres
nos Justiciers qu'il appartiendra;SAtUT: No
tre Ame Laurent Durand, Libraire
à Paris , Nous a fair exposer qu'il deiireroir
faire imprimer & donner au Public un Ou-
yrage qui a pour titre : Les beaux Arts réduits
à un même Principe , s'il nous piaisoit lui ac
corder nos Lettres de Privilege pour ce né
cessaires : A ces Causes , voulant favorable
ment traiter l'Exposant , Nous lui avons per
mis & permettons par ces Présentes, de faire
imprimer ledit Ouvrage en un ou plusieurs
volumes , & autant de fois que bon lui sem
blera , & de le vendre, faire vendre & débites;
par tout notte Royaume pendant le tems de
rîx années consécutives , á compter du joue
de la datte des Présentes ; faisons défenses à
toutes personnes , de quelque qualité & con
dition qu'elles soient , d'en introduire d'im
pression étrangere dans aucun lieu de notre
obéissance , comme aussi à tous Libraires &
Imprimeurs d'imprimer ou faire imprimer ,
vendre , faire vendre , débiter ni contrefaire
ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun Extrait ,
sou£ quelque prétexte que ce soit, d'augmen-r
tation, changement , ou autres , fans la per
mission expresse & par écrit audit Erposinf ì
ou de ceux qui auront droit de lui , á peine
de confiscation des Exemplaires contresaits ,
de trois mille livres d'amende contre chacun
des Contrcvenans , dont un tiers à Nous, un.
tiers à l'Hôtel-Dku de Paris , & l'autre tiers
audit Exposant , ou à celui qui aura droit de
lui , & de tous dépens , dommages & inté
rêts , à la charge que ces Présentes seront en-
régistiées tout au long sut le Régistre de la
Communauté des Libraires & Imprimeurs de
Paris dans trois mois de la datte d'icelles que
rimpression dudit Ouvrage sera saite dans no
tre Royaume & non ailleurs en bon papier &
beaux caracteres , consormément à la seuille
imprimée & attachée pour modèle sous le
contre-Scel des Présentes ; que l'Impétrant se
conformera en tout aux Reglemens de la Li
brairie , & notamment à celui du 10. Avril
171s. qu'avant de l'exposer en vente , le Ma
nuscrit qui aura servi de copie à l'imprefljort
dudit Ouvrage , sera remis dans le même etat
où l'Apptobation y aura été donnée ès main?
de notre très cher & féal Chevalier le Sieur
Daguesseau , Chancelier de France , Com
mandeur de nos ordres , & qu'il en sera en
suite remis deux exemplaires dans notre Bi
bliotheque puolique , un dans celle de notre
Château du Louvre, & un dans celle de no
tre très-cher & féal Chevalier le Sieur Da-
guellèau , Chancelier de France ; le tout à
peine de nullité des Ptésentes , du contenu
desquelles vous mandons & enjoignons de
saire
faire jouir ledit Exposant & ses ayans causeí
pleinement 5c paisiblement , sans souffrir
qu'il leur soit fait aucun trouble ou empê
chement ; Voulons que la copie des Présen
tes ,qui sera imprimée tout au long au com
mencement ou à la fin dudit Ouvrage , soit
tenue pour duëment signifiée , & qu'aux co
pies collationnéis par l'un de nos amés féaux
Conseillers & Sécretaires , soi soit ajoutée
comme à l'original. Commandons au pre
mier notre Huissier ou Sergent sur ce requis
de saire , pour l'exécution d'icelles,tous actes
requis & nécessaires , sans demander autre
permission ,& nonobstant Clameur de Ha
ro , Chartre Normande, & Lettres à ce con
traires. Car tel est notre plaisir. Donne' à
Paris, le vingtième jour du mois de Mai,l'an
de Grace mil sept cent quarante-six , & de
notre Regne le trente-uniéme. Par le Roi en
son Conseil.
SAINSÛN.